Posté par francesca7 le 23 août 2014
La prophétie sibylline de NOSTRADAMUS est un tabernacle contenant un joyau inestimable, la manifestation de la puissance de l’esprit. Elle ne pouvait pas être clairement révélée, ni totalement cachée. Pour y pénétrer un grand respect et une profonde humilité sont nécessaires face à l’immense étendue de cette oeuvre qui depuis près de cinq siècles ne cesse de passionner le monde tout en éprouvant la sagacité des exégètes. La malice du Médecin de Salon et les nombreux pièges tout le long de son texte n’ont pas permis de rapidement comprendre le sens du message caché. Et c’est seulement petit à petit que le voile se découvre, comme l’avait prédit lui-même Michel de Nostredame.
Les quatrains ne sont évidemment pas rangés en ordre chronologique, ce qui aurait été un fil conducteur trop facile nous permettant de feuilleter le déroulement de notre histoire.
<< Ayant voulu taire et délaisser pour cause de l’injure, et non seulement du temps présent, mais aussi de la plus grande part du futur, de mettre par escrit, pource que les règnes, sectes, et régions feront changes si opposites; voire au respect du present diamètralement, que si je venois à reserer ce qu’à l’advenir sera ceux du regne, secte, religion, et foy, trouveroient si mal accoordant à leur fantasie auriculaire, qu’ils viendroyent à damner ce que par les siècles advenir on cognoistra estre veu et apperceu. >>
<< J’ai composé Livres de prophéties contenant chacun cent quatrains astronomiques de prophéties, lesquelles j’ai un peu voulu rabouter obscurément ...>>

Michel de Nostredame, autrement nommé Nostradamus, est surtout connu pour son astrologie et ses prédictions. Et pourtant…humaniste de la Renaissance, ouvert aux idées de la Réforme, il a côtoyé de grands personnages tels son ami Rabelais, Catherine de Médicis, Charles IX dont il fut « médecin ordinaire » et bien d’autres encore. Mais au départ, il a su s’intéresser à la médecine, la pharmacie en réussissant à combattre le pire mal de son temps : la peste.
De la Médecine et la Pharmacie….
Michel de Nostredame est né mi décembre 1503 à Saint Rémy de Provence. Il est issu d’une famille de juifs chassés du royaume par Philippe Le Bel au début du 16è siècle qui sont ensuite accueillis par le pape Clément V aux alentours d’Avignon, dans des carrières, des rues closes. Seule contrainte : ils devaient porter un bonnet jaune lorsqu’ils sortaient.
Poursuivant de brillantes études où il écrit couramment le latin et le grec, il est inscrit à l’université de Montpellier et reçu « bachelier en médecine » en 1525. Etant juif, il s’est converti au catholicisme pour accéder à l’université et choisit pour nom de baptême Nostradamus qui s’est transformé en Michel de NostreDame. Dans sa maison de Salon, la même qu’il occupe jusqu’à sa mort, au pied du château de l’Empéri, au dessus de son bureau, est accroché un manuscrit jauni par le temps, daté d’octobre 1529 « moi, Michel de Nostredame, de la maison de Provence, de la ville de Saint Rémy, du diocèse d’Avignon, suis venu étudier à l’université de Montpellier, dont je jure d’observer les statuts, droits et privilèges présents et à venir. J’ai payé les droits d’inscription et je choisis Antoine Romier comme maître d’études ».
A cette époque, la peste sévit dans tout le sud de la France. Il parcourt tous les chemins de Provence et du Sud Ouest pour combattre cette maladie, ayant appris les rudiments de pharmacie et après que l’un de ses aïeux lui ai transmis son savoir sur la botanique, la vertu des plantes et les préparations.
Dans son « traité des Fardements et Confitures », il commence par faire une description très détaillée de ce mal bubonique ou pulmonaire. Pour combattre ce fléau, il fait un mélange d’œufs et de plantes.
Il invente un vinaigre d’aromates aux qualités antiseptiques et élabore une « poudre souveraine » contre les contagions. Conseillant les règles d’hygiène simples et prônant le principe de « plutôt prévenir que guérir », il suggère alors de nettoyer les maisons au vinaigre, de répandre des essences de plantes, de laisser une torche allumée dans les pièces et surtout de se couvrir le nez et la bouche.
Quelques années plus tard, la peste frappe à nouveau dans les villes de Salon et d’Aix. Et le voilà repartit sur les routes…jusqu’à Lyon. Il prépare une « poudre excellente qui chasse les odeurs pestilentielles ». Sa recette est composée de sciure de cyprès, d’iris de Florence, de clous de girofle, de musc, d’ambre gris, d’aloès et de roses incarnadines. Elle fait fureur pendant cette période de maladie contagieuse où plus d’un se jette par la fenêtre, où plus d’un péri devant ce fléau.
… en passant par les produits de santé et de beauté …
Son dévouement lors de la peste le rend célèbre. Au fur et à mesure, les dames font appel à lui : il élabore la « pommade d’une souveraine odeur », de « l’huile pour emblanchir la face », des « onguents pour faire venir les cheveux comme un filet d’or » ….bref, des recettes qui rapportent des sous et le succès.
Il épouse à Noël 1547, dans sa ville, Anne Ponsard…qui lui donne 7 ou 8 enfants. Puis jusqu’en 1549, il s’exile en Italie pour approfondir ses connaissances en alchimie végétale. À Milan, il découvre un apothicaire spécialisé dans ce domaine, qui l’initie aux confitures guérisseuses. De retour à Salon, Michel de NostreDame expérimente ces confitures médicamenteuses et en 1552, il publie le résultat de ses recherches sous le titre » traité des Fardements et Confitures « .
Dans ses confitures, il ajoute des épices, invente des procédés pour bonifier et parfumer le vin, prépare des vinaigres et des moutardes aux aromates, qu’il vend.
Puis constatant que les dames ont une nouvelle envie : devenir blonde, il s’enrichit avec sa potion qui permet « d’avoir sous les 3 ou 4 jours, le poil blond et roux comme or de ducat ». Il va plus loin, il pense aux hommes qui veulent plaire à la jeunesse et aux femmes inquiètes de la virilité de leur partenaire. Il crée un remède « l’huile de repopulation » réputée jusqu’en Italie.
…Jusqu’à ses confitures
Son fameux ouvrage est intitulé : « Excellent et moult utile Opuscule à touts nécessaire, qui désirent avoir cognoissance de plusieurs exquises Receptes, divisé en deux parties. La première tracite de diverses façons de Fardemens et Senteurs pour illustrer et embellir la face. La seconde nous montre la façon et manière, de faire confitures de plusieurs sortes, tant en miel, que sucre, et vin cuit, le tout mis par chapitres, comme est fait ample mention en la Table. Nouvellement composé par maîtrre Michel de Nostredame docteur en Médicine de la ville de Salon de Craux en Provence, et de nouveau mis en lumière » (en vieux françois).
Les confitures, le sirop et le sucre sont la base de médicaments importants dans la médecine médiévale européenne. Dans le chapitre II, il explique comment « confire la chaire de gourdes que l’on nomme cougourde ou carabasse qui est une confiture réfrigérante qui rafraîchit et est de bon goût ». Il termine ce chapitre par une indication nettement médicale comme cette confiture qui « est bonne pour manger, en fait que concerne médecine réfrigérante et par la facilité d’elle en manger pour mitiger la chaleur exubérante du cœur et du foie », sans oublier celle à base d’écorces de buglosse qui permet de rajeunir.
Cet ouvrage composé de 31 chapitres nous offre diverses recettes tout à fait réalisables pour les amateurs de nos jours. Coing, griotte, rhubarbe, orange, poire, courge et autres fruits et légumes sont accommodés avec du sucre et du miel, et relevés par des épices tels le gingembre, la cannelle ou le clou de girofle.
Parmi les recettes, Michel de Nostre Dame pense aussi « à celles dont la froideur de la matrice rend impropres à concevoir et à satisfaire les légitimes appétits » où il mélange 1kg de miel des montagnes et 300g de gingembre frais, il épluche le gingembre et le coupe en bâtonnets fins, le lave plusieurs fois, le dépose dans une casserole pleine d’eau et le fait bouillir 10 mn, l’égoutte et recommence l’opération 2 fois pendant 10 mns puis 1 dernière fois pendant 20 mns. Il le laisse égoutter toute la nuit. Le lendemain, dans une casserole à fond épais, il fait bouillir le gingembre avec le miel pendant 15 mns, recommence la même opération le lendemain puis le surlendemain, enfin il met cette préparation dans des pots et conseille de manger une cuillerée quand les ardeurs manquent.
L’autre recette « pour renouveler et affermir les ardeurs amoureuses » est réalisée à partir de laitues, de tiges d’artichauts et d’angélique.
A côté de ce traité, il publie son premier Almanach en 1550 à Lyon, avec des conseils de santé et …des prévisions de météo…
Pour aller plus loin
- Catherine, Nostradamus et le Triangle Noir – Claude Mossé. Alphée, 2010.
Cet article a été publié le Samedi 23 août 2014 à 10 h 20 min et est catégorisé sous FONDATEURS - PATRIMOINE.
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