• BONJOUR A TOUS ET

    bienvenue (2)

     CHEZ FRANCESCA 

  • UN FORUM discussion

    http://devantsoi.forumgratuit.org/

    ............ ICI ............
    http://devantsoi.forumgratuit.org/

  • téléchargement (4)

  • Ma PAGE FACEBOOK

    facebook image-inde

    https://www.
    facebook.com/francoise.salaun.750

  • DECOUVERTES !

    petit 7

  • BELLE VISITE A VOUS

    aniv1

    PETITS COINS DE PATRIMOINE QUI SERONT MIS EN LUMIERE AU DETOUR DE NOTRE REGION DE FRANCE...

  • Cathédrale St-Etienne-Auxerre

    St-Etienne Cathédral, Auxerre

    « La restauration est une opération qui doit garder un caractère exceptionnel. Elle a pour but de conserver et de révéler les valeurs esthétiques et historiques du monument et se fonde sur le respect de la substance ancienne et de documents authentiques. Elle s’arrête là où commence l’hypothèse, sur le plan des reconstitutions conjecturales, tout travail de complément reconnu indispensable pour raisons esthétiques ou techniques relève de la composition architecturale et portera la marque de notre temps. » citation Charte de Venise, art. 9, ICOMOS, 196.

  • M

    JE SUIS ORIGINAIRE MOI-MEME DE LA BOURGOGNE....

  • FRANCE EN IMAGES

    G

    « Un monument restauré traduit les connaissances, les ambitions, les goûts, non seulement du maître d’oeuvre mais aussi du maître d’ouvrage : c’est le vrai révélateur de l’appréhension des édifices par une génération donnée, qui leur permet de reconnaître pour sien un édifice centenaire. » citation de Françoise Bercé.

  • amis

  • Méta

  • amis

  • Architecture Française

    5

  • Artisanat Français

    1

  • A

  • amour-coeur-00040

  • montagne

    Tout devient patrimoine : l'architecture, les villes, le paysage, les bâtiments industriels, les équilibres écologiques, le code génétique.

  • 180px-Hlézard1

  • Patrimoine Français

    3

    Citation sur la France.
    !!!!
    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

  • a bientot

  • Accueil
  • > Archives pour septembre 2014

Première transfusion sanguine

Posté par francesca7 le 29 septembre 2014

15 juin 1667 : première transfusion
sanguine d’un agneau à un être humain

 
téléchargement (12)  
C’est à Jean-Baptiste Denis que l’on doit la première transfusion sanguine pratiquée sur l’être humain, point culminant de l’histoire de cette science : connaissant les expériences menées par le médecin anglais Richard Lower sur les animaux, il les avait répétées et en avait fait de nouvelles, quand il se décida à injecter, dans les veines d’un jeune malade, huit onces de sang artériel d’un agneau, le 15 juin 1667, et renouvelant, encouragé par ce premier succès, l’expérience sur d’autres sujets

La prudence aurait ce semble exigé du docteur Denis qu’il fît les premières tentatives d’une transfusion, si hasardeuse, sur un criminel condamné à la mort ; quelles qu’en eussent été les suites, personne n’aurait eu lieu de se plaindre ; le criminel voyant une espérance d’échapper à la mort, s’y serait soumis volontiers.

Mais Denis n’opta pas pour cette expérience, dans la crainte qu’un criminel déjà altéré par l’appréhension de la mort, et qui pourrait s’intimider davantage par l’appareil de l’opération, ne la considérant que comme un nouveau genre de mort, ne tombât dans des faiblesses ou dans d’autres accidents que l’on ne manquerait pas d’attribuer à la transfusion. Il aima mieux attendre qu’une occasion favorable lui fournît un malade qui souhaitât cette opération, et qui l’éprouvât avec confiance, parce que un sujet ainsi disposé aiderait par lui-même aux bons effets de la transfusion.

Mais pour pratiquer la transfusion sur les hommes, il avait à choisir, ou du sang d’un autre homme ou du sang des animaux ; vivement frappé de la barbarie qu’il y aurait de risquer d’incommoder un homme, d’abréger ses jours pour en guérir, ou faire vivre plus longtemps un autre. Il se détermina pour le sang des animaux, et il crut d’ailleurs trouver dans ce choix d’autres avantages/

Tout d’abord, il imagina que les brutes dépourvues de raison, guidées par les seuls appétits naturels ou l’instinct, et par conséquent exemptes de toutes les débauches et les excès auxquels les hommes se livrent, sans doute par un effet de la raison, devoient avoir le sang beaucoup plus pur qu’eux.

Ensuite, il pensa que les mêmes sujets dont la chair servait journellement à la nourriture de l’homme, devaient fournir un sang plus analogue et plus propre à se convertir en sa propre substance.

Il compta encore sur l’utilité des préparations qu’il ferait aux animaux avant d’en employer le sang, persuadé qu’il serait plus doux et plus balsamique lorsqu’on aurait eu soin de nourrir pendant quelques jours les animaux plus délicatement ; il aurait dû ajouter qu’on aurait pu par des remèdes convenables, donner à leur sang des qualités plus appropriées aux maladies de ceux qui devaient le recevoir. Il aurait pu s’appyer sur l’histoire de mélampe, à l’égard des filles du roi Prétus, et sur une pratique assez suivie de nourrir les cèvres, dont on fait prendre le lait à des malades avec des plantes salutaires.

Enfin, il sentit que l’extraction du sang se ferait plus hardiment et avec plus de liberté sur les animaux, qu’on pourrait couper, tiller avec moins de ménagement, et prendre, s’il était nécessaire, du sang artériel et en tirer une grande quantité, et enfin les incommoder ou même les faire mourir sans s’en mettre beaucoup en peine.

Toutes ces raisons, moitié bonnes, moitié mauvaises, et toutes fort spécieuses, rengagèrent à se servir du sang des animaux pour en faire la transfusion dans les veines des malades qui voudraient s’y soumettre.

La première expérience se fit le 15 juin 1667 sur un jeune homme, âgé de 15 ou 16 ans, qui avait essuyé depuis peu une fièvre ardente dans le cours de laquelle les médecins peu avares de son sang, l’avaient fait couler abondamment à vingt différentes reprises, ce qui n’avait sans doute pas peu aidé à la rendre plus opiniâtre ; cette fièvre dissipée, le malade resta pendant longtemps valétudinaire et languissant, son esprit semblait émoussé, sa mémoire auparavant heureuse, était presque entièrement perdue, et son corps était pesant, engourdi, et dans un assoupissement presque continuel.

Denis imagina que ces symptômes devaient être attribués à un sang épaissi et dont la quantité était trop petite ; il crut sa conjecture vérifiée, parce que le sang qu’on lui tira, avant de pratiquer la transfusion, était si noir et si épais, qu’il ne pouvait pas former un filt en tombant dans le plat. On lui en tira environ cinq onces, et on introduisit par la même ouverture faite au bras, trois fois autant de sang artériel d’un agneau dont on avait préparé la carotide.

Après cette opération, le malade se couche et se relève, suivant le rapport de Denis, parfaitement guéri, ayant l’esprit gai, le corps léger et la mémoire bonne, et se sentant de plus très soulagé d’une douleur qu’il avait aux reins à la suite d’une chute faite le jour précédent. Il rendit le lendemain trois ou quatre gouttes de sang par le nez, et se rétablit ensuite de jour en jour, disant n’avoir senti autre chose pendant l’opération qu’une chaleur très considérable le long du bras.

Ce succès, dit Denis, l’engagea à tenter une seconde fois cette opération ; on choisit un homme robuste et bien portant, qui s’y soumit pour de l’argent ; on lui tira dix onces de sang, et on lui en remit le double pris de l’artère crurale d’un agneau. Le patient n’éprouva comme l’autre, qu’une chaleur très vive jusqu’à l’aisselle, conserva pendant l’opération sa tranquillité et sa bonne humeur, et après qu’elle fut finie, il écorcha lui-même l’agneau qui y avait servi, alla le reste du jour employer au cabaret l’argent qu’on lui avait donné, et ne ressentit aucune incommodité (lettre de Denis à M. de Montmor, 25 juin 1667).

II se présenta bientôt une autre occasion de pratiquer cette opération, mais où son efficacité ne fut pas aussi démontrée, de l’aveu même des transfuseurs, que dans les cas précédents. Le baron Bond, fils du premier ministre du roi de Suède, se trouvant à Paris, fut attaqué d’un flux hépatique, diurétique et bilieux, accompagné de fièvre. Les médecins, après avoir inutilement employé toutes sortes de remèdes que la prudence leur suggéra, c’est-à-dire nombre de saignées du pied et du bras, des purgations et des lavements, le malade fut, comme on l’imagine aisément, si affaibli qu’il ne pouvait plus se remuer, perdit la parole et la connaissance, et un vomissement continuel se joignit à ces symptômes : les médecins en désespérèrent.

On eut recours à la transfusion, comme à une dernière ressource. Le docteur Denis et le chirurgien Emmeretz ayant été mandés, après quelques légers refus, lui transfusèrent environ deux palettes de sang de veau. Le succès de cette opération ne fut point, selon eux, équivoque. Le malade revint à l’instant de son assoupissement, les convulsions dont il était tourmenté cessèrent, et son pouls enfoncé et fourmillant parut se ranimer ; le vomissement et le flux lientérique furent arrêtés.

images (13)Mais après être demeuré environ 24 heures dans cet état, tous ces accidents reparurent avec plus de violence. La faiblesse fut plus considérable, le pouls se renfonça, et le dévoiement revenu jeta le malade dans des syncopes fréquentes. On crut qu’il était alors à-propos de réitérer la transfusion ; après qu’on l’eut faite, le malade parut reprendre un peu de vigueur, mais le flux lien-térique persista toujours, et sur le soir la mort termina tous ces accidents. Les transfuseurs firent ouvrir le cadavre, et rejetèrent le succès incomplet de leur opération sur la gangrène des intestins, et sur quelques autres dérangements qu’on trouva dans les différents viscères.

(D’après « Encyclopédie ou Dictionnaire universel raisonné des connaissances humaines » (Tome 41), paru en 1775)

Publié dans AUX SIECLES DERNIERS | Pas de Commentaire »

Le repas du paysan

Posté par francesca7 le 29 septembre 2014

 

images (11)Leur pain est plutôt noirâtre ; vers l’an mil, ils en ont grâce à une longue période de paix et de récoltes correctes, ce qui ne sera pas forcément le cas par la suite. Les céréales entrent évidement pour une très grande part dans leur alimentation, surtout sous forme de bouillies, genre porridge ou soupe à la farine.

 
La volaille est évidemment réservée aux fêtes carillonnées, à part les ceufs, interdits cependant pendant tout le carême jusqu’aux… oeufs de Pâques. À vrai dire, il y a de nombreux accommotements car on ne peut exiger de Bretons ou de Normands qu’ils fassent carême à l’huile alors que leur matière grasse locale est le beurre… 

Mais en temps ordinaire, on consomme du porc, sous forme de lard, de conserves salées, d’andouilles, de jambons… Et là, l’imagination des paysans est sans limites. La charcuterie gauloise était déjà célèbre au temps des Romains, elle n’a pas varié depuis, et l’on remarque encore de nos jours que les meilleures charcuteries sèches proviennent de pays pauvres. Le saindoux aussi provient du porc, concurrencé naturellement dans le midi par l’huile d’olive et ailleurs par la graisse d’oie.

Les légumes donnent des soupes roboratives : ce sont les racines méprisées des seigneurs, lesquels n’ont d’ailleurs pas tort car la carotte, encore sauvage et que l’on distingue de la ciguë par sa fleur stérile au centre de l’ombelle, n’est à cette date qu’une mince tige fibreuse, comme le navet, et le panais n’est pas véritablement bon. De l’avis de certains, du moins. 

On cultive aussi les fèves, les pois, les lentilles. Mais le roi des marmites au cul noir qui mijotent dans les cheminées, c’est à coup sûr le chou, dont il existe depuis longtemps de nombreuses variétés. Et puis il y a les ressources infinies de la forêt: noisettes, faines, châtaignes, petits oiseaux pris à la glu, petits lapins pris au collet, sans parler des baies, airelles, sorbes, myrtilles, arbouses ou baies de sureau, qui s’accommodent fort bien du miel des abeilles sauvages. Avec un peu de pâte, voilà une tarte…

Publié dans AUX SIECLES DERNIERS | Pas de Commentaire »

N’ayez pas peur des pâtes

Posté par francesca7 le 29 septembre 2014

 

téléchargement (10)par Perla Servan-Schreiber

Non, les pâtes ne font pas grossir. A condition d’en manger 70 grammes par personne, avec de l’huile d’olive et des légumes, de préférence à table et en compagnie. Claude Fischler, le grand sociologue français de l’alimentation, nous le dit depuis fort longtemps : la commensalité est un facteur essentiel de la diététique. Ensemble et à table, on ne mange pas de la même façon que seul devant la télé.  

L’été, saison des grandes tablées, les pâtes signent l’armistice entre petits et grands, gros et maigres, cuisinières chevronnées ou de circonstance. C’est la paix entre gourmands et affamés. 

Aliment idéal des sportifs, les pâtes sont le quotidien des Italiens qui, doit-on le rappeler, sont les moins obèses des Européens, suivis de près par les Français. Et si les Italiens en mangent à chaque repas, c’est aussi parce que les formes et sauces sont nombreuses. Les Japonais, eux, consomment régulièrement des pâtes udon.

Si vous êtes allergique au gluten – nouvelle pathologie du siècle de l’agriculture intensive et des pesticides qu’elle exige – optez pour des pâtes de riz ou de sarrasin et régalez-vous.

PENNES AUX TOMATES CERISE, À L’AIL ET AU BASILIC

 

Temps de préparation : 25 mn   

INGRÉDIENTS POUR 5 PERSONNES 
 

• 400 g de pennes De Cecco 

• 4 gousses d’ail

• 30 tomates cerise

• 4 pétales de tomates séchées

• 1 bouquet de basilic

• 15 cl d’huile d’olivetéléchargement (11)

• 1 cuil. à café de sucre

• 2 cuil. à soupe de vinaigre blanc

• 2 cuil. à soupe de gros sel

• 1/2 cuil. à café de poivre mignonnette

• 1 pincée de piment de Cayenne 

(sauf s’il y a des enfants) 
 

1. Lavez, séchez et coupez les tomates cerise en deux. Découpez les tomates séchées en fines lamelles. Rincez, séchez, effeuillez et ciselez grossièrement le basilic. Pelez les gousses d’ail, retirez le germe pour bien les digérer et pressez-les.  
 

2. Dans une grande poêle chaude, versez la moitié de l’huile, quelques grains de gros sel, le sucre, le poivre, le piment et les tomates cerise. Faites revenir à feu vif pendant une minute, en remuant sans cesse avec deux spatules. 
 

3. Ajoutez l’ail, les tomates séchées, le vinaigre et le basilic. Remuez 30 secondes et retirez du feu. Les tomates doivent être chaudes, mais croquantes. 
 

4. Parallèlement, dans une grande marmite, portez à ébullition 4 litres d’eau et le gros sel. Versez les pâtes, tournez 5 secondes avec une grande cuillère en bois et faites cuire le temps indiqué sur le paquet. Egouttez rapidement et arrosez d’un jet d’eau froide. Laissez les dernières gouttes d’eau dans les pâtes avant de les ajouter dans la poêle qui contient les tomates. 
 

5. A feu moyen, mélangez bien avec les spatules. Ajoutez le reste d’huile. Ajustez en sel, en poivre et en basilic. Servez.

Conseil : Si vous êtes prêt avant que tout le monde soit à table, pas de panique : vous pouvez réchauffer ces pâtes dans la poêle, à feu vif, en remuant 2 à 3 minutes. 

Le truc en plus : Si vous en avez, jetez une poignée de roquette dans le plat à la dernière minute, et remuez. C’est joli et exquis ! 

source : Le journal du Slow Food

Publié dans Les spécialités | Pas de Commentaire »

Les Filous de Sade

Posté par francesca7 le 27 septembre 2014

 

200px-Marquis_de_Sade_prisonerDonatien Alphonse François de Sade

 Il y a eu de tous les temps à Paris une classe d’hommes répandue dans le monde, dont l’unique métier est de vivre aux dépens des autres : rien de plus adroit que les manœuvres multipliées de ces intrigants, il n’est rien qu’ils n’inventent, rien qu’ils n’imaginent pour amener soit d’une façon, soit d’une autre, la victime en leurs maudits filets ; pendant que le corps d’armée travaille dans la ville, des détachements voltigent sur les ailes, s’éparpillent dans les campagnes et voyagent principalement dans les voitures publiques ; cette triste exposition solidement établie, revenons à la jeune novice que nous allons bientôt pleurer de voir en d’aussi mauvaises mains. Rosette de Flarville, fille d’un bon bourgeois de Rouen, à force de sollicitations venait enfin d’obtenir de son père d’aller passer le carnaval à Paris auprès d’un certain M. Mathieu son oncle, riche usurier, rue Quincampoix. Rosette, quoique un peu niaise, avait pourtant dix-huit ans faits, une figure charmante, blonde, de jolis yeux bleus, la peau à éblouir, et une gorge sous un peu de gaze annonçant à tout connaisseur que ce que la jeune fille tenait à couvert valait bien au moins ce qu’on apercevait… La séparation ne s’était pas faite sans larmes : c’était le premier soir que le bon papa quittait sa fille ; elle était sage, elle était très en état de se conduire, elle allait chez un bon parent, elle devait revenir à Pâques, tout cela devenait sans doute des motifs de consolation, mais Rosette était bien jolie, Rosette était bien confiante et elle allait dans une ville bien dangereuse pour le beau sexe de province y débarquant avec de l’innocence et beaucoup de vertu. Cependant la belle part, munie de tout ce qu’il lui faut pour briller à Paris dans sa petite sphère, et de plus d’une assez grande quantité de bijoux et de présents pour l’oncle Mathieu et les cousines ses filles ; on recommande Rosette au cocher, le père l’embrasse, le cocher fouette, et chacun pleure de son côté ; mais il s’en faut bien que l’amitié des enfants soit aussi tendre que celle de leurs pères : la nature a permis que les premières trouvassent dans les plaisirs dont ils s’enivrent, des sujets de dissipation faits pour les éloigner involontairement des auteurs de leurs jours et qui refroidissent dans leur cœur les sentiments de tendresse, plus isolés, plus ardents, et bien autrement sincères dans l’âme des pères et des mères touchant à cette fatale indifférence qui les rendant insensibles aux anciens plaisirs de leur jeune âge, fait qu’ils ne tiennent plus pour ainsi dire qu’à ces objets sacrés qui les revivifient.

Rosette éprouva la loi générale, ses larmes furent bientôt séchées, et ne s’occupant plus que du plaisir qu’elle se faisait de voir Paris, elle ne tarda pas à faire connaissance avec des gens qui y allaient et qui semblaient le connaître mieux qu’elle. Sa première question fut de savoir où était la rue Quincampoix.
— C’est mon quartier, mademoiselle, répond un grand drôle bien bâti qui, tant à cause de son espèce d’uniforme, et de la prépondérance de son ton, tenait les dés dans la société cahotante.
— Comment, monsieur, vous êtes de la rue Quincampoix ?
— Il y a plus de vingt ans que je l’habite.
— Oh ! si cela est, dit Rosette, vous connaissez donc bien mon oncle Mathieu.
— Monsieur Mathieu est votre oncle, mademoiselle ?
— Assurément, monsieur, je suis sa nièce ; je vais pour le voir, je vais passer l’hiver avec lui et avec mes deux cousines Adélaïde et Sophie que vous devez bien connaître aussi sans doute.
— Oh ! si je les connais, mademoiselle, et comment ne connaîtrais-je pas et M. Mathieu qui est mon plus proche voisin, et mesdemoiselles ses filles de l’une desquelles par parenthèse, je suis amoureux depuis plus de cinq ans.
— Vous êtes amoureux d’une de mes cousines, je gage que c’est de Sophie.
— Non, vraiment, c’est d’Adélaïde, une figure charmante.
— C’est ce qu’on dit dans tout Rouen, car pour moi je ne les ai jamais vues, c’est pour la première fois de ma vie que je vais dans la capitale.
— Ah ! vous ne connaissez pas vos cousines, mademoiselle, et ni M. Mathieu non plus sans doute.
— Eh mon Dieu non, M. Mathieu quitta Rouen l’année que ma mère accoucha de moi, il n’y est jamais revenu.
— C’est un bien honnête homme assurément et qui sera bien enchanté de vous recevoir.
— Une belle maison, n’est-ce pas ?
— Oui, mais il en loue une partie, il n’occupe que le premier appartement.
— Et le rez-de-chaussée.
— Sans contredit, et même quelque chambre en haut, à ce que je crois.
— Oh ! c’est un homme bien riche, mais je ne lui ferai pas déshonneur : tenez, voyez, voilà cent beaux doubles louis que mon père m’a donnés pour me vêtir à la mode afin de ne pas faire honte à mes cousines, et de jolis présents que je leur porte aussi, tenez, voyez-vous ces boucles d’oreille, elles valent bien cent louis au moins, eh bien, c’est pour Adélaïde, c’est pour votre maîtresse ; et ce collier qui va bien pour le moins au même prix, c’est pour Sophie ; ce n’est pas tout, tenez, voyez cette botte d’or avec le portrait de ma mère, on nous l’estimait encore hier plus de cinquante louis, eh bien, c’est pour mon oncle Mathieu, c’est un présent que mon père lui fait. Oh ! je suis bien sûre qu’en hardes, en argent ou en bijoux, j’ai pour plus de cinq cents louis sur moi.

— Vous n’aviez pas besoin de tout cela pour être bien venue de M. votre oncle, mademoiselle, dit le filou lorgnant la belle et ses louis. Il fera bien sûrement plus de cas du plaisir de vous voir que de toutes ces fadaises.
— Eh n’importe, n’importe, mon père est un homme qui fait bien les choses, et il ne veut pas qu’on nous méprise parce que nous habitons la province.
— En vérité, mademoiselle, on a tant de plaisir dans votre société que je voudrais que vous ne quittassiez plus Paris, et que M. Mathieu vous donnât son fils en mariage.
— Son fils, il n’en a point.
— Son neveu, veux-je dire, ce grand jeune homme…
— Qui, Charles ?
— Justement, Charles, parbleu le meilleur de mes amis.
— Quoi, vous avez aussi connu Charles, monsieur ?
— Si je l’ai connu, mademoiselle, je fais bien plus, je le connais encore, et c’est uniquement pour l’aller voir que je fais le voyage de Paris.
— Vous vous trompez, monsieur, il est mort ; j’étais destinée à lui dès son enfance, je ne le connaissais pas, mais on m’avait dit qu’il était charmant ; la manie du service lui a pris, il a été à la guerre et il y a été tué.
— Bon, bon, mademoiselle, je vois bien que mes désirs se réaliseront ; soyez-en sûre, on veut vous surprendre : Charles n’est point mort, on le croyait, il y a six mois qu’il est revenu, et il m’écrit qu’il va se marier ; d’une autre part on vous envoie à Paris, n’en doutez pas, mademoiselle, c’est une surprise, dans quatre jours vous êtes la femme de Charles, et ce que vous portez ne sont que des présents de noces.

— En vérité, monsieur, vos conjectures sont pleines de vraisemblance ; en réunissant ce que vous me dites à quelques propos de mon père qui me reviennent à présent, je vois qu’il n’y a rien de si possible que ce que vous prévoyez… Quoi, je me marierais à Paris… je serais une dame de Paris, oh, monsieur, quel plaisir ! Mais si cela est, il faut que vous épousiez Adélaïde au moins, je ferai tant que j’y déterminerai ma cousine et nous ferons des parties carrées.

Telles étaient pendant la route les conversations de la douce et bonne Rosette avec le fripon qui la sondait, se promettant bien d’avance de tirer un bon parti de la novice qui se livrait avec tant de candeur : quel coup de filet pour la bande libertine, cinq cents louis et une jolie fille, qu’on dise quel est celui des sens qui n’est pas chatouillé d’une telle trouvaille. Dès qu’on approcha de Pontoise :

— Mademoiselle, dit l’escroc, il me vient une idée, je m’en vais prendre ici des chevaux de poste afin de vous devancer chez M. votre oncle et de vous annoncer à lui ; ils viendront tous au-devant de vous, j’en suis sûr, et vous ne serez pas isolée au moins en arrivant dans cette grande ville.

Le projet s’accepte, le galant monte à cheval et se dépêchant d’aller prévenir les acteurs de sa comédie, quand il les a instruits et prévenus tous, deux fiacres amènent à Saint-Denis la prétendue famille ; on descend à l’auberge, l’escroc se charge des présentations, Rosette trouve là M. Mathieu, le grand Charles arrivant de l’armée et les deux charmantes cousines ; on s’embrasse, la Normande remet ses lettres, le bon M. Mathieu verse des larmes de joie en apprenant que son frère est en bonne santé, on n’attend pas à Paris à distribuer les présents, Rosette trop empressée de faire valoir la magnificence de son père se hâte aussitôt de les prodiguer, nouvelles embrassades, nouveaux remerciements, et tout s’achemine vers le quartier général de nos filous qu’on fait prendre à la belle pour la rue Quincampoix. On débarque dans une maison d’assez belle apparence, Mlle Flarville est installée, on porte sa malle dans une chambre, et l’on ne pense plus qu’à se mettre à table ; là l’on a soin de faire boire la convive jusqu’à lui troubler la cervelle : accoutumée à ne s’abreuver que de cidre, on lui persuade que le vin de Champagne est le jus des pommes de Paris, la facile Rosette fait tout ce qu’on veut, enfin la raison se perd ; une fois hors d’état de défense on la met nue comme la main, et nos filous bien assurés qu’elle n’a plus autre chose sur le corps que les attraits que lui prodigua la nature, ne voulant pas même lui laisser ceux-là sans les flétrir, s’en réjouissent à cœur joie pendant toute la nuit ; contents enfin d’avoir eu de cette pauvre fille tout ce qu’il était possible d’en tirer, satisfaits de lui avoir ravi sa raison, son honneur et son argent, ils la revêtent d’un mauvais haillon, et avant que le jour ne paraisse, ils vont la déposer sur le haut des marches de Saint-Roch.

alt=Description de cette image, également commentée ci-aprèsL’infortunée ouvrant les yeux en même temps que le soleil commence à luire, troublée de l’état affreux où elle se voit, se tâte, s’interroge et se demande à elle-même si elle est morte ou si elle est en vie ; les polissons l’entourent, elle est longtemps leur jouet, on la porte enfin à sa demande chez un commissaire où elle raconte sa triste histoire, elle supplie qu’on écrive à son père, et qu’on lui donne en attendant asile quelque part ; le commissaire voit tant de candeur et d’honnêteté dans les réponses de cette malheureuse créature qu’il la reçoit dans sa maison même, le bon bourgeois normand arrive et après bien des larmes versées de part et d’autre ramène sa chère enfant dans sa maison, qui n’eut, dit-ton, de la vie le désir de revoir la capitale policée de la France.

 

Extrait de Historiettes, Contes et Fabliaux (1788, pub. 1926), numérisation et mise en forme HTML (23 septembre 2000) de T. Selva.

 

 

Publié dans LITTERATURE FRANCAISE | Pas de Commentaire »

Pamphlet sur l’écriture

Posté par francesca7 le 27 septembre 2014

 

 

 
 
téléchargement (7)C’est en 1898, que l’historien Jules Michelet est au faîte de sa gloire, car porté aux nues en raison de sa célèbre Histoire de France et avant que ne soit observé son manque de rigueur, ses approximations et sa propension à écrire une histoire officielle au mépris des faits, qu’Eugène Tavernier, journaliste exerçant au sein de l’Univers et premier secrétaire général du Syndicat des journalistes français lors de sa fondation en 1886, entreprend quant à lui d’en fustiger le style d’écriture, et dénonce une « disposition nécromancienne » préjudiciable à la narration sérieuse du passé

On le célèbre ; on va l’apothéoser dans deux mois ; mais on continuera de ne pas le lire, car il est trop fatigant. Il y a tels livres qui, ouverts au hasard, retiennent l’attention et font oublier la besogne pressante : c’est qu’ils renferment des idées justes, un style naturel, clair et harmonieux. Michelet a un étonnant caractère de trépidation violente et continuelle. Il produit l’effet d’une flamme irrégulière, soudain éblouissante, soudain fumeuse, qui jaillit et qui s’éteint au milieu d’éclats de voix discordants, au milieu de secousses incohérentes. Quelqu’un a dit que sa prose ressemblait aux cris d’une femme en couches Il y aussi des ronflements saccadés et des miaulements aigus. Le maître s’agite comme un névrosiaque en crise perpétuelle. Sans répit, le lecteur sursaute.

 

« L’histoire est une résurrection ! » dit Michelet, d’après Vico, qu’il a traduit et bientôt renié, n’aant conservé de lui que cette formule, répétée sur le ton du triomphe, de la colère, de la joie enfantine, comme un rugissement, comme un murmure, comme une prière, comme un ron-ron rénétique. — Résurrection ! Résurrection ! Comprenez-vous ce mot ? — Assez bien. — Vous avez le devoir de l’entendre très bien : Résurrection. — Soit. — Mais savez-vous ce que signifie Résurrection ? — Il me semble. — Prononcez donc Résurrection. — Résurrection, voilà. — Oh ! ce n’est pas ainsi. Ecoutez : Résurrection ! — Eh ? oui, Résurrection ! — Vous n’y êtes pas du tout. Recommencez. — Ah ! non. Bonsoir.

Ainsi certains artistes, emportés par l’amour du relief, ont la manie d’accentuer à outrance les effets petits ou grands. L’ensemble et le détail se confondent. Il faut que tout soit en relief, même les creux. Michelet n’écrit pas : il évoque. Les historiens ordinaires racontent : lui commande aux peuples, aux héros, aux institutions, aux systèmes, aux éléments ; il les apostrophe et les gourmande : Debout, Celtes, Ibères, Calls, Kymrys, debout Hannibal, Marius, César, Constantin, Clovis, Charlemagne. Paraissez et obéissez. Le maître va vous habiller et vous faire manœuvrer. Ressuscitez donc et laissez-vous conduire. C’est l’heure de la représentation historique. Entrez dans le kaléidoscope.

On s’imagine nécessairement Michelet avec les oripeaux du nécromancien et un chapeau pointu orné d’étoiles. Il tient, au lieu d’une plume, une baguette magique, qu’il plonge dans un feu de Bengale. Fréquemment, le magicien vous fourre le feu de Bengale sous le nez.

Il n’en était pas arrivé là lorsqu’il composait les premiers volumes de son histoire de France, mais la disposition nécromancienne s’y montre déjà. Le style, à la fois tendu et agité, révèle le goût pour les oracles. Ce goût devient vite une passion, qui se transforme en manie impétueuse ; jusqu’à ce que l’écrivain soit, tout entier et sans remède, possédé par une fièvre trépidante et capricante. L’homme avait des manières douces, mais sous cette crème s’était amassé un volcan d’orgueil, qui pendant quarante années ne se reposa point d’être en éruption.

Peu de choses ont été écrites aussi ridicules et aussi lamentables que celles qui remplissent la préface rédigée, en 1869, pour la nouvelle édition de l’Histoire de France : « Cette œuvre laborieuse d’environ quarante ans fut conçue d’un moment de l’éclair de juillet. Dans ces jours mémorables, une grande lumière se fit, et j’aperçus la France.

« Elle avait des annales et non point d’histoire… Nul n’avait pénétré dans l’infini détail des développements divers de son activité… Le premier je la vis comme une âme et comme une personne.

« … La plus sévère critique, si elle juge l’ensemble de mon livre, n’y méconnaîtra pas ces hautes conditions de la vie… Ce qui n’est pas moins rare dans un travail de tant d’années, c’est que la forme et la couleur s’y soutiennent.

« … Je dégageai de l’histoire un fait énorme et trop peu remarqué. C’est le puissant travail de soi sur soi, ou la France, par son progrès propre…

« … Mon livre m’a créé. C’est moi qui fus son œuvre. Ce fils a fait son père.

« … J’étais mon monde en moi.

« … Aujourd’hui… en relisant ce livre, et voyant très bien ses défauts, je dis : On ne peut y toucher.

« … Pour la première fois paraît l’âme de la France…

« … Certains chants de nourrice dont j’avais le secret étaient d’un effet sûr. A l’accent ils (les peuples ensevelis) croyaient que j’étais un des leurs.

« … J’avais posé le premier la France comme une personne…

« … Oh ! d’aurore ! oh ! la douce enfance ! Oh ! la bonne nature naturelle ! quelle santé cela fit en moi, après les dessèchements de ma subtilité mystique !… J’eus un immense accroissement de solidité dans mon art !

« … un art à moi et nouveau.

« … C’est la première fois que l’histoire eut une base sérieuse (1837)

« … Ici encore je suis obligé de le dire, j’étais seul.

« … ce volume neuf et fort.

« … Je plongeai dans le peuple… Moi je sondai les caves où fermenta la Flandre.

« .. . Je fis la Renaissance avec des forces centuplées.

« Quand je rentrai, que je me retournai, revis mon Moyen Age, cette mer superbe de sottises, une hilarité violente me prit et au XVIe, au XVIIe siècle, je fis une terrible fête. Rabelais et Voltaire ont ri dans leur tombeau. »

images (4)Il y a trente-huit pages de ce style. Excepté les fameux accès de solennité vaniteuse dont Victor Hugo nous a donné l’exemple, nous n’avons sans doute rien de pareil dans notre littérature. On pourrait encore cependant citer M. Zola. Michelet et Zola se ressemblent par l’effort démesuré et par la préoccupation de l’effet à outrance. L’un saute et bondit continuellement ; l’autre se traîne à quatre pattes : tous deux assomment le lecteur et ils ont les mêmes incorrections. Ils suppriment souvent la conjonction et lorsqu’elle est nécessaire ; ils faussent le rapport logique des mots ; ils précipitent les métaphores les unes sur les autres, à coups de poing et à coups de pied.

Mlichelet écrit ses premières pages sur les pavés brûlants. Il dit : « je couvai, refis la vie de l’Eglise ».Pourquoi pas et ? à supposer que couver soit ici acceptable. Il entre aux siècles, comme d’autres entrent à l’Académie. Il se flatte d’avoir expliqué comment l’Angleterre et la Flandre « furent mariées par la laine et par le drap » et comme « l’Angleterre but la Flandre ». D’après lui, on tombe à une lumière comme on tombe à une profondeur de quelques mètres. C’est du vrai Zola. Pour Michelet, l’ancienne ville de Gand était « une profonde ruche de combats » ! Il entre « par Louis XI aux siècles monarchiques. »

Il est persuadé que dans ses préfaces et dans ses éclaircissements, on verra « les fondements qui sont dessous ». De sa part, c’est de la modestie de n’avoir point placé les fondements au-dessus. Il dit, comme M. Zola dirait volontiers : « J’ai bu trop d’amertumes. J’ai avalé trop defléaux, trop de vipères et trop de rois. » Avec ce régime, en effet, on ne se fait pas un bon estomac ; et le style, qui s’en ressent comme les idées, devient tout à fait impropre à écrire l’histoire.

Il ne convient pas davantage pour une Bible de l’humanité. Le public est déconcerté quand il entend une espèce de prophète lui décrire ainsi Jérusalem : « Revenant des ombrages immenses de l’Inde et du Ramayana, revenant de l’Arbre de vie, où l’Avesta, le Shah Nameh,me donnaient quatre fleuves, les eaux du Paradis — ici, j’avoue, j’ai soifJ’apprécie le désert, j’apprécie Nazareth, les petits lacs de Galilée. Mais franchement, j’ai soif… Je les boirais d’un coup. »

C’est vraiment bien aimable à Michelet d’apprécier le désert, mais les lecteurs n’apprécient pas cette littérature sibylline et hystérique. Elle leur paraît cocasse. Ils ont soif, à leur tour, soif de tranquillité.

 

(Extrait de « L’Univers », paru en 1898)

 

Publié dans LITTERATURE FRANCAISE | Pas de Commentaire »

Presse pour enfants du XIXe siècle

Posté par francesca7 le 27 septembre 2014

 

 

 
téléchargement (4)Au XIXe siècle et jusqu’au début du suivant, c’est une presse enfantine de qualité, servie par des artistes talentueux et donnant plus tard naissance à une forme de dessins en action dont l’évolution aboutira aux dessins animés de Walt Disney, qui connaît un essor considérable : traduites dans toutes les langues européennes et se répandant sur les cinq continents, les célèbres images Pellerin perdent cependant leur hégémonie, la qualité étant bientôt sacrifiée sur l’autel du seul profit

L’image populaire, généralement appelée image d’Épinal, a tenu lieu de presse enfantine populaire durant tout le XIXe siècle. Certes, à cette époque, ont été publiés de nombreux magazines qui s’adressaient soit à la famille, soit à l’enfance seule, les premières de ces publications connaissant un très grand développement à partir du Second Empire.

Citons parmi les journaux de cette époque la Semaine des Enfantsle Journal des Familles(auxquels collaborèrent des illustrateurs de la valeur de Gustave Doré) et à une époque postérieure le célèbre Magasin d’Éducation et de Récréation fondé en 1862 par l’éditeur Hetzel (écrivain pour l’enfance sous le pseudonyme de P.-J. Stahl) et qui révéla au monde le curieux génie de Jules Verne. Après la guerre de 1870, on vit paraître le Petit Français illustréoù Christophe publia la Famille Fenouillardle Sapeur Camembertle Savant Cosinusle Journal des Voyages avec les romanciers Boussenard et Jacquolliot ; tout à la fin du siècle parut Mon Journal.

Mais toutes ces publications relativement coûteuses s’adressaient beaucoup moins à la totalité des enfants qu’aux seuls lycéens. Les écoliers se contentaient de l’image d’Épinal vendue un sou.

Les origines de l’image se confondent avec les origines de la gravure sur bois à la fin du XIVe siècle. Pendant longtemps l’image populaire s’adressa moins à l’enfance qu’aux paysans et aux artisans, ce, jusqu’au milieu du XIXee siècle. A cette époque l’imagerie, jadis purement artisanale, s’est industrialisée et les imageries sont devenues de véritables fabriques.

En 1845, la fabrique Pellerin d’Épinal compte 100 ouvriers dont 60 enfants. On fabrique plus de 5 millions d’images par an et celles-ci sont vendues par des colporteurs en France et dans le monde entier. Les enfants composent la majeure partie du personnel de la fabrique d’Épinal. Ils sont payés 12 sous par jour, soit moins d’un sou de l’heure. A cause du bas prix de la main-d’œuvre et malgré un outillage très primitif, les images sont vendues très bon marché. En 1845, les plus coûteuses valaient 4 centimes.

La fabrique d’Épinal est dirigée de 1822 à 1854 par Nicolas Pellerin (qui prend la suite de son père Jean-Charles Pellerin) et Germain Vadet. Si d’une part ces patrons intensifièrent la fabrication en l’industrialisant par l’introduction de nouveaux procédés techniques (remplacement des gravures sur bois par des stéréotypies et des lithographies), ils surent aussi orienter définitivement leurs images vers la clientèle enfantine. Sur les 1 100 images publiées par eux durant leurs trente-deux années de direction, plus de 800 s’adressent exclusivement à la clientèle enfantine, et quelques centaines seulement aux adultes, avec des effigies de saints et des tableaux représentant des événements contemporains, des batailles napoléoniennes ou des sujets religieux.

Le grand mérite de Pellerin à cette époque aura été d’inventer (industriellement parlant) ce que nous appelons l’histoire en images. Les histoires en images dont le type fut établi et fixé par Pellerin et Vadet (ils en publièrent 600) comportent au lieu d’un grand tableau (comme cela avait été précédemment la règle), 16 petits carrés expliqués chacun par une légende de 3 ou 4 lignes. Ainsi sont adaptés à l’usage de l’enfance des Contes de PerraultDon Quichotte,Madame Angot et sont créées des histoires nouvelles, au schéma naïf : le Petit désobéissant,le Château de l’Ogrele Bon Sujetl’École réformée, etc.

téléchargement (5)L’invention des histoires en petits carrés légendes est pour l’avenir des lectures enfantines un événement considérable. Avec ce genre d’images d’Épinal naît, en effet, une forme de dessins en action dont l’évolution aboutira plus tard aux dessins animés de Walt Disney. Le type d’histoires en images créé à Épinal sous la Restauration demeura longtemps, à de légères modifications près, le type conservé par la presse enfantine du monde entier. C’est aussi à Épinal que sont nés les soldats à découper en feuilles.

Le succès de la fabrique d’Épinal suscita en France de nombreux imitateurs (Metz, Nancy, Pont-à-Mousson, Strasbourg) et le règne de l’image se poursuivit durant tout le XIXe siècle. L’image française connaît pendant cinquante ans une vogue inouïe dans le monde entier. Les images Pellerin sont traduites dans toutes les langues européennes et elles sont répandues sur les cinq continents comme en témoigne un journaliste du Second Empire :

« Jugez de la joie et de l’étonnement qu’on éprouve en entrant dans la maison de bois du pionnier américain, dans la cabane des nègres de Madagascar, dans le wigwam de l’Indien de la Nouvelle-Ecosse, dans la hutte des Esquimaux, de trouver une image illuminée de jaune et de rouge représentant Geneviève de Brabant, le Juif errant, le Petit Poucet, Napoléon Ier, la Sainte Vierge, l’Enfant Jésus, avec des légendes en langue du pays et de lire en bas de ces papiers enfumés : Imagerie d’Épinal (Vosges) » (H. de la Madeleine, dans Le Temps, 7 avril 1866). Depuis, les pionniers américains prirent leur revanche. L’établissement de l’école laïque gratuite et obligatoire devait, après les années nécessaires à son organisation et à l’approfondissement de son action, modifier du tout au tout la situation de la presse et de la littérature enfantine.

Le jour où la quasi-totalité des Français eurent appris à lire, on connut un développement formidable de la presse et du journal à un sou en même temps que la création d’une littérature dite populaire sur laquelle s’édifia par exemple la fortune de beaucoup d’éditeurs comme celle des Fayard, éditeurs du royaliste Candide.

A cette époque, l’image d’Épinal connaît une décadence irrémédiable… Après 1880, Épinal ne fait plus guère que réimprimer ses anciens modèles. La mort en 1878 de l’habile illustrateur Pinot et la disparition du sensible Ensfelder ont marqué la fin d’une époque. Les modèles que créent après cette date Épinal et Pont-à-Mousson sont d’une extrême vulgarité et ils n’auront guère de succès auprès de l’enfance.

Il fallut pourtant attendre le début du XXe siècle pour voir naître une véritable presse enfantine pour les millions d’élèves de l’école laïque. A cette époque, l’évolution de la technique, le. perfectionnement des impressions par rotative et du clichage sur zinc permettent de fournir pour un sou (le prix d’une feuille d’Épinal) un journal de seize pages dont quatre au moins sont en couleurs. Le succès de cette formule auprès de l’enfance est foudroyant. De même que la fabrique d’Épinal avait dominé l’imagerie, la Société Parisienne d’Éditions (Offenstadt) a dominé la presse enfantine française entre 1900 et 1935. La Société Parisienne d’Éditions publia à partir de 1900 toute une série d’hebdomadaires s’adressant chacun à un public spécialisé.

C’est d’abord en 1901 le Petit Illustré, puis quand plusieurs années de succès ont prouvé que la presse enfantine était une excellente affaire, Offenstadt lance coup sur coup l’Épatant(1907) pour les enfants des ouvriers et spécialement pour les petits Parisiens, journal rempli de grosses farces et rédigé en argot ; Cri-Cri (1907), destiné aux enfants plus jeunes ; Fillette(1908), pour les petites filles ; l’Intrépide (1909), concurrence bon marché du Journal des Voyages, rédigé pour les garçons épris d’aventures et de voyages. Offenstadt publie également le Pêle-Mêle, journal dans le style du célèbre Almanach Vermot, destiné à la fois aux adultes et aux enfants et jusqu’à la Vie de Garnison, hebdomadaire grivois pour les militaires.

Les éditeurs rivaux des Offenstadt fondèrent les Belles Images et la Jeunesse illustrée (tous les deux édités par Fayard en 1902-1903), le Jeudi de la Jeunessela Croix d’honneurle Bon Point (fondé en 1911 par Albin Michel), la Semaine de Suzette (à partir de 1904 chez Gautier-Languereau), etc. Certains de ces journaux connurent une grande vogue et lancèrent, eux aussi, des types comme la Bécassine de Pinchon.

Un effort considérable fut également accompli par les catholiques, qui combattirent très violemment la presse Offenstadt en lui reprochant sa neutralité confessionnelle et son immoralité. La Bonne Presse, qui avait fondé en 1895 leNoël pour les jeunes filles de la petite bourgeoisie, lui adjoignit l’Étoile noëlliste, pour les plus petites. Elle modernisa le Pèlerin (fondé en 1870), destiné plus particulièrement aux adultes les moins lettrés mais qui touchait également un certain public enfantin.

Après la guerre de 1914, la Bonne Pressedevait publier BayardBernadetteCœurs VaillantsA la page (pour les jeunes gens) et cette maison d’édition possédait avant la Seconde Guerre mondiale une dizaine d’hebdomadaires destinés à l’enfance, aux jeunes ou à la famille.

De même que jadis les Pellerin d’Épinal s’endormirent sur leurs conquêtes, la Société Parisienne d’Édition, maîtresse trente ans durant de la majorité de la presse enfantine française ne prit pas la peine de se renouveler au fur et à mesure que passaient les années. Ce qui n’empêchait pas la presse Offenstadt de continuer à se vendre. On peut estimer qu’il sortait chaque semaine de leurs imprimeries un million ou deux millions de journaux vers 1930. Les autres éditeurs et la presse catholique se partageaient le reste de la clientèle enfantine.

Telle était la situation de la presse enfantine jusqu’en 1934. On y aurait vainement cherché des écrivains ou des artistes du talent des Stahl, des Gustave Doré, des Pinot, des Ensfelder, des Christophe, des Rodolphe Topfer, des Jules Verne, ou même des Jacquolliot, des Boussenard ou des Paul d’Ivoy. L’immense diffusion de la presse enfantine s’était accompagnée d’un indiscutable abaissement de sa qualité technique, morale, artistique, éducative. Les principales maisons avaient pour seul souci de vendre le plus de papier possible en payant le moins cher possible leurs collaborateurs, aussi les écrivains et les artistes un peu notoires se détournaient-ils de ces besognes mal rétribuées.

téléchargement (6)Mais du moins cette presse enfantine était-elle entièrement écrite, dessinée, rédigée dans sa totalité par des Français. Parmi une couche d’intellectuels de notre pays se perpétuaient des traditions techniques venues d’Épinal ou de la littérature romantique, ces hommes et ces traditions formaient une base solide sur laquelle un jour pouvait être tentée la rénovation de la littérature enfantine.

La concurrence étrangère n’existait en France que dans des domaines très limités. Citons pour mémoire les Nick CarterBuffalo Bill et autres Nat Pinkerton édités et réédités d’innombrables fois par Hachette en trente ans, et les dessins américains que reproduisaientNos Loisirs (Petit Ange) ou Dimanche illustré (Bicot, président de Club).

La situation de la presse enfantine française allait être totalement bouleversée à partir d’octobre 1934 par une invasion massive de notre pays par la presse étrangère, américaine, italienne et anglaise. C’était le Journal de Mickey qui allait le premier s’engager dans l’offensive contre la presse française.

(D’après « Les Annales politiques et littéraires », paru en 1894)

Publié dans LITTERATURE FRANCAISE | Pas de Commentaire »

Le Morvan, site plein de surprises

Posté par francesca7 le 25 septembre 2014

vue_sur_le_morvan_1297868917

 

Le Morvan (anciennement Morvand) est un massif de hautes collines français situé en Bourgogne, aux confins des départements de la Côte-d’Or, de la Nièvre, de la Saône-et-Loire et de l’Yonne. Il domine à l’ouest la dépression du Bazois et le Nivernais, au nord la Terre-Plaine et la dépression de l’Auxois, au sud et au sud-est les plaines du Charolais et de l’Autunois.

L’air vif a un parfum tout particulier. Il sent le foin, la châtaigne, le lait frais et le feu de bois mouillé. Ce bouquet d’odeurs qui monte de vallons encaissés, bruissants d’eaux vives, au cœur de la Bourgogne, c’est tout le Morvan. Un massif qui vit d’air pur et d’eau fraîche, à moins de trois heures de Paris. Un pays solitaire, dur, couvert de prairies, de landes et de forêts immenses, où se mêlent toutes les nuances de vert. Une sorte de Québec en réduction, cachant des trésors sous ses épaisses frondaisons, au flanc de ses gorges profondes, mais ne les livrant qu’à ceux qui ont l’âme rustique ou la fibre du trappeur.

Vieux massif granitique, raboté par l’érosion, relevé depuis, le Morvan occupe, au centre-ouest de la Bourgogne, un rectangle de quelque 80 km de long sur 50 de large, orienté du nord au sud. Au nord, c’est un plateau à peine ondulé, qui s’élève en pente douce depuis le Bassin parisien ; au sud, le relief s’accentue, puis s’effondre brutalement, ce qui, malgré son altitude modeste, lui confère un aspect montagneux.

En venant de la capitale par l’autoroute du Soleil, l’approche se fait par étapes rapides. A peine sorti du ruban de ciment, on traverse, en les oubliant aussitôt, de gros bourgs aux maisons tristes : la sévérité de la pierre grise des façades éteint l’ardoise des toits. Et, soudain, la route monte, descend, tourne, tourmentée comme l’univers à découvrir. L’horizon est fermé par des barrières de grands sapins noirs, percées, de-ci de-là, par la teinte argentée de quelques bouquets de bouleaux. Le rideau s’entrouvre sur un autre monde.

Déjà refuge aux temps préhistoriques, le Morvan fut, à l’époque gauloise, le domaine des Eduens, dont la capitale, Bibracte, était la ville la plus étendue des Gaules. Disputant la primauté au peuple rival des Arvernes, les Eduens appelèrent les Romains à leur aide. Bien que cette alliance ne leur ait pas apporté autant de profit qu’ils en espéraient, ils lui restèrent fidèles, n’abandonnant les Romains que le temps d’aller se faire massacrer à Alésia, aux côtés de l’Arverne Vercingétorix. Après quoi ils marquèrent leur allégeance en acceptant de transporter leur capitale dans la plaine, à Autun : le Morvan cessait d’être un refuge, sauf lors des fort nombreuses périodes troublées que subit la Bourgogne.

Aujourd’hui, partagé entre les quatre départements bourguignons (Yonne, Côte-d’Or, Nièvre et Saône-et-Loire), le Morvan est devenu « marginal ». Mais, au milieu de ses vastes réserves de verdure et d’eaux vives, les frontières s’oublient. Dans ce massif raviné par les torrents, la rudesse des pentes rocheuses est adoucie par le velours des sous-bois où voisinent la digitale et l’orchidée sauvage. Des champs de genêts coupent les forêts de hêtres, tapissées de parterres de bruyères. Pourtant, la roche sombre (Morvan vient du celtique mor’ven, « montagne noire ») n’est jamais bien loin.

Le Parc Naturel Régional du Morvan

L’expansion du tourisme pouvait constituer une intéressante solution d’appoint. C’est ce qui a amené la création, en octobre 1970, du parc naturel régional du Morvan. L’idée de ranimer la vie locale en préservant une vaste zone où les citadins viendraient se détendre est née en 1966. Les arguments ne manquaient pas : paysages attrayants, lacs-réservoirs, étangs, monuments historiques et vestiges remontant à la plus haute antiquité, proximité de Paris, esprit hostile aux modernisations hâtives, ignorant la frénésie de notre époque, propice à la nostalgie des joies agrestes, pause-dépaysement à la portée de tous. Grâce à son parc naturel, le Morvan a consolidé son unité géographique et humaine, menacée par son écartèlement entre quatre départements.

Des aménagements pour accueillir les touristes

Dans le Morvan, la présence gauloise est sensible à chaque détour de sentier. C’est sans doute pour cela que le parc régional, qui s’étend sur 64 communes et couvre 173 615 ha, a pris pour emblème le cheval au galop d’une antique monnaie éduenne. En six ans, les forêts domaniales (Saulieu, au Duc, Ferrières, Breuil-Chenue, Anost, Saint-Prix, Glenne) ont été aménagées : amélioration des routes, création d’aires de stationnement avec tables de pique-nique et abris. Deux maisons forestières ont été transformées en chalets-dortoirs. Ouverts toute l’année, ces refuges en pleine forêt servent des curiosités différentes : celui de Breuil, au nord (près de Dun-les-Places), est destiné à ceux qui s’intéressent surtout à la faune ; celui de la Croisette, au sud, en forêt de Saint-Prix, aux amateurs de flore et de géologie.

Le promeneur est libre qu’il soit amateur ou spécialiste

Mais pourquoi se spécialiser ? Personne n’empêche le géologue de s’attarder dans l’un des miradors de Breuil-Chenue pour observer les évolutions d’un chevreuil ; ou dans l’enclos d’Anost, pour guetter une harde de sangliers ; ou dans celui de Quarré-les-Tombes, où des daims paisibles semblent avoir compris que leur peau ne servira jamais à fabriquer des chaussures. Et personne n’interdit non plus au zoologue qui, sur un chemin forestier, découvre un gisement de quartz laiteux de chercher à y récolter béryls, grenats ou tourmalines.

Carte_du_MORVANLe promeneur est libre. Comme l’air du Morvan. Et si les animaux ne sont qu’en semi-liberté, c’est pour leur bien. L’homme doit les protéger contre l’homme. Mais leurs enclos sont vastes. Chaque espèce vit dans son milieu écologique. La génétique et la densité à l’hectare sont respectées. Finalement, les lois naturelles le sont aussi, puisque, même sans enclos, une bête sauvage occupe un territoire dont elle ne sort jamais.

L’eau est un des éléments dominants du Morvan, terre des cent rivières, devenue aussi celle des grands lacs. Outre les Settons, il faut citer les réservoirs du Crescent (165 ha), de Saint-Agnan (142 ha), de Chaumeçon (135 ha), de Pannesière-Chaumard (520 ha), qui ont permis de discipliner la fougue des cours d’eau — notamment celle de l’Yonne, cause de dangereuses crues de la Seine —, de produire de l’électricité et de constituer une importante provision d’eau potable pour la capitale.

Mais ces lacs ont également une vocation touristique. Tous les cinq sont équipés pour les activités nautiques, et leurs installations se perfectionnent d’année en année. Chaumeçon est une base nationale d’aviron et de canoë-kayak (discipline pratiquée sur toutes les rivières de la région); Saint-Agnan, en accord avec la fédération et les collectivités locales, s’oriente vers la pêche ; Crescent (comme l’étang de Vaux et son voisin l’étang de Baye, dans le Nivernais) est surtout voué à la pratique de la voile.

De par son étendue, Pannesière-Chaumard, qui déploie ses méandres sur 7,5 km dans la vallée de l’Yonne, à l’ouest des Settons, au milieu d’une couronne de collines verdoyantes, permet de pratiquer toutes ces activités. Une route en fait le tour en franchissant la crête du barrage. De là, on découvre, vers le sud, les sommets du haut Morvan qui, plus farouche et plus solitaire que le nord, est peut-être le « vrai » Morvan.

Publié dans Bourgogne, Morvan | Pas de Commentaire »

UNE ENQUÊTE SUR JEAN COUSIN

Posté par francesca7 le 25 septembre 2014

 

 téléchargement (9)Jean Cousin est un de ces ouvriers de la première heure qui, à l’aurore du XVIè siècle, ont renouvelé l’art français. Il possédait le don merveilleux de tout savoir, de tout comprendre et cette diversité d’aptitudes dont les maîtres italiens de la Renaissance nous ont montré tant de glorieux exemples. A la fois peintre, sculpteur, graveur, verrier, architecte et écrivain, presque toujours il s’est montré sûr de sa main comme il l’était de sa pensée. Et cependant l’histoire ne possède encore que des lambeaux épars de sa vie. On ne sait au juste ni quand il est né ni où il est mort; on ignore la plupart de ses oeuvres, soit que les unes aient été détruites par le temps ou les révolutions, et que les autres aient péri sous la main de vandales qui prétendaient les restaurer ou les mettre en harmonie avec le goût moderne. Si bien que l’été dernier, M.Deligand, maire de Sens, dressant un long et consciencieux procès-verbal des faits, nous ne dirons pas connus, mais publiés sur son illustre compatriote, n’a obtenu de ce patient labeur qu’ un résultat fort triste, à savoir, que les points de sa vie tombés dans l’oubli l’emportent en nombre et de beaucoup sur ceux reconnus authentiques ou seulement vraisemblables.

Les études premières, les travaux et les faits essentiels d’une vie que jean cousin consacra toute entière au travail, sont tellement peu connus, qu’il n’est pas d artiste à qui l’on ait plus accordé de choses qui ne sont pas de lui. Toute peinture, toute gravure, sculpture ou verrière de son époque, et dont leurs auteurs sont restés ignorés, lui ont été attribués sans preuves, sans raisons suffisantes. Et il arrive maintenant, juste retour des choses d’ici-bas, que l’esprit de critique, ce trait vital du génie français, non content de lui avoir ôté ces oeuvres apocryphes, cherche à lui ravir l’un des rayons principaux d’une gloire dont il avait toujours joui sans conteste.

Jean Cousin a-t-il été sculpteur ? Cette question fut posée en 1858 par un de nos érudits d’art des plus compétents, M. Anatole de Montaiglon. Certes, Jean Cousin a été sculpteur, écrivions-nous vers ce même temps au savant bibliothécaire de  l’école des Chartes, car Ies comptes de la cathédrale de Sens, relevés par notre excellent archiviste, M Quantin mentionnent qu’une somme lui fut allouée en 1543, « pour avoir racoustré une « statue de la sainte Vierge. » D’autre part, les comptes de Fontainebleau, transcrits par M. de Laborde, mentionnent la vente, à lui faite, d’un bloc de marbre dont il ne voulait pas apparemment  faire des manches de couteau ; enfin la tradition, qu’il n’est guère permis de traiter légèrement, car elle nous a valu l’Iliade et la Bible, a toujours été sur ce point précise et invariable.

Mais a-t-il sculpté cette admirable statue de l’amiral Chabot, l’orgueil du Louvre et de l’art français, l’égale, ou peu s’en faut, des plus belles oeuvres de Michel-Ange ? L’attribution qui lui en est faite reposait uniquement sur assertion relativement récente (1606) de Félibien, lorsque nous trouvant à Sens en Décembre dernier, un érudit de cette ville, artiste à ses heures, M. de la Vernade, voulut bien nous communiquer, et même nous aider à transcrire d’un vieux manuscrit de famille, comtemporin de Jean Cousin, la preuve, décisive  en apparence, qu’il a sculpté la statue de Chabot. Ce manuscrit, bien connu dans notre département, à pour titre : Histoire de la ville de Sens, par Taveau, copiée et revue par P. Maulmirey, échevin de cette ville, en 1572, et l’aïeul de M. de la Vernade. Le manuscrit princeps, celui de Taveau, existe d’ailleurs à là bibliothèque de la ville, mais le passage en question avait échappé jusqu’ici aux biographes de Jean Cousin, bien qu’il eut été signalé, mais incomplètement, par M. Horsin Déon, en 1851, dans son excellent livre, devenu rare, De la Restauration et de la Conservation des Tableaux. Voici ce passage, transcrit avec un profond respect de l’orthographe, et qui voit ainsi le jour pour la première fois :

  »Jehan Cousin, natif d’un village nommé Soucy , en la banlieue de Sens, peintre fort gentil et excellent d’esprit, a monstré par les belles peintures qu’il a délaissées à la postérité la subtilité de sa main et a fait cognoistre que la France se peut vanter qu’elle ne le cède en rien aux gentils esprits qui ont été ès autres pays. Il a faict de beaux tableaux de peinture très ingénieuse et artiste, qui sont admirés par tous les ouvriers experts en cet art pour la perfection de l’ouvrage auquel rien ne deffault.

Oultre ce, il estait entendu à la sculpture de marbre, comme le tesmoigne assez le monument du feu admiral Chabot en la chapelle d’Orléans, au monastère des Célestins de Paris, qu’il a faicte et dressée et monstre l’ouvrage l’excellence de l’ouvrier. »

Ainsi donc, un témoignage contemporain et digne de confiance, accorde au grand artiste sénonais l’œuvre qu’on lui conteste. Mais M. de Montaiglon, que nous nous sommes empressés d’aviser de notre découverte, ne la trouve point décisive. Voici ses raisons : 

Paris 11 décembre 1868 

Monsieur et ami, 

Votre passage est très curieux. C’est la première fois qu’il se produit un texte antérieur à Félibien, et cela est important. Mais une chose reste certaine :
    1°) Que le cadre ovale de l’ancien tombeau de Chabot ne peut être que de la fin des Valois; par conséquent, l’ayant ou ne l’ayant pas sculpté, Cousin peut être l’auteur de la composition et du dessin et en avoir surveillé l’exécution;
    2°) Que la statue, la seule chose qui soit un chef d’œuvre est bien antérieure, ce qui résulte d’elle-même; elle est d’un goût non seulement antérieur au temps de Pilon, mais même au temps de Goujon; elle est contemporaine de François ler et de Chabot, et, dans mon opinion tout intime, plus voisine de sa nomination au grade d’amiral (1525) que de sa mort (1543).

Il faudrait donc que Cousin, à quarante ans de distances ait d’abord fait la statue vers 1530 et le cadre ornemental vers 1570, date du goût de ce dernier qui sent pleinement l’exagération menue et chargée des derniers Valois et des derniers temps de l’Ecole de Fontainebleau expirante.

Le cadre sculpté du tombeau, son arrangement architectural et ornemental, est bien du temps de Cousin, il pourrait être de lui; votre texte prouve qu’au lieu d’une possibilité il y a probabilité, certitude même. J’en ai fait la supposition, vous la confirmez. Mais la  statue même est en dehors. Elle est antérieur à Goujon, elle est du temps de François 1er ; Cousin l’a-t-il faite sous François 1er ? La grosse question est là et reste tout entière.

Je n’ai pas besoin de vous dire que si je me défends ce n’est pas pour mon opinion, mais pour ce que je crois la vérité. Ce que je demande c’est la preuve de deux choses, la preuve positive et, s’il se peut, pas unique, que Cousin a été non pas l’inspirateur direct d’une sculpture, – je l’ai accordé d’avance dès 1858 – mais un sculpteur au propre, un modeleur et un tailleur de marbre effectif, et aussi la preuve que la statue qui est archi-antérieure, qui n’est qu’employée et mise en oeuvre dans une décoration postérieure, est son oeuvre; de plus, ce qui serait bien nécessaire à la démonstration, qu’il a fait d’autres choses de sculptures et d’importantes, même de sublimes, parce qu’on ne fait pas un chef-d’œuvre comme celui-là sans être non-seulement un grand sculpteur, mais un sculpteur habituel, exercé, fécond et même uniquement un sculpteur.

Voilà, en gros et en courant, mon opinion ancienne et subsistante, pas du tout pour faire du paradoxe et de l’originalité, mais parce que jusqu’à la production de véritables preuves, je ne peux pas arriver à en avoir une autre. Je n’en reste pas moins votre tout dévoué en Cousin, malgré ma qualité d’hérétique, brûlable sur la place publique d’Auxerre.

téléchargement (10)« L’hérésie » de notre aimable et spirituel correspondant ne sent nullement le fagot ! N’est-il pas bon, n’est-il pas utile et profitable que la libre discussion aborde, pour les éclairer, tous les points qui divisent le monde de l’art, comme celui de la science et de la politique ? D’ailleurs, elle est déjà bien loin de nous la critique d’art telle qu’on l’entendait autrefois, en admettant sans examen ni contrôle les attributions souvent hasardées, parfois ridicules des enthousiasmes de clocher ! L’érudition moderne n’admet plus les faits qu’à bon escient. Ses arrêts n’en sont que meilleurs et souvent même décisifs. Le jugement porté par M. de Montaiglon sur l’œuvre sculpturale qui nous occupe, paraîtra probablement un peu absolu ; il n’en mérite pas moins un examen sérieux et approfondi auquel nous nous essayerons prochainement en temps et lieu. Rappelons seulement ici, en réponse au trait final de sa lettre, que le savant professeur de l’école des Chartes est l’un des bénédictins de l’art, un historien consciencieux, inexorable, épris avant tout de la vérité qu’il cherche sous toutes ses formes, même sous celle du doute, cette base première de la science. En publiant sa lettre, expression des doutes qui l’assiégent, nous voulons seulement offrir à nos érudits l’occasion de les lever.

Il nous paraît impossible, en effet, que dans le département de l’Yonne, et en particulier au pays Sénonais où tout est plein de Jean Cousin, où tout parle de lui, on ne puisse pas exhumer, soit des archives des villes, des presbytères, des châteaux, soit des comptes des fabriques d’église ou des études de notaire, un fait, une date, une trace quelconque de sa biographie, à l’aide desquels on puisse restituer l’œuvre à peu près complète du maître etmaintenir ce qu’on lui conteste. C’est à M. Deligand qu’on doit le peu que l’on sait de certain sur sa vie ; c’ est à un autre ancien officier ministériel, M. Hesme, de Villeneuve-le-Roi, qu’on doit aussi l’accroissement de ce premier fond et plusieurs indications d’un haut intérêt.

La terre natale de Jean Cousin ne peut en demeurer là; le dernier mot ne peut pas avoir été dit. On se rappelle qu’à la demande de M. Champfleury, et dans ces mêmes colonnes, nous ouvrîmes il y a six ans, à propos des anciennes faïences de l’Auxerrois, une enquête qui n’a pas été infructueuse. Celle que des fervents de l’art nous prient d’ouvrir aujourd’hui sur la vie et les oeuvres du grand maître sénonais, aura-t-elle également un sort heureux ? Nous l’espérons fermement. Le souvenir de Jean Cousin et de son talent est pour nos contrées comme une tradition de gloire, à laquelle chacun voudra s’efforcer d’ajouter encore. Pour cela, il ne faut qu’essayer d’éclairer les points restés obscurs de sa glorieuse carrière, qu’achever en un mot l’oeuvre heureusement commencée par MM. Hesme et Deligand.

C’est à l’année 1560 d’après le manuscrit de Maulmirey, qu’il faut fixer l’époque de sa mort, témoin ce passage traduit littéralement et avec ses lacunes :

« Il mourut à…, le jour de…1560 plus riche de nom que de biens de fortune, qu’il a de toute sa vie négligés… »

Félibien dit au contraire en 1666 :

« Il m’a esté impossible de sçavoir en quelle année il est mort, seulement qu’il vivait en 1589, véritablement fort âgé.»

Comment ne pas donner la préférence entre ces deux témoignages à celui de Maulmirey, digne de toute confiance parce qu’il fut le contemporain, le compatriote et probablement l’ami de Jean Cousin. Une tradition de famille le fait naître vers l’an 1500, mais ce n’est qu’une tradition et son autorité est singulièrement affaiblie par divers textes affirmant que Cousin naquit vers 1492 et même auparavant. Que ces textes soient confirmés par des preuves, et l’argument de M. de Montaiglon sur l’antériorité de style de la statue Chabot perd toute sa valeur.

Les compositions gravées par Jean Cousin sont aussi introuvables que ses dessins, de même que les oeuvres incontestables de son pinceau sont rarissimes.

Il en est jusqu’à trois que l’on pourrait citer :
L’une, le Jugement dernier, est au Louvre ;l’autre, la Pandore, à Sens, et la troisième, l’Artemise, à Auxerre, celle-ci certifiée par les principaux connaisseurs de Paris, par M. Reiset, notamment.

A notre avis, il en existe d’autres encore ; mais ces mêmes juges, à la suite d’ailleurs d’un malentendu, les tiennent maintenant pour des copies. Nous voulons parler des cinq portraits de la famille de Jean Cousin, que possède son descendant, M. Bouvier, receveur des contributions à Agen. On lui conteste encore le célèbre vitrail de saint Eutrope, de la cathédrale de Sens, dont certaines parties d’ailleurs sont peu dignes de lui ; on a trouvé qu’on pouvait même lui contester les oeuvres sorties de son ciseau.

Heureusement qu’il a signé les livres qu’il publia, comme Albert Durer, sur les proportions du corps humain et sur les moyens géométriques de dessiner ; aussi, personne n’a pu les lui contester. Sur ces livres, intitulés La vraye Science de Pourctraiture et L’Art de desseigner ; le manuscrit de Maulmirey s’exprime ainsi :

« Il ne se contenta pas de faire paroistre ses ouurages par la peinture et sculpture, mais encore il voulut communiquer à la postérité ce qu’il y avait d’excellence en son art et a laissé par escript un liure : De la Perspective, imprimé à Paris en l’an 1560, par Jehan Royer, qui est comme un directoire aux peintres pour pouvoir représenter en tableaux avec la géométrie toutes figures de palais, maisons, bastiments et choses qui se peuvent voir sur terre, soit haultes ou basses par raccourcissement selon l’esloignement de la veue ou distance, auquel liure il a mis les figures nécessaires pour l’intelligence qu’il auait luy même pourctraiter de sa main sur planches de bois.

  Il a faict un aultre liure qui est aussy imprimé :
Des raccourcissements des membres humains en l’art de peinture. Il mourut à…
le jour de…1560, plus riche de nom que de biens de fortune, qu’il a toute sa vie négligés comme tous homme de gentil esprit, faisant profession des arts et sciences, qui s’y sont arrestés. »

(Histoire manuscrite de la ville de Sens., par Jacques Taveau, procureur au bailliage, transcrite par Maulmirey, échevin de cette ville. – Sens, 1572).

Quant à notre appel, dont plusieurs journaux, après le journal L’Yonne du 17 décembre se sont fait les échos, il nous a valu déjà plus d’une communication intéressante de nos érudits et notamment la lettre suivante dont les indications, très nettes, très précises, pourront mettre sur la voie de découvertes importantes et décisives :

                        Auxerre, 19 décembre 1868.

Mon cher Monsieur, 

J’ai lu dans L’Yonne, du 17 courant, l’appel que vous faites à tous les amateurs des arts et de l’histoire des artistes, pour arriver à compléter la biographie d’un célèbre compatriote, Jean Cousin. Me permettez-vous de répondre à cet appel dans la mesure de ce que je sais et puis dire? Rassurez vous, je serai bref.

Dans ma pensée tous les efforts, toutes les suppositions que l’on fera `seront vaines aussi longtemps qu’on ne portera pas les recherches dans les archives des anciens notaires sénonais. Or, il existe à Sens, à la Chambre des notaires, un riche dépôt de minutes remontant au seizième siècle. C’est là surtout qu’il faut fouiller. Si on veut le faire sérieusement, on y trouvera, j’en ai l’entière certitude, des documents authentiques sur Jean Cousin, et notamment des marchés passés entre lui et des communautés religieuses pour des travaux d’art de diverses natures. 

Et alors la lumière que vous avez eu la bonne idée de provoquer se fera et les plus incrédules, M. de Montaiglon en tête, seront forcés de reconnaître que Jean Cousin a été peintre, sculpteur, etc.

images (6) 

Agréez, etc.                                                                                    

M. QUANTIN Archiviste de l’Yonne.

Nous avons pleine confiance dans l’indication précise que signale notre savant correspondant et l’espoir que les archives de la chambre des notaires de Sens, largement explorées, mettront sur la voie de faits précis, irrécusables, sans lesquels une Biographie de Jean Cousin ne peut être aujourd’hui entreprise sérieusement.
Nos érudits sont ainsi mis en demeure d’agir. Espérons qu’ils ne failliront point à la tâche et que leurs recherches arriveront à dissiper cette longue série de points d’interrogation dont se compose, en majeure partie, l’histoire de la vie et des oeuvres du grand artiste sénonais.

Le portrait accompagnant cette notice, nous le devons à l’extrême obligeance de M. Charles Blanc l’auteur de l’Histoire des Peintres et le fondateur de la Gazette des Beaux-Arts , deux entreprises qui tiennent, à des titres divers, le premier rang dans les publications artistiques contemporaines. Et cependant ce portrait, à nos yeux du moins, est non moins apocryphe que celui illustré par le burin d’Edelinck ; aussi le donnons nous à titre de simple document. 


J. LOBET-  Almanach Historique et Statistique de l’Yonne
- édition de l’année 1869 -

Publié dans Bourgogne, Yonne | Pas de Commentaire »

MÉFIANCE DU PAYSAN NORMAND

Posté par francesca7 le 24 septembre 2014

images (5)

Le paysan normand est questionneur. Li plus enquérrant en Normandie : Où aliax ? Que quèriax ? d’ont veniax ? Mais il ne répond point à la confiance qu’il semble désirer, et en vous méfiant de lui vous ne faites que lui rendre la pareille. Cachant la finesse du renard sous l’air de bonhomie du mouton, retors sous le masque de la simplicité, réservé et sur la défensive avec les étrangers, il semble leur supposer ou avoir lui-même une arrière-pensée. Il louvoie, ne dit ni vere ni nenni, et répond rarement avec une franchise catégorique à la question même la moins insidieuse. C’est pour lui que le conditionnel semble inventé.

« Eh ! père Tourly, vous pâchez ben fiar à ch’te remontée !
– J’ chommes pressais.
– Méfiez-vous ; vot’ queval va s’accagnardir (1) Où qu’ vous jallais ? au marchais ?
– J’en chavons rién.
– Ch’ équiont t’y pour vos viâs ?
– J’te l’dirons tantôt, où iou qu’tu cheras. Tu m’harlandes (2).
– Vous plaisantais.
 »

Si l’interrogateur du père Tourly le questionne sur les affaires, il obtiendra des réponses encore plus incertaines. Le père Tourly est un riche fermier cauchois, dont le fils aîné étudie le droit à Caen, et qui pourtant déplore toujours sa misère.

« Et comment qu’i va vot’ commerce ?
– J’allions tout dret à l’iau, si l’ temps qu’ j’avons ilà y duriont cor ein brin. On s’ cabasse (3) tout plein pour rién gagnai.
– Ch’ équiont portant point core à vous d’ vous plaindre, quan’y en a d’ pus malhureux qu’vous.
– Où qu’y sont ? Queu chance que j’ons ? Qu’en chavez-vous si j’ sommes point malhureux ? J’ons t’y comptai asambe ?
– D’où vient, pisqu’ vous êtes si pauvre, qu’ vous avez cor ach’tai, à la Saint-Martin, la pièce à Jean Thomas, qu’est au bout d’ vot’ clos ?
– Ch’a veut’y dire que j’ chommes hureux, cha ?
– Dam ! les pas hureux y-z-achetiont rién.
– J’ons t’y point neune tiaulée d’afants qu’y leux z’y faut d’ quoi leux z’y dounnai. D’ pis quand ch’ équiont t’y eune richesse, chinq afants tous grouillands ?
– Quoiqu’ ch’est qu’ chà, quand on a d’ quouai ?
– Et quand on n’ l’a point ?  que v’là le mognier qui l’ont laiché leux moulin, qu’il aviont filé aveu leux mobiyer sans pâyer… Et me v’là, may ! y a point n’a dire, jamais j’ n’ons vu un temps pus dur !… la fin du monde, quoai !… 
»

Si vous êtes son débiteur, le paysan normand se défie de votre argent comme de vous-même. On vient d’apporter au père Tourly le loyer d’une maison ; il examine les pièces qu’on lui compte, y aperçoit des rognures imperceptibles, analyse avec la justesse d’Archimède le tintement d’une monnaie équivoque, se catune (4), et s’écrie brusquement : « Quoiqu’ ch’est que c’t argent ilà ?

– Ch’ équiont l’argent qu’ nout’ tante y vous envoyont d’ chon du.
– Qu’est qu’ ch’étiont qu’ chà ? J’y ont pas loué pour de la monnaie pareille à ta tante ; qu’est qu’chest  qu’ chà pour eune pièche ?
– Ch’ équiont une belle pièce ed’ trente sous.
– J’en voulons point ed’ sa belle pièche ; elle équiont point marquée : j’ voulons d’s écus d’ chent sous.
– J’ n’en ons point.
– Va z’en qu’ri ; j’ t’espérons
 (5).

– Pis qu’ j’ vous dis que j’en avons point.
– J’ m’en fiche pas mal, j’en voulons.
– Pisqu’on vous dit…
J’ la citerons jeudi cheux le juge ed paix, ta tante ; tu voiras.
– Vous n’oserais point.
– Allais, marchais, j’y enverrons le huissier 
(6). »

Ne reconnaît-on point dans cette méfiance perpétuelle le descendant de gens qui, comme Northmans, ont eu à se garantir d’une sourde hostilité ; ou, comme Neustriens, ont longtemps employé l’astuce à défaut de force ouverte ; qui, confondus ensemble plus tard, ont été assaillis par les Anglais, et en contact forcé avec d’avides étrangers ?


(1) S’abattre, mot de patois cauchois.
(2) Tu me tracasses ; mot cauchois.
(3) On se donne beaucoup de peine ; mot cauchois.
(4) Expression normande : baisse la tête en fronçant le sourcil.
(5) Je t’attends.
(6) En Normandie, l’h d’huissier est aspiré.

Publié dans Normandie | Pas de Commentaire »

Place Vendôme, écrin des joailliers

Posté par francesca7 le 24 septembre 2014

 

rejoindre le FORUM : http://devantsoi.forumgratuit.org/

 

Visite guidée. Parcourons ses pavés chargés d’histoire avec le joaillier Lorenz Bäumer. Anecdotes choisies.

La place Vendôme est avant tout un chef-d’oeuvre d’architecture classique, décidé par le Roi-Soleil en 1699. C’est à la fin du XIXe siècle que les joailliers commencent à s’y installer.
À tout seigneur tout honneur, le premier joaillier à s’implanter place Vendôme, c’est Frédéric Boucheron, en 1893. C’est aussi là que la comtesse de Castiglione, espionne et maîtresse de Napoléon III, vécut longtemps. Elle ne sortait que la nuit, parée de ses plus beaux bijoux. Autrefois, il n’était pas rare de voir débarquer place Vendôme des maharajas, escortés de deux ou trois porteurs chargés de malles remplies de pierres précieuses et de bijoux à remonter. « Ils faisaient vivre la place entière. Mais les maharajas d’aujourd’hui, ce sont les Brics [un acronyme pour Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud]« , glisse Lorenz Bäumer.

Pour Béatrice de Plinval, présidente du comité Vendôme et directrice du patrimoine de la maison Chaumet, qui travaille place Vendôme depuis quarante-trois ans, c’est aussi un endroit exceptionnel. « Je ne me lasse pas de l’éternelle émotion suscitée par un tel chef-d’oeuvre. Ses visiteurs sont toujours impressionnés et c’est un théâtre qui incarne un pouvoir économique fort pour toute l’industrie du luxe français », précise celle qui pilote, via son prestigieux comité, la sortie en 2015 d’un remarquable ouvrage sur la place Vendôme.

vendome-chaumet-dior-van-cleef-arpels-chanel-bulga-1491910-jpg_1377671_560x240

La colonne, qui raconte la campagne d’Austerlitz, en cours de restauration, fut élevée en 1810 par Napoléon, à la place de la statue équestre de Louis XIV. Pour la construire, l’empereur eut l’idée d’utiliser le bronze des canons pris à l’ennemi. « Je collectionne les daguerréotypes et photos qui la représentent, de 1850 à aujourd’hui. J’en possède environ 150. J’ai même acheté dans une vente un bout de la colonne, détruite pendant la Commune », nous livre le joaillier Lorenz Bäumer. En mars 2012, un incendie a ravagé le parking souterrain. Une épaisse fumée noire flottait au-dessus de la colonne. « On était là à attendre, sans trop savoir quoi faire. J’ai fini par prendre mes bijoux dans le coffre-fort pour les fourrer dans un sac à dos. J’ai enfourché mon vélo et j’ai filé », se souvient le sportif créateur.

Chez Bvlgari, on ne compte plus les demandes en mariage qui ont eu lieu à la boutique Vendôme. On se souvient encore de ce jeune couple venu voir des boucles d’oreilles toutes simples. Le fiancé avait tout prévu pour que la directrice dégaine, en réalité, un spectaculaire solitaire. « Il y a deux ans, lors des Journées particulières, nous avions ouvert la maison Chaumet au public. Il y avait des familles que la longue file d’attente n’avait pas refroidies et cette petite fille qui, pour l’occasion, avait mis son plus beau diadème en plastique ! On vend du rêve et de la création », s’émerveille Béatrice de Plinval.
Alors, n’hésitez plus à fouler ce lieu chargé d’histoire.
Ils s’en sont inspirés

La colonne pour Van Cleef & Arpels

Lorenz Bäumer a passé près de vingt ans au n° 4, avant de déménager le mois prochain au n° 19. Cette adresse était celle de Napoléon III avant qu’il ne devînt prince-président. Mais c’est aussi là qu’habitait Henri Salvador. Lorenz n’a cessé de s’inspirer de la place. En témoignent des boutons de manchette qui reprennent la colonne et la façade du Ritz. Ou encore une bague figurant les trophées pris à l’ennemi qui ornent la base de la fameuse colonne.
De tout temps, les joailliers de la place lui ont rendu hommage. Dubail, situé au n° 17, propose en édition limitée sept montres de la manufacture L. Leroy. Un tourbillon d’exception avec, sur le cadran, la colonne Vendôme gravée en lapis-lazuli. Quant à Van Cleef & Arpels, situé au n° 22, il conserve dans son musée deux magnifiques pièces figurant la colonne Vendôme : un briquet en or et une boîte à cigarettes sertie de 46 diamants et de 25 rubis.

Les vitrines pour Dior

Si l’emplacement de la boutique Dior joaillerie-horlogerie se situe au 8 de la place Vendôme, ce n’est certainement pas un hasard. Christian Dior était un homme très superstitieux et le 8 était son chiffre préféré. Il a créé sa maison de couture le 8 octobre 1946, dans le 8e arrondissement de Paris. Et sa première collection fut baptisée « En huit ». L’emplacement de la boutique place Vendôme est donc un joli clin d’oeil au créateur de la maison et à son chiffre fétiche. Un jour, une cliente a flashé devant cinq bagues Incroyables et Merveilleuses. Elle est rentrée et les a toutes achetées. Pas pour les porter, mais pour reproduire chez elle la vitrine de la place Vendôme qui la faisait rêver. Lors de la réouverture de la boutique, les artisans ont réalisé le Christal Vendôme, une montre dédiée à la place, qui reprend les codes de la maison.

La ferronnerie des balcons pour Chaumet

Comme si la superstition était une habitude, le 12 est aussi un nombre fétiche chez Chaumet. Le chef d’atelier est le douzième de la maison depuis 1780. Et cette institution a participé à sa douzième Biennale en 2012. Dans les années 80, pour rendre hommage à la place Vendôme, Chaumet a imaginé des médailles en or, reprenant la ferronnerie de ses célèbres balcons, figurant le Roi-Soleil. Parmi les clientes fidèles, citons la femme du président Adolphe Thiers, pour qui Chaumet a réalisé une montre avec mouvement Breguet et un habillage en diamants bleu blanc rouge, sans oublier une petite colonne Vendôme. Enfin, Chopin composa sa dernière mazurka dans le célèbre grand salon. D’ailleurs, pendant des années, lorsqu’on téléphonait chez Chaumet, c’était sa musique que l’on entendait en guise d’interlude.

La forme hexagonale de la place pour Chanel

Gabrielle Chanel adorait la place Vendôme. Elle avait d’ailleurs une vue imprenable sur la place de sa suite de l’hôtel Ritz, où elle habita dès les années vingt. Cette illustre place fut aussi pour elle une constante source d’inspiration.

Sa forme octogonale lui suggéra le bouchon de son premier parfum, le N°5. C’est encore plus stupéfiant quand on regarde le cadran de la montre Première, qui évoque à la perfection la place vue de haut. En 1997, Chanel ouvrait sa boutique consacrée à l’horlogerie et à la joaillerie, juste en face de la suite où feu Mademoiselle résida si longtemps.
À quelques pas se trouve l’appartement d’Elsa Schiaparelli, la grande rivale de Coco Chanel, chantre du surréalisme. C’est l’une des seules adresses de la place, avec le ministère de la Justice, qui ne soit pas occupée par un joaillier ou un horloger.

Source : http://www.argusdesmontres.com 

Publié dans Paris | Pas de Commentaire »

12345
 

leprintempsdesconsciences |
Lechocdescultures |
Change Ton Monde |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | C'est LE REVE
| Détachement Terre Antilles ...
| ATELIER RELAIS DU TARN ET G...