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Dans l’Horlogerie du 9ème siècle

Posté par francesca7 le 11 octobre 2014

 

 
 
horloge planetaire oronce fineLes annales d’Eginhard nous montrent que vers la fin du IXe siècle les horlogers mécaniciens orientaux étaient assez habiles pour construire des machines à marquer l’heure, agrémentées de sonnerie et de personnages

Les ambassadeurs d’Aroun-al-Raschid firent don à l’empereur Charlemagne d’une horloge faite de telle sorte qu’elle laissait tomber des poids sur des cymbales à chaque heure, et qu’alors douze hommes armés sortaient de douze fenêtres, comme on peut le voir encore de nos jours à Strasbourg ou à Besançon.

Mais il y avait encore très loin de ces clepsydres ou horloges à eau plus ou moins perfectionnées aux horloges articulées et réglées qui leur seront substituées plus tard. On s’accorde généralement à faire honneur de cette invention ou de ce perfectionnement au moine Gerbert, depuis pape sous le nom de Sylvestre II.

Nous n’avons point à répéter une fois de plus cette très vieille légende. Parti en Espagne après ses voeux monastiques, Gerbert d’Aurillac poussa si loin les sciences exactes qu’on ne manqua point de le réputer sorcier. Il dut s’enfuir de Salamanque et devint archevêque de Reims.

Quelle fut la part réelle du savant moine dans la découverte de l’horlogerie en tant que combinaison de rouages obéissant à un agent propulseur ? Selon certains auteurs il aurait découvert l’échappement, ce qui est peu vraisemblable. La théorie du poids suspendu agissant comme moteur paraîtrait plus vraisemblablement devoir lui être attribuée. Il n’en reste pas moins un fait acquis, c’est que les sabliers et les clepsydres persistèrent encore pendant plusieurs siècles en dépit de ces trouvailles, et les horlogers n’existèrent point en corps constitué au temps d’Étienne Boileau. Il en était de ces fabricants d’objets de précision à cette époque comme des philosophes indépendants, on les croyait sorciers, et le bûcher en avait maintes fois raison.

Cependant des moines éclairés ne dédaignèrent point de gratifier leurs monastères de ces instruments réprouvés. Nous voyons dans les Usages de l’ordre de Citeaux au XIIe siècle, que le sacristain est réveillé par l’horloge quand il a pris soin de la régler d’avance. Peut-être n’était-ce là qu’un instrument construit sur le modèle de l’horloge d’Aroun, et fonctionnant par l’eau ou le sable ; car il faut arriver au XIVe siècle pour trouver une véritable machine tournant à roues et portant des poids.

Un moine de Saint-Alban en Angleterre, nommé Wallingford, en construisit une qui marquait l’heure et sonnait merveilleusement. De l’Angleterre la découverte vint dans les Flandres, qui eurent bientôt une sorte de monopole de fabrication, et au milieu du XIVesiècle le perfectionnement avait déjà fait de rapides progrès. Vers ce temps, le duc Philippe le Hardi, ayant remarqué la curieuse horloge de Courtrai ornée de ses Jaquemarts ou petites poupées frappant l’heure, l’enleva, au dire de Froissart, et la transporta à Dijon. Ce fut là sans doute le point de départ de cette spécialité d’horlogerie que nous aurons occasion de signaler tout à l’heure en parlant de Dijon. Ce fut aussi là l’origine de ces fameuses histoires des Jaquemarts, qui personnifièrent longtemps dans les villes la figure de quelque sauveur de la cité, par une confusion entre ces figurines et l’ancien guetteur de ville, homme de chair et d’os, autrefois perché au beffroi et criant l’heure. Les fonctions de ce gardien de ville lui avaient fait souvent préserver les places fortes des coups de main si ordinaires au Moyen Age ; les légendes du peuple assimilèrent bientôt à ce guetteur la poupée de métal frappant le timbre aux heures de nuit et de jour, et les Jaquemarts restèrent et resteront encore longtemps la statuette de quelque modeste rival de Jeanne Hachette ou de Marie Fouré.

L’Horloge de la tour du Palais
de justice, à Paris,
confectionnée par l’horloger
de Charles V, et
maintes fois restaurée

 

L’usage de faire frapper par les guetteurs le timbre des horloges ne fut point aboli par les Jaquemarts du jour au lendemain ; ils persistèrent longtemps, et les villes des Flandres avaient déjà leurs horloges à sonnerie que les veilleurs du Louvre criaient et battaient encore l’heure. Vers 1370 cependant, les maîtres horlogers avaient déjà pris consistance à Paris ; mais aucun d’eux ne devint célèbre.

Il appartenait à l’Allemagne de nous envoyer Jean de Vic pour construire la célèbre horloge du Palais. Jean de Dondis avait déjà fabriqué celle de Padoue, et le nom de Jean aux Horloges lui en était resté. L’Angleterre avait eu Willingford.

Il est curieux de voir quels étaient, à cette époque, les efforts des villes pour se munir d’instruments réglés qui missent un terme aux intermittences parfois un peu exagérées des sonneurs. Vers l’extrême commencement du XVe siècle, Montpellier fit venir de Dijon, la ville aux Jaquemarts, une horloge à sonnerie. Charles VI aida la cité pour cette acquisition considérable, et dans les motifs qu’on fit valoir afin de justifier cette mesure dispendieuse, on lit que « l’orloge qu’ilz ont présente sonne par le ministère d’un homme et n’est point certain ne véritable ».

Il se trouva pourtant que l’horloge, un peu petite, ne suffit bientôt plus. On s’en fut cette fois à Avignon où l’industrie avait un praticien célèbre, et on fit prix avec lui. Ici nous rencontrons un des points les plus intéressants de la construction mécanique au XVe siècle, dans l’association de Girardin Petit, l’artiste d’Avignon, avec un Nîmois, Pierre Ludovic, serrurier habile. Ce dernier devait faire le gros œuvre ; l’horloger réglait le tout. Il garantissait trois ans son travail, comme font aujourd’hui les fabricants de Genève ou de Besançon. Il surveillait même les accessoires, tels que la roue à remonter les poids, et lesappels de la sonnerie. Malgré la garantie, l’horloge eut souvent besoin d’être réparée, et, en 1444, Charles VII fut obligé d’imposer un subside pour pourvoir à la restauration.

D’après ce qui précède, on voit que les serruriers travaillaient au mécanisme intérieur. Les pièces les plus délicates étaient sans doute dégrossies par eux et mises au point par l’horloger. Le compte de l’un d’eux, Colin Bertrand de Romans, entre dans quelques détails sur les pièces du mécanisme. Il énumère la roue volante, la roue de sonnerie, la roue des heures, la roue qui fait marcher la main, « la roda que fa anar la man », c’est-à-dire la roue de l’aiguille. A cette époque, l’aiguille était figurée par une main indicatrice qui, par une suite de déformations, en vint à représenter nos aiguilles actuelles avec un léger renflement à l’extrémité. Tout cela était à peine répandu encore, et, à part les grandes villes ou quelques riches châteaux, les horloges ne se rencontraient guère. Leurs poids suspendus, leur mécanisme un peu grossier, rendaient bien difficile celles de dimensions plus restreintes ; sans doute le Roman de la Rose parle d’horloges meubles.

Par les sales et par les loges,
A roues trop sotivement,
De pardurable mouvement.

Mais la clepsydre et le sablier fonctionnaient plus généralement et plus facilement. Pour répandre les horloges il fallait trouver autre chose. Ce fut environ au temps de Jeanne d’Arc qu’on inventa le ressort en spirale, qui agissait par la tension, et qui en se détendant produisait l’effort du poids suspendu. A dater de ce jour la montre moderne était trouvée, avec toutes les délicatesses de mécanisme et d’ornements qu’elle comporte. La mode en devint une fureur. Tout le monde a entendu parler de ces fameux œufs de Nuremberg fabriqués en Allemagne sous le règne de Louis XI, et qui semblaient alors des merveilles de difficulté.

Ils furent vite dépassés. Un duc d’Urbin recevait un jour une montre enchâssée dans une bague comme un petit diamant, et marchant bien. Nous disons qu’elle marchait bien, ce qui doit être une exagération, car le mécanisme en était encore très défectueux. En effet, le ressort agissait plus énergiquement, aussitôt remonté, que plus tard, lorsque la tension diminuait. La découverte de la fusée, c’est-à-dire d’un régulateur chargé d’unifier le mouvement et de le rendre continu, vint mettre un terme à toutes les irrégularités. Dès lors il paraissait bien que rien ne viendrait plus augmenter l’ensemble parfait de ces inventions merveilleuses.

Huyghens, au XVIIe siècle, apporta cependant un perfectionnement nouveau, non point aux montres, il est vrai, mais aux horloges qui devinrent dès lors des pendules. Les lois de Galilée sur les mouvements isochrones du pendule lui suggérèrent l’idée de substituer aux anciens poids un balancier qui, par une combinaison savante d’échappements, tantôt laisserait fuir et tantôt reprendrait la roue. Il appartenait au plus grand astronome du XVIIe siècle de perfectionner un des moyens d’observations les plus précieux.

images (10)Quant aux praticiens, que nous avons laissés pour suivre l’horlogerie dans ses développements successifs, nous les retrouvons, sous François Ier, très nombreux déjà à Paris et fabriquant en boutique de ces montres ovales, en croix, ovoïdes, que nous ont conservées les collections et les musées. Aussi bien le roi avait-il ses horlogers à lui, et même dans les châteaux royaux un praticien attitré qui les restaurait. Ce n’était point toujours là un horloger chargé de travaux délicats : il avait une forge, un étal, un tour, et des valets à sa disposition ; il travaillait le gros, plutôt à la façon des serruriers que nous voyions tout à l’heure, que suivant les procédés des « horlogeurs » de montres : c’était encore l’horloger du XIVe siècle dont nous parle Froissart :

Et pour ce que li orloge ne poet
Aller de soi ne noient ne se moet,
Pour ce il fault à sa propre besogne
Ung horlogier avoir, qui tart et tempre,
Diligemment l’administre et attempre,
Ses plons relieve et met à leur debvoir.

L’extension des œuvres d’horlogerie força le roi François Ier à réglementer le métier et à lui donner des statuts. Il y en avait eu précédemment en 1483, il les augmenta et les confirma en 1544. Ces mesures de police n’avaient rien de bien particulier. L’horloger devait un apprentissage de huit ans. Le chef-d’œuvre exigé pour passer maître était au moins la fabrication d’un réveille-matin. Les jurés étaient investis de pouvoirs étendus. Ils pouvaient entrer chez les maîtres à toute heure du jour et de la nuit, saisir ce qui était défectueux et le briser séance tenante. Les règlements relatifs à la matière employée différaient peu de ceux des orfèvres.

(D’après « Le Magasin pittoresque », paru en 1882)

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Les Libraires du 17è siècle

Posté par francesca7 le 11 octobre 2014

 

 
 
libraires_fin_XVIPendant toute la première moitié du Moyen Age, les livres furent écrits dans les couvents. Il y avait dans les monastères une salle qu’on appelait le scriptorium, c’est-à-dire l’endroit où l’on écrit, et là pendant de longues heures, silencieusement, des moines recopiaient les ouvrages des auteurs anciens, et les livres de piété qui formaient le fonds des maigres bibliothèques de ce temps.

C’était une des occupations les plus en honneur dans les couvents, et ce qui prouve bien le cas qu’on en faisait, c’est qu’on croyait qu’un travail de ce genre pouvait sauver de l’enfer l’âme de celui qui s’y livrait. On trouve dans un chroniqueur du XIe siècle, Orderic Vital, une plaisante histoire à ce sujet. Il y avait dans un couvent, raconte-t-il, un moine qui avait trop souvent manqué à la règle dans la maison ; l’abbé lui pardonnait cependant beaucoup d’erreurs dans sa conduite, car il savait écrire, il était assidu au travail, et il copia une grande partie de l’Écriture Sainte.

Bien lui en prit, comme on va voir. Il mourut ; aussitôt les démons réclamèrent son âme ; mais alors les anges prirent sa défense ; ils montrèrent à Dieu l’énorme livre que leur client avait copié, et, à chaque fois que les démons énuméraient un péché de l’âme qu’ils convoitaient, vite les anges mettaient en regard une des lettres du livre. A la fin le nombre des lettres se trouva de beaucoup supérieur à celui des péchés commis par le pauvre moine, et Dieu consentit à recevoir son âme au paradis.

Mais, à partir du XIIIe siècle, le besoin d’un nombre plus grand de livres se fit sentir, car il s’était fondé en plusieurs villes, notamment à Paris, de grandes écoles où affluaient les étudiants qui réclamaient les livres nécessaires à leur travail. Des copistes, le plus souvent de pauvres prêtres, se mirent, eux aussi, à copier des manuscrits, et alors apparut la profession de libraire. Il y avait alors deux sortes de libraires ; les premiers, qu’on appelait simplement libraires, recevaient en dépôt des manuscrits et les vendaient au public ; les autres, qu’on nommait stationnaires, d’un mot latin qui signifie étalage, commandaient eux-mêmes aux copistes les ouvrages dont ils voulaient avoir plusieurs exemplaires : ils correspondaient donc à nos éditeurs actuels. Il faut croire que la profession ne rapportait pas beaucoup, car, au XIIIe siècle, la plupart des libraires étaient en même temps cabaretiers.

Les libraires faisaient partie de cette grande institution qu’on appelait l’Université ; ils devaient prêter, au moins tous les deux ans, à celui qui était à la tête de ce corps, le recteur, un serment dont voici quelques passages. « Vous jurez que fidèlement vous recevrez, garderez, exposerez en vente et vendrez les livres qui vous seront confiés. Vous jurez que vous ne les supprimerez ni ne les cacherez, mais que vous les exposerez en temps et en lieu opportuns pour les vendre. Vous jurez que si vous êtes consulté sur le prix, vous l’estimerez de bonne foi, au prix où vous voudriez le payer vous-même. Vous jurez enfin que le nom et le prix du propriétaire seront placés en évidence sur tout volume. »

On remarquera cette dernière clause ; elle nous apprend que, dans ce cas, le libraire était un intermédiaire entre celui qui avait écrit le livre, et qui en gardait la propriété, et l’acheteur ; ceux qui avaient copié des livres les mettaient donc en dépôt chez le libraire comme aujourd’hui quelques artistes confient à des marchands de tableaux leurs oeuvres, laissant à ceux-ci le soin de les vendre. On disait alors que les libraires étaient des clients ou des suppôts de l’Université ; à ce titre, ils jouissaient des mêmes droits que les professeurs et les étudiants, et ils figuraient dans les processions religieuses, placés, il est vrai, tout à la queue du cortège, avec les écrivains, les enlumineurs, les parcheminiers et les relieurs, qui faisaient partie avec eux de la même corporation.

C’étaient là les avantages de cette situation ; mais elle avait aussi ses inconvénients. D’abord, les libraires étaient tenus de résider dans le quartier de l’Université : quelques-uns étaient groupés auprès de la rue Saint-André-des-Arts, où se trouvait l’église dans laquelle leur confrérie avait sa chapelle. Beaucoup d’autres avaient leurs boutiques dans la rue Saint-Jacques. On remarquera d’ailleurs qu’encore aujourd’hui la plupart de nos grands éditeurs sont demeurés sur la rive gauche. On ne faisait d’exceptions que pour ceux qui ne vendaient que des livres de messe, de prière et de piété ; ceux-là étaient autorisés à s’installer autour de l’église Notre-Dame.

Enfin l’Université reconnut à plusieurs d’entre eux, à partir du XVIIe siècle, le droit de tenir boutique dans la galerie du Palais, et c’est à leurs étalages que se munirent de projectiles les fougueux combattants dont Boileau nous a retracé les prodiges de valeur dans son amusant Lutrin. Il y avait d’autres prescriptions, les unes raisonnables, comme celle de savoir le latin, les autres plus bizarres, comme l’obligation où ils étaient d’allumer tous les soirs les chandelles dans les lanternes publiques ; ils ne furent déchargés de cette obligation qu’à la fin du règne de Louis XIII.

Mais la plus redoutable des prescriptions auxquelles ils étaient soumis, c’est qu’ils ne pouvaient publier aucun livre qui n’eût été approuvé par l’Université. A partir du XVIe siècle, ce furent les rois qui se chargèrent d’exercer cette surveillance ; un livre ne pouvait être imprimé qu’avec un visa des censeurs royaux, et il ne fallait point négliger cette précaution, car ceux qui l’omettaient risquaient, suivant la nature des livres dont ils avaient accepté le dépôt, de sévères châtiments et parfois même la mort.

Pendant la cruelle répression qui fut faite de l’hérésie huguenote à Paris, sous le règne de François Ier et de Henri II, il y eut plusieurs libraires qui furent brûlés de ce chef. Ce fut le cas du malheureux Étienne Dolet, qui, comme beaucoup de libraires de ce temps, était à la fois auteur, imprimeur et éditeur.

Les libraires avaient déjà comme concurrents les bouquinistes. Un écrivain du début du XVIIIe siècle nous apprend que c’étaient de pauvres libraires qui, n’ayant pas le moyen de tenir boutique ni de vendre du neuf, étalaient de vieux livres sur le Pont-Neuf, le long des quais et en quelques autres endroits de la ville. Ils n’étaient pas plus riches alors qu’au XVIIe siècle, si l’on en juge par la plaisante description que l’on trouve de ces pauvres gens dans un de ces pamphlets du temps de Mazarin, qu’on appelle à cause de cela des Mazarinades. L’auteur les plaint d’avoir été chassés de ce Pont-Neuf dont, suivant lui, ils étaient un des ornements.

Ces pauvres gens chaque matin
Sur l’espoir d’un petit butin
Avecque toute leur famille,
Garçons, apprentifs, femme et fille,
Chargé leur col et pleins leur bras
D’un scientifique fatras,
Venaient dresser un étalage
Qui rendait plus beau le passage.

Mais les libraires étaient impitoyables ; à maintes reprises, ils exigèrent des édits du roi pour chasser du Pont-Neuf et des quais ces misérables concurrents, qui ne tardaient pas d’ailleurs à venir reprendre possession de l’étalage dont ils avaient été chassés par la cupide jalousie de leurs puissants adversaires.

 (Extrait de Les métiers et leur histoire, paru en 1908)

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A l’époque de la bicyclette pour tous les facteurs

Posté par francesca7 le 11 octobre 2014

en 1897

(D’après « La concurrence étrangère, les transports par terre
et par mer : documents pour servir à l’histoire économique
de la Troisième République » (Tome 2) paru en 1897)

 
 
téléchargementEn 1897, et à l’occasion de la récente décision ministérielle de doter les télégraphistes parisiens de bicyclettes afin d’assurer une meilleure distribution des dépêches, Paul Vibert plaide en faveur d’une extension de cet usage à l’ensemble des facteurs ruraux de France, qui n’ont pour la plupart encore que leurs pieds pour seul moyen de locomotion en dépit de la loi de finances du 28 avril 1893 exonérant de taxe les agents qui utilisent le vélocipède pour le service

M. Lebon, ministre du Commerce, de l’Industrie et des Télégraphes, est un jeune de beaucoup d’initiative qui ne manque pas de coup d’œil, quoi que l’on puisse dire, écrit Vibert ; aussi vient-il de prendre, sur la proposition de M. de Selves, directeur général des Postes et Télégraphes, une excellente mesure qui sera appréciée de tout le monde les petits télégraphistes, à Paris, vont être munis de bicyclettes.

Aussi les malheureuses dépêches, les petits bleus, comme l’on dit, ne vont plus mettre trois heures, espérons-le, pour arriver à destination, tandis que généralement on pourrait porter une dépêche soi-même à pied en une demi-heure.

C’est donc un progrès et un progrès sérieux dont nous ne saurions trop remercier l’intelligent Ministre du Commerce. C’est bien, sans doute, mais ce n’est point suffisant, et il convient de ne pas s’arrêter en si bon chemin. Il faut accomplir la réforme tout entière, autrement dit il faut s’empresser de donner des bicyclettes à tous les facteurs ruraux de toute la France et… de toutes tes colonies, par tout ou les routes le permettent, se félicite Vibert.

Que l’on ne vienne pas nous objecter la dépense ; il ne serait pas difficile d’en faire supporter tout le poids aux facteurs ruraux eux-mêmes, en les remboursant par mensualité, comme on le fait pour les petits bicyclistes du télégraphe à Paris.

Ou plutôt il ne serait pas difficile de s’entendre avec une des premières maisons de fabrication française, pour obtenir un trentaine de mille de bicyclettes à crédit, dont les paiements seraient échelonnés et de la sorte la charge pour les facteurs ruraux aussi bien que pour le Trésor deviendrait insignifiante, par cela même qu’elle pourrait être facilement répartie sur une assez longue période de temps. Il n’est pas de maison qui ne consentirait à un arrangement de cette sorte, étant absolument certaine d’être payée.

Mettons qu’il y ait 38 000 communes en France, en retranchant les villes et les communes très petites, très agglomérées, je suis persuadé que l’on pourrait à peu près pourvoir intégralement tous les facteurs ruraux de France avec 30 000 bicyclettes, peut-être moins. Et voyez du coup les avantages les lettres, la correspondance arrivent beaucoup plus vite à destination, et, chose qui n’est pas à dédaigner, les facteurs ruraux, ces modestes mais dévoués fonctionnaires sont, du même coup, moitié moins retenus dans la journée, et – point capital – moitié moins fatigués. Ils ne pourront pas aller de porte en porte avec leur machine, me dira-t-on. Parfaitement.

C’est entendu, et je le sais, mais on n’ignore pas qu’ils doivent aller à la ville voisine, au chef-lieu de canton en général, au bureau de poste en un mot chercher leur correspondance et que, pour retourner dans leur village, ils ont souvent un trajet considérable à effectuer. C’est ce trajet aller et-retour qu’ils pourront faire en bicyclette et il leur sera toujours facile de la remiser la matin dans une maison à rentrée du village et de la reprendre le soir ou le lendemain matin, suivant les besoins du service.

Mais ce n’est pas tout, il y a des masses de facteurs ruraux qui ont une course énorme à faire pour porter une lettre dans une ferme isolée et qui même doivent faire plusieurs lieues tous les jours pour porter un journal dans un château perdu au milieu des bois c’est là où la bicyclette doit intervenir et rendre d’immenses services aux pauvres facteurs champêtres, et cela d’autant plus facile- ment que, fort heureusement, nous avons partout en France d’excellentes routes, incapables de faire le moindre accroc aux pneumatiques les plus délicats en général.

Et si j’insiste si particulièrement et si énergiquement sur l’impérieuse nécessité de donner des bicyclettes à tous les facteurs ruraux, c’est que je crois que l’heure est venue de réaliser cet immense progrès.

Moi, le petit neveu de l’un des premiers inventeurs des vélocipèdes au commencement de ce siècle, poursuit Vibert, il y a déjà longues années que je songeais à demander cela, mais devant les perfectionnements de chaque jour et les progrès incessants de la bicyclette, je pensais qu’il était peut-être plus sage d’attendre.

Aujourd’hui tous les perfectionnements, ou à peu près, ont été apportés aux machines et l’on se trouve en face d’instruments très solides, très légers et relativement très bon marché. Je me garde bien de citer le nom d’une maison, mais j’ai la conviction que le gouvernement pourrait réaliser très facilement cette grosse commande de 30 000 bicyclettes au mieux de ses intérêts et pour la plus grande satisfaction de tous, puisque le public aurait sa correspondance beaucoup plus vite, non seulement a cause de la distribution, mais à cause du prompt retour aux bureaux de poste et aux gares de départ, et puisque les facteurs ruraux seraient enchantés de trouver dans l’emploi de la bicyclette une grande économie de temps et de fatigue.

images (9)Naturellement, le Gouvernement français ne devrait accepter comme soumissionnaires que des industriels-constructeurs français ne se servant que de pièces intégralement fabriquées en France !

Voilà le vœu de tous les facteurs, de toutes les populations de la France entière, et je suis heureux d’attirer sur lui la bienveillante attention du jeune ministre du commerce, persuadé qu’il voudra bien écouter la voix d’un vieil économiste qui a la prétention de rester toujours pratique et qui, dans l’espèce, n’est que le porte-parole de tous ses concitoyens.

 

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