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Tradition et vivre en Corse

Posté par francesca7 le 5 juillet 2014

 

photo.1383411.18Si les habitants de l’île revendiquent leur singularité, ils ne se sentent pas pour autant des témoins isolés d’une identité en perdition. Bien au contraire. Les signes tangibles d’un renouveau de la culture corse se multiplient. L’économie elle-même bénéficie de cette dynamique. Le tourisme, première source de richesse de l’île, n’a pas entraîné de dommages irréparables sur la physionomie sauvage des côtes. L’arrière-pays, fragilisé par une saignée démographique de plus d’un siècle, jouit de potentiels intacts et s’éveille à un tourisme vert soucieux de la nature et de sa préservation. L’agriculture se tourne vers une production raisonnée et des produits de qualité. Ainsi, la Corse, tournée vers d’autres enjeux que sa seule autonomie administrative, peut-elle dans les prochaines années devenir une région exemplaire d’un certain charisme.

L’identité corse noyée sous les clichés eut bien du mal à faire reconnaître ses richesses et sa singularité. Elle s’identifie aujourd’hui à son territoire préservé dont elle entend bien maîtriser le destin, comme elle entend donner à sa culture les saveurs du renouveau.

La fin de Colomba

L’histoire tourmentée de l’île, soumise à de multiples invasions et incursions, a nourri une imagerie simpliste du peuple corse. Celui-ci, dans le plus extrême dénuement, délaissa les modèles insulaires pour ceux du continent. Un double abandon dont la culture corse a longtemps souffert, laissant de larges brèches aux interprétations abusives.

Les tragiques événements qui ont marqué son actualité ces trente dernières années ont renforcé certains traits repris à loisir par les médias. Les mouvements autonomistes des années 1970 qui se sont engagés dans la lutte armée n’ont pas été suivis dans leurs combats mais ont toutefois provoqué une prise de conscience salutaire. Sans renier leur attachement à la France, les Corses ont renoué avec leur culture et l’ont inscrite dans la modernité.

Ce renouveau indique que bien au-delà des clichés qui ont la peau dure, le peuple corse est fier de sa différence et que celle-ci ne l’en isole plus de l’extérieur. Dans une montagne dépeuplée, les échanges entre insulaires et « pinzutti » sont tout à la fois simples et cordiaux, et les fêtes traditionnelles constituent de réelles occasions d’échange et de dialogue. L’hospitalité est entendue ici comme une obligation morale. Le 21 e s. verra peut-être et heureusement la fin de l’obsolète Colomba comme égérie d’un peuple sanguinaire.

Car si elle est souvent silencieuse, la grande majorité des Corses ne cautionne pas les actes de vandalisme ou les attentats meurtriers. Les femmes corses se sont d’ailleurs plusieurs fois mobilisées contre la violence et l’intolérance. La vendetta, de sinistre mémoire, provoque certes encore quelques conflits fratricides, mais elle ne concerne qu’une poignée d’irréductibles militants.

Des usages ancrés dans l’histoire

Parmi les images récurrentes sur la société corse, il en est certaines qui sont vraies. Mais elles ne sont pas forcément le signe d’une culture féodale. La notion de clan , si décriée, a permis longtemps de survivre à des conditions de vie extraordinairement spartiates et difficiles. Compris comme une famille au sens large, n’intégrant pas seulement des membres de son sang mais des habitants d’un même village, le clan est d’abord synonyme de protection et d’entraide. Les grands personnages de l’histoire corse, comme Pascal Paoli, ont fédéré les clans parce qu’ils définissaient la Corse comme étant elle-même un clan, c’est-à-dire un espace où l’individu est protégé de l’oppression extérieure.

Le sens de l’honneur , qui s’est montré un puissant allié de la violence, trouve dans le clan une ressource inépuisable de bonnes volontés prêtes à se sacrifier pour le respect de la parole donnée.

La famille reproduit de génération en génération la vénération des anciens. Les petits-enfants, qui portent le prénom des grands-parents, sont aussi tributaires de leur histoire. Ils sont ainsi dotés, dès l’enfance, d’une biographie qui n’est pas la leur mais qu’ils se doivent d’honorer. C’est de cette manière que perdurent des haines ancestrales dont le motif a été depuis longtemps oublié.

L’apprentissage du métissage

pt125578Des caractères moins connus de l’identité corse, comme une attention particulière pour l’égalité, se sont révélés au cours du 20 e s. Ainsi, s’explique par exemple l’image inversée des Corses aux colonies. Dépréciés sur le continent, ils apparaissent dans les contrées de l’Empire colonial français comme des colons pondérés et soucieux du bien-être commun, possédant de plus un incontestable savoir-faire agricole.

Toute une génération de Corses qui n’avait pas grandi dans l’île doit revenir au pays, dans le courant des années 1960. Ce mouvement important est accompagné en outre de l’arrivée de milliers de pieds-noirs qui doivent fuir l’Algérie et à qui sont confiées de riches terres dans la plaine d’Aléria. Leur intégration n’a pas été évidente et dans les années qui ont suivi, la population des immigrés maghrébins a eu d’importantes difficultés pour trouver sa place.

Toutes ces composantes qui ont suscité de fortes tensions semblent aujourd’hui se confondre autour d’une conception fédératrice du territoire. L’identité corse n’est pas figée, elle se fonde sur une expérience humaine et se réalise jour après jour en lien avec son histoire et les données actuelles.

 

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La vie des Enfants Moines

Posté par francesca7 le 2 juillet 2014

 

On peut tenter de décrire le quotidien d’un moine au tournant du premier millénaire à partir des sources disponibles sur les abbayes bénédictines aux XIe et Xlle siècles. La vie des moines est fondée sur l’oeuvre de Dieu, le travail de Dieu, par et pour Dieu, réalisé par la prière, les offices liturgiques et la lecture méditative de la Bible. 

En l’an 1080, un certain Vivien donne son fils Boson au monastère.

moine-vie-enfant

Dans la charte de donation, il explique : Mon fils Boson, que je vous remets à perpétuité, en accord avec mes héritiers et descendants,  est dès à présent et dans l’avenir l’avocat perpétuel pour mes péchés afin d’apaiser la colère du Jugement que j’ai mérité… C’est pourquoi je donne mon fils afin qu’il soit fait moine sous le joug de la Règle de Dieu et qu’en ce lieu, en tout temps, il travaille pour moi et intervienne pour mes péchés. 

Boson devient un oblatus, « donné ». Il ne doit pas être confondu avec le nutritus « nourri », confié aux moines pour être instruit et qui, au terme de son enfance, retourne dans le monde. L’oblat, par volonté parentale, est moine dès l’entrée au couvent. Irrévocablement. La lecture du cartulaire de Nouaillé révèle que Boson n’est pas seul; les petits Constantin, Frodon, Raynaud et Richard sont pueri monaci, enfants moines.

Dans la seconde moitié du XIe siècle, Ulrich de Cluny observe qu’après qu’ils ont une maisonnée de fils et de filles, ou s’ils ont des enfants boiteux ou estropiés, sourds et muets ou aveugles, bossus ou lépreux, ou encore des enfants qui ont la moindre tare qui les rendrait moins désirables dans le monde laïc, [les parents] les offrent comme moines avec les plus pieux des voeux [...] en sorte qu’ils se trouvent dispensés de la peine de les éduquer et de les nourrir, ou parce que cela tourne à l’avantage de leurs autres enfants. 

Les enfants du péché sont légion, et d’abord les enfants de prêtres ou de moines, qui rachètent ainsi à peu de frais une faute qui est aussi sociale. Dans un premier temps, les autorités ferment les yeux, à condition que les rejetons, fruit de pareille pollution, [n'aient] point part aux biens de leurs parents, et [demeurent] à jamais asservis à l’Eglise à laquelle appartient le prêtre ou le religieux qui les a ignominieusement engendrés, comme le prescrit le IX` concile .

Comment vivent ces enfants moines ? En principe, comme leurs frères adultes, « sous le joug de la Sainte Règle ». En réalité, la présence de bambins pleurant, babillant et s’agitant est pour moniales et moines une charge très lourde. Mais c’est aussi, souvent, le seul exutoire à une tendresse humaine qu’il leur est par ailleurs interdit d’exprimer. 

Jusqu’à 15 ans, les enfants sont confiés au cellérier, comme les vieillards et les hôtes. Il leur fournit au réfectoire ce que réclament « les égards dus aux enfants et aux vieillards, surtout pour la nourriture ». Ils ne sont pas dispensés de petit déjeuner, et le lait est autorisé une fois par semaine. Au choeur et à table, les enfants occupent parmi les moines la place qui correspond à leur date d’admission. Au dortoir, on peut ne pas suivre cet ordre mais il convient de ne pas laisser leurs lits trop rapprochés les uns des autres et il est prudent de les intercaler parmi ceux des anciens, qui sont toujours au moins deux. Ils ne doivent jamais être livrés à eux-mêmes ou laissés en compagnie d’un seul maître.

Si, la nuit, un garçon doit sortir pour ses besoins, il doit être accompagné par un maître et un autre garçon avec une lanterne. Enfin, les garçons ne doivent jamais se toucher l’un l’autre et il est interdit à tout moine d’avoir le moindre contact physique avec eux, et même de toucher leurs vêtements.

Comme les adultes, les enfants ne peuvent parler que s’ils en ont la permission. La règle les associe cependant à tous les exercices de la communauté : assis sur des troncs d’arbre, des tabourets ou à même le sol, ils sont témoins d’actes administratifs et participent aux délibérations capitulaires car la sagesse peut sortir de leurs lèvres. C’est ainsi que l’évêque Herman de Verdun demande aux enfants de la communauté de Saint-Vanne de désigner le prochain abbé et suit leur conseil. 
Pendant la liturgie quotidienne, les oblats ont la charge spéciale de réciter le martyrologe où sont mentionnés les moines défunts, liant ainsi la nouvelle génération aux disparus; pendant la messe, même le baiser de paix — le seul contact physique au­torisé aux moines adultes — est explicitement interdit aux oblats. 

S’ils commettent une offense en chantant les psaumes ou de quelque autre façon, on les frappe avec une canne légère et polie. La règle revient plusieurs fois sur les modalités de correction « des enfants d’âge tendre ». Tous les matins, le maître doit brandir sa verge au-dessus de leur tête. L’abbé doit tenir compte de leur âge quand il est obligé de les punir. La règle affirme qu’une peine afflictive impressionne toujours plus les enfants qu’une humiliation. Concernant l’ordre dans la communauté, les petits sont soumis à la surveillance de tous les frères, demandant le plus expressément de les traiter avec modération.

 

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Les Cathares prédicateurs

Posté par francesca7 le 2 juillet 2014

 

Le parfait avait le pouvoir de ne plus pécher. S’il se laissait aller à quelque faute, toujours vénielle, mais importante pour lui, il récitait des pater, jeûnait et se mortifiait en attendant le « servicium », confession globale faite en public qui avait lieu en principe tous les mois en présence de l’évêque ou du diacre, de parfaits et de croyants.

cathare-predicateurSeul le péché contre l’esprit et non pas seulement contre la règle trouvait difficilement le pardon. Si le parfait tombait dans le péché de la chair, il devait reprendre toute son initiation, sans grand espoir. Pourtant, sitôt la guerre et la persécution commencées, la règle de l’ordre fut plus difficile à suivre et les fautes plus facilement pardonnées.

Les parfaites, elles, étaient moins exposées à la tentation car elles résidaient en général dans des « maisons ». Elles soignaient les malades dans les hospices et se livraient rarement aux prédications itinérantes.

La prédication était la tâche principale du parfait. Il se mêlait à la population sans se faire tout d’abord reconnaître, comme colporteur ou marchand, médecin ou devin, et se rendait de foire en foire. Au cours des réunions et des veillées, il commentait un passage du Nouveau Testament et tâchait ainsi de faire de nouveaux adeptes.

Tant qu’ils purent, les parfaits prêchèrent tous les dimanches et les jours de fête. Le prêche dominical était pour le croyant le culte qui concurrençait la messe des catholiques. Ils intervenaient, pour aider les orateurs croyants, dans les discussions publiques les opposant souvent aux catholiques ou aux vaudois. Ils commentaient le comportement du clergé local, et citaient des passages de l’Évangile de saint Jean pour justifier la parole qu’ils répandaient. 

Au temps de la persécution, ils poursuivirent leur apostolat, puissamment aidés par les croyants. Ainsi, Jacques Autier, membre d’une famille tout entière dévouée au catharisme, prêcha dans l’église du couvent de la Sainte-Croix à Toulouse, protégé par les Toulousains. C’était en 1305, à l’époque ou le Saint-Office répandait la terreur.

Outre l’apostolat par la prédication et les offices, les parfaits infatigables marcheurs, accouraient, au moindre appel, par tous les temps, dans les endroits les plus perdus, pour administrer le consolamentum des mourants.

Les parfaits allaient toujours par deux, deux femmes ou deux hommes. Le compagnon du parfait se nommait le socius, et ce compagnonnage permettait une surveillance mutuelle et une entraide sur le chemin du salut. Il est possible qu’une sorte de pacte ait existé entre le parfait et le socius. De toute façon leur destin était lié et, fréquemment, l’on vit les deux cathares arrêtés, jugés, condamnés et brûlés comme s’ils ne faisaient qu’un.

l est certain que face à la vie déréglée de nombreux ministres catholiques, à la cupidité et à la liberté de moeurs des grands seigneurs, l’esprit de charité et la vie édifiante des Bons Hommes et des Bonnes Femmes leur valurent vénération et prestige. Même les inquisiteurs reconnurent leur pureté de moeurs, et furent saisis par la solidité de leur foi.

Les historiens n’ont enregistré que deux cas d’abjuration de parfaits. L’un d’eux Guilhem Solier abjura en 1229 pour échapper au bûcher et dénonça ses frères. C’est le seul reniement connu que provoqua chez les parfaits la peur du bûcher. Un seul !
Pierre Autier, père de Jacques Autier, monta calmement sur le bûcher dressé pour lui à Car­cassonne en déclarant : « S’il m’était permis de prêcher, je convertirais tout le peuple à ma foi. »

On vit le même renoncement chez les parfaites. Elles se cachèrent dans des lieux isolés, sans aucun soutien et sans aucun secours. Certaines furent arrêtées et brûlées, d’autres disparurent, mortes de privations. La soeur d’Arnaud de La Mothe et ses compagnes moururent ainsi de froid et de faim dans une sorte de caverne près de Lanta dans le Lauraguais.

Le nombre des parfaits ne peut pas être fixé. Jusqu’en 1240-1260, on l’estime, d’après le résultat des enquêtes de l’Inquisition, a plus d’un millier, dont 342 parfaites, 20 évêques et 42 diacres. La noblesse y était représentée dans un pourcentage de 8 % avec une majorité de femmes. Mais ces chiffres sont certainement très inférieurs à la vérité. Les parfaits, on l’a vu, circulaient par deux et au cours des enquêtes il arrivait souvent qu’un seul nom soit connu. De plus, dès le début des persécutions, des bons­hommes se fondirent dans la population et il est certain que plusieurs centaines parvinrent à passer à travers le filet de l’Inquisition. Ils ne figurent donc pas ici. Ces chiffres ne concernent sans doute que les parfaits martyrs livrés au bras séculier.

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Les armées de la République

Posté par francesca7 le 2 juillet 2014

 

surpriseLa raison des premiers succès si rapides des Vendéens ne réside pas seulement dans leur connaissance du terrain, dans leur foi, dans leur vaillance et dans leur mobilité. Elle est aussi dans la médiocrité des armées de la République au début de l’insurrection. Comme écrit le général Biron, au Comité de Salut public, le 31 mai 1793, les rebelles « ne doivent absolument leur force et leur existence qu’à l’épouvantable confusion qui n’a cessé d’accompagner les mesures incohérentes et insuffisantes qu’on a toujours prises partiellement contre eux ».

En face de ces hommes décidés que sont les paysans vendéens, prêts à tout, les régiments républicains composant la pitoyable « armée des Côtes » sont pour le moins hétéroclites. En mars 1793, toutes les forces de la France sont aux frontières, et on ne dispose que de rassemblements informes de citoyens, levés à la hâte. qui ne savent ni commander ni obéir.

Rompus par le premier choc de l’ennemi dit le général Turreau — ils commençaient par jeter leurs fusils et leurs gibernes, et le champ de bataille était couvert d’armes et d’effets d’équipements. de sorte que, dans une affaire où nous perdions deux cents ou trois cents hommes, les Vendéens profitaient de douze mille à quinze mille fusils. » Quant aux munitions. le citoyen Bruslé, envoyé sur le théâtre des opérations affirme : « Vous n’apprendrez pas sans indignation que ce sont nos propres volontaires qui leur ont vendu (aux Brigands) des cartouches pour se procurer du beurre. des oeufs et autres objets de la campagne. »

Les soldats de métier sont minoritaires. Cependant, même quand ils afflueront à partir de la fin avril, mélés aux volontaires, les Vendéens seront fréquemment victorieux. Quand les soldats de la Convention mettent le pied sur cette terre inhospitalière, ils ignorent la tactique de leurs adversaires. Une colonne républicaine est-elle en vue ? Soudain, des bataillons invisibles s’élancent, en poussant des cris effroyables ; ils surgissent de partout, innombrables, la baïonnette en avant, la faux levée, tuent, exterminent, comme une avalanche, puis disparaissent avec la même rapidité, ie même mystère.

Les Bleus s’affolent. Une psychose se développe dans les bivouacs où on grossit démesurément le nombre, les méthodes et les pouvoirs des brigands.

Une des meilleures descriptions des méthodes chouannes est celle de l’abbé Girault dans son livre sur Rochecotte :…
« Au début, quand la chouannerie était seulement un geste de défense, les chouans se cachaient dans les bols pour n’être pas soldats ou se contentaient d’entraver par des manifestations hostiles les séances de recrutement. Mais quand ils eurent, par le nombre et l’armement, pris conscience de leur force, ils passèrent à l’offensive. On les vit alors par petits groupes, rarement par bandes de quelques centaines d’hommes, parcourir prudemment les campagnes, occuper les hameaux isolés, s’aventurer de quelques lieues sur les grandes routes et, dès qu’ils étaient les maîtres d’une région, forcer les soldats républicains à se confiner dans les villes ou les gros bourgs, lever de force les jeunes gens, molester les patriotes et les fonctionnaires. Le coup accompli, ils se dispersaient dans les maisons amies ; le lendemain, au point du jour, le capitaine rassemblait sa compagnie et rejoignait au lieu convenu les autres formations.

La tactique des chouans consistait essentiellement à éviter le combat de front pour ménager les hommes, et à surprendre l’adversaire pour s’assurer le maximum de succès. C’est la guerre d’embuscade et d’usure, une « guerre des nerfs » qui harcèle, décourage, désorganise l’ennemi, la seule guerre qui convienne aux faibles. Elle avait réussi aux Bretons, aux Allobroges, aux Arvernes qui furent d’entre les peuplades gauloises celles qui résistèrent le plus longtemps à Jules César. Tout l’art du chouan, écrit Tercier, consiste à s’embusquer au meilleur endroit, à se précipiter sauvagement sur l’ennemi s’il chancelle et à le poursuivre sans relâche s’il s’esquive ; au contraire, s’il tient ferme, à l’abandonner, à décrocher, à prendre ce qu’on appelle la déroute, un par un, à l’égrené, par vingt chemins différents, à travers hales, champs et bois.

republique« Dès qu’il a cessé de combattre, il n’est plus astreint à aucune règle, il s’en va où il veut et par les sentiers qu’il juge les moins dangereux ; s’il est pressé il fuit avec la rapidité du daim et ne craint pas d’être rejoint, car le soldat républicain ignore le pays, et son lourd équipement comme la discipline l’empêchent de courir à travers champs.

« Mais la guérilla n’est possible que dans un pays connu. Aussi le chouan s’accroche à son sol, dont seul il connaît les chemins creux, les « rotes » le long des haies épaisses, les carrefours trompeurs, les masures hospitalières ou hostiles, les « terrouesses » creuses, et jusqu’aux chiens dressés contre les Bleus. Rien ne lui répugne davantage que de quitter son pays car il perdrait aussitôt toute assurance ».

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Les disputes de nos ancêtres

Posté par francesca7 le 1 juillet 2014

 

(D’après « Cahiers de l’Association internationale
des études francaises », paru en 1957)

 
 
images (27)Qu’y a-t-il de plus populaire — dans toutes les acceptions du terme populaire — que ces éléments du discours familier de toutes les époques et qui, depuis le Moyen Age jusqu’au classicisme, émaillent en particulier toute la littérature dialoguée ? Ardu mais riche d’enseignements est le décryptage de la formation et du sens de pittoresques expressions telles que Par la sang Dieu ! Si m’aït Dieus ! En nom de mi ! Par Manenda ! ou encore le curieux Vertuchoux ! juron de femmes des XVIIe et XVIIIe siècles

Si le sujet paraît frivole, il ne l’est que superficiellement, car la solution du problème que peut poser telle formule juratoire peut être plus riche d’enseignements sur la psychologie des sujets parlants, et sur le mécanisme linguistique en général, que la simple constatation que, par exemple, homme représente le latin hominembœuf le latin bovem, ou engin le latin ingenium, faits qui, pour être évidents, n’en sont pas moins censés dignes d’être énoncés et de trouver une place en des livres respectables.

La recherche étymologique des éléments du langage « normal » comporte, on le sait, une soumission docile et sans question aux rigueurs des soi-disant lois phonétiques, et se poursuit entre les limites des affiliations sémantiquement plausibles. Dans l’étude des jurons, au contraire, le linguiste opère sur un matériel où, à première vue, il semble que les règles du développement normal du langage aient cessé de jouer, dans un domaine où paraît régner une licence absolue, où tout n’est que caprice, fantaisie grotesque, cocasserie : « Par le sambre guoy de bois ! Corpe de galline ! Vertus d’autre que d’un petit poisson ! » dira Panurge ; et ce ne sont là que des spécimens à peine outrés de ce qui nous confronte dans ce domaine.

Cependant, à condition de se rappeler certains phénomènes du langage normal, à condition aussi de tenir compte de certains procédés de création analogiques qui caractérisent la vie de l’argot et même du langage populaire en général, on parvient, non pas, certes, à tout résoudre — loin de là — mais à mettre un certain ordre dans ce qui paraît n’être qu’arbitraire et confusion,

II est caractéristique en effet du langage juratoire de manifester sous une forme exagérée, hypertrophiée et souvent, pour ainsi dire, caricaturale, les phénomènes bien connus du langage régulier. Il est constant, notamment, que pour mettre en œuvre, pour manier le matériel linguistique dont l’homme dispose, il est obligé d’établir des catégories de mots à fonctions semblables, des noms de choses, des noms d’état ou d’action, des outils de présentation et de composition. Il est constant aussi qu’à l’intérieur de ces catégories il y a une tendance, plus particulièrement en morphologie, sinon vers l’uniformité, du moins vers une certaine régularité, qui se réalise le plus souvent par l’élimination de formes aberrantes, plus rarement par l’extension de formes qui, quoique « irrégulières », en tant qu’exceptionnelles, semblent présenter certains avantages comme marques distinctives d’une fonction.

On sait, par exemple, que les trois terminaisons latines — -ètis-itis avec i long ou bref — ont toutes été éliminées en faveur de -atis, au présent de l’indicatif des verbes français, comme l’ont été à l’imparfait -abam et -iebam en faveur de -ebam et, d’autre part, que le passé défini en -iet des composés de dare (rendre, vendre, etc.) et le subjonctif présent en -ge, des verbes comme sourdre et terdre, ont gagné d’autres verbes, grâce, en partie sans doute, à la qualité distinctive, au relief, que leur conférait leur irrégularité apparente.

Or, étant donné que la catégorie interjection et, notamment, la catégorie interjection juratoire, sont bien établies dans la conscience linguistique des sujets parlants, étant donné d’autre part que le juron est, de par son origine même, le domaine de l’indiscipline, voire de la révolte, nous pouvons nous attendre à des transferts analogiques autrement audacieux, à des croisements bien plus aventureux que ceux des catégories plus spécifiquement grammaticales.

On ne s’étonnera pas, par exemple, que sous l’influence de jurons fréquents comme Par la mort Dieu ! Par la vertu Dieu ! les mots sangcorps et ventre changent parfois de genre, pour paraître au féminin dans les jurons Par la cor(ps) Dieu ! Par la sang Dieu ! Par la ventre bleu ! (Exemples, soit dit en passant, qui rappellent le toute jour du Moyen Age, parallèle àtoute nuit, et qui rend vraisemblable l’explication du genre féminin qu’a pris en français, et partiellement en espagnol, le latin mare par association avec terra).

On acceptera même comme normal, dans ce domaine particulier, que ces changements associatifs s’étendent jusqu’à la syntaxe, que, par exemple, sous l’influence de jurer, qui, selon les époques, a des synonymes comme sacrerpestermaugréerrenier, on arrive à dire, sur le modèle de jurer Dieu que… :

« … et regnierent Dieu que lui et ses complices auroient mal soir. » (Cent nouvelles nouvelles, LXXXII.)

« S’il dit que non, dites : « Le vilain ment ! » / Renoyant Dieu que vous le destruirez. » (P. Michault, Le Doctrinal)

Une autre constante du langage en général, c’est celle de l’usure, de l’affaiblissement progressif qui atteint les termes émotifs ou hyperboliques — une mère inquiète estterriblement ou atrocement tourmentée ; il y a une éternité qu’elle n’a vu son fils ! Or le langage juratoire est le domaine par excellence de l’affectivité, et l’hyperbole l’une de ses figures de prédilection : ainsi, si, au Moyen Age, on peut se contenter de jurer par cent diables, il faut, pour satisfaire l’exubérance du XVIe siècle, mille millions de panerées de beaux diables (Du Fail), voire même cinq cent mille et millions de charretées de la même marchandise.

Le juron, donc, progressivement dévalorisé, finit par se vider sémantiquement et, de formule solennelle par laquelle on engageait sa vie, son salut éternel ou ceux de ses proches, devient une simple interjection, renforçant ou embellissant le discours. Parvenu à cet état de dépérissement sémantique, il peut subir aussi des modifications de forme qui le rendent méconnaissable, que ce soit des réductions dues à la fréquence même de son emploi et à l’indifférence « énonciatoire » qui en résulte, que ce soit des métissages, des contaminations provenant d’autres membres de sa catégorie, que ce soit enfin des transformations plus arbitraires, plus voulues, celles qu’effectue la simple fantaisie verbale des locuteurs.

Un bon exemple de dépérissement sémantique, et de la réduction, de l’oblitération formelles qui en résultent, c’est le sort du jurement Si m’aït Dieus ! formule, très énergique à l’origine, par laquelle on garantissait la vérité de son dire, la sincérité d’une promesse, ou la bonne foi de ses intentions : « Que Dieu me vienne en aide, dans la mesure, s’entend, où je dis la vérité, où je tiens mes engagements ». D’un emploi de tous les instants, à en juger par sa fréquence dans les textes, cette formule finit par se vider sémantiquement, par ne plus s’analyser, pour ne devenir qu’une simple interjection, formellement corrompue et réduite, et dont seule la dernière syllabe évoque le véritable serment d’autrefois.

Comment reconnaître, en effet, dans les formes abrégées midieuxmaidieu,mesdieux, que semble affectionner le langage féminin du XVe siècle, le verbeaidier de l’ancien français ? Au XVIIesiècle, on en abandonne l’emploi, mais il est permis peut-être de retrouver dans l’expression jurer ses grands dieux quelque chose de la variante (si) mes dieux du XVesiècle et, vu la facilité avec laquelle, dans les jurons, le Diable prend la place de son antonyme (on renie le diable aussi volontiers que l’on renie Dieu), il n’est nullement impossible que midieux, senti comme mille dieux, ait été pour quelque chose, sinon dans la genèse de l’expressionmille diables, du moins dans le succès dont elle a bénéficié et sa subséquente prolifération.

Le cas de Manenda ! autre juron affectionné par les femmes et qui se rencontre très souvent dans le théâtre des XVe et XVIe siècles, et qui s’emploie encore dans le peuple au XVIIe siècle est à la fois plus compliqué et plus intéressant. Il se présente sous une étonnante variété de formes : Enanda ! Anenda ! Anda ! Emmanenda !, Par nenda ! Par mon enda ! (en trois mots), Par mandea ! et d’autres encore, à côté de Manenda ! que nous avons pris comme type. Il n’y a guère d’exemple plus instructif des phénomènes de dépérissement sémantique et de métissage dont il a été question plus haut.

Le désarroi de ses variantes suffit à en révéler la complète dévalorisation sémantique. Visiblement on ne le comprend plus. Pour en trouver la source première, il faut remonter au juron En nom Dieu ! (in nomen Deum) du Moyen Age, juron que proféraient sans sourciller les belles châtelaines (voir le Lai de l’Ombre) et que se permettait Saint-Louis lui- même, cet ennemi acharné des jureurs — sous une forme mitigée, euphémique, il faut le dire, En nom de mi ! et cela seulement jusqu’au moment où on lui en fit reproche.

C’est donc la forme Enanda ! ou Anenda ! qui a le mieux conservé les éléments sonores du juron médiéval : les deux consonnes s’y retrouvent encore, mais la voyelle de nom s’est affaiblie ou altérée et dieu(s) a pris la forme de la particule affirmative da de oui-danennin-da, dont le premier a survécu jusqu’à nos jours. Devenu inintelligible et ne s’analysant plus,Anenda ! se croise avec un autre juron affirmatif, Par mon âme ! de là Par Manenda ! et de là enfin Manenda ! sans préposition, à l’exemple de Mordieu ! pour Par la mort (de) Dieu ! et quantité d’autres.

images (28)D’autres phénomènes du langage juratoire rappellent, avons-nous dit, certains procédés caractéristiques de l’argot. Les avatars euphémiques du mot dieu, tombé lui-même au rang d’un simple suffixe par suite de cette dévalorisation sémantique dont nous avons parlé, les -gue-goy-guien-dienne-guienne des jurons paysans Palsangué ! Vertuguoy ! Tatiguienne ! etc., ou des formes comme Menimes ! Métriques ! pour (Par) mon âmeprésentent une certaine analogie avec les procédés de suffixation chers à l’argot. Mais c’est surtout l’utilisation fréquente de la dérivation ou substitution synonymique, procédé caractéristique de l’argot comme du langage populaire en général, qui permet de rapprocher les deux domaines. Ainsi on ne se contentera pas de jurer par le chef Dieula tête Dieule cœur Dieu ou le corps Dieu, on y ajoutera toute une série de jurons anatomiques dont Par le ventre ! Par la rate ! sont des exemples relativement modestes. Pour faire figure dans le monde, dit Michault :

Pourtant convient que tu extrayes
Les membres de Dieu de son corps,
Fréquentant de jurer ses playes,
Le sang, la mort…

On ne saurait terminer ce rapide exposé sans s’ arrêter un instant sur la facilité étonnante et souvent déroutante avec laquelle les éléments des différents jurons se remplacent les uns les autres, chose qui encore une fois s’explique par la diminution progressive de leur portée sémantique ainsi que par l’étroite solidarité du groupe. Quelques exemples : Cordieu ! par calembour — car le calembour joue son rôle ici, tout comme dans l’argot — devientCorbille ! forme ancienne et dialectale de corbeille. On aura donc Par la sambille ! Par la ventre bille ! (Marivaux, La Surprise de l’amour) ; Par la mort ! amène Par la jarny ! ;Têtebleu ! par l’attraction de Tudieu ! forme tronquée de Vertudieu ! devient Têtubleu ! ;Pardieu ! devenu à peine plus fort que Par ma vie ! ; Jarnidieu ! (je renie Dieu) devientJarnimavie ! ; Mortdieu ! Mort ma vie ! ; Merci Dieu ! Merci de ma vie ! ; Vertudieu ! Vertu de ma vie ! etc.

Mort de ma vie ! étant affectionné par les dames du grand siècle (Madame de Sévigné), et De ma vie ! étant devenu équipollent à de Dieu, voici l’expression jour de ma vie qui se transforme en juron pour produire Jour de Dieu ! juron de la mégère, Madame de Sotenville, dans George Dandin, de la rageuse Madame Pernelle du Tartuffe et que l’on retrouve trois fois, sauf erreur, chez Marivaux : deux fois prononcé par des femmes — par Madame Sorbin (femme d’artisan, s’ adressant à sa fille), dans La Colonie : « Comment soumise, petite âme de servante, jour de Dieu ! Soumise, cela peut-il sortir de la bouche d’une femme ? » (scène V) ; et dans une réplique de la suivante Cathos de la Provinciale (scène XVII), (si tant est que l’attribution de cette pièce à Marivaux soit exacte) ; une fois par un homme : Arlequin, dans Le Prince travesti, II, 11.

Et voici pour terminer deux étymologies qui ne sembleront plausibles que dans la mesure où l’on accepte comme normaux ces chassés-croisés d’éléments. D’abord,Vertuchoux ! juron surtout de femmes, et bien connu des lecteurs de la comédie du XVIIe et du XVIIIe siècles. Comment chouxoccupe- t-il ici la place de dieu ou de ses variantes, -bieu-bleu-gué-guoy-guienne, etc. ? C’est que chou, comme nom du légume, est concurrencé, dans la Wallonie par exemple, par cabus, un dérivé de caput « tête ». C’est que l’on parle de choux pommés ou cabus comme d’une variété appréciée et importante. C’est que pomme pour tête est de la meilleure langue populaire.

C’est que Tête ! (tout seul) , comme Jarny !pour Jarnidieu ! est une abréviation courante pour Têtedieu ! ou Têtebleu !Dieu aussi s’emploie tout seul. Tête etDieu, également désémantisé, peuvent se remplacer l’un l’autre. Et chou, le chou pommé, peut en cette capacité remplacertête. Un texte de Rabelais nous le montre en effet dans ce rôle : « Chou ! dist frère Jean, ils s’en repentiront, dondaine, ils s’en repentiront dondon : beuvons, amis ! » (Livre V, ch. VI)

Le chou de Vertuchoux ! qui à première vue ne semble être qu’un suffixe fantaisiste est leChou ! de Rabelais, lequel n’est qu’une substitution synonymique ou métonymique de Tête !C’est bien compliqué, dira-t-on, mais il ne faut pas chercher la simplicité dans ce domaine, et le cas suivant est, sinon plus compliqué, du moins plus étonnant. Il s’agit du mot diantre, d’une histoire qui pourrait s’intituler « Le Triomphe de Lucifer ».

Dans la troisième des Dix Conférences en patois de la banlieue parisienne, publiées par Rosset, on rencontre un juron que Rosset lui-même n’a pas relevé, à savoir Guian ! Qu’est-ce que Guian ? On sait que dans la langue populaire de l’époque on prononçait guiable ouguieble pour diableguieu pour dieuétuguié pour étudié, etc. Guian représente donc la forme populaire de dian. Et dian ? Dian, c’est la prononciation plus vulgaire de ce qui dans la langue supérieure se prononce dien (cf. rian pour rienbian pour bien), c’est-à-dire le latin diem, prononciation bien attestée par Thurot et d’autres.

Et que vient faire diem dans cette histoire ? « Si j’en ay ? respond l’Apothicaire : ouy perdiem, du plus beau. » (Du Fail, BalivernesPerdiem, c’est-à-dire Pardieu ! A propos de per dies ! variante qui se lit dans la Nouvelle LXV des Contes de Des Périers : « Laisse faire, dit le régent. Per dies ! elle en aura », l’éditeur Jacob fait le commentaire suivant : « Au lieu deper deum, jurement déguisé. On dit encore pardienne, qui vient de per diem. Un bon curé disoit que c’étoit le jurement de David, et le prouvoit par le verset 6 du pseaume 120 : Per diem sol non uret te. »

Ainsi, diandien et dienne sont des euphémismes pour dieu ; et dienne, qui doit représenter une prononciation de diem à mi- chemin entre la prononciation ancienne et la prononciation réformée, figure bien dans de nombreux jurons : Feston dienne ! (Rabelais) pour festum deum, (par la) fête Dieumordienne ou, forme paysanne, morguienne, etc. Pour en revenir à dian, celui-ci, sous sa forme paysanne guian, ne sert, à chacune des onze fois qu’il paraît dans notre texte, qu’à fournir le déclenchement vigoureux d’une phrase. Il n’a plus de sens réel, à proprement parler.

Il est donc tout prêt à subir l’un de ces métissages caractéristiques de notre famille. Il se croise en effet avec un autre mot déclencheur, Ventre ! Il devient diantre. Mais comment a-t-il pu changer de sens ? Comment, de dieu qu’il était, devenir diable ? C’est que dans ce domaine particulier, les mots dieu et diable ne désignent plus celui qui règne dans les cieux et le prince des ténèbres, ce sont simplement des pièces interchangeables d’un mécanisme d’expression affective : on jure de téléchargement (1)par le diable, comme de par Dieu, par la mort de diable (Du Fail, Balivernes) comme par la mort de Dieu, on renie, nous l’avons vu, et l’on avoue le diable comme on renie et avoue Dieu ; et Diable ! et Dieu ! servent également d’interjections introductrices de phrases : il s’agit de simples substitutions de mots, facilitées d’ailleurs en l’espèce par l’identité des initiales et l’influence qu’exercent souvent l’un sur l’autre deux antonymes. Il n’est nullement question d’un surcroît de sacrilège, encore moins de manichéisme ! Diantre, ainsi allongé et rapproché formellement de diable s’enrichit d’un nouveau sémantisme qui vient occuper la place que l’euphémie et l’usure conjointes avaient rendue vide.

L’étymologiste qui s’aventure dans le jardin des jurons français, dans l’attente d’y trouver un délassement parmi ses floraisons étranges, ses statues grotesques et rieuses, risque bien de se perdre dans ses allées tortueuses, si encore il a eu la chance d’éviter toutes les chausse-trapes qui le guettent.

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Châtiments corporels dans les collèges d’autrefois

Posté par francesca7 le 1 juillet 2014

 

(D’après « Le Petit Journal illustré », paru en 1913)

 
images (25)Les collégiens d’autrefois étaient, de tous les travailleurs de ce temps, les seuls qui ne fussent jamais assurés de jouir du repos hebdomadaire, la retenue du dimanche leur étant parfois infligée au titre de sévère punition. Une leçon mal sue, un devoir mal fait, une distraction à l’étude, etle mauvais élève se voyait consigné mais également fouetté. Il n’est pas jusqu’aux jeunes rois qui aient eu à subir ce moyen réputé infaillible à exciter le zèle au travail…

Chacun sait que le premier collège parisien fut créé au XIIIe siècle par Robert de Sorbon, chapelain de Saint-Louis, dans des bâtiments que le roi lui avait donnés pour cet usage, et qui se trouvaient situés en face du palais des Thermes, dans une rue qui portait un assez vilain nom : elle s’appelait rue Coupe-Gueule. C’est sur cet emplacement même que s’élève aujourd’hui la Sorbonne.

Robert de Sorbon avait fondé ce collège pour préserver les étudiants, déjà nombreux au Quartier Latin, des mauvaises fréquentations qu’ils y contractaient, et pour les arracher à l’exploitation dont ils étaient victimes de la part des gens qui les logeaient. Bientôt l’exemple donné par le chapelain porta ses fruits. D’autres collèges furent fondés par des évêques, par des prêtres.

Chacun de ces collèges abritait généralement des étudiants de même origine. Les étudiants du pays de Caux habitaient un collège fondé, en 1268, dans une maison de l’actuelle rue de la Harpe par Guillaume de Saône, trésorier de l’église de Rouen ; ceux des diocèses de Coutances, Evreux et Bayeux étaient réunis dans un asile créé par Raoul d’Harcourt, archidiacre des églises de Rouen et de Coutances. L’établissement deviendra le lycée Saint-Louis. Sur l’emplacement de la bibliothèque Sainte-Geneviève s’élevait le collège de Montaigu, fondé également par un prélat normand.

Bientôt, les écoliers de chaque région de France eurent leur collège : et il en fut de même pour les étudiants venus de l’étranger. Le collège d’Upsala réservé aux Suédois fut fondé en 1315 ; celui des Ecossais, habité uniquement par les jeunes gens de cette nation, ouvrit ses portes en 1323.

Une discipline des plus sévères régnait dans toutes ces maisons, t les écoliers y menaient une vie des plus rudes. Alfred Franklin, le savant bibliothécaire de la Bibliothèque Mazarine, qui a étudié la vie d’autrefois dans les écoles et collèges, nous en donne une idée, en résumant la règle du collège de Montaigu, un des plus terribles pour l’austérité de sa discipline.

« Les jeunes écoliers, dit-il, ne devaient jamais boire de vin ; un demi-hareng ou un œuf constituaient le menu invariable de leur repas. Les grands étaient mieux traités ; en raison de leur âge et du long travail exigé d’eux, la règle leur accordait : le tiers d’une pinte de vin, la trentième partie d’une livre de beurre, un plat composé de légumes communs cuits sans viande, un hareng ou deux œufs, et pour dessert un petit morceau de fromage. Le personnel entier, sans exception, faisait toujours maigre et observait tous les jeûnes prescrits par l’Eglise ».

Vous plaît-il de savoir quelle était généralement dans ces collèges, la distribution de la journée ? Voici. A 4 heures du matin, lever. Un élève de philosophie, chargé des fonctions d’éveilleur, parcourait les chambres, et, en hiver, y allumait les chandelles. De 5 à 6 heures, leçon. De 6 à 7 heures, premier repas composé d’un petit pain. De 7 à 8 heures, récréation. De 8 à 10 heures, leçons. De 10 à 11 heures, discussion et argumentation. A 11 heures, dîner accompagné d’une lecture de la Bible ou de la Vie des Saints. Le chapelain disait le Benedicite et les Grâces, auxquels il ajoutait une exhortation pieuse. Le principal prenait ensuite la parole, adressait les éloges ou les blâmes aux élèves, annonçait les punitions, les corrections méritées la veille.

De midi à 2 heures, révisoin des leçons, travaux divers. De 2 à 3 heures, récréation. De 3 à 5 heures, leçon. De 5 à 6 heures, discussion et argumentation. A 6 heures, souper. A 6 heures 12, examen du travail de la journée. A 7 heures 1/2, complies. A 8 heures en hiver, à 9 heures en été, coucher.

C’étaient là, comme vous voyez, des journées bien remplies. Les élèves n’avaient jamais un jour entier de repos. Deux fois par semaine, le mardi et le jeudi, on les menait en promenade l’après-midi. Généralement, c’était au Pré-aux-Clercs qu’ils allaient se divertir à toutes sortes de jeux. Quant aux jours de fêtes, ils se passaient en exercices de dévotion. Les vacances, qui ne s’appelaient par alors les vacances, mais les Vendanges, avaient lieu au mois de septembre. C’est la seule époque où les jeunes gens pouvaient retourner dans leurs familles. Ils demeuraient au collège tout le reste de l’année.

Ce régime en vigueur aux premiers âges de l’Université, ne s’adoucit pas dans les siècles qui suivirent. Au milieu du XVIe siècle, un jeune gentilhomme, Henri de Mesmes, est élève du collège de Toulouse. « Nous étions, écrit-il, debout à quatre heures, et, ayant prié Dieu, llions à cinq heures aux estudes, nos gros livres sous le bras, nos écritoires et nos chandeliers à la main. Nous oyions toutes les lectures jusqu’à dix heures sonnées, sans nulle intermission ; puis venions dîner.

« Après dîner, nous lisions, par forme de jeu, Sophocles ou Aristophanus ou Euripides, et quelquefois Demosthènes, Cicero, Virgilius, Horatius. A une heure aux estudes ; à cinq, au logis, à répéter et voir dans nos livres les lieux [les passages] allégués, jusqu’après six. Puis, nous soupions et lisions en grec ou en latin ». Avouez que ce jeune étudiant ne perdait guère son temps. Mais aussi, comme il était savant ! A douze ans, il récitait Homère par cœur d’un bout à l’autre et faisait très facilement les vers latins et les vers grecs.

Ces procédés d’éducation devaient épuiser rapidement les enfants faibles, mais ils faisaient de véritables savants de ceux qui étaient assez forts pour en supporter la fatigue. La plupart s’y pliaient, d’ailleurs, avec enthousiasme. Jamais la fièvre de savoir ne suscita plus d’ardeurs que chez les écoliers du temps de la Renaissance. Quant à ceux qui s’y montraient réfractaires et qui témoignaient d’un esprit d’indiscipline, les maîtres avaient un moyen infaillible pour exciter leur zèle et pour les rendre sages et attentifs à leurs leçons.

Ce moyen, c’était le fouet. Le fouet fut l’élément indispensable de la discipline dans l’éducation du temps passé. On trouve le témoignage de son importance jusque dans les sculptures symboliques des églises. Il y a, à la cathédrale de Chartres, dans les voussures d’une porte, une figure de la Grammaire, représentée par une femme qui tient, dans sa main droite, une verge et dans sa gauche un livre. Deux écoliers sont accroupis à ses pieds : l’un étudie, l’autre tend la main pour recevoir une correction.

Le confesseur de la reine Marguerite, dans son récit du Quinzième Miracle de Saint-Louis, écrit : « Les enfanz sont batus aux escoles quand ils ne sçavent leurs leçons. » Et il ajoute que « le roi lui-même avait tous jours son mestre qui li enseignoit letres, et le batoit aucunes fois pour li enseigner cause de decepline. » Cette règle de discipline n’épargnait pas plus les fils et filles de princes que les enfants des roturiers.

Marguerite de Valois assure dans ses Mémoires que si elle a bien appris le latin en son enfance, c’est que ses précepteurs ne lui ont jamais épargné le fouet. On sait ce qu’en pensait Henri IV. Il déclarait avoir été fort fouetté dans son enfance et s’en être bien trouvé. Et il voulait que son fils fût fouetté de même.

« Je me plains de vous, écrivait-il le 14 novembre 1607 à Mme de Montglat, gouvernante du Dauphin, je me plains de vous de ce que vous ne m’avés pas mandé que vous aviés fouetté mon fils ; car je veulx et vous commande de le fouetter toutes les fois qu’il fera l’opiniastre ou quelque chose de mal, saichant bien par moy-mesme qu’il n’y a rien au monde qui luy face plus de profict que cela, ce que je recognois par expérience m’avoir profité ; car, estant de son aae, j’ay esté fort fouetté. C’est pourquoy je veulx que vous le faciés et que vous luy faciés entendre »

Conformément au vœu paternel, le futur Louis XIII fut maintes et maintes fois fouetté. Lisez le Journal tenu par Héroard, son médecin, et vous verrez qu’en son enfance il fut fouetté presque aussi souvent que purgé ou saigné. Il était déjà monté sur le trône qu’on le fouettait encore. Le 15 mai 1610, il est proclamé roi ; le 17 octobre, il est sacré à Reims. Cela ne l’empêche pas d’être encore fouetté le 10 mars 611, pour s’être opiniâtré contre M. de Souvré, son gouverneur.

images (26)Louis XIV fut fouetté ; le régent fut fouetté. Sa mère, la princesse Palatine, écrivait en 1710 : « Quand mon fils était petit, je ne lui ai jamais donné de soufflets, mais je l’ai fouetté si fort qu’il s’en souvient encore. »

Alors qu’on fouettait ainsi délibérément les princes, les princes et jusqu’aux jeunes têtes couronnées, comment eût-on épargné le fouet aux enfants des écoles et aux jeunes gens des collèges ? A la vérité, on ne le leur épargnait guère. Il y avait même, dans le personnel des collèges, un fonctionnaire spécial chargé d’appliquer le fouet aux élèves. A la fin du XVIIIesiècle, un certain Chevallier émargeait sur la liste du personnel du collège Mazarin pour la somme de 150 livres, avec le titre de « frotteur de la Bibliothèque et Correcteur. »

 

Il paraît même que les correcteurs n’y allaient pas toujours de main morte, car, dès le XVIe siècle, des protestations s’élèvent contre les brutalités dont les enfants sont parfois victimes dans les collèges. Rabelais s’en fait l’écho au livre premier de Gargantua. Ponocrates parlant à Grandgousier de ce collège de Montaigu où sévissait la discipline la plus rude de tous les collèges de la capitale, lui dit : « Si j’estois roy de Paris, je mettrois le feu dedans et ferois brusler et principal et regens qui endurent ceste inhumanité devant leurs yeux esre exercée. »

Montaigne élève la même protestation : « Vous n’y oyez, dit-il en parlant des collèges, que cris, et d’enfans suppliciez et de maistres enivrez en leur colère, les guidant d’une trogne effroyable, les mains armées de fouets ». Le roi donnait une bourse au collège de Navarre ; mais croyez-vous que cette bourse était attribuée à un écolier ? Pas du tout : on l’employait « en achapt de verges pour la discipline scolastique. »

Ces traditions, qui remontaient au début de l’Université, se conservèrent intactes jusqu’à la Révolution. Mercier s’en indigne dans sont Tableau de Paris qui vit le jour en 1782. « On tourmente l’aimable enfance, écrit-il, on lui inflige des châtiments journaliers. La faiblesse de cet âge ne devrait-elle pas intéresser en sa faveur ? Pénétrons dans l’intérieur de ces écoles. On y voit couler des pleurs sur des joues enfantines ; on y entend des sanglots et des gémissements ; on y voit des pédagogues dont l’aspect seul inspire l’effroi, armés de fouets et de férules, traitant avec inhumanité le premier âge de la vie ».

Cependant, les humanistes, les maîtres de la pédagogie, n’osent pas encore réprouver complètement le châtiment du fouet. Le bon Rollin, dans son Traité des Etudes, reconnaît qu’il a « quelque chose d’indécent, de bas et de servile », et qu’appliqué hors de saison ou sans mesure, il fait plus de mal que de bien ; mais il s’empresse d’ajouter que sa pensée n’est point qu’il faille y renoncer.

« Je n’ai garde, dit-il, de condamner en général le châtiment des verges. Je conclu que cette punition peut être employée, mais qu’elle ne doit l’être que rarement et pour des fautes importantes. Il en est de ces châtiments comme des remèdes violents qu’on emploie dans les maladies extrêmes. Ils purgent, mais ils altèrent le tempérament et usent les organes. Une âme menée par la crainte en est toujours plus faible ».

Quant à tous les autres genres de pensums, quant aux retenues, aux consignes, au séquestre, aux privations de sorties, bien des années devaient passer encore avant qu’on songeât à en diminuer les excès.

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