LES FÊTES D’AVALLON
Posté par francesca7 le 6 août 2014
Rien n’a manqué à la solennité des fêtes d’Avallon, pour l’inauguration de la statue de Vauban. Les pluies de la veille avaient cessé, les nuages du matin se dissipaient, et c’est sous les doux rayons d’un soleil d’automne, illuminant la scène, empourprant les paysages enchanteurs qui lui servaient de cadre, que sont apparus les traits du grand homme dont on honorait la mémoire.
Dès le samedi, la ville était encombrée de visiteurs qui avaient bravé l’incertitude du temps. Dimanche, vers midi, arrivait d’Auxerre un convoi aurait suffi à lui seul à faire une foule. Il amenait, avec les personnages officiels, les députés de I’Yonne, maires, conseillers généraux, et tous ceux qui s’étaient fait un devoir de prendre part à cette sorte de fédération départementale.
La population avallonnaise s’était de son côté, portée à leur rencontre, et la bienvenue était donnée par le chef de la municipalité, M. Mathé, dont l’attitude digne, simple et modeste répondent si bien au magistrat type républicain.
Vers deux heures, un cortège partant de l’hôtel de ville allait chercher à la sous-préfecture les représentants du gouvernement.
La cérémonie de l’inauguration a commencé par un discourt de M.Raudot, président de la commission pour l’érection de la statue.
La surprise et le succès ont été pour les paroles éloquentes, émues, du général Doutrelaine, faisant vibrer toutes les cordes patriotiques de l’assistance, et arrachant des larmes que nous avons vu couler sur plus d’une barbe grise.
Mais il appartenait surtout an maire plébéien de la ville d’Avallon de mettre en relief le côté le plus grand peut-être de la gloire de Vauban, et c’est ce qu’a fait M.Mathé avec une logique pleine d’élévation. C’est au nom du peuple à comme homme du peuple qu’il a restitué à Vauban sa gloire la plus pure et la meilleure, celle d’avoir étudié le mal social, d’en avoir gémi dans sa propre grandeur et d’y avoir cherché remède.
Le discours de M. Mathé a été accueilli aux cris chaleureux et fréquemment répétés de: « Vive la République ! »
Cette première partie de la solennité a été complétée par une intéressante notice sur la famille et la vie de Vauban, lue par un des héritiers de ce nom illustre.
L’accord plein de convenance qui s’était établi dans la première partie de la journée, l’enseignement moral que chacun avait tiré de cette grande mémoire évoquée, se sont retrouvés dans les toasts du banquet.
L’éloquent général a eu une réplique digne de son discours dans l’improvisation de l’honorable M. Guichard, buvant à l’armée, et développant son texte avec une verve et une ampleur qui rappelaient les plus beaux mouvements des orateurs les mieux inspirés.
L’hôte fêté entre tous et par tous a été le colonel Denfert, l’héroïque défenseur de Belfort, dont l’ombre de Vauban a dû saluer la présence à cette solennité. On avait célébré le héros mort, Denfert l’a fait revivre en buvant à l’instruction du peuple, qui fera les Vauban de l’avenir.
Après deux autres toasts patriotiquement formulés et patriotiquement accueillis, de M. le préfet et de M. le Général de la subdivision, le banquet s’est terminé par un discours de M. Lepère, auquel il appartenait, comme président du conseil général de résumer toutes les bonnes paroles qui avaient été prononcées; il a rattaché l’œuvre de Vauban à la révolution de 1789 ; c’était la synthèse et la morale de cette belle journée.
Si les visiteurs emportaient un précieux souvenir de l’accueil si touchant qu’ils avaient reçu, les Avallonnais devaient être fiers de l’empressement sympathique avec lequel on avait répondu à leur invitation. MM. Ribière et Brunet étaient venus retrouver, comme amis, ceux qu’ils avaient administrés, dans des temps difficiles, sans rigueur et sans faiblesse.
La députation du département était venue s’associer à ces fêtes qui ont continué pendant toute la journée du lendemain, au milieu d’une foule aussi considérable, aussi sympathique et aussi irréprochable dans les manifestations de ses joies patriotiques.
Extrait du journal L’Yonne de 28 octobre 1873.
SOURCE : texte signé : EM. G. Almanach Historique et Statistique de l’Yonne- édition de l’année 1874-
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