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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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LES MARDIS GRAS DE NOS ANCETRES

Posté par francesca7 le 30 décembre 2014

 

330px-CARAN_DACHE_CONFETTIAu Carnaval vers 1856

Paul de Musset écrit en 1856 :

Le mardi gras arrivé, ces préludes ayant échauffé les têtes, le délire devient général. La bonne compagnie s’en mêle, et descend dans la rue pour se livrer au bruyant plaisir de la guerre des confettis : on appelle ainsi de petites dragées blanches, très-légères, mêlées de farine, et qu’on peut se jeter au visage sans danger. Au milieu de la journée, les calèches découvertes, où se tiennent les jeunes gens, s’accumulent dans le Corso. On puise dans les corbeilles à pleines mains, et on lance les confettis en haut, en bas, à gauche, à droite sur tout ce qui se présente. De leurs balcons, les dames ripostent et versent des paniers entiers de confettis sur les calèches où elles voient des visages de leur connaissance. En moins d’une heure, les passants, les chevaux, les voitures et le pavé de la rue sont blanchis par la grêle. La nuit seule met fin au combat.

Les confettis à la Mi-Carême 1893 à Paris

Les confettis en papier et serpentins à leurs débuts, vus par Le Journal illustré :

Tout a conspiré en faveur d’une réussite complète : le temps, qui a été d’une douceur exquise, les confettis et les serpentins, confectionnés en abondance, qui avaient donné aux belligérants des munitions. Et qui n’était belligérant ? Les dernières résistances ont été vaincus. Il y avait contre les confettis des préventions. On leur reprochait, étant quelquefois ramassés à terre, d’être souillés de la poussière du sol. C’est un reproche qu’on n’a plus à leur faire, il y en a une telle quantité qu’ils sont dépensés dans leur fraîcheur.

C’est devenu un divertissement universel. Les plus hésitants sont sortis de leur réserve, ils en ont reçu, ils en ont jeté. On a vu des messieurs très graves, des dames du meilleur monde, sans scrupule ni fausse gêne, se livrer à cet exercice, décidément entré dans nos mœurs.

Il est sans inconvénient, il n’est pas dangereux, pas salissant, et il crée cette complicité carnavalesque de tous, sans laquelle il n’est point de bon carnaval possible.

Le serpentin, d’une autre manière, plus gracieuse peut-être, a contribué à l’éclat de cette fête exceptionnelle qui comptera dans les fastes de la franche gaité parisienne. C’est un décorateur incomparable, avec ses tons fins et délicats, ses frissons légers. Il ondule, serpente, flotte, en banderoles capricieuses, et transforme les rues prosaïques en un décor de féerie. Vu de haut, à travers le gracieux tissu de ces fils entremêlés, roses, bleus, jaunes, d’un pâle si alangui, on eût dit un paysage idéal, un paysage d’hiver tout poudré de givre multicolore.

Le confetti et le serpentin ont été pour cette Mi-Carême ce que la lanterne vénitienne a été pour le 30 juin 1878.

Deux accidents de confettis en 1894

Dans son compte-rendu des fêtes de la Mi-Carême 1894 à Paris, Le Petit Journal écrit :

À six heures un quart, boulevard des Italiens, juste en face du Vaudeville, un monceau de confetti prend feu. Comment ? On ne sait. On pousse le tas dans la bouche d’égout, mais ça flambe encore. Alors, une petite panique se produit.

Les pompiers du poste de la rue de Choiseul, avertis, arrivent au pas de course. En quelques instants, tout est remis en ordre, et la foule circule comme auparavant, pleine d’entrain et de gaité.

À dix heures trois quarts, rue Auber, des passants, en lançant des confettis à un nommé Ménard, l’ont frappé involontairement à la tête. Ménard a été sérieusement blessé ; on l’a transporté au poste de l’Opéra d’où une voiture des Ambulances urbaines l’a conduit à l’hôpital Lariboisière.

Le Mardi Gras 1903 à Paris

 LES MARDIS GRAS DE NOS ANCETRES dans HUMEUR DES ANCETRES 220px-Les_confettis%2C_chanson_1895« La soirée du Mardi Gras », article dans Le Petit Journal :

Les scènes scandaleuses qui se sont produites dans la soirée de mardi, au plus fort de la bataille de confettis — scènes qui ont provoqué l’arrestation de près de quatre cents individus, — ont beaucoup ému la préfecture de police.

Il ne s’agissait pas en effet de personnages seulement trop brutaux; beaucoup étaient, de plus, malintentionnés et, sans compter les voleurs à la tire, les individus porteurs d’armes prohibées, il s’en est trouvé beaucoup qui se sont livrés sur les promeneurs, sur les femmes en particulier, à des sévices particulièrement graves.

Aussi une longue conférence a-t-elle eu lieu hier, à ce propos, à la préfecture de police, entre M. Lépine et M. Touny, directeur de la police municipale.

Malheureusement, les deux hauts fonctionnaires ont dû se contenter de décider que pour la prochaine fête — la Mi-Carême — ils enverraient se mêler à la foule un grand nombre d’agents en bourgeois auxquels des ordres seront préalablement donnés pour intervenir entre les passants et ces individus dangereux que l’on désigne, aujourd’hui, sous le nom pittoresque d’« Apaches ».

Là, en effet, peut se borner le rôle de la police. La cause initiale des désordres est le jeu de confettis; il ne peut être question d’en interdire la vente qui intéresse beaucoup le commerce.

Cependant, nous croyons savoir que, tout en reconnaissant que ce jeu ne peut être interdit dans la journée, le préfet de police examine très sérieusement la possibilité d’en diminuer les dangereux excès en le défendant dès la nuit tombée.

Dans le cas présent, l’action de la police doit se borner à arrêter les délinquants pris en flagrant délit; c’est ce qui a été fait mardi soir.

 

 

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Grotte de Napoléon près d’Ajaccio

Posté par francesca7 le 30 décembre 2014

 

 

images (8)Cette grotte tire son mérite principal des souvenirs de l’enfance de Napoléon qui y sont attachés. La tradition de ceux qui ont familièrement vécu avec ce grand homme durant son jeune âge est encore vivante à Ajaccio. Dans presque toutes les classes on trouve encore aujourd’hui des compagnons de ses jeux, et il n’en est aucun qui ne dise, avec une sorte de simplicité mêlée d’orgueil, quand on en parle : Era uno di noi ! C’était un de nous.

La maison de campagne où il fut élevé était un peu au-dessus de la ville, et la grotte est située sur la même colline et à quelque distance ; c’est là qu’il aimait souvent à se retirer, loin du bruit et de la distraction de ses compagnons. Il s’y cachait, dit-on, pour apprendre ses leçons avec plus de calme et de tranquillité ; cela peut-être, mais sans doute aussi que la nature et la position du lieu exerçaient sur son âme, qui ne se connaissait point encore, une attraction involontaire.

Pour un esprit commun tous les endroits sont bons ; il pense partout de la même façon, et les scènes qui l’environnent exercent sur lui peu d’influence. Les esprits d’un ordre supérieur ne partagent point cette sorte d’indifférence, et ils cherchent d’instinct le paysage dont l’inspiration leur convient, comme la plante cherche la lumière, l’oiseau la verdure. On pourrait dire que l’âme, lorsqu’elle commence à se développer et à grandir, se cherche elle-même un berceau qui aille à sa taille et à son habitude.

Quoi qu’il en soit de la vérité de ces réflexions que l’image de cette grotte nous remet en mémoire, jamais cachette d’enfant ne fut mieux à la mesure de celui qui l’avait choisie pour asile. Elle est formée par deux énormes blocs de granit éboulés du sommet de la montagne ; en roulant sur la pente ils sont venus choquer l’un contre l’autre en se servant mutuellement d’appui : il en résulte une espèce de voûte naturelle, à la manière d’une voûte cyclopéenne. Une extrémité est ouverte, l’autre bouchée par le talus du terrain, et dans le vide un homme se tient à l’aise.

C’est un beau spectacle que de se représenter ces rudes et pesantes masses de pierre se balançant l’une l’autre dans leur merveilleux équilibre, et suspendant leur chute pour abriter du soleil la jeune tête qui venait leur demander asile. Je n’ai jamais vu ces creux de rocher où les aiglons se tiennent en attendant que leurs ailes soient assez fortes pour s’ouvrir, mais je doute qu’il s’y trouve un caractère plus grand et plus sauvage que dans ce lieu.

La colline où se trouve la grotte est déserte et presque entièrement inculte ; elle est pleine d’aspérités et parsemée de blocs éboulés semblables à ceux-ci. Elle est tournée vers le midi, et la végétation en est presque africaine ; les plantes les plus images (9)abondantes sont des cactus à feuilles grasses et épineuses, s’élevant à huit et dix pieds de hauteur ; parmi celles-ci sont mêlés les buissons de myrtes et d’oliviers, les arbousiers avec leurs fruits rouges, et les grandes bruyères. Le silence n’est troublé que par le sifflement des merles voltigeant dans les broussailles, et par le bruit lointain de la mer roulant sur la plage.

La vue domine la ville et les vergers, et se repose sur les flots bleus du golfe ; la courbe immense de la côte est aride et sans villages, et la solitude, quand on regarde au-dessus de la ville, est aussi grande que celle du désert. En avant la pleine mer, en arrière les hautes cimes de la montagne d’Ajaccio, toute voisine des neiges éternelles du monte Rotondo. Voilà quelle est la grotte à laquelle Napoléon enfant a mis son nom, et qui , sans lui, serait encore perdue, peut-être, parmi les accidents ignorés de cette contrée rocailleuse.

(D’après un article paru en 1834)

 

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Les anciennes boutiques à un sou

Posté par francesca7 le 30 décembre 2014

 

 
 
images (7)A l’approche de la Noël 1872, le romancier et journaliste Paul Parfait, qui fut également secrétaire d’Alexandre Dumas père, vante les mérites et les bienfaits de l’existence des « boutiques à un sou », au sein desquelles pullulent les jouets intemporels et d’une légendaire simplicité, qui feront toujours le bonheur des enfants mais aussi celui des parents les moins argentés : sous sa plume nous poussons la porte de l’une d’elles afin d’apprendre ce que ces jouets d’antan recèlent et comment ils étaient confectionnés… « Ecoutons-le »

Ne méprisons aucune industrie. La plus humble a ses enseignements. Pourquoi, lorsque tant de somptueuses vitrines voudraient m’attirer, que les jouets provocants m’appellent derrière les glaces resplendissantes, m’arrêté-je de préférence devant ce modeste étalage éclairé par deux bougies dont la flamme vacille dans leur tulipe de verre ?… C’est tout d’abord que je hais les joujoux riches.

Que peuvent apprendre à nos enfants, sinon le goût malsain du luxe et de l’ostentation, quelle idée peuvent leur suggérer, sinon celle de l’argent jeté follement à de ruineux caprices, ces polichinelles qui portent dans leurs bosses la nourriture de dix familles ; ces élégants huit-ressorts qui ne roulent pas mieux qu’un simple chariot ; ces jouets, savamment compliqués, qui laissent à la mécanique toute l’œuvre intelligente de leur direction ; enfin, et surtout ces poupées vêtues de soie et de satin qui regardent insolemment les passants, la jupe retroussée et le binocle à l’œil. Combien de mères consentiraient à recevoir, si celles-ci avaient quelques pouces de plus, les poupées effrontées qu’elles n’hésitent pas à donner en société à leurs filles ?

 

La poupée de la boutique à un sou est, j’en conviens, aussi peu vêtue qu’une naturelle des îles de l’Océanie ; mais cette nudité n’a rien d’immoral : au contraire. Elle est seulement un éloquent appel à l’habileté précoce des doigts de la future « petite maman ». Quelle supériorité au point de vue de l’éducation chez cette poupée-là ! Et comme elle se met obligeamment à la portée de toutes les bourses !

— Voyez, s’égosille à crier le marchand à travers le froid et la bise, tout est à un sou la pièce, faites vot’ choix dans la vinte !

A côté de lui, une femme surveille les achats, reçoit et rend la monnaie, non sans jeter de temps à autre un coup d’œil au bambin qui donne déjà en fausset l’écho du cri paternel. De par ces humbles jouets, la famille aura le soir une somme rondelette dans sa maigre escarcelle. Est-ce que cette pensée ne vous la rend pas intéressante déjà, la boutique à un sou ?

En vérité, devant la boutique à un sou, je me demande qui peut rester indifférent. En est-il une plus originale, une plus riche même dans sa simplicité ? C’est la boutique encyclopédique ; il n’est rien, remarquez-le, qui ne s’y trouve. L’agréable y est jeté pêle-mêle avec l’utile. Ici un alphabet ou une croix de plomb pour le studieux, là une bourse pour l’économe, un sifflet pour le tapageur, des cartes pour le joueur, une cigarette de camphre pour le malade, un étui pour l’ouvrière et un miroir pour la coquette.

Quant aux jouets, vous les connaissez ; tous sont classiques. Les générations se sont transmis de l’une à l’autre, avec un singulier respect, leurs formes immuables. Tels ils ont été dans vos mains comme ils ont été dans les miennes, tels ils furent dans les mains de nos pères ; et c’est une des raisons qui font que je les aime, car je retrouve en eux comme un parfum d’autrefois, et je me souviens des joies sans mélange qu’ils ont causées à si bon compte à mon enfance.

Voici la ferblanterie et la poterie en miniature, parmi lesquelles je retrouve le vase à rebords et à anses, qui a fait de tous temps les délices de la jeunesse gauloise. Voici le singe articulé, toujours prêt à faire la culbute au sommet de son bâton ; voici l’ingénieux serpent de bois qui ondule avec tant de souplesse, et la grenouille à ressort qui saute si bien. Voici la crécelle bruyante et les maréchaux-ferrants dont les marteaux alternent si brillamment sur l’enclume, et le cavalier sans jambes, dont le cheval porte un sifflet si malhonnêtement placé.

Ces derniers joujoux sortent tous trois des fabriques de Liesse, la Liesse du pèlerinage, qui a encore la spécialité des moulins rouges et celle des baguettes de tambour à cinq francs le cent. Liesse, en vieux français, signifie joie : un nom prédestiné ! Je ne sais rien de plus flambant que les couleurs liessoises. Où les artistes du pays vont-ils chercher les tons furieux dont ils illuminent leurs produits ? Leur jaune rayonne, leur rouge flamboie, leur bleu éclate. On se persuade difficilement que le feu ne prend pas de temps à autre à leurs pinceaux.

Comprenez-vous ce bon pays qui passe son existence entière à exécuter des crécelles, des cavaliers de bois, des maréchaux-ferrants, des moulins et des baguettes de tambour ! Il n’y a pas bien longtemps que les pauvres diables, livrés à cette industrie, étaient encore à la merci d’entrepreneurs qui les payaient en nature. Ils avaient un compte perpétuellement ouvert chez le patron, et celui-ci leur fournissait, aux taux qui lui plaisait, les matières premières : bois et couleurs, et jusqu’aux objets de consommation : pain, sucre, café, savon, etc. Au jour de l’an, un menu cadeau tenait souvent lieu de règlement de compte. Ce régime du bon plaisir est heureusement changé. Maintenant les ouvriers de Liesse travaillent pour des maisons parisiennes qui les payent en argent, et se contentent de leur fournir le bois de tilleul qu’elles achètent par coupes de deux ou trois mille arbres.

Le petit poupard de carton à un sou, sans bras ni jambes, avec la tête peinte, la bouche en cœur, trois cailloux clans le ventre, et les yeux bleus, est un produit des environs de Villers-Cotterêts. Cette pauvre petite industrie, acclimatée depuis vingt-cinq ans dans le pays, y a porté dans les classes nécessiteuses un certain bien-être. Les braves poupards ! cela ne vous les fait-il pas aimer un peu ? Villers-Cotterêts ne nous les envoie pourtant que façonnés de colle et de papier gris ; c’est à Paris qu’ils reçoivent leur séduisant coloris. Quel prix ce joujou peut-il être payé à ceux qui le fabriquent ? Ce que je sais, c’est que le marchand en gros les revend à raison de six sous la douzaine aux petits détaillants. Jugez par là de ce que l’ouvrier créateur doit recevoir.

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La petite montre d’étain s’ouvrant, avec un verre bombé et les aiguilles mobiles, et qui passe trente-deux fois dans les mains de l’horloger pour rire, se vend des mêmes aux mêmes huit sous la douzaine. La montre de cuivre estampé, avec sa chaîne de coton jaune, mêlée de fils d’or, se donne encore à un sou meilleur marché. Les flambeaux de plomb ne valent pas plus de quatre sous la douzaine, et le sifflet pas plus de deux sous. Il se fabrique des mirlitons depuis trois sous la douzaine, toujours chez le marchand en gros, les devises comprises, qui s’achètent par feuilles chez les papetiers de la rue Saint-Jacques. Trois sous la douzaine, c’est encore le prix des « foi, espérance et charité » en acier, avec l’anneau qui les réunit, soit un liard pour les quatre objets ensemble.

Toutes ces petites merveilles du bon marché se font à Paris ; et il y a beaucoup de gens qui en vivent. On l’assure, au moins. Il y en a peut-être beaucoup aussi qui en meurent. La plupart n’ont pour gîte que des taudis infects ; vers les hauteurs de Romainville, il est de ces fabricants de plaisir qui remisent dans des huttes construites avec de la boue, De modestes employés cherchent encore dans la confection des joujoux à bas prix un petit supplément à leur maigre salaire. La tête dans les mains, ils poursuivent ardemment la recherche du joujou nouveau, le joujou d’actualité dont ils iront céder le droit d’exploitation à quelque marchand en renom ; et tous les soirs, en s’endormant, rêvent qu’un jouet qu’ils ont découvert leur apporte la fortune.

Nos bimbelotiers fabriquent, toujours pour la boutique à un sou, de petits porte-monnaie en papier, à élastique, fort élégants, ma foi ; des bracelets de perles, avec une médaille, de petits chandeliers ou bougeoirs en verre filé, des jeux de patience, découpés par bottes à la scie circulaire, des cartes, des cerfs-volants, des cigares ou des pipes à musique, que sais-je encore ?

Rien n’arrête ces intrépides travailleurs. Ils se font ferblantiers pour tailler des pelles, des pincettes, des écumoirs, des plats, des boîtes à lait, des cafetières ; fondeurs pour couler des médailles ou des timbales ; tisseurs pour faire au métier ces bourses longues, en coton de couleur, qui sont ornées de deux glands et de deux coulants d’acier. Du plus fin acier ? Je constate et ne garantis rien. Ils se font verriers et confiseurs en même temps, pour fabriquer à la lampe, avec des tubes de verre, ces petites bouteilles remplies d’anis, roses et blancs, qui ne sont souvent que du millet passé dans le sucre. Mais il y aurait mauvaise grâce à les chicaner là-dessus. Tout cela vaut huit sous la douzaine chez le marchand en gros, songeons-y bien !

Je n’aurai gardé d’oublier la boîte à dînette. Une boîte en carton, dont le couvercle est garni d’un verre ; autour du verre, du papier doré ; au fond de la boîte, un lit de ouate ; et, sur cette ouate, quelques ustensiles de table en fer-blanc avec deux serviettes en papier dans leur rond. Huit sous la douzaine ? Toujours ! Les fouets d’enfants, à manche entouré d’une spirale de papier doré, sont exclusivement fabriqués à Paris par des Israélites. Pourquoi ? Ah ! voilà, je n’en sais rien.

C’est un bien pénible ouvrage que la confection de l’animal en papier mâché. Mâché est ici une façon de parler. Le fait est que l’ouvrier prend de vieilles rognures de papier et les pétrit dans l’eau jusqu’à en faire une espèce de pâte, qu’il tamponne avec le pouce dans un moule informe en plâtre, dont il garnit ainsi la paroi. Le moule est en deux morceaux, un pour chaque face de la tête. Quand les deux faces sont faites, l’ouvrier les soude ; puis il trempe le tout dans un pot de peinture blanche à la colle, et, quand cette couche préalable est sèche, il tatoue l’animal à sa fantaisie, ou lui recouvre le dos d’un tout petit carré de peau de mouton avec un cordonnet rouge au cou. Qu’en penses-tu, Florian ? C’est d’un grotesque achevé. Moi, quand je les vois, ces pauvres petits moutons blancs, il me prend de terribles envies de rire — et de pleurer !

Huit sous la douzaine de seconde main ? Parbleu ! Au fait, n’est-ce pas le prix auquel nos marchands en gros livrent les menus joujoux allemands qui, eux encore, nécessitent des frais de transport ? Les joujoux allemands de la boutique à un sou sont les pantins de bois peints, les mobiliers de bois, remarquables par leur ton d’un rouge violacé, des lits, des commodes à porte mobile et à tiroir, des chaises rembourrées couvertes d’étoffes à fleurs, et puis encore des soldats à cheval, ou des quilles, ou une modeste bergerie, ou un ménage dans leur petite boîte ovale. En Allemagne, ces. boîtes se vendent, non se donnent, au prix fabuleux de trois francs ou trois francs cinquante la grosse, soit vingt-cinq à trente centimes la douzaine.

Dans le Tyrol qui fournit les joujoux de bois blanc, c’est mieux encore, ou pis que cela, si vous voulez. La poupée articulée à tête peinte, la petite poupée classique de deux à quatre pouces s’y livre à raison de 1 franc 45 centimes la grosse, juste un centime la pièce. C’est à ne pas croire. A un tel taux, on comprend que les coups de couteau sont comptés : aussi suffit-il du plus petit détail, le nez saillant, par exemple, pour augmenter la valeur de l’objet.

Vous voyez que ceux qui font ces joujoux si gais n’ont pas lieu d’avoir le cœur bien joyeux ; mais ces joujoux doivent du moins à leur excessif bon marché d’être à la portée des plus maigres bourses. Que les petits déshérités soient donc heureux de par la boutique à un sou ! Allons, faites votre choix, braves parents, ne vous gênez pas ! Si le bambin met bientôt en pièces les objets de son affection, la boutique n’est pas loin et vous pourrez les renouveler sans que l’équilibre de votre budget s’en trouve jamais fort dérangé.

Les enfants cherchent volontiers à connaître le secret de leurs joujoux ; vous pourrez leur dire ce qu’il y a de tristesses et de misères au fond de l’objet qui les amuse. Ils comprendront par là qu’il n’y a pas ici-bas de petites choses, que l’argent est chose dure à gagner, mais que le travail et la persévérance triomphent de l’impossible.

Ah ! c’est une grande moraliste que la boutique à un sou !

(D’après « Musée universel », paru en 1872)

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