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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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EXPOSITION ECRITURES

Posté par francesca7 le 17 juillet 2014

Écritures – Henri Michaux, Gil Joseph Wolman

 

 

LIEU : Entrepôt 9 (Quetigny 21800)

La galerie Barnoud présente Écritures, un ensemble d’œuvres de Henri Michaux (1899, Namur – 1984, Paris) et Gil Joseph Wolman (1929 – 1995, Paris). À la fois poètes, écrivains et plasticiens, et bien qu’appartenant à deux générations différentes, tous deux ont en commun le goût de l’expérimentation d’une autre forme de pensée qui détermine toutes leurs activités. Encres, dessins, collages se situent à la frontière entre arts graphiques et écriture.

un site web à disposition : http://www.entrepot9.fr/expositions.html

6527988Henri Michaux, peintre et poète, entendait offrir à son public une immersion dans son univers intérieur : ses émotions, ses métamorphoses successives. Ainsi, dans “Dessiner l’écoulement du temps“, extrait de Passages, repris dans le recueil L’espace du dedans. Pages choisies 1927-1959 (ed. Gallimard, 1966), il explique vouloir « dessiner la conscience d’exister et l’écoulement du temps. Comme on se tâte le pouls. Ou encore, en plus restreint, ce qui apparaît lorsque, le soir venu, repasse (en plus court et en sourdine) le film impressionnant qui a subi le jour ». Marquée par l’inventivité artistique foisonnante dont ses aînés avaient fait preuve au début du XXe siècle, son œuvre graphique témoigne d’une volonté d’éloignement de « l’encombrante réalité » pour mieux explorer l’inconscient, dans la lignée des Surréalistes. Michaux laisse aller sa main « dans le désordre, dans la discordance et le gâchis, le mal et le sens dessus dessous, sans malice, sans retour en arrière, sans reprise, innocemment » (H.M., Émergences-résurgences, ed. Albert Skira, Genève, 1972). Il privilégie les matières fluides telles que l’aquarelle ou l’encre pour une exécution rapide. Les taches, signes étranges ou silhouettes indéfinies apparaissant dans ses œuvres sont parfois le fruit de son recours à des produits hallucinogènes (à partir de 1954-55), expérimentés dans le but de lui permettre de livrer d’emblée ses états mentaux, à la manière des peintres fous de l’Art Brut, sans autocensure, de la façon la plus spontanée possible. Il en résulte des tableaux atemporels, pour certains proches de la calligraphie (à laquelle il a dû être initié lors de ses nombreux voyages), ou bien montrant de surprenantes plantes primitives ou cellules élémentaires, qu’il considère comme « l’alphabet de la vie » (H.M., Vents et Poussières, ed. Karl Flinker, 1962). En effet, de plus en plus peintre et de moins en moins poète, Michaux chercha tout au long de sa vie un moyen de communication universel, et inventa une sorte d’« espéranto lyrique » (selon l’expression de René Bertelé).

Maniant aussi bien la poésie, la peinture, que le cinéma, Gil Joseph Wolman fait partie des pionniers du Lettrisme, mouvement artistique émergé au début des années cinquante, avec pour figure de proue Guy Debord. Pour les Lettristes, la lettre est l’élément fondamental de toute création poétique ou artistique ; la lettre en elle-même, et non le mot. Comme Wolman l’écrira plus tard en couverture de son journal Duhring Duhring (ed. Inconnues, 1979) : « Nous étions contre le pouvoir des mots. Contre le pouvoir ». Cet ouvrage est en effet constitué de milliers de visages aux yeux barrés par un mot (« anarchie », « préjugés », « raison », « critique », « action », etc). Orientant de manière trop réductrice nos pensées, le langage codifié tel que pratiqué communément est considéré par Wolman et Debord comme dépassé. Ce faisant, ils se placent en droite ligne à la suite d’Isidore Isou, l’auteur du Manifeste de la poésie lettriste (1942), qui écrit dans Introduction à une nouvelle poésie et à une nouvelle musique (ed. Gallimard, 1947) : « Les lettres de derrière les mots offraient les onomatopées primaires. Les mots d’avant nos mots devenaient les mécaniques (les données communes) d’un art neuf ; les signes de derrière nos signes nous redévoilaient la formation hiéroglyphique de notre écriture et se transformaient en métagraphique ». Le « détournement », en tant que bouleversement bénéfique, est la technique privilégiée par les Lettristes. À la fin des années cinquante, Guy Debord décide de poursuivre l’aventure sans Gil J. Wolman, et fonde l’Internationale situationniste. Cela ne freine en rien Wolman. Dans un contexte riche d’idées nouvelles dans les domaines des arts plastiques, des arts sonores et de la littérature, qui questionnent chacun avec leurs propres moyens les liens entre écriture et image (« cut-up » aux États-Unis, Nouveau roman et Nouvelle Vague en France), Wolman invente « l’art scotch » : au début des années soixante, il prélève avec du ruban adhésif des fragments de textes et d’images pour les reporter sur un nouveau support. Les évènements faisant les gros titres des journaux se retrouvent juxtaposés ou superposés. La rigueur des caractères d’imprimerie est bousculée, l’arrachage-recollage occasionnant des distorsions qui perturbent leur lecture et leur donnent le statut d’images. Quant aux photos, celles-ci perdent aussi leur vocation illustrative originelle. En privant ces éléments de leur contexte et en les rapprochant les uns des autres de manière artificielle, Wolman crée des compositions qui ouvrent de nouvelles perspectives narratives souvent teintées d’humour, voire de subversion.

Exposition organisée en collaboration avec la Galerie Lelong, Paris, et Seconde Modernité, Levallois-Perret.

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