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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

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Histoire du département de l’Ardèche

Posté par francesca7 le 21 juillet 2014

 

(Région Rhône-Alpes)

220px-01_Paysans_et_chaumière_en_ArdècheParmi les anciennes peuplades celtiques, celle des Helvii, ou Helviens, n’était ni la moins puissante ni la moins renommée. Au temps des Tarquins, ils portèrent, sous la conduite de Brennus, la terreur jusque dans Rome et finirent par s’en emparer. Plus tard, ils prirent part aux guerres des Allobroges et des Arvernes contre les Romains. On voyait encore au XIXe siècle à Désaignes les ruines d’un temple de Diane, qui paraît être un des deux temples élevés par Quintus Fabius Maximus en souvenir de sa victoire sur Bituitus, chef des Arvernes.

Cependant les Helviens ne furent assujettis à aucun tribut. Protégés par le Rhône et leurs montagnes, ils occupaient le territoire dont le département de l’Ardèche a été formé. Ils avaient pour cité Alba, aujourd’hui Aps ; mais, s’ils échappèrent au joug romain, ils ne surent pas se préserver des pièges de cette politique habile et prévoyante qui préludait à la conquête par des alliances, et, quand César parut dans les Gaules, il trouva dans les Helviens des auxiliaires.

C’est ainsi qu’ils s’unirent au conquérant marchant contre Vercingétorix. Ce fut à travers leur pays que le général romain conduisit son armée jusqu’aux frontières des Arvernes. Rome, pour prix de leur fidélité, leur accorda le droit latin. Compris sous Auguste dans la Gaule Narbonnaise, régis par des chefs qu’ils élisaient eux-mêmes, ils conservèrent leurs libertés et leurs lois. Alba, leur cité, joignit à son nom celui d’Augusta et devint une colonie florissante. Il y avait un temple de Jupiter et un collège de flamines. Une double vole romaine reliait l’Helvie au pays des Arvernes et à celui des Vellaviens. On en peut suivre encore les traces ; elle est comme dans le Vivarais sous le nom de chemin de César, la tradition voulant que ce soit par là que César ait passé pour pénétrer dans l’Arvernie.

Vers l’an 200, saint Janvier vint prêcher l’Évangile dans l’Helvie ; il y fonda l’église d’Alba Augusta ; mais cette ville ayant été plus tard détruite par les Vandales, Viviers devint le siège épiscopal et la capitale de l’Helvie, qui ne tarda pas à prendre le nom de Vivarais (Vivariensis pagus).

Après la conquête des Gaules par les Francs et les Burgondes, ce pays fit partie du royaume de Bourgogne ; mais il en fut détaché, en 924, pour passer le bas Vivarais, aux comtes de Toulouse, et le haut Vivarais aux comtes de Viennois et de Valentinois, Dans la -suite, à la faveur des guerres féodales, les évêques de Viviers, déjà riches et puissants, cherchèrent à s’en emparer. C’était le temps où, sous prétexte d’hérésie, l’Église déposait les princes et confisquait leurs biens à son profit. Raymond VI, comte de Toulouse, venait d’être excommunié et dépossédé par le pape Innocent III comme fauteur de l’hérésie albigeoise, et, dans le partage qui fut fait de ses États, l’évêque de Viviers, alors Bernon de Brabant, ne s’oublia point ; il s’adjugea par provision le pays de Largentière et les riches mines qui en dépendaient.

A la mort de Raymond VI, son fils et successeur Raymond VII essaya, mais en vain, de faire rentrer Largentière sous ses lois ; la spoliation était consommée (1215). Cependant, quoique souverain de fait du Vivarais, l’évêque de Viviers reconnaissait la suzeraineté des rois d’Arles et de la Bourgogne transjurane et des empereurs qui leur succédèrent. Prélat et prince de l’empire, il avait de grands privilèges ; mais les rois de France, jaloux d’étendre leur domination, travaillèrent à rendre ce pays dépendant de leur couronne. Philippe le Hardi, en 1271, réunit à son domaine le bas Vivarais. Philippe le Bel, en 1308, et plus tard Charles V achevèrent l’œuvre de leur prédécesseur, et tout le pays rentra sous l’administration d’un bailli royal du Vivarais et du Valentinois. A la vérité, les évêques de Viviers conservèrent le titre de comtes et de seigneurs de Viviers et de Largentière ; mais, au lieu de princes de l’empire, ils durent se résigner à n’être plus que princes de Donzère, un humble bourg qu’ils possédaient de l’autre côté du Rhône, dans le bas Dauphiné.

Cependant, à travers ses vicissitudes, le Vivarais avait su rester indépendant. Cet amour de la liberté, qui avait caractérisé leurs ancêtres et que Rome elle-même respecta, les montagnards helviens n’en avaient rien perdu durant les longues agitations qui suivirent la conquête, et le même esprit qui leur rit, sous les Romains, conserver leurs coutumes les porta sous le pouvoir royal à s’associer pour défendre leurs franchises.

De là l’origine des états particuliers du Vivarais, origine antérieure à l’établissement des états généraux du Languedoc. Deux ordres seulement les composaient, la noblesse et le tiers. L’évêque de Viviers y avait entrée comme baron, non en sa qualité d’évêque. Deux barons diocésains, ceux de Pradelles et de Lagorce, et les douze barons du Vivarais, ceux de Crussol, de Montlaur, de Lavoulte, de Tournon, de Largentière, de Boulogne, de Joyeuse, de Glialençon et La Tourrette, de Saint-Remèze, d’Annonay, d’Aubenas et de Vogué, y représentaient l’ordre de la noblesse ; treize consuls ou députés des villes et communautés composaient le tiers état. Les barons siégeaient alternativement et par tour aux états généraux du Languedoc ; mais ils n’assistaient pas toujours en personne aux états du Vivarais ; chacun d’eux y était représenté par un bailli.

Aucune preuve de noblesse n’était exigée ni pour les baillis ni pour les représentants. Ces états étaient présidés par le baron qui avait assisté dans l’année aux états généraux du Languedoc. Il n’y avait rien de fixe pour le lieu où devaient siéger les états ; le baron président ou son bailli subrogé les convoquait où bon lui semblait, et même dans sa propre maison. Comme seigneur de Viviers, l’évêque envoyait son bailli aux états. Celui-ci, qui était ordinairement un des vicaires généraux, y prenait rang et séance avant les baillis des barons. Le sénéchal du Vivarais ou son lieutenant et le premier consul de Viviers avaient entrée aux états en qualité de commissaires ordinaires. Telle était l’organisation des états du Vivarais, les seuls du royaume où l’ordre du clergé n’avait point de représentants.

A quelle époque eut lieu l’union de ces états à ceux du Languedoc ? C’est ce que rien ne nous apprend. Sans doute, le besoin de concerter des mesures générales pour arrêter les incursions des Anglais ou pour apaiser les troubles qui agitaient le pays dut contribuer à cette union, qui, d’abord accidentelle et dépendante de circonstances majeures, ne finit par s’opérer régulièrement que lorsque Charles VIII eut donné aux états généraux la forme stable qu’ils n’avaient pas avant son règne.

Après la bataille de Brignais (1361), si fatale aux maisons de Bourbon et du Forez, les tard-venus se ruèrent sur le Vivarais et le mirent à contribution. Ces bandits faisaient profession de tout piller et saccager dans les endroits où ils arrivaient, de violer femmes, filles et religieuses et de rançonner toutes sortes d’hommes, nobles et paysans. Ils n’étaient d’aucune religion ; mais ils assistaient les hérétiques pour avoir sujet de voler les clercs, les prêtres et les églises.

Plus tard, sous Charles VII, les routiers reparurent dans le Vivarais. Rodrigo de Villandras, un de leurs chefs, noble aragonais que Jean Ier, duc de Bourbon, avait jugé digne de devenir l’époux de l’une de ses bâtardes, s’était adjugé par droit de conquête, outre le Velay et le Gévaudan, le Vivarais et avait fait d’Annonay sa capitale et sa place d’armes. Heureusement, il n’y séjourna pas longtemps, et, le 24 mai 1430, le Vivarais vit s’éloigner pour toujours ces bandes de pillards.

A ces temps orageux succéda pour les habitants du Vivarais un siècle de tranquillité ; mais ils devaient l’expier chèrement. Naturellement portés à tendre la main à tout ce qui est proscrit ou qui leur rappelle leur antique liberté, ces fiers montagnards avaient pris parti pour les Albigeois. Après la sanglante expédition de Montfort, ils en sauvèrent plus d’un de la fureur des catholiques. Comment le cri du moine saxon n’eût-il pas eu de l’écho dans ce pays ? C’est en 1528 que la Réforme y fut prêchée pour la première fois à Annonay, d’où elle ne tarda pas à se répandre dans les autres villes du Vivarais. Désaignes, Privas, Le Pouzin, Andance, Le Cheylard, Viviers, Saint-Agrève, Vallon se prononcèrent pour la nouvelle doctrine. Partout les religionnaires, rappelant le zèle des premiers chrétiens contre les idoles, se jetaient sur les couvents ou sur les églises, renversant les croix et les autels, brisant les images et foulant aux pieds les vases sacrés. Ces excès en appelèrent d’autres, et les catholiques usèrent de représailles.

220px-Crussol_2003-11-01_010Alors commença, en 1560, cette guerre qui pendant cinquante-huit ans ensanglanta le Vivarais. Saint-Chamond, le terrible chef catholique, était seigneur d’Andance. Ses vassaux, las de ses vexations et de ses tyrannies, secouèrent le joug et se livrèrent aux protestants. Aussitôt Saint-Chamond, qui guerroyait dans le Forez, accourt et assiège la ville. Trop faibles pour résister, les habitants se rendent ; mais, pour les punir de leur félonie, Saint-Chamond les chasse de leur ville et les condamne à ne jamais plus y rentrer. Cela fait, il marche contre Annonay, s’en empare et y met tout à feu et à sang.

Tels furent les excès des catholiques dans ce pays, qu’au XVIIe siècle ils n’y avaient déjà plus l’avantage du nombre. Partout les protestants y dominaient. Privas, Le Pouzin et la plupart des autres villes résistaient encore. Chargé de faire rentrer le Vivarais dans le devoir, le due de Montmorency vint mettre le siège devant cette dernière ville (1628). Après une vive résistance, elle se soumit ; mais ses murs et son château furent rasés. Déjà Le Cheylard avait subi le même sort. Saint-Agrève n’était plus qu’un monceau de cendres. Annonay, deux fois pillée et saccagée, respirait à peine. Bientôt Privas assiégé par Louis XIII devint aussi la proie des flammes. Ses habitants furent dispersés, et pendant longtemps la main royale s’appesantit sur cette ville comme sur un lieu maudit.

Après la révocation de l’édit de Nantes, l’insurrection des camisards dans les Cévennes agita le haut Vivarais ; mais on y envoya des garnisaires pour empêcher le mouvement de se propager. C’est ainsi que ce malheureux pays, à peine remis de ses désastres pendant les guerres du XVIe siècle, eut encore à subir les dragonnades. Depuis la Révolution de 1789, nous n’avons plus rien à signaler d’important dans l’histoire du département de l’Ardèche ; ses laborieux habitants se sont appliqués à vaincre la nature de leur sol souvent ingrat, et ils ont trouvé dans l’agriculture, dans l’industrie et le commerce, une prospérité croissante et méritée.

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Lâcher d’oiseaux pour la Pentecôte

Posté par francesca7 le 20 juillet 2014

à l’origine de curieuses enseignes

(D’après « Les fêtes légendaires », paru en 1866)

Si l’usage voulait que l’on lâchât des oiseaux pour célébrer l’entrée des rois de France à Paris, la coutume prévalait également dans les églises de la capitale pour la Pentecôte, et fut d’ailleurs à l’origine d’un fait marquant que les marchands de vin du Pont-aux-Oiseaux immortalisèrent en arborant de pittoresques enseignes

Au Moyen Age, dans les fêtes d’hiver, comme l’usage des bancs n’était pas encore introduit, on couvrait les dalles des églises de paille et de foin, afin que le peuple pût s’asseoir et s’agenouiller, et, dans les fêtes d’été, on jonchait l’enceinte sacrée de fleurs et de feuillages. A Noël, on commençait à mettre la paille ; aux Rameaux ou Pâques-Fleuries, comme disaient si poétiquement nos pères, on la remplaçait par des branches de buis ; à la Pentecôte, l’une des premières fêtes du printemps, on jonchait les églises de fleurs.

images (15)Dans celles de Paris, principalement à Notre-Dame et à Saint-Jacques-la-Boucherie, lorsqu’on chantait l’hymne du Veni Creator, une colombe blanche descendait des voûtes sacrées. Au même instant, par des orifices réservés, on lâchait des oiseaux, des fleurs, des étoupes enflammées et des oublies. On donnait à croire à l’assistance que ces différents objets partaient de la voûte céleste, et leur signification était facile à expliquer : les fleurs, les oiseaux et les oublies annonçaient la satisfaction de Dieu et les étoupes enflammées sa colère, selon que chaque assistant avait été assailli par l’un ou par l’autre. C’était un heureux ou mauvais présage. Cette cérémonie, qui prouve la candeur de nos aïeux, se fait encore le jour de la Pentecôte dans quelques églises de Flandre : on y donne la liberté à plusieurs pigeons blancs.

Cet ancien et curieux usage de donner la liberté aux oiseaux, se pratiquait aussi à l’entrée des rois de France dans leur bonne ville de Paris. D’après un édit, les oiseleurs de Paris étaient tenus de donner ce jour-là la clef des champs à des milliers d’oiseaux. C’était à ce prix qu’on leur permettait d’occuper, sur le Pont-au-Change, une place pour exercer leur commerce ; ils n’avaient le droit d’y rester que les jours de fête. En 1461, lors de l’entrée de Louis XI, ils en lâchèrent une si grande quantité que le soleil en fut obscurci. L’entrée des rois se faisait toujours par la porte Saint-Denis, après la station d’usage au clos Saint-Lazare. Singulière coïncidence, c’est aussi par là qu’ils en sortaient, pour aller occuper leur dernière demeure dans les caveaux de cette nécropole royale. Le chemin de la mort était le même que celui du triomphe.

François Ier abolit toute impression de livres dans tout le royaume, sous peine de la hart, fit arrêter tous les protestants, et ordonna, en 1536, une procession extraordinaire dans Paris. Toutes les rues furent pavoisées ; tous les religieux et religieuses, avec leurs bannières et toutes leurs reliques, y assistèrent. Chacun avait une torche à la main. Une grand’messe fut célébrée à Notre-Dame. On laissa échapper plusieurs milliers d’oiseaux, auxquels on avait attaché des petits billets, portant ces mots de sinistre augure : Ipsi peribunt, tu autem permanebis : ils mourront, mais vous resterez. On voulait frapper l’esprit des hérétiques et leur donner l’exemple d’un grand respect pour les reliques, que les protestants ne respectaient guère. Calvin, Clément Marot, Amyot et beaucoup d’autres grands écrivains s’exilèrent pour échapper au bûcher. Rabelais se faufila entre les deux partis en les faisant rire l’un et l’autre.

A cette coutume de donner la liberté aux oiseaux dans Notre-Dame se rattache un fait légendaire, assez curieux pour être raconté, et qui a donné naissance à l’enseigne de plusieurs boutiques de marchands de vin, qui ne se doutent guère de cette respectable origine. Il y avait à Paris un pont, connu sous le nom de Pont Marchand ; il avait remplacé le Pont-aux-Meuniers ; le populaire l’avait baptisé du nom de Pont-aux-Oiseaux. Il avait été construit par le capitaine Marchand, comme l’indiquait une table en marbre, placée à son extrémité, et sur laquelle on lisait ce distique : Pons olim submersus aquis, nunc mole resurgo. Mercator fecit, nomem et ipse dedit. 1609.

Les anciens ponts étaient bordés de maisons, de telle sorte que le passant ne se doutait pas qu’il était sur la Seine, dont la vue lui était cachée par ces bâtisses sur pilotis. Le feu les consumait souvent, comme le Petit-Pont de Paris, qui brûla en 1718 par suite d’une croyance superstitieuse. Une mère dont le fils s’était noyé dans la Seine crut, pour retrouver son corps et lui donner la sépulture, devoir abandonner au cours de la rivière un pain sur lequel était placé une chandelle allumée, et que saint Antoine de Padoue ferait arrêter cette lumière flottante sur l’endroit où serait le corps. La chandelle rencontra un bateau chargé de foin et l’enflamma ; on coupa les cordes qui le retenaient afin qu’il allât brûler au milieu de l’eau, mais il vint s’arrêter sous le pont, qui fut réduit en cendres, ainsi que la plupart des maisons.

Le Pont-aux-Meuniers, qui s’était écroulé le 23 décembre 1598 et que Charles Marchand – constructeur du Pont-Neuf – acheva de réédifier en décembre 1609, avait une particularité remarquable qui lui fit donner le nom de Pont-aux-Oiseaux. Toutes ses maisons, construites en bois, étaient uniformes et peintes à l’huile ; chacune était distinguée par une enseigne représentant un oiseau, d’où son nom : Au Merle-Blanc, au Coulon, au Rossignolet, au Corbeau, au Coq-Héron, au Faucon, au Grand-Duc, au Pivert, au Grand-Pélican-Blanc, au Coq-Hardi, à la Chouette-Huppée…

A l’extrémité s’élevait la taverne d’un marchand de vin et liqueurs, qui prit pour enseigne :A la Descente du Saint-Esprit. Elle représentait une colombe aux ailes déployées, tête en bas, et sortant d’un nuage grossièrement figuré, absolument comme on le voit encore aujourd’hui à la porte de quelques boutiques. Or, voici ce que dit la chronique sur l’origine de cette fameuse enseigne.

Le tavernier, dont la légende n’a pas conservé le nom, avait une fille appelée Colombette, douce, sage et modeste comme son homonyme. La renommée de la maison n’était pas grande. A peine quelques malandrins y allaient par ci par là essayer de boire sans bourse délier. Le guet venait souvent mettre le holà, et conduisait au Châtelet, méditer sur l’utilité des angelots, les truands désargentés.

Or, il advint qu’un jour de Pentecôte, Colombette alla ouïr la grand’messe à Notre-Dame, et, chose singulière, quand, après le Veni Creator, commença la cérémonie des oiseaux, une pauvre colombe toute blanche, effrayée de voir une si grande foule, vint, tête baissée, se cacher dans la capeline de la jeune fille, comme si elle eût compris que là elle aurait un nid sûr et serait bien protégée. C’était une sœur qui venait demander protection à sa sœur ; aussi Colombette se garda bien de la repousser. Comme le populaire croyait que ces oiseaux venaient du ciel, que c’était Dieu qui les envoyait, on regarda cette préférence pour la fille du tavernier comme un fait extraordinaire ; on la crut prédestinée.

téléchargement (8)La jeune fille emporta la colombe à la maison paternelle et en eut un soin extrême. L’événement, raconté et commenté par les commères de la Cité, attira beaucoup de monde. La maison prit pour enseigne : A la Descente du Saint-Esprit et prospéra presque miraculeusement. Colombette ne manqua pas d’épouseurs, choisit bien, et fonda une bonne maison, qui continua de génération en génération.

Par un grossier jeu de mots, on multiplia cette enseigne en disant que c’était à la descente de l’esprit de vin, de l’esprit pur de tout mélange. Plusieurs fois on essaya de former la corporation des marchands de vin et liqueurs, mais ils ne surent jamais se tenir en association ; l’esprit de corps leur a manqué. C’est le seul état important qui ne figure pas dans la liste des corps de métiers au Moyen Age, où l’on voit cependant la corporation des tonneliers. Le Pont Marchand ou Pont-aux-Oiseaux, fut détruit par un incendie en octobre 1621, en même temps que le Pont-au-Change. Le premier ne fut pas reconstruit.

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Premières expériences de télécommunication par satellites

Posté par francesca7 le 20 juillet 2014

(Source : INA)

 

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Ce montage didactique se propose d’évoquer les premiers essais de télécommunications par satellite. Des schémas animés, des maquettes, et des prises de vues réelles expliquent la technologie et la construction du satellite, son fonctionnement, son lancement, le calcul de son orbite, et les techniques de tracking nécessaires pour le localiser et le suivre du sol avec des radars très puissants.

Certains passages du document sont traduits de l’américain en voix off. Pour diffuser des ondes à longue distance, il est nécessaire de les faire se réfléchir sur des surfaces extérieures à la Terre. Telle était la fonction du premier satellite, Echo, qui fonctionnait comme un simple miroir. Par la suite, le satellite américain Telstar fut doté d’un véritable réémetteur ; il devint le premier satellite actif de l’histoire de la télécommunication. Ce dernier reste ne liaison avec une base terrestre pourvue d’antennes très puissantes.

C’est avec le projet Relay, lancé au début des années 60 par RCA, que fut franchie la première étape des communications à longue distance : grâce aux satellites Relay, les liaisons intercontinentales permanentes et la diffusion par-dessus les océans de messages téléphoniques et audiovisuels sont désormais possibles. Des archives américaines montrent le déroulement du lancement de relay et en dérivent le fonctionnement. Le 5 avril 1965 est lancé un nouveau satellite, Early Bird, qui présente la particularité d’être géostationnaire. Il est le premier satellite du réseau Intel Sat 3 : 3 satellites couvrent alors l’intégralité de la surface terrestre.

Archive montrant le premier alunissage le 25 juin 1967, mondialement diffusé en direct. Ainsi, des spectateurs situés au Canada, en Auvergne, à Paris, à Montreuil ou à Londres suivent le même programme. Images de personnes à ces différentes localisations, devant leur téléviseur.

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Les premiers jeux télévisés

Posté par francesca7 le 20 juillet 2014

Jeu télévisé Prix de Beauté
et vote par téléphone en 1958

(Source : INA)

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Créé par André Gillois en 1958 et s’appuyant sur le principe de l’évolution des canons de la beauté, le jeu télévisé Prix de Beauté s’apparente à un concours de ressemblances soumis au vote des téléspectateurs via le fameux standard SVP. Maurice Biraud attire ici leur attention sur le bon usage qu’il convient de faire du téléphone pour voter.

Le principe de l’émission est le suivant : un jury présente une femme célèbre (Nefertiti, Mona Lisa, Diane de Poitiers, Juliette Récamier…), incarnation de l’idéal de beauté d’une époque donnée, et sélectionne un nombre déterminé de candidates lui ressemblant. Chaque candidate est alors invitée à se présenter et à s’exprimer sur sa ressemblance avec la célébrité du jour.

L’émission est présentée par André Gillois et Claude Darget ou par Maurice Biraud et Dominique Remy, le jeu étant ponctué d’une recontextualisation de l’époque à l’aide de photos, d’images d’archives et de saynètes interprétées par des comédiens. Ce sont les téléspectateurs qui votent par téléphone et élisent celle qui recevra le prix de beauté. Ce jeu est diffusé jusqu’en 1959.

Nous pouvons entendre Maurice Biraud expliquer : « Vous allez voter par téléphone. Nous nous excusons aupès de ceux qui n’ont pas le téléphone, mais ce mode de scrutin, voyez-vous, a l’avantage d’être immédiat, et vous en aurez le résultat dans un quart d’heure. Mais attention : ne nous téléphonez pas à nous directement. Formez, sur votre cadran, un numéro que vous connaissez bien, SVP, les trois lettres S, V, P, et dites, dès qu’on vous répondra : je vote. Ne dites pas, je vous téléphone au sujet du concours… Non, écoutez-moi bien. Dites : je vote pour le numéro 1, je vote pour le numéro 2 ou 3 ou 4, n’est-ce pas. Et vous pouvez téléphoner même si vous habitez la province, et si vous n’avez pas l’automatique n’est-ce pas, dans ce cas, vous dites seulement : Passez-moi SVP Paris, et comme à Paris vous dites : je vote pour le numéro 1, je vote pour le numéro 2, pour le numéro 3. Donc maintenant, à vous de voter, merci. »

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EXPOSITION ECRITURES

Posté par francesca7 le 17 juillet 2014

Écritures – Henri Michaux, Gil Joseph Wolman

 

 

LIEU : Entrepôt 9 (Quetigny 21800)

La galerie Barnoud présente Écritures, un ensemble d’œuvres de Henri Michaux (1899, Namur – 1984, Paris) et Gil Joseph Wolman (1929 – 1995, Paris). À la fois poètes, écrivains et plasticiens, et bien qu’appartenant à deux générations différentes, tous deux ont en commun le goût de l’expérimentation d’une autre forme de pensée qui détermine toutes leurs activités. Encres, dessins, collages se situent à la frontière entre arts graphiques et écriture.

un site web à disposition : http://www.entrepot9.fr/expositions.html

6527988Henri Michaux, peintre et poète, entendait offrir à son public une immersion dans son univers intérieur : ses émotions, ses métamorphoses successives. Ainsi, dans “Dessiner l’écoulement du temps“, extrait de Passages, repris dans le recueil L’espace du dedans. Pages choisies 1927-1959 (ed. Gallimard, 1966), il explique vouloir « dessiner la conscience d’exister et l’écoulement du temps. Comme on se tâte le pouls. Ou encore, en plus restreint, ce qui apparaît lorsque, le soir venu, repasse (en plus court et en sourdine) le film impressionnant qui a subi le jour ». Marquée par l’inventivité artistique foisonnante dont ses aînés avaient fait preuve au début du XXe siècle, son œuvre graphique témoigne d’une volonté d’éloignement de « l’encombrante réalité » pour mieux explorer l’inconscient, dans la lignée des Surréalistes. Michaux laisse aller sa main « dans le désordre, dans la discordance et le gâchis, le mal et le sens dessus dessous, sans malice, sans retour en arrière, sans reprise, innocemment » (H.M., Émergences-résurgences, ed. Albert Skira, Genève, 1972). Il privilégie les matières fluides telles que l’aquarelle ou l’encre pour une exécution rapide. Les taches, signes étranges ou silhouettes indéfinies apparaissant dans ses œuvres sont parfois le fruit de son recours à des produits hallucinogènes (à partir de 1954-55), expérimentés dans le but de lui permettre de livrer d’emblée ses états mentaux, à la manière des peintres fous de l’Art Brut, sans autocensure, de la façon la plus spontanée possible. Il en résulte des tableaux atemporels, pour certains proches de la calligraphie (à laquelle il a dû être initié lors de ses nombreux voyages), ou bien montrant de surprenantes plantes primitives ou cellules élémentaires, qu’il considère comme « l’alphabet de la vie » (H.M., Vents et Poussières, ed. Karl Flinker, 1962). En effet, de plus en plus peintre et de moins en moins poète, Michaux chercha tout au long de sa vie un moyen de communication universel, et inventa une sorte d’« espéranto lyrique » (selon l’expression de René Bertelé).

Maniant aussi bien la poésie, la peinture, que le cinéma, Gil Joseph Wolman fait partie des pionniers du Lettrisme, mouvement artistique émergé au début des années cinquante, avec pour figure de proue Guy Debord. Pour les Lettristes, la lettre est l’élément fondamental de toute création poétique ou artistique ; la lettre en elle-même, et non le mot. Comme Wolman l’écrira plus tard en couverture de son journal Duhring Duhring (ed. Inconnues, 1979) : « Nous étions contre le pouvoir des mots. Contre le pouvoir ». Cet ouvrage est en effet constitué de milliers de visages aux yeux barrés par un mot (« anarchie », « préjugés », « raison », « critique », « action », etc). Orientant de manière trop réductrice nos pensées, le langage codifié tel que pratiqué communément est considéré par Wolman et Debord comme dépassé. Ce faisant, ils se placent en droite ligne à la suite d’Isidore Isou, l’auteur du Manifeste de la poésie lettriste (1942), qui écrit dans Introduction à une nouvelle poésie et à une nouvelle musique (ed. Gallimard, 1947) : « Les lettres de derrière les mots offraient les onomatopées primaires. Les mots d’avant nos mots devenaient les mécaniques (les données communes) d’un art neuf ; les signes de derrière nos signes nous redévoilaient la formation hiéroglyphique de notre écriture et se transformaient en métagraphique ». Le « détournement », en tant que bouleversement bénéfique, est la technique privilégiée par les Lettristes. À la fin des années cinquante, Guy Debord décide de poursuivre l’aventure sans Gil J. Wolman, et fonde l’Internationale situationniste. Cela ne freine en rien Wolman. Dans un contexte riche d’idées nouvelles dans les domaines des arts plastiques, des arts sonores et de la littérature, qui questionnent chacun avec leurs propres moyens les liens entre écriture et image (« cut-up » aux États-Unis, Nouveau roman et Nouvelle Vague en France), Wolman invente « l’art scotch » : au début des années soixante, il prélève avec du ruban adhésif des fragments de textes et d’images pour les reporter sur un nouveau support. Les évènements faisant les gros titres des journaux se retrouvent juxtaposés ou superposés. La rigueur des caractères d’imprimerie est bousculée, l’arrachage-recollage occasionnant des distorsions qui perturbent leur lecture et leur donnent le statut d’images. Quant aux photos, celles-ci perdent aussi leur vocation illustrative originelle. En privant ces éléments de leur contexte et en les rapprochant les uns des autres de manière artificielle, Wolman crée des compositions qui ouvrent de nouvelles perspectives narratives souvent teintées d’humour, voire de subversion.

Exposition organisée en collaboration avec la Galerie Lelong, Paris, et Seconde Modernité, Levallois-Perret.

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Historique de La région des LACS

Posté par francesca7 le 17 juillet 2014

 

200px-Lac_de_Chalain_-_Fontenu_(Jura)Le nom désigne une zone comprise entre Champagnole, Clairveaux les Lacs et St Laurent en Grandvaux, où sont regroupés de charmants lacs. Chacun d’eux a un caractère propre mais tous donnent la même impression de tranquillité, de repos, d’intimité. L’éclairage des sites et la couleur des lacs donnent leurs meilleurs effets en été au milieu de l’après-midi.

La région des Lacs s’étend sur les plateaux de Champagnole et du Frasnois. Le premier s’achève sur la vallée de l’Ain, appelée ici « Combe d’Ain », par une corniche abrupte. Il est profondément échancré par le lac de Châlain, par la vallée du Hérisson, où s’allongent les lacs de Chambly et du Val, et par la vallée du Drouvenant dans lequel se déversent les deux lacs de Clairvaux. Le petit plateau du Frasnois, situé au pied des hauteurs de la Chaux du Dombief, est plus élevé et accidenté. Six lacs y trouvent place : Vernois, Narlay, Ilay, Grand et Petit Maclu, Bonlieu.

MAUVAIS COMME WEIMAR : Pendant la campagne que Richelieu fait mener en Comté, à partir de 1635, la région des Lacs est dévastée par les troupes suédoises alliées des Français et commandées par Bernard de Saxe-Welmar ; maisons brûlées, moissons coupées en herbe, vignes et arbres fruitiers arrachés. La famine est si terrible qu’on manque de la chair humaine. L’habitant soupçonné de cacher de l’argent est soumis à un supplice terrible ; on lui verse dans le gosier, à plein entonnoir, de l’eau chaude, de l’huile, du purin ; on saut e à pieds joints sur son vente pour chasser le liquide et on recommence l’opération jusqu’à ce qu’il ait dit où se trouve son magot. Des familles entières, que l’on découvre cachées dans des grottes ou des souterrains, sont murées vivantes dans leur refuge. Pendant un siècle survivra l’expression : « Mauvais comme Weimar ».

Toute la province est soumise à la même épreuve. Aussi voit-on un grand nombre de Comtois s’expatrier en Savoie, en suisse, en Italie : 10000 à 12000 se fixent à Rome, en un même quartier. L’église, qu’ils dédient à Saint Claude, fait encore partie des établissements français de la Ville éternelle.

LACUZON, HEROS DE L’INDEPENDANCE : Une des grottes de la vallée du Hérisson, située à proximité du « Grand Saut », s’appelle la grotte Lacuzon. Elle servit d’abri au héros populaire Jean-Claude Prost dit Lacuzon (1607-1681) qui, pendant quarante ans, personnifia l’esprit comtois d’indépendance. Prost, né à Longchaumois, établi commerçant à St Claude, prend les armes dès l’invasion de 1636. Ce n’est pas un guerrier-né. Il tremble au début de chaque combat, et, pour se vaincre, se mord sauvagement. On lui prête cette fore apostrophe « Chair, qu’as-tu peur ? Ne faut-il pas que tu pourrisses ? » qui rappelle le « Tu trembles carcasse… » de Turenne. Son aspect austère, soucieux, lui a valu son surnom de Lacuzon (Cuzon = souci, en patois).

Historique de  La région des LACS   dans COURS d'EAU-RIVIERES de FranceGUERRE DE PARTISANS : La plaine de Bresse, française depuis 1601, est mise en coupe réglée : « Délivrez-nous de la peste et de Lacuzon », prient chaque soir les villageois bressants. Sur les plateaux comtois, c’est la guerre d’escarmouches : colonnes harcelées, convois enlevés. Tous les Suédois capturés sont mis à mort non sans que leur aient été offerts les secours de la religion, car la piété de Lacuzon et de ses compagnons est très vive. Certains de ses stratagèmes sont restés fameux. C’est ainsi que, pur venir à bout d’une place qu’il assiège, Lacuzon y fait entrer un de ses lieutenants, Pille-Muguet, déguisé en capucin. Par ses vitupérations continuelles contre les assaillants et leur chef, le faux moine gagne la confiance des défenseurs, se fait donner les clefs d’une porte et l’ouvre, une nuit, à ses camarades.

La paix de Westphalie (1648), en mettant fin à la guerre de Trente Ans, interrompt l’activité militaire de Lacuzon. Elle reprend quand Louis XIV entre en Comté. Le vieux combattant trouve un émule dans Marquis, curée de St Lupicin, qui mobilise ses paroissiens et guerroie à leur tête. Il célèbre la messe, ses deux pistolets posés sur l’autel, explique au prône les exercices qu’il fait ensuite exécuter sur la place de l’église. Mais la lutte est trop inégale ; les derniers partisans comtois succombent. En 1674, sur le point d’être pris, Lacuzon réussit à échapper et à gagner le Milanais, possession espagnole. Il y meurt, intraitable, sept ans plus tard.

 

 

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Ouverture d’une roseraie d’exception en France

Posté par francesca7 le 16 juillet 2014

 
téléchargement (6)Découvrir le charme des roses anglaises sans prendre l’Eurostar ! C’est ce que propose, à 64 km au Nord de Paris, la roseraie David Austin qui vient d’ouvrir ses portes à l’ombre de la somptueuse abbaye de Morienval.

On ne dira jamais assez combien la passion pour les mixed borders peut changer une vie. Fabrice Lebée et sa femme Catherine, qui rêvaient, pour le plaisir et le coup d’œil, d’installer, dans leur propriété familiale de Morienval (Oise), un de ces parterres de fleurs dont les Anglais ont le secret, lurent un jour sur Internet que Michael Mariott, le directeur artistique du célèbre rosiériste David Austin, pouvait se déplacer gracieusement pour donner un conseil. C’était il y a 4 ans. L’homme était justement pour affaires au pays de Jeanne d’Arc et il avait une heure à perdre entre deux rendez-vous.

La beauté de l’endroit et la qualité de la terre le conquirent et le persuadèrent qu’il avait enfin trouvé le lieu auquel rêvait David Austin depuis des lustres. Ce dernier avait tenté, naguère, de proposer à la ville voisine de Fontaine-Chaalis, célèbre pour son abbaye cistercienne et sa fête des roses, d’y installer ses créations. Mais sa proposition n’avait pas été retenue, la ville préférant se concentrer sur les roses françaises. Une abbaye en valant bien une autre, il jugea les bénédictines au moins aussi remarquables que les trappistes et l’affaire fut faite, dans ce petit vallon où quelques moutons à tête noire vous font vraiment croire que le Suffolk se cache derrière les haies de buis.

Ancien potager
La suite se hume dans les allées de l’ancien potager de l’abbaye où prospère désormais, après l’Angleterre et le Japon, la troisième collection de ce visionnaire capable de réinventer la rose ancienne en ajoutant à son charme désuet les qualités de robustesse, de parfum et de floribondité de ses modernes cousines. Citron, safran, thé, cèdre, myrrhe, miel ou vanille, le nez s’affole sous les arceaux ou grimpent des glycines. L’œil prend le relais, valsant de la générosité ronde et cuivrée d’une Lady of Shalott, au rose orangé de Morning Mistagonisant dans un astrakan d’or, sans oublier l’amusante Chapeau de Napoléon dissimulant son rose presque mauve dans une mousse vert tendre.

téléchargement (7)La mère des « Austin girls »
Depuis Constance Spry, la mère des « Austin girls » créée en 1961, plus de 200 variétés, toutes odorantes et remontantes ont vu le jour. L’abbaye de Morienval en recèle 154, réparties sur 1700 rosiers sur lesquels veille jalousement Fabrice. De ses « filles », cet ancien banquier qui fit sa carrière dans la City de Londres, sait tout : leur appétit, leurs petites misères, leur splendeur. Et comme un père aimant, il sait aussi les autoriser à se marier à d’autres jardins : tout près du salon de thé so british, la pépinière de la roseraie en propose à la vente une cinquantaine. Une belle idée de cadeau pour les mariés qui chaque année, profitant du printemps et de la maison d’invités qui jouxte la roseraie, confient à la jolie Catherine, la femme du chef jardinier, le soin d’organiser, non seulement leur messe dans l’abbatiale, mais aussi leur repas d’épousailles et leur nuit de noces. On ne peut pas voir davantage la vie en rose…

Valérie Lejeune
Le Figaro

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Histoire de Rats allaités par une chatte

Posté par francesca7 le 16 juillet 2014

 

 

images (20)Quand on voit un chat prolonger, comme par plaisir, les souffrances de la souris qu’il vient de prendre et que, le plus souvent, il ne mange pas après l’avoir tuée, on serait tenté de le croire animé par le seul sentiment de la haine, et par une haine trop violente pour n’être pas insurmontable. On se tromperait cependant à double titre, d’abord en assimilant ainsi aux passions humaines les instincts aveugles de la brute, puis en les supposant indomptables.

Dans ces jeux qui nous semblent si cruels, nous ne devons, en réalité, voir autre chose que des exercices destinés à donner à l’animal l’adresse dont il a besoin dans l’état de nature pour se rendre maître de sa proie. Sans doute, quand, devenu notre commensal, il en est arrivé à aimer la nourriture que nous lui fournissons plus que celle qu’il obtiendrait par ses propres efforts, il pourrait sans inconvénients (pour lui, non pour nous) s’abstenir de poursuivre les souris ; mais il est dans le cas de bien des hommes qui n’aiment pas le gibier et sont cependant passionnés par la chasse. Ajoutons que ce goût qui lui reste des habitudes sauvages de ses pères, on peut avec des soins le lui faire perdre complètement.

J’ai vu dans Paris, il y a une vingtaine d’années, certain vieillard qui était parvenu à faire vivre en assez bonne harmonie, dans une même cage, un gros chat et une douzaine de rats et de souris. Le chat, sans doute fort ennuyé de son étroite prison, paraissait en général assez endormi ; mais dans les moments mêmes où il était le mieux éveillé, il n’inspirait aucune inquiétude aux rats qui allaient et venaient comme à leur ordinaire, fourraient leur museau pointu à travers les barreaux de la cage pour saisir le morceau de noix que leur présentait quelque enfant, ou, faute de mieux, grignotaient les grains de maïs épars sur le plancher. Les souris n’étaient pas moins imprudentes : je les ai vues maintes fois grimper sur le dos du chat, et, si le temps était pluvieux, chercher un abri sous les longs poils de ses flancs.

L’éducation au moyen de laquelle on obtient de pareils résultats, n’est ni longue ni difficile ; elle réussit presqu’à coup sûr, et je n’aurais pas songé à ajouter ce nouvel exemple à tous ceux qu’on a déjà, s’il ne m’était venu à l’esprit, à l’occasion d’une histoire dans laquelle figurent les mêmes animaux ; histoire qui elle-même m’a été rappelée par une autre que je trouve dans un livre intitulé Olla podrida :

Dans une ferme d’Angleterre, une chatte avait mis bas pendant la nuit, et dès le matin elle avait perdu ses petits : on avait profiter de sa première absence pour aller les noyer au loin. La pauvre mère s’était fatiguée à courir dans la maison, cherchant, appelant, et donnant tous les signes d’une douleur bien naturelle en pareil cas, mais qui, chez les animaux abâtardis par la domesticité, est souvent beaucoup moins vive. Elle était encore en quête lorsqu’un enfant qui la voulait régaler déposa dans le panier d’où l’on avait enlevé les chatons une nichée de jeunes rats qu’il venait de découvrir. La chatte, revenant au bout de quelques instants, trouva ces petits êtres demi-nus et gémissants, auxquels d’abord elle prit à peine garde. Elle se coucha dans son panier sans prendre aucune précaution, mais aussi sans faire aucun mal aux nouveaux occupants.

Ceux-ci furent-ils, dans le premier moment, effrayés en sentant de si près d’eux l’ennemi constant de leur race ? Je serais très porté à le croire. Quoi qu’il en soit, ils se remirent promptement, et le besoin leur aidant à surmonter une antipathie naturelle, ils saisirent les mamelons de la chatte et commencèrent à téter de bon appétit. La nourrice les laissa faire d’abord sans colère ; puis, éprouvant peut-être quelque soulagement par suite de cette succion, elle commença à y prendre plaisir. Bientôt elle s’intéressa aux petits rats, et avant la fin de la journée elle s’était déjà occupée de faire leur toilette. Dès ce moment elle les avait adoptés.

Tous les habitants de la ferme étaient venus voir cette singulière famille ; les voisins accoururent à leur tour ; enfin les visites se multiplièrent au point de devenir une véritable incommodité, et pour y mettre un terme on prit le parti de détruire les petits rats. Je regrette que l’expérience n’ait pas été poussée jusqu’au bout : il eût été curieux de voir si, une fois capables de vivre par eux-mêmes, nos jeunes animaux n’eussent pas été empressés de fuir leur nourrice ; de voir si elle-même, du moment où elle ne leur aurait plus été nécessaire, n’eût pas perdu pour eux toute affection. Qui peut dire si, l’ancien instinct reprenant le dessus, elle n’eût pas un beau jour fait curée de ces êtres dont elle avait pris d’abord tant de soin ?

 (D’après un article paru en 1845)

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Le plus gracieux de tous les rongeurs

Posté par francesca7 le 16 juillet 2014

images (19)L’Ecureuil est le plus joli, le plus svelte, le plus gracieux de tous les rongeurs. Il n’est personne qui n’ait eu l’occasion d’admirer, dans ces cages tournantes où l’on a trop souvent la cruauté de l’enfermer, son œil vif, sa physionomie fine, la gentillesse de ses mouvements, l’élégance de cette longue queue en panache qu’il relève jusque par-dessus sa tête. Il a aussi cette originalité qu’il mène une vraie vie d’oiseau. Il choisit un grand arbre dans les plus hautes futaies, et il y vit en famille. Il saute de branche en branche, passe sur les arbres voisins, monte, descend, fait mille gambades avec une prestesse incroyable ; l’œil le plus exercé peut à peine le suivre dans ses évolutions, on pourrait dire dans son vol.

A son extrême légèreté, il joint beaucoup de malice pour se dérober à votre regard : s’il vous a vu, il aura soin de mettre toujours le tronc de l’arbre ou une grosse branche entre vous et lui ; changez de place, tournez, retournez autour de l’arbre, il tourne et retourne en même temps que vous. On peut se promener pendant plusieurs heures dans une forêt peuplée d’écureuils sans en apercevoir un seul, si l’on n’a pas pris la précaution de marcher en silence.

Les dehors séduisants, les qualités brillantes qui plaisent aux yeux, ne sont pas les seuls avantages de l’écureuil ; il se recommande encore par des qualités solides : il est excellent père de famille ; il montre le plus grand attachement pour sa femelle et ses petites ; il se fait brave, il devient téméraire pour les défendre.

Les chasseurs ont remarqué qu’ils tuaient beaucoup plus de mâles que de femelles : la raison en est que le mâle reste en arrière et s’expose pour couvrir la retraite des siens. La mère n’a pas moins de tendresse pour ses enfants. Dupont de Nemours raconte qu’en 1785, quand on abattit le parc de Versailles, on le trouva rempli d’une multitude d’écureuils dont à peine jusque-là on avait soupçonné l’existence. « Leur désolation fut affreuse, dit-il ; les mères couraient éplorées de côté et d’autre, à travers les arbres renversés, leurs petits dans les bras, ne sachant où les cacher. Les mâles bordaient l’abatis, se précipitant du côté où paraissaient les curieux, disant, avec leurs grimaces, toutes sortes d’injures, leur dernière ressource. »

Nous avons dit que les écureuils mènent une vie d’oiseau ; c’est aussi à la manière des oiseaux qu’ils font leur nid. Ils le placent au faîte d’un arbre élevé, souvent sur un vieux sapin. Ils commencent par apporter dans leur bouche du gazon sec, de la mousse, qu’ils déposent sur une grosse branche ou dans une enfourchure, puis des bûchettes qu’ils entrelacent, pressent, foulent à mesure. Quand le fond de la couche est fait, ils en élèvent les bords, et par-dessus mettent un toit ; ils n’y laissent qu’une ouverture vers le haut, à peine assez large pour passer. Ce petit édifice se confond tellement avec la ramure de l’arbre qu’il est presque impossible de l’apercevoir.

Mais ce n’est pas assez pour l’écureuil de se mettre à l’abri ; malgré sa vivacité, il n’est rien moins qu’étourdi et imprévoyant : il songe à s’assurer des vivres pour les temps de disette. Le creux d’un arbre, une fente de l’écorce, quelquefois un trou en terre, dans un lieu sec, lui servent de magasin ; il y entasse force glands, faînes ou noisettes.

 

Ses provisions dépassent même de beaucoup ses besoins. De la prudence à l’avarice, on sait qu’il n’y a qu’un pas. Une preuve que l’écureuil en amassant ainsi obéit surtout à la manie de thésauriser, c’est qu’en captivité, au milieu d’une abondance assurée, on l’a vu se livrer à ce même excès de prévoyance. Un naturaliste anglais, le docteur Jonathan Franklin qui, pendant un séjour en Amérique, avait plusieurs de ces animaux apprivoisés (de l’espèce appelée écureuil volant, Pteromis), raconte qu’au lieu de se contenter de la nourriture qu’ils pouvaient absorber, ils ne manquaient jamais d’emporter le superflu.

« Un jour, dit-il, ils s’amusèrent à cacher dans les faux plis de mon pantalon les noisettes que je leur avais données sur mes genoux pendant que j’étais assis. Au bout de quatre jours, je leur ouvris la porte de la cage, et les écureuils vinrent aussitôt examiner les faux plis de mon pantalon pour y retrouver les trésors qu’ils y avaient enfouis… « Mes amis s’amusèrent plus d’une fois à observer les écureuils tranquillement assis sur la corniche de la chambre jusqu’à ce que le thé fût servi. Ces animaux descendaient alors les uns après les autres, soit sur ma tête, soit sur ma table, et volaient des morceaux de sucre si habilement que nous pouvions rarement les attraper sur le fait. Nous fûmes souvent obligés de placer une soucoupe en guise de couvercle sur le sucrier, afin de conserver quelques morceaux pour nous-mêmes. Ils guettaient alors l’occasion d’enlever notre pain rôti et notre beurre, qu’ils portaient sur la corniche, puis ils rôdaient çà et là jusqu’à ce qu’ils crussent avoir trouvé une place sûre pour les y cacher. Cette opération exige quelques formalités : ils grattent alors avec leurs pieds de devant, poussent la nourriture dans le trou avec leur museau et marchent dessus, comme font les Arabes pour cacher le grain dans les silos.

« Un jour que l’on était en train de repeindre ma chambre, nous trouvâmes dix-huit morceaux de sucre, sans compter les rôties et les fragments de beurre, dans les recoins de la corniche. Naturellement les écureuils n’eurent point la permission de faire leur promenade du soir tout le temps que dura la restauration de mon logis ; mais, après trois semaines ou un mois d’emprisonnement, je leur donnai de nouveau congé. Nous nous divertîmes fort de voir leurs allées et venues continuelles, leur anxiété et leur désappointement, quand ils découvrirent que leurs provisions avaient disparu. Dès que le thé fut servi, ils recommencèrent à voler le sucre ; mais cette fois ils le cachèrent dans d’autres coins de la chambre, sous le tapis et derrière les livres. »

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Comme de la canaille littéraire

Posté par francesca7 le 14 juillet 2014

 
téléchargement (2)Au XVIIIe siècle les hommes de lettres n’admettaient pas volontiers les journalistes dans leurs rangs ou, du moins, pendant un temps assez long ils ne les considérèrent que comme de très humbles et même de très indignes confrères. On regarde alors cette profession comme la plus vile de la littérature, comme une tache originelle, et d’aucuns décrivent les journalistes comme « autant de chiens qui se tiennent sous la table de leur maître ; ils attendent qu’on leur jette des os à ronger ; ils mordent les jambes de ceux qui les nourrissent »…

Voici le propos que l’abbé de La Porte, dans son Voyage au séjour des ombres, fait tenir à Desfontaines : « De mon temps il y en avait une (maison) qui, par sa célébrité, pouvait être comparée à l’ancien hôtel de Rambouillet (la maison de Madame Lambert semble-t-il). On n’y recevait que les auteurs du premier ordre ; il fallait être au moins de l’Académie ou avoir espérance d’y parvenir pour être admis dans cette illustre assemblée.

« Pour moi, en qualité d’auteur de feuilles périodiques, vous pensez bien qu’on ne pouvait m’y recevoir. Je n’étais ni académicien ni ne devais me flatter de le devenir jamais : le métier de journaliste en est un titre exclusif. C’est qu’en effet on regarde cette profession comme la plus vile de la littérature, comme une tache originelle et un exercice de roture qui déroge à cette noblesse littéraire dont il faut pouvoir faire ses preuves pour être admis à l’Académie. » 

Qu’on ne croie pas qu’il y ait de la fantaisie dans ce langage. Une foule de témoignages pourraient être cités qui montreraient dans quel décri le journalisme était tenu. Aux yeux de Voltaire, c’est surtout de journalistes que se compose cette « canaille de la littérature » à qui il a si souvent donné les étrivières. Rousseau, ayant appris que son ami Vernes songe à entreprendre un recueil périodique, s’emploie ardemment à l’en détourner. Pour les gazettes Diderot n’est pas moins dur : « Tous ces papiers, dit-il, sont la pâture des ignorants, la ressource de ceux qui veulent parler et juger sans lire, le fléau et le dégoût de ceux qui travaillent. » (dans l’Encyclopédie, à l’article Hebdomadaire)

Au jugement de Grimm, « on ne peut se dissimuler que cette multiplicité de feuilles périodiques ne soit la ruine des lettres ». Favart, homme amène à son ordinaire et d’humeur facile, devient violent et injurieux quand il parle des journalistes : « Les auteurs de feuilles périodiques sont autant de chiens qui se tiennent sous la table de leur maître ; ils attendent qu’on leur jette des os à ronger ils mordent les jambes de ceux qui les nourrissent. »

Avant de se charger de rédiger la partie Variétés dans le Courrier de l’Europe, Brissot fut tourmenté par de longs scrupules ; s’il devint journaliste, ce ne fut qu’à son corps défendant : « Bayle, me disais-je, a bien été précepteur, Postel goujat de collègue, Rousseau laquais d’une marquise ; je puis bien être gazetier. Honorons le métier, il ne me déshonorera pas. » Rappelons enfin les furieuses sorties de Delisle de Sales dans son Essai sur le journalisme depuis 1735 jusqu’à 1800 : le journalisme, d’après lui, doit se définir « le besoin de déraisonner réuni au besoin de nuire ». C’est « une secte anti-littéraire, secte audacieusement abjecte, dont l’existence publique est un délit et le nom une injure, qui n’existe que par le vice et ne se soutient que par le ridicule ».

Cette défaveur marquée par les auteurs de livres aux auteurs de feuilles peut au premier abord paraître surprenante ; elles s’explique pourtant aisément. La politique étant un domaine réservé, ce fut surtout la critique des ouvrages récents qui défraya les premiers journaux, et la critique alors se donnait pour office plutôt de relever les défauts que de signaler les mérites ; elle prenait même volontiers le ton et l’allure de la satire ; pour les écrivains, le journaliste était un censeur souvent malin, parfois malveillant, presque toujours incommode. Comment auraient-ils été disposés à voir en lui un confrère ?

Bien plutôt il devait leur paraître un concurrent, même quand il n’était pas un adversaire. Les livres, de format un peu encombrant, coûtaient assez cher et il fallait prendre quelques soins pour se les procurer ; les journaux, d’un prix moins élevé, plus maniables, allaient, pour ainsi dire, au devant des lecteurs. N’y avait-il pas là une menace ? Les gens de lettres ne devaient-ils pas sentir que ceci tuerait cela ? Ne pouvaient-ils pas remarquer que si le journal, en annonçant un livre avec éloges, l’aidait parfois à se vendre, aussi souvent, plus souvent peut-être, il dispensait de l’acheter ? N’était-ce pas le sentiment de Diderot quand il disait des gazettes qu’elles étaient « la ressource de ceux qui veulent parler et juger sans lire ! »

Il faut par ailleurs reconnaître que les débuts du journalisme ont manqué d’éclat et, lorsqu’on parcourt nos premiers recueils périodiques, on ne trouve pas tout à fait déplacé le dédain que les lettrés eurent pour eux. Sans doute la Gazette, l’ancêtre des journaux français, fondée par Théophraste Renaudot en 1631, eut toujours, comme nous dirions, une certaine tenue ; elle prit dès l’abord un caractère, sinon officiel, du moins officieux ; Richelieu et Louis XIII l’encouragèrent et même, dit-on, y collaborèrent parfois et cela lui valut de pouvoir seule donner des informations politiques.

téléchargement (1)Voltaire en dit qu’elle peut fournir de « bons matériaux pour l’histoire parce qu’on y trouve toutes les pièces authentiques que les souverains mêmes y font insérer » C’est l’éloge de la matière ; mais quant à la façon, il s’en tient à déclarer que cette feuille a toujours été « assez correctement » écrite. Rien qu’à voir la liste de ceux qui la dirigèrent jusque vers le milieu du XVIIIe siècle, on n’est pas tenté de croire que Voltaire ait été trop chiche de compliments : Renaudot, de Verneuil père, de Verneuil fils, La Bruère, de Meslé ne sont assurément pas des personnages prestigieux.

Le Journal des Savants, en 1665, inaugura la presse scientifique et littéraire ; en 1701, le chancelier de Pontchartrain en fit une institution d’État en nommant pour le rédiger un groupe d’hommes compétents dans les diverses disciplines ; ce fut un recueil utile à coup sûr, fait avec soin, avec conscience ; on ne peut refuser un mérite solide au conseiller Denis de Sallo, à l’abbé Gallois, à l’abbé de La Roque, au président Cousin qui le dirigèrent tour à tour.

S’avisant que ces deux journaux un peu graves ne convenaient pas à tous les lecteurs, Donneau de Visé, habile faiseur, créa en 1672 le Mercure Galant : c’est à la fois le prototype de nos magazines et de ce que nous appelons la petite presse. On sait comment La Bruyère le jugeait : « le Mercure Galant, écrivait-il, est immédiatement au-dessous de rien » Sévérité vraiment excessive dans la collection du Mercure les chercheurs aujourd’hui peuvent trouver à glaner. Mais, trop sévère, La Bruyère n’était pas tout à fait injuste : en fait, la feuille de Donneau de Visé est moins facile que lâchée, et plutôt fade que frivole.

Quelque quarante ans plus tard (1730), Desfontaines, avec l’abbé Granet, lançait leNouvelliste du Parnasse. A ce journal, ce n’est pas la fadeur qu’on saurait reprocher. Auteurs et éditeurs de ce temps-là le jugeaient au contraire trop agressif et firent si bien qu’ils en obtinrent la suppression au bout de deux années. Plus piquant, plus intéressant que ses devanciers, Desfontaines n’a pourtant pas été un journaliste supérieur. Passons condamnation sur ses mœurs fangeuses, sur sa cynique vénalité ; reconnaissons qu’il ne fut pas l’affreux cuistre que Voltaire a caricaturé. Mais, sans lui refuser quelque talent, ne lui accordons pas la maîtrise que certains, par réaction, veulent lui attribuer.

A côté des journaux imprimés qui, s’ils restèrent sans gloire, n’ont pas du moins pour la plupart mérité le mépris, il y avait aussi des journaux manuscrits, des nouvelles à la main, des gazetins, comme l’on disait. Dans Figaro et ses devanciers, Funck-Brentano nous donne à voir comment se recrutait ce personnel de nouvellistes : « C’étaient pour la plupart de pauvres hères, des déclassés, épaves de la grande ville. L’avocat Marchand nous les montreavec des habits noirs, déguenillés, des vestes rouges tannées, des bas troués, des souliers ferrés, du linge sale, et des perruques rousses. Clercs de la basoche congédiés par le patron, officiers réformés, prêtres interdits, étudiants en quête des ressources exigées par les beaux yeux de Lisette ».

A ces bohèmes se mêlaient de louches aventuriers, des laquais, des escrocs, sans compter les espions de police ; il y avait même des femmes qui faisaient métier de « gazetières », entre autres la nommée Laboulaye, femme d’un sergent aux gardes, et les quatre sœurs Pomier, qui lièrent partie avec le nouvelliste Cabaud de Rambaud, vrai personnage de roman picaresque. Ce joli monde vit de médisance, de diffamation, de calomnie, de chantage ; ils mentent à l’envi, car mentir ne leur coûte rien, mentir, au contraire, leur rapporte peu ou prou. Ce sont, selon le mot de Voltaire, « roquets qui jappent pour un écu ». Dès longtemps, leur réputation de vénalité est établie.

Il eût été assurément équitable de faire une distinction entre les journaux et les nouvelles à la main ; mais on n’y regarda pas de si près ; journalistes et nouvellistes furent trop aisément confondus ; et ainsi l’opprobre de cette presse clandestine rejaillit sur les papiers publics.

Sans rechercher s’ils obéirent à des motifs désintéressés ou non, nous constations que, dans la seconde moitié du siècle, beaucoup d’hommes firent du journalisme, qui naguère l’avaient honni. « Trop de sincérité, peut-être aussi trop de raideur que j’avais dans le caractère, ne me permit jamais de dissimuler l’aversion et le mépris dont j’étais plein pour ces malheureux journalistes. » Tels étaient, vers 1750, les sentiments de Marmontel et, en 1758, ce dernier prit la direction du Mercure, dont, au reste, il se tira fort bien.

Avec moins de succès, Grimm fut un moment à la tête du Journal étranger. Linguet écrivit une âpre épigramme intitulée Le journaliste. Et c’est Linguet qui, durant près de vingt ans, rédigera les Annales, cette feuille qui eut tant de vogue et qui fit un si beau tapage. Voltaire enfin, Voltaire, si dur pour « la canaille littéraire », ne dédaigna pas d’envoyer parfois des articles au Journal encyclopédique et à la Gazette littéraire. Bien plus, il aurait été, paraît-il, tenté un certain jour de fonder une feuille périodique. C’est, du moins, ce qu’indique une note de la main de Malesherbes. Ce projet, Voltaire ne l’exécuta pas.

Il ne faut pas oublier de remarquer que, peu à peu, par l’effet même des progrès de l’esprit public, les journaux prenaient plus de portée. Au début du siècle, on n’y trouvait guère que de la critique et trop souvent même du simple chamaillis littéraire. Mais, écrit Grimm en 1767, « le goût de l’instruction et de la philosophie s’est répandu ». Aussi, vers ce temps, le domaine des journaux s’agrandit et leur horizon s’élève. Des circonstances favorables aidèrent à cette heureuse transformation à ses débuts, la secte des économistes, comme on disait, fut assez bien vue du pouvoir et connut une assez large tolérance : « Ce qui me plaît le plus de cette nouvelle école, disait Grimm, c’est que, très protégée, elle dit tout ce qui lui plaît, qu’elle parle avec une liberté que nous ne connaissions pas, et qu’à la longue la police, la cour et les magistrats s’accoutumeront à tout entendre et les auteurs à tout dire. La nation se familiarisera peu à peu avec les questions de finances, de commerce, d’agriculture, de législation et de politique. »

images (14)Vers 1780, les journaux étant mieux faits, les journalistes aussi étaient mieux vus du public, mieux vus des gens de lettres parmi lesquels ils faisaient des recrues de plus en plus nombreuses. Ce revirement de l’opinion est attesté par l’élection qui, en 1771, porta l’abbé Arnaud à l’Académie française et par celle qui, en 1775, y fit entrer Suard. Pour faire partie de la compagnie, Arnaud et Suard n’avaient, autant dire, pas de titres à produire, sinon les articles qu’ils avaient donnés à la Gazette de France, au Journal étranger, à la Gazette littéraire de l’Europe. Journalistes, c’est bien en qualité de journalistes qu’Arnaud et Suard devinrent académiciens.

Peu d’années, au reste, après leur admission, le journalisme était, en séance publique de l’Académie, admis au droit de cité dans la république des lettres. Voici comment s’exprimait le duc de Nivernais à la réception de Target, le 11 mars 1785. « L’emploi du journaliste est digne d’être exercé par les meilleurs esprits. Celui qui, ne perdant jamais de vue ses devoirs et la dignité de son emploi, n’offre au lecteur que des analyses exactes et précises, des résultats clairs et légitimes, des conclusions judicieuses et impartiales, celui-là mérite la reconnaissance des auteurs, des lecteurs et de la république des lettres. »

On voit, par ce langage, quel chemin avait été parcouru depuis le temps où Desfontaines disait que la profession de feuilliste était regardée « comme la plus vile de la littérature ». Les journalistes avaient conquis la considération le journalisme cessait d’être « un exercice de roture ».

                                                                                                                                                                    

(D’après « Les hommes de lettres au XVIIIe siècle », paru en 1911)

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