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    « La restauration est une opération qui doit garder un caractère exceptionnel. Elle a pour but de conserver et de révéler les valeurs esthétiques et historiques du monument et se fonde sur le respect de la substance ancienne et de documents authentiques. Elle s’arrête là où commence l’hypothèse, sur le plan des reconstitutions conjecturales, tout travail de complément reconnu indispensable pour raisons esthétiques ou techniques relève de la composition architecturale et portera la marque de notre temps. » citation Charte de Venise, art. 9, ICOMOS, 196.

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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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Les Festivités du Moyen âge

Posté par francesca7 le 24 août 2014

 

La ville médiévale, si elle ignore les véhicules à moteur, n’est guère tranquille. Dans un espace restreint, corseté de murailles, tout un petit monde vit et s’agite bruyamment. Dès l’aube, les artisans commencent A travailler en plein air, et l’afflux d’hommes, de bêtes et de chariots embouteille les rues étroites. Dans une ville comme Paris se dresse une centaine de clochers, dont les sonneries ssourdissantes rythment la journée.

gastronomie-repasEn l’an mil, au gré des saisons, les paysans de l’après-Charlemagne sèment le blé, l’orge ou le seigle, voire le sarrasin, la céréale des pays pauvres… Les récoltes sont aléatoires. On mène A la glandée des cochons noirs, des troupeaux d’oies blanches ou de moutons gris, quelques vaches qui donnent du lait, des chèvres… Le bceuf est un luxe car il est en principe réservé au labour. 

Alors les seigneurs chassent  à cor et à cri. Couverte de forêts, la France est giboyeuse et les tables féodales se chargent de venaison (le porc encore proche de l’animal sauvage y est admis) préparée en pâtés, en bouillis, principalement en rôts. Il s’agit là de viande maigre, à peu près dépourvue de cholestérol, que l’on sert en larges rouelles sur un pain plat coupé en deux, une sorte de pizza appelée tranchoir, qui absorbe le jus. 

Un repas peut comporter plusieurs services, fortement épicés de verjus (suc acide de raisin vert), de cannelle, de cumin, de girofle, de safran, de quantité de poivre, autant d’épices qui masquent le goût sans doute un peu prononcé des viandes au bout de quelques jours. Curieusement, l’ail et l’oignon sont considérés comme vulgaires.

Il semble que ce soit aussi le règne du goût sucré salé. Les seigneurs mangent fort peu de légumes sauf peut-être en soupe ou en bouillon. Des fruits ? Encore moins : si l’invasion arabe a déjà apporté en Espagne quelques nouveautés, il faudra attendre les croisades pour voir apparaître en France les prunes de Damas, la pomme ou la pêche. Mais on apprécie les confitures au miel…

Cependant, le régime carné est contrebalancé par les très nombreux jours de jeûne imposés par l’Église: mercredi, vendredi, carême, avent, vigiles et quatre-temps… Ces jours-là, on mange du poisson, notamment le poisson d’eau douce provenant soit des étangs et viviers artificiels soigneusement empoissonnés en carpes, en tanches, en esturgeons, soit des rivières qu’à la saison les saumons remontent par milliers. L’anguille est très appréciée. 

Et puis, il y a le hareng salé qui arrive en caques (tonneaux) de la mer du Nord par charrettes entières (l’art du fumage ou saurissage, perdu, ne sera réinventé que vers le Xlle siècle). Quant à la queue de castor ou à la baleine, autorisées par l’Église en période de jeûne, elles restent forcément anecdotiques. De même pour le fameux loir confit dans le miel du temps de Charlemagne, réservé aux jours gras, la pauvre bête.

http://www.histoire-en-questions.fr

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A quoi ressemblaient les lits médiévaux

Posté par francesca7 le 24 août 2014

 

téléchargement (10)Le lit médiéval ressemble fort au lit contemporain. Il comporte trois éléments: le bois du lit; le lit proprement dit, ce qui correspond plus spécialement à notre literie ; enfin les étoffes qui, disposées autour et au-dessus du lit, protègent le dormeur des regards indiscrets, de la lumière ou des courants d’air. Certains lits sont larges d’un lé et demi, de deux lés et même de trois lés, le lé correspondant probablement à la place d’une personne. Au XIVesiècle, le lit de Francesco Datini, riche marchand de Prato, et de sa femme Margherita, a une largeur de 3,50 m et comporte un marchepied, tout à la fois siège et coffre.

Il n’est pas surprenant, dans ces conditions, que les lits médiévaux accueillent non seulement le mari et son épouse, mais aussi les enfants, des amis, des domestiques, voire des étrangers. Une lettre de rémission de 1395 signale que deux Poitevins sont compagnons depuis longtemps, couchant, se levant et travaillant ensemble.

Une autre lettre de 1398 rapporte l’anecdote suivante : Jean Jourdain, couturier établi à Parthenay, voit venir dans son échoppe un jeune Anglais nommé Guillemin, ouvrier couturier de passage en la cité. Jean Jourdain l’embauche. Le lendemain, comme un ouvrier qui a hébergé Guillemin la nuit précédente refuse de le recevoir à nouveau, Jean Jourdain l’emmène chez lui et le fait coucher dans son lit avec sa femme déjà endormie, lui-même se trouvant au milieu. Pendant la nuit, Guillemin veut violer l’épouse qui se défend, lui donne un coup de poing et quitte le lit pour aller chercher une chandelle. Comme Guillemin parvient à éteindre celle-ci, la femme se met à crier. Son mari s’éveille, se lève et agrippe Guillemin qui doit lâcher l’épouse. Finalement, en se défendant, Jean Jourdain tue le jeune Anglais.

II existe une catégorie de personnes à qui il est formellement interdit de dormir sans aucun vêtement, ce sont les moines. La règle de saint Benoît stipule qu’ ils dormiront vêtus, et ceints d’une courroie ou d’une corde. De la sorte, ils sont toujours prêts et peuvent, en se levant immédiatement au signal donné, s’empresser de se devancer à l’oeuvre de Dieu. 

Saint Colomban, moine irlandais (vers 543-615), fondateur de nombreux monastères sur le continent, prescrit à ses moines de changer de vêtement matin et soir, ce qui sous-entend le vêtement nocturne. Un autre problème se pose alors: comment se changer sans montrer sa nudité? Certes, dit saint Benoît, il suffit à un moine d’avoir deux tuniques et deux coules (ample manteau à capuchon) pour en changer la nuit et pour pouvoir les lave». Mais cela ne résout pas la question. Il faut utiliser un processus compliqué pour éviter son regard et celui du voisin.

Le moine Ulric qui, vers 1063, remanie les textes clunisiens, le décrit en détail. Lors du lever pour les prières nocturnes, il convient de se revêtir de sa cuculle (également manteau à capuchon) et de s’en couvrir les jambes avant de rejeter sa couverture. Le matin, on procède de la même façon avec les chausses, que l’on met dans son lit. Si l’on a chaud la nuit, il faut ne découvrir que les pieds, les bras et la tête. Pour changer de caleçon, on doit garder son manteau. 

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Par ailleurs, enseigne saint Benoît, les moines doivent dormir chacun dans un lit. Par contre, dans la mesure du possible, ils dorment dans un seul local. S’ils sont trop nombreux, ils se reposent par dix ou par vingt, avec des anciens pour veiller sur eux. Et une lampe doit brûler en permanence dans cette pièce jusqu’au matin. Quant aux frères plus jeunes, ils n’ont point des lits voisins, mais répartis parmi ceux des anciens, précaution contre d’éventuelles pratiques homosexuelles.


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La rentrée des classes de 1912

Posté par francesca7 le 24 août 2014

Article paru dans Le Figaro du 28 septembre 1912.

images (11)Voici le temps où les enfants vont retourner au collège: une fois qu’ils y seront rentrés, ils trouveront mille choses pour les agiter et pour les distraire. Mais au moment d’y revenir, leur tristesse est grande et je les plains me souvenant de ce qu’était ma propre souffrance en de pareils jours. Dès le début de septembre, il me suffisait d’apercevoir le bout de cette large étoffe d’or des vacances pour que tout mon plaisir en fût gâté. Pourtant j’essayais de ruser, de laisser passer les journées sans les compter, de ne rien prévoir hors du présent. Mais une date prononcée devant moi par quelqu’un, ou lue par moi sur un journal, et ne fût-ce que l’inévitable retour du dimanche, repoussant toute une semaine dans le passé, cela suffisait à m’ébranler brusquement et à me tirer de ma torpeur volontaire.

La nuit, je m’éveillais en sursaut. La pensée que les vacances allaient finir m’étouffait. Je ne voyais plus dans cette fin rien de régulier: c’était pour moi comme une calamité affreuse qu’on aurait dû m’épargner. Alors, me rappelant brusquement tout ce qu’elles avaient représenté pour moi, pendant l’année qui les avait précédées, de bonheur possible, je craignais de n’en avoir pas assez joui, de n’en avoir pas fait quelque chose d’assez splendide; et comparant les plaisirs tranquilles dont elles avaient été pleines avec tout ce qu’elles m’avaient promis de vague, d’indicible et de merveilleux, je les regrettais moins dans ce qu’elles m’avaient donné que dans leur nom même, dans je ne sais quelle idée d’elles, folle, abstraite, ardente.

Mais ce qu’il fallait quitter quand venait leur terme, c’était la campagne. Les derniers jours de septembre étaient pour moi comme des amis magnifiques et faibles auxquels on allait m’arracher. C’était le moment où tout s’enflamme et s’atténue à la fois, où tout devient rose, rouge et doré. Les pampres craquaient sur les murs. Tandis que le feu, allumé dans les cheminées, donnait déjà un autre centre à la vie, dehors, comme pour rivaliser avec lui, tout brûlait aussi; les arbres, dans leur feuillage jusqu’alors commun, concentraient une richesse ardente. Les papillons et les guêpes, attirés par la tiédeur, volaient plus près des maisons. Les compagnies de perdreaux s’enfuyaient devant les chasseurs et se perdaient dans la brume irisée. Les vols d’hirondelles manoeuvraient dans le ciel avant de partir. Et il fallait quitter tout cela. Parfois aussi il faisait mauvais, et ce mauvais temps était considéré par tout le monde comme un signe et un avertissement opportun qu’il fallait revenir à la ville et que le spectacle auquel on avait assisté était terminé, puisque la pluie baissait son rideau.

Moi seul, je n’étais pas conforme à ce sentiment. Je sentais que toute l’histoire à laquelle je m’étais intéressé un instant continuait. Il ne me suffisait pas d’avoir reçu les dons publics des beaux jours d’été. Je pressentais que j’aurais goûté un âpre plaisir à respirer, dans le paysage débarrassé, le large vent de novembre. Ainsi, une fois, le matin même du départ, je voulus retourner à un petit bois où j’étais allé souvent. Je partis à bicyclette, poussant les pédales avec violence. Il tombait une pluie fine. J’arrivai au bois. J’étais inquiet, fiévreux, et lui calme, paisible, gorgé d’une verte humidité, plein de la grande lenteur de la nature, qui a tout le temps. Sur la terre sourde s’étendaient des traînées de champignons. Pour rendre moins absolue ma séparation d’avec tout ce que j’avais aimé, je m’étais promis d’emporter des plantes. Je commençai donc d’en déterrer quelques-unes, de ces fougères qui sont plus légères que des plumes. Certaines cédaient tout de suite si facilement que je sentais qu’elles ne revivraient plus ailleurs et qu’elles étaient déjà mortes. D’autres résistaient tellement qu’elles semblaient liées à toute la forêt, et j’avais la tristesse de les mutiler sans les arracher. Alors, soudain, je les laissai toutes et je revins impétueux, palpitant, amer, sans que la pluie qui tombait sur mon visage abattît ma fièvre.

* * *

téléchargement (8)Quand on était rentré au lycée, l’événement se trouvait beaucoup moins pénible que son attente. Non point que l’édifice lui-même nous disposât en rien à la belle humeur. Nous avons le secret, en France, de donner à tout ce qui est bâtiments publics l’aspect le plus froid et le plus ingrat. On dirait que nous voulons avertir ceux qui y pénètrent qu’ils ne doivent plus s’attendre au moindre agrément. Mais notre plaisir était de nous retrouver entre camarades de l’année d’avant, ayant le ton et les airs de la maison, et de faire sentir notre avantage aux véritables nouveaux, qui arrivaient on ne savait d’où, et qui étaient encore empruntés, isolés, timides. On a beaucoup écrit, dans la littérature moderne, sur les enfants, et principalement sur les enfants solitaires; on les considère comme des sources de poésie et, en effet, cela peut être. Mais dans les petites sociétés qu’ils forment ensemble, je doute qu’on trouve rien de bien romanesque et d’attendrissant. La dispute des vanités y est aussi aigre que dans le monde des grandes personnes. Comme l’a dit La Bruyère, «ce sont déjà des hommes». Toute l’affaire, pour chacun de nous, était de faire, de ses vacances, des récits capables d’éclipser ceux des autres ; aussi s’agissait-il bien moins de raconter des émotions que nous avions eues, que des prouesses que nous avions faites. Tandis que nous parlions ainsi, avec une faconde où l’invention se substituait de plus en plus au souvenir, les plus belles joies que nous avions ressenties étaient déjà perdues pour nous et au moment même où nous étions dans toute l’ébullition de nos vanteries, comme ils étaient loin de nous, les vrais plaisirs de nos vacances!

* * *

La rentrée aussi comportait des plaisirs qui lui étaient propres, et dont le plus grand était celui de tout commencer, d’être sans passé et, pour ainsi dire, sans reproche. Nous faisions presque tous le ferme propos de n’encourir aucune punition, de ne pas souiller d’une tache notre netteté, et le paresseux lui-même se jurait d’être exact et diligent. L’achat de cahiers, de livres nouveaux, tout concourait à confirmer cette illusion. En feuilletant les livres d’histoire dont nous venions de faire emplette, nous regardions les portraits de personnages dont nous ne savions rien encore, leur air sombre ou rechigné. Nous pensions que nous allions les connaître. Les sciences dont nous devions entamer l’étude n’exerçaient pas sur nous moins d’attraits. La géologie parlait de volcans, de grands pays vaseux et encore informes où des monstres balourds marchaient entre d’immenses fougères, mais elle se signalait surtout par les couleurs vives et tranchées de ses belles cartes. L’histoire naturelle nous promettait la révélation des secrets de notre corps. La physique se représentait à nous par tout un jeu de miroirs, se renvoyant des rayons avec une vigueur splendide. Mais la chimie l’emportait sur tout le reste. C’était la science par laquelle ce qui est jaune vient bleu, qui fait brûler du feu dans l’eau et qui travestit et intervertit tous les objets comme les personnages d’un bal masqué. Tout fiers d’accéder à ces connaissances sévères qui faisaient de nous des hommes, nous n’en portions pas moins, dans le temple austère des sciences, des âmes d’enfants, encore avides de merveilles. Mais bientôt nous étions déçus. Dans la géologie ou la botanique nous retrouvions le même ennui que dans nos autres études. Le professeur de chimie était fort chiche d’expériences et, lors même qu’il en tentait quelques-unes, il arrivait qu’il les manquât et nous devions constater que tout ne se passait point avec la promptitude magique que nous escomptions et que les choses tenaient plus que nous n’aurions cru à leur forme et à leurs couleurs coutumières. Enfin, nos belles résolutions s’amollissaient, nos livres devenaient sales, et dans la marge d’abord intacte de nos cahiers rentrait tout un peuple de bonshommes et de fantoches qui narguaient le texte qui leur faisait face. Chacun de nous reprenait son caractère. Le paresseux retombait dans ses ruses et dans ses détours. Ainsi notre vie d’écoliers perdait peu à peu la franchise et l’éclat des premiers jours et nous nous apercevions que ce que nous avions pris d’abord pour une année nouvelle n’était qu’une année de plus.

Dans nos études, ce qui restait bon, solide, excellent, c’était le grec, le latin, le français. Je n’ai rien retenu des sciences dont on m’a frotté. Mais à ma ceinture pendant encore les trois clefs d’or qui m’ouvrent les trois langages superbes. Je revois la classe tranquille et studieuse, où, dans la lumière de l’après-midi, nous expliquions les vers de Virgile. La voix de l’élève s’élevait, reprise de temps en temps par celle du maître. Alors, comme sous un cristal infrangible, ces mêmes images de la nature que nous avions eues devant les yeux, pendant nos vacances, se représentaient à nous, fixées, éternelles. Nous revoyions les troupeaux, les bergers, le hêtre et le chêne. Nous apprenions que ce qui avait ébranlé nos cœurs avait déjà ému, dans des temps lointains, une âme auguste. Nous nous apercevions que nous n’étions pas les premiers à vivre. L’oeuvre d’un poète nous reliait à toute l’humanité. Ces impressions de la campagne, qui auraient risqué d’être en nous légères et fugitives, prenaient plus d’autorité et d’importance, grâce aux vers qui nous les rendaient. Dans la petite classe ensoleillée, il y avait là des moments dont j’admire à présent toute la beauté, quand, à travers les siècles vaincus, ce grand Virgile arrivait jusqu’à nous et caressait gravement nos âmes enfantines.

Je ne sais point ce que sont les professeurs en 1912, mais je souhaite seulement qu’ils vaillent les maîtres qui nous instruisaient il y a quelque quinze ans. Ils avaient plus ou moins d’esprit, mais il n’en était pas un, pour ainsi dire qui fût destitué des vertus de son état. Ils étaient très consciencieux, et si naturellement, qu’ils n’y prenaient même plus garde. Un de leurs travers était dans une sorte de dédain pour les exercices du corps et pour la vigueur physique, où ils voyaient toujours une menace de brutalité: ils avaient tort ; mais dans cette erreur même il ne faut trouver qu’une conséquence de la haute idée qu’ils se faisaient de l’esprit. Ils avaient la grande qualité de n’être pas à la mode, et se souciant peu de ce dont on téléchargement (9)parlait sur le moment, ils nous entretenaient seulement de ce qui ne passe point. Ils étaient, pour la plupart, assez au-dessus de l’argent, sans envie, et si bien à leur place, qu’il émanait d’eux une autorité morale qui rendait leur enseignement plus efficace. Car pour apprendre quelque chose aux enfants, ne fût-ce que des règles de grammaire, il ne suffit point de les savoir. Il faut être probe, sérieux, désintéressé, attentif enseigner est une si belle fonction qu’elle ne peut s’exercer sans le secours de toute l’âme.

Je ne prétends point avoir des idées sur l’éducation, c’est un sujet trop grave. Je me contente de faire des rêves. Je voudrais que les enfants fussent élevés hors des villes, dans l’amitié de la nature, du ciel et du vent. L’enfance est comme un torrent superbe, tous les gens et tous les partis ne songent qu’à le capter, pour qu’il vienne féconder leurs champs stériles. On ne devrait, au contraire, élever les enfants que pour ce qu’il y a en eux de plus personnel et pour ce qui s’y trouve de plus permanent, pour eux-mêmes et pour leur pays. À l’âge où ils sont le plus sensibles, il faudrait imprimer dans leur âme quelques marques ineffaçables. Il ne s’agirait pas de leur faire du monde et des hommes une fade image qui serait démentie à leur premier regard, mais seulement de leur assurer que, quelles que soient la médiocrité et la bassesse communes, la vie la plus réelle est dans ce qu’il y a de plus beau. C’est ainsi, et non autrement, qu’on les placerait vraiment sous l’invocation des poètes.

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J’ai une femme, c’est pour m’en servir

Posté par francesca7 le 24 août 2014

Article paru dans le Figaro du 21 janvier 1913.

téléchargement (6)Lorsqu’on voit un pauvre vieux chien souffrir et mourir, parfois on le tue afin d’abréger ses souffrances. C’est de la pitié mêlée aussi d’égoïsme, de cet égoïsme latent qu’on ne veut pas s’avouer à soi-même; à l’attendrissement devant la douleur, se mêle aussi de la lassitude et de l’ennui; les râles du pauvre chien auquel on était pourtant attaché émeuvent certes mais déchirent les oreilles souvent plus que le cœur; on les étouffe pour ne plus voir et entendre souffrir, et le vétérinaire arrive, qui tue le vieux chien fidèle. Dans une chambre d’agonie, au chevet d’un mourant, devant ce pauvre corps qui se débat contre la mort, on souhaite souvent le dénouement et le grand repos par pitié, mais aussi par la lassitude qu’on a soi-même éprouvée dans la lutte, par l’inutilité de l’effort, par le découragement ressenti devant les tisanes vaines sans cesse remuées, devant les potions qu’on sait inutiles et qui s’amoncèlent dans la chambre de malade, aux fades senteurs d’agonie. Qui dira de quelles pensées diverses et obscures est fait ce sentiment qu’on nomme la pitié?

La Cour d’assises jugeait hier un homme qui a tué sa femme parce qu’elle était malade, irrémédiablement perdue. Oh non pas pour abréger ses souffrances, mais parce qu’il était las de son agonie, et qu’il trouvait que la mort n’enfonçait pas assez vite ses griffes dans cette pauvre chair douloureuse qui se débattait contre elle. Un mari bourreau qui, pour ne plus entendre crier celle qu’il avait aimée jadis, et qui, elle, l’aimait toujours, l’appelait «mon chéri» avec tendresse, l’a lâchement jetée par la fenêtre et qui, avec un cynisme féroce, amené devant le commissaire de police, lui a dit tout simplement, sans un regret «J’ai une femme, c’est pour m’en servir. Du moment qu’elle n’était plus bonne à rien, je l’ai balancée».

Ce fut un des drames les plus sauvages qu’on puisse imaginer.

Dans un hôtel meublé de la rue de Sambre-et-Meuse, vivait le ménage Grasser. Le mari, ouvrier vernisseur, buvait et, bien souvent, la nuit, les voisins avaient dans l’escalier entendu son pas d’ivrogne, lourd et titubant. Cet alcoolique était violent; il avait jadis, pour ses brutalités, été condamné à six mois de prison avec sursis puis au régiment, pour outrages à un supérieur, il avait eu deux condamnations, ce qui lui valut, c’est son mot, un an «de rabiot».

La femme était tuberculeuse au dernier degré; le moindre courant d’air, la moindre porte ouverte pouvaient la tuer; c’était, nous apprit le docteur Socquet, une affaire de quelques jours ou de quelques heures. Grasser l’avait soignée; on avait aperçu, dans la chambre de la malade, des tisanes et des potions mais il ne lui plaisait plus guère d’avoir une moribonde auprès de lui, il trouvait qu’elle traînait trop. Il l’avait dit à ses voisins, il l’avait répété à la malade elle-même, couchée dans son lit. On avait entendu la pauvre voix de Mme Grasser murmurer «Je t’en supplie, Georges, mon chéri, laisse-moi tranquille». Et le mari de répondre d’une voix râpeuse «Il y a assez longtemps que tu m’embêtes, il faut que ça finisse!»

Et cela ne finissait pas. Le 20 juillet 1912, pourtant, on devait emmener la malade à l’hôpital; elle était dans son lit, agonisante, les membres crispés déjà par la grande lutte contre la mort toute proche; au jour, on devait la conduire à Tenon, et la nuit s’avançait. Une nuit d’été, très chaude, toutes les croisées des chambres de l’hôtel meublé étaient ouvertes. Soudain, les voisins entendent du bruit. Ils se mettent aux fenêtres et aperçoivent Grasser tenant sa femme dans ses bras, la balançant dans le vide, au-dessus de la barre d’appui.

- Misérable! s’écrie l’un d’eux.

Grasser a entendu. Il rentre dans sa chambre. Les voisins restent aux fenêtres, et sans qu’ils aient eu le temps d’empêcher le drame, ils voient un effroyable spectacle. Grasser a de nouveau saisi sa femme. Elle a compris, il veut la tuer, elle n’a point la force de crier, sa voix n’est qu’un murmure, ses pauvres mains débiles s’accrochent à la barre d’appui de la fenêtre:

- Il faut que ça finisse! s’écrie le bourreau. Ça finira aujourd’hui. Tu ne vaux plus rien. Mieux vaut en finir tout de suite. Tu ne souffriras plus, tu seras mieux en bas qu’ici!

…Un bruit sourd, c’est le corps de la malheureuse qui s’abat sur une toiture voisine; Mme Grasser est tombée d’une dizaine de mètres, elle est morte. Le mari est toujours à la fenêtre, il regarde, et crie aux voisins qui vont ramasser le cadavre:

«Finissez-la donc.»

On arrête le meurtrier et on le conduit chez le commissaire de police.

- Pourquoi avez-vous tué? lui demande le magistrat.

- Je croyais ma femme morte et j’avais peur la nuit, à côté de son cadavre.

Mais bientôt ce système de défense est abandonné:

- Je l’ai jetée par la fenêtre parce qu’elle souffrait trop.

Il aurait tué par pitié, dit-il d’abord. Mais ensuite, brutalement, il se révèle féroce: «Elle ne valait plus rien, je l’ai balancée!»

Un médecin aliéniste, le docteur de Clérambault, a examiné Grasser. Ce bourreau sinistre n’est point fou; c’est un alcoolique, mais il n’a pas, eu lors du meurtre, de délire alcoolique; il n’a que de «petites tares», qui ne peuvent le faire bénéficier que d’une «légère atténuation de peine».

Ce rapport n’est sans doute pas du goût de l’accusé, et, à l’audience, nous aurons la comédie de la folie, assez mal jouée du reste.

Grasser est un petit homme, à l’œil gris farouche, au teint pâle et plombé de «voyou» parisien, au nez un peu rougi par l’alcool, à la moustache tombante et qui semble encore dégoutter d’absinthe. Il a l’air dur et violent, sa voix est râpeuse. Il fut camelot jadis et en a gardé l’accent gouailleur.

M. le président Brégeault l’interroge, et à la première question posée, Grasser ouvre une large bouche – il baille. Puis, il tire de sa poche un large mouchoir blanc, le déplie, le replie et le remet dans son veston.

- Qu’avez-vous à répondre?

- Je laisse la parole à mes avocats.

- Vous en avez donc plusieurs?

- Je l’ignore, répond Grasser.

- Oh, je vois quelle attitude vous allez prendre!

Grasser va nous jouer une scène de folie.

M. Brégeault nous raconte le drame, qui fut précédé de scènes atroces. Une nuit, par exemple, avant le crime, Grasser avait fait, pendant des heures, sonner un réveil-matin dans la chambre de la malade, sans doute pour hâter son agonie. «Ça ne va pas assez vite» avait-il dit à un témoin.

- Alors, vous l’avez «balancée», selon votre propre expression?

Grasser se dresse, cambre le torse, rejette la tête en arrière

- C’est un mot d’argot que j’ai appris

- Vous avez dit aux voisins «Finissez-la!»

- Dans un accès de folie, on dit bien des choses. Il faut savoir le début de ma folie.

- Chez le commissaire de police, vous avez dit (je cite vos paroles):«J’ai tué par mesure humanitaire et sur sa demande.» Voulez-vous nous donner quelques explications?

- C’est par un accès dû à je ne sais quoi, à une chose… L’acte que j’ai commis peut arriver à n’importe qui (Rires), à celui qui l’aurait attrapé comme moi. Un accès de folie arrive à tout, le monde. J’ai été privé de bien des choses; j’ai bien un col à manger du rôti. Il n’y a pas d’erreur et je suis très heureux comme cela.

Grasser, malgré ses propos incohérents a manqué son effet, on ne croira pas à sa folie. C’est à peine si on rira.

- Avez-vous soigné votre femme, parfois? demande le président. Vous avez dit que vous lui apportiez du lait.

- Oui, je me rappelle le lait de la rue Saint-Didier, cet homme-là a disparu bien brutalement.

- Vous avez dit un jour que vous aviez tué votre femme pour abréger ses souffrances?

images (10)- Je ne sais pas, j’ai des idées imaginaires

- Voulez-vous que je continue votre interrogatoire ou que je l’arrête?

- Je crois que pour aujourd’hui c’est suffisant.

On rit, cette fois. Grasser regarde la salle et ne peut s’empêcher lui-même d’esquisser un sourire.

Le docteur de Clérambault nous dit que, lorsqu’il l’a examiné, Grasser ne lui a point du tout paru fou.

- Mais, répond son avocat, Me Clerico, je n’ai jamais pu en tirer un mot sensé.

- Oh moi, dit le médecin, je n’en ai tiré que des choses sensées. Il m’a fait des mensonges, m’a donné des versions insoutenables, mais il était très sensé.

- Vous avez vu le médecin, demande le président à l’accusé, et vous avez avec lui souvent parlé?

- Il est, en effet, venu des médecins, mais ils ne m’ont pas vu; dans la nuit, on ne voit pas bien clair.

M. de Clérambault regarde Grasser.

- C’est de la simulation absolue, il n’y a qu’à voir l’attitude de l’accusé.

Et, quelques instants après, Grasser répondra à un témoin de la manière la plus nette et la plus sensée; le président lui dira:

-Tiens! Depuis la déposition du médecin, vous revenez à la raison.

Grasser se campe en arrière de nouveau; ses mains tapotent la barre:

- Tout ça, c’est des machinations! Je comprends toutes les choses à l’envers.

C’est en vain que Me Clerico demandera à la Cour un nouvel examen mental. Il citera aux juges le cas intéressant de Marie Bourette, l’empoisonneuse; on n’avait point voulu la faire examiner, malgré l’étrangeté de son attitude à l’audience, et quelque temps après sa condamnation on l’enfermait dans un asile d’aliénés. La Cour, estimant que le médecin aliéniste avait pu suffisamment se rendre compte de la nouvelle attitude de l’accusé pour le juger être un simulateur, a refusé une nouvelle expertise.

téléchargement (7)M. l’avocat général Fournier requiert avec talent.

Me Clerico a plaidé avec une grande chaleur; mais la cause était difficile, mauvaise, comme on dit au Palais.

- Accusé, avez-vous quelque chose à ajouter à votre défense?

- Non. Je me résume, je suis de la même opinion que mon avocat. C’est un frère.

Les jurés n’ont point, devant ce crime atroce, accordé de circonstances atténuantes, et Grasser a été condamné aux travaux forcés à perpétuité.

 

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L’usage de la canne dans la mode

Posté par francesca7 le 23 août 2014

 Si les premières cannes furent d’abord vraisemblablement de vulgaires bâtons ramassés et utilisés comme tels de façon multi-utilitaire, puis progressivement ouvragés et façonnés, il est difficile de dater l’apparition de la canne qui, en outre, n’adoptera cette appellation générique commune que très tardivement. Toutefois, on reconnaît volontiers à l’Égyptien Toutânkhamon la qualité de premier collectionneur de cannes (on en a retrouvé plus d’une centaine de tous types dans son tombeau, cannes qu’il utilisait pour se déplacer suivant les dernières découvertes des scientifiques ), mais la canne est également évoquée dans l’Antiquité grecque (par exemple Œdipe face au Sphinx) et dans laBible (notamment l’épopée de Moïse ou l’histoire de Jacob), également présente chez les Assyriens et à Rome où tous les nobles ont une canne. Même le légionnaire romain joint à son uniforme une canne-bâton (canne centurion). À l’exception de ce dernier exemple, la canne fait alors souvent office de signe distinctif, hiérarchique ou nobiliaire même s’il est probable que la canne poursuit une destinée plus rustique et plus utilitaire dans les couches plus rurales de la société.

 

220px-Hermit_Visconti-Sforza_tarotTout homme s’est servi d’un bâton ou d’une simple branche d’arbre, soit pour se tenir debout, pour s’aider dans une marche longue et difficile comme les pèlerins ou encore pour se battre. Il s’agit donc d’un objet utile. A travers les siècles, le bâton prend le nom de canne et devient un objet de pouvoir, de valeur, puis se démocratise à la Révolution et personne ne sort plus sans sa canne au XIX è siècle !

Petite histoire du bâton devenu canne

Toutankhamon était un grand collectionneur de cannes. Les nobles romains portaient une canne, signe distinctif de commandement et de hiérarchie. Pourtant celle de Charlemagne était encore en bois ; les chevaliers se servant d’épée, le bâton est laissé aux « vilains » et le « bourdon » aux pèlerins reliant Saint Jacques de Compostelle vers le XI è siècle. Symbole religieux avec le sceptre et la crosse, le bâton se transforme au XII è siècle en canne, le matériau change et devient un accessoire du costume.

Les femmes en font usage, comme la reine Constance d’Arles en 1022 qui s’en servit comme d’une arme et creva l’œil de son confesseur Etienne, accusé de manichéisme et condamné à mort. Au XV ème siècle, elles imitent le costume des hommes, portant gants à la ceinture et tenant une badine à la main. A la Renaissance, la canne se transforme, se décore et devient une sorte de canne-épée, comme celle d’Henri VIII qui comporte deux petits pistolets…les bâtons restent chez les brigands qui y rajoutent une lame de poignard.

La canne obligatoire au XVII è siècle…

Un siècle plus tard, c’est-à-dire au XVII è, le port de la canne devient général. L’on ne sortait pas sans « perruques, chapeaux et cannes » selon l’étiquette qu’il fallait suivre. Ce n’était plus la simple baguette, les cannes étaient pour certaines en bois précieux : celle de Louis XIII était en bois d’ébène surmontée d’une pomme d’ivoire, celle de Louis XIV était souvent en roseau pour l’usage courant.

Réservée aux monarques et à la noblesse, ainsi qu’aux courtisans, c’est un signe de distinction et de commandement, mais le Roi autorisait Colbert et les ambassadeurs à porter une canne devant lui. Accessoire de prestance, assez haute, la canne était l’instrument favori au théâtre…rappelez-vous Lully… et chez les peintres, leur modèle ayant souvent une canne en main. Les dames l’adoptent mais la leur est un peu plus courte que celle des hommes, surtout elle est enrubannée de dentelles, en écaille ou ivoire, divers bois des îles, aux pommeaux ciselés et incrustés de pierreries.

Les valets pouvaient en user lorsqu’ils ramenaient leurs maîtres à leur domicile. Mais sortant seuls, ils n’y avaient pas tous le droit : seuls les valets de chambre « non porteur de livrée » sont munis d’une canne. De son bon usage au XVIII è siècle.

L’usage de la canne dans la mode dans HUMEUR DES ANCETRES 220px-La_canne_feminine_auXVIIIe_sicleLe XVIII è siècle voit l’arrivée des extravagances : les commerces fleurissent et les marchands merciers ornent le haut d’une poignée d’or, d’argent ou d’agate, comme celles de Voltaire et de Tronchin « un très long bâton à pomme d’or » qu’appréciaient beaucoup les personnes âgées, les magistrats et les financiers. Les dames s’approvisionnaient dans le célèbre magasin du quai Conti, au Petit Dunkerque où l’on y trouvait de jolies cannes en bambou, chiquetées et garnies d’or. Les jeunes gens portaient le plus souvent une canne légère, souple et pliante appelée badine.

Certains grands pourtant ne tiennent qu’un « humble bâton valant à peine trente sous » comme celui du maréchal de Saxe et Marie Leczinska fit acheter la plus belle canne à béquille en or émaillé chez l’orfèvre Germain pour l’offrir au maréchal !

Les temps changent et l’on reprend la badine, comme Mercier le mentionne « on court le matin une badine à la main, l’on ne connait plus les disputes et querelles si familières il y a soixante ans et qui faisaient couler le sang pour de simples inattentions…les femmes sortent et vont seules dans les rues, la canne à la main. Ce n’est pas un vain ornement : elles en ont plus besoin que les hommes, vu la bizarrerie de leurs hauts talons ».

Dans le manuel de civilité publié en 1782, on lit que « la bienséance engage quelquefois de se servir d’une canne, mais ce ne peut être que la nécessité qui permette d’avoir un bâton en main. Il est messéant de porter une baguette ou une petite canne chez les Grands, mais on y peut avoir une grosse canne à la main si on est incommodé ou si on en a besoin pour se soutenir ou marcher avec plus de facilité. Il est aussi très incivil de badiner avec une baguette ou une canne, et de s’en servir pour frapper la terre ou des cailloux, ou pour faire sauter des petites pierres. Il est tout à fait indécent de la lever comme si on voulait frapper quelqu’un et il n’est jamais permis de s’en servir pour toucher quelqu’un avec…quand on est debout, il ne faut pas s’appuyer indécemment sur sa canne ni sur sa baguette. En marchant, il est contre la bienséance de porter une canne sous le bras. La trainer négligemment dans la boue est une pratique qui sent l’enfantise. Lorsque l’on est assis, il ne faut pas se servir d’une canne pour écrire sur la terre ou pour faire des figures : cela marque qu’on est mal élevé ! Il n’est pas bien aussi de mettre sa canne sur les sièges, il faut la tenir devant soi. Avant de se mettre à table, il ne faut jamais mettre sa canne sur le lit, c’est incivil ; il faut la placer hors de vue du monde. Si on porte un bâton, on peut le mettre contre la muraille ». « Le mode françois » de JF Sobry explique en 1786 que « les hommes d’une condition honnête ne sortent point de leur maison sans avoir une épée à leur côté ou quelque bâton précieux à la main ».

220px-Canne-carbone-pliable dans HUMEUR DES ANCETRESPeu avant la Révolution, la bourgeoisie arrive au pouvoir, la canne n’est plus symbole de puissance, elle fait partie du costume du bourgeois et prend le nom de « rotin », les Jacobins appellent l’Arbre de Liberté ce bâton noueux comme une trique, elles sont torsadées, les élégants de 1790 portaient une grosse canne ficelée d’une corde à boyau muni à l’intérieur d’une lame d’épée…

Le XIX è siècle est l’âge d’or de la canne, elle est à son apogée entre 1830 et 1914 et portée par tous comme l’écrit Pierre Faveton « il est alors aussi incongru à un homme de sortir sans sa canne qu’à une femme de se promener sans chapeau »…

 Pour aller plus loin

- Revue France Pittoresque 1er trimestre 2077 basé sur Vie privée d’autrefois paru en 1898.

- Pierre Faveton, Les Cannes. Massin, 1990.

 

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Nostradamus : l’autre facette

Posté par francesca7 le 23 août 2014

 

La  prophétie sibylline de NOSTRADAMUS est un tabernacle contenant un joyau inestimable, la manifestation de la puissance de l’esprit. Elle ne pouvait pas être clairement révélée, ni totalement cachée. Pour y pénétrer un grand respect et une profonde humilité sont nécessaires face à l’immense étendue de cette oeuvre qui depuis près de cinq siècles ne cesse de passionner le monde tout en éprouvant la sagacité des exégètes. La malice du Médecin de Salon et les nombreux pièges tout le long de son texte n’ont pas permis de rapidement comprendre le sens du message caché. Et c’est seulement petit à petit que le voile se découvre, comme l’avait prédit lui-même Michel de Nostredame.

Les quatrains ne sont évidemment pas rangés en ordre chronologique, ce qui aurait été un fil conducteur trop facile nous permettant de feuilleter le déroulement de notre histoire. 

   << Ayant voulu taire et délaisser pour cause de l’injure, et non seulement du temps présent, mais aussi de la plus grande part du futur, de mettre par escrit, pource que les règnes, sectes, et régions feront changes si opposites; voire au respect du present diamètralement, que si je venois à reserer ce qu’à l’advenir sera ceux du regne, secte, religion, et foy, trouveroient si mal accoordant à leur fantasie auriculaire, qu’ils viendroyent à damner ce que par les siècles advenir on cognoistra estre veu et apperceu. >> 

   <<  J’ai composé Livres de prophéties contenant chacun cent quatrains astronomiques de prophéties, lesquelles j’ai un peu voulu rabouter obscurément ...>>

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Michel de Nostredame, autrement nommé Nostradamus, est surtout connu pour son astrologie et ses prédictions. Et pourtant…humaniste de la Renaissance, ouvert aux idées de la Réforme, il a côtoyé de grands personnages tels son ami Rabelais, Catherine de Médicis, Charles IX dont il fut « médecin ordinaire » et bien d’autres encore. Mais au départ, il a su s’intéresser à la médecine, la pharmacie en réussissant à combattre le pire mal de son temps : la peste.

De la Médecine et la Pharmacie….

Michel de Nostredame est né mi décembre 1503 à Saint Rémy de Provence. Il est issu d’une famille de juifs chassés du royaume par Philippe Le Bel au début du 16è siècle qui sont ensuite accueillis par le pape Clément V aux alentours d’Avignon, dans des carrières, des rues closes. Seule contrainte : ils devaient porter un bonnet jaune lorsqu’ils sortaient.

Poursuivant de brillantes études où il écrit couramment le latin et le grec, il est inscrit à l’université de Montpellier et reçu « bachelier en médecine » en 1525. Etant juif, il s’est converti au catholicisme pour accéder à l’université et choisit pour nom de baptême Nostradamus qui s’est transformé en Michel de NostreDame. Dans sa maison de Salon, la même qu’il occupe jusqu’à sa mort, au pied du château de l’Empéri, au dessus de son bureau, est accroché un manuscrit jauni par le temps, daté d’octobre 1529 « moi, Michel de Nostredame, de la maison de Provence, de la ville de Saint Rémy, du diocèse d’Avignon, suis venu étudier à l’université de Montpellier, dont je jure d’observer les statuts, droits et privilèges présents et à venir. J’ai payé les droits d’inscription et je choisis Antoine Romier comme maître d’études ».

A cette époque, la peste sévit dans tout le sud de la France. Il parcourt tous les chemins de Provence et du Sud Ouest pour combattre cette maladie, ayant appris les rudiments de pharmacie et après que l’un de ses aïeux lui ai transmis son savoir sur la botanique, la vertu des plantes et les préparations.

Dans son « traité des Fardements et Confitures », il commence par faire une description très détaillée de ce mal bubonique ou pulmonaire. Pour combattre ce fléau, il fait un mélange d’œufs et de plantes.

Il invente un vinaigre d’aromates aux qualités antiseptiques et élabore une « poudre souveraine » contre les contagions. Conseillant les règles d’hygiène simples et prônant le principe de « plutôt prévenir que guérir », il suggère alors de nettoyer les maisons au vinaigre, de répandre des essences de plantes, de laisser une torche allumée dans les pièces et surtout de se couvrir le nez et la bouche.

Quelques années plus tard, la peste frappe à nouveau dans les villes de Salon et d’Aix. Et le voilà repartit sur les routes…jusqu’à Lyon. Il prépare une « poudre excellente qui chasse les odeurs pestilentielles ». Sa recette est composée de sciure de cyprès, d’iris de Florence, de clous de girofle, de musc, d’ambre gris, d’aloès et de roses incarnadines. Elle fait fureur pendant cette période de maladie contagieuse où plus d’un se jette par la fenêtre, où plus d’un péri devant ce fléau.

… en passant par les produits de santé et de beauté …

Son dévouement lors de la peste le rend célèbre. Au fur et à mesure, les dames font appel à lui : il élabore la « pommade d’une souveraine odeur », de « l’huile pour emblanchir la face », des « onguents pour faire venir les cheveux comme un filet d’or » ….bref, des recettes qui rapportent des sous et le succès.

Nostradamus : l’autre facette dans FONDATEURS - PATRIMOINE 220px-MichelnostradamusIl épouse à Noël 1547, dans sa ville, Anne Ponsard…qui lui donne 7 ou 8 enfants. Puis jusqu’en 1549, il s’exile en Italie pour approfondir ses connaissances en alchimie végétale. À Milan, il découvre un apothicaire spécialisé dans ce domaine, qui l’initie aux confitures guérisseuses. De retour à Salon, Michel de NostreDame expérimente ces confitures médicamenteuses et en 1552, il publie le résultat de ses recherches sous le titre  » traité des Fardements et Confitures « .

Dans ses confitures, il ajoute des épices, invente des procédés pour bonifier et parfumer le vin, prépare des vinaigres et des moutardes aux aromates, qu’il vend.

Puis constatant que les dames ont une nouvelle envie : devenir blonde, il s’enrichit avec sa potion qui permet « d’avoir sous les 3 ou 4 jours, le poil blond et roux comme or de ducat ». Il va plus loin, il pense aux hommes qui veulent plaire à la jeunesse et aux femmes inquiètes de la virilité de leur partenaire. Il crée un remède « l’huile de repopulation » réputée jusqu’en Italie.

…Jusqu’à ses confitures

Son fameux ouvrage est intitulé : « Excellent et moult utile Opuscule à touts nécessaire, qui désirent avoir cognoissance de plusieurs exquises Receptes, divisé en deux parties. La première tracite de diverses façons de Fardemens et Senteurs pour illustrer et embellir la face. La seconde nous montre la façon et manière, de faire confitures de plusieurs sortes, tant en miel, que sucre, et vin cuit, le tout mis par chapitres, comme est fait ample mention en la Table. Nouvellement composé par maîtrre Michel de Nostredame docteur en Médicine de la ville de Salon de Craux en Provence, et de nouveau mis en lumière » (en vieux françois).

Les confitures, le sirop et le sucre sont la base de médicaments importants dans la médecine médiévale européenne. Dans le chapitre II, il explique comment « confire la chaire de gourdes que l’on nomme cougourde ou carabasse qui est une confiture réfrigérante qui rafraîchit et est de bon goût ». Il termine ce chapitre par une indication nettement médicale comme cette confiture qui « est bonne pour manger, en fait que concerne médecine réfrigérante et par la facilité d’elle en manger pour mitiger la chaleur exubérante du cœur et du foie », sans oublier celle à base d’écorces de buglosse qui permet de rajeunir.

Cet ouvrage composé de 31 chapitres nous offre diverses recettes tout à fait réalisables pour les amateurs de nos jours. Coing, griotte, rhubarbe, orange, poire, courge et autres fruits et légumes sont accommodés avec du sucre et du miel, et relevés par des épices tels le gingembre, la cannelle ou le clou de girofle.

images (6)Parmi les recettes, Michel de Nostre Dame pense aussi « à celles dont la froideur de la matrice rend impropres à concevoir et à satisfaire les légitimes appétits » où il mélange 1kg de miel des montagnes et 300g de gingembre frais, il épluche le gingembre et le coupe en bâtonnets fins, le lave plusieurs fois, le dépose dans une casserole pleine d’eau et le fait bouillir 10 mn, l’égoutte et recommence l’opération 2 fois pendant 10 mns puis 1 dernière fois pendant 20 mns. Il le laisse égoutter toute la nuit. Le lendemain, dans une casserole à fond épais, il fait bouillir le gingembre avec le miel pendant 15 mns, recommence la même opération le lendemain puis le surlendemain, enfin il met cette préparation dans des pots et conseille de manger une cuillerée quand les ardeurs manquent.

L’autre recette « pour renouveler et affermir les ardeurs amoureuses » est réalisée à partir de laitues, de tiges d’artichauts et d’angélique.

A côté de ce traité, il publie son premier Almanach en 1550 à Lyon, avec des conseils de santé et  …des prévisions de météo…

Pour aller plus loin

- Catherine, Nostradamus et le Triangle Noir – Claude Mossé. Alphée, 2010.

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Les femmes de François Ier

Posté par francesca7 le 23 août 2014

 

téléchargement (4)Mère, sœur, épouses, maîtresses, nombreuses sont les femmes qui ont entouré d’une même adoration François Ier, roi magnifique en sa cour comme un sultan dans son Harem, lui consacrant leur vie entière. Il accepta leur don comme un dû, en enfant gâté par la fortune. Louise de Savoie, Marguerite de Navarre, Anne de Pisseleu, Claude de France et surtout Françoise de Châteaubriant, toutes femmes d’exceptions d’un règne flamboyant et mouvementé.

En dehors de sa haute stature, François Ier était un homme raffiné, intelligent et superficiel, amateur d’art, excellent cavalier, appréciant le luxe et surtout les jolies femmes. Autour de lui papillonnent en permanence un groupe de jeunes et charmantes personnes qu’il appelait affectueusement sa « petite Bande ». Cela ne l’empêche pas de s’occuper des affaires de l’état et de guerroyer, récoltant des lauriers à Marignan. Malgré son mariage avec la fille d’Anne de Bretagne, une question le préoccupait beaucoup : cette convention qui fit de la Bretagne un état libre de se séparer à tout moment de la France, risquait de lui faire perdre de nombreuses et riches baronnies.

François Ier et la question bretonne

La plupart de ces fiefs bretons se trouvaient appartenir au seigneur Jean de Laval, que François s’empressa d’inviter à la cour, ainsi que sa charmante épouse, cousine d’Anne de Bretagne. Il s’agit de Françoise de Foix née en 1475 et fiancée à l’âge de 11 ans au riche sieur de Laval- Chateaubriand. Dès son jeune âge l’exquise jeune fille était prometteuse par son caractère affirmé, son teint lisse, ses proportions harmonieuses et la beauté de ses cheveux noirs. Jean l’épousera donc en 1509 et vivra heureux dans son comté de Bretagne avec sa belle. Jusqu’à ce que François Ier entende parler de Françoise.

Le jeune roi est impatient de rencontrer cette jolie dame dont la renommée est parvenue à la cour, mais Jean de Laval qui connaît le penchant du roi pour les femmes, se rendra seul à son invitation, arguant de la nature farouche de Françoise. Cela ne fit qu’attiser la curiosité du roi, qui insista à plusieurs reprises et finit par exiger sa venue. Jean de Laval tentant alors une ultime stratégie, dite de la bague, écrivit devant le roi une lettre pour demander à son épouse de se rendre à la cour, joignant une bague qui signifiait au destinataire de ne pas tenir compte du courrier lorsqu’il contiendrait ladite bague. Cette tentative désespérée du mari sera éventée par un valet du roi qui ôtera la bague du courrier, et l’inévitable se produit. Françoise se rend à la cour, et est aussitôt présentée au roi qui tombe immédiatement sous le charme.

Il lui fera une cour pleine de courtoisie à laquelle la belle ne sera pas insensible : « Entrer dans le lit du roi comporte bien des avantages » se dit-t-elle. Rapidement, car François aimait les affaires rondement menées, elle devient sa maîtresse, se faisant une farouche ennemie de Louise de Savoie, influente mère du roi. Pour adoucir la jalousie du mari trompé, François lui offrira le commandement d’une compagnie d’ordonnances, et nommera le frère de son aimée gouverneur de Milan.

Françoise de Châteaubriant, favorite royale

En prévision d’un affrontement qu’il juge inévitable avec le très puissant Charles Quint, François 1er tente de s’allier en 1520 à Henri VIII d’Angleterre.

Dans ce but, il choisira un lieu neutre ou français et anglais pourront négocier une entente. Influencé par la belle Françoise, il fera ériger des tentes somptueuses décorées de tapisseries et meubles précieux, où se dérouleront des fêtes magnifiques destinées à éblouir Henry VIII. C’est le camp du drap d’or, opération si coûteuse qu’elle videra les caisses de l’Etat et aura pour conséquence de produire l’effet inverse de celui escompté : Henri, humilié et furieux, rentrera en Angleterre et s’alliera à Charles Quint.

Louise de Savoie, très en colère, imputera bien sûr cet échec à la maîtresse du roi et lui mènera une guerre sans merci, l’accusant d’être la maîtresse de Bonnivet, amiral du roi, ce qui était vrai. Mais le roi, aveuglé, n’en tiendra pas compte. Au cours d’une fête bien arrosée un invité lancera à la tête de François un tison enflammé mettant sa vie en danger. Il finira par se remettre et cet accident inspirera une mode qui allait caractériser l’homme du XVIe  siècle : les boucles du roi furent coupées, il dut se laisser pousser la barbe pour cacher les cicatrices de ses brûlures. Tous les hommes du royaume et d’Europe adopteront ce nouveau style.

En 1526 François Ier, qui se lance à la conquête de l’Italie, sera battu à Pavie et fait prisonnier par Charles Quint, au grand désespoir de Françoise. Louise de Savoie, sa grande ennemie, sera nommée régente, ne lui laissant pas d’autre choix que de plier bagages pour rejoindre la Bretagne où son mari lui fit sans doute bon accueil. Il s’établira une correspondance assidue et très poétique entre les deux amants, qui adoucira les longs mois de captivité du roi en Espagne. La reine Claude étant décédée discrètement en 1524, François Ier acceptera à des fins politiques d’épouser Eléonore, sœur de Charles Quint, qui tombe aussitôt amoureuse de ce roi si séduisant.

Le temps des rivales

Les femmes de François Ier dans FONDATEURS - PATRIMOINE 220px-Richard_Parkes_Bonington_003Une forte rançon avait été exigée pour sa libération et le roi promet de s’y soumettre. Il sera libéré en 1526 et regagne la France, acclamé par son peuple.

En Bretagne, où la nouvelle est parvenue, Françoise attend un signe de son bien-aimé, qui ne viendra pas, et pour cause. Elle se rendra à la cour pour y trouver une terrible rivale en la personne d’Anne de Pisseleu, duchesse d’Etampes, belle jeune fille blonde de 18 ans, avec laquelle il lui faudra lutter pour conserver son titre de favorite royale. Une haine farouche opposera les deux femmes, à la plus grande joie des courtisans qui se délecteront de cette rivalité. Le roi, qui adorait sa nouvelle maîtresse, mais aimait encore Françoise, se trouvait très ennuyé par cette situation, usant de sa diplomatie pour apaiser les deux favorites, en vain.

Dépité par la faiblesse du roi, blessée dans son orgueil, Françoise quitte la cour et regagne sa Bretagne. Anne, la favorite victorieuse, ne comptant pas en rester là, exigera du roi la restitution des bijoux offerts à Françoise sur lesquels étaient gravées de belles devises.

Déjouant la mesquinerie de sa rivale, la favorite déchue fit fondre les bijoux, et rapporter ceux-ci au roi sous forme de lingots d’or. Ce dernier peu rancunier et amusé par ce geste, fit renvoyer les lingots et l’affaire se retourna contre la favorite jalouse.

Le roi ayant eu en 1532 d’importantes affaires à régler en Bretagne, s’installera à Châteaubriant pour six semaines au grand bonheur de Françoise, peut-être moins de celui de son mari. En son honneur seront donnés de nombreuses fêtes, tournois, chasses et banquets. Mais le roi, ses affaires terminées, regagnera la cour où l’attend Anne de Pisseleu avec l’impatience que l’on devine. Françoise ne devait jamais revoir François Ier. Suivirent néanmoins plusieurs années de correspondance entre ces deux êtres qui décidément s’appréciaient beaucoup.

Jean de Laval, que le roi avait comblé d’honneur, s’entendra fort bien avec celui-ci sur les questions d’ordre politique mais qu’en fut-il des relations de ce mari bafoué avec son épouse ? Par vengeance, il aurait exercé des sévices sur cette femme qui l’avait trompé.

S’agit-il de malsaines rumeurs ? Le mystère demeure sur la mort brutale de Françoise en 1537. Le bruit courut que son époux, fou de jalousie l’aurait assassinée. Mais l’opinion publique, avide d’histoires sombres et tragiques, a-t-elle colporté des faits sans fondement ? Sans doute ne le saura-t-on jamais.

Bibliographie

- Les femmes de François Ier de Christiane Gil. Pygmalion, 2005.

- François Ier : Le Roi-Chevalier de Georges Bordonove. Pygmalion, 2006.

- Journal de la mère de François Ier : 1459-1522 de Louise De savoie. Paleo, 2006.

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Les belles lettres du Sonneur et l’Araignée

Posté par francesca7 le 21 août 2014

 fable de La Fontaine ou supercherie littéraire ?

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Il serait difficile de s’imaginer combien de formes diverses peut prendre, pour se produire, la supercherie littéraire. Un exemple singulier nous est fourni par la fable intitulée le Sonneur et l’Araignée, attribuée à La Fontaine et publiée au sein d’un recueil paraissant en 1735 dont l’auteur, un certain Bouillet, est le pourtant très sérieux membre fondateur de l’Académie des sciences et belles-lettres de Béziers.

On comprend ce phénomène de supercherie, sans l’excuser, quand celle-ci ne vise qu’au bénéfice coupable de l’anonyme, et en l’excusant, quand elle est soit un simple moyen de piquer la curiosité, soit un désir réel d’effacement personnel, ou encore une façon de s’assurer un gain dont on ne tient pas à divulguer la recherche.

Mais en combien de cas la voyons-nous se manifester dans des conditions à peu près inexplicables, et dans lesquelles l’auteur n’a pu courir d’autres chances que celles d’être moqué, s’il ne réussit pas à imposer son subterfuge, ou d’être mis complètement hors de cause, si au contraire il y réussit.

Nous en citerons pour exemple le fait suivant. Bouillet, médecin de Béziers, publia, en 1735, un volume in-4°, qu’il intitula Recueil de Lettres, Mémoires et autres pièces pour servir à l’histoire de l’Académie des sciences et belles-lettres de la ville de Béziers. Ce Bouillet, renommé dans son art, sur lequel il a laissé plusieurs mémoires fort remarquables, et membre fondateur de l’académie de sa ville natale, en fut toute sa vie le secrétaire très actif. Au cours d’une des lettres faisant partie du recueil, en date du 15 mars 1732, après avoir analysé une dissertation sur la dangereuse inutilité de sonner les cloches pendant l’orage, il ajoute :

« Au lieu de ces raisons, dont tout le monde ne conviendrait peut-être pas, voici une fable de M. de La Fontaine qui appuie absolument le sentiment de l’auteur de la dissertation, elle fera peut-être plus d’impression sur ceux qui n’entendent pas la physique. »

Et sans plus de façon, le secrétaire de l’académie de Béziers cite un apologue intitulé le Sonneur et l’Araignée, à la marge duquel il place cette indication volontairement erronée :Fables choisies. Liv. 7, fable XVI (car rien de semblable ne se trouve dans aucun des recueils publiés sous ce titre), et qu’il fait suivre de cette note bien propre à achever de donner le change au lecteur — si le change pouvait résulter d’une production où la manière du maître est si malheureusement, ne disons pas imitée, mais parodiée : « On a cru devoir insérer au long cette fable qui n’est pas fort connue. »

Peut-être, après tout, le médecin bel esprit trouva-t-il des dupes. Mais, s’il les trouva, quel bénéfice retira-t-il de sa fraude ? D’entendre louer, comme étant de l’illustre fabuliste, des vers enfants de sa pauvre muse. Nous n’osons croire que cette satisfaction lui ait été donnée, sinon par des gens trop aisés à tromper, pour que leur assentiment équivalût à un éloge.

Voici l’œuvre, on jugera.

LE SONNEUR ET L’ARAIGNÉE

Certain sonneur, rempli de vanité,
Entre deux vins, et peut-être entre quatre,
Fut assez ivre pour débattre
A Jupiter la primauté,
Disant avec impiété,
Quand ce dieu lançoit le tonnerre,
Qu’il le pouvoit éloigner de la terre ;
Et que, la substance de l’air
Estant délicate et menue,
Ses cloches pouvoient l’ébranler,
Chasser et dissiper la nue,
Et donnant au foudre une issue,
Faire prendre un rat à l’esclair,
Comme l’avait soutenu haut et clair
Quelque philosophe moderne,
Qui sans doute avoit beû dans la même taberne.
Jupiter, l’oyant blasphémer,
Se préparoit à l’abysmer,
Accoutumé de mettre en poudre,
Quand il lance son foudre,
Plus de clochers et de sonneurs,
Que de toits de bergers et de pauvres glaneurs,
Lorsqu’une vieille et prudente araignée,
Hostesse du clocher depuis plus d’une année,
Voyant ce faux raisonnement,
Faisait des leçons à son hoste,
Pour lui faire avouer et réparer sa faute,
Et lui montroit que follement
Il s’attaquoit au maistre des estoiles ;
Qu’il auroit beau sonner en double carillon,
Bien loin de dissiper le moindre tourbillon,
Il ne lui romproit pas la moindre de ses toiles.

(D’après « La Mosaïque », paru en 1876)

 

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Fête de l’Eau au Fil du Temps (Oise)

Posté par francesca7 le 21 août 2014

3 juillet 2011

(Responsable : Association des Fêtes Historiques de Troissereux)

 
Troissereux  
Le dimanche 3 Juillet 2011, les fêtes historiques de Troissereux se replongent à l’époque de Marie Stuart (1542-1587), reine d’Ecosse et de France – elle passa par ce village lorsqu’elle se rendit à Paris –, épouse de François II, roi de France du 10 juillet 1559 au 5 décembre 1560. Marie fit en effet

A l’occasion de la fête de l’eau au fil du temps, le village de Troissereux propose un spectacle inédit mettant en scène le cortège de Marie Stuart et de François II dans la France du XVIe siècle. Au son des cornemuses, le cortège traversera le village, à partir de 10 h 30, pour se rendre au château et assister aux festivités : tournois, danses de cour et bien plus encore…

Le groupe bien connu « Somme Battlefield Pipe Band » viendra tout spécialement pour représenter la garde écossaise de la reine Marie Stuart et accompagnera le cortège composé de nos amis des fêtes historiques François Ier de Crèvecœur, des fêtes Jeanne Hachette de Beauvais, de Folleville, du souffle de la terre d’Ailly sur Noye, de Senlis, ainsi que la cavalerie des Hercui-liens de Crillon et de Folleville, sans oublier les enfants de l’école, ainsi que l’ensemble des associations de Troissereux et le Château de Troissereux qui ouvre ses portes gracieusement pour offrir un moment inoubliable aux petits comme aux grands…

Nombreuses animations et échoppes traditionnelles autour du château pour une journée encore plus magique …

Marie Stuart, fille de Jacques V d’Ecosse et de Marie de Guise, est l’un des personnages les plus attachants de l’histoire. Elle a seulement quelques jours lorsqu’elle devient reine par la mort de son père. Fiancée au fils aîné d’Henri II de France elle prend le chemin de Paris et passe à Troissereux.

Le village est en fête. Son intelligence, sa culture – elle parle plusieurs langues – et sa beauté en font bientôt une des plus brillantes étoiles de la cour. Elle a 15 ans lorsqu’elle épouse François de France, qui lui en a 14, et qui l’année suivante devient roi par la mort de son père Henri II (le jeune roi ayant pris comme symbole le soleil, ce symbole surmonte, en son honneur, une tour du Château de Troissereux). Mais bientôt François meurt à son tour - probablement d’une méningite - après moins de deux ans de règne et la jeune veuve doit prendre le chemin du retour vers l’Écosse.

Elle passe de nouveau à Troissereux, mais cette fois elle est en deuil et a le cœur serré. Sa vie ne sera plus alors qu’une suite de tragédies. A la fin, étant venue demander de l’aide à sa cousine Élisabeth Ière d’Angleterre, celle-ci l’a fit emprisonner et décapiter.

Renseignements pratiques 
Coordonnées : Rue de la Prairie – Allée du Château, 60112 TROISSEREUX
Web : Association des Fêtes Historiques de Troissereux
 

 

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Curiosités naturelles de la Dordogne

Posté par francesca7 le 21 août 2014

 

(Région Aquitaine)

images (21)Bien que les collines qui couvrent en entier le département de la Dordogne ne soient pas élevées, cette région de la France n’en est pas moins très pittoresque, et assez riche en curiosités naturelles.

On y rencontre des sources abondantes, dont quelques-unes donnent naissance à de véritables rivières ; les plus remarquables sont, dans le bassin de la Vézère : la Doux de la Cassagne, qui alimente le Coly, et la Doux du Bugue ; dans le bassin de l’Isle : la source de la Glane, à quelques kilomètres en aval de Savignac-les-Églises ; celles du Toulon à Périgueux, celle du Gour de Saint-Vincent, alimentée par une perte de l’Auvezère au moulin du Souci, la fontaine de l’Abîme ou du Moulinot près de Razac, au pied même d’un talus du chemin de fer de Périgueux à Coutras ; celles de Sourzac : cette dernière s’échappe d’une grotte, et l’orme une petite rivière qui, après s’être précipitée d’une hauteur de 12 mètres, va se jeter dans l’Isle ; enfin, dans le bassin de la Dronne, celle du Puy-de-Fontas, à 1 500 mètres de Bourdeilles ; celle du Bouillidou de Creyssac, et, dans le bassin de la Lizonne, de nombreuses fontaines fort pures et fort abondantes.

Il est d’autres sources qui, pour être moins importantes, n’en sont pas moins remarquables. Nous ne citerons que le ruisseau de la Rège, qui laisse échapper des gaz inflammables ; la fontaine incrustante de Saint-Astier, la fontaine intermittente de Marsac ; les sources minérales de la Bachellerie, du Panassou, de Bandicalet, de l’Isle et de Fontaine-Cordelière.

Un beau spectacle est celui qu’offre la Dordogne à Lalinde, où elle forme les rapides auxquels on a donné les noms de Saut de la Gratusse, du Grand-Toret et des Porcherons. N’oublions pas de parler des nombreuses grottes que renferme ce département et que l’on rencontre quelquefois en grand nombre dans les vallées où coulent les rivières. Celles qui offrent le plus d’intérêt sont les fameuses grottes des Eyzies, au-dessus du confluent de la Vézère et de la Beüne : des savants s’en sont beaucoup occupés et s’en occupent encore à cause des ossements et des divers débris de « l’industrie préhistorique » qu’on y a découverts et qui abondent non seulement sur ce point, mais encore dans toute la vallée de la Vézère ; celles du Moulin-Grenier, ou Chambre-Noire, de Saint-Laurent-sur-Manoir, de Gouts-Rossignols ; de Saint-Capraise-d’Eymet, de Lamonzie-Montastruc (belles stalactites) ; celles du Moustier, qui renferment des ossements ; d’Azerat, profonde d’au moins 200 mètres ; celle d’Ajat, où s’éteignent les flambeaux ; et enfin, la plus grande de toutes, une des plus remarquables de France, la grotte de Miremont, vulgairement désignée dans le pays sous le nom du Trou de Granville. Elle se compose d’un grand nombre de vastes salles et de couloirs remplis d’admirables stalactites. La Grande-Branche mesure 1 067 mètres, et la totalité de ses ramifications offre un développement de 4 229 mètres.

Les paysages gracieux et pittoresques abondent dans les vallées de la Dronne, de l’Isle, de la Dordogne, de la Vézère et de l’Auvezère. Nous citerons seulement les roches et les talus des rives de la Dordogne, vers Domme ; les beaux rochers qui bordent, au Moustier, le cours de la Vézère ; les gorges du Génis où court l’Auvezère ; enfin les rochers qui bordent ou surplombent la Dronne un peu en amont de Bourdeilles.

 

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