Historique de La région des LACS
Posté par francesca7 le 17 juillet 2014
Le nom désigne une zone comprise entre Champagnole, Clairveaux les Lacs et St Laurent en Grandvaux, où sont regroupés de charmants lacs. Chacun d’eux a un caractère propre mais tous donnent la même impression de tranquillité, de repos, d’intimité. L’éclairage des sites et la couleur des lacs donnent leurs meilleurs effets en été au milieu de l’après-midi.
La région des Lacs s’étend sur les plateaux de Champagnole et du Frasnois. Le premier s’achève sur la vallée de l’Ain, appelée ici « Combe d’Ain », par une corniche abrupte. Il est profondément échancré par le lac de Châlain, par la vallée du Hérisson, où s’allongent les lacs de Chambly et du Val, et par la vallée du Drouvenant dans lequel se déversent les deux lacs de Clairvaux. Le petit plateau du Frasnois, situé au pied des hauteurs de la Chaux du Dombief, est plus élevé et accidenté. Six lacs y trouvent place : Vernois, Narlay, Ilay, Grand et Petit Maclu, Bonlieu.
MAUVAIS COMME WEIMAR : Pendant la campagne que Richelieu fait mener en Comté, à partir de 1635, la région des Lacs est dévastée par les troupes suédoises alliées des Français et commandées par Bernard de Saxe-Welmar ; maisons brûlées, moissons coupées en herbe, vignes et arbres fruitiers arrachés. La famine est si terrible qu’on manque de la chair humaine. L’habitant soupçonné de cacher de l’argent est soumis à un supplice terrible ; on lui verse dans le gosier, à plein entonnoir, de l’eau chaude, de l’huile, du purin ; on saut e à pieds joints sur son vente pour chasser le liquide et on recommence l’opération jusqu’à ce qu’il ait dit où se trouve son magot. Des familles entières, que l’on découvre cachées dans des grottes ou des souterrains, sont murées vivantes dans leur refuge. Pendant un siècle survivra l’expression : « Mauvais comme Weimar ».
Toute la province est soumise à la même épreuve. Aussi voit-on un grand nombre de Comtois s’expatrier en Savoie, en suisse, en Italie : 10000 à 12000 se fixent à Rome, en un même quartier. L’église, qu’ils dédient à Saint Claude, fait encore partie des établissements français de la Ville éternelle.
LACUZON, HEROS DE L’INDEPENDANCE : Une des grottes de la vallée du Hérisson, située à proximité du « Grand Saut », s’appelle la grotte Lacuzon. Elle servit d’abri au héros populaire Jean-Claude Prost dit Lacuzon (1607-1681) qui, pendant quarante ans, personnifia l’esprit comtois d’indépendance. Prost, né à Longchaumois, établi commerçant à St Claude, prend les armes dès l’invasion de 1636. Ce n’est pas un guerrier-né. Il tremble au début de chaque combat, et, pour se vaincre, se mord sauvagement. On lui prête cette fore apostrophe « Chair, qu’as-tu peur ? Ne faut-il pas que tu pourrisses ? » qui rappelle le « Tu trembles carcasse… » de Turenne. Son aspect austère, soucieux, lui a valu son surnom de Lacuzon (Cuzon = souci, en patois).
GUERRE DE PARTISANS : La plaine de Bresse, française depuis 1601, est mise en coupe réglée : « Délivrez-nous de la peste et de Lacuzon », prient chaque soir les villageois bressants. Sur les plateaux comtois, c’est la guerre d’escarmouches : colonnes harcelées, convois enlevés. Tous les Suédois capturés sont mis à mort non sans que leur aient été offerts les secours de la religion, car la piété de Lacuzon et de ses compagnons est très vive. Certains de ses stratagèmes sont restés fameux. C’est ainsi que, pur venir à bout d’une place qu’il assiège, Lacuzon y fait entrer un de ses lieutenants, Pille-Muguet, déguisé en capucin. Par ses vitupérations continuelles contre les assaillants et leur chef, le faux moine gagne la confiance des défenseurs, se fait donner les clefs d’une porte et l’ouvre, une nuit, à ses camarades.
La paix de Westphalie (1648), en mettant fin à la guerre de Trente Ans, interrompt l’activité militaire de Lacuzon. Elle reprend quand Louis XIV entre en Comté. Le vieux combattant trouve un émule dans Marquis, curée de St Lupicin, qui mobilise ses paroissiens et guerroie à leur tête. Il célèbre la messe, ses deux pistolets posés sur l’autel, explique au prône les exercices qu’il fait ensuite exécuter sur la place de l’église. Mais la lutte est trop inégale ; les derniers partisans comtois succombent. En 1674, sur le point d’être pris, Lacuzon réussit à échapper et à gagner le Milanais, possession espagnole. Il y meurt, intraitable, sept ans plus tard.
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