Posté par francesca7 le 3 septembre 2014
Tout le monde connait la Caisse d’Epargne et son livret A. D’ici quelques années, exactement le 29 mai 2018, nous célébrerons le bicentenaire de sa création ! Savez-vous que le premier établissement a ouvert ses portes au 19 rue du Louvre à Paris, dans un hôtel particulier conservant de nos jours une belle salle de conseil, une façade sculptée et des dessus de portes aux armes du premier propriétaire !
Un hôtel particulier prédestiné à la finance
Le baron Thoinard de Vougy, fermier général, c’est-à-dire récolteur des impôts sous Louis XV, fait construire en 1730 un superbe hôtel particulier, décoré de dorures et de peintures, au 9 rue Coq-Héron.
Son gendre devient premier président de la cour des comptes et entre 1786 et 1798, et l’hôtel est habité par le directeur des contributions indirectes.
Le concept d’épargne et de prévoyance voit le jour pendant le Siècle des Lumières ; un banquier du nom de Delessert lance en 1787, la « Compagnie royale d’assurances sur la vie », dont il occupe la place de dirigeant, proposant plusieurs formules d’assurances. Parmi les actionnaires et administrateurs, on trouve des personnages connus et renommés comme Condorcet, Talleyrand, Mirabeau.
Comme la Révolution n’est pas loin, le public ayant d’autres soucis, cette compagnie est dissoute en 1793, mais elle peut être considérée comme l’ancêtre de la Caisse d’Epargne.
Sous le Directoire et l’Empire, les frères Enfantin installent une banque dans cet hôtel particulier.
En mai 1818, sur le modèle anglais, le baron Benjamin Delessert (fils du précédent) associé au duc de La Rochefoucauld-Liancourt décident d’ouvrir toujours au même endroit, une institution nommée Caisse d’Epargne. Elle aura pour but d’encourager l’épargne populaire, mais il faut expliquer au public le bien fondé de bien gérer leur argent dans une période où les conditions économiques sont difficiles. Le baron disait « tâchons de faire comprendre au peuple les bienfaits, on peut presque dire les miracles, de l’économie » avant de remettre aux épargnants le fameux livret d’épargne où les versements et les intérêts sont inscrits, en fait l’ancêtre de notre livret A.
Cet établissement est d’abord privé, constitué en une société anonyme, dont les fondateurs sont des banquiers comme par exemple Laffitte gouverneur de la Banque de France, des administrateurs de la Compagnie royale d’assurances maritimes » ou encore le baron de Staël, petit fils de Necker.
En juillet de la même année, Louis XVIII autorise l’existence de la « société anonyme formée à Paris sous le nom de Caisse d’Epargne et de prévoyance », mais le succès escompté tarde à venir !
L’institutionnalisation des caisses d’épargne
En 1835, l’Etat intervient et assure la garantie des dépôts au Trésor Royal, verse un intérêt fixe, puis confie la gestion à la Caisse des Dépôts et déclare les caisses d’épargne « établissement privés d’utilité publique ». Avec ces transformations, la confiance des épargnants revient et augmente. A tel point que 12 ans plus tard, la France compte tout de même 364 Caisses d’Epargne sur le territoire.
En juillet 1895, les Caisses d’Epargne doivent se soumettre à la loi indiquant que le principe de l’emploi des fonds est celui des fonds de l’Etat. Par ailleurs, elles doivent constituer un fond de réserve spécial et supplémentaire, appelé « fortune personnelle » en plus de la réserve obligatoire recevant l’excédent des revenus pour couvrir les moins-values. Cette « fortune personnelle » est constituée de dons, de subventions et du solde entre les intérêts perçus et les montants reversés aux déposants. Cette réserve supplémentaire va servir à financer des logements peu chers, des bains-douches, des œuvres de solidarité nationale, d’hygiène sociale, d’assistance ou de bienfaisance.
Les Caisses d’Epargne participent aussi à la vie des collectivités et organismes publics en leur octroyant des prêts. On peut donc affirmer que cette épargne a joué un grand rôle dans le financement de l’économie nationale.
Après guerre, presque tous les foyers détiennent un livret … mais cette institution faillit ne plus voir le jour, car elle fut autorisée comme les banques, à participer à des activités spéculatives !
Sources
Nicolas Eybalin « Quand les lieux racontent l’Histoire de France ». Scrineo, octobre 2012.
Cet article a été publié le Mercredi 3 septembre 2014 à 17 h 54 min et est catégorisé sous AUX SIECLES DERNIERS.
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