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    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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Superstitions lorraines de l’ancien temps

Posté par francesca7 le 9 octobre 2014

(D’après « Le Magasin pittoresque », paru en 1904)

 
téléchargement (4)Les fontaines réputées miraculeuses ne manquent point dans les trois départements lorrains, et nombre de gens n’ont pas cessé d’avoir en la vertu de leurs eaux la même confiance que les ancêtres…

Au sud-ouest de la Meuse, entre Gondrecourt et Ligny surtout, à Reffroy, à Badonvilliers, à Tourailles, saint Christophe, sainte Anne, saint Michel ont gardé leurs partisans convaincus. Là-bas, lorsqu’un jeune enfant souffre et languit, sa mère ou quelque autre de ses proches s’achemine, avec une chemise du malade, vers l’une des sources consacrées à ces élus.

La chemise est jetée sur l’eau du bassin. Surnage-t-elle ? L’enfant est condamné comme ne tenant pas du saint. Si, au contraire, elle coule à fond tout entière, l’enfant tient tout entier du saint, patron de la fontaine ; il est sauvé, immanquablement, il guérira ! Dans l’un et l’autre cas, la famille fait une neuvaine de prières qui hâtera la mort ou le rétablissement de l’enfant. Il se peut qu’une partie seulement de la chemise soit immergée : l’eau est si capricieuse ! Il est dès lors certain que seule la partie correspondante du corps est atteinte ; toutefois la neuvaine s’impose encore.

En d’autres villages de la Meuse, si la chemise plonge, c’est au contraire de mauvais augure. A Vaux-la-Petite, jusqu’en 1865, on faisait sécher, sans la tordre, la chemise immergée dans la fontaine consacrée à saint Julien et l’on en revêtait le petit malade pour assurer la guérison. Ces usages ne sont pas particuliers au département de la Meuse ; ils existent aussi en Meurthe-et-Moselle, près de Toul.

Il serait oiseux de citer les sources de Lorraine réputées miraculeuses, celles qui passent pour souveraines contre la fièvre, les maux d’yeux et d’oreilles, les coliques. Contentons-nous d’indiquer la fontaine de la Pichée, près de Pintheville (Meuse), douée d’innombrables vertus curatives, parce que la Vierge y est venue se laver les pieds. Ne demandez pas aux gens du village dans quelles circonstances la Vierge procéda à ces ablutions ; vous risqueriez de vous faire écharper. Par contre, les habitants d’Arrancy, tout au nord de la Meuse, près de Longuyon, ont perdu toute confiance en saint Martin.

La légende rapporte que le saint voyageait en ces parages, quand le pied de sa monture, rencontrant un caillou, y creusa un trou de 12 centimètres de diamètre en forme de fer à cheval. Toujours, même par les plus grandes sécheresses, cette cavité contient de l’eau, une eau curative, ou plutôt qui l’était jadis. Saint Martin a eu évidemment à se plaindre des gens du cru, puisque l’eau du caillou ne guérit plus. Le Caillou de saint Martin n’est aujourd’hui qu’un but de promenade et un objet de curiosité.

Chaque saint a naturellement sa spécialité ; le même ne saurait tout faire. Mais il est des cas embarrassants où l’on ignore lequel il faut invoquer pour obtenir la guérison d’une personne gravement malade. Cruelle perplexité ! La famille devra recourir à la tireuse de serviette. Voici, dit M. Labourasse (Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc), comment on procède au centre de la Meuse, notamment dans les cantons d’Étain, de Fresnes et de Spincourt : « Une espèce de mégère tend au consultant une serviette dont il prend l’un des bouts, tandis qu’elle tient l’autre ; elle la tord, puis en mesure la longueur à la coudée.

Elle pose alors diverses questions à la serviette, et suivant que celle-ci, par quelque habile tour de main de l’opératrice, se raccourcit ou s’allonge, elle est censée répondre oui ou non. Et l’on est obligé, si le malade est taché du bain de tel ou tel saint, d’entreprendre un pèlerinage vers celui qu’elle indique, de lui faire des offrandes, de brûler des cierges et d’accomplir en son honneur des neuvaines dont, moyennant finances, se charge la sybille, hâtant la mort ou la guérison du malade. Plus on est généreux, plus les prières sont efficaces. Le bon billet ! »

Tout le monde ne tire pas la serviette : c’est une spécialité ; on naît tireuse de serviette, on ne le devient pas ; c’est un don, quoi ! Une femme de Béchamp (Meurthe-et-Moselle) excellait, il y a quelques années, dans cet art facile de rançonner, en frisant la correctionnelle, les paysans plus que naïfs. Dans quelques localités du canton de Fresnes-en-Woëvre, à Haudiomont par exemple, la serviette est remplacée par une nappe. Partout, qu’il s’agisse d’une serviette ou de sa grande sœur la nappe, si le malade ne guérit pas, c’est que lui ou son délégué manque de foi.

Au sud de Verdun, à Génicourt-sur-Aleuse, et près de Vaucouleurs, le secret a conservé de chauds adeptes parmi ceux qui sont affligés d’entorses, de foulures, etc. ; mais ici, c’est un homme qui opère. Après avoir mis à découvert la partie malade, il se déchausse le pied droit et fait sur le siège de la douleur un signe de croix avec le gros orteil en disant : Panem nostrum quotidianum ; puis il marmonne une formule composée de mots absolument incohérents. D’un linge trempé dans l’urine d’un homme (quel que soit cet homme) il fait une compresse qu’il chauffe sous la cendre et qu’il applique ensuite sur le point douloureux. Le patient est tenu de réciter cinq pater et autant d’ave en mémoire des cinq plaies du Christ, ou de faire à heures fixes une neuvaine de prières déterminées. La guérison survient après un laps de temps égal à celui qui s’est passé entre l’accident et l’intervention de l’opérateur. Le traitement par le secret s’étend également aux animaux atteints de coliques, de tranchées.

Les oraisons varient ; chaque guérisseur par le secret a la sienne. Qu’il nous suffise de citer deux de ces prières, celle qui vous délivrera, non des rhumatismes ou de la teigne, mais du mal de dents, et celle qui débarrassera, le cas échéant, votre cheval des tranchées.

Voici la première, pour guérir le mal de dents. « Sainte Apolline, assise sur la pierre de marbre, Notre-Seigneur passant par là, lui dit : Apolline, que fais-tu là ? — Je suis ici pour mon chef, pour mon sang, pour mon mal de dents. — Apolline, retourne-t’en… Si c’est une goutte de sang, elle tombera ; si c’est un ver, il mourra. » Réciter ensuite cinq pater et cinqave, puis faire le signe de la croix, avec le doigt, sur la joue en face du mal que l’on ressent, en disant : « Dieu t’a guéri par sa puissance. »

L’oraison suivante chassera les tranchées des chevaux : « Cheval noir ou gris (il faut indiquer soigneusement la couleur du poil de la bête) appartenant à N…, si tu as les avives de quelque couleur qu’elles soient, ou les tranchées rouges, ou trente-six sortes d’autres maux, en cas qu’il y soit, Dieu t’a guéri et le bienheureux saint Éloi. Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » Ensuite cinq pater et cinq ave pour remercier Dieu de sa grâce.

On voit que la sorcellerie n’est pas morte, dans un pays où jadis sorciers et sorcières étaient assez malmenés puisque, en 1583, deux sorciers et huit sorcières furent brûlés vifs à Saint-Mihiel, en une seule fois.

Dans une des plus charmantes communes de la Meuse, aux Islettes, quand un jeune enfant a des convulsions, la mère prend son petit bonnet et le jette au feu. Si les douleurs sont aussi intenses après la combustion complète, inutile d’appeler le docteur, toute médication est superflue. Si vous souffrez de points de côté, écrit l’instituteur de Mogeville, mettez sur un verre d’eau autant de grains d’avoine que vous ressentez de ces points, puis faites le signe de la croix à rebours chaque fois qu’un grain descendra au fond du verre ; autant de grains immergés, autant de points disparus. Si vous trouvez une taupe vivante, sans la chercher, tuez-la et mettez dans un sachet son museau et ses pattes ; suspendu au cou d’un enfant, ce sachet lui épargne toute douleur à l’époque de la dentition. A Lunéville, pour faciliter la dentition des bébés, on leur pend au cou certains os de poisson.

A Landrecourt, près de Verdun, on se débarrasse des verrues en jetant des pois dans un puits. Aux environs de Vaucouleurs, quelques personnes mangent, le jour de Pâques, des œufs pondus le Vendredi saint dans la matinée ; elles s’imaginent ainsi se préserver de la fièvre pendant toute l’année. D’autres jeûnent ou font simplement abstinence, le jour de Pâques, pour conjurer le mal de dents. Ce sont celles qui n’ont aucune foi dans l’efficacité de l’oraison à sainte Apolline.

téléchargement (5)Enfin, croirait-on que, dans le nord de la Meuse, on se figure qu’en disant, le jour de la Saint-Nicaise (11 octobre), une oraison spéciale, vous pouvez envoyer chez un de vos ennemis les rats et les souris qui vous gênent chez vous ? Voici une sommation aux rongeurs : « Rat, rate ou souriate, souviens-toi que sainte Gertrude est morte pour toi dans un coffre de fer rouge ; je te conjure, au nom du grand Dieu vivant, de t’en aller hors de mes bâtiments et héritages. » Si l’on ne tient pas à envoyer rats et souris chez un voisin dont on a à se plaindre, on ajoute : « et d’aller aux bois sous les trois jours. » Dans le cas contraire, c’est en somme assez peu compliqué : on écrit sur de petits morceaux de papier des signes cabalistiques, et l’on fait pour les souris un pont formé d’une simple planche ; elles ne sont pas exigeantes.

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Quenouille de Fer et pacte avec le Diable

Posté par francesca7 le 9 octobre 2014

(D’après « Légendes et traditions populaires de la France », paru en 1840)

 
 
téléchargement (3)Jolie bergère du hameau de Saissac (Aude) mue par une ambition démesurée, Jeanne voit en l’anneau mystérieux dont un moine lui fait un jour miraculeusement don sans sembler rien exiger en retour, un moyen d’assouvir son désir de puissance et de richesse. Son caractère change, ses amis ne la reconnaissent plus, et si elle épouse le comte de Saissac avant d’imposer impitoyablement sa volonté par les armes, elle doit bientôt rendre quelque compte à son « généreux » donateur…

Jeanne Lambert était une jeune fille, née au hameau de Saissac ; elle était aimée, parce qu’elle était sage ; admirée, parce qu’elle était belle. Cette beauté devait la perdre. Souvent elle avait passé de longues heures à regarder dans l’eau d’un ruisseau sa figure blanche et noble comme celle d’une châtelaine ; souvent elle avait admiré la petitesse et la forme exquise de ses pieds et de ses mains, la finesse et l’élégance de sa taille.

Alors elle soupirait de n’être vêtue que de simple camelot de laine, tandis que l’or et les pierreries ruisselaient sur les robes de brocard de la vieille dame de Saissac, lorsque, suivie de ses pages et de ses varlets, elle venait à l’église s’agenouiller sur un somptueux coussin de velours. Pauvre Jeanne ! elle ignorait que lorsque le cœur de la femme s’ouvre à la vanité, son ennemi le serpent veille et rôde autour d’elle…

Un jour, elle avait vu dans l’église du village le châtelain de Saissac, entouré de pages et de varlets. Elle n’avait pas prié ; de coupables désirs étaient entrés dans son coeur. « Ah ! disait-elle, que me sert d’être belle pour garder des moutons ? Ne serais-je pas plus heureuse d’être faite comme les autres paysannes ? Oh ! je voudrais devenir laide, ou bien riche et noble… »

Comme elle parlait encore, un moine d’une haute stature se trouva debout devant elle dans sa petite chambre. « Je viens exaucer ton désir : je puis te rendre laide ou riche à ton choix. » Jeanne ne répondit pas ; la peur l’avait comme pétrifiée. « Prends cet anneau, ajouta le moine ; tu n’as qu’à prononcer les paroles gravées autour, et ce que tu auras souhaité sera accompli. » En disant ces mots, il disparut. Cependant l’anneau était resté au doigt de Jeanne ; elle hésita long-temps à le garder. D’abord, elle voulut le jeter loin d’elle ; mais elle était curieuse. Au don de cet anneau, le moine mystérieux n’avait attaché aucune condition ; d’ailleurs, en le gardant, elle était forcée de s’en servir. Elle le garda.

Depuis huit jours que le fatal anneau est en son pouvoir, Jeanne n’est déjà plus la même. Autrefois, ses compagnes l’aimaient, car elle était bonne, et savait se faire pardonner sa beauté ; maintenant, toutes l’accusent d’être devenue fière et hautaine, et toutes la fuient ; et pourtant elle ne s’est pas encore servie de son talisman. Mais elle est devenue rêveuse et distraite : quand on lui parle, elle n’entend pas et ne répond pas ; les plaisirs qu’elle aimait, elle les dédaigne aujourd’hui ; car elle sait qu’elle n’a qu’à vouloir pour jouir de tous les plaisirs de la terre ; elle ne voit pas même que ses compagnes la fuient. Son anneau occupe toutes ses pensées ; elle brûle d’essayer sa puissance ; mais une voix secrète la retient encore, et lui dit qu’elle fera mal. Elle lutte contre ses désirs ; mais chaque jour elle est fascinée davantage par le mystérieux pouvoir de l’anneau.

Un soir, retirée dans sa petite chambre, assise sur un escabeau, elle considérait ce funeste présent et songeait. Tout à coup ses cheveux se déroulèrent comme dénoués par une main invisible ; ils inondèrent son cou de leurs flots de soie. « Comme mes cheveux sont beaux ! s’écria-t-elle involontairement. » Puis elle dit tout bas : « Si je voulais, je pourrais me couronner d’un chaperon de velours surmonté d’une couronne de comtesse. Oh ! que je serais belle, et que je voudrais me voir ainsi ! »

Et machinalement elle lut les toutes-puissantes paroles de l’anneau. Aussitôt la chambre fut éclairée d’une vive lumière, et Jeanne se trouva assise devant un miroir curieusement ciselé. Ses beaux cheveux s’échappaient d’un chaperon de velours ; une robe, brodée de perles et bordée de menu-vair, dessinait les gracieux contours de sa taille. Et une voix lui disait : « Jeanne, tu es aussi belle qu’une reine, et tu es plus pauvre qu’une paysanne. Il est beau d’être servie sous un dais par des pages blasonnés ; il est beau d’être, dans un tournoi, saluée reine de beauté. Vois comme ces parures vont bien à ta figure, comme ces riches atours semblent faits pour toi ; demande, et tout cela t’appartiendra. »

Puis il lui sembla qu’un lourd sommeil s’appesantissait sur ses yeux. La voix devint de plus en plus faible ; enfin elle cessa tout à fait. Le lendemain, la jeune fille se réveilla toute brisée ; il ne lui restait qu’un souvenir confus de toutes ces magnificences et un désir cuisant de les acquérir. Quinze jours après , dans la chapelle du château de Saissac, un vieux chapelain bénissait le mariage du jeune comte de Saissac et de la belle Jeanne. La voilà donc comtesse ; la voilà riche et parée, cachant sous un antique blason et sa naissance obscure et les humbles travaux de son enfance. Mais le bonheur ne l’a pas suivie en cette haute fortune.

Gauthier de Saissac aime Jeanne avec passion ; mais qu’importe à Jeanne d’être aimée : l’ambition n’a pas laissé dans son cœur de place pour l’amour. Ce qu’elle veut maintenant, ce n’est plus un bel habit pour rehausser sa figure ; c’est la puissance d’une châtelaine, l’obéissance de nombreux vassaux, l’admiration de hauts et puissants seigneurs. Elle est bien comtesse de Saissac, mais ce n’est qu’un titre ; au vieux sire de Saissac appartient le commandement. Cette pensée devint son idée fixe, et elle n’était pas femme à s’arrêter devant un désir qu’il dépendait d’elle de satisfaire. Quel moyen employa-t-elle pour anéantir une puissance qui lui faisait ombrage ? Usa-t-elle du pouvoir de l’anneau ? Nul ne le sait.

Six mois s’étaient écoulés. Dans la grande cour du château, quatre cents hommes d’armes étaient réunis. A la mine hardie des soldats , à leur joie mal comprimée par la discipline, il était aisé de voir qu’ils allaient tenter quelque aventureuse expédition ; enfin leur chef parut : il était couvert d’une riche armure damasquinée en or, et tenait à la main une masse d’armes ; son casque était ombragé de plumes aux couleurs de Saissac ; la visière en était levée ; il laissait voir le visage de Jeanne. A la douce physionomie de la jeune bergère avait succédé un air sévère et hautain ; elle s’élança légèrement sur son palefroi, se tourna du côté du château, fit de la main un signe d’adieu à Gauthier de Saissac, qui parut pâle et souffrant à un balcon, et partit au galop.

Ce n’était là que le prélude de ses courses guerrières. Gauthier ne tarda pas à s’éteindre dans une maladie de langueur. Jeanne devint souveraine maîtresse de la châtellenie. Pour en arriver là, elle avait prononcé plus d’une fois les paroles magiques de l’anneau ; mais le succès n’avait pas assouvi sa dévorante ambition. Assise seule et toute-puissante sur son fauteuil seigneurial, la fière comtesse jeta d’avides regards autour d’elle, des regards d’aigle qui cherche sa proie. La première victime qu’elle choisit fut le sire de Montolieu, son voisin ; elle entama une discussion de limites, et envoya sommer le baron de Montolieu de venir lui rendre hommage comme à sa suzeraine.

 « Dites à la comtesse de Saissac, répondit le baron, qu’en la terre de France la quenouille ne doit jamais se heurter contre l’épée. » En entendant cette réponse, l’orgueilleuse châtelaine répondit : « C’est bien ; la quenouille de Jeanne de Saissac est plus lourde que l’épée du sire de Montolieu. » Et, en effet, elle arma ses vassaux, et au lieu d’une masse d’armes elle prit pour elle-même une quenouille de fer. Le pouvoir de l’anneau ne laisse aucun doute sur l’issue du combat. Le chevalier fut vaincu ; terrassé par l’arme redoutable de Jeanne, il put encore entendre les paroles railleuses qu’elle lui adressa en lui assénant un dernier coup de sa terrible quenouille.

Cependant, au milieu des agitations de cette vie de sang et de combats, le cœur de Jeanne s’était endurci ; elle devint injuste, farouche, cruelle, impitoyable. Ses conquêtes la rendirent puissante, sa bravoure célèbre ; mais le bonheur s’obstina à la fuir. Elle était haïe comme sont haïs les tyrans ; ses gens d’armes seuls l’aimèrent pour sa rudesse et son courage, qui la rapprochaient d’eux.

Un soir, comme à son ordinaire, elle était assise sous la vaste et gothique cheminée de la grande salle du manoir ; la nuit était noire, et la lampe appendue à la voûte jetait autour d’elle une incertaine lueur. La châtelaine était triste et grave, mais son cœur était inaccessible à la crainte. Tout à coup le vent redouble de fureur, les armures rendent un son lugubre, la tempête semble vouloir anéantir les vieilles murailles du château. A la lueur d’un éclair, Jeanne aperçoit une ombre immense se dresser devant elle ; elle reconnaît le moine.

« Qui es-tu ? », s’écrie Jeanne en saisissant sa fidèle quenouille. « Laisse cette arme inutile contre moi », lui dit le terrible spectre. Et aussitôt la masse d’armes tombe brisée à ses pieds. « Tu ne me reconnais pas, ajouta-t-il. Je viens chercher l’anneau que je t’ai donné il y a vingt ans ; il t’a assez servi, j’espère. » Jeanne, épouvantée, voulut arracher l’anneau de son doigt ; elle ne put y réussir. « Oh ! pas ainsi, dit le moine ; cet anneau est le premier de la chaîne qui te lie à moi. »

images (11)Jeanne voulut essayer de lutter. « Quel pacte me lie à toi ? s’écria-t-elle ; t’ai-je rien promis en retour de l’anneau ? – Non, certes, dit le moine ; je ne t’aurais pas proposé un marché que tu aurais repoussé ; humble et simple bergère que tu étais alors, je savais quel usage tu ferais de la puissance, et je te l’ai donnée. Tu n’es point à moi pour l’anneau ; tu es à moi parce que tu es parricide, parce que tu as sucé le sang de tes vassaux, parce que tu as versé celui de tes voisins. Tu m’appartiens par tes crimes ; je viens te réclamer. »

En disant ces mots, il posa sa main brûlante sur l’épaule de Jeanne, puis il la saisit dans ses bras, et prenant son élan, il repoussa du pied le manoir, qui s’écroula sous ce puissant effort. On dit dans le pays que le château n’a pu être reconstruit, et lorsque, par une sombre nuit de novembre, on entend le vent gémir en s’engouffrant dans les ruines du manoir, les vieillards disent à leurs petits-enfants effrayés : « Prenez garde ! c’est la châtelaine qui file sa quenouille ! »

 

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