Place Vendôme, écrin des joailliers
Posté par francesca7 le 24 septembre 2014
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Visite guidée. Parcourons ses pavés chargés d’histoire avec le joaillier Lorenz Bäumer. Anecdotes choisies.
La place Vendôme est avant tout un chef-d’oeuvre d’architecture classique, décidé par le Roi-Soleil en 1699. C’est à la fin du XIXe siècle que les joailliers commencent à s’y installer.
À tout seigneur tout honneur, le premier joaillier à s’implanter place Vendôme, c’est Frédéric Boucheron, en 1893. C’est aussi là que la comtesse de Castiglione, espionne et maîtresse de Napoléon III, vécut longtemps. Elle ne sortait que la nuit, parée de ses plus beaux bijoux. Autrefois, il n’était pas rare de voir débarquer place Vendôme des maharajas, escortés de deux ou trois porteurs chargés de malles remplies de pierres précieuses et de bijoux à remonter. « Ils faisaient vivre la place entière. Mais les maharajas d’aujourd’hui, ce sont les Brics [un acronyme pour Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud]« , glisse Lorenz Bäumer.
Pour Béatrice de Plinval, présidente du comité Vendôme et directrice du patrimoine de la maison Chaumet, qui travaille place Vendôme depuis quarante-trois ans, c’est aussi un endroit exceptionnel. « Je ne me lasse pas de l’éternelle émotion suscitée par un tel chef-d’oeuvre. Ses visiteurs sont toujours impressionnés et c’est un théâtre qui incarne un pouvoir économique fort pour toute l’industrie du luxe français », précise celle qui pilote, via son prestigieux comité, la sortie en 2015 d’un remarquable ouvrage sur la place Vendôme.
La colonne, qui raconte la campagne d’Austerlitz, en cours de restauration, fut élevée en 1810 par Napoléon, à la place de la statue équestre de Louis XIV. Pour la construire, l’empereur eut l’idée d’utiliser le bronze des canons pris à l’ennemi. « Je collectionne les daguerréotypes et photos qui la représentent, de 1850 à aujourd’hui. J’en possède environ 150. J’ai même acheté dans une vente un bout de la colonne, détruite pendant la Commune », nous livre le joaillier Lorenz Bäumer. En mars 2012, un incendie a ravagé le parking souterrain. Une épaisse fumée noire flottait au-dessus de la colonne. « On était là à attendre, sans trop savoir quoi faire. J’ai fini par prendre mes bijoux dans le coffre-fort pour les fourrer dans un sac à dos. J’ai enfourché mon vélo et j’ai filé », se souvient le sportif créateur.
Chez Bvlgari, on ne compte plus les demandes en mariage qui ont eu lieu à la boutique Vendôme. On se souvient encore de ce jeune couple venu voir des boucles d’oreilles toutes simples. Le fiancé avait tout prévu pour que la directrice dégaine, en réalité, un spectaculaire solitaire. « Il y a deux ans, lors des Journées particulières, nous avions ouvert la maison Chaumet au public. Il y avait des familles que la longue file d’attente n’avait pas refroidies et cette petite fille qui, pour l’occasion, avait mis son plus beau diadème en plastique ! On vend du rêve et de la création », s’émerveille Béatrice de Plinval.
Alors, n’hésitez plus à fouler ce lieu chargé d’histoire.
Ils s’en sont inspirés
La colonne pour Van Cleef & Arpels
Lorenz Bäumer a passé près de vingt ans au n° 4, avant de déménager le mois prochain au n° 19. Cette adresse était celle de Napoléon III avant qu’il ne devînt prince-président. Mais c’est aussi là qu’habitait Henri Salvador. Lorenz n’a cessé de s’inspirer de la place. En témoignent des boutons de manchette qui reprennent la colonne et la façade du Ritz. Ou encore une bague figurant les trophées pris à l’ennemi qui ornent la base de la fameuse colonne.
De tout temps, les joailliers de la place lui ont rendu hommage. Dubail, situé au n° 17, propose en édition limitée sept montres de la manufacture L. Leroy. Un tourbillon d’exception avec, sur le cadran, la colonne Vendôme gravée en lapis-lazuli. Quant à Van Cleef & Arpels, situé au n° 22, il conserve dans son musée deux magnifiques pièces figurant la colonne Vendôme : un briquet en or et une boîte à cigarettes sertie de 46 diamants et de 25 rubis.
Les vitrines pour Dior
Si l’emplacement de la boutique Dior joaillerie-horlogerie se situe au 8 de la place Vendôme, ce n’est certainement pas un hasard. Christian Dior était un homme très superstitieux et le 8 était son chiffre préféré. Il a créé sa maison de couture le 8 octobre 1946, dans le 8e arrondissement de Paris. Et sa première collection fut baptisée « En huit ». L’emplacement de la boutique place Vendôme est donc un joli clin d’oeil au créateur de la maison et à son chiffre fétiche. Un jour, une cliente a flashé devant cinq bagues Incroyables et Merveilleuses. Elle est rentrée et les a toutes achetées. Pas pour les porter, mais pour reproduire chez elle la vitrine de la place Vendôme qui la faisait rêver. Lors de la réouverture de la boutique, les artisans ont réalisé le Christal Vendôme, une montre dédiée à la place, qui reprend les codes de la maison.
La ferronnerie des balcons pour Chaumet
Comme si la superstition était une habitude, le 12 est aussi un nombre fétiche chez Chaumet. Le chef d’atelier est le douzième de la maison depuis 1780. Et cette institution a participé à sa douzième Biennale en 2012. Dans les années 80, pour rendre hommage à la place Vendôme, Chaumet a imaginé des médailles en or, reprenant la ferronnerie de ses célèbres balcons, figurant le Roi-Soleil. Parmi les clientes fidèles, citons la femme du président Adolphe Thiers, pour qui Chaumet a réalisé une montre avec mouvement Breguet et un habillage en diamants bleu blanc rouge, sans oublier une petite colonne Vendôme. Enfin, Chopin composa sa dernière mazurka dans le célèbre grand salon. D’ailleurs, pendant des années, lorsqu’on téléphonait chez Chaumet, c’était sa musique que l’on entendait en guise d’interlude.
La forme hexagonale de la place pour Chanel
Gabrielle Chanel adorait la place Vendôme. Elle avait d’ailleurs une vue imprenable sur la place de sa suite de l’hôtel Ritz, où elle habita dès les années vingt. Cette illustre place fut aussi pour elle une constante source d’inspiration.
Sa forme octogonale lui suggéra le bouchon de son premier parfum, le N°5. C’est encore plus stupéfiant quand on regarde le cadran de la montre Première, qui évoque à la perfection la place vue de haut. En 1997, Chanel ouvrait sa boutique consacrée à l’horlogerie et à la joaillerie, juste en face de la suite où feu Mademoiselle résida si longtemps.
À quelques pas se trouve l’appartement d’Elsa Schiaparelli, la grande rivale de Coco Chanel, chantre du surréalisme. C’est l’une des seules adresses de la place, avec le ministère de la Justice, qui ne soit pas occupée par un joaillier ou un horloger.
Source : http://www.argusdesmontres.com
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