L’étoile de Vénus de Radiguet
Posté par francesca7 le 15 août 2014
Après d’Avril la verte douche,
Dans ton hamac, dans ton étoile,
Au milieu du ciel tu te sèches.
Recommence ! d’une fessée,
Insolente, récompensée,
Sous l’étoile des maraîchers,
Leurs tombereaux de grosses roses
Que par gourmandise l’on baise,
Joues jalouses du châtiment
Que, jaillie hors du gant, ma main,
Frais jet d’eau, inflige à leurs soeurs,
Les fruits qui fondent dans la bouche
Avec le sucre du péché,
Les transporte sur nos marchés
Conduit, Vénus, par ton étoile,
En charrette, un de nos rois mages.
Ils ne t’auront pas empêchée
De prendre du ciel le chemin.
Raymond RADIGUET (1903-1923)
Raymond Radiguet, né le 18 juin 1903 à Saint-Maur et mort le 12 décembre 1923 à Paris, est un écrivain français. Talent très précoce, il a écrit deux romans ayant connu un grand succès critique et populaire, soit Le Diable au corps et Le Bal du comte d’Orgel, publiés alors qu’il abordait la vingtaine.
Ainé de sept enfants, Raymond Radiguet est le fils du dessinateur Maurice Radiguet (1866-1941) et de Jeanne Marie Louise Tournier (1884-1958).
Après l’école communale, il passe l’examen des bourses et entre au lycée Charlemagne à Paris. Considéré d’abord comme un bon élève sauf dans les disciplines artistiques, ses résultats scolaires médiocres le décident à quitter le lycée en 1914 pour faire l’école buissonnière. Il s’adonne entièrement à la lecture dans la bibliothèque familiale : les écrivains des 17e et 18e siècles, notamment La Princesse de Clèves de Mme de Lafayette, puis Stendhal, Proust, et enfin les poètes : Verlaine, Mallarmé, Arthur Rimbaud, Lautréamont
En avril 1917, Raymond rencontre Alice, une jeune femme, voisine de ses parents à Saint-Maur. Elle vient de se marier avec Gaston, un soldat qui est au front. La liaison de Radiguet (14 ans) avec Alice alors que le mari de celle-ci est soldat dans les tranchées, sont autant d’éléments que l’on retrouvera dans Le Diable au corps. Cette liaison ne durera qu’un an et, à partir de 1918, il s’éloignera d’elle peu à peu.
Raymond Radiguet meurt emporté par une fièvre typhoïde mal diagnostiquée par le médecin de Cocteau le 12 décembre 1923. Dans son délire, il déclarait « J’ai peur, dans trois jours je serai fusillé par les soldats de Dieu ».
Avait-il le pressentiment de sa fin prématurée lorsqu’il écrivait dans les dernières pages du Diable au corps : « Un homme désordonné qui va mourir et ne s’en doute pas met soudain de l’ordre autour de lui. Sa vie change. Il classe des papiers. Il se lève tôt, il se couche de bonne heure. Il renonce à ses vices. Son entourage se félicite. Aussi sa mort brutale semble-t-elle d’autant plus injuste. Il allait vivre heureux. » ?
C’est à cette occasion que Cocteau peut mesurer l’homophobie de ses contemporains puisque François Mauriac le surnommer « le Veuf sur le Toit », en référence au Bœuf sur le toit qu’avait patronné le poète français.
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