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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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A la mort de Vauban

Posté par francesca7 le 25 août 2014

DERNIERS JOURS ET MORT DE VAUBAN.

 

téléchargement (16)Ce fut en 1707, que Vauban publia et présenta au Roi le livre de la Dîme royale. Le grand homme était déjà vu, par la cour et l’entourage du monarque, d’un œil jaloux et défiant. Il passait presque pour un réformateur dangereux. Il avait à plusieurs reprises émis certaines idées de réforme qui avaient vivement déplu. Il avait demandé la conscription par le tirage au sort, l’uniformité des poids et mesures, la rédaction et réunion en un seul livre des différentes coutumes, pour en faire la loi commune à tous ; ce n’était ni plus ni moins, comme on le voit, que le résumé de tous les grands progrès qu’a réalisés la Révolution de 89.

Le ministre Louvois avait voulu le détourner de cette voie, qu’il considérait comme funeste et dangereuse pour « l’ordre moral » du temps; et dans un moment d’irritation, il avait osé écrire à celui qui portait le nom de Vauban, une étrange lettre dont voici un passage :

« … Quant au mémoire que je vous renvoie, lui écrivait le ministre de la guerre, afin que vous puissiez le supprimer aussi bien que la minute, que vous en avez faite, je vous dirai que si vous n’étiez pas plus habile en fortification que le contenu en votre mémoire donne lieu de croire que vous l’êtes sur les matières dont il traite, vous ne seriez pas digne de servir le roi de Narsingue, qui, de son vivant, eut un ingénieur qui ne savait ni lire, ni écrire, ni dessiner. S’il m’était permis d’écrire, sur une pareille matière, je vous ferais honte d’avoir pensé ce que vous avez mis par écrit; et comme je ne vous ai jamais vu vous tromper aussi lourdement qu’il parait que vous l’avez fait par ce mémoire, j’ai jugé que l’air de Bazoches vous avait bouché l’esprit, et qu’il était à propos de ne vous y guère laisser demeurer. »

On pouvait prévoir, dès lors, l’accueil qui attendait le livre de la Dîme royale. Il fut accueilli, en haut lieu, par un immense cri de colère et d’indignation. Contrôleurs généraux, intendants de province, officiers de finances, leurs commis, leurs secrétaires, leurs protégés, enfin toute cette armée de déprédateurs dont le nombre, suivant l’expression du vieux maréchal a « était suffisant pour remplir les galères du roi,» tout cela se voyait dévoilé et ruiné par l’apparition de ce livre vengeur.

« Ce ne fut pas merveille, ajoute Saint-Simon, si le roi investi, prévenu par les nombreux intéressés reçut très mal le maréchal lorsqu’il lui présenta son livre. Dès ce moment ses services, sa capacité militaire, unique en son genre, ses vertus disparurent aux yeux de Louis. Il ne vit plus en lui qu’un insensé pour l’amour du bien public, un criminel qui attentait à l’autorité de ses ministres, et par conséquent à la sienne. »

Par ordonnance du 14 février 1707, le livre de la Dîme royale fut saisi, confisqué et condamné au pilori, et à être brûlé de la main du bourreau.

téléchargement (17)Le malheureux maréchal, dit Saint-Simon, porté dans tous les cœurs français, ne put survivre aux bonnes grâces de son maître, pour qui il avait tout fait, et mourut, peu de mois après, ne voyant personne, consumé de douleur et d’une affliction que rien ne put adoucir, et à laquelle le roi fut insensible jusqu’à ne pas faire semblant s’apercevoir qu’il eût perdu un serviteur si utile et si illustre. Il n’en fut pas moins, célébré par toute l’Europe et par les ennemis mêmes, ni moins regretté en France de tout ce qui n’était pas financier ou suppôt de financier.

Telle fut la fin triste et cruelle du grand Vauban, de celui qui  personnifie, nous, pouvons le dire, la gloire la plus pure de notre histoire nationale. Victime de l’ingratitude, de la vanité et de la sottise de Louis XIV, il est mort, comme dit Saint-Simon « porté dans le cœur du peuple » qui ne séparera jamais de l’admiration qu’il a conservée pour le grand homme, la reconnaissance qu’il porte à celui qui fut le premier et restera, l’un des plus ardents défenseurs de ses droits et de ses libertés.

 

SOURCE : texte signé : EM. G.   Almanach Historique et Statistique de l’Yonne- édition de l’année 1874- 

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