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Le Rossignol Moqueur

Posté par francesca7 le 14 septembre 2014

 

(D’après un article paru en 1834)

 

290px-Luscinia_luscinia_vogelartinfo_chris_romeiks_CHR3635Cusius dit avoir vu chez le baron de Saint-Aldegonde un perroquet qui, chaque fois qu’on l’en priait, riait aux éclats, puis s’écriait avec le ton du plus grand dédain : ô le grand sot qui me fait rire ! Beaucoup de gens entendant cet oiseau pour la première fois s’éloignaient confus en pensant qu’il se moquait d’eux, et il ne leur venait point à l’esprit que c’était la répétition machinale d’une scène préparée d’avance.

Au reste, il n’y a pas besoin de faire grand frais pour préparer de semblables déceptions, et il se trouve toujours assez de gens disposés à se laisser prendre. Ne pouvant croire que le don de la parole soit distinct de celui de l’intelligence, ils consulteraient volontiers un perroquet sur leurs affaires, et lui demanderaient, par exemple, des numéros pour la loterie. La réputation des perroquets est si bien établie, qu’il n’est pas même besoin qu’ils partent pour qu’on leur suppose des idées et des sentiments analogues aux nôtres, pour qu’on les croie sensibles au ridicule et enclins à railler.

J’ai vu, il y a peu de temps, chez un pharmacien de la rue du Bac, un de ces oiseaux mettre une vieille femme fort en colère parce qu’elle supposait qu’il la contrefaisait. Elle était entrée en toussant, et le perroquet s’était mis à tousser avec les mêmes quintes, les mêmes redoublements ; elle faisait des efforts pour cracher, et l’animal semblait arracher avec une peine extrême quelque chose du fond de son gosier. L’imitation était parfaite, mais la scène qui se prolongeait au grand amusement des spectateurs faillit se terminer tragiquement, car la vieille femme, furieuse de se voir l’objet de la risée générale, voulut s’en venger sur le pauvre animal, et si on ne l’eût emporté au plus vite elle allait lui tordre le cou.

Il est inutile de faire remarquer que dans cette circonstance, comme dans tous les cas semblables, l’oiseau est fort innocent des intentions qu’on lui prête, et qu’ainsi par oiseau moqueur on ne doit entendre qu’oiseau imitateur.

Cette faculté d’imitation existe, comme on le sait, non seulement chez le perroquet, mais chez beaucoup d’autres oiseaux, quoiqu’en général chez ceux-ci elle n’arrive pas au même degré de perfection. On a prétendu qu’elle appartenait exclusivement aux espèces dont la voix naturelle est désagréable, ou du moins que c’était à ces espèces seulement qu’il avait été donné d’imiter la voix humaine. C’est, en effet, le cas pour les oiseaux à qui on donne le plus communément ce genre d’éducation, mais peut-être est-ce justement à cause que le geai, la pie, le corbeau ont naturellement un langage fort déplaisant qu’on prend la peine de leur en enseigner un autre. Quoi qu’il en soit, ils ne sont pas les seuls qui puissent apprendre à parler ; l’étourneau, qui siffle assez bien, prononce très nettement, et au bout de peu de temps des phrases entières ; le serin, un de nos plus agréables chanteurs, peut apprendre à parler aussi bien qu’à répéter les airs.

J’en ai vu un qui n’avait eu pour maître de langue qu’une perruche, dont la cage était voisine de la sienne, et qui disait tout ce qu’on avait enseigné à sa compagne. Les rossignols même peuvent prononcer des mots bien articulés, et s’il en fallait croire une histoire rapportée par Conrad Gesner, il s’en trouverait d’assez habiles pour répéter une conversation tout entière.

C’est probablement pour s’associer à ce qui se passe autour d’eux, que des oiseaux privés de liberté, et éloignés de leurs compagnons naturels, apprennent à répéter soit un chant étranger, soit l’air joué sur la serinette, soit les mots prononcés fréquemment devant eux. Ils se résignent difficilement à un isolement complet, et si rien autour d’eux ne peut leur répondre dans leur langue naturelle, ils apprennent la langue de ce qui les entoure.

 

Les rossignols sont au nombre des oiseaux les moins sociables ; on ne les voit jamais se réunir en troupe comme le font nos chardonnerets, nos linottes, nos tarins ; cependant si dans le même bocage deux rossignols ont établi leur nid assez près pour pouvoir s’entendre l’un l’autre, leur chant devient plus vif, plus varié, plus fréquent, il s’établit entre eux une lutte musicale dans laquelle chacun semble déployer tous ses moyens pour l’emporter sur son rival. Si le voisinage ne lui offre aucun oiseau de son espèce, le rossignol place de préférence son nid à portée d’un écho afin que quelque chose du moins réponde à sa voix.

On observe que ce genre d’émulation n’est jamais excité chez l’oiseau en liberté que par le chant de leur propre espèce. Un rossignol ne répond point à une fauvette, ni une linotte à un chardonneret ; chacun d’eux à sa langue propre, et ne semble pas prendre garde aux autres langues qui peuvent se parier près de lui ; pourtant, le cri d’alarme est compris par tous, quoiqu’il soit prononcé différemment par chacun.

alt=Description de cette image, également commentée ci-aprèsNous avons en France un oiseau, la rousserole, qu’on désigne dans plusieurs provinces sous le nom de rossignol moqueur, et le même nom s’applique quelquefois aussi à l’effarvate et à la fauvette des roseaux. Tous les trois ont en effet dans leur chant plusieurs notes, plusieurs passages qu’on retrouve également dans celui du rossignol ; mais ils les ont naturellement, pas du tout par imitation, et ils les ont même quand on les élève en cage dans l’intérieur des villes. Il est à remarquer d’ailleurs que dans l’état de nature ils se tiennent dans des parages très différents de ceux qu’affectionnent les rossignols, de sorte qu’ils ne peuvent avoir que bien rarement l’occasion d’en entendre le chant.

Les plus célèbres moqueurs n’appartiennent pas à nos pays, mais aux parties tempérées de l’Amérique septentrionale ; tels sont le geai bleu, le manakin babillard, et surtout l’oiseau qu’on nomme par excellence le moqueur (turdus polyglottus). Le moqueur américain a tiré de bonne heure l’attention des Européens qui ont visité le Nouveau-Monde, en raison de la variété de ses notes, de l’étendue de sa voix, et surtout de la faculté qu’on lui attribue de pouvoir contrefaire le chant ou le cri des autres animaux. Suivant Fernandez, Nieremberg, Hans Sloane et autres écrivains, il ne se contente pas d’imiter simplement, il embellit tout ce qu’il reproduit, et donne à chaque son qu’il emprunte une grâce et une douceur particulières. Les indigènes eux-mêmes n’étaient pas moins sensibles à ces talents que les Européens ; et dans la langue mexicaine, par exemple, le moqueur était désigné par le nom de cencontlatotli, l’oiseau aux quatre cents langues.

Le moqueur est de la même famille que notre grive commune (turdus musicus), oiseau qui lui-même est un très bon chanteur, et dont la voix est en Ecosse aussi célèbre que l’est chez nous celle du rossignol. Sa taille est à peu près celle du mauvis ; ses couleurs sont celles de la drenne, à cela près qu’il n’a pas le ventre grivelé. Sa robe n’a donc rien de brillant, et quoique ses formes soient assez élégantes, ce n’est réellement que par son chant qu’il peut attirer l’attention ; mais ce chant est d’une douceur et en même temps d’une puissance sans égales.

Lorsque par une belle matinée l’oiseau perché sur le sommet d’un buisson, fait entendre sa voix sonore, tous les gazouillements qui partent des buissons voisins et qui dans une autre circonstance charmeraient l’oreille, sont alors oubliés. Le moqueur d’ailleurs compose à lui seul tout un orchestre, il fait parler successivement tous les instruments, et quelquefois même on dirait qu’il en fait parler plusieurs à la fois. Cette musique se prolonge sans interruption pendant des heures entières et l’oiseau lui-même en paraît transporté de plaisir. Tout son corps frémit ; ses ailes, à demi ouvertes, sont agitées d’une sorte de trémoussement convulsif ; parfois son extase monte à tel point, qu’il ne saurait rester en place, il bondit, il s’élève dans les airs, il y plane quelques instants en faisant entendre ses notes les plus brillantes, puis sa voix baisse par degrés pendant qu’il redescend insensiblement vers la branche d’où il était parti.

A d’autre moments ce n’est plus un chant soutenu, ce sont des notes détachées, ce sont des phrases qui appartiennent à d’autres oiseaux, et qui trompent quelquefois le chasseur ; dans certains cas c’est le cri de l’épervier qu’il imite, et alors, assure-t-on, les petits oiseaux s’enfuient tout effrayés. En un mot, parmi tous les bruits de la forêt, il en est peu qui ne se retrouvent plus au moins ressemblants dans les différents timbres de la voix du moqueur. Cette variété d’intonation, qui est naturelle à l’oiseau, lui donne quand il est réduit en captivité une grande facilité pour reproduire ce qu’il entend ; dans ce cas, il devient réellement imitateur, et il l’est à un degré presque incroyable. Il siffle à la manière d’un jeune poulet, et la poule arrive les ailes traînantes et les plumes hérissées, toute prête à défendre sa progéniture. Il imite avec la même perfection l’aboiement du chien, le miaulement du chat.

Il est d’ailleurs, comme tous les babillards, très peu difficile dans le choix de ce qu’il répète, et il ne s’inquiète guère de mettre de la suite dans ce qu’il dit ; aussi, après avoir imité avec une perfection inconcevable le chant du serin, il s’interrompra tout-à-coup au milieu d’une roulade, et fera entendre le cri d’une roue de brouette mal graissée ou le bruit de la scie du tailleur de pierre.

alt=Description de cette image, également commentée ci-aprèsHeureusement il ne renonce jamais entièrement à son chant naturel, et c’est même le seul qu’il fasse entendre la nuit ; car, de même que notre rossignol, il aime à chanter aux heures où tout est silencieux.

Le moqueur ne fuit pas le voisinage de l’homme. Il n’est pas rare de trouver son nid dans un verger à peu de distance de la ferme ; il ne prend pas grand peine pour le cacher, et il est toujours prêt à le défendre même contre l’homme.

Pris au piège, il s’apprivoise assez promptement, et son chant dans ce cas est plus parfait et se conserve plus pur de mélange étranger que lorsqu’il a été enlevé du nid et élevé loin des bois. Un moqueur remarquable par l’étendue de la voix se vend fort cher, et aux Etats-Unis on en a vu payer jusqu’à cinquante et même cent dollars (200 et 500 fr.) ; leur prix ordinaire est de 60 à 80 fr.

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A la chasse aux plantes autour de Paris

Posté par francesca7 le 12 septembre 2014

 

(D’après un récit paru en 1902)

images (9)On a déjà écrit bien des livres sur les chasseurs de plantes des forêts tropicales qui, au péril de leur vie, vont chercher les orchidées rares et les liliacées décoratives, dont les horticulteurs font ensuite « leurs choux gras ». On en pourrait écrire presque autant sur les pauvres diables qui doivent chercher leurs moyens d’existence dans la maigre flore parisienne. Non pas en décrivant les dangers courus qui, ici, sont pour ainsi dire nuls, mais en racontant leur mode de vie ; tous, malgré la médiocrité de leur condition, sont des indépendants, assoiffés de liberté et d’air pur. On les croit des paresseux ; il n’en est rien et, en utilisant l’activité qu’ils déploient dans un métier salarié par un patron, ils vivraient grassement. Heureusement pour eux, toutes les plantes ne poussent pas en même temps ; cela leur permet de varier leurs plaisirs et de gagner de quoi vivre à peu près toute l’année. Un métier où il n’y a pas de chômage, voilà, n’est-il pas vrai, qui n’est pas ordinaire ?

Il n’y a guère qu’une plante que l’on rencontre en toutes saisons, c’est le mouron des oiseaux qui constitue le fonds le plus solide des petits commerçants dont nous parlons. On en trouve partout, dans les endroits les plus incultes, le long des murs, sur le bord des chemins qu’il égaie par ses touffes gazonnantes émaillées de fleurs blanches. Mais la corporation des marchands de mouron est si nombreuse, – on dit qu’elle se chiffre par deux mille membres – que les « placers » des environs immédiats de Paris ne tardent pas à être mis à sac. Il faut alors en chercher plus loin, souvent jusqu’à plus de vingt kilomètres.

Les uns se contentent d’emporter avec eux des bâches où ils mettent la récolte au fur et à mesure ; ils rapportent les ballots sur leur dos et je vous prie de croire que ce n’est pas là une sinécure !

J’en ai vu, de ces camelots, qui en rapportaient, – l’homme et la femme réunis, – jusqu’à quatre-vingts kilos ; il est vrai que, pour rentrer dans la capitale, ils prenaient le train, comme des sybarites, mangeant ainsi, – c’est le cas de le dire, – leur récolte en herbe. Les autres emmènent avec eux une brouette ou même une voiture à bras ; ceux-là sont les « gros commerçants » qui n’en sont pas plus fiers pour çà, car, obligés de revenir pedibus cum jambis, ils se voient parfois contraints de loger à la belle étoile.

Tous, d’ailleurs, ne peuvent faire une récolte très abondante, car le mouron n’est vendable que trois, quatre ou cinq jours au plus après la cueillette ; bien que se fanant relativement moins que les autres plantes, il finit, surtout pendant les chaleurs, par prendre un aspect lamentable ; le client n’en veut plus, craignant de faire injure à ses chers petits fifis en leur offrant une marchandise avariée. Ceux qui récoltent le mouron – c’est encore une caractéristique du chasseur de plantes – le vendent eux-mêmes au public. Ils le mettent sur des hottes ou dans des paniers et parcourent les rues en criant la chanson classique : « Voilà du mouron pour les p’tits oiseaux » ! Ou encore ce cri où se révèle l’âme sentimentale des Parisiens : « Régalez vos petits oiseaux » !

Le mouron est particulièrement abondant en été ; les marchands ont alors toutes les peines du monde à écouler leur marchandise à raison de un sou la botte. Au total ils préfèrent l’hiver où ils vendent deux sous la botte la plus insignifiante ; il est vrai que la récolte dans les champs est beaucoup plus maigre et pénible. Mais, au moins, on a la satisfaction de ne pas gâcher le métier par un bon marché excessif. Chaque marchand a son quartier déterminé, qu’il conserve pour ainsi dire toute sa vie, d’abord parce que s’il allait ailleurs, il serait fort mal reçu par ses confrères ; ensuite, parce qu’il a ses clients déterminés, qui lui font des commandes « fermes ».

On connaît son cri joyeux ; on accourt sur le pas de la porte et, tout en vendant sa botte, il a un mot aimable pour chacun. Et je ne serais pas étonné si l’on me disait que les serins et chardonnerets tressaillent d’allégresse quand ils entendent : « Du mouron pour les p’tits oiseaux ! Un sou la botte ! »

Le printemps est l’époque où le chasseur de plantes a le plus à faire. Le Parisien adore les fleurs ; privé de cette joie pendant tout l’hiver, il en réclame dès que les frimas sont passés et que se font sentir les premières effluves, – oh combien troublantes ! – du renouveau de la nature. Ces fleurs, il ne faut guère les demander aux jardins dont la floraison n’arrive que tardivement, et sans nos camelots il risquerait fort de voir ses vases de fleurs vides.

Dès février quelques-uns se rendent à Trianon ou dans les bois avoisinants, pour récolter le gracieux perce-neige qui a d’autant plus de valeur qu’il est plus rare ; sa corolle blanche est du plus charmant effet et n’a que l’inconvénient de se faner assez vite.

Le perce-neige n’est qu’un maigre lever de rideau auquel d’ailleurs ne prennent part qu’un très petit nombre de comparses. Le premier plat de résistance apparaît en mars avec le narcisse jaune que l’on va récolter dans les forêts de Sénart et de Bondy, où il pullule sur d’énormes étendues de terrain. Rien n’est moins gracieux que cette fleur, « mastoc » en diable, dépourvue de légèreté et d’élégance. En plein été, on n’en voudrait pas pour rien ; mais au printemps, on l’accepte avec reconnaissance tant on a été sevré de fleurs pendant la mauvaise saison.

Les camelots le savent bien et en font une ample moisson ; je dois cependant avouer à leur courte honte qu’ils en font des bouquets ignobles, les fleurs collées les unes contre les autres. – telle des sardines dans une boîte, – avec, au milieu et autour, les feuilles mêmes des narcisses qui ressemblent tout à fait à celles, archi-prosaïques, des poireaux. Un bel après-midi de dimanche est, cependant, pour eux un véritable coup de fortune, car ils, vendent sur place les bouquets aux nuées de cyclistes qui reviennent de Fontainebleau par la grand’route. Certains en achètent quatre bonquets, pour placer un au milieu du guidon, deux aux poignées, et, – les farceurs, – un à la selle.

A quatre ou cinq sous le bouquet, vous voyez que cela chiffre vite. Et puis, le soir, on se hâte de faire une nouvelle récolte pour vendre le lendemain dans Paris. Mais sitôt la floraison, d’ailleurs très courte, des narcisses achevée, la forêt de Sénart ne donne pour ainsi dire plus rien. Les chasseurs de plantes transportent leurs pénates dans les bois de Meudon ou de Chaville qui, pour quelques, semaines, vont devenir une mine… de bronze. C’est d’abord l’anémone sylvie, qui est bien l’une des plus aimables fleurs que je connaisse. Est-ce parce que je l’associe dans mon esprit à l’arrivée du printemps, aux bonnes promenades que l’on fait à cette époque dans les bois ; est-ce parce qu’elle me rappelle quelque souvenir agréable ? Je ne sais ; mais ce qui est bien sûr, c’est que nombre de Parisiens partagent mon goût, car au printemps, les bois de Meudon sont envahis par une nuée d’amateurs d’anémones.

images (10)La vente de cette fleur dans Paris même ne va pas toujours très bien, car elle se fane presque aussitôt cueillie et le bouquet prend alors l’aspect d’une botte de foin. Ceux qui savent combien vite elle « revient » dans l’eau l’achètent pour en garnir leur home. Les trois feuilles vertes qui se trouvent sous leurs fleurs se marient agréablement avec le blanc délicat des corolles et en font de charmants bouquets restant frais pendant plus d’une semaine, surtout lorsqu’on a récolté des boutons de cette « Reine des bois ».

Hélas, la floraison de la douce sylvie ne dure guère et ce serait pour les chasseurs de plantes l’abomination de la désolation si elle n’était suivie de très près par la jacinthe des bois encore plus abondante qu’elle dans les bois de Meudon. Ses tiges un peu penchées, couvertes de fleurs violettes, ne sont pas sans charme, bien que n’atteignant pas la maîtrise des jacinthes cultivées, d’autant qu’il leur manque l’odeur qui fait la grande qualité de ces dernières. Quelques personnes seulement… en se suggestionnant à outrance arrivent à lui trouver un léger parfum, mais si faible, si menu.

Mais les amateurs de parfums ne tardent pas à prendre une revanche éclatante avec le muguet qui apparaît vers la fin avril. Encore plus que pour les espèces précédentes il faut, pour savoir où le cueillir, être ferré sur la répartition géographique des plantes, dans les environs de Paris. On peut parcourir d’énormes espaces dans les bois sans en rencontrer un seul pied ; puis, tout d’un coup, on tombe sur une tache où ils abondent d’une manière invraisemblable. Chaque chasseur connaît ainsi quelque « bon coin » et se garde le plus possible de le faire connaître.

C’est que la lutte pour le muguet est aussi âpre que la lutte pour la pièce de cent sous. Le camelot sait bien qu’il a l’écoulement sûr et rapide de sa marchandise ; il en est si certain qu’il cueille même le muguet à l’état de bouton, alors qu’il est pour ainsi dire informe et n’a guère d’odeur. Mais on a l’espoir qu’il fleurira dans l’eau, ce qui arrive en effet souvent, mais pas toujours. Quand il est bien épanoui, le muguet est une des plus admirables fleurs que nous donnent les bois et même les jardins, et à l’élégance de la fleur, à la délicatesse de l’inflorescence, elle joint un délicieux parfum, d’une finesse exquise, d’une persistance rare. Sa récolte est si rémunératrice qu’elle provoque l’apparition, au voisinage des gares et des stations, de bateaux de chasseurs de plantes accidentels, que les « professionnels » regardent d’un mauvais oeil. Et cependant, cette récolte est fort pénible : regardez la minceur d’une hampe de muguet, et supputez la quantité de brins qu’il faut pour faire le moindre bouquet de deux sous !

Les plantes dont avons parlé dans la première partie sont celles qui, au printemps et en été, donnent lieu à un « gros » commerce. A côté d’elles viennent s’en placer d’autres, d’importance moindre, de vente plus aléatoire et que le chasseur rencontre souvent accidentellement dans ses pérégrinations.

Parmi elles il faut citer la primevère officinale et la primevère élevée, vendues toutes deux sous le nom de coucou, et dont les fleurs sont d’autant plus goûtées qu’elles viennent au printemps et que l’on vend fort bon marché ; la pervenche, que certains camelots vont chercher jusqu’aux environs de Dourdan, soit à cinquante kilomètres de Paris ; les violettes, auxquelles malheureusement celles du Midi font un tort considérable, bien que ne les égalant pas, – loin de là – au point de vue du parfum ; les renoncules ou boutons d’or, qui « vont » toute l’année et se vendent facilement à cause de leur longue durée ; le caltha des marais, grandes fleurs jaunes dorées, d’un effet admirable, qui ne pousse qu’aux bords des rivières et que l’on récolte assez abondamment sur les rives de l’Yvette, à Chevreuse notamment ; l’ail des bois qui fait de jolis bouquets blancs, mais qu’il faut bien se garder de sentir ; les genêts, couverts de fleurs jaunes, abondants partout ; l’aubépine, que l’on verrait certainement plus souvent dans les rues de Paris si ses aiguillons n’en rendaient le transport un peu pénible ; les marguerites, bleuets, coquelicots, qui foisonnent dans les champs de blé ou d’avoine, mais pour la récolte desquels le chasseur risque le fâcheux procès-verbal ; les roseaux et les massettes, curieuses plantes communes dans certains étangs ; enfin les bruyères, qui terminent la série au mois d’août et de septembre et que l’on va « chasser » dans le bois de Meudon et la forêt de Fontainebleau, où le stock est inépuisable.

Toutes ces plantes se rapportent coupées pour en faire des bouquets. Quelques camelots s’adonnent aux végétaux enracinés et destinés par suite à être « empotés ». Parmi eux il faut surtout noter les pâquerettes, d’une robustesse remarquable, et qui n’ont pas leurs pareilles pour orner la fenêtre de Jenny l’ouvrière ; diverses fougères, notamment des polypodes, qui « reprennent » très difficilement ; quelques carex ; du lierre, et quelques autres de moindre importance.

D’autres s’adonnent à la récolte des plantes médicinales et doivent, par suite, avoir quelque notions de botanique. Je ne serais pas étonné si certains d’entre eux étaient d’anciens potards ayant trop fait la fête ou des droguistes dont les affaires sont dans le marasme. Près des Halles, rue de la Poterie, se tient sur le trottoir, le mercredi et le samedi, un petit marché d’herbes médicinales où viennent se fournir les herboristes et certains pharmaciens. Les vendeurs se divisent en deux groupes : les cultivateurs qui viennent y vendre la mélisse, la menthe, l’armoise, l’absinthe, la lavande, qu’ils ont fait pousser eux-mêmes, et les camelots qui débottent les plantes cueillies dans les bois.

Celles-ci varient naturellement avec les saisons ; parmi les plus connues, citons la feuille de ronce, si employée dans les maux de gorge ; les feuilles de noyer, « chipées » de-ci de-là ; le chiendent, bien négligé aujourd’hui ; la douce-amère, la petite centaurée, lesfleurs de sureau, le laurier blanc, le coquelicot, la violette, le bouillon blanc ; en un mot toute la série des « simples », dont l’usage, malheureusement pour la corporation qui fait l’objet de cet article, diminue sans cesse.

L’automne et l’hiver n’arrêtent pas les pérégrinations et le commerce des chasseurs de plantes. Au contraire, il leur faut encore plus travailler, non pour récolter des fleurs, – il n’y en a plus – mais des fruits et des plantes vertes que, dans la semaine, ils livrent à leurs clients habituels, et que, le dimanche, ils vont vendre, au marché aux oiseaux. C’est qu’en effet cette flore automnale est très goûtée des diverses catégorie de volatiles. A côté de l’éternel mouron, ils vendent aussi du seneçon, des baies d’épine-vinette, du plantain, des baies de sureau ou de vigne vierge, des graines de chardon ; en somme, tous les fruits sauvages au péricarpe succulent et les graines agréables à grignoter. Tout cela, en raison de la rareté, se vend fort cher ; mais que ne feraient pas les vieilles filles sentimentales pour leurs chers petits musiciens ?

A l’automne, on récolte aussi diverses plantes décoratives, pour leur feuillage ou leurs fruits. Les plus connues sont les houx, aux feuilles luisantes, épineuses, aux fruits rouges, et le gui, la plante de la Noël, le mitstletoé des Anglais, à l’allure un peu mystique. La récolte du gui est des plus pénibles, car il faut aller cueillir cette plante parasite sur les pommiers et les téléchargement (5)peupliers et souvent scier les branches pour s’en emparer. Les camelots rapportent les touffes attachées aux deux extrémités d’une longue gaule qu’ils tiennent sur leur épaule souvent meurtrie.

Ne croyez pas que j’aie terminé la liste des catégories de chasseurs de plantes. Il y en beaucoup d’autres ; mais il serait fastidieux d’y insister. Laissez-moi cependant vous présenter : celui qui récolte les pieds de pissenlits sauvages que certains gourmets adorent en salade ; celui qui cueille les feuilles de plantain et d’érable pour garnir les compotiers de fruits ; cet autre dont la spécialité est de chercher les branches bizarres pour en faire des corbeilles originales ; celui-ci qui s’adonne à la récolte des frêles graminées, Airas, Brizes, Stipes, Bromes, etc., pour en faire des bouquets perpétuels ; celui-là qui travaille – qui l’eût dit ? – pour les passementiers en récoltant des fruits d’aulnes, des glands, etc. dont on fait des garnitures après les avoir dorés ou plutôt bronzés artificiellement ; enfin, ce dernier qui récolte les « coeurs » des coquelicots, bleuets et marguerites, – les trois couleurs du drapeau national – pour les faire entrer dans la confection des fleurs dites artificielles.

Publié dans FLORE FRANCAISE, Paris | Pas de Commentaire »

Gui, houx et sapin de Noël des années 1900

Posté par francesca7 le 12 septembre 2014

 

(D’après « Fêtes et coutumes populaires », paru en 1911)

 
 
2082494740_9f106c906b_oLe gui, que l’on vendait jadis pendant la semaine de Noël et du Jour de l’An, a un concurrent redoutable dans un autre végétal d’hiver, auquel on l’associe de plus en plus dans la décoration des frairies « noélesques » : le houx ; sans compter l’incontournable sapin qui, suivant sa taille, tient dans un petit pot grand comme le pouce ou pourrait abriter toute une famille à son ombre

« Au gui nouveau ! Au gui fleuri ! » Voilà qu’il retentit une fois de plus à nos oreilles, l’appel des vendeurs ambulants de mistletoe. Pendues à un gros bâton de frêne ou de bouleau, les jolies touffes vertes du viscum album balancent au pas du marchand les fines opales de leurs baies, Noël est proche. C’est un peu de l’âme de la forêt, un peu aussi de l’âme du passé, qui revit dans ce naïf appel d’un petit détaillant.

Jadis, nos aïeux s’en allaient par les rues criant l’antique Aguilané, corruption probable d’Eguinaned (le blé germe) ou, suivant d’autres, d’Acquit l’an neuf, dont le sens est plus aisé à entendre. Le gui parisien nous arrive de Meudon, de Chaville, de Verrières : il appartient à qui veut le cueillir. Les errants du pavé le savent et, confiants dans la tolérance de l’administration domaniale, ils se font une ressource, décembre venu, de la cueillette du joli végétal.

On vend bien du gui, pendant la semaine de Noël et du Jour de l’An, au pavillon des Halles ; mais ce n’est plus là du gui parisien. Importé par chemin de fer, il arrive de Normandie et de Bretagne ; il n’a point poussé sur les peupliers, comme le gui parisien, mais sur les pommiers, dont il est pourtant un dangereux parasite. Vainement, nos professeurs d’agriculture mettent-ils en garde contre ses ravages les cultivateurs normands, et bretons : le gui s’obstine ; et il est vrai que les bénéfices de sa cueillette compensent largement le mal qu’il fait aux arbres. Ce n’est pas seulement sur Paris qu’on l’expédie : l’Angleterre en fait une consommation prodigieuse. De Granville et de Saint-Malo partent chaque hiver, à destination de Southampton et de Londres, des chargements complets de gui.

Mais le gui a un concurrent redoutable dans un autre végétal d’hiver, auquel on l’associe de plus en plus dans la décoration des frairies noélesques : le houx. Cette iliacée n’a pas d’histoire ; elle ne joue pas, comme le gui, un rôle important dans nos traditions nationales. Les druides ne la coupaient pas, avec une faucille d’or, la sixième nuit du solstice d’hiver, la nuit mère, et les eubages ne la recevaient pas dans un drap de lin d’une blancheur immaculée. Mais le houx, si son passé manque de lustre, n’en est pas moins un fort aimable arbrisseau, dont les feuilles d’un vert sombre, lisses et comme vernissées, surtout les baies d’un rouge vif, font un contraste à souhait pour les yeux avec le pâle feuillage et les baies laiteuses du gui.

C’est cette opposition, vraisemblablement, qui a déterminé sa vogue. Sur les 175 espèces de houx connues, une seule habite la France, l’ilex aquifolium, au tronc droit, chargé de feuilles épineuses et persistantes, qui s’accommode des terrains les plus ingrats. Il vit en liberté dans nos forêts, où il atteint quelquefois huit et dix mètres de haut ; mais on le cultive aussi en buisson dans nos jardins. Ses applications sont fort variées : de sa seconde écorce, on tire la glu ; l’ébénisterie recherche son bois, qui prend au polissage la teinte de l’ébène ; avec ses jeunes rameaux, souples et résistants à la fois, on fabrique des manches de fouets et des houssines ; enfin, avec ses feuilles, que l’ancienne médecine utilisait comme fébrifuge, on obtient des sparadraps très adhésifs.

C’est surtout comme une plante ornementale que le houx est apprécié. D’où vient celui qu’on vend dans nos rues aux alentours de la Saint-Sylvestre ? Un peu de toutes les régions, des forêts du Morvan et de Bretagne, des boqueteaux normands, du Jura, des Vosges, même de la banlieue parisienne. Les Halles en reçoivent chaque matin de pleins chargements, que se disputent les petits détaillants du pavé.

Mais le gui, le houx, ne sont pas les seules plantes noélesques. Comment oublier encore le sapin ? Il a toutes les dimensions, ce sapin de Noël : il est tantôt un géant et tantôt un nain ; il tient dans un petit pot grand comme le pouce et, d’autres fois, il pourrait abriter toute une famille à son ombre. Mais, énorme ou minuscule, artificiel ou naturel, il porte toujours les mêmes fruits étranges : des joujoux, des sucreries, des oranges, des gâteaux, et il est tout illuminé par des cordons de lanternes vénitiennes.

Encore est-il bon de remarquer que, pour répandue qu’elle soit aujourd’hui, cette coutume des arbres de Noël était à peu près ignorée chez nous (sauf dans le Berry) avant la guerre de 1870. C’est à l’Alsace que nous l’avons empruntée, et il y a quelque chose de touchant dans cette adoption par toute la France d’une coutume restée purement locale jusqu’alors. A l’arbre de Noël s’attache le souvenir du grand Klaus, bien connu, lui aussi, des anciennes familles alsaciennes.

« Toc ! Toc ! – Qui frappe à la porte ? – C’est moi, le grand Klaus, patron des petits enfants sages, qui leur apporte un sapin tout chargé de bonbons et de jouets et qui réserve aux méchants une dégelée de coups de gaule… » Et l’huis bâillait tout large, et mein Herr Klaus entrait avec sa longue barbe de dieu polaire, ses sourcils embroussaillés, sa robe de futaine, sa hotte et son sapin. Klaus, en Alsace, est le petit nom d’amitié du vénérable évêque de Myre, saint Nicolas. Les enfants ouvraient de grands yeux, se serraient peureusement contre leurs mères, et la poignée de genêts que brandissait le bon saint leur communiquait un effroi salutaire.

C’est tout ce que voulait mein Herr : le rôle de croquemitaine lui convenait assez peu et il ne l’acceptait qu’à son corps défendant. Combien il préférait les cris de joie et les claquements de mains qui succédaient à l’émotion paralysante du premier moment, quand, de sa hotte vidée sur le parquet, sortaient, pendus aux branches du fatidique sapin, les beaux polichinelles, les sacs de pralines et les ménageries d’arches de Noé ! En Lorraine, il reprenait son nom français et faisait sa tournée accompagné du père Fouettard, qui portait des verges de bruyère et prononçait des paroles sévères dont l’à-propos étonnait les esprits enfantins.

Saint Nicolas est un peu parent du bonhomme Noël : leurs physionomies du moins se ressemblent et leurs fêtes ne sont séparées que par un léger intervalle. Et, à mesure que l’année perdait de son caractère religieux, qu’on restreignait le nombre des fêtes chômées, il arrivait qu’on ne sentait plus la nécessité d’un dédoublement de cérémonies : c’est ainsi que le grand Klaus s’effaça peu à peu devant le vieux Noël. Mais, si saint Nicolas nous a brûlé la politesse, son sapin magique a survécu. Il est, avec le gui et le houx, l’élément décoratif par excellence des veillées de Noël. C’est rarement un arbre, le plus souvent une branche fichée dans une caisse en bois, avec un peu de mousse au pied. Et il se fait, chaque année, de ces branches de sapin, un trafic considérable.

Magnifique puissance de la tradition ! Noël est vieux comme le monde : avant de devenir une fête chrétienne, il fut, chez les Celtes nos pères, la grande fête de la germination. Et le gui, le houx, les branches de sapin, qu’on vend par les rues de ce Paris sceptique et gouailleur, mais si candide au fond, attestent la persistance du sentiment ancestral. Le nom même de Noël vient du latin novellum, qui nous a donné novel, nouvel, nouveau. Sol novus, qu’on retrouve dans l’office de Noël, fut longtemps le nom du 25 décembre. Et les vieux cantiques consacrent à leur tour cette étymologie :

« Hâtons-nous de nous rendre
Près du soleil nouveau… »

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Jardin des Plantes : lieu de tout temps à la mode

Posté par francesca7 le 12 septembre 2014

(D’après « Promenades dans Paris », paru en 1906)

 

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C’est à un émouvant voyage au coeur du Jardin des Plantes, ouvert au public en 1634, que le peintre, illustrateur et écrivain Georges Cain, conservateur du musée Carnavalet pendant quelque vingt ans, nous convie en 1906, évoquant quelques souvenirs de son enfance qui s’y rattachent etretraçant l’histoire de ce lieu unique niché au sein de la capitale

Le meilleur de la vie est peut-être fait de souvenirs, écrit en 1906 Georges Cain, fils du sculpteur animalier Auguste Cain : aussi ne saurais-je franchir sans être délicieusement impressionné les grilles du vieux Jardin des Plantes où, tout enfant, un livre à images sous le bras, j’accompagnais mon père qui, comme Delacroix, comme Barye, comme mon grand-père P.-J. Mène, comme Gérôme, comme Frémiet, comme Rosa Bonheur, y installa si souvent sa petite selle à modeler à quelques centimètres des tigres et des lions qu’il copiait.

Nous y arrivions de bon matin, vers huit heures, avant l’invasion des visiteurs ; le gardien, qui s’appelait Bocquet, un grand diable, maigre, avec des yeux de flamme, caressait ses fauves, les interpellait, leur jetait de menus morceaux de viande pour leur faire donner le mouvement voulu, et ’mon père, familier par habitude avec ces belles bêtes, aux yeux parfois si doux et si profonds, leur tapotait la tête qu’elles venaient, câlines, frotter contre les barreaux.

L’odeur alcaline était violente, la chaleur lourde ; on entendait le sifflement des mangoustes et des fouines installées dans les rotondes de sortie ; parfois un rugissement de colère faisait trembler les vitres. Qu’elles étaient amusantes ces heures de travail devant les cages des fauves, dans l’arrière-couloir de la ménagerie, tout près d’une petite cour où hurlaient des chiens à l’attache !

Souvent aussi c’était dans le jardin même, sur l’herbe, devant les cerfs, les biches, les échassiers ou les vautours que ces grands travailleurs dressaient leurs petits ateliers portatifs, leurs chevalets et leurs sellettes, ou parfois à la ménagerie des reptiles, un antique bâtiment croulant de vétusté. Les crocodiles y reposaient, enserrés dans des caisses étroites comme en des cercueils ; on y voyait encore des pythons, des aspics de Cléopâtre, de hideuses araignées velues, des salamandres, des caméléons, et une couverture de laine avalée puis… rendue à peu près intacte par un serpent boa ; le directeur nous donnait des lézards verts et d’inoffensifs orvets qui causaient de folles terreurs en passant leurs fines têtes hors des poches de nos tuniques de collégiens ! Et ces courses échevelées autour du labyrinthe et du cèdre que M. de Jussieu — assure une légende dont il serait criminel de douter — rapporta « du Liban dans son chapeau », en 1735… Que c’est loin tout cela, et que de jeunes souvenirs évoque ce vieux Jardin des Plantes !

461008AnimalartistsattheJardindesPlantesAu milieu des transformations qui chaque jour modifient Paris, c’est un des rares coins qui aient heureusement gardé leur caractère ancien et charmeur ; M. de Buffon pourrait encore s’y croire chez lui ; il retrouverait même sa table de travail, reléguée dans un vague cabinet d’étude, non loin d’un groupe de marbre merveilleux, Chèvre et Enfants, dont la place devrait être au musée du Louvre et non dans un corridor. Peu de planches, d’ailleurs, seraient « à moderniser » dans le bel ouvrage que publia Curmer en 1842 : les « Huttes aux chèvres d’Abyssinie », les « Cabanes des hérons », la « Ménagerie des féroces », sont telles que les dessinaient alors Daubigny et Ch. Jacque.

Le public ne semble pas modifié : ce sont les mêmes badauds de Paris qui, penchés sur les mêmes fosses aux ours, continuent à engager l’éternel « Martin » à refaire l’ascension de l’arbre ébranché qui se dresse au milieu de la fosse. Les fleurs d’eau s’épanouissent dans les mêmes serres étouffantes et basses, près des orchidées aux formes étranges, et c’est dans le vieil amphithéâtre où professèrent tant d’illustres savants que Mme Madeleine Lemaire — qui parle des roses, des pavots et des pensées aussi merveilleusement qu’elle sait les faire revivre sur ses toiles — initie un auditoire attentif et charmé à la divine beauté des fleurs.

Dans les volumes de Curmer, de beaux messieurs vêtus comme Musset échangent avec de jolies dames drapées dans des « schalls Ternaux » de cérémonieux saluts devant « l’Entrée des grandes serres » : le décor est intact, les enfants jouent aux mêmes places, et sur les mêmes chaises de bois les mêmes grisettes, avec des costumes presque identiques, lisent les mêmes romans-feuilletons. En 1842, c’étaient les Mystères de Paris, d’Eugène Sue ; en 1906, c’est la Môme aux beaux yeux, de Pierre Decourcelle.

De tout temps, ce superbe jardin fut à la mode : Fondé en 1633 par Louis XIII sur un terrain abandonné qui servait de voirie, et dirigé par Gui de la Brosse, le Jardin des Plantes médicinales — ce fut son premier nom — eut des commencements difficiles ; mais Fagon, Tournefort, Vaillant, puis Antoine et Bernard de Jussieu, et enfin Buffon — qui mourut au Jardin des Plantes, dans le bâtiment faisant face à la rue Geoffroy-Saint-Hilaire —, coordonnent, augmentent et embellissent le « Jardin du Roi ».

Arrive la Révolution : la Nation met la main sur le « Muséum d’histoire naturelle » auquel on adjoint une ménagerie constituée avec les débris des collections royales installées par Louis XIV au bord du Grand Canal, à Versailles. Bernardin de Saint-Pierre plaida en 1792 la cause des pauvres animaux qui mouraient de faim. « Les tuerons-nous, s’était-il écrié, pour exposer leurs squelettes ? Ce serait leur faire injure ! » et le 4 septembre 1793 la collection augmente subitement ; Geoffroy Saint-Hilaire, travaillant dans son cabinet, apprend que deux ours blancs, une panthère, deux mandrilles, un chat-tigre et quelques aigles sont en bas, à sa porte, réclamant l’hospitalité.

Ces animaux, en effet, se trouvaient en état de vagabondage : à la suite d’une ordonnance de police, trois ménageries foraines avaient été saisies et expédiées au Muséum sous la conduite de leurs propriétaires indemnisés. Geoffroy Saint-Hilaire fait remiser les cages sous ses fenêtres, nourrit de ses deniers les malheureuses bêtes affamées et élève les saltimbanques à la dignité de gardiens !

Napoléon adresse à la Ménagerie les éléphants du stathouder de Hollande et les ours de Berne. Chaque année apporte sa contribution d’animaux rares et de minéraux précieux. Le Jardin des Plantes est fêté, agrandi, embelli. Le 9 juillet 1827, la girafe est présentée au Roi, et c’est un événement parisien : tout est à la girafe, on a des peignes, des broches, des manches et des ombrelles « à la girafe », son nom sert d’enseigne à un magasin de modes du passage du Saumon ; on chante même une complainte qui commence par ce vers, si j’ose dire : « C’est de l’acacia qu’elle aime à se nourrir », et se termine ainsi :

Enfin dans tout Paris on aime sa présence
Et son séjour promet la paix et l’abondance.

Sur tous les points du monde, d’intrépides et modestes savants français s’expatrient pour enrichir le Jardin des Plantes ; Duvaucel, Chapelier, Jacquemont, combien d’autres encore, sont morts sous les flèches des sauvages, les morsures dès serpents, les coups de soleil de l’Inde ou les fièvres des tropiques pour doter leur pays de bêtes inconnues, de plantes mystérieuses, de papillons féeriques, d’oiseaux rares, de brins d’herbes manquant à des herbiers. Un peu de leur âme héroïque, simple et charmante, flotte sur ce beau jardin dont quelqu’un disait : « C’est un paradis terrestre un peu vieilli : fleurs, bêtes et gens ; il y a même le serpent, et l’on y cueille des pommes inoffensives ».

Taine écrivait en 1849 à Paradol : « J’étais hier au Jardin des Plantes ; je regardais dans un endroit isolé un monticule couvert d’herbes des champs, vertes, jeunes, non cultivées, fleuries ; le soleil brillait au travers et je voyais cette vie intérieure qui circule dans ces minces tissus et dresse les tiges drues et fortes ; le vent soufflait et agitait toute cette moisson de brins serrés d’une transparence et d’une beauté merveilleuses… et j’ai senti mon cœur battre !… »

L’étroitesse des rues de Paris jusqu’au XIXe siècle, la difficulté des voyages, le peu d’élévation des maisons empêchaient les vues d’ensemble, les longues perspectives ; or le Jardin des Plantes possédait un labyrinthe, aussi ce labyrinthe, surmonté d’un belvédère, était-il, dès le XVIIIe siècle, assiégé, les jours de fête : les Parisiens découvraient Paris ! on se signalait Vincennes avec son donjon et ses tours carrées, le Père-Lachaise, les coteaux de Meudon, les ondulations de la Seine, les lointains bleus de Gentilly…

Le labyrinthe existe encore et le spectacle n’a pas varié : la foule échange à la même place les mêmes exclamations qu’aux siècles derniers !… Un public bon enfant, confondu dans le plus amusant pêle-mêle, continue à s’esclaffer aux gambades des singes, aux plongeons des otaries, aux bâillements énormes de l’hippopotame ; l’éléphant persiste à engloutir des kilos de petits pains et le chameau promène ses yeux doux et bridés sur un petit monde admiratif et joyeux ! Devant les sinistres cages, trop sombres, trop étroites, indignes de Paris, où sont prisonniers les grands félins, c’est une stupeur ; et d’odieux imbéciles agacent d’un grotesque parapluie l’animal captif qui se meurt d’étisie derrière des grilles noires.

images (8)Au muséum d’anthropologie, la foule défile, intimidée, parlant plus bas, devant ces successions de squelettes, ces ostéologies bizarres et compliquées, et ce troupeau d’ignorants nous rappelle une stupéfiante réponse faite il y a vingt ans au peintre Vibert par un vieux modèle :

— Venez travailler demain dimanche, père Sauvage, j’aurai besoin de vous pour achever mon tableau.

— Impossible, monsieur Vibert, demain je vais avec les enfants voir mon grand-père.

— Votre grand-père ? Quel âge avez-vous donc ?

— Soixante-dix-sept ans.

— Et vous avez encore votre grand-père ?

— Mais oui… au Jardin des Plantes… Il est squelette… pas loin de l’assassin de Kléber… Sauvage le Marin… Alors tous les mois je vais le voir avec mes petits-fils. Oh ! les gardiens nous connaissent, ils nous disent : « Vous venez pour le grand-père ; il est toujours-là, dans la pièce à côté ! »

De grands et vastes bâtiments contiennent d’admirables collections, présentées avec un ordre merveilleux par le savant directeur M. E. Périer, des évocations d’un autre âge, des mammouths, des bolides… Mais les amoureux du Passé regretteront toujours les adorables petites pièces Louis XV aux plafonds tapissés de crocodiles empaillés, de poissons volants, d’espadons, où se classaient les anciennes collections du « Jardin du Roi ».

Quelle intimité discrète et charmeuse ! Quel cadre idéal que ces fines boiseries grises si délicatement ouvragées ; on y admirait les plus beaux lépidoptères de tous les pays, depuis les fulgurants papillons aux éclats métalliques des Grandes Indes et des Amériques jusqu’aux phalènes de Fontainebleau qui ressemblent à des feuilles mortes jaunies et desséchées ; on y rencontrait le « grand sphynx à tête de mort » comme le minuscule papillon bleu de nos prairies de France ! Le temps avait comme poudré et légèrement terni l’éclat merveilleux de leurs colorations premières, et cela valait mieux ainsi : trop éclatants, ils auraient détonné dans ce milieu un peu vieillot, et c’était un charme de plus que d’admirer ces joyaux de l’air si légèrement recouverts d’un rien de la poussière du Passé !…

Mais le soir tombe : les rires d’enfants et les chants d’oiseaux s’éteignent ; on perçoit au loin le rugissement plaintif d’un grand félin prisonnier, une tourterelle sauvage regagne hâtivement son nid enfoui dans les branches d’un marronnier rose ; l’air est comme embaumé ; toutes les fleurs de tous les arbres exhalent vers les premières étoiles leurs derniers souffles parfumés, et la nuit bleue descend sur le Jardin qui s’endort…

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Il était une fois la reine des reinettes

Posté par francesca7 le 12 septembre 2014

 

 

téléchargementDepuis des millénaires, la pomme satisfait notre gourmandise. Elle est aussi un allié santé. Ma préférée : la reine des reinettes.

Avec la pomme, nous sommes à la fois dans un livre des records et un conte de fées. Dans la gourmandise absolue et l’abécédaire du bien-être. On en trouve partout, de toutes sortes et en toutes saisons. D’août à octobre, n’hésitez pas, choisissez la reine des reinettes et régalez-vous. 

Ses records : la pomme est le troisième fruit le plus consommé au monde, après les agrumes et la banane. En France, elle est numéro 1. Il en existe plus de 20 000 variétés et tous les camaïeux, du vert « pomme » au rouge foncé, en passant par les panachés de jaune et orangé.

Son conte de fées commence au néolithique sur les plateaux d’Asie centrale où l’homme la croquait déjà. Elle a ensuite traversé les siècles, les déserts et les océans. Consommée en Chine (qui en est aujourd’hui le plus grand producteur au monde) il y a trois mille ans, elle emprunte la route de la Soie, fait halte chez les Arabes, les Grecs puis les Romains. Elle est adoptée partout.

La pomme satisfait à merveille notre gourmandise : en France, marchés et supermarchés en proposent une bonne quinzaine de variétés selon les saisons, de la plus consommée (la golden) à la moins courtisée (la grany). Je les aime toutes : gala, pink lady, boskoop, canada, chantecler… Mais en automne, la reine du goût est la reinette. Légèrement acidulée, avec un arôme de miel, elle est parfaite à croquer, compoter, cuisiner ou pâtisser. Et lorsqu’elle s’efface, en octobre, je recommande, pour toute tarte ou compote, de mélanger trois variétés pour tenter d’approcher la saveur de la reine des reinettes.

« Une pomme chaque matin éloigne le médecin. » Ce dicton est confirmé par la science, la pomme se révélant une véritable source de forme et de bien-être. Sa vitamine C (surtout dans la peau), ses fructoses et glucides, assimilables lentement par l’organisme, en font l’aliment idéal des sportifs – et donc de nous tous. Ses vertus thérapeutiques entraient même dans la composition d’onguents. Ainsi, le mot « pommade » vient-il du mot « pomme ». 

Et les pesticides alors ? La pomme est moins affectée que d’autres fruits, tels le raisin ou la fraise. La législation européenne impose en effet un délai entre le dernier traitement et la mise sur le marché pour favoriser l’élimination des produits de traitement. Mon conseil : lavez-la bien (quand elle est non bio) avant de la croquer. David Servan-Schreiber la nettoyait au savon…

Et juste avant de vous mettre aux fourneaux pour préparer ce délicieux dessert, une dernière révélation : si votre anniversaire tombe le 22 octobre, vous êtes né(e) le jour de la pomme, selon le calendrier républicain français. Une fête de plus ! 

 La Reine des reinettes est une variété de pomme remontant au moins au xviiie siècle.

La Reine des Reinettes — dont le nom primitif paraît avoir été Kroon Renet, signifiant ‘Reinette de la Couronne’ en néerlandais — est née vers 1770. La Hollande, où depuis longtemps on cultive plusieurs variétés de pommes Kroons, est regardée par le pomologue allemand Adrian Diel comme le pays originaire de celle-ci, qu’il décrivit en 1802. Il l’avait reçue de La Haye sous l’étiquette Kroon Renet.

En anglais, il semble que la variété s’appelle Queen of the pippin, variété distincte de King of the pippin, même si les deux sont souvent confondues.

Elle est aujourd’hui une des variétés préférées des amateurs de pommes.

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Monde d’intrigues à Versailles

Posté par francesca7 le 10 septembre 2014

rites

Le fastueux François 1er avait succédé à l’économe Louis XII. Il lui fallait de l’or monnayé pour entretenir sa cour, construire Chambord et Fontainebleau, et mener sa coûteuse politique étrangère : aussi imagina-t-il de vendre les « offices », les fonctions, au plus offrant. Sous Henri II, son fils, le mouvement s’accentua. On vit bientôt la création des offices de « jurés-goûteurs de beurre salé » et de « contrôleurs du grenier à sel ». Peu à peu à la Cour, les rois conçurent ce procédé ingénieux et lucratif : leurs officiers serviraient par quartier, c’est-à-dire par trimestre, ce qui multiplierait les ventes de charges par quatre, opération fructueuse pour le Trésor, mais à la longue pesante pour le royaume.

Les menus officiers étaient donc innombrables ; jaloux de leurs charges et de leurs privilèges — ils avaient payé très cher l’honneur d’être là — ils ne levaient pas le petit doigt pour accomplir une tâche qui n’aurait pas été dans leurs attributions. Ce qui était vrai sous Louis XIV, s’avérait encore sous le règne de Louis XV, son arrière-petit-fils. Lorsque ce dernier reçut en 1757 le « coup de canif » de Damien, il y eut dispute entre la cuisine-bouche et l’apothicairerie pour savoir qui préparerait le bouillon pour le roi blessé ; chacun rejetait sur l’autre la responsabilité de le servir… et le « Bien-Aimé » se passa de bouillon !

La « mécanique royale » — le mot est de Saint-Simon — commençait à s’enclencher à huit heures et demie du matin, lorsque le valet de chambre en quartier éveillait le monarque. Les huissiers introduisaient alors les « petites entrées » pour le petit lever, les « grandes entrées » pour le grand lever. Le roi se lavait et s’habillait en public (les ablutions de Louis XIV étaient rapides).

Après la grand-messe chantée, le roi recevait un à un ses ministres, à moins qu’il ne tînt grand conseil. Le Roi-Soleil dînait (déjeunait) seul dans son antichambre ou dans sa chambre. Le cortège de la « viande du roi », salué par les roulements des tambours des cent-suisses, venait de ses cuisines personnelles situées au bout de l’aile du midi ; le puissant souverain, esclave de l’Etiquette qu’il avait instituée, mangeait le plus souvent froid. Louis XIV fit installer des « chauffoirs » sur sa table, puis il ordonna d’aménager des cuisines plus fonctionnelles près de sa salle à manger.

Il fallait l’intervention de quatre officiers pour servir à boire au souverain. Un échanson faisait l’« essay » avant qu’il ne but (l’officier absorbait quelques gouttes de vin pour s’assurer qu’il n’était pas empoisonné ; vieille précaution médiévale).

Après la chasse quotidienne et de nouvelles audiences, le roi, ayant soupé, ouvrait trois fois par semaine ses grands salons aux courtisans ; il donnait l’« appartement » (une réception). Puis il se couchait suivant des rites aussi compliqués que ceux qui avaient marqué le début de la matinée. Un vieux duc goutteux s’appuyait sur la balustrade qui, dans la chambre du monarque, séparait ce dernier du commun des mortels.

« Monsieur, lui dit l’huissier indigné, vous profanisez la chambre du roi ! – Monsieur, lui répondit plaisamment le grand seigneur, je préconerai votre exactitude ! » Certains très humbles serviteurs, côtoyant le roi chaque jour, étaient plus favorisés que d’autres. Louis XIV, qui ne passait jamais devant une femme de chambre sans toucher son chapeau, aimait à faire causer l’un de ses porteurs de chaise, dont il appréciait le langage imagé. Mais il se fâcha, lorsque le maladroit, soudoyé par un abbé, voulut solliciter une faveur pour l’ecclésiastique. Il ne lui pardonna qu’en lui faisant promettre de ne plus recommencer.

Que de fonctions pittoresques ne rencontrait-on pas à Versailles ! Le prince e Condé avait son « gouverneur des canaris », les rois de France avaient leur capitaine des levrettes, qui avait soin des bichons et des carlins pour lesquels le grand Roi avait une prédilection particulière.

fonctionsCes animaux familiers logeaient dans des niches tendues de velours dans le « cabinet aux chiens » proche de la chambre du roi. Louis XIV leur donnait lui-même du biscuit deux fois par jour. Le porte-arquebuse – c’était sous Louis XIV le sieur Antoine, un vieux serviteur — assistait le capitaine des levrettes et prodiguait lui aussi ses soins aux petits « chiens damerets ». Mais sa principale charge était d’entretenir les fusils du monarque ; Louis XIV excellait dans la chasse à tir.

Autres officiers indispensables, les porte-chaises d’affaires ; ils étaient chargés d’entretenir le petit endroit où le roi satisfaisait les besoins de la nature. Louis XVI en avait deux ; l’un exerçait, quand il n’était pas en charge, le métier d’apothicaire à Versailles, nous apprend le comte d’Hézecques. Beaucoup d’officiers, hors quartier, avaient une seconde profession.

Les Heiduques, valets costumés à la hongroise, appartenaient aussi au service de la chambre. Ils couraient devant le carrosse du roi pour l’annoncer. La chapelle, placée sous les ordres du grand aumônier était un service privilégié, c’était un grand honneur que d’y être choriste ou violon.’ Les sommeliers s’occupaient du vin de messe et de l’entretien des vases sacrés. Les ciergiers fournissaient les cierges comme leur nom l’indique. La « Bouche », divisé en panetteriebouche, gobelet-échansonnerie, cuisine, etc… comptait sous Louis XIV et Louis XV 400 officiers, tels les hâteurs de rôts, les coureurs de vin et les tournebrochiers. Mirabeau cite la plaisante anecdote du « commensal-crieur-juré-à-boire-au-roi ». A la veille de la Révolution, ce service, pourtant simplifié, engloutissait 2 900 000 livres annuels.

 

http://www.histoire-en-questions.fr

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crieurs de rues et mendiants

Posté par francesca7 le 10 septembre 2014

gastronomie-mendiants

Dès que les portes de la ville s’ouvrent, on entend dans les rues : Qui veut du bon lait ? », le cri de la laitière, portant son pot à lait sur la tête. 

Dès l’aube également, les bains publics fonctionnent, et des valets parcourent les rues pour en faire la réclame :
 » Allez tous, les bains sont chauds ! » Ces étuves médiévales ont d’ailleurs une double fonction, servant à ,la fois A l’hygiène publique ; (contrairement A une idée répandue, on se lave au Moyen Age) , et à la prostitution. 

On rencontre enfin le crieur de vin, métier spécifique à Paris. Régulièrement inscrit à la Municipalité, un crieur de vin a le droit de se présenter à un tavernier de son choix, qui lui donne un pichet de vin. Le pichet dans une main, un gobeà-let dans l’autre, il s’en va faire goûter ce vin, en précisant le prix et le nom de la taverne.

C’est dans l’après-midi que commence le colportage du poisson, des fruits et des légumes, car ces denrées doivent d’abord transiter par les halles, où les autorités en contrôlent la qualité et prélèvent les taxes. On reconnaît alors les cris des maraîchers venus de banlieue vanter les raves de La Courneuve ou les pêches de Corbeil.

La nuit met fin, bien sûr, aux cris de la rue, à l’exception d’un seul, étonnant et typiquement parisien : celui du marchand d’oublies. Cette pâtisserie légère se mange après le souper et, chaque soir, des oublieurs parcourent la ville, avec un panier d’osier et une lanterne en s’écriant :  » Oublie ! Oublie !  » Les Parisiens l’appellent depuis les fenêtres, et l’oublieur monte dans les maisons, où il joue ses gâteaux aux dés. S’il gagne, il les vend très cher ; s’il perd, il les offre. Dans tous les cas, il doit souhaiter la bonne nuit à ses clients, en leur chantant une chanson grivoise.

Paris abrite enfin une foule de mendiants et de quêteurs religieux tout aussi bruyants. Les antonins se re-connaissent au :  » N’y a-t-il rien pour les pourceaux de Saint-Antoine ? «  

Ce cri extraordinaire a une longue histoire. En 1131, dans une rue de Paris, le fils aîné de Louis VI le Gros tombe de cheval et se tue à cause d’un cochon. Une ordonnance royale interdit désormais de laisser divaguer les porcs dans la ville, mais le prieuré du Petit-Saint-Antoine obtient le privilège de continuer à y faire paître ses pourceaux. C’est en leur nom que les moines quêtent.

Les textes qui transcrivent les cris intègrent le boniment des marchands et nous donnent ainsi une idée du parler de la rue, de la gouaille parisienne. Cet humour prend mille visages, commencer par le plus simple calembour. Le marchand d’oublies crie qu’« il ne doit pas être oublié ». Le marchand d’amandes, parodiant les prédicateurs populaires, crie : « Amendez-vous ! Amendez-vous ! » et d’ajouter: « Amande douce, amande ! »

Et comme on aime la gauloiserie, on prête des vertus étonnantes A des produits de base : . Artichaut, artichaut/ C’est pour monsieur et pour madame/ Pour réchauffer le corps et l’âme/ Et pour avoir le cul plus chaud ! Ou encore : . Du doux, du doux pour les filles/ Pour les faire pisser roide /il guérit des hémorroïdes… 

Même la camomille, utilisée pour des huiles de bain, permet des astuces : . Camomille est fort honneste/ A mettre au bain de ses pucelles Pour leur laver le cul et teste/ C’est une herbe, la nonpareille ! 

Quant au ramoneur, son cri, en apparence innocent ( A ramo-ner vos cheminées !), a pris une connotation obscène, et il l’adresse surtout aux femmes…

 

 

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La confiscation des biens au moyen âge

Posté par francesca7 le 10 septembre 2014

 

inquisition-confiscationLes 13 et 20 avril 1233, le pape annonce à tous les prélats de France qu’il a choisi pour combattre l’hérésie, les Frères dominicains à qui il a conféré une autorité sans limite en dehors du pouvoir temporel.

Une peine fréquemment appliquée était celle du fouet. Elle l’était surtout aux femmes dans le but de les faire avouer, et elle prenait place alors dans le grand système des contraintes. Elle pouvait être aussi appliquée à titre de pénitence. Le coupable était fouetté publiquement les dimanches et jours de fête entre l’Epître et l’Évangile, après le prône ou le chant de l’Offertoire; il se présentait au célébrant, un cierge à la main, des verges dans l’autre. Il offrait le cierge, s’agenouillait et recevait le fouet.

Le pénitent devait prêter aide et assistance aux inquisiteurs, dans la répression de l’hérésie et la capture des hérétiques. Le loup était devenu un chien et, traité comme un chien, poursuivait les loups.

Les peines pécuniaires — amendes, confiscation — procuraient à l’Inquisition d’abondantes ressources, surtout les confiscations faites au profit du roi ou de l’Église, et dans ce dernier cas, au profit d’oeuvres pieuses, églises, couvents, hospices.

L’hérétique endurci ou le relaps, même s’il avait échappé au bûcher, et qu’il vécût emprisonné et pénitent, le « croyant » par exemple, perdait tout. De même, celui qui ne répondait pas à la citation de l’inquisiteur, contumace par conséquent.
Le condamné — même réconcilié avec l’Églïse — était frappé en vertu des bulles pontificales et notamment des dispositions de Grégoire IX, d’incapacité quant aux charges ecclésiastiques et civiles. Au Moyen Age, l’incapacité frappait même le descendant du condamné jusqu’à la deuxième génération en ligne paternelle et Jusqu’à la première seulement en ligne maternelle. Cependant, on verra des hérétiques devenir inquisiteurs. C’est qu’ils avaient donné des gages et continuaient d’en donner.

L’inquisiteur restait maître de remettre ou de commuer toute peine, même la peine capitale. Les remises absolues et perpétuelles n’avaient jamais lieu. La menace subsistait au-dessus de l’homme lâché à demi et comme tenu à la corde. En prison, il fallait rendre des services, dénoncer des évadés, servir de mouton. Moyennant quoi, il arrivait qu’on fût libéré. Mais l’insigne d’ignominie, le marteau, était toujours là, menaçant. Si l’inquisiteur pouvait n’en pas exiger le port, il pouvait, à tout instant, exiger de l’homme qu’il le prît ou le reprît pour sa honte.

L’erreur serait cependant de croire que tous ces juges ainsi pourvus d’une autorité quasi sans limite étaient impitoyables. Il arrivait que l’inquisiteur fût relativement indulgent, cela dépendant beaucoup du danger couru par l’Église. Selon Henri Charles Leu (Histoire de l’Inquisition au Moyen Agel, dans le registre de ses sentences, de 1246 à 1248, on ne trouve pas un seul cas d’un coupable. Il s’en tenait’ à la prison, perpétuelle ou non. Sans doute, l’époque du grand péril hérétique était passée. Il arrivait d’ailleurs que les fonctionnaires royaux ne tenaient pas compte de la sentence adoucie, et quand l’homme leur était « abandonné », le brûlaient pour aller au plus court. La vie humaine avait alors peu de prix.

En 1234, le jour de la canonisation de saint Dominique, un fait horrible se passe à Toulouse. L’évêque vient de célébrer la messe en l’honneur de cette canonisation; il va passer au réfectoire avec les frères. On lui dit qu’on se prépare à brûler, une vieille femme infirme, qui est au lit, avec la fièvre. L’évêque et le prieur, par scrupule, veulent se rendre compte par eux-mêmes de la chose. Ils vont chez l’infirme, s’approchent d’elle et l’interrogent. 

Celle-ci, prenant l’évêque orthodoxe pour celui des cathares, confesse sa foi. L’évêque se fait reconnaître pour ce qu’il est, orthodoxe et non cathare. La vieille infirme persévère. Ainsi convaincue d’hérésie, elle est livrée au vicaire du comte (bras séculier) qui la fait transporter sur l’heure au Pré-le-Comte où elle est brûlée dans son lit. Après cela, l’évêque, les frères et les inquisiteurs s’en vinrent au réfectoire et mangèrent avec joie ce qui était préparé, rendant grâces à Dieu et au bienheureux Dominique

http://www.histoire-en-questions.fr

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les Parisiens découvrent les bacs à sable

Posté par francesca7 le 10 septembre 2014

Il y a cent ans : les Parisiens découvrent les bacs à sable

Tous les week-ends, Le Figaro explore ses archives de l’année 1914. Le 4 juillet, le journal explique à ses lecteurs le principe et les vertus de cette nouvelle attraction pour les enfants.

Enclos de sable pour enfants

Article paru dans le Figaro du 4 juillet 1914.

Enfants

Nos édiles songent aux petits enfants qui jouent dans les squares et les promenades. Ils savent que de dix-huit mois à quatre ans, l’enfance ne recherche guère d’autres jeux que ceux dont le sable fait tous les frais. Ils ont lu cela dans une communication émanant d’un groupement, à la tête duquel est placé le docteur Lesage, médecin des hôpitaux.

M. Ambroise Rendu qui a promis son appui à ceux qui s’intéressent aux enfants, propose maintenant à ses collègues de doter les jardins, les promenades et les terrains libres de tas de sable propre et d’établir, à proximité de ce sable, des bancs assez bas pour que les bébés puissent s’asseoir ailleurs que sur le sol humide, ainsi que d’autres bancs plus grossiers et moins bas, destinés à recevoir les petits pâtés.

Les enfants et les sables seraient protégés au moyen d’un léger treillage, formant une sorte d’enclos.

Le sable aurait une teinte spéciale, de telle sorte qu’on ne pourrait le confondre avec le sable |de la voie publique.

Les enclos de sable projetés sans profondeur ne ressembleront donc pas aux sablières profondes qui existent déjà dans plusieurs promenades, notamment au Palais-Royal et au Jardin des Plantes.

Ces sablières ont servi d’expérience. On améliorera le système. Il est également question de construire de nombreux abris contre la pluie dans les principaux squares et jardins de Paris.

 

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L’EXPRESSION SABLER LE CHAMPAGNE

Posté par francesca7 le 7 septembre 2014

 

 

Ce vieux Crésus, en sablant le champagne

Gémit des maux qui souffre la campagne

 

dit Voltaire, ironiquement. A propos, pourquoi ce curieux « sablage » ? On n’a nullement l’impression en portant sa coupe aux lèvres de se livrer à une opération technique particulière… 

téléchargement (3)On emploie cette expression depuis le début du XVIIIè siècle. Elle signifie simplement avaler d’un trait le contenu de son verre, autrement dit faire « cul-sec ». L’explication traditionnelle veut que l’on compara ainsi le vin pétillant à un métal en fusion que l’on coule en une fois dans un moule de sable, opération qui s’appelle proprement sabler. 

J’aime assez toutefois cette tradition des buveurs du XVIIIè que rapporte Littré, selon laquelle on saupoudrait préalablement de sucre fin la flûte à champagne après l’avoir embuée d’un souffle. Cela faisait, paraît-il mousser le vin davantage. Il fallait l’avaler d’un seul trait. Il est à noter que les deux explications ne s’excluent nullement et que l’on peut aisément vérifier l’exactitude de la seconde…  

Beaucoup moins courant est l’expression sabrer le champagne, parce qu’elle se réfère à une pratique apparemment peu connue, quoique joliment spectaculaire. En effet, au lieu d’installer un suspense douteux avec le fameux bouchon en forme de cèpe qui n’en finit pas de se décoller, il existe une méthode originale de débouchage pour gens pressés. ll suffit de décrocher tranquillement un sabre de cavalerie, d’en poser la lame bien à plat sur le fil de la bouteille et de la faire glisser d’un vigoureux coup de poignet. L’extrémité du goulot casse net, emportant collerette, fil de fer et bouchon… Il ne reste plus qu’à sabler vivement. 

J’ignore d’où vient exactement ce geste de cosaque. Je croirais volontiers qu’il est né spontanément dans les caves crayeuses de Champagne au cours des célèbres pillages qui ont accompagné les diverses invasions de cette partie de la France. 1815 ? 1870 ? 1914 ?… On a le choix. 

En tout cas le champagne doit être frais. Et si par hasard vous n’aviez pas un sabre sous la main lors de votre prochaine célébration, sachez qu’un fort couteau de cuisine fera parfaitement l’affaire.

 

EXTRAIT de LA PUCE A L’OREILLE de Claude Duneton – Editions Stock 1973 – Anthologie des expressions populaires avec leur origine. 

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