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Les disputes de nos ancêtres

Posté par francesca7 le 1 juillet 2014

 

(D’après « Cahiers de l’Association internationale
des études francaises », paru en 1957)

 
 
images (27)Qu’y a-t-il de plus populaire — dans toutes les acceptions du terme populaire — que ces éléments du discours familier de toutes les époques et qui, depuis le Moyen Age jusqu’au classicisme, émaillent en particulier toute la littérature dialoguée ? Ardu mais riche d’enseignements est le décryptage de la formation et du sens de pittoresques expressions telles que Par la sang Dieu ! Si m’aït Dieus ! En nom de mi ! Par Manenda ! ou encore le curieux Vertuchoux ! juron de femmes des XVIIe et XVIIIe siècles

Si le sujet paraît frivole, il ne l’est que superficiellement, car la solution du problème que peut poser telle formule juratoire peut être plus riche d’enseignements sur la psychologie des sujets parlants, et sur le mécanisme linguistique en général, que la simple constatation que, par exemple, homme représente le latin hominembœuf le latin bovem, ou engin le latin ingenium, faits qui, pour être évidents, n’en sont pas moins censés dignes d’être énoncés et de trouver une place en des livres respectables.

La recherche étymologique des éléments du langage « normal » comporte, on le sait, une soumission docile et sans question aux rigueurs des soi-disant lois phonétiques, et se poursuit entre les limites des affiliations sémantiquement plausibles. Dans l’étude des jurons, au contraire, le linguiste opère sur un matériel où, à première vue, il semble que les règles du développement normal du langage aient cessé de jouer, dans un domaine où paraît régner une licence absolue, où tout n’est que caprice, fantaisie grotesque, cocasserie : « Par le sambre guoy de bois ! Corpe de galline ! Vertus d’autre que d’un petit poisson ! » dira Panurge ; et ce ne sont là que des spécimens à peine outrés de ce qui nous confronte dans ce domaine.

Cependant, à condition de se rappeler certains phénomènes du langage normal, à condition aussi de tenir compte de certains procédés de création analogiques qui caractérisent la vie de l’argot et même du langage populaire en général, on parvient, non pas, certes, à tout résoudre — loin de là — mais à mettre un certain ordre dans ce qui paraît n’être qu’arbitraire et confusion,

II est caractéristique en effet du langage juratoire de manifester sous une forme exagérée, hypertrophiée et souvent, pour ainsi dire, caricaturale, les phénomènes bien connus du langage régulier. Il est constant, notamment, que pour mettre en œuvre, pour manier le matériel linguistique dont l’homme dispose, il est obligé d’établir des catégories de mots à fonctions semblables, des noms de choses, des noms d’état ou d’action, des outils de présentation et de composition. Il est constant aussi qu’à l’intérieur de ces catégories il y a une tendance, plus particulièrement en morphologie, sinon vers l’uniformité, du moins vers une certaine régularité, qui se réalise le plus souvent par l’élimination de formes aberrantes, plus rarement par l’extension de formes qui, quoique « irrégulières », en tant qu’exceptionnelles, semblent présenter certains avantages comme marques distinctives d’une fonction.

On sait, par exemple, que les trois terminaisons latines — -ètis-itis avec i long ou bref — ont toutes été éliminées en faveur de -atis, au présent de l’indicatif des verbes français, comme l’ont été à l’imparfait -abam et -iebam en faveur de -ebam et, d’autre part, que le passé défini en -iet des composés de dare (rendre, vendre, etc.) et le subjonctif présent en -ge, des verbes comme sourdre et terdre, ont gagné d’autres verbes, grâce, en partie sans doute, à la qualité distinctive, au relief, que leur conférait leur irrégularité apparente.

Or, étant donné que la catégorie interjection et, notamment, la catégorie interjection juratoire, sont bien établies dans la conscience linguistique des sujets parlants, étant donné d’autre part que le juron est, de par son origine même, le domaine de l’indiscipline, voire de la révolte, nous pouvons nous attendre à des transferts analogiques autrement audacieux, à des croisements bien plus aventureux que ceux des catégories plus spécifiquement grammaticales.

On ne s’étonnera pas, par exemple, que sous l’influence de jurons fréquents comme Par la mort Dieu ! Par la vertu Dieu ! les mots sangcorps et ventre changent parfois de genre, pour paraître au féminin dans les jurons Par la cor(ps) Dieu ! Par la sang Dieu ! Par la ventre bleu ! (Exemples, soit dit en passant, qui rappellent le toute jour du Moyen Age, parallèle àtoute nuit, et qui rend vraisemblable l’explication du genre féminin qu’a pris en français, et partiellement en espagnol, le latin mare par association avec terra).

On acceptera même comme normal, dans ce domaine particulier, que ces changements associatifs s’étendent jusqu’à la syntaxe, que, par exemple, sous l’influence de jurer, qui, selon les époques, a des synonymes comme sacrerpestermaugréerrenier, on arrive à dire, sur le modèle de jurer Dieu que… :

« … et regnierent Dieu que lui et ses complices auroient mal soir. » (Cent nouvelles nouvelles, LXXXII.)

« S’il dit que non, dites : « Le vilain ment ! » / Renoyant Dieu que vous le destruirez. » (P. Michault, Le Doctrinal)

Une autre constante du langage en général, c’est celle de l’usure, de l’affaiblissement progressif qui atteint les termes émotifs ou hyperboliques — une mère inquiète estterriblement ou atrocement tourmentée ; il y a une éternité qu’elle n’a vu son fils ! Or le langage juratoire est le domaine par excellence de l’affectivité, et l’hyperbole l’une de ses figures de prédilection : ainsi, si, au Moyen Age, on peut se contenter de jurer par cent diables, il faut, pour satisfaire l’exubérance du XVIe siècle, mille millions de panerées de beaux diables (Du Fail), voire même cinq cent mille et millions de charretées de la même marchandise.

Le juron, donc, progressivement dévalorisé, finit par se vider sémantiquement et, de formule solennelle par laquelle on engageait sa vie, son salut éternel ou ceux de ses proches, devient une simple interjection, renforçant ou embellissant le discours. Parvenu à cet état de dépérissement sémantique, il peut subir aussi des modifications de forme qui le rendent méconnaissable, que ce soit des réductions dues à la fréquence même de son emploi et à l’indifférence « énonciatoire » qui en résulte, que ce soit des métissages, des contaminations provenant d’autres membres de sa catégorie, que ce soit enfin des transformations plus arbitraires, plus voulues, celles qu’effectue la simple fantaisie verbale des locuteurs.

Un bon exemple de dépérissement sémantique, et de la réduction, de l’oblitération formelles qui en résultent, c’est le sort du jurement Si m’aït Dieus ! formule, très énergique à l’origine, par laquelle on garantissait la vérité de son dire, la sincérité d’une promesse, ou la bonne foi de ses intentions : « Que Dieu me vienne en aide, dans la mesure, s’entend, où je dis la vérité, où je tiens mes engagements ». D’un emploi de tous les instants, à en juger par sa fréquence dans les textes, cette formule finit par se vider sémantiquement, par ne plus s’analyser, pour ne devenir qu’une simple interjection, formellement corrompue et réduite, et dont seule la dernière syllabe évoque le véritable serment d’autrefois.

Comment reconnaître, en effet, dans les formes abrégées midieuxmaidieu,mesdieux, que semble affectionner le langage féminin du XVe siècle, le verbeaidier de l’ancien français ? Au XVIIesiècle, on en abandonne l’emploi, mais il est permis peut-être de retrouver dans l’expression jurer ses grands dieux quelque chose de la variante (si) mes dieux du XVesiècle et, vu la facilité avec laquelle, dans les jurons, le Diable prend la place de son antonyme (on renie le diable aussi volontiers que l’on renie Dieu), il n’est nullement impossible que midieux, senti comme mille dieux, ait été pour quelque chose, sinon dans la genèse de l’expressionmille diables, du moins dans le succès dont elle a bénéficié et sa subséquente prolifération.

Le cas de Manenda ! autre juron affectionné par les femmes et qui se rencontre très souvent dans le théâtre des XVe et XVIe siècles, et qui s’emploie encore dans le peuple au XVIIe siècle est à la fois plus compliqué et plus intéressant. Il se présente sous une étonnante variété de formes : Enanda ! Anenda ! Anda ! Emmanenda !, Par nenda ! Par mon enda ! (en trois mots), Par mandea ! et d’autres encore, à côté de Manenda ! que nous avons pris comme type. Il n’y a guère d’exemple plus instructif des phénomènes de dépérissement sémantique et de métissage dont il a été question plus haut.

Le désarroi de ses variantes suffit à en révéler la complète dévalorisation sémantique. Visiblement on ne le comprend plus. Pour en trouver la source première, il faut remonter au juron En nom Dieu ! (in nomen Deum) du Moyen Age, juron que proféraient sans sourciller les belles châtelaines (voir le Lai de l’Ombre) et que se permettait Saint-Louis lui- même, cet ennemi acharné des jureurs — sous une forme mitigée, euphémique, il faut le dire, En nom de mi ! et cela seulement jusqu’au moment où on lui en fit reproche.

C’est donc la forme Enanda ! ou Anenda ! qui a le mieux conservé les éléments sonores du juron médiéval : les deux consonnes s’y retrouvent encore, mais la voyelle de nom s’est affaiblie ou altérée et dieu(s) a pris la forme de la particule affirmative da de oui-danennin-da, dont le premier a survécu jusqu’à nos jours. Devenu inintelligible et ne s’analysant plus,Anenda ! se croise avec un autre juron affirmatif, Par mon âme ! de là Par Manenda ! et de là enfin Manenda ! sans préposition, à l’exemple de Mordieu ! pour Par la mort (de) Dieu ! et quantité d’autres.

images (28)D’autres phénomènes du langage juratoire rappellent, avons-nous dit, certains procédés caractéristiques de l’argot. Les avatars euphémiques du mot dieu, tombé lui-même au rang d’un simple suffixe par suite de cette dévalorisation sémantique dont nous avons parlé, les -gue-goy-guien-dienne-guienne des jurons paysans Palsangué ! Vertuguoy ! Tatiguienne ! etc., ou des formes comme Menimes ! Métriques ! pour (Par) mon âmeprésentent une certaine analogie avec les procédés de suffixation chers à l’argot. Mais c’est surtout l’utilisation fréquente de la dérivation ou substitution synonymique, procédé caractéristique de l’argot comme du langage populaire en général, qui permet de rapprocher les deux domaines. Ainsi on ne se contentera pas de jurer par le chef Dieula tête Dieule cœur Dieu ou le corps Dieu, on y ajoutera toute une série de jurons anatomiques dont Par le ventre ! Par la rate ! sont des exemples relativement modestes. Pour faire figure dans le monde, dit Michault :

Pourtant convient que tu extrayes
Les membres de Dieu de son corps,
Fréquentant de jurer ses playes,
Le sang, la mort…

On ne saurait terminer ce rapide exposé sans s’ arrêter un instant sur la facilité étonnante et souvent déroutante avec laquelle les éléments des différents jurons se remplacent les uns les autres, chose qui encore une fois s’explique par la diminution progressive de leur portée sémantique ainsi que par l’étroite solidarité du groupe. Quelques exemples : Cordieu ! par calembour — car le calembour joue son rôle ici, tout comme dans l’argot — devientCorbille ! forme ancienne et dialectale de corbeille. On aura donc Par la sambille ! Par la ventre bille ! (Marivaux, La Surprise de l’amour) ; Par la mort ! amène Par la jarny ! ;Têtebleu ! par l’attraction de Tudieu ! forme tronquée de Vertudieu ! devient Têtubleu ! ;Pardieu ! devenu à peine plus fort que Par ma vie ! ; Jarnidieu ! (je renie Dieu) devientJarnimavie ! ; Mortdieu ! Mort ma vie ! ; Merci Dieu ! Merci de ma vie ! ; Vertudieu ! Vertu de ma vie ! etc.

Mort de ma vie ! étant affectionné par les dames du grand siècle (Madame de Sévigné), et De ma vie ! étant devenu équipollent à de Dieu, voici l’expression jour de ma vie qui se transforme en juron pour produire Jour de Dieu ! juron de la mégère, Madame de Sotenville, dans George Dandin, de la rageuse Madame Pernelle du Tartuffe et que l’on retrouve trois fois, sauf erreur, chez Marivaux : deux fois prononcé par des femmes — par Madame Sorbin (femme d’artisan, s’ adressant à sa fille), dans La Colonie : « Comment soumise, petite âme de servante, jour de Dieu ! Soumise, cela peut-il sortir de la bouche d’une femme ? » (scène V) ; et dans une réplique de la suivante Cathos de la Provinciale (scène XVII), (si tant est que l’attribution de cette pièce à Marivaux soit exacte) ; une fois par un homme : Arlequin, dans Le Prince travesti, II, 11.

Et voici pour terminer deux étymologies qui ne sembleront plausibles que dans la mesure où l’on accepte comme normaux ces chassés-croisés d’éléments. D’abord,Vertuchoux ! juron surtout de femmes, et bien connu des lecteurs de la comédie du XVIIe et du XVIIIe siècles. Comment chouxoccupe- t-il ici la place de dieu ou de ses variantes, -bieu-bleu-gué-guoy-guienne, etc. ? C’est que chou, comme nom du légume, est concurrencé, dans la Wallonie par exemple, par cabus, un dérivé de caput « tête ». C’est que l’on parle de choux pommés ou cabus comme d’une variété appréciée et importante. C’est que pomme pour tête est de la meilleure langue populaire.

C’est que Tête ! (tout seul) , comme Jarny !pour Jarnidieu ! est une abréviation courante pour Têtedieu ! ou Têtebleu !Dieu aussi s’emploie tout seul. Tête etDieu, également désémantisé, peuvent se remplacer l’un l’autre. Et chou, le chou pommé, peut en cette capacité remplacertête. Un texte de Rabelais nous le montre en effet dans ce rôle : « Chou ! dist frère Jean, ils s’en repentiront, dondaine, ils s’en repentiront dondon : beuvons, amis ! » (Livre V, ch. VI)

Le chou de Vertuchoux ! qui à première vue ne semble être qu’un suffixe fantaisiste est leChou ! de Rabelais, lequel n’est qu’une substitution synonymique ou métonymique de Tête !C’est bien compliqué, dira-t-on, mais il ne faut pas chercher la simplicité dans ce domaine, et le cas suivant est, sinon plus compliqué, du moins plus étonnant. Il s’agit du mot diantre, d’une histoire qui pourrait s’intituler « Le Triomphe de Lucifer ».

Dans la troisième des Dix Conférences en patois de la banlieue parisienne, publiées par Rosset, on rencontre un juron que Rosset lui-même n’a pas relevé, à savoir Guian ! Qu’est-ce que Guian ? On sait que dans la langue populaire de l’époque on prononçait guiable ouguieble pour diableguieu pour dieuétuguié pour étudié, etc. Guian représente donc la forme populaire de dian. Et dian ? Dian, c’est la prononciation plus vulgaire de ce qui dans la langue supérieure se prononce dien (cf. rian pour rienbian pour bien), c’est-à-dire le latin diem, prononciation bien attestée par Thurot et d’autres.

Et que vient faire diem dans cette histoire ? « Si j’en ay ? respond l’Apothicaire : ouy perdiem, du plus beau. » (Du Fail, BalivernesPerdiem, c’est-à-dire Pardieu ! A propos de per dies ! variante qui se lit dans la Nouvelle LXV des Contes de Des Périers : « Laisse faire, dit le régent. Per dies ! elle en aura », l’éditeur Jacob fait le commentaire suivant : « Au lieu deper deum, jurement déguisé. On dit encore pardienne, qui vient de per diem. Un bon curé disoit que c’étoit le jurement de David, et le prouvoit par le verset 6 du pseaume 120 : Per diem sol non uret te. »

Ainsi, diandien et dienne sont des euphémismes pour dieu ; et dienne, qui doit représenter une prononciation de diem à mi- chemin entre la prononciation ancienne et la prononciation réformée, figure bien dans de nombreux jurons : Feston dienne ! (Rabelais) pour festum deum, (par la) fête Dieumordienne ou, forme paysanne, morguienne, etc. Pour en revenir à dian, celui-ci, sous sa forme paysanne guian, ne sert, à chacune des onze fois qu’il paraît dans notre texte, qu’à fournir le déclenchement vigoureux d’une phrase. Il n’a plus de sens réel, à proprement parler.

Il est donc tout prêt à subir l’un de ces métissages caractéristiques de notre famille. Il se croise en effet avec un autre mot déclencheur, Ventre ! Il devient diantre. Mais comment a-t-il pu changer de sens ? Comment, de dieu qu’il était, devenir diable ? C’est que dans ce domaine particulier, les mots dieu et diable ne désignent plus celui qui règne dans les cieux et le prince des ténèbres, ce sont simplement des pièces interchangeables d’un mécanisme d’expression affective : on jure de téléchargement (1)par le diable, comme de par Dieu, par la mort de diable (Du Fail, Balivernes) comme par la mort de Dieu, on renie, nous l’avons vu, et l’on avoue le diable comme on renie et avoue Dieu ; et Diable ! et Dieu ! servent également d’interjections introductrices de phrases : il s’agit de simples substitutions de mots, facilitées d’ailleurs en l’espèce par l’identité des initiales et l’influence qu’exercent souvent l’un sur l’autre deux antonymes. Il n’est nullement question d’un surcroît de sacrilège, encore moins de manichéisme ! Diantre, ainsi allongé et rapproché formellement de diable s’enrichit d’un nouveau sémantisme qui vient occuper la place que l’euphémie et l’usure conjointes avaient rendue vide.

L’étymologiste qui s’aventure dans le jardin des jurons français, dans l’attente d’y trouver un délassement parmi ses floraisons étranges, ses statues grotesques et rieuses, risque bien de se perdre dans ses allées tortueuses, si encore il a eu la chance d’éviter toutes les chausse-trapes qui le guettent.

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Châtiments corporels dans les collèges d’autrefois

Posté par francesca7 le 1 juillet 2014

 

(D’après « Le Petit Journal illustré », paru en 1913)

 
images (25)Les collégiens d’autrefois étaient, de tous les travailleurs de ce temps, les seuls qui ne fussent jamais assurés de jouir du repos hebdomadaire, la retenue du dimanche leur étant parfois infligée au titre de sévère punition. Une leçon mal sue, un devoir mal fait, une distraction à l’étude, etle mauvais élève se voyait consigné mais également fouetté. Il n’est pas jusqu’aux jeunes rois qui aient eu à subir ce moyen réputé infaillible à exciter le zèle au travail…

Chacun sait que le premier collège parisien fut créé au XIIIe siècle par Robert de Sorbon, chapelain de Saint-Louis, dans des bâtiments que le roi lui avait donnés pour cet usage, et qui se trouvaient situés en face du palais des Thermes, dans une rue qui portait un assez vilain nom : elle s’appelait rue Coupe-Gueule. C’est sur cet emplacement même que s’élève aujourd’hui la Sorbonne.

Robert de Sorbon avait fondé ce collège pour préserver les étudiants, déjà nombreux au Quartier Latin, des mauvaises fréquentations qu’ils y contractaient, et pour les arracher à l’exploitation dont ils étaient victimes de la part des gens qui les logeaient. Bientôt l’exemple donné par le chapelain porta ses fruits. D’autres collèges furent fondés par des évêques, par des prêtres.

Chacun de ces collèges abritait généralement des étudiants de même origine. Les étudiants du pays de Caux habitaient un collège fondé, en 1268, dans une maison de l’actuelle rue de la Harpe par Guillaume de Saône, trésorier de l’église de Rouen ; ceux des diocèses de Coutances, Evreux et Bayeux étaient réunis dans un asile créé par Raoul d’Harcourt, archidiacre des églises de Rouen et de Coutances. L’établissement deviendra le lycée Saint-Louis. Sur l’emplacement de la bibliothèque Sainte-Geneviève s’élevait le collège de Montaigu, fondé également par un prélat normand.

Bientôt, les écoliers de chaque région de France eurent leur collège : et il en fut de même pour les étudiants venus de l’étranger. Le collège d’Upsala réservé aux Suédois fut fondé en 1315 ; celui des Ecossais, habité uniquement par les jeunes gens de cette nation, ouvrit ses portes en 1323.

Une discipline des plus sévères régnait dans toutes ces maisons, t les écoliers y menaient une vie des plus rudes. Alfred Franklin, le savant bibliothécaire de la Bibliothèque Mazarine, qui a étudié la vie d’autrefois dans les écoles et collèges, nous en donne une idée, en résumant la règle du collège de Montaigu, un des plus terribles pour l’austérité de sa discipline.

« Les jeunes écoliers, dit-il, ne devaient jamais boire de vin ; un demi-hareng ou un œuf constituaient le menu invariable de leur repas. Les grands étaient mieux traités ; en raison de leur âge et du long travail exigé d’eux, la règle leur accordait : le tiers d’une pinte de vin, la trentième partie d’une livre de beurre, un plat composé de légumes communs cuits sans viande, un hareng ou deux œufs, et pour dessert un petit morceau de fromage. Le personnel entier, sans exception, faisait toujours maigre et observait tous les jeûnes prescrits par l’Eglise ».

Vous plaît-il de savoir quelle était généralement dans ces collèges, la distribution de la journée ? Voici. A 4 heures du matin, lever. Un élève de philosophie, chargé des fonctions d’éveilleur, parcourait les chambres, et, en hiver, y allumait les chandelles. De 5 à 6 heures, leçon. De 6 à 7 heures, premier repas composé d’un petit pain. De 7 à 8 heures, récréation. De 8 à 10 heures, leçons. De 10 à 11 heures, discussion et argumentation. A 11 heures, dîner accompagné d’une lecture de la Bible ou de la Vie des Saints. Le chapelain disait le Benedicite et les Grâces, auxquels il ajoutait une exhortation pieuse. Le principal prenait ensuite la parole, adressait les éloges ou les blâmes aux élèves, annonçait les punitions, les corrections méritées la veille.

De midi à 2 heures, révisoin des leçons, travaux divers. De 2 à 3 heures, récréation. De 3 à 5 heures, leçon. De 5 à 6 heures, discussion et argumentation. A 6 heures, souper. A 6 heures 12, examen du travail de la journée. A 7 heures 1/2, complies. A 8 heures en hiver, à 9 heures en été, coucher.

C’étaient là, comme vous voyez, des journées bien remplies. Les élèves n’avaient jamais un jour entier de repos. Deux fois par semaine, le mardi et le jeudi, on les menait en promenade l’après-midi. Généralement, c’était au Pré-aux-Clercs qu’ils allaient se divertir à toutes sortes de jeux. Quant aux jours de fêtes, ils se passaient en exercices de dévotion. Les vacances, qui ne s’appelaient par alors les vacances, mais les Vendanges, avaient lieu au mois de septembre. C’est la seule époque où les jeunes gens pouvaient retourner dans leurs familles. Ils demeuraient au collège tout le reste de l’année.

Ce régime en vigueur aux premiers âges de l’Université, ne s’adoucit pas dans les siècles qui suivirent. Au milieu du XVIe siècle, un jeune gentilhomme, Henri de Mesmes, est élève du collège de Toulouse. « Nous étions, écrit-il, debout à quatre heures, et, ayant prié Dieu, llions à cinq heures aux estudes, nos gros livres sous le bras, nos écritoires et nos chandeliers à la main. Nous oyions toutes les lectures jusqu’à dix heures sonnées, sans nulle intermission ; puis venions dîner.

« Après dîner, nous lisions, par forme de jeu, Sophocles ou Aristophanus ou Euripides, et quelquefois Demosthènes, Cicero, Virgilius, Horatius. A une heure aux estudes ; à cinq, au logis, à répéter et voir dans nos livres les lieux [les passages] allégués, jusqu’après six. Puis, nous soupions et lisions en grec ou en latin ». Avouez que ce jeune étudiant ne perdait guère son temps. Mais aussi, comme il était savant ! A douze ans, il récitait Homère par cœur d’un bout à l’autre et faisait très facilement les vers latins et les vers grecs.

Ces procédés d’éducation devaient épuiser rapidement les enfants faibles, mais ils faisaient de véritables savants de ceux qui étaient assez forts pour en supporter la fatigue. La plupart s’y pliaient, d’ailleurs, avec enthousiasme. Jamais la fièvre de savoir ne suscita plus d’ardeurs que chez les écoliers du temps de la Renaissance. Quant à ceux qui s’y montraient réfractaires et qui témoignaient d’un esprit d’indiscipline, les maîtres avaient un moyen infaillible pour exciter leur zèle et pour les rendre sages et attentifs à leurs leçons.

Ce moyen, c’était le fouet. Le fouet fut l’élément indispensable de la discipline dans l’éducation du temps passé. On trouve le témoignage de son importance jusque dans les sculptures symboliques des églises. Il y a, à la cathédrale de Chartres, dans les voussures d’une porte, une figure de la Grammaire, représentée par une femme qui tient, dans sa main droite, une verge et dans sa gauche un livre. Deux écoliers sont accroupis à ses pieds : l’un étudie, l’autre tend la main pour recevoir une correction.

Le confesseur de la reine Marguerite, dans son récit du Quinzième Miracle de Saint-Louis, écrit : « Les enfanz sont batus aux escoles quand ils ne sçavent leurs leçons. » Et il ajoute que « le roi lui-même avait tous jours son mestre qui li enseignoit letres, et le batoit aucunes fois pour li enseigner cause de decepline. » Cette règle de discipline n’épargnait pas plus les fils et filles de princes que les enfants des roturiers.

Marguerite de Valois assure dans ses Mémoires que si elle a bien appris le latin en son enfance, c’est que ses précepteurs ne lui ont jamais épargné le fouet. On sait ce qu’en pensait Henri IV. Il déclarait avoir été fort fouetté dans son enfance et s’en être bien trouvé. Et il voulait que son fils fût fouetté de même.

« Je me plains de vous, écrivait-il le 14 novembre 1607 à Mme de Montglat, gouvernante du Dauphin, je me plains de vous de ce que vous ne m’avés pas mandé que vous aviés fouetté mon fils ; car je veulx et vous commande de le fouetter toutes les fois qu’il fera l’opiniastre ou quelque chose de mal, saichant bien par moy-mesme qu’il n’y a rien au monde qui luy face plus de profict que cela, ce que je recognois par expérience m’avoir profité ; car, estant de son aae, j’ay esté fort fouetté. C’est pourquoy je veulx que vous le faciés et que vous luy faciés entendre »

Conformément au vœu paternel, le futur Louis XIII fut maintes et maintes fois fouetté. Lisez le Journal tenu par Héroard, son médecin, et vous verrez qu’en son enfance il fut fouetté presque aussi souvent que purgé ou saigné. Il était déjà monté sur le trône qu’on le fouettait encore. Le 15 mai 1610, il est proclamé roi ; le 17 octobre, il est sacré à Reims. Cela ne l’empêche pas d’être encore fouetté le 10 mars 611, pour s’être opiniâtré contre M. de Souvré, son gouverneur.

images (26)Louis XIV fut fouetté ; le régent fut fouetté. Sa mère, la princesse Palatine, écrivait en 1710 : « Quand mon fils était petit, je ne lui ai jamais donné de soufflets, mais je l’ai fouetté si fort qu’il s’en souvient encore. »

Alors qu’on fouettait ainsi délibérément les princes, les princes et jusqu’aux jeunes têtes couronnées, comment eût-on épargné le fouet aux enfants des écoles et aux jeunes gens des collèges ? A la vérité, on ne le leur épargnait guère. Il y avait même, dans le personnel des collèges, un fonctionnaire spécial chargé d’appliquer le fouet aux élèves. A la fin du XVIIIesiècle, un certain Chevallier émargeait sur la liste du personnel du collège Mazarin pour la somme de 150 livres, avec le titre de « frotteur de la Bibliothèque et Correcteur. »

 

Il paraît même que les correcteurs n’y allaient pas toujours de main morte, car, dès le XVIe siècle, des protestations s’élèvent contre les brutalités dont les enfants sont parfois victimes dans les collèges. Rabelais s’en fait l’écho au livre premier de Gargantua. Ponocrates parlant à Grandgousier de ce collège de Montaigu où sévissait la discipline la plus rude de tous les collèges de la capitale, lui dit : « Si j’estois roy de Paris, je mettrois le feu dedans et ferois brusler et principal et regens qui endurent ceste inhumanité devant leurs yeux esre exercée. »

Montaigne élève la même protestation : « Vous n’y oyez, dit-il en parlant des collèges, que cris, et d’enfans suppliciez et de maistres enivrez en leur colère, les guidant d’une trogne effroyable, les mains armées de fouets ». Le roi donnait une bourse au collège de Navarre ; mais croyez-vous que cette bourse était attribuée à un écolier ? Pas du tout : on l’employait « en achapt de verges pour la discipline scolastique. »

Ces traditions, qui remontaient au début de l’Université, se conservèrent intactes jusqu’à la Révolution. Mercier s’en indigne dans sont Tableau de Paris qui vit le jour en 1782. « On tourmente l’aimable enfance, écrit-il, on lui inflige des châtiments journaliers. La faiblesse de cet âge ne devrait-elle pas intéresser en sa faveur ? Pénétrons dans l’intérieur de ces écoles. On y voit couler des pleurs sur des joues enfantines ; on y entend des sanglots et des gémissements ; on y voit des pédagogues dont l’aspect seul inspire l’effroi, armés de fouets et de férules, traitant avec inhumanité le premier âge de la vie ».

Cependant, les humanistes, les maîtres de la pédagogie, n’osent pas encore réprouver complètement le châtiment du fouet. Le bon Rollin, dans son Traité des Etudes, reconnaît qu’il a « quelque chose d’indécent, de bas et de servile », et qu’appliqué hors de saison ou sans mesure, il fait plus de mal que de bien ; mais il s’empresse d’ajouter que sa pensée n’est point qu’il faille y renoncer.

« Je n’ai garde, dit-il, de condamner en général le châtiment des verges. Je conclu que cette punition peut être employée, mais qu’elle ne doit l’être que rarement et pour des fautes importantes. Il en est de ces châtiments comme des remèdes violents qu’on emploie dans les maladies extrêmes. Ils purgent, mais ils altèrent le tempérament et usent les organes. Une âme menée par la crainte en est toujours plus faible ».

Quant à tous les autres genres de pensums, quant aux retenues, aux consignes, au séquestre, aux privations de sorties, bien des années devaient passer encore avant qu’on songeât à en diminuer les excès.

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