Les tailleurs d’images
Posté par francesca7 le 9 décembre 2014
Si tout le monde connait la manière de procéder des imagiers enlumineurs ou peintres qui appliquaient leurs couleurs à la détrempe sur les feuilles d’un missel, les murailles d’une église ou quelque panneau de bois; si tout le monde a vu un sculpteur procéder avec un marteau et un ciseau ç la confection d’un relief sur pierre, marbre ou bois, il n’en est pas de même du métier de verrier, voile à des pratiques spéciales de couleur, de dessin, de reproduction.
Les grands artistes en vitraux des siècles derniers, pour habiles et extraordinaires qu’ils fussent, ne s’estimaient point supérieurs aux cordouaniers ; leur grande modestie enfantait cependant des chefs-d’ceuvre par les moyens les plus simples. A en croire le moine Théophile, toute la malice du procédé verrier consiste à se choisir une table suffisante pour pouvoir y dessiner le sujet entier d’une verrière.
On enduit ensuite la table de craie détrempée et, quand ce vernis blanc est sec, l’artiste y dessine le sujet à traiter sur le vitrail, en employant un trait rouge vigoureux faisant puissamment ressortir les lignes. On place alors des feuilles de verre sur cette esquisse et on la reproduit par un véritable calque, en promenant un pinceau enduit de couleur vitrifiable sur la surface. Aux IIIè siècle, les contours s’obtiennent par des traits; plus tard, on emploiera les tons, et on en arrivera aux merveilleuses peintures sur verre, égales aux tableaux en fraicheur de coloris et en souplesse de contours.
Vers le milieu du VIe siècle, les tailleurs d’images, qui avaient perdu quelques-uns de leurs privilêges, surtout dans les villes du centre de la France, Orléans, Bourges, Angers, se joignirent aux imagiers-verriers pour revendiquer certains de cos droits. Henri Merlin de Bourges, leur mandataire, porta directement leurs dokances en cour royale et obtint gain de cause. Par ses lettres (lat-es de Chinon le 3 janvier 1130, Charles VII accorda ce qu’on lui demandait, et les imagiers sculpteurs peintres ou verriers continuèrent a être quittes et exempts de toutes tailles, Aydes, subsides, garde des portes, guets, arrière-guets, etc. ». .
Plus tard, en 1496, les Imagiers de Lyon réclament à leur tour, et cette fois on assiste a une réelle constitution de compagnie, de cette confrérie de Saint-Luc, qui est la transition certaine entre l’ancien métier manuel des tailleurs d’images et les académies modernes de peinture et de sculpture.
Le roi Charles VIII confirma les privil6ges des verriers tailleurs d’images et peintres de Lyon.; sur leur demande ii ordonna que désormais la fête de ces métiers serait célébrée le jour de Saint Luc, et it en régla avec Mails toutes les cérémonies.
Les statuts, qui étaient une copie amplifiée des anciens règlements de Boileau, enjoignaient aux peintres de ne travailler qu’huyle Ou destrempe, cole, gosme ; ils pouvaient, d’ailleurs, avoir autant de valets qu’ils le voulaient.
La particularité la plus curieuse de ces réglements était assurément le chef-d’ceuvre nécessaire aux maitres pour faire partie de la confrérie; c’était la quelque chose comme ce que nous appelons aujourd’hui le prix de Rome, — moins le concours qui n’existait pas, — avec le choix du sujet par les juges.
Le peintre sera tenu de faire chef-d’oeuvre, en tableau de bois de deux pieds et demi de hault et de deux de large, et non pas plus petit, mais plustot plus grand, si le compagnon le veut, et lui bailleront en escript……..
Extrait des anciens métiers avant le 18è.
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