Le Morvan, site plein de surprises
Posté par francesca7 le 25 septembre 2014
Le Morvan (anciennement Morvand) est un massif de hautes collines français situé en Bourgogne, aux confins des départements de la Côte-d’Or, de la Nièvre, de la Saône-et-Loire et de l’Yonne. Il domine à l’ouest la dépression du Bazois et le Nivernais, au nord la Terre-Plaine et la dépression de l’Auxois, au sud et au sud-est les plaines du Charolais et de l’Autunois.
L’air vif a un parfum tout particulier. Il sent le foin, la châtaigne, le lait frais et le feu de bois mouillé. Ce bouquet d’odeurs qui monte de vallons encaissés, bruissants d’eaux vives, au cœur de la Bourgogne, c’est tout le Morvan. Un massif qui vit d’air pur et d’eau fraîche, à moins de trois heures de Paris. Un pays solitaire, dur, couvert de prairies, de landes et de forêts immenses, où se mêlent toutes les nuances de vert. Une sorte de Québec en réduction, cachant des trésors sous ses épaisses frondaisons, au flanc de ses gorges profondes, mais ne les livrant qu’à ceux qui ont l’âme rustique ou la fibre du trappeur.
Vieux massif granitique, raboté par l’érosion, relevé depuis, le Morvan occupe, au centre-ouest de la Bourgogne, un rectangle de quelque 80 km de long sur 50 de large, orienté du nord au sud. Au nord, c’est un plateau à peine ondulé, qui s’élève en pente douce depuis le Bassin parisien ; au sud, le relief s’accentue, puis s’effondre brutalement, ce qui, malgré son altitude modeste, lui confère un aspect montagneux.
En venant de la capitale par l’autoroute du Soleil, l’approche se fait par étapes rapides. A peine sorti du ruban de ciment, on traverse, en les oubliant aussitôt, de gros bourgs aux maisons tristes : la sévérité de la pierre grise des façades éteint l’ardoise des toits. Et, soudain, la route monte, descend, tourne, tourmentée comme l’univers à découvrir. L’horizon est fermé par des barrières de grands sapins noirs, percées, de-ci de-là, par la teinte argentée de quelques bouquets de bouleaux. Le rideau s’entrouvre sur un autre monde.
Déjà refuge aux temps préhistoriques, le Morvan fut, à l’époque gauloise, le domaine des Eduens, dont la capitale, Bibracte, était la ville la plus étendue des Gaules. Disputant la primauté au peuple rival des Arvernes, les Eduens appelèrent les Romains à leur aide. Bien que cette alliance ne leur ait pas apporté autant de profit qu’ils en espéraient, ils lui restèrent fidèles, n’abandonnant les Romains que le temps d’aller se faire massacrer à Alésia, aux côtés de l’Arverne Vercingétorix. Après quoi ils marquèrent leur allégeance en acceptant de transporter leur capitale dans la plaine, à Autun : le Morvan cessait d’être un refuge, sauf lors des fort nombreuses périodes troublées que subit la Bourgogne.
Aujourd’hui, partagé entre les quatre départements bourguignons (Yonne, Côte-d’Or, Nièvre et Saône-et-Loire), le Morvan est devenu « marginal ». Mais, au milieu de ses vastes réserves de verdure et d’eaux vives, les frontières s’oublient. Dans ce massif raviné par les torrents, la rudesse des pentes rocheuses est adoucie par le velours des sous-bois où voisinent la digitale et l’orchidée sauvage. Des champs de genêts coupent les forêts de hêtres, tapissées de parterres de bruyères. Pourtant, la roche sombre (Morvan vient du celtique mor’ven, « montagne noire ») n’est jamais bien loin.
Le Parc Naturel Régional du Morvan
L’expansion du tourisme pouvait constituer une intéressante solution d’appoint. C’est ce qui a amené la création, en octobre 1970, du parc naturel régional du Morvan. L’idée de ranimer la vie locale en préservant une vaste zone où les citadins viendraient se détendre est née en 1966. Les arguments ne manquaient pas : paysages attrayants, lacs-réservoirs, étangs, monuments historiques et vestiges remontant à la plus haute antiquité, proximité de Paris, esprit hostile aux modernisations hâtives, ignorant la frénésie de notre époque, propice à la nostalgie des joies agrestes, pause-dépaysement à la portée de tous. Grâce à son parc naturel, le Morvan a consolidé son unité géographique et humaine, menacée par son écartèlement entre quatre départements.
Des aménagements pour accueillir les touristes
Dans le Morvan, la présence gauloise est sensible à chaque détour de sentier. C’est sans doute pour cela que le parc régional, qui s’étend sur 64 communes et couvre 173 615 ha, a pris pour emblème le cheval au galop d’une antique monnaie éduenne. En six ans, les forêts domaniales (Saulieu, au Duc, Ferrières, Breuil-Chenue, Anost, Saint-Prix, Glenne) ont été aménagées : amélioration des routes, création d’aires de stationnement avec tables de pique-nique et abris. Deux maisons forestières ont été transformées en chalets-dortoirs. Ouverts toute l’année, ces refuges en pleine forêt servent des curiosités différentes : celui de Breuil, au nord (près de Dun-les-Places), est destiné à ceux qui s’intéressent surtout à la faune ; celui de la Croisette, au sud, en forêt de Saint-Prix, aux amateurs de flore et de géologie.
Le promeneur est libre qu’il soit amateur ou spécialiste
Mais pourquoi se spécialiser ? Personne n’empêche le géologue de s’attarder dans l’un des miradors de Breuil-Chenue pour observer les évolutions d’un chevreuil ; ou dans l’enclos d’Anost, pour guetter une harde de sangliers ; ou dans celui de Quarré-les-Tombes, où des daims paisibles semblent avoir compris que leur peau ne servira jamais à fabriquer des chaussures. Et personne n’interdit non plus au zoologue qui, sur un chemin forestier, découvre un gisement de quartz laiteux de chercher à y récolter béryls, grenats ou tourmalines.
Le promeneur est libre. Comme l’air du Morvan. Et si les animaux ne sont qu’en semi-liberté, c’est pour leur bien. L’homme doit les protéger contre l’homme. Mais leurs enclos sont vastes. Chaque espèce vit dans son milieu écologique. La génétique et la densité à l’hectare sont respectées. Finalement, les lois naturelles le sont aussi, puisque, même sans enclos, une bête sauvage occupe un territoire dont elle ne sort jamais.
L’eau est un des éléments dominants du Morvan, terre des cent rivières, devenue aussi celle des grands lacs. Outre les Settons, il faut citer les réservoirs du Crescent (165 ha), de Saint-Agnan (142 ha), de Chaumeçon (135 ha), de Pannesière-Chaumard (520 ha), qui ont permis de discipliner la fougue des cours d’eau — notamment celle de l’Yonne, cause de dangereuses crues de la Seine —, de produire de l’électricité et de constituer une importante provision d’eau potable pour la capitale.
Mais ces lacs ont également une vocation touristique. Tous les cinq sont équipés pour les activités nautiques, et leurs installations se perfectionnent d’année en année. Chaumeçon est une base nationale d’aviron et de canoë-kayak (discipline pratiquée sur toutes les rivières de la région); Saint-Agnan, en accord avec la fédération et les collectivités locales, s’oriente vers la pêche ; Crescent (comme l’étang de Vaux et son voisin l’étang de Baye, dans le Nivernais) est surtout voué à la pratique de la voile.
De par son étendue, Pannesière-Chaumard, qui déploie ses méandres sur 7,5 km dans la vallée de l’Yonne, à l’ouest des Settons, au milieu d’une couronne de collines verdoyantes, permet de pratiquer toutes ces activités. Une route en fait le tour en franchissant la crête du barrage. De là, on découvre, vers le sud, les sommets du haut Morvan qui, plus farouche et plus solitaire que le nord, est peut-être le « vrai » Morvan.
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