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Les Filous de Sade

Posté par francesca7 le 27 septembre 2014

 

200px-Marquis_de_Sade_prisonerDonatien Alphonse François de Sade

 Il y a eu de tous les temps à Paris une classe d’hommes répandue dans le monde, dont l’unique métier est de vivre aux dépens des autres : rien de plus adroit que les manœuvres multipliées de ces intrigants, il n’est rien qu’ils n’inventent, rien qu’ils n’imaginent pour amener soit d’une façon, soit d’une autre, la victime en leurs maudits filets ; pendant que le corps d’armée travaille dans la ville, des détachements voltigent sur les ailes, s’éparpillent dans les campagnes et voyagent principalement dans les voitures publiques ; cette triste exposition solidement établie, revenons à la jeune novice que nous allons bientôt pleurer de voir en d’aussi mauvaises mains. Rosette de Flarville, fille d’un bon bourgeois de Rouen, à force de sollicitations venait enfin d’obtenir de son père d’aller passer le carnaval à Paris auprès d’un certain M. Mathieu son oncle, riche usurier, rue Quincampoix. Rosette, quoique un peu niaise, avait pourtant dix-huit ans faits, une figure charmante, blonde, de jolis yeux bleus, la peau à éblouir, et une gorge sous un peu de gaze annonçant à tout connaisseur que ce que la jeune fille tenait à couvert valait bien au moins ce qu’on apercevait… La séparation ne s’était pas faite sans larmes : c’était le premier soir que le bon papa quittait sa fille ; elle était sage, elle était très en état de se conduire, elle allait chez un bon parent, elle devait revenir à Pâques, tout cela devenait sans doute des motifs de consolation, mais Rosette était bien jolie, Rosette était bien confiante et elle allait dans une ville bien dangereuse pour le beau sexe de province y débarquant avec de l’innocence et beaucoup de vertu. Cependant la belle part, munie de tout ce qu’il lui faut pour briller à Paris dans sa petite sphère, et de plus d’une assez grande quantité de bijoux et de présents pour l’oncle Mathieu et les cousines ses filles ; on recommande Rosette au cocher, le père l’embrasse, le cocher fouette, et chacun pleure de son côté ; mais il s’en faut bien que l’amitié des enfants soit aussi tendre que celle de leurs pères : la nature a permis que les premières trouvassent dans les plaisirs dont ils s’enivrent, des sujets de dissipation faits pour les éloigner involontairement des auteurs de leurs jours et qui refroidissent dans leur cœur les sentiments de tendresse, plus isolés, plus ardents, et bien autrement sincères dans l’âme des pères et des mères touchant à cette fatale indifférence qui les rendant insensibles aux anciens plaisirs de leur jeune âge, fait qu’ils ne tiennent plus pour ainsi dire qu’à ces objets sacrés qui les revivifient.

Rosette éprouva la loi générale, ses larmes furent bientôt séchées, et ne s’occupant plus que du plaisir qu’elle se faisait de voir Paris, elle ne tarda pas à faire connaissance avec des gens qui y allaient et qui semblaient le connaître mieux qu’elle. Sa première question fut de savoir où était la rue Quincampoix.
— C’est mon quartier, mademoiselle, répond un grand drôle bien bâti qui, tant à cause de son espèce d’uniforme, et de la prépondérance de son ton, tenait les dés dans la société cahotante.
— Comment, monsieur, vous êtes de la rue Quincampoix ?
— Il y a plus de vingt ans que je l’habite.
— Oh ! si cela est, dit Rosette, vous connaissez donc bien mon oncle Mathieu.
— Monsieur Mathieu est votre oncle, mademoiselle ?
— Assurément, monsieur, je suis sa nièce ; je vais pour le voir, je vais passer l’hiver avec lui et avec mes deux cousines Adélaïde et Sophie que vous devez bien connaître aussi sans doute.
— Oh ! si je les connais, mademoiselle, et comment ne connaîtrais-je pas et M. Mathieu qui est mon plus proche voisin, et mesdemoiselles ses filles de l’une desquelles par parenthèse, je suis amoureux depuis plus de cinq ans.
— Vous êtes amoureux d’une de mes cousines, je gage que c’est de Sophie.
— Non, vraiment, c’est d’Adélaïde, une figure charmante.
— C’est ce qu’on dit dans tout Rouen, car pour moi je ne les ai jamais vues, c’est pour la première fois de ma vie que je vais dans la capitale.
— Ah ! vous ne connaissez pas vos cousines, mademoiselle, et ni M. Mathieu non plus sans doute.
— Eh mon Dieu non, M. Mathieu quitta Rouen l’année que ma mère accoucha de moi, il n’y est jamais revenu.
— C’est un bien honnête homme assurément et qui sera bien enchanté de vous recevoir.
— Une belle maison, n’est-ce pas ?
— Oui, mais il en loue une partie, il n’occupe que le premier appartement.
— Et le rez-de-chaussée.
— Sans contredit, et même quelque chambre en haut, à ce que je crois.
— Oh ! c’est un homme bien riche, mais je ne lui ferai pas déshonneur : tenez, voyez, voilà cent beaux doubles louis que mon père m’a donnés pour me vêtir à la mode afin de ne pas faire honte à mes cousines, et de jolis présents que je leur porte aussi, tenez, voyez-vous ces boucles d’oreille, elles valent bien cent louis au moins, eh bien, c’est pour Adélaïde, c’est pour votre maîtresse ; et ce collier qui va bien pour le moins au même prix, c’est pour Sophie ; ce n’est pas tout, tenez, voyez cette botte d’or avec le portrait de ma mère, on nous l’estimait encore hier plus de cinquante louis, eh bien, c’est pour mon oncle Mathieu, c’est un présent que mon père lui fait. Oh ! je suis bien sûre qu’en hardes, en argent ou en bijoux, j’ai pour plus de cinq cents louis sur moi.

— Vous n’aviez pas besoin de tout cela pour être bien venue de M. votre oncle, mademoiselle, dit le filou lorgnant la belle et ses louis. Il fera bien sûrement plus de cas du plaisir de vous voir que de toutes ces fadaises.
— Eh n’importe, n’importe, mon père est un homme qui fait bien les choses, et il ne veut pas qu’on nous méprise parce que nous habitons la province.
— En vérité, mademoiselle, on a tant de plaisir dans votre société que je voudrais que vous ne quittassiez plus Paris, et que M. Mathieu vous donnât son fils en mariage.
— Son fils, il n’en a point.
— Son neveu, veux-je dire, ce grand jeune homme…
— Qui, Charles ?
— Justement, Charles, parbleu le meilleur de mes amis.
— Quoi, vous avez aussi connu Charles, monsieur ?
— Si je l’ai connu, mademoiselle, je fais bien plus, je le connais encore, et c’est uniquement pour l’aller voir que je fais le voyage de Paris.
— Vous vous trompez, monsieur, il est mort ; j’étais destinée à lui dès son enfance, je ne le connaissais pas, mais on m’avait dit qu’il était charmant ; la manie du service lui a pris, il a été à la guerre et il y a été tué.
— Bon, bon, mademoiselle, je vois bien que mes désirs se réaliseront ; soyez-en sûre, on veut vous surprendre : Charles n’est point mort, on le croyait, il y a six mois qu’il est revenu, et il m’écrit qu’il va se marier ; d’une autre part on vous envoie à Paris, n’en doutez pas, mademoiselle, c’est une surprise, dans quatre jours vous êtes la femme de Charles, et ce que vous portez ne sont que des présents de noces.

— En vérité, monsieur, vos conjectures sont pleines de vraisemblance ; en réunissant ce que vous me dites à quelques propos de mon père qui me reviennent à présent, je vois qu’il n’y a rien de si possible que ce que vous prévoyez… Quoi, je me marierais à Paris… je serais une dame de Paris, oh, monsieur, quel plaisir ! Mais si cela est, il faut que vous épousiez Adélaïde au moins, je ferai tant que j’y déterminerai ma cousine et nous ferons des parties carrées.

Telles étaient pendant la route les conversations de la douce et bonne Rosette avec le fripon qui la sondait, se promettant bien d’avance de tirer un bon parti de la novice qui se livrait avec tant de candeur : quel coup de filet pour la bande libertine, cinq cents louis et une jolie fille, qu’on dise quel est celui des sens qui n’est pas chatouillé d’une telle trouvaille. Dès qu’on approcha de Pontoise :

— Mademoiselle, dit l’escroc, il me vient une idée, je m’en vais prendre ici des chevaux de poste afin de vous devancer chez M. votre oncle et de vous annoncer à lui ; ils viendront tous au-devant de vous, j’en suis sûr, et vous ne serez pas isolée au moins en arrivant dans cette grande ville.

Le projet s’accepte, le galant monte à cheval et se dépêchant d’aller prévenir les acteurs de sa comédie, quand il les a instruits et prévenus tous, deux fiacres amènent à Saint-Denis la prétendue famille ; on descend à l’auberge, l’escroc se charge des présentations, Rosette trouve là M. Mathieu, le grand Charles arrivant de l’armée et les deux charmantes cousines ; on s’embrasse, la Normande remet ses lettres, le bon M. Mathieu verse des larmes de joie en apprenant que son frère est en bonne santé, on n’attend pas à Paris à distribuer les présents, Rosette trop empressée de faire valoir la magnificence de son père se hâte aussitôt de les prodiguer, nouvelles embrassades, nouveaux remerciements, et tout s’achemine vers le quartier général de nos filous qu’on fait prendre à la belle pour la rue Quincampoix. On débarque dans une maison d’assez belle apparence, Mlle Flarville est installée, on porte sa malle dans une chambre, et l’on ne pense plus qu’à se mettre à table ; là l’on a soin de faire boire la convive jusqu’à lui troubler la cervelle : accoutumée à ne s’abreuver que de cidre, on lui persuade que le vin de Champagne est le jus des pommes de Paris, la facile Rosette fait tout ce qu’on veut, enfin la raison se perd ; une fois hors d’état de défense on la met nue comme la main, et nos filous bien assurés qu’elle n’a plus autre chose sur le corps que les attraits que lui prodigua la nature, ne voulant pas même lui laisser ceux-là sans les flétrir, s’en réjouissent à cœur joie pendant toute la nuit ; contents enfin d’avoir eu de cette pauvre fille tout ce qu’il était possible d’en tirer, satisfaits de lui avoir ravi sa raison, son honneur et son argent, ils la revêtent d’un mauvais haillon, et avant que le jour ne paraisse, ils vont la déposer sur le haut des marches de Saint-Roch.

alt=Description de cette image, également commentée ci-aprèsL’infortunée ouvrant les yeux en même temps que le soleil commence à luire, troublée de l’état affreux où elle se voit, se tâte, s’interroge et se demande à elle-même si elle est morte ou si elle est en vie ; les polissons l’entourent, elle est longtemps leur jouet, on la porte enfin à sa demande chez un commissaire où elle raconte sa triste histoire, elle supplie qu’on écrive à son père, et qu’on lui donne en attendant asile quelque part ; le commissaire voit tant de candeur et d’honnêteté dans les réponses de cette malheureuse créature qu’il la reçoit dans sa maison même, le bon bourgeois normand arrive et après bien des larmes versées de part et d’autre ramène sa chère enfant dans sa maison, qui n’eut, dit-ton, de la vie le désir de revoir la capitale policée de la France.

 

Extrait de Historiettes, Contes et Fabliaux (1788, pub. 1926), numérisation et mise en forme HTML (23 septembre 2000) de T. Selva.

 

 

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Pamphlet sur l’écriture

Posté par francesca7 le 27 septembre 2014

 

 

 
 
téléchargement (7)C’est en 1898, que l’historien Jules Michelet est au faîte de sa gloire, car porté aux nues en raison de sa célèbre Histoire de France et avant que ne soit observé son manque de rigueur, ses approximations et sa propension à écrire une histoire officielle au mépris des faits, qu’Eugène Tavernier, journaliste exerçant au sein de l’Univers et premier secrétaire général du Syndicat des journalistes français lors de sa fondation en 1886, entreprend quant à lui d’en fustiger le style d’écriture, et dénonce une « disposition nécromancienne » préjudiciable à la narration sérieuse du passé

On le célèbre ; on va l’apothéoser dans deux mois ; mais on continuera de ne pas le lire, car il est trop fatigant. Il y a tels livres qui, ouverts au hasard, retiennent l’attention et font oublier la besogne pressante : c’est qu’ils renferment des idées justes, un style naturel, clair et harmonieux. Michelet a un étonnant caractère de trépidation violente et continuelle. Il produit l’effet d’une flamme irrégulière, soudain éblouissante, soudain fumeuse, qui jaillit et qui s’éteint au milieu d’éclats de voix discordants, au milieu de secousses incohérentes. Quelqu’un a dit que sa prose ressemblait aux cris d’une femme en couches Il y aussi des ronflements saccadés et des miaulements aigus. Le maître s’agite comme un névrosiaque en crise perpétuelle. Sans répit, le lecteur sursaute.

 

« L’histoire est une résurrection ! » dit Michelet, d’après Vico, qu’il a traduit et bientôt renié, n’aant conservé de lui que cette formule, répétée sur le ton du triomphe, de la colère, de la joie enfantine, comme un rugissement, comme un murmure, comme une prière, comme un ron-ron rénétique. — Résurrection ! Résurrection ! Comprenez-vous ce mot ? — Assez bien. — Vous avez le devoir de l’entendre très bien : Résurrection. — Soit. — Mais savez-vous ce que signifie Résurrection ? — Il me semble. — Prononcez donc Résurrection. — Résurrection, voilà. — Oh ! ce n’est pas ainsi. Ecoutez : Résurrection ! — Eh ? oui, Résurrection ! — Vous n’y êtes pas du tout. Recommencez. — Ah ! non. Bonsoir.

Ainsi certains artistes, emportés par l’amour du relief, ont la manie d’accentuer à outrance les effets petits ou grands. L’ensemble et le détail se confondent. Il faut que tout soit en relief, même les creux. Michelet n’écrit pas : il évoque. Les historiens ordinaires racontent : lui commande aux peuples, aux héros, aux institutions, aux systèmes, aux éléments ; il les apostrophe et les gourmande : Debout, Celtes, Ibères, Calls, Kymrys, debout Hannibal, Marius, César, Constantin, Clovis, Charlemagne. Paraissez et obéissez. Le maître va vous habiller et vous faire manœuvrer. Ressuscitez donc et laissez-vous conduire. C’est l’heure de la représentation historique. Entrez dans le kaléidoscope.

On s’imagine nécessairement Michelet avec les oripeaux du nécromancien et un chapeau pointu orné d’étoiles. Il tient, au lieu d’une plume, une baguette magique, qu’il plonge dans un feu de Bengale. Fréquemment, le magicien vous fourre le feu de Bengale sous le nez.

Il n’en était pas arrivé là lorsqu’il composait les premiers volumes de son histoire de France, mais la disposition nécromancienne s’y montre déjà. Le style, à la fois tendu et agité, révèle le goût pour les oracles. Ce goût devient vite une passion, qui se transforme en manie impétueuse ; jusqu’à ce que l’écrivain soit, tout entier et sans remède, possédé par une fièvre trépidante et capricante. L’homme avait des manières douces, mais sous cette crème s’était amassé un volcan d’orgueil, qui pendant quarante années ne se reposa point d’être en éruption.

Peu de choses ont été écrites aussi ridicules et aussi lamentables que celles qui remplissent la préface rédigée, en 1869, pour la nouvelle édition de l’Histoire de France : « Cette œuvre laborieuse d’environ quarante ans fut conçue d’un moment de l’éclair de juillet. Dans ces jours mémorables, une grande lumière se fit, et j’aperçus la France.

« Elle avait des annales et non point d’histoire… Nul n’avait pénétré dans l’infini détail des développements divers de son activité… Le premier je la vis comme une âme et comme une personne.

« … La plus sévère critique, si elle juge l’ensemble de mon livre, n’y méconnaîtra pas ces hautes conditions de la vie… Ce qui n’est pas moins rare dans un travail de tant d’années, c’est que la forme et la couleur s’y soutiennent.

« … Je dégageai de l’histoire un fait énorme et trop peu remarqué. C’est le puissant travail de soi sur soi, ou la France, par son progrès propre…

« … Mon livre m’a créé. C’est moi qui fus son œuvre. Ce fils a fait son père.

« … J’étais mon monde en moi.

« … Aujourd’hui… en relisant ce livre, et voyant très bien ses défauts, je dis : On ne peut y toucher.

« … Pour la première fois paraît l’âme de la France…

« … Certains chants de nourrice dont j’avais le secret étaient d’un effet sûr. A l’accent ils (les peuples ensevelis) croyaient que j’étais un des leurs.

« … J’avais posé le premier la France comme une personne…

« … Oh ! d’aurore ! oh ! la douce enfance ! Oh ! la bonne nature naturelle ! quelle santé cela fit en moi, après les dessèchements de ma subtilité mystique !… J’eus un immense accroissement de solidité dans mon art !

« … un art à moi et nouveau.

« … C’est la première fois que l’histoire eut une base sérieuse (1837)

« … Ici encore je suis obligé de le dire, j’étais seul.

« … ce volume neuf et fort.

« … Je plongeai dans le peuple… Moi je sondai les caves où fermenta la Flandre.

« .. . Je fis la Renaissance avec des forces centuplées.

« Quand je rentrai, que je me retournai, revis mon Moyen Age, cette mer superbe de sottises, une hilarité violente me prit et au XVIe, au XVIIe siècle, je fis une terrible fête. Rabelais et Voltaire ont ri dans leur tombeau. »

images (4)Il y a trente-huit pages de ce style. Excepté les fameux accès de solennité vaniteuse dont Victor Hugo nous a donné l’exemple, nous n’avons sans doute rien de pareil dans notre littérature. On pourrait encore cependant citer M. Zola. Michelet et Zola se ressemblent par l’effort démesuré et par la préoccupation de l’effet à outrance. L’un saute et bondit continuellement ; l’autre se traîne à quatre pattes : tous deux assomment le lecteur et ils ont les mêmes incorrections. Ils suppriment souvent la conjonction et lorsqu’elle est nécessaire ; ils faussent le rapport logique des mots ; ils précipitent les métaphores les unes sur les autres, à coups de poing et à coups de pied.

Mlichelet écrit ses premières pages sur les pavés brûlants. Il dit : « je couvai, refis la vie de l’Eglise ».Pourquoi pas et ? à supposer que couver soit ici acceptable. Il entre aux siècles, comme d’autres entrent à l’Académie. Il se flatte d’avoir expliqué comment l’Angleterre et la Flandre « furent mariées par la laine et par le drap » et comme « l’Angleterre but la Flandre ». D’après lui, on tombe à une lumière comme on tombe à une profondeur de quelques mètres. C’est du vrai Zola. Pour Michelet, l’ancienne ville de Gand était « une profonde ruche de combats » ! Il entre « par Louis XI aux siècles monarchiques. »

Il est persuadé que dans ses préfaces et dans ses éclaircissements, on verra « les fondements qui sont dessous ». De sa part, c’est de la modestie de n’avoir point placé les fondements au-dessus. Il dit, comme M. Zola dirait volontiers : « J’ai bu trop d’amertumes. J’ai avalé trop defléaux, trop de vipères et trop de rois. » Avec ce régime, en effet, on ne se fait pas un bon estomac ; et le style, qui s’en ressent comme les idées, devient tout à fait impropre à écrire l’histoire.

Il ne convient pas davantage pour une Bible de l’humanité. Le public est déconcerté quand il entend une espèce de prophète lui décrire ainsi Jérusalem : « Revenant des ombrages immenses de l’Inde et du Ramayana, revenant de l’Arbre de vie, où l’Avesta, le Shah Nameh,me donnaient quatre fleuves, les eaux du Paradis — ici, j’avoue, j’ai soifJ’apprécie le désert, j’apprécie Nazareth, les petits lacs de Galilée. Mais franchement, j’ai soif… Je les boirais d’un coup. »

C’est vraiment bien aimable à Michelet d’apprécier le désert, mais les lecteurs n’apprécient pas cette littérature sibylline et hystérique. Elle leur paraît cocasse. Ils ont soif, à leur tour, soif de tranquillité.

 

(Extrait de « L’Univers », paru en 1898)

 

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Presse pour enfants du XIXe siècle

Posté par francesca7 le 27 septembre 2014

 

 

 
téléchargement (4)Au XIXe siècle et jusqu’au début du suivant, c’est une presse enfantine de qualité, servie par des artistes talentueux et donnant plus tard naissance à une forme de dessins en action dont l’évolution aboutira aux dessins animés de Walt Disney, qui connaît un essor considérable : traduites dans toutes les langues européennes et se répandant sur les cinq continents, les célèbres images Pellerin perdent cependant leur hégémonie, la qualité étant bientôt sacrifiée sur l’autel du seul profit

L’image populaire, généralement appelée image d’Épinal, a tenu lieu de presse enfantine populaire durant tout le XIXe siècle. Certes, à cette époque, ont été publiés de nombreux magazines qui s’adressaient soit à la famille, soit à l’enfance seule, les premières de ces publications connaissant un très grand développement à partir du Second Empire.

Citons parmi les journaux de cette époque la Semaine des Enfantsle Journal des Familles(auxquels collaborèrent des illustrateurs de la valeur de Gustave Doré) et à une époque postérieure le célèbre Magasin d’Éducation et de Récréation fondé en 1862 par l’éditeur Hetzel (écrivain pour l’enfance sous le pseudonyme de P.-J. Stahl) et qui révéla au monde le curieux génie de Jules Verne. Après la guerre de 1870, on vit paraître le Petit Français illustréoù Christophe publia la Famille Fenouillardle Sapeur Camembertle Savant Cosinusle Journal des Voyages avec les romanciers Boussenard et Jacquolliot ; tout à la fin du siècle parut Mon Journal.

Mais toutes ces publications relativement coûteuses s’adressaient beaucoup moins à la totalité des enfants qu’aux seuls lycéens. Les écoliers se contentaient de l’image d’Épinal vendue un sou.

Les origines de l’image se confondent avec les origines de la gravure sur bois à la fin du XIVe siècle. Pendant longtemps l’image populaire s’adressa moins à l’enfance qu’aux paysans et aux artisans, ce, jusqu’au milieu du XIXee siècle. A cette époque l’imagerie, jadis purement artisanale, s’est industrialisée et les imageries sont devenues de véritables fabriques.

En 1845, la fabrique Pellerin d’Épinal compte 100 ouvriers dont 60 enfants. On fabrique plus de 5 millions d’images par an et celles-ci sont vendues par des colporteurs en France et dans le monde entier. Les enfants composent la majeure partie du personnel de la fabrique d’Épinal. Ils sont payés 12 sous par jour, soit moins d’un sou de l’heure. A cause du bas prix de la main-d’œuvre et malgré un outillage très primitif, les images sont vendues très bon marché. En 1845, les plus coûteuses valaient 4 centimes.

La fabrique d’Épinal est dirigée de 1822 à 1854 par Nicolas Pellerin (qui prend la suite de son père Jean-Charles Pellerin) et Germain Vadet. Si d’une part ces patrons intensifièrent la fabrication en l’industrialisant par l’introduction de nouveaux procédés techniques (remplacement des gravures sur bois par des stéréotypies et des lithographies), ils surent aussi orienter définitivement leurs images vers la clientèle enfantine. Sur les 1 100 images publiées par eux durant leurs trente-deux années de direction, plus de 800 s’adressent exclusivement à la clientèle enfantine, et quelques centaines seulement aux adultes, avec des effigies de saints et des tableaux représentant des événements contemporains, des batailles napoléoniennes ou des sujets religieux.

Le grand mérite de Pellerin à cette époque aura été d’inventer (industriellement parlant) ce que nous appelons l’histoire en images. Les histoires en images dont le type fut établi et fixé par Pellerin et Vadet (ils en publièrent 600) comportent au lieu d’un grand tableau (comme cela avait été précédemment la règle), 16 petits carrés expliqués chacun par une légende de 3 ou 4 lignes. Ainsi sont adaptés à l’usage de l’enfance des Contes de PerraultDon Quichotte,Madame Angot et sont créées des histoires nouvelles, au schéma naïf : le Petit désobéissant,le Château de l’Ogrele Bon Sujetl’École réformée, etc.

téléchargement (5)L’invention des histoires en petits carrés légendes est pour l’avenir des lectures enfantines un événement considérable. Avec ce genre d’images d’Épinal naît, en effet, une forme de dessins en action dont l’évolution aboutira plus tard aux dessins animés de Walt Disney. Le type d’histoires en images créé à Épinal sous la Restauration demeura longtemps, à de légères modifications près, le type conservé par la presse enfantine du monde entier. C’est aussi à Épinal que sont nés les soldats à découper en feuilles.

Le succès de la fabrique d’Épinal suscita en France de nombreux imitateurs (Metz, Nancy, Pont-à-Mousson, Strasbourg) et le règne de l’image se poursuivit durant tout le XIXe siècle. L’image française connaît pendant cinquante ans une vogue inouïe dans le monde entier. Les images Pellerin sont traduites dans toutes les langues européennes et elles sont répandues sur les cinq continents comme en témoigne un journaliste du Second Empire :

« Jugez de la joie et de l’étonnement qu’on éprouve en entrant dans la maison de bois du pionnier américain, dans la cabane des nègres de Madagascar, dans le wigwam de l’Indien de la Nouvelle-Ecosse, dans la hutte des Esquimaux, de trouver une image illuminée de jaune et de rouge représentant Geneviève de Brabant, le Juif errant, le Petit Poucet, Napoléon Ier, la Sainte Vierge, l’Enfant Jésus, avec des légendes en langue du pays et de lire en bas de ces papiers enfumés : Imagerie d’Épinal (Vosges) » (H. de la Madeleine, dans Le Temps, 7 avril 1866). Depuis, les pionniers américains prirent leur revanche. L’établissement de l’école laïque gratuite et obligatoire devait, après les années nécessaires à son organisation et à l’approfondissement de son action, modifier du tout au tout la situation de la presse et de la littérature enfantine.

Le jour où la quasi-totalité des Français eurent appris à lire, on connut un développement formidable de la presse et du journal à un sou en même temps que la création d’une littérature dite populaire sur laquelle s’édifia par exemple la fortune de beaucoup d’éditeurs comme celle des Fayard, éditeurs du royaliste Candide.

A cette époque, l’image d’Épinal connaît une décadence irrémédiable… Après 1880, Épinal ne fait plus guère que réimprimer ses anciens modèles. La mort en 1878 de l’habile illustrateur Pinot et la disparition du sensible Ensfelder ont marqué la fin d’une époque. Les modèles que créent après cette date Épinal et Pont-à-Mousson sont d’une extrême vulgarité et ils n’auront guère de succès auprès de l’enfance.

Il fallut pourtant attendre le début du XXe siècle pour voir naître une véritable presse enfantine pour les millions d’élèves de l’école laïque. A cette époque, l’évolution de la technique, le. perfectionnement des impressions par rotative et du clichage sur zinc permettent de fournir pour un sou (le prix d’une feuille d’Épinal) un journal de seize pages dont quatre au moins sont en couleurs. Le succès de cette formule auprès de l’enfance est foudroyant. De même que la fabrique d’Épinal avait dominé l’imagerie, la Société Parisienne d’Éditions (Offenstadt) a dominé la presse enfantine française entre 1900 et 1935. La Société Parisienne d’Éditions publia à partir de 1900 toute une série d’hebdomadaires s’adressant chacun à un public spécialisé.

C’est d’abord en 1901 le Petit Illustré, puis quand plusieurs années de succès ont prouvé que la presse enfantine était une excellente affaire, Offenstadt lance coup sur coup l’Épatant(1907) pour les enfants des ouvriers et spécialement pour les petits Parisiens, journal rempli de grosses farces et rédigé en argot ; Cri-Cri (1907), destiné aux enfants plus jeunes ; Fillette(1908), pour les petites filles ; l’Intrépide (1909), concurrence bon marché du Journal des Voyages, rédigé pour les garçons épris d’aventures et de voyages. Offenstadt publie également le Pêle-Mêle, journal dans le style du célèbre Almanach Vermot, destiné à la fois aux adultes et aux enfants et jusqu’à la Vie de Garnison, hebdomadaire grivois pour les militaires.

Les éditeurs rivaux des Offenstadt fondèrent les Belles Images et la Jeunesse illustrée (tous les deux édités par Fayard en 1902-1903), le Jeudi de la Jeunessela Croix d’honneurle Bon Point (fondé en 1911 par Albin Michel), la Semaine de Suzette (à partir de 1904 chez Gautier-Languereau), etc. Certains de ces journaux connurent une grande vogue et lancèrent, eux aussi, des types comme la Bécassine de Pinchon.

Un effort considérable fut également accompli par les catholiques, qui combattirent très violemment la presse Offenstadt en lui reprochant sa neutralité confessionnelle et son immoralité. La Bonne Presse, qui avait fondé en 1895 leNoël pour les jeunes filles de la petite bourgeoisie, lui adjoignit l’Étoile noëlliste, pour les plus petites. Elle modernisa le Pèlerin (fondé en 1870), destiné plus particulièrement aux adultes les moins lettrés mais qui touchait également un certain public enfantin.

Après la guerre de 1914, la Bonne Pressedevait publier BayardBernadetteCœurs VaillantsA la page (pour les jeunes gens) et cette maison d’édition possédait avant la Seconde Guerre mondiale une dizaine d’hebdomadaires destinés à l’enfance, aux jeunes ou à la famille.

De même que jadis les Pellerin d’Épinal s’endormirent sur leurs conquêtes, la Société Parisienne d’Édition, maîtresse trente ans durant de la majorité de la presse enfantine française ne prit pas la peine de se renouveler au fur et à mesure que passaient les années. Ce qui n’empêchait pas la presse Offenstadt de continuer à se vendre. On peut estimer qu’il sortait chaque semaine de leurs imprimeries un million ou deux millions de journaux vers 1930. Les autres éditeurs et la presse catholique se partageaient le reste de la clientèle enfantine.

Telle était la situation de la presse enfantine jusqu’en 1934. On y aurait vainement cherché des écrivains ou des artistes du talent des Stahl, des Gustave Doré, des Pinot, des Ensfelder, des Christophe, des Rodolphe Topfer, des Jules Verne, ou même des Jacquolliot, des Boussenard ou des Paul d’Ivoy. L’immense diffusion de la presse enfantine s’était accompagnée d’un indiscutable abaissement de sa qualité technique, morale, artistique, éducative. Les principales maisons avaient pour seul souci de vendre le plus de papier possible en payant le moins cher possible leurs collaborateurs, aussi les écrivains et les artistes un peu notoires se détournaient-ils de ces besognes mal rétribuées.

téléchargement (6)Mais du moins cette presse enfantine était-elle entièrement écrite, dessinée, rédigée dans sa totalité par des Français. Parmi une couche d’intellectuels de notre pays se perpétuaient des traditions techniques venues d’Épinal ou de la littérature romantique, ces hommes et ces traditions formaient une base solide sur laquelle un jour pouvait être tentée la rénovation de la littérature enfantine.

La concurrence étrangère n’existait en France que dans des domaines très limités. Citons pour mémoire les Nick CarterBuffalo Bill et autres Nat Pinkerton édités et réédités d’innombrables fois par Hachette en trente ans, et les dessins américains que reproduisaientNos Loisirs (Petit Ange) ou Dimanche illustré (Bicot, président de Club).

La situation de la presse enfantine française allait être totalement bouleversée à partir d’octobre 1934 par une invasion massive de notre pays par la presse étrangère, américaine, italienne et anglaise. C’était le Journal de Mickey qui allait le premier s’engager dans l’offensive contre la presse française.

(D’après « Les Annales politiques et littéraires », paru en 1894)

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