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A l’époque de la bicyclette pour tous les facteurs

Posté par francesca7 le 11 octobre 2014

en 1897

(D’après « La concurrence étrangère, les transports par terre
et par mer : documents pour servir à l’histoire économique
de la Troisième République » (Tome 2) paru en 1897)

 
 
téléchargementEn 1897, et à l’occasion de la récente décision ministérielle de doter les télégraphistes parisiens de bicyclettes afin d’assurer une meilleure distribution des dépêches, Paul Vibert plaide en faveur d’une extension de cet usage à l’ensemble des facteurs ruraux de France, qui n’ont pour la plupart encore que leurs pieds pour seul moyen de locomotion en dépit de la loi de finances du 28 avril 1893 exonérant de taxe les agents qui utilisent le vélocipède pour le service

M. Lebon, ministre du Commerce, de l’Industrie et des Télégraphes, est un jeune de beaucoup d’initiative qui ne manque pas de coup d’œil, quoi que l’on puisse dire, écrit Vibert ; aussi vient-il de prendre, sur la proposition de M. de Selves, directeur général des Postes et Télégraphes, une excellente mesure qui sera appréciée de tout le monde les petits télégraphistes, à Paris, vont être munis de bicyclettes.

Aussi les malheureuses dépêches, les petits bleus, comme l’on dit, ne vont plus mettre trois heures, espérons-le, pour arriver à destination, tandis que généralement on pourrait porter une dépêche soi-même à pied en une demi-heure.

C’est donc un progrès et un progrès sérieux dont nous ne saurions trop remercier l’intelligent Ministre du Commerce. C’est bien, sans doute, mais ce n’est point suffisant, et il convient de ne pas s’arrêter en si bon chemin. Il faut accomplir la réforme tout entière, autrement dit il faut s’empresser de donner des bicyclettes à tous les facteurs ruraux de toute la France et… de toutes tes colonies, par tout ou les routes le permettent, se félicite Vibert.

Que l’on ne vienne pas nous objecter la dépense ; il ne serait pas difficile d’en faire supporter tout le poids aux facteurs ruraux eux-mêmes, en les remboursant par mensualité, comme on le fait pour les petits bicyclistes du télégraphe à Paris.

Ou plutôt il ne serait pas difficile de s’entendre avec une des premières maisons de fabrication française, pour obtenir un trentaine de mille de bicyclettes à crédit, dont les paiements seraient échelonnés et de la sorte la charge pour les facteurs ruraux aussi bien que pour le Trésor deviendrait insignifiante, par cela même qu’elle pourrait être facilement répartie sur une assez longue période de temps. Il n’est pas de maison qui ne consentirait à un arrangement de cette sorte, étant absolument certaine d’être payée.

Mettons qu’il y ait 38 000 communes en France, en retranchant les villes et les communes très petites, très agglomérées, je suis persuadé que l’on pourrait à peu près pourvoir intégralement tous les facteurs ruraux de France avec 30 000 bicyclettes, peut-être moins. Et voyez du coup les avantages les lettres, la correspondance arrivent beaucoup plus vite à destination, et, chose qui n’est pas à dédaigner, les facteurs ruraux, ces modestes mais dévoués fonctionnaires sont, du même coup, moitié moins retenus dans la journée, et – point capital – moitié moins fatigués. Ils ne pourront pas aller de porte en porte avec leur machine, me dira-t-on. Parfaitement.

C’est entendu, et je le sais, mais on n’ignore pas qu’ils doivent aller à la ville voisine, au chef-lieu de canton en général, au bureau de poste en un mot chercher leur correspondance et que, pour retourner dans leur village, ils ont souvent un trajet considérable à effectuer. C’est ce trajet aller et-retour qu’ils pourront faire en bicyclette et il leur sera toujours facile de la remiser la matin dans une maison à rentrée du village et de la reprendre le soir ou le lendemain matin, suivant les besoins du service.

Mais ce n’est pas tout, il y a des masses de facteurs ruraux qui ont une course énorme à faire pour porter une lettre dans une ferme isolée et qui même doivent faire plusieurs lieues tous les jours pour porter un journal dans un château perdu au milieu des bois c’est là où la bicyclette doit intervenir et rendre d’immenses services aux pauvres facteurs champêtres, et cela d’autant plus facile- ment que, fort heureusement, nous avons partout en France d’excellentes routes, incapables de faire le moindre accroc aux pneumatiques les plus délicats en général.

Et si j’insiste si particulièrement et si énergiquement sur l’impérieuse nécessité de donner des bicyclettes à tous les facteurs ruraux, c’est que je crois que l’heure est venue de réaliser cet immense progrès.

Moi, le petit neveu de l’un des premiers inventeurs des vélocipèdes au commencement de ce siècle, poursuit Vibert, il y a déjà longues années que je songeais à demander cela, mais devant les perfectionnements de chaque jour et les progrès incessants de la bicyclette, je pensais qu’il était peut-être plus sage d’attendre.

Aujourd’hui tous les perfectionnements, ou à peu près, ont été apportés aux machines et l’on se trouve en face d’instruments très solides, très légers et relativement très bon marché. Je me garde bien de citer le nom d’une maison, mais j’ai la conviction que le gouvernement pourrait réaliser très facilement cette grosse commande de 30 000 bicyclettes au mieux de ses intérêts et pour la plus grande satisfaction de tous, puisque le public aurait sa correspondance beaucoup plus vite, non seulement a cause de la distribution, mais à cause du prompt retour aux bureaux de poste et aux gares de départ, et puisque les facteurs ruraux seraient enchantés de trouver dans l’emploi de la bicyclette une grande économie de temps et de fatigue.

images (9)Naturellement, le Gouvernement français ne devrait accepter comme soumissionnaires que des industriels-constructeurs français ne se servant que de pièces intégralement fabriquées en France !

Voilà le vœu de tous les facteurs, de toutes les populations de la France entière, et je suis heureux d’attirer sur lui la bienveillante attention du jeune ministre du commerce, persuadé qu’il voudra bien écouter la voix d’un vieil économiste qui a la prétention de rester toujours pratique et qui, dans l’espèce, n’est que le porte-parole de tous ses concitoyens.

 

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Superstitions lorraines de l’ancien temps

Posté par francesca7 le 9 octobre 2014

(D’après « Le Magasin pittoresque », paru en 1904)

 
téléchargement (4)Les fontaines réputées miraculeuses ne manquent point dans les trois départements lorrains, et nombre de gens n’ont pas cessé d’avoir en la vertu de leurs eaux la même confiance que les ancêtres…

Au sud-ouest de la Meuse, entre Gondrecourt et Ligny surtout, à Reffroy, à Badonvilliers, à Tourailles, saint Christophe, sainte Anne, saint Michel ont gardé leurs partisans convaincus. Là-bas, lorsqu’un jeune enfant souffre et languit, sa mère ou quelque autre de ses proches s’achemine, avec une chemise du malade, vers l’une des sources consacrées à ces élus.

La chemise est jetée sur l’eau du bassin. Surnage-t-elle ? L’enfant est condamné comme ne tenant pas du saint. Si, au contraire, elle coule à fond tout entière, l’enfant tient tout entier du saint, patron de la fontaine ; il est sauvé, immanquablement, il guérira ! Dans l’un et l’autre cas, la famille fait une neuvaine de prières qui hâtera la mort ou le rétablissement de l’enfant. Il se peut qu’une partie seulement de la chemise soit immergée : l’eau est si capricieuse ! Il est dès lors certain que seule la partie correspondante du corps est atteinte ; toutefois la neuvaine s’impose encore.

En d’autres villages de la Meuse, si la chemise plonge, c’est au contraire de mauvais augure. A Vaux-la-Petite, jusqu’en 1865, on faisait sécher, sans la tordre, la chemise immergée dans la fontaine consacrée à saint Julien et l’on en revêtait le petit malade pour assurer la guérison. Ces usages ne sont pas particuliers au département de la Meuse ; ils existent aussi en Meurthe-et-Moselle, près de Toul.

Il serait oiseux de citer les sources de Lorraine réputées miraculeuses, celles qui passent pour souveraines contre la fièvre, les maux d’yeux et d’oreilles, les coliques. Contentons-nous d’indiquer la fontaine de la Pichée, près de Pintheville (Meuse), douée d’innombrables vertus curatives, parce que la Vierge y est venue se laver les pieds. Ne demandez pas aux gens du village dans quelles circonstances la Vierge procéda à ces ablutions ; vous risqueriez de vous faire écharper. Par contre, les habitants d’Arrancy, tout au nord de la Meuse, près de Longuyon, ont perdu toute confiance en saint Martin.

La légende rapporte que le saint voyageait en ces parages, quand le pied de sa monture, rencontrant un caillou, y creusa un trou de 12 centimètres de diamètre en forme de fer à cheval. Toujours, même par les plus grandes sécheresses, cette cavité contient de l’eau, une eau curative, ou plutôt qui l’était jadis. Saint Martin a eu évidemment à se plaindre des gens du cru, puisque l’eau du caillou ne guérit plus. Le Caillou de saint Martin n’est aujourd’hui qu’un but de promenade et un objet de curiosité.

Chaque saint a naturellement sa spécialité ; le même ne saurait tout faire. Mais il est des cas embarrassants où l’on ignore lequel il faut invoquer pour obtenir la guérison d’une personne gravement malade. Cruelle perplexité ! La famille devra recourir à la tireuse de serviette. Voici, dit M. Labourasse (Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc), comment on procède au centre de la Meuse, notamment dans les cantons d’Étain, de Fresnes et de Spincourt : « Une espèce de mégère tend au consultant une serviette dont il prend l’un des bouts, tandis qu’elle tient l’autre ; elle la tord, puis en mesure la longueur à la coudée.

Elle pose alors diverses questions à la serviette, et suivant que celle-ci, par quelque habile tour de main de l’opératrice, se raccourcit ou s’allonge, elle est censée répondre oui ou non. Et l’on est obligé, si le malade est taché du bain de tel ou tel saint, d’entreprendre un pèlerinage vers celui qu’elle indique, de lui faire des offrandes, de brûler des cierges et d’accomplir en son honneur des neuvaines dont, moyennant finances, se charge la sybille, hâtant la mort ou la guérison du malade. Plus on est généreux, plus les prières sont efficaces. Le bon billet ! »

Tout le monde ne tire pas la serviette : c’est une spécialité ; on naît tireuse de serviette, on ne le devient pas ; c’est un don, quoi ! Une femme de Béchamp (Meurthe-et-Moselle) excellait, il y a quelques années, dans cet art facile de rançonner, en frisant la correctionnelle, les paysans plus que naïfs. Dans quelques localités du canton de Fresnes-en-Woëvre, à Haudiomont par exemple, la serviette est remplacée par une nappe. Partout, qu’il s’agisse d’une serviette ou de sa grande sœur la nappe, si le malade ne guérit pas, c’est que lui ou son délégué manque de foi.

Au sud de Verdun, à Génicourt-sur-Aleuse, et près de Vaucouleurs, le secret a conservé de chauds adeptes parmi ceux qui sont affligés d’entorses, de foulures, etc. ; mais ici, c’est un homme qui opère. Après avoir mis à découvert la partie malade, il se déchausse le pied droit et fait sur le siège de la douleur un signe de croix avec le gros orteil en disant : Panem nostrum quotidianum ; puis il marmonne une formule composée de mots absolument incohérents. D’un linge trempé dans l’urine d’un homme (quel que soit cet homme) il fait une compresse qu’il chauffe sous la cendre et qu’il applique ensuite sur le point douloureux. Le patient est tenu de réciter cinq pater et autant d’ave en mémoire des cinq plaies du Christ, ou de faire à heures fixes une neuvaine de prières déterminées. La guérison survient après un laps de temps égal à celui qui s’est passé entre l’accident et l’intervention de l’opérateur. Le traitement par le secret s’étend également aux animaux atteints de coliques, de tranchées.

Les oraisons varient ; chaque guérisseur par le secret a la sienne. Qu’il nous suffise de citer deux de ces prières, celle qui vous délivrera, non des rhumatismes ou de la teigne, mais du mal de dents, et celle qui débarrassera, le cas échéant, votre cheval des tranchées.

Voici la première, pour guérir le mal de dents. « Sainte Apolline, assise sur la pierre de marbre, Notre-Seigneur passant par là, lui dit : Apolline, que fais-tu là ? — Je suis ici pour mon chef, pour mon sang, pour mon mal de dents. — Apolline, retourne-t’en… Si c’est une goutte de sang, elle tombera ; si c’est un ver, il mourra. » Réciter ensuite cinq pater et cinqave, puis faire le signe de la croix, avec le doigt, sur la joue en face du mal que l’on ressent, en disant : « Dieu t’a guéri par sa puissance. »

L’oraison suivante chassera les tranchées des chevaux : « Cheval noir ou gris (il faut indiquer soigneusement la couleur du poil de la bête) appartenant à N…, si tu as les avives de quelque couleur qu’elles soient, ou les tranchées rouges, ou trente-six sortes d’autres maux, en cas qu’il y soit, Dieu t’a guéri et le bienheureux saint Éloi. Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » Ensuite cinq pater et cinq ave pour remercier Dieu de sa grâce.

On voit que la sorcellerie n’est pas morte, dans un pays où jadis sorciers et sorcières étaient assez malmenés puisque, en 1583, deux sorciers et huit sorcières furent brûlés vifs à Saint-Mihiel, en une seule fois.

Dans une des plus charmantes communes de la Meuse, aux Islettes, quand un jeune enfant a des convulsions, la mère prend son petit bonnet et le jette au feu. Si les douleurs sont aussi intenses après la combustion complète, inutile d’appeler le docteur, toute médication est superflue. Si vous souffrez de points de côté, écrit l’instituteur de Mogeville, mettez sur un verre d’eau autant de grains d’avoine que vous ressentez de ces points, puis faites le signe de la croix à rebours chaque fois qu’un grain descendra au fond du verre ; autant de grains immergés, autant de points disparus. Si vous trouvez une taupe vivante, sans la chercher, tuez-la et mettez dans un sachet son museau et ses pattes ; suspendu au cou d’un enfant, ce sachet lui épargne toute douleur à l’époque de la dentition. A Lunéville, pour faciliter la dentition des bébés, on leur pend au cou certains os de poisson.

A Landrecourt, près de Verdun, on se débarrasse des verrues en jetant des pois dans un puits. Aux environs de Vaucouleurs, quelques personnes mangent, le jour de Pâques, des œufs pondus le Vendredi saint dans la matinée ; elles s’imaginent ainsi se préserver de la fièvre pendant toute l’année. D’autres jeûnent ou font simplement abstinence, le jour de Pâques, pour conjurer le mal de dents. Ce sont celles qui n’ont aucune foi dans l’efficacité de l’oraison à sainte Apolline.

téléchargement (5)Enfin, croirait-on que, dans le nord de la Meuse, on se figure qu’en disant, le jour de la Saint-Nicaise (11 octobre), une oraison spéciale, vous pouvez envoyer chez un de vos ennemis les rats et les souris qui vous gênent chez vous ? Voici une sommation aux rongeurs : « Rat, rate ou souriate, souviens-toi que sainte Gertrude est morte pour toi dans un coffre de fer rouge ; je te conjure, au nom du grand Dieu vivant, de t’en aller hors de mes bâtiments et héritages. » Si l’on ne tient pas à envoyer rats et souris chez un voisin dont on a à se plaindre, on ajoute : « et d’aller aux bois sous les trois jours. » Dans le cas contraire, c’est en somme assez peu compliqué : on écrit sur de petits morceaux de papier des signes cabalistiques, et l’on fait pour les souris un pont formé d’une simple planche ; elles ne sont pas exigeantes.

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Quenouille de Fer et pacte avec le Diable

Posté par francesca7 le 9 octobre 2014

(D’après « Légendes et traditions populaires de la France », paru en 1840)

 
 
téléchargement (3)Jolie bergère du hameau de Saissac (Aude) mue par une ambition démesurée, Jeanne voit en l’anneau mystérieux dont un moine lui fait un jour miraculeusement don sans sembler rien exiger en retour, un moyen d’assouvir son désir de puissance et de richesse. Son caractère change, ses amis ne la reconnaissent plus, et si elle épouse le comte de Saissac avant d’imposer impitoyablement sa volonté par les armes, elle doit bientôt rendre quelque compte à son « généreux » donateur…

Jeanne Lambert était une jeune fille, née au hameau de Saissac ; elle était aimée, parce qu’elle était sage ; admirée, parce qu’elle était belle. Cette beauté devait la perdre. Souvent elle avait passé de longues heures à regarder dans l’eau d’un ruisseau sa figure blanche et noble comme celle d’une châtelaine ; souvent elle avait admiré la petitesse et la forme exquise de ses pieds et de ses mains, la finesse et l’élégance de sa taille.

Alors elle soupirait de n’être vêtue que de simple camelot de laine, tandis que l’or et les pierreries ruisselaient sur les robes de brocard de la vieille dame de Saissac, lorsque, suivie de ses pages et de ses varlets, elle venait à l’église s’agenouiller sur un somptueux coussin de velours. Pauvre Jeanne ! elle ignorait que lorsque le cœur de la femme s’ouvre à la vanité, son ennemi le serpent veille et rôde autour d’elle…

Un jour, elle avait vu dans l’église du village le châtelain de Saissac, entouré de pages et de varlets. Elle n’avait pas prié ; de coupables désirs étaient entrés dans son coeur. « Ah ! disait-elle, que me sert d’être belle pour garder des moutons ? Ne serais-je pas plus heureuse d’être faite comme les autres paysannes ? Oh ! je voudrais devenir laide, ou bien riche et noble… »

Comme elle parlait encore, un moine d’une haute stature se trouva debout devant elle dans sa petite chambre. « Je viens exaucer ton désir : je puis te rendre laide ou riche à ton choix. » Jeanne ne répondit pas ; la peur l’avait comme pétrifiée. « Prends cet anneau, ajouta le moine ; tu n’as qu’à prononcer les paroles gravées autour, et ce que tu auras souhaité sera accompli. » En disant ces mots, il disparut. Cependant l’anneau était resté au doigt de Jeanne ; elle hésita long-temps à le garder. D’abord, elle voulut le jeter loin d’elle ; mais elle était curieuse. Au don de cet anneau, le moine mystérieux n’avait attaché aucune condition ; d’ailleurs, en le gardant, elle était forcée de s’en servir. Elle le garda.

Depuis huit jours que le fatal anneau est en son pouvoir, Jeanne n’est déjà plus la même. Autrefois, ses compagnes l’aimaient, car elle était bonne, et savait se faire pardonner sa beauté ; maintenant, toutes l’accusent d’être devenue fière et hautaine, et toutes la fuient ; et pourtant elle ne s’est pas encore servie de son talisman. Mais elle est devenue rêveuse et distraite : quand on lui parle, elle n’entend pas et ne répond pas ; les plaisirs qu’elle aimait, elle les dédaigne aujourd’hui ; car elle sait qu’elle n’a qu’à vouloir pour jouir de tous les plaisirs de la terre ; elle ne voit pas même que ses compagnes la fuient. Son anneau occupe toutes ses pensées ; elle brûle d’essayer sa puissance ; mais une voix secrète la retient encore, et lui dit qu’elle fera mal. Elle lutte contre ses désirs ; mais chaque jour elle est fascinée davantage par le mystérieux pouvoir de l’anneau.

Un soir, retirée dans sa petite chambre, assise sur un escabeau, elle considérait ce funeste présent et songeait. Tout à coup ses cheveux se déroulèrent comme dénoués par une main invisible ; ils inondèrent son cou de leurs flots de soie. « Comme mes cheveux sont beaux ! s’écria-t-elle involontairement. » Puis elle dit tout bas : « Si je voulais, je pourrais me couronner d’un chaperon de velours surmonté d’une couronne de comtesse. Oh ! que je serais belle, et que je voudrais me voir ainsi ! »

Et machinalement elle lut les toutes-puissantes paroles de l’anneau. Aussitôt la chambre fut éclairée d’une vive lumière, et Jeanne se trouva assise devant un miroir curieusement ciselé. Ses beaux cheveux s’échappaient d’un chaperon de velours ; une robe, brodée de perles et bordée de menu-vair, dessinait les gracieux contours de sa taille. Et une voix lui disait : « Jeanne, tu es aussi belle qu’une reine, et tu es plus pauvre qu’une paysanne. Il est beau d’être servie sous un dais par des pages blasonnés ; il est beau d’être, dans un tournoi, saluée reine de beauté. Vois comme ces parures vont bien à ta figure, comme ces riches atours semblent faits pour toi ; demande, et tout cela t’appartiendra. »

Puis il lui sembla qu’un lourd sommeil s’appesantissait sur ses yeux. La voix devint de plus en plus faible ; enfin elle cessa tout à fait. Le lendemain, la jeune fille se réveilla toute brisée ; il ne lui restait qu’un souvenir confus de toutes ces magnificences et un désir cuisant de les acquérir. Quinze jours après , dans la chapelle du château de Saissac, un vieux chapelain bénissait le mariage du jeune comte de Saissac et de la belle Jeanne. La voilà donc comtesse ; la voilà riche et parée, cachant sous un antique blason et sa naissance obscure et les humbles travaux de son enfance. Mais le bonheur ne l’a pas suivie en cette haute fortune.

Gauthier de Saissac aime Jeanne avec passion ; mais qu’importe à Jeanne d’être aimée : l’ambition n’a pas laissé dans son cœur de place pour l’amour. Ce qu’elle veut maintenant, ce n’est plus un bel habit pour rehausser sa figure ; c’est la puissance d’une châtelaine, l’obéissance de nombreux vassaux, l’admiration de hauts et puissants seigneurs. Elle est bien comtesse de Saissac, mais ce n’est qu’un titre ; au vieux sire de Saissac appartient le commandement. Cette pensée devint son idée fixe, et elle n’était pas femme à s’arrêter devant un désir qu’il dépendait d’elle de satisfaire. Quel moyen employa-t-elle pour anéantir une puissance qui lui faisait ombrage ? Usa-t-elle du pouvoir de l’anneau ? Nul ne le sait.

Six mois s’étaient écoulés. Dans la grande cour du château, quatre cents hommes d’armes étaient réunis. A la mine hardie des soldats , à leur joie mal comprimée par la discipline, il était aisé de voir qu’ils allaient tenter quelque aventureuse expédition ; enfin leur chef parut : il était couvert d’une riche armure damasquinée en or, et tenait à la main une masse d’armes ; son casque était ombragé de plumes aux couleurs de Saissac ; la visière en était levée ; il laissait voir le visage de Jeanne. A la douce physionomie de la jeune bergère avait succédé un air sévère et hautain ; elle s’élança légèrement sur son palefroi, se tourna du côté du château, fit de la main un signe d’adieu à Gauthier de Saissac, qui parut pâle et souffrant à un balcon, et partit au galop.

Ce n’était là que le prélude de ses courses guerrières. Gauthier ne tarda pas à s’éteindre dans une maladie de langueur. Jeanne devint souveraine maîtresse de la châtellenie. Pour en arriver là, elle avait prononcé plus d’une fois les paroles magiques de l’anneau ; mais le succès n’avait pas assouvi sa dévorante ambition. Assise seule et toute-puissante sur son fauteuil seigneurial, la fière comtesse jeta d’avides regards autour d’elle, des regards d’aigle qui cherche sa proie. La première victime qu’elle choisit fut le sire de Montolieu, son voisin ; elle entama une discussion de limites, et envoya sommer le baron de Montolieu de venir lui rendre hommage comme à sa suzeraine.

 « Dites à la comtesse de Saissac, répondit le baron, qu’en la terre de France la quenouille ne doit jamais se heurter contre l’épée. » En entendant cette réponse, l’orgueilleuse châtelaine répondit : « C’est bien ; la quenouille de Jeanne de Saissac est plus lourde que l’épée du sire de Montolieu. » Et, en effet, elle arma ses vassaux, et au lieu d’une masse d’armes elle prit pour elle-même une quenouille de fer. Le pouvoir de l’anneau ne laisse aucun doute sur l’issue du combat. Le chevalier fut vaincu ; terrassé par l’arme redoutable de Jeanne, il put encore entendre les paroles railleuses qu’elle lui adressa en lui assénant un dernier coup de sa terrible quenouille.

Cependant, au milieu des agitations de cette vie de sang et de combats, le cœur de Jeanne s’était endurci ; elle devint injuste, farouche, cruelle, impitoyable. Ses conquêtes la rendirent puissante, sa bravoure célèbre ; mais le bonheur s’obstina à la fuir. Elle était haïe comme sont haïs les tyrans ; ses gens d’armes seuls l’aimèrent pour sa rudesse et son courage, qui la rapprochaient d’eux.

Un soir, comme à son ordinaire, elle était assise sous la vaste et gothique cheminée de la grande salle du manoir ; la nuit était noire, et la lampe appendue à la voûte jetait autour d’elle une incertaine lueur. La châtelaine était triste et grave, mais son cœur était inaccessible à la crainte. Tout à coup le vent redouble de fureur, les armures rendent un son lugubre, la tempête semble vouloir anéantir les vieilles murailles du château. A la lueur d’un éclair, Jeanne aperçoit une ombre immense se dresser devant elle ; elle reconnaît le moine.

« Qui es-tu ? », s’écrie Jeanne en saisissant sa fidèle quenouille. « Laisse cette arme inutile contre moi », lui dit le terrible spectre. Et aussitôt la masse d’armes tombe brisée à ses pieds. « Tu ne me reconnais pas, ajouta-t-il. Je viens chercher l’anneau que je t’ai donné il y a vingt ans ; il t’a assez servi, j’espère. » Jeanne, épouvantée, voulut arracher l’anneau de son doigt ; elle ne put y réussir. « Oh ! pas ainsi, dit le moine ; cet anneau est le premier de la chaîne qui te lie à moi. »

images (11)Jeanne voulut essayer de lutter. « Quel pacte me lie à toi ? s’écria-t-elle ; t’ai-je rien promis en retour de l’anneau ? – Non, certes, dit le moine ; je ne t’aurais pas proposé un marché que tu aurais repoussé ; humble et simple bergère que tu étais alors, je savais quel usage tu ferais de la puissance, et je te l’ai donnée. Tu n’es point à moi pour l’anneau ; tu es à moi parce que tu es parricide, parce que tu as sucé le sang de tes vassaux, parce que tu as versé celui de tes voisins. Tu m’appartiens par tes crimes ; je viens te réclamer. »

En disant ces mots, il posa sa main brûlante sur l’épaule de Jeanne, puis il la saisit dans ses bras, et prenant son élan, il repoussa du pied le manoir, qui s’écroula sous ce puissant effort. On dit dans le pays que le château n’a pu être reconstruit, et lorsque, par une sombre nuit de novembre, on entend le vent gémir en s’engouffrant dans les ruines du manoir, les vieillards disent à leurs petits-enfants effrayés : « Prenez garde ! c’est la châtelaine qui file sa quenouille ! »

 

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Sarthe en pays de Loire

Posté par francesca7 le 4 octobre 2014

 

Le Val de Loire symbolise pour beaucoup la douceur de vivre, la grâce paisible… L’altitude n’y excède jamais les 200 m, mais la Loire et ses affluents ont dessiné des reliefs en creux qui présentent une belle diversité. Un sous-sol également varié contribue à l’alternance de plaines fertiles, vignobles réputés, forêts, étangs et landes, où s’ébat une faune riche en tout genre.

 

images (9)Terre et paysages

Un relief façonné par la mer et les fleuves

Encastré entre les formations anciennes de l’ère primaire (-540 à -250 millions d’années) – Morvan, Massif armoricain et Massif central –le Val de Loire occupe le sud du Bassin parisien. Pendant l’ère secondaire (de -250 à -65 millions d’années), la mer recouvre à plusieurs reprises la région. Elle dépose sur le socle rocheux une couverture de sédiments marins : d’abord le tuffeau du turonien, craie tendre que l’on retrouve aux flancs des coteaux, puis le calcaire des gâtines (« terre gaste » : peu fertile), parsemées de plaques de sable et d’argile imperméables portant des landes et des forêts.

Durant l’ère tertiaire (de 65 à 1,75 million d’années), époque des grands plissements, la mer commence à se retirer. De grands lacs d’eau douce se forment où s’accumulent d’autres couches calcaires : ce sont leschampagnes , ou champeignes . Ces vastes plaines découvertes et peu fertiles présentent un soubassement affleurant de calcaire ou de craie.

Des fleuves torrentiels descendent du Massif central, surélevé par le plissement alpin, et étalent des nappes argilo-sableuses qui donneront naissance à la Sologne et à la forêt d’Orléans. En Sologne, ces dépôts de sable peuvent atteindre une épaisseur de 60 m !

Dans la seconde moitié de l’ère tertiaire, un affaissement de la partie ouest du pays détourne les cours d’eau qui se dirigeaient vers le nord, ce qui explique le coude que fait la Loire à Orléans. Dans le même temps, il amène lamer des Faluns (sédiments riches en coquillages – faluns) jusque vers Blois. Les « falunières » se trouvent en lisière du plateau de Ste-Maure et des collines bordant la Loire au nord.

Enfin la mer évacue définitivement la région, laissant un relief en creux. Les alluvions du fleuve et de ses affluents forment les varennes , terres légères formées d’un sable gras d’une grande fertilité.

Terroirs au fil du fleuve

Le Pays-Fort dans le nord du Berry, transition entre le Massif central et les Pays-de-la-Loire, est couvert d’un bocage à l’atmosphère mélancolique. Le Gâtinais de sable et d’argile, synonyme de « mauvaise terre », se consacre à l’élevage dans un bocage morcelé. En aval de Gien, le Val de Loire est large. Plutôt dévolu aux prés dans la région de St-Benoît, il est ensuite réservé à l’horticulture sur des alluvions nommées layes . Quelques sols bien exposés portent des vergers et des vignobles. L’ Orléanais englobe le Blésois, la Sologne, le Dunois, le Vendômois et la Beauce : bois impénétrables où les rois chassaient, étangs et maigres cultures alternent dans le Gâtinais orléanais , la forêt d’Orléans et en Sologne . Ici, les sables granitiques arrachés au Massif central par la Loire profitent à l’asperge et aux primeurs. Passé le fleuve, le Dunois abrite un pays de bocage où l’on pratique l’élevage bovin ; le Vendômois annonce la Beauce au sud-est, le Perche au nord et la Gâtine tourangelle à l’ouest. La Beauce ,vaste plateau calcaire, dénué d’arbres, recouvert d’une couche de limons fertiles (1 à 2 m),tranche avec le reste del’Orléanais.

À l’ouest de la Beauce, le Perche-Gouët présente une terre vallonnée arrosée par de nombreuses rivières. C’est le domaine de l’élevage (bovins, volailles et agneaux), mais c’est le cheval de trait – le percheron – qui a fait sa réputation.

Plus au sud, entre le Loir et la Loire, la Gâtine tourangelle laisse encore apparaître brandes et bois par vastes lambeaux (forêts de Chandelais et de Bercé, célèbre pour ses chênes).

Les vignobles de la vallée du Loir produisent les coteaux-du-loir et coteaux-du-vendômois (AOC).

En Touraine , l’opulence du Val enchante le voyageur, déjà séduit par la douceur d’une atmosphère lumineuse. La Loire, qui coule lentement entre les bancs de sable, a creusé son lit dans la craie tendre. D’Amboise à Tours, les coteaux portent les fameux vignobles de Vouvray et de Montlouis.

Le Cher, l’Indre, la Vienne et la Cisse, scindés en biefs ou boires , empruntent les bras que le fleuve a abandonnés. La Champeigne , trouée d’excavations appelées mardelles , déroule d’immenses étendues. Bosquets de noyers et châtaigniers sont fréquents. De la Loire à la Vienne s’étend le pays fertile de Véron où, entre champs et jardins, jaillissent les peupliers.

Le Saumurois s’étend, au sud de la Loire, de Fontevraud et Montsoreau jusqu’à la vallée du Layon : un pays de bois, plaines et coteaux couverts de vignes produisant d’excellents vins. Vers le nord, les sables du Baugeoisfavorisent bois de chênes, de pins, de châtaigniers et de guérets, mais aussi les vergers.

Si l’Anjou, comme la Touraine, n’a guère d’unité physique, la « douceur angevine » que vanta Du Bellay n’a rien d’un mythe. Sur la rive droite s’étend la fertile varenne de Bourgueil , où foisonnent les primeurs cultivées au cœur des vignes. Celles-ci couvrent le pied de collines sablonneuses plantées de bois de pins. Entre la rivière d’Authion, bordée de saules, et la Loire alternent pâturages, champs de légumes, de fleurs et d’arbres fruitiers. Autour d’Angers, la floriculture est omniprésente ; la vigne (Savennières) réapparaît en aval de la ville.

images (10)Le bocage a laissé quelques traces en Anjou , mais a beaucoup perdu de son hégémonie. à l’ouest, dans l’Anjou noir, le Segréen, le Craonnais et les Mauges sont coupés de haies. Ils étaient traditionnellement sillonnés de chemins creux menant à de petites fermes basses, cachées dans la verdure. On y pratique l’élevage (bovins, porcs).

Les vallées de la Mayenne et de l’Oudon arrosent le bas Maine, ou Maine noir , pays de bocage qui fait partie, géographiquement et par ses maisons de granit ou de schiste, du Massif armoricain. Le haut Maine, constitué par les bassins de la Sarthe et de l’Huisne, est appelé Maine blanc à cause de son sol calcaire utilisé dans les murs des maisons.

 

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Les vins de Dordogne

Posté par francesca7 le 4 octobre 2014

 

images (7)Les vignobles de Cahors et de ­Bergerac étaient déjà renommés à l’époque gallo-romaine. Après la catastrophe du phylloxéra – elle avait totalement anéanti le vignoble lotois au 19 e s. –, ils ont retrouvé un nouvel essor et donnent des vins d’Appellation d’origine contrôlée de qualité.

Le vignoble de Bergerac

Le vignoble de Bergerac, sur lequel une large part est faite au cépage sauvignon, recouvre près de 13 000 ha répartis sur 90 communes. S’étalant en terrasses au-dessus de la vallée de la Dordogne, il se répartit en plusieurs zones donnant des crus différents : les bergerac et côtes-de-bergerac, le monbazillac, le montravel et les côtes-de-montravel, le pécharmant – plus ancien vignoble de bergerac –, le saussignac et le rosette.

Les vins blancs secs – Il s’agit des montravels, dont le terroir, berceau de Montaigne, est situé à proximité du St-Émilionnais, sur la rive droite de la Dordogne, autour de Vélines, et des bergeracs. Aromatiques, veloutés, fins et fruités, ils accompagnent parfaitement fruits de mer et poissons. Montravel et bergerac sont tous deux issus d’un assemblage de cépages sauvignon (essentiellement), sémillon et muscadelle.

Les vins blancs moelleux – Sous cette même désignation cohabitent des vins nuancés très agréables en apéritif, sur les viandes blanches et les fromages forts : les côtes-de-bergerac et les côtes-de-montravel conjuguent fraîcheur et rondeur ; la discrète appellation rosette se caractérise par des vins à la robe légèrement paillée ; quant aux saussignacs, récoltés aux limites de la « surmaturation », ils présentent une grande élégance.

Les vins blancs liquoreux – Le ­monbazillac occupe une place à part. Doré, onctueux, parfumé, ce vin se sert en apéritif ou avec le foie gras, les viandes blanches, poissons en sauce et les desserts. Issu de trois cépages (sémillon, sauvignon, muscadelle), il doit son bouquet particulier à la pourriture noble qui réduit l’acidité du raisin. Le procédé date de la Renaissance : la vendange (« tries ») s’effectue comme pour le sauternes en plusieurs fois ; on ne récolte à chaque passage que les grains parvenus à l’état souhaité. Le monbazillac acquiert toute sa saveur après deux ou trois années et peut se conserver trente ans. Son terroir s’étend sur 2 700 ha et cinq communes : Pomport, Rouffignac, Colombier, St-Laurent-des-Vignes et Monbazillac.

Les vins rouges – Les bergeracs, souples et fruités, se consomment jeunes (deux ou trois ans après la récolte), tandis que les côtes de bergerac, plus structurés, sont des vins de garde. Le pécharmant, excellent vin corsé et généreux, n’acquiert toutes ses qualités qu’après un long vieillissement. Ce dernier accompagnera idéalement un gibier en sauce ou un carré de bœuf, mais aussi un foie gras.

Les vins rosés – Seul le bergerac se décline en rosé. Récemment développé pour satisfaire une demande croissante, ce vin complète une gamme de vins d’appellation déjà très diversifiée. Issu de vinifications courtes, il se distingue par sa fraîcheur et sa vivacité.

Le vignoble de Cahors

Fort célèbres au Moyen Âge, les vins de Cahors, transportés par gabarres jusqu’à Bordeaux, puis par navires vers les différentes capitales d’Europe, étaient très recherchés. On raconte aussi que le roi François I er aurait exigé d’en faire transplanter des ceps au château de Fontainebleau. Le tsar Pierre le Grand ne voulait boire que celui-là. Mais, en 1868, le vignoble, alors en pleine prospérité, fut complètement détruit par le phylloxéra. Le sol fut laissé à l’abandon et les viticulteurs émigrèrent. Après la Seconde Guerre mondiale, on reconstitua le vignoble de Cahors essentiellement avec le cot noir (cépage rouge – connu aussi sous le nom ensoleillé de la vallée du Lot entre Cahors et Fumel. La véritable renaissance de ce vignoble eut lieu dans la décennie 1960-1970. D’une superficie de 208 ha en 1962, l’aire de production est à présent limitée et s’étend sur 5 500 ha. Le vignoble s’assoit sur deux terroirs : la vallée du Lot, où les terrasses sont constituées de sous-sols calcaires enrichis d’alluvions, et le causse calcaire, composé de pierrailles argileuses et marneuses.

Le cahors est un vin « noir », très tannique, ample en bouche, au goût corsé. Le vin du plateau est plus tonique et plus rude que celui de la vallée. La classification en AOC fut attribuée en 1971.

Un vin de Cahors jeune (à partir de trois ans) accompagnera avantageusement viandes en sauce, foie gras et charcuteries. Un vin plus vieux (une dizaine d’années), aux arômes plus subtils et raffinés, se mariera avec les viandes rouges aux cèpes, les truffes, les gibiers et le fromage.

Entre Cahors et Montauban, s’étend sur 400 ha le vignoble des coteaux du Quercy. Bénéficiant d’une appellation VDQS, ces rouges en majorité se boivent jeunes (entre 2 et 5 ans) ; les rosés s’apprécient dans l’année.

images (8)Liqueurs et eaux-de-vie

Dans la région, on ne fait pas pousser que de la vigne ! Prunes, noix, genièvre, noisettes sauvages, châtaignes, framboises, mais aussi… truffes sont, depuis des générations, le centre d’intérêt de liquoristes comme la famille Roque, originaire de Sarlat et installée à Souillac depuis le début du 20 e s. ou la distillerie Clovis Reymond de Villamblard.

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Pays de Dordogne Vers le Moyen Âge

Posté par francesca7 le 4 octobre 2014

images (6)Quelle unité pourrait-il y avoir dans la si longue période qui relie les Gaulois à la fin du Moyen Âge Le Périgord et le Quercy passent de la paix de l’Empire romain à sa chute, aux invasions barbares et à la restauration d’un pouvoir, cette fois féodal, mais lui aussi porteur de croissance et de culture.

La cohabitation gallo-romaine

Avant J.-C.

Au temps de la Gaule, le territoire actuel du Périgord est occupé par la tribu gauloise des Pétrocores, celui du Quercy par les Cadurques. Le pays des Pétrocores avait pour capitale Vesona (Périgueux) et celui des Cadurques, Divona (Cahors).

59-51 – Conquête romaine. La dernière résistance du peuple gaulois a lieu à Uxellodunum que les historiens situent dans le Quercy, au puy ­d’Issolud .

16 – L’empereur Auguste crée la province d’Aquitaine.

Après J.-C.

1 er -3 e s. – La Paix romaine. Pendant trois siècles, les villes se développent, de nombreux monuments publics sont édifiés. Dans les campagnes, autour des villes, de nouvelles cultures sont introduites : noyer, châtaignier, cerisier et, surtout, vigne.

235-284 – Les invasions (Alamans et Francs) ravagent la région. En l’an 276, plusieurs villes sont rasées.Vesunna se protège derrière un épais rempart élevé à la hâte avec les pierres de bâtiments publics romains démantelés.

Royaume d’Aquitaine, baronnies du Périgord

486-507 – Clovis, roi des Francs, conquiert la Gaule jusqu’aux ­Pyrénées après avoir défait le roi wisigoth Alaric II en 507 à Vouillé (près de Poitiers).

8 e s. – Les deux comtés du Quercy et du Périgord sont rattachés au royaume d’Aquitaine.

Fondation de l’abbaye de Brantôme.

9 e s. – Les vallées de l’Isle et de la ­Dordogne, ainsi que Périgueux sont dévastés par les Normands . De nombreux habitants se réfugient dans les cluzeaux, prenant la suite des hommes préhistoriques.

10 e s. – Les quatre baronnies du ­Périgord se mettent en place : Mareuil, ­Bourdeilles, Beynac et Biron, ainsi que les châtellenies d’Ans, ­Auberoche, Gurson… Le comté du Périgord passe à la maison des Talleyrand.

De puissantes familles se partagent le Quercy : les Gourdon, les ­Cardaillac, les Castelnau, les Turenne et les Saint-Sulpice.

Vers 950 – Début du pèlerinage de St-Jacques-de-Compostelle qui traverse la région.

12 e s. – Fondation d’abbayes dans le Périgord : Cadouin, Sarlat, Boschaud, Chancelade… et dans le Quercy : Rocamadour, Figeac, Souillac et Carennac.

1331 – Fondation de l’université

de Cahors.

Grandeurs et misères du Moyen Âge

11 e -13 e s. – La population augmente et se réunit en villages, les « sauvetés » (autour d’une église), et dans des ­villes nouvelles, les bastides, à partir desquelles elle défriche la forêt et draine les marais. L’Église tente d’imposer les trêves de Dieu, quarante jours de réflexion obligatoires avant d’entamer un conflit armé. La paix s’installe peu à peu, accompagnée de multiples progrès techniques.

Début 13 e s. – Croisade des albigeois. Simon de Montfort fait des incursions dans le Quercy et le Périgord.

1229 – Le traité de Paris entre Saint Louis, roi de France, et Raymond VII, comte de Toulouse, met fin à la croisade des albigeois.

14 e s. – Avec le retour des conflits, les récoltes s’amoindrissent, les famines se répètent, aggravées par les razzias sanglantes des routiers. Quand la peste arrive, elle trouve dans le Périgord et le Quercy des corps peu résistants : 1348, 1361, 1384 et 1400-1401 amènent des hécatombes.

 

 

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Les parcs et jardins en Moselle

Posté par francesca7 le 4 octobre 2014

Ukhange

Ukhange

Profitez de votre passage dans la Grande Région pour découvrir le réseau des Jardins sans Limite : de la Moselle à la Sarre en passant par le Luxembourg et 26 jardins thématiques, créations ou recréations, sont à visiter de mai à octobre.

aux pieds des Vosges du Nord ou au Pays des Trois Frontières, succombez aux charmes des Jardins sans Limites de Moselle

Jardin des Prairiales au Château de La Grange 

Les buis mélangés aux lys, les grandes fleurs de prairies dans lesquelles le promeneur peut s‘immerger et les allées de porcelaine forment un ensemble plein de promesses, que le visiteur découvrira avec émerveillement. La visite du jardin peut être complétée par celle de l‘intérieur du château.

Jardin des Faïenciers  

Installé sur les friches industrielles d’une ancienne faïencerie et imaginé par le paysagiste Philippe Niez, ce jardin évoque les sources d’inspiration des artistes décorateurs, l’alchimie des couleurs et la fabrication de la céramique. Labyrinthe de ruines, Jardin des grands feuillages… ou encore jardin du feu, autant d’invitations à fleureter avec la curiosité ! Sur le site, prolongez votre visite par la découverte du Musée des Techniques Faïencières et des expositions d’art contemporain proposées régulièrement.

Jardin du Château  

A Pange, autour du château XVIIIème siècle, le paysagiste Louis Benech a réalisé une composition particulièrement élégante.

Parfaitement intégré dans le paysage bucolique de la Nied française, ce jardin tout à la fois champêtre et contemporain évoque l‘histoire du domaine. Le parc romantique aux chênes tricentenaires invite à la flânerie.

Jardin pour la Paix

Au Jardin pour la Paix, les jardiniers vous feront partager leurs univers régulièrement renouvelés. Leurs créations y naissent au gré des inspirations et des échanges avec, entre autres, les verriers du CIAV de Meisenthal.

Poursuivez la découverte de ces bien nommés Jardins en Troc par une déambulation dans les Jardins des Rues, trouvailles végétales semées dans la Cité. Flânez dans un jardin au coeur de la forêt, dans le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord, et prolongez votre visite par l’exploration de la Citadelle.

Jardin des Traces – Uckange (F)

Découvrez le jardin de l’impossible ! Contemporain et original, le Jardin des Traces évoque la sidérurgie et la mémoire ouvrière sur 4 hectares de friches industrielles.

smallit (1)Face au parc du haut fourneau U4, classé monument historique, il s’articule autour de 3 espaces : le jardin de l’Alchimie, le jardin du Sidérurgiste et le jardin des Energies.

Entre la coulée fleurie aux couleurs de la fonte en fusion et la légèreté des graminées, déambulez sur une promenade en béton qui vous conduira aux fontaines et jets d’eaux. Votre regard croisera alors les sculptures de Pierre Luu créées spécialement pour ce site. Laissez-vous surprendre par le mélange de minéral et de végétal, de couleurs et de senteurs, de bruit et de silence. Surface : 40.000 m2

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Château de la Reine des Fées

Posté par francesca7 le 2 octobre 2014

près de Blaye (Gironde)

 
 
téléchargement (7)Au XIXe siècle, on pouvait encore voir près de Blaye (Gironde) un dolmen que la légende populaire affirmait être l’entrée du château des Fées dont nul être humain y pénétrant ne sortait vivant car dévoré par ses occupantes, à l’exception d’un pasteur, voyageur acceptant de relever un défi en partant à la conquête d’un œuf magique détenu par le plus puissant des mauvais génies

Il est incontestable que les traditions populaires ont une certaine importance historique ; car elles sont presque toujours un mélange de roman et d’histoire. L’on voit que ce n’est pas d’hier que la vérité se cache sous le manteau de la fable.

Il existait au XIXe siècle à Saint-Ciers-de-Canesse, près de Blaye (Gironde), un remarquable dolmen, sur lequel l’imagination populaire nous a légué une légende curieuse qui rappelleles Mille et une nuits : c’est le même mélange de merveilleux et de terrible. Ne parlez pas aux habitants de ces contrées des druides et de leurs terribles mystères célébrés sur ces blocs géants, ils vous riraient au nez sans merci. « Ces pierres levées (peyres lebades), vous diront-ils, ne voyez-vous pas que ce sont les ruines de l’entrée du castel de las Hagues (du château des Fées). »

Ils vous feront observer que tout prouve que ces pierres ont été habitées ; et, en effet, la science vous dira, avec M. Jouannet : « Que trois blocs énormes servaient de murs à ce château des Fées ; qu’il avait pour toit une pierre gigantesque, et que cette masse reposait, à sept pieds du sol, sur trois blocs et sur une pierre plus petite placée à l’entrée ; que le support du nord avait été entamé par la main de l’homme ; qu’on y avait ouvert une porte qui depuis a été bouchée. Cette particularité fait présumer qu’à une époque inconnue cet étrange réduit a été habité. Un puits, creusé auprès, semble venir à l’appui de cette conjecture. » Pour les habitants, c’est plus qu’une conjecture, c’est une incontestable réalité ; écoutez plutôt ce qu’ils racontent :

Un jeune et beau pasteur, coupable d’indépendance envers son tyrannique patron, avait franchi le support d’entrée et s’était réfugié dans cet antre maudit, dont nul être humain n’osait approcher ; car on n’avait jamais revu ceux qui y étaient une fois entrés. Ces blocs énormes étaient, en effet, la porte gigantesque du puits de l’abîme qui communiquait jusque dans les entrailles du monde, et sous laquelle passaient les mauvais génies pour se rendre dans leur empire souterrain. A peine le pasteur avait-il mis le pied sur la pierre d’entrée, que le plus affreux spectacle frappa ses regards : des ossements humains jonchaient le sol de cette horrible caverne, et, à sa voûte, des gouttes de sang figé pendaient en stalactites.

Saisi d’horreur, il détourne ses regards et se rejette en arrière ; le sol semble céder sous lui, et il se sentit aussitôt descendre. L’éclat extraordinaire du lieu où il arrive si mystérieusement le force de fermer ses yeux éblouis. Tout à coup, des bras invisibles le saisissent, l’enchaînent, l’enlèvent, et le transportent dans une salle non moins magnifique. Des colonnes d’albâtre en soutenaient la voûte de cristal. Au milieu s’élevait un trône resplendissant, ombragé par deux arbres aux rameaux d’or et couverts de rubis.

Le pasteur se croyait le jouet d’une illusion, et son admiration redoubla lorsqu’il vit entrer une gracieuse phalange de femmes, qui vinrent, une à une, prendre rang autour de lui. Elles étaient toutes d’une merveilleuse beauté. Il se crut transporté dans la demeure céleste des déesses. Mais son enthousiasme n’eut plus de bornes quand il aperçut une femme mille fois plus belle que ses compagnes.

C’était Fréa, la Reine des fées, qui suivait ses gracieuses soeurs ; Fréa, à la robe blanche et flottante, aux souliers d’or, qui portait ses noirs cheveux flottants sur ses belles épaules, et qui ornait son front pur d’une chaîne d’or et de diamants. Elle s’avançait, dans sa démarche pleine de grâce et de majesté ; quand ses beaux yeux s’arrêtèrent sur le jeune homme, un nuage de tristesse vint les voiler. Le pasteur, nourri dans la vénération religieuse de ses pères, qui adoraient la femme comme une divinité, se jeta aux pieds de ce trône, où elle vint s’asseoir. Fréa pensa qu’il implorait sa clémence : « Non, non, dit-elle, il faut mourir. »

Mais le pasteur ne l’entend pas ; saisi d’admiration, il contemple avec amour cette beauté merveilleuse et toujours jeune, dont les hommes n’ont pas idée. La reine était fée, et les fées sont femmes ; elle eut pitié de ce beau et naïf jeune homme, qui oubliait son sort pour la regarder.

– « II faut mourir », répéta-t-elle enfin d’une voix triste et émue.
– « Ah ! les dieux sont donc aussi cruels que les hommes », s’écria le pasteur avec amertume et comme sortant d’un rêve ; j’ai fui la mort pour aller au devant de la mort ; mais, du moins, je serai moins malheureux de la recevoir de votre main.
– « Ah ! ce n’est pas une même mort ! celle qui t’est préparée est horrible, épouvantable : tu seras dévoré vivant. »

La Reine des fées s’arrêta et détourna la tête pour cacher une larme, et cette larme était d’or pur. Elle reprit bientôt :

– « C’est là le tribut fatal que nous payons à Rimer, le plus puissant des mauvais génies. Ces blocs debout, sous lesquels tu t’es réfugié, malheureux enfant, sont la table où ses victimes lui sont offertes. Nul homme ne lui est échappé et ne lui échappera, s’il n’a conquis l’œuf des serpents.
– « Si c’est là une conquête qu’un homme puisse entreprendre, je l’entreprendrai, dit en se relevant le pasteur, d’un air résolu. J’ai souvent dompté les taureaux sauvages, lutté avec les ours et les loups-cerviers de nos forêts ; tombe sur moi le ciel, je ne crains rien ! »

Le courage plaît aux fées ; dans leur cœur, il est souvent le voisin de l’amour, et l’amour est bien fort. La Reine des fées, séduite, voulut sauver le pasteur. Quand fée le veut, Dieu le veut. Fréa lui donna un anneau mystérieux qui rendait invisible, pour qu’il pût échapper à la vue perçante des serpents et à leur active poursuite.

Grâce à ce puissant secours, il pénétra sans danger dans l’horrible caverne où mille serpents entrelacés avaient, de leur bave, composé l’œuf magique. Le pasteur s’en empara aussitôt, et, montant sur la table du sacrifice, il attendit sans terreur Rimer le dévorant. Au moment où la nuit devient de plus en plus sombre et où la clarté des étoiles va pâlissant peu à peu, il entendit dans les airs un bruit sourd comme un battement d’ailes, et il vit approcher, monté sur un monstrueux loup ailé, se servant de serpents en place de brides, le terrible génie de l’abîme, qui descendait sur lui avec la rapidité de la foudre pour le dévorer, comme sa victime inévitable.

téléchargement (8)Mais le pasteur, le touchant soudain avec l’œuf magique, le terrassa, le vainquit, et l’enchaîna pour l’éternité. Alors cessèrent les sacrifices humains, et le vaillant pasteur fut béni par les fées et par tous les pères qu’il arrachait à ce tribut fatal. Il ne retourna cependant pas avec les hommes, demeurant toujours avec Fréa, la Reine des fées, son sauveur. Il eut une longue et heureuse vie, car son épouse lui donna des pommes d’or qui avaient la vertu de conserver une éternelle jeunesse.

Mais comme il ne pouvait se nourrir des célestes aliments des fées, il se creusa un puits près de la porte des Géants ; avec une hache de pierre précieuse, don magnifique de sa compagne, il tailla dans le bloc du nord un réduit où il déposait le produit de sa chasse.

Telle est la tradition très peu connue du castel de las Hagues, de ce château des Fées, où nous ne voyons, nous, qu’un dolmen. A travers les festons et les gracieuses découpures du manteau de la fable apparaît la vérité toute nue. L’œuf des serpents, les sacrifices humains ; d’un autre côté, la victoire par l’amour d’un allié du ciel sur les antiques divinités ; tout cela frappe d’étonnement et nous autorise peut-être à conclure que les traditions populaires ont leur importance historique.

(D’après « L’Éducation. Gazette des femmes », paru en 1842)

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Malédiction du cruel Juhel

Posté par francesca7 le 2 octobre 2014

et château de Mayenne

(D’après « La Tradition », paru en 1905)

 
 
images (10)La légende affirme que longtemps on vit voler le soir, dans la forêt de Mayenne, deux oiseaux blancs comme des colombes poursuivis par un vautour, suite à la cruauté dont fit preuve le maître des lieux, Juhel qui, à la faveur d’une fugue de ses filles, incrimina les religieux du monastère voisin et jeta sur eux l’opprobre

Près du château de Mayenne du baron Juhel – Juhel III de Mayenne (1168-1220), était un moûtier – monastère – habité par des moines qui étaient de ses amis. Ses deux filles s’y rendaient souvent et la méchanceté s’en mêla. On disait tout bas que le Prieur aimait la blonde et le Cellerier la brune. C’était mal parler, car il n’en était rien. Nos damoiselles de Mayenne, en ces temps de rudesse, allaient trouver au moûtier des heures de paix, des conseils, confier au plus quelques-unes de ces pensées intimes mi-pieuses, mi-tendres, qui tournoient parfois dans l’âme des jeunes filles.

Mais un matin, dès l’aube entrouverte, les jeunes châtelaines passèrent le pont-levis. Le guetteur de la haute tour les vit et en fut un peu surpris ; elles allaient, pensa-t-il, beaucoup plus tôt que de coutume visiter les manants pauvres du voisinage. D’ordinaire elles ne sortaient, en effet, à cette heure hâtive, que lors des chasses au lanier. Le jour s’écoula, le soir vint et une nuit noire où ne pointait pas une étoile, enveloppa les tours et les créneaux des murailles, sans qu’elles fussent rentrées. On les avait vainement cherchées dans le château, dans le bourg et aux environs l’inquiétude était à son comble.

Un page jaloux et mauvais finit par dire qu’il les avait vues, le long des lices, avec deux moines prendre le chemin de la campagne. C’était de la scélératesse de sa part et il ouvrait le champ à la calomnie qui avait été contenue jusqu’alors. Leur mère tomba en pâmoison, le baron, outré de colère et d’indignation, appela ses chevaliers : « Chevauchez, leur dit il, jusqu’à ce que vous les trouviez. » Ils partirent ; lui alla droit au moûtier pour s’emparer des moines, mais ils connaissaient sa violence et ils s’étaient enfuis.

Les hommes de Juhel chevauchèrent toute la nuit, parcoururent les hameaux, frappèrent à toutes les portes ; ils ne trouvèrent pas les fugitifs. Le Bouteiller, qui avait pris le chemin du Fauconnier – commune de Saint-Georges-Buttavent – pour gagner la forêt, découvrit au lever du jour les deux Juhelettes à l’ermitage du Hec, sous des habits de paysannes. Elles dormaient sur un lit de feuillage. Ramenées aussitôt au château, leur père ne voulut pas les voir. Dans son courroux, il les eut tuées peut-être ? Non. Il méditait un projet plus atroce. Elles crièrent aux chevaliers qu’elles étaient innocentes, qu’elles allaient, pieds nus, faire en pauvresses un pèlerinage à Saint-Michel-du-Mont. On ne les écouta pas et elles furent descendues dans une basse-fosse du donjon.

Juhel devint très sombre, réunit toute sa maison et dit : « Mes filles sont mortes, qu’on ne m’en parle jamais, ni des moines non plus. » Et sa femme comme ses chevaliers gardèrent le silence, car il était terrible. Lorsqu’il avait donné un ordre, aucun de ses familiers n’eût osé le discuter. Le baron fit bâtir deux tours dans la forêt de Mayenne, l’Artoire et la Réhette, et y enferma ses filles. Les portes en furent murées, et chaque jour un de ses sergents leur passait du pain, des racines et de l’eau, par une étroite ouverture. Pour achever sa vengeance, il mit de sa propre main le feu au moûtier abandonné, ricana d’une façon horrible pendant qu’il brûlait. L’évêque voulut intervenir, il le repoussa. Le pape le menaça, ce fut inutile ; il l’excommunia, dès lors Juhel devint abhorré de tout le pays du Maine.

Vingt ans se passèrent. Les recluses devenues des squelettes à cheveux blancs, ne poussaient que de faibles et rares gémissements, qui ne dépassaient guère les murs de leur prison. Il n’y avait pas eu un chevalier assez hardi pour braver les ordres de son maître et sauver les deux infortunées. Leur jeunesse s’était écoulée dans les tortures d’un long désespoir. Au gré de leurs désirs, elles mouraient trop lentement. En devenant vieux, Juhel s’apaisa, pensa à son âme, à la miséricorde divine dont il aurait besoin. Avait-il été un justicier selon le droit et la charité ? La voix de sa conscience longtemps étouffée lui affirma sa faute et il ne tarda pas, quand il voulut se renseigner, à reconnaître qu’il était criminel vis-à-vis de ses filles et vis-à-vis des moines.

Poussées par un sentiment de piété et aussi de folle aventure, les deux damoiselles avaient en effet entrepris le voyage du Mont-Saint-Michel, et dans la crainte de rencontrer des obstacles à leur projet, étaient parties seules à l’insu de tous. Défaillantes et les pieds ensanglantés, il leur avait fallu se réfugier pour la nuit chez l’ermite du Hec. Juhel pleura, il était trop tard ; il rappela ses filles, il était trop tard. Elles avaient souffert dans leur cœur et dans leur corps et ne pouvaient vivre longtemps : à peine parlaient-elles. Leur seul plaisir consistait à se retrouver sur la haute terrasse de la forteresse ; elles avaient là sous les yeux la vallée de la Mayenne qui leur rappelait sans doute quelques heures riantes de leur jeunesse et aussi la place vide de ce cloître du moûtier dont elles aimaient jadis à respirer les lys et les roses.

Peu de temps après, elles moururent épuisées, trop faibles pour supporter l’air et la lumière. Pas un reproche ne sortit de leurs lèvres, et elles eurent encore des sourires de consolations pour le pécheur repentant elles étaient de ces bons et doux êtres que Dieu épure dans les souffrances et dont il fait des anges. Personne n’eut pitié de Juhel, qui sous le poids de ses crimes partit pour Rome, afin d’en demander au pape la rémission. A son retour, il rendit aux moines tous leurs biens dont il s’était emparé et leur donna de l’argent pour bâtir un nouveau monastère (1205), près de la forêt de Mayenne, à Fontaine-Géhard – commune de Châtillon-sur-Colmont.

On a vu pendant longtemps voler le soir, dans le voisinage de l’Artoire et de la Réhette, deux oiseaux blancs comme des colombes poursuivis par un vautour. C’étaient les Juhelettes de Mayenne et leur père qui revenaient sous ces formes représentant la douceur et la cruauté. Les prières des moines de Fontaine-Géhard finirent par racheter les forfaits du baron de Mayenne, et dès lors la vision disparut.

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Sur les abords de la Fontaine hideuse

Posté par francesca7 le 2 octobre 2014

Fontaine hideuse (La) de Beuvry, maudite depuis la veille de la Noël 1493

 

 
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Si la route de Lille à Béthune fait un coude à l’extrémité nord du terroir de Sailly-la-Bourse, c’est, selon la légende, pour éviter la Fontaine hideuse, maudite depuis la veille de la Noël 1493 lorsqu’elle eût englouti un convoi de voyageurs dans ses profondeurs insondables. Pas un brin d’herbe ne poussa depuis, pas un poisson ne fendit ses eaux qui acquirent la réputation de glacer les cœurs

La route de joignant Lille à Béthune partait autrefois du moulin de Bellenville, en serpentant à travers des mares et des fossés, droit au mont de Beuvry. Elle était, entre ces deux endroits, en bien mauvais état pendant la saison pluvieuse, parce que le terrain y est marécageux et tourbeux.

Les habitants de Vermelles, de Cambrin et d’Annequin se rendant au marché de Béthune, devaient alors y transporter leurs produits à dos de cheval ou à demi-chargement de voiture. Le coche qui y passait deux fois par mois, avait soin de prendre à La Bassée, au Cheval Rouge, deux bons chevaux de relais, et ses six chevaux flamands, aux jours pluvieux, avaient bien de la peine à franchir ce passage.

Or, en l’an 1493, la veille de Noël, une pluie fine et glaciale tombant toute la matinée, avait fondu la neige qui couvrait la terre depuis huit jours, et rendait cet endroit difficile et dangereux. A cause des fêtes de Noël, le coche était bondé de voyageurs. Deux chartreux, deux nonnes, et deux moines, emplissaient le coupé ; quatre bons marchands se serraient dans l’intérieur à côté de deux jeunes fiancés ; l’impériale regorgeait de bagages et de marchandises.

Le phaéton, trompé par la lueur vacillante d’un feu follet, quitta la route empierrée et la voiture s’embourba. Sous le fouet et les jurons du conducteur, les chevaux se cabraient, frémissaient, piaffaient, mais le coche ne bougeait pas. Les hommes descendirent et délibérèrent. Les moines et les chartreux prirent chacun une roue, leurs bras nerveux se tendirent, les jantes craquèrent ; le coche ne bougea pas davantage. Les marchands et les religieux firent un suprême effort, mais encore en vain. « Que le diable emporte tout, dit le cocher, hors de lui même ! »

Quand les moines, les chartreux et les marchands voulurent rebrousser chemin, ils sentirent qu’ils s’enlisaient, que l’eau et la boue leur montaient jusqu’aux genoux. Les malheureux, désespérés, glacés d’effroi, s’enfonçaient toujours lentement, graduellement, fatalement. Déjà l’enlisement gagnait leur poitrine. « Salva nos Domine », dit une voix. « Miserere mei », dirent les moines. Et des lèvres brûlantes des marchands sortaient les noms bénis de fils et d’épouses.

Quand, vers minuit, entre deux nuages, la lune apparut, on ne vit plus que l’impériale du coche et des bras s’agitant convulsivement au-dessus de l’abîme dans lequel les nonnes étaient descendues évanouies, et les fiancés endormis, rêvant à l’hyménée. La neige recommença à tomber pour couvrir les victimes d’un blanc linceul. Deux pêcheurs qui tendaient près de là leurs filets, assistèrent pétrifiés à cette scène lugubre ; ils coururent, revenus à eux-mêmes, conter l’aventure à Beuvry. La foule, venant de toute la contrée, ne vit au milieu du grand chemin vert, au lieu du sinistre, qu’une fontaine de plus de 200 pieds de tour, claire, bleue, ovale, semblable à l’œil immense d’un monstre souterrain guettant sa proie.

On voulut sonder la fontaine : tous les câbles de la contrée, bout à bout, n’en trouvèrent pas le fond. On voulut, pour leur donner la sépulture, pour leur dire les prières des morts, pour qu’un ami pût venir sur leurs tombes, arracher les victimes au gouffre béant ; mais l’abîme est sans fond, et, malgré tous les efforts, il n’a rendu ni un cadavre, ni un lambeau de froc. On l’appela « la Fontaine hideuse ». Depuis ce jour lamentable, tous les ans, dans la nuit de Noël, de la onzième à la douzième heure, on entend sans cesse au fond de la Fontaine hideuse, claquer le fouet d’un postillon, et, les âmes pieuses voient dans une sorte de coche lumineux : Jésus dans la crèche, Joseph et Marie, l’âne, les bœufs, les bergers et, l’étoile.

Depuis quatre siècles, pas un brin d’herbe n’a poussé dans la fontaine, pas un poisson n’a fendu ses eaux, pas une goutte de son onde n’a été réchauffée par les feux des étés les plus brûlants. Tous les monts de la Savoie ne pourraient combler cet abîme ! Tout le foin de la Normandie y disparaîtrait en un clin d’œil, comme englouti par un monstre invisible !

Deux tourbiers sont perclus aujourd’hui pour s’être baignés dans la fontaine. Ils ne doivent la vie qu’à la précaution qu’ils avaient prise de s’être fait attacher par une corde à l’aide de laquelle on les retira du danger qu’ils couraient de disparaître aussi. Malheur à ceux qui se sont désaltérés à la Fontaine, ils n’ont jamais connu les joies de l’hymen, ou les ont oubliées s’ils les avaient éprouvées déjà : quelques gouttes de son eau glacent encore les plus férus d’amour.

téléchargement (6)Que de jouvenceaux prêts à aller à l’autel ont pris le chemin du cloître ou du monastère. Les abbayes de Gonnay et de Choques en comptèrent par certaines. Que d’amantes jalouses ont glacé, avec de l’eau de la fontaine, malicieusement, méchamment le cœur de leurs amants !

Le propriétaire actuel de l’ancienne abbaye de Choques – village situé à une demi-lieue de Béthune – a retrouvé on 1866 sous le taillis d’un bosquet formé sur les ruines des bâtiments de ce monastère, six pierres tombales en marbre blanc et en grès sculpté encore visibles aujourd’hui, de Francicus Pruvost, d’Andreas Dessain, de Ludovicus Gouillart, d’Elegicus de Baillencourt-Courcol, d’Ambroise Rattel et de Prosper Bonvalet, pieuse relique, morts dans cet asile de paix en odeur de sainteté, grâce à l’eau miraculeuse de la Fontaine hideuse, suivant l’épitaphe libellée en latin.

Depuis que cette source est là béante, la route de Lille à Béthune fait un coude à l’extrémité Nord du terroir de Sailly-la-Bourse, les voitures ne passent plus par Werquin pour se rendre à Béthune, et les roseaux, la ciguë aquatique croissent dans les mares du Grand Chemin Vert qui partait, avant la Fontaine hideuse, d’Annequin au mont de Beuvry.

(D’après « La Tradition », paru en avril 1892)

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