L’Armor et les îles
Posté par francesca7 le 31 août 2014
Les quatre cinquièmes du pourtour breton sont baignés par les flots. Les Gaulois appelaient cette zone « Armor », ou plus rarement « Arvor », ce qui signifie « pays au voisinage de la mer », par opposition à l’Argoat, le « pays de l’intérieur ».
La côte bretonne
Extraordinairement découpée, elle totalise 2 700 km ; elle n’en mesurerait que six cents si elle s’était contentée d’être rectiligne. Cette longue dentelle rocheuse compte une multitude de paysages magnifiques composés de criques et de grèves, de hautes falaises comme à Quiberon, de caps déchiquetés comme à la pointe du Raz, d’îles et d’écueils comme à Ouessant, de larges baies comme à Morlaix, d’amas granitiques comme à Ploumanach, de promontoires escarpés comme à Fréhel, de golfes comme celui du Morbihan et de rias comme dans les Abers. Tous ces panoramas sont rythmés par le va-et-vient régulier des marées et le ballet incessant des bateaux. Cette merveilleuse diversité fait toute l’originalité de la côte bretonne.
Et, comme si cette grande variété ne suffisait pas au plaisir des yeux, l’Armor a comme fractionné la totalité de son littoral pour mieux nous envoûter. En effet, au gré des promenades, on remarquera que la végétation est brûlée par le vent salin là où la côte est exposée, qu’elle est exubérante là où elle est abritée et qu’y poussent sans effort mimosas, palmiers, eucalyptus, lauriers-roses et autres plantes emblématiques des climats méridionaux.
Les îles
Les côtes bretonnes sont les plus riches de France en îles, îlots et archipels. On en compte plus de cent vingt, dont une petite vingtaine est habitée. La plus vaste, 86 km 2 , est Belle-Île , suivie de loin par Ouessant (18 km 2 ) et Groix (15 km 2 ). Toutes les autres n’excèdent pas 3 km 2 , la plupart étant d’une superficie inférieure au kilomètre carré.
Toutes les îles bretonnes appartiennent au Massif armoricain, qui, loin de se limiter aux terres visibles, se prolonge sous la mer. Au large du Léon et du Trégor, le massif court sur plusieurs kilomètres, et repousse ses limites jusqu’à 50 km dans les zones du golfe normando-breton et le long du Morbihan. Le littoral de Bretagne Sud, justement, est longé par une dorsale rocheuse qui supporte Belle-Île, Groix, Hœdic et les Glénan . Au nord et à l’ouest, les fonds marins sont composés de dépôts grossiers de graviers qui soutiennent des myriades d’affleurements rocheux (les Sept-Îles , Bréhat , Callot , Cézembre , etc.).
Quelle que soit leur taille, les milieux insulaires, même à un jet de pierre du continent, sont d’une importance écologique primordiale. Isolés et faiblement bâtis, ils constituent des sites de préservation exceptionnels de la faune et de la flore.
Les oiseaux sont les premiers à apprécier les îles, qui sont des sites de nidification et d’élevage privilégiés grâce à l’absence de prédateur naturel. Certaines îles ont bien été colonisées par des rats échappés de navires ou négligemment importés par l’homme, mais le Conservatoire du littoral et d’autres associations s’attachent à restaurer ces écosystèmes en faisant disparaître les prédateurs gourmands en œufs frais. C’est notamment le cas dans l’archipel des Sept-Îles au large de Perros-Guirec, et particulièrement de l’île Rouzic qui accueille plus de 15 000 couples de fous de Bassan.
Vagues et marées
L’Armor est continuellement frappé par les vagues, qu’éloignent ou rapprochent les marées.Les vagues , ou, comme disent les marins, les lames, sont un mouvement ondulatoire produit par le vent. Même lorsque la brise ne souffle plus, l’ébranlement se propage à de grandes distances : c’est la houle . Par une illusion d’optique, l’eau semble se déplacer, mais il suffit de regarder flotter un bouchon pour constater qu’il reste immobile. Près du rivage, le mouvement ondulatoire des vagues est freiné par le fond : un déséquilibre se produit et la crête de la lame s’écroule en longs rouleaux d’écume avec un bruit sourd et rythmé, c’est le ressac . Quand la vague atteint un obstacle abrupt, rocher ou falaise, elle est soulevée, lance des embruns, puis retombe de tout son poids. Les jours de tempête, le spectacle peut être prodigieux.
Curieux phénomène que celui des marées . Il est causé par l’attraction de la Lune et, dans une moindre mesure, par celle du Soleil. Lorsque la Lune est au-dessus de la mer, elle attire l’eau vers elle, le niveau de la mer s’élève : c’est la marée haute. Six heures plus tard, la Lune n’est plus au-dessus de l’eau, l’attraction n’opère plus : c’est la marée basse. Lorsque le Soleil et la Lune sont à peu près alignés par rapport à la Terre, l’attraction est plus forte : c’est la marée de vive eau ou grande marée. Ce phénomène se reproduit tous les quinze jours, lors de la pleine lune ou de la nouvelle lune. En Bretagne, les plus importantes se produisent en mars et septembre, lors des équinoxes.
L’amplitude des marées varie selon les zones littorales qu’elles concernent. Dans la baie du Mont-St-Michel, elle atteint un record avec 14 m de marnage . En allant vers l’ouest, ce dernier diminue peu à peu jusqu’à se limiter à 6 m à Brest. En Bretagne Sud comme dans tout le golfe de Gascogne, l’amplitude moyenne des marées est de 5 m.
Quelle que soit son importance, la marée transporte de gigantesques quantités d’eau, qui soumettent la faune et la flore à de fortes turbulences et à des périodes successives d’immersion et d’émersion. Leur régime provoque aussi la formation de courants plus ou moins puissants selon la morphologie des côtes. Dans les baies (comme St-Brieuc, Douarnenez, Mont-St-Michel, Morlaix, etc.), ils sont relativement faibles et excèdent rarement 1 nœud, alors qu’ils atteignent facilement 3 nœuds sur le littoral nord. Dans les passages très étroits, comme les raz de Sein et d’Ouessant, ils peuvent monter jusqu’à 9 nœuds, soit 4,50 m/s !
La flore
L’autre grande richesse des littoraux est la flore, dont les conditions de vie fluctuent énormément au rythme des marées et du climat.
Certaines plantes sont baignées plusieurs heures par jour par l’eau salée, comme la soude maritime ou l’aster. D’autres sont fouettées jour et nuit par les embruns. D’autres encore baignent dans des vasières (spergulaires), s’épanouissent dans les dunes (oyats et liserons des dunes) ou dans les baies (salicornes). Toutes font preuve d’une extraordinaire capacité d’adaptation en créant des stratégies de croissance et de reproduction en synergie avec leur milieu, si dur soit-il. Si les îles et les îlots représentent l’essentiel des espaces protégés, c’est justement pour pérenniser la richesse et la diversité de ces plantes, et des animaux qui les fréquentent.
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