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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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A Clawettes, il était un meunier

Posté par francesca7 le 21 juin 2014

 

Les légendes d’Ourthe-Amblève – Frédéric Kiesel

Les Ardennais ne sont pas connus comme des gens bavards. Mais le meunier des Clawettes était-il ardennais? Les gens de Ville-du-Bois et de Vielsalm se demandaient d’où venait cet étrange petit homme, sec comme une trique. Il semblait être fait de peau tannée, ridée, collée à même les os. Si on n’est pas très expansif, on est curieux. Et poli.

Curieux, les villageois de la Salm l’étaient comme tout le monde. Mais poli, lui l’était fort peu. Il ne devait pas être du pays, car il ne disait pas bonjour ou à peine, et ne répondait que par oui et non, quand on lui parlait. Connaissait-il vraiment le parler de chez nous? On n’en était pas sûr. Les quelques bribes de wallon qu’on parvenait à tirer de lui, il les prononçait avec un accent bizarre. Des mots étrangers s’y mêlaient.

images (3)Le moulin qu’il avait bâti aux Clawettes près de la Salm était aussi bizarre que lui: tout petit, à peine plus grand qu’une maison pour des nutons.

Il avait voulu y faire tout lui-même, car il était travailleur, le bougre, et avare avec cela. Pour les murs et le toit, il se débrouilla bien. Quand il s’agit de tailler les meules, il en réussit une. Pour la seconde, il eut tous les ennuis de la terre: son ciseau se brisa sur une pierre trop dure, après en avoir fendu une autre, trop fragile.

Le bonhomme s’acharna là-dessus toute une semaine. Il se serait fait tuer plutôt que de demander aide ou conseil à un homme du village.

Il venait enfin de réussir une meule parfaite, ni trop grande ni trop petite, creusée où il faut, lorsque, d’un dernier coup, il la fit éclater en quatre morceaux.

Jurant tous ses mille tonnerres, le meunier jeta ses outils avec rage et s’écria:
– Que le diable s’y mette!
Le diable n’est jamais loin, et il a de bonnes oreilles. Quand on l’appelle à l’aide, même sans penser à ce qu’on dit, il vous prend au mot. À peine le meunier avait-il fermé la bouche que Lucifer était là, sorti d’on ne sait où.
– Je suis à ton service, lui dit-il en s’inclinant légèrement, avec une courtoisie un peu railleuse de grand seigneur. Que puis-je faire pour t’aider?
Surpris, le meunier eut-il peur ou fut-il content? Toujours est-il qu’il prit rendez-vous avec le Malin pour la nuit du lendemain, au bord d’un étang qui a gardé le nom de «mare au diable». Sur un parchemin noir comme la cape et le cœur de son partenaire, le meunier des Clawettes signa un pacte avec son sang. Contre son âme, dans vingt-cinq ans, il recevrait à l’aube un grand moulin tout neuf, deux chariots et leurs chevaux et un grand sac de pièces d’or pour les premiers salaires de ses valets.

En ce temps-là, les meuniers avaient la réputation d’être des gens malhonnêtes, sans conscience, qui ne donnaient jamais le poids juste de farine aux fermiers qui leur faisaient moudre du grain. La conscience de l’homme de Clawettes ne devait pas être bien délicate: il dormit comme une masse. Ce n’était pas, on en conviendra, le sommeil du juste.

Son réveil fut bien agréable. Un soleil vif brillait dans un ciel d’un bleu de paradis, transparent comme après un orage. Son petit moulin, dont chacun riait sous cape, était devenu un vaste bâtiment tout neuf, au toit de belle ardoise. Un bief aux berges bien droites amenait l’eau sur les pales d’une grande roue de chêne, qui actionnait deux paires de meules, broyant un grain venu d’on ne sait où, car le meunier n’avait ni champs, ni clients.

Des chevaux piaffaient d’impatience, attelés à deux chariots portant, en belles lettres bleues, l’inscription «Moulin des Clawettes». Deux gaillards au teint sombre, basanés comme Lucifer, et peut-être bien de sa famille, n’attendaient qu’un signe pour aller chercher les sacs de grain dans les villages.

Le petit meunier, que le cadeau du diable n’avait pas rendu plus bavard, leur dit d’aller. Puis il s’assit sur un talus où affleurait le schiste. Il contemplait son nouveau bien avec un sourire bizarre. C’était l’un de ces hommes au visage dur que le sourire défigure et enlaidit.

images (4)Le patron des Clawettes eut souvent ce vilain sourire. Éblouis par le nouveau moulin, le plus beau et le plus grand entre Bastogne et Aix-la-Chapelle, les clients affluaient de partout. Les meules tournaient jour et nuit. On attendait son tour. Mais ce qui semblait procurer le plus de plaisir au meunier, c’était d’apprendre la ruine, en quelques mois, de tous ses confrères alentour. Jadis, ils s’étaient moqués de sa minable installation. Maintenant, désertés par les clients, leurs moulins périclitaient. Quelques-uns devinrent petits fermiers, mais personne ne leur prêtait d’argent pour acheter des bêtes à la foire de Saint-Jacques. D’autres s’engagèrent comme ouvriers dans les tanneries de Stavelot et de Malmedy, travaillant dur pour gagner peu.

Mais le temps passe vite, même lorsque chaque heure semble sonnée par un thaler d’or. Vingt-cinq ans après la nuit du pacte signé de son sang à la mare au diable, le meunier dormait, d’un sommeil bercé par le bruit des meules. Un orage subit éclata, que rien ne laissait prévoir. La foudre tomba sur le moulin des Clawettes qui flamba comme s’il eût été de paille. Les valets eurent le temps de se sauver: on les vit fuir on ne sait où, sur terre ou en enfer.

Du meunier, on ne retrouva rien entre les pans de murs noircis qui fumèrent trois jours: pas un os, pas un clou de bottine.

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Des Circuits de belles découvertes en Meuse

Posté par francesca7 le 20 juin 2014

 

Territoire aux grands espaces, dont le tiers est recouvert de forêt, la Meuse est prédestinée à la randonnée. Elle compte plus de 4500 km de chemins protégés dont 800 km balisés. Ce réseau de chemins est accessible à tous, randonneurs et passionnés du milieu naturel. Deux sentiers de grande randonnée traversent la Meuse : le GR 14 et le GR 714, un réseau de 800 km de sentiers de pays et quatre sentiers thématiques accessibles à pied, à cheval et à VTT.

 

LE VENT DES FORÊTS
Six villages forestiers accueillent depuis 1997 des artistes internationaux en résidence estivale. Fruits de ces séjours, plus de 130 oeuvres ont été créées le long des 45 kms de sentiers spécifiquement balisés et librement accessibles de mars à septembre. Riches de la rencontre des démarches personnelles des artistes et de notre milieu rural et sylvestre, les oeuvres du Vent des Forêts ponctueront votre cheminement de moments de grâce, de surprise, de plaisir ou de questionnement. Parcours-conférence sur réservation. plus d’infos ici : http://leventdesforets.org 

CIRCUIT DE LA MIRABELLE
Sur 60 km, ce circuit vous permet de partir à cheval et à VTT à la découverte des Côtes de Meuse et des Hauts de Meuse. Au programme : un panorama superbe sur le village médiéval d’Hattonchâtel et sur la vallée de la Meuse. Vous traverserez vignobles et vergers, vous visiterez les caves de nos producteurs de vin. Vous découvrirez le massif forestier des Hauts de Meuse, les pelouses calcaires de Génicourt sur Meuse et vous vous offrirez des vues imprenables sur la plaine de la Woëvre.
Durée : 2 jours – hébergement possible en gîte de randonnée ou en hôtel.
>> Télécharger le circuit… (7.5 M). 

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CIRCUIT JEANNE D’ARC
Créé en 1995, le Circuit Jeanne d’Arc, ouvert à tous les types de randonneurs, propose 80 km de sentiers chargés d’histoire. On y découvre la maison natale de Jeanne d’Arc, la chapelle de Bermont où elle venait se recueillir, Montigny-lès-Vaucouleurs où elle acheta son cheval, Vouthon, le village natal de sa mère Isabelle Romée et bien sûr Vaucouleurs « la cité qui arma Jeanne d’Arc ». Durée : 2 jours – hébergement possible en gîte de randonnée ou en hôtel.

CIRCUIT LES MARCHES DE MEUSE

Ce circuit aux Marches de Meuse vous emmène au pays du houblon et des fortifications.
Ce houblon, ingrédient indispensable de la bière, vous le découvrez au Musée Européen de la Bière de Stenay. Vous en apprécierez la qualité en dégustant une bière brassée localement : la Charmoy.
Ces fortifications, signe que ce pays est une terre de frontière :
– La citadelle de Montmédy

- Les châteaux de Charmois

- Le château d’Imécourt à Louppy sur Loison qui accueillit Louis XIV en 1657.
– Les vestiges de la citadelle de Jametz où les troupeaux paissent paisiblement.
Et voir aussi le charme de la citée espagnole de Marville. 

 

CIRCUIT SAILLANT DE SAINT-MIHIEL
Secteur stratégique essentiel de 1914 à 1918, le Saillant de Saint-Mihiel conserve les stigmates des terribles combats qui s’y sont déroulés pendant 4 ans. Le Bois d’Ailly, le Bois Brûlé et la Tranchée de la Soif témoignent des souffrances endurées par les combattants.
Site exceptionnel, les Tranchées des Bavarois et de Roffignac, dont les aménagements restent intacts depuis 90 ans, ressuscite le temps d’une visite le quotidien des soldats des deux camps.
Durée : 1 jour

Les sentiers de randonnée

Les 800 kilomètres de chemins balisés qui vous attendent, que ce soit le long du GR14 (balisage rouge et blanc), du GR 714 (balisage rouge et blanc), du GR 703 (balisage rouge et blanc) ou des GR de Pays (balisage rouge et jaune), sont autant de chances et d’opportunités de découvrir le terroir meusien, ses forêts, ses monuments discrets… autant de chances de surprendre un chevreuil au coin du bois, d’observer le faucon crécerelle dans sa quête de nourriture, d’apercevoir un renard cherchant un abri… mais c’est aussi la certitude de trouver le soir venu une table accueillante et une chambre confortable.


LA ROUTE LIGIER RICHIER, sculpteur de la Renaissance
 (en voiture)

C’est en Meuse, à Saint-Mihiel, que naquit un des plus remarquables sculpteurs du 16ème siècle : Ligier Richier. Ses oeuvres inestimables sont toujours visibles à Saint-Mihiel, Bar-le-Duc, Clermont-en Argonne, Etain, Génicourt-sur-Meuse et Hattonchâtel. La Route Ligier Richier offre l’occasion de parcourir la Meuse sur le thème des plus belles sculptures de la Renaissance Lorraine.

Brochure disponible sur simple demande dans le formulaire Brochures et Documents.

 

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La pharmacie Art Nouveau en Meuse

Posté par francesca7 le 20 juin 2014

 

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A la fin du XIXème siècle apparaît l’Art Nouveau. Il s’agit d’un vaste mouvement artistique de rénovation des arts décoratifs et de l’architecture, ainsi que du mobilier, des bijoux, de la littérature… L’Art Nouveau se distingue par son style original : ses artistes sont retournés à l’observation de la nature, s’inspirant des insectes et de la végétation, mais aussi des édifices gothiques et des estampes japonaises.

Voir le site : http://la-lorraine-se-devoile.blogspot.fr/2009/08/pharmacie-art-nouveau-commercy-meuse.html

A la fin du XIXème siècle apparaît l’Art Nouveau. Il s’agit d’un vaste mouvement artistique de rénovation des arts décoratifs et de l’architecture, ainsi que du mobilier, des bijoux, de la littérature… L’Art Nouveau se distingue par son style original : ses artistes sont retournés à l’observation de la nature, s’inspirant des insectes et de la végétation, mais aussi des édifices gothiques et des estampes japonaises. Un goût particulier pour les lignes sinueuses, courtes, élégantes et extravagantes s’est ainsi développé.

Au début du XXème siècle, un pharmacien commercien, Adrien Recouvreur, administrateur de la Caisse d’Epargne de la ville propose de faire appel à Victor Prouvé pour décorer les plafonds de la salle du conseil d’administration de la nouvelle Caisse d’Epargne. Un autre pharmacien Georges Malard, choisit de faire appel à Eugène Vallin pour aménager l’officine qu’il veut créer à Commercy. Au même moment le conseil municipal d’Euville décide de construire une nouvelle mairie et confit le projet à Henri Gutton.

Prouvé, Vallin, Gutton, quelques uns des plus grands noms de l’Ecole de Nancy vont travailler au Pays de Commercy
En 1890, on pose la première pierre de la nouvelle église Saint Pierre et Saint Paul. Le projet est réalisé en moins de deux ans. Au nombre des artisans qui y ont collaboré, le maître verrier Emmanuel Champigneulle et l’ébéniste Eugène Vallin. C’est leur première commande publique en Meuse.

Si l’Art Nouveau a choisit Nancy pour fonder sa grande Ecole en France, cette dernière a fait des émules un peu au delà. On connaît Euville, en Meuse, où l’Hôtel de Ville en est une concrétisation. Cela s’explique par la présence d’une des plus grandes carrière de pierres meusiennes qui permit de construire une grande partie de Nancy, notamment à l’époque Art Nouveau.

A côté d’Euville se trouve Commercy. On l’a connaît pour sa madeleine ou son château, elle possède aussi quelques perles issues de l’Art Nouveau.

Parmi elles, la pharmacie de la place du Général De Gaulle. C’est Eugène Vallin, maître de l’Ecole de Nancy, qui a conçu et réalisé cette devanture et ce magasin pour le moins étonnant en 1907. Pharmacie depuis toujours, son état de monument classé devrait lui conférer cette fonction pendant encore longtemps.

Bel exemple de ce qu’à pu être l’Art Nouveau mais aussi une bonne raison d’avoir le regard toujours observateur lorsque l’on déambule dans une ville.

Plus de renseignements : http://www.commercy.org/commercy.htm

 

La Mairie d’Euville
Plusieurs fois repoussée, la décision de construire une nouvelle mairie est prise en 1900. Le projet confié à Henri Gutton.  Pour le conseil municipal, cette nouvelle mairie, la seule commande publique confiée à l’Ecole de Nancy, doit être conçue comme une véritable publicité pour la pierre d’Euville, la pierre qui a fait la fortune du village. Certains alors n’hésitent plus à affirmer que c’est la plus riche commune de France !

En 1901, un premier projet est présenté et l’appel d’offres lancé. Mais le projet prend du retard. En 1903, Gutton fait appel à Eugène Vallin pour le remodelage de la façade principale. C’est à lui que l’on doit l’aspect plus résolument Art Nouveau de l’édifice. C’est dans les aménagements intérieurs, approuvés en 1906, que l’on retrouve nombre de chefs de file de l’Ecole de Nancy : Vallin intervient dans la décoration du vestibule d’entrée et de l’escalier d’honneur puis dans le décor sculpté de la salle des fêtes ; les luminaires sont des frères de Majorelle ; utilisant les verres américains, Emmanuel Champigneulle réalise les vitraux de la salle des fêtes et Jacques Gruber ceux de l’escalier d’honneur, déjà muni d’une rampe en fer forgé d’Edgar Brandt.

Visible aux heures habituelles d’ouverture de mairie : du lundi au vendredi de 8h30 à 11h30, le mercredi de 14h30 à 16h30, et le samedi de 9h00 à 11h00. 

En dehors de ces heures, renseignement à l’Office de tourisme du Pays de Commercy.

 

Ile Malard
Formée au milieu du lit de la Meuse, en aval du barrage des Allemands, cette petite île fut achetée par Georges Malard, le pharmacien fit venir Vallin à Commercy. Là, il pouvait se livrer à sa passion pour la pisciculture, tout en créant un petit havre de paix pour sa famille, un endroit que n’auraient renié les artistes de l’Ecole de Nancy. L’île est aujourd’hui ouverte aux promeneurs.

 

La Pharmacie

Vallin est contacté pour l’aménagement de la nouvelle pharmacie alors qu’il achève la salle des fêtes de la mairie d’Euville. Il se charge de la devanture et du mobilier intérieur et fait appel au peintre-verrier Joseph Janin pour la fourniture de vitraux et à Charles Friedrich pour les papiers peints (disparus). La devanture est réalisée en padouk (bois de corail) verni et les aménagements intérieurs sont en padouk ciré, pour la structure, et en acajou pour les panneaux.
Digitale et pavot dans les vitraux du fond, arum dans ceux de la vitrine, arum encore dans les poignées de porte, ombelle et plantes médicinales pour les lambris… le décor végétal est parfaitement soigné.


A Saint-Mihiel

Au début du XXème siècle, l’Art Nouveau dans l’architecture se diffuse le long de la vallée de la Meuse. A Saint-Mihiel, le marché couvert, livré en 1902, et qui rappelle les pavillons Baltard, remplace la halle du XVIème siècle. Les piliers sont en fonte de fer et le reste de l’ossature et la charpente en fer laminé. Des briques polychromes formant des motifs géométriques remplissent l’espace libre entre les poutres métalliques. De la céramique vernissée, chutes de fruits et de légumes, complète la décoration. Après la Première Guerre Mondiale, de nombreux immeubles sont reconstruits en faisant appel au vocabulaire de l’Art Nouveau. 

Les artistes de l’Ecole de Nancy

Henri Gutton, architecte (1851-1933)

Ingénieur polytechnicien, élève de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, fondateur de la société des Architectes de l’Est de la France, il retourne à Nancy en 1876. Très compétent  sur les programmes nouveaux, il s’intéresse aussi aux problèmes du développement urbain et de l’habitat social. On lui doit notamment le magasin de la graineterie Genin-Louis (aujourd’hui agence bancaire) rue Saint Jean à Nancy.

Eugène Vallin, ébéniste, sculpteur (1856-1922)

Après l’Ecole des Beaux Arts de Nancy, il a fait son apprentissage dans la menuiserie de son oncle auquel il succède en 1881. Ses premières réalisations sont du mobilier d’église mais il devient rapidement un créateur et artiste de l’Art Nouveau sous l’influence de Gallé pour qui il réalise la porte de ses nouveaux ateliers. C’est dans le meuble qu’il devient célèbre pour sa production à la commande : il réalise ainsi des salles-à-manger, des salons pour les notables de Nancy : Eugène J.B. Corbin, Masson, Bergeret, Kronberg… Il devient en 1901, vice-président du comité directeur de l’Alliance qui devient l’Ecole de Nancy.

téléchargementAdrien Recouvreur, pharmacien, graveur (1858-1944)

Un nom revient ici fréquemment : le pharmacien Adrien Recouvreur. A Nancy, il suit les cours de l’école de Pharmacie avant de s’inscrire à l’école de Beaux-Arts. Il y fait la connaissance de tous ceux qui feront le succès de l’Ecole de Nancy. Installé à Commecry, il siège notamment au Conseil d’Administration de la Caisse d’Epargne. Grâce à lui, le Conseil  commande à Victor Prouvé, le plafond qui décore sa salle de réunion. Après avoir vendu son officine, il quitte Commercy et s’installe à Angers où il a été nommé conservateur du musée de la ville. A sa mort, il lègue à la ville de Commercy un important fonds sur l’Ecole de Nancy dont une petite partie est exposée à la mairie d’Euville.

Emile André, architecte (1871-1933)

Autre figure de l’Ecole de Nancy, l’architecte Emile André qui collabore régulièrement avec Vallin, Prouvé et Gutton, construit à Commercy une villa très proche de la « villa des Roches » du parc de Saurupt à Nancy. A la différence de cette dernière, elle a conservé ses volumes d’origine et vient d’être entièrement restaurée par ses propriétaires.

article à lire : http://books.google.fr/books?id=pKJ6ddTaMrEC&pg=PT38&lpg=PT38&dq=pharmacie+Art+Nouveau++en+meuse&source=bl&ots=z_IRS9oe7L&sig=Zp_75c08VymNc0abs9zl4hc6sN0&hl=fr&sa=X&ei=rriNU5HmFKLU0QX89oCQBw&ved=0CFQQ6AEwBw#v=onepage&q=pharmacie%20Art%20Nouveau%20%20en%20meuse&f=false

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Pourquoi Domrémy la Pucelle

Posté par francesca7 le 20 juin 2014

 

 

Domrémy est un petit village du département des Vosges, situé sur les bords de la Meuse, très près des frontières des départements de la Meuse, de la Meurthe et Moselle et de la Haute-Marne. 

 

Le lieu était habité à l’époque celte comme le montrent certaines murailles et tumuli antiques.

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Au xve siècle, du vivant de Jeanne d’Arc, la paroisse était divisée en deux parties: l’une dépendait du comté de Champagne, française, l’autre du Barrois mouvant. La jeune Jeanne d’Arc aimait se rendre en la chapelle de Bermont, près de Greux, pour prier, comme à l’église de Domrémy où elle avait reçu le baptême. Ses voix, qui l’initièrent à sa mission et l’accompagnèrent dans son action – les saintes Catherine d’Alexandrie, Marguerite d’Antioche et saint Michel Archange – étaient pour elle des figures familières du voisinage, voire familiales, ce qui contribua à ouvrir la psychologie de la jeune adolescente à la vocation hors norme qui fut la sienne.

Domrémy – ou du moins la partie dans laquelle se trouvait la maison de Jeanne d’Arc, à savoir la partie nord du village – fut exempté d’impôts par Charles VII après son couronnement lors de l’anoblissement de Jeanne d’Arc. En 1571, Domrémy fut officiellement rattaché à la Lorraine et perdit le privilège (le duché de Lorraine relevait du Saint-Empire romain germanique et fut rattaché au royaume de France près de deux siècles plus tard sous Louis XV). En revanche, le village de Greux demeura territoire français et conserva le privilège jusqu’en 1766. La paroisse de Domrémy devint en 1578 Domrémy-la-Pucelle. Elle passa au statut de commune à la Révolution française.

Le village de Domrémy était partagé entre plusieurs autorités : la partie nord appartenait a la Champagne, relevait de la châtellenie de Vaucouleurs et était incorporée au royaume de France. La partie sud, comprenant la maison de Jeanne, appartenait au Barrois mouvant, le duc de Bar étant vassal du roi de France pour les terres situées à l’ouest de la Meuse. Ces terres étaient tenues en fief par les abbés de Mureaux et par les seigneurs de Bourlémont. La partie arrière de la maison de Jeanne d’Arc comprend une partie de la maison d’origine.

Jeanne y naquit en janvier 1412. Son père y était laboureur, c’est à dire un paysan aisé, qui louait une partie de l’ancien château. On peut visiter sa maison natale. La façade actuelle fut édifiée en 1431 par un arrière petit neveu de Jeanne, Claude du Lys, seigneur de Domrémy. 

La Maison Natale de Jeanne d’Arc
Achetée en 1818 par le Département des Vosges et classée Monuments Historiques des 1840, la Maison Natale de Jeanne d’Arc a été conservée et restaurée. Sa façade est ornée d’un tympan sculpté d’armoiries du XVéme siécle, et d’une statue de Jeanne, en armure agenouillée. A l’intérieur, on peut visiter quatre pièces : la chambre natale, la chambre de Jeanne, le cellier et la chambre des frères.

Le Centre Johannique
Près de la Maison Natale de Jeanne d’Arc, le Centre Johannique présente « Visages de Jeanne », un ensemble d’animations fondées sur une nouvelle conception du tourisme culturel.

Il comprend trois espaces différents et complémentaires permettant au visiteur, selon son choix, des modalités de visite plus ou moins approfondie. Le déambulatoire, la grande galerie et la salle de projection proposent un temps de visite d’une heure à trois heures.

Ce centre constitue aussi un lieu de citoyenneté ou les jeunes de France et d’Europe – à partir de l’histoire de Jeanne d’Arc et de cette période charnière entre Moyen Age et modernité, époque de transformation en cela proche de la notre – peuvent réfléchir sur l’Europe dans laquelle nous avons vécu et sur celle que nous devons construire.

Renseignements au  03 29 06 95 86.
Source : http://pagesperso-orange.fr/musee.jeannedarc/domremy.htm

 

 

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Maisons de pays en Bourgogne

Posté par francesca7 le 19 juin 2014

 

La Bourgogne est un seuil entre deux massifs anciens, le Morvan et les Vosges, une terre de passage entre le Bassin parisien et la vallée de la Saône, entre la France du Nord et le Midi méditerranéen. Les influences en matière de construction sont donc multiples et s’ajoutent à la diversité des terroirs. Les toitures de tuile plate ou vernissée, de lave ou d’ardoise, les constructions de calcaire ou de granite font l’attrait de l’architecture bourguignonne.

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Architecture du vignoble

C’est l’art de vivre du vigneron qui a contribué à l’élégance de l’architecture rurale de la Côte . Concentré dans les villages, l’habitat se cache parfois derrière de hauts murs et d’amples portails ; isolé au milieu des vignes, il s’entoure de bâtiments annexes plus ou moins considérables et de chais séparés (Clos de Vougeot).

On distingue trois sortes de maisons vigneronnes . La maison de base se compose d’une seule et unique pièce à vivre, comme « soulevée » par la cave dont les murs épais et la voûte de pierre conservent la fraîcheur et l’humidité. Vient ensuite le modèle intermédiaire, doté d’une écurie et d’une petite grange appelée « magasin ». Enfin, reconnaissables à leur galerie et leur escalier extérieur protégé par un auvent, les maisons plus cossues comportent une cuverie et un cellier. Les demeures de maîtres comme celles des ouvriers vignerons ont généralement ceci en commun : l’habitation à l’étage est desservie par un escalier de pierre extérieur au-dessus des caves et des celliers, et l’usage répandu de galeries, porches et auvents donne des façades ouvertes et plaisantes.

Dans l’ arrière-côte , c’est-à-dire sur les « hautes côtes », où l’on produit également du vin, les maisons et dépendances, étroitement imbriquées, sont souvent adossées à une pente, au cœur d’un village-rue accroché à flanc de coteau, le plus près possible des vignes. On y retrouve une certaine sobriété : un logis très réduit, en surélévation au-dessus de la cave peu ou pas enterrée, située sous l’escalier de pierre et protégée des variations de température par l’ampleur du palier, localement appelé « plafond » ; un « magasin », faisant office de cuverie ; un pressoir, surmonté d’un fenil où étaient engrangés bottes de paille et outils.

Le paysage est également parsemé ici et là de jolis castels flanqués de tourelles rondes ou carrées coiffées de toits pentus. Il s’agit d’exploitations agricoles consacrées tantôt à la vigne, tantôt à d’autres cultures. Et n’oublions pas les charmantes caillebottes , ou cabottes, cabanes faites de pierre sèche, parfois dotées d’une cheminée, qui servent d’abri aux viticulteurs pour déjeuner et stocker leurs outils.

En pays calcaire

Le calcaire domine dans la Côte-d’Or. Il se durcit en surface et fournit un matériau très résistant. La roche du jurassique se clive en moellons très plats et se délite en minces feuilles, les « laves », utilisées par les couvreurs.

Dans le Châtillonnais , les villages, peu nombreux, sont installés dans les clairières ou le long des vallées. La grande exploitation comprend de vastes bâtiments autour d’une cour centrale fermée par de hauts murs ; les entrées des granges téléchargement (1)sont généralement surmontées d’arcs surbaissés. La petite exploitation de la fin du 18 e s. abrite sous le même toit le logement et les bâtiments d’exploitation ; l’entrée de la grange est surmontée d’un linteau de bois. La pièce commune comporte une porte et une fenêtre accolées sur lesquelles s’alignent les ouvertures du fenil ou du grenier, qui bénéficient ainsi de la sécheresse assurée par la chaleur sous-jacente du logement. Le banc de pierre devant la maison est très fréquent en basse Bourgogne.

Dans le Mâconnais , les murs des maisons de vignerons sont bâtis avec du calcaire, utilisé presque à sec et sans enduit. Une galerie, protégée par l’avancée du toit, prolonge sur l’extérieur l’ancienne salle commune et sert, l’hiver, à vaquer aux occupations domestiques à l’abri de la pluie, l’été, de cuisine ou de salle à manger. Les ferronneries de porte, qui étaient autrefois fabriquées par le forgeron du village, présentent des modèles originaux de loquet de porte, d’entrée de serrure, de heurtoir, où s’ordonnent cœur, croix, oiseau et porte-bonheur.

En pays cristallin

Montagne ancienne vouée à l’élevage, le Morvan a donné naissance à des maisons sobres en granit, couvertes d’ardoises, et à des granges-étables dont la façade est protégée de la pluie par l’avancée du toit. L’habitat est groupé en hameaux dispersés, appelés « huis », à mi-distance des pâturages et des cultures et des bois.

La maison morvandelle est un volume simple et dépouillé. La souche de cheminée en pierre taillée, l’escalier extérieur, les encadrements des ouvertures donnent de la noblesse à cet habitat pauvre. Pour ne pas empiéter sur un espace intérieur réduit, composé d’une seule pièce commune, et parfois d’une chambre supplémentaire, l’accès au comble se fait par une échelle ou un escalier extérieur toujours situé sur le mur pignon.

Devenu un pays d’élevage bovin, le Morvan accueille de grosses exploitations composées de deux bâtiments de part et d’autre d’une cour, perpendiculaires à la rue. L’exploitation type présente sous le même toit l’habitation et la grange. Les couleurs chaudes du granit apparaissent, marquant l’irrégularité de l’appareillage.

Une mosaïque de toitures

Les splendides toitures de tuile de la région sont l’un des éléments forts de son identité. Le visiteur ne pourra qu’être ébloui par les toits de l’hôtel-Dieu de Beaune, de l’hôtel de Vogüé à Dijon ou du château de La Rochepot.

téléchargement (2)L’origine de ces tuiles vernissées polychromes , appareillées en motifs géométriques, lignes brisées, losanges, entrelacs ou chevrons, est mal connue ; elles proviendraient d’Europe centrale via les Flandres. Ces toits décorés étaient chargés de messages symboliques, politiques ou religieux, signalant le statut social d’un notable ou la réputation d’une communauté religieuse ou laïque. Les épis de faîtage sont également en terre cuite vernissée, les girouettes travaillées, et des ergots figurent sur les arêtes des toits à pans coupés, en particulier dans la Côte-d’Or.

Sur les reliefs, les vastes toits sont recouverts de tuiles plates dites tuiles de Bourgogne . Longues et étroites, fabriquées dans le Sénonais, celles-ci sont d’un brun assez foncé. Les moines cisterciens en recouvraient les toits de leurs abbayes. Malheureusement, la tuile mécanique d’emboîtement est venue remplacer ce matériau traditionnel.

Les laves calcaires sont des chutes de carrière sans valeur marchande, longtemps utilisées par les couvreurs. Dans les lavières, on levait ou « lavait » les croûtes superficielles pour atteindre la pierre à bâtir. Chaque « lave » pouvait être calée par des cailloux (comme sur l’église d’Ozenay, village du Mâconnais) pour que l’air puisse circuler entre les pierres, facilitant l’évaporation de l’eau et évitant le gel. Le poids considérable de ce matériau (de 600 à 800 kg au m ² ) nécessitait de fortes et coûteuses charpentes, ce qui n’empêche pas nombre de lavoirs et de fontaines d’en disposer.

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De l’art gothique à l’art brut de Bourgogne

Posté par francesca7 le 19 juin 2014

 

Le gothique

220px-Marmashen_14.04.2007Dès le milieu du 12 e s., la croisée d’ogives apparaît en Bourgogne, prélude à une orientation nouvelle de l’architecture : allégement des voûtes, élargissement des baies, suppression des chapiteaux. À l’extérieur, les arcs-boutants dispensent les murs de porter, lesquels en profitent pour s’orner d’immenses verrières.

Une architecture allégée

En 1140, la tribune du narthex de Vézelay est voûtée d’ogives. Les cisterciens sont parmi les premiers à adopter cette formule des arcs diagonaux brisés et l’utilisent vers 1150 à Pontigny. À Sens, la première grande cathédrale gothique (1135-1176), dédiée à saint Étienne, est érigée selon les directives de l’archevêque Sanglier.

Un style bourguignon se précise à Notre-Dame de Dijon, construite de 1230 à 1251 : au-delà du transept, le chœur, assez profond, est flanqué d’absidioles et terminé par une haute abside ; un triforium court au-dessus des grandes arcades, tandis qu’au niveau des fenêtres hautes, le mur de clôture de la nef, un peu en retrait, permet d’aménager une seconde galerie de circulation. Dans l’ornementation extérieure, la présence d’une corniche – dont la forme varie d’un monument à l’autre – se développant autour du chœur, de la nef, de l’abside ou du clocher, est un mode de décoration typiquement bourguignon.

Parmi les édifices élevés selon ces principes, on peut citer la cathédrale d’Auxerre, la collégiale St-Martin de Clamecy, l’église Notre-Dame de Semur-en-Auxois. Dans cette dernière, l’absence de triforium accentue encore l’impression de hauteur vertigineuse qui se dégage d’une nef étroite. L’église de St-Père, près de Vézelay, présente certaines ressemblances avec Notre-Dame de Dijon. Toutefois, elle en diffère par son élévation, qui est de deux étages, avec une galerie devant les fenêtres.

L’architecture devient, à la fin du 13 e s., de plus en plus légère et défie les lois de l’équilibre. En témoigne le chœur, aérien, de l’église de St-Thibault , dont la voûte s’élève à 27 m sur une largeur de 9,26 m.

L’architecture civile

Dijon et un certain nombre de villes comme Flavigny-sur-Ozerain, Noyers-sur-Serein ou encoreChâteauneuf-en-Auxois ont conservé des maisons à colombages et hôtels particuliers édifiés au 15 e s. par de riches bourgeois. C’est également de cette époque du gothique tardif que datent une partie du palais des ducs de Bourgogne à Dijon (tour de la Terrasse, cuisines ducales), le palais synodal à Sens et l’hôtel-Dieu de Beaune , triomphe de l’architecture de bois. Parmi les châteaux, dont beaucoup ont gardé l’allure des forteresses du 13 e s., signalonsChâteauneuf , construit par Philippe Pot, sénéchal de Bourgogne, Posanges et le palais ducal de Nevers .

La sculpture au 13 e s.

Les œuvres de pierre héritent de l’influence de l’Île-de-France et de la Champagne en ce qui concerne la composition et l’ordonnance des sujets traités. Les statues-colonnes, d’un grand raffinement, présentent un hanchement plus marqué afin de souligner les mouvements ascendants du corps. Le tempérament bourguignon apparaît dans l’interprétation même de certaines scènes, où les artistes locaux ont donné libre cours à leur fantaisie.

Parmi la statuaire de cette époque épargnée par la Révolution, il reste de beaux exemples. À Notre-Dame de Dijon , les masques et figures sont traités avec un réalisme très poussé, certains avec une grande vérité dans l’expression. Le portail de St-Thibault , en Auxois, présente des scènes consacrées à la Vierge, mais surtout cinq grandes statues figurant le duc Robert II et sa famille.

images (14)À St-Père , le décor sculpté du pignon se double d’une fraîche décoration florale sur les chapiteaux. Le tympan de la porte des Bleds à Semur-en-Auxois rapporte la légende de saint Thomas. Ce style progresse avec le siècle : les bas-reliefs au soubassement des portails de la façade occidentale de la cathédrale d’Auxerre, sculptés avec délicatesse, ouvrent même la voie au maniérisme.

Les œuvres du 14 e s.

L’avènement des grands-ducs Valois correspond, pour la Bourgogne, à une époque de rayonnement artistique. Pour décorer la chartreuse de Champmol , Philippe le Hardi dépense sans compter, attirant à Dijon nombre d’artistes pour la plupart originaires des Flandres. Des sculpteurs ayant successivement travaillé à la réalisation de son tombeau, Claus Sluter (v. 1350-1406) est le plus grand. Il a su mettre du tempérament dans ses personnages. Claus de Werve , son neveu et élève, poursuit l’œuvre du maître avec une plus grande douceur. Du portail de la chapelle, il a aussi exécuté les statues du mécène et de son épouse, Marguerite de Flandre, qui seraient d’authentiques portraits : les draperies et les vêtements sont traités avec un art consommé, les expressions des personnages sont d’un réalisme saisissant. La sculpture s’oriente là vers une manière toute nouvelle : les statues cessent désormais de faire corps avec l’architecture, et la physionomie est traitée de façon naturaliste, n’hésitant pas à accuser les aspects de la laideur ou de la souffrance.

La peinture gothique

Autour du chantier de la chartreuse de Philippe le Hardi, peintres et enlumineurs venus de Paris ou des Flandres s’activent. Les œuvres de Jean Malouel , du Brabançon Henri Bellechose et de Melchior Broederlam se distinguent par la fluidité des formes humaines, l’élégance générale. Dus à ce dernier, les revers du retable de la Crucifixion (bois sculpté par Jacques de Baerze) font preuve d’un sens du détail, d’une maîtrise de la palette et d’un travail de l’espace qui sont la marque du style gothique international .

Sous Philippe le Bon, un style spécifiquement bourguignon apparaît, aux proportions plus harmonieuses et aux draperies plus sobres. Les œuvres les plus connues de cette période sont le polyptyque de l’hôtel-Dieu de Beaune, dû à Rogier Van der Weyden , et la Nativité au cardinal Rolin. Cette magnifique icône de Jan Van Eycks(désormais au Louvre) décora dès 1435 la chapelle du commanditaire dans la cathédrale d’Autun. Commandées elles aussi par Nicolas Rolin , les tapisseries de l’hôtel-Dieu de Beaune comptent parmi les plus belles de l’époque.

N’oublions pas, toujours au 15 e s., le nom de Pierre Spicre , peintre dijonnais, auteur des fresques de l’église Notre-Dame de Beaune.

De la Renaissance au romantisme

Retour à l’antique

Sous l’influence de l’Italie, l’art bourguignon suit au 16 e s. une orientation nouvelle, marquée par un retour aux canons antiques.

En architecture, la transition s’effectue en douceur. L’ église St-Michel de Dijon est composite : tandis que la nef, commencée au début du 16 e s., est de style gothique, la façade, dont la construction s’échelonne entre 1537 et 1570, est un parfait exemple du style Renaissance. C’est le triomphe des lignes horizontales, de l’emploi des ordres antiques et des voûtes à caissons. On intègre dans les façades des médaillons à l’antique, des bustes en haut relief, et les sujets religieux font place à des sujets profanes. C’est dans les années 1520 que sont sculptées les stalles de l’ église de Montréal , œuvre d’inspiration locale où pétille l’esprit bourguignon.

Le peintre Jean Cousin réalise les cartons de vitraux pour la cathédrale St-Étienne de Sens jusqu’en 1540, date à laquelle il part à Paris. Dans la seconde moitié du 16 e s. se répand à Dijon la décoration ornementale telle que la conçoit Hugues images (15)Sambin , auteur de la porte du palais de justice et, semble-t-il, d’un grand nombre d’hôtels particuliers.

La Bourgogne n’a certes pas connu une floraison de châteaux de plaisance comme le Val de Loire, mais elle compte toutefois de grandioses demeures telles Sully, Tanlay ou Ancy-le-Franc. Les fresques couvrant les murs d’ Ancy-le-Franc , dues aux élèves du Primatice et de Nicolo dell’Abate, évoquent nettement l’art de Fontainebleau.

Baroque et classique

Le style baroque, enclin à la fantaisie, fait son apparition en Bourgogne sous le règne de Louis XIII dans les ors et la décoration polychrome du château de Cormatin. Le sculpteur Jean Dubois , né à Dijon en 1625, réalise dans cet esprit la statuaire et le mobilier de nombreux édifices.

Influencé par le château de Versailles, l’art classique est marqué par la recherche de l’équilibre rationnel. à Dijon, on aménage la place Royale , et l’on construit le palais des États de Bourgogne sur les plans de Jules Hardouin-Mansart . Les familles de parlementaires se font édifier des hôtels particuliers : bien qu’ayant gardé les caractères de la Renaissance, l’ hôtel de Vogüé (1607-1614) présente la disposition nouvelle d’un corps de logis retiré au fond d’une cour, l’accès à la rue se faisant par une porte cochère, l’autre façade ouvrant sur des jardins.

L’ordonnance des châteaux classiques, édifiés ou agrandis aux 17e et 18 e s., se signale par la rigueur et la symétrie, des ailes en retour ou esquissées par des avant-corps, une façade à fronton triangulaire ou un portique qui rappellent les temples antiques. Bussy-Rabutin, Commarin, Talmay, Beaumont-sur-Vingeanne, Pierre-de-Bresse, Drée ou St-Fargeau en sont de beaux exemples.

En peinture, au 18 e s., la bourgeoisie trouve son chantre en la personne du Tournusien Greuze , fort apprécié de Diderot, qui s’illustre en traitant la peinture de genre avec les ressources de la peinture d’histoire. Ce sont l’élève favori de David, Girodet (né à Montargis), et un enfant de Cluny, Prud’hon , élève lui de Devosge à l’académie de Dijon, qui reprennent le flambeau et deviennent peintres de l’Empire. Les figures rêveuses et sensuelles de l’un, les images traitées avec ardeur par l’autre, annoncent déjà l’art romantique.

L’art moderne et l’art contemporain

Les œuvres créées au cours du 19 e s. ont leur source scientifique dans la « Vallée de l’Image » : la photographie d’abord, avec Niépce , qui l’invente, puis le cinéma, grâce au précurseur Étienne-Jules Marey , qui transmettra ses découvertes aux frères Lumière.

Dans le domaine de l’architecture, l’ingénieur dijonnais Gustave Eiffel (1832-1923) se spécialise dans la construction métallique : ponts, viaducs… et la tour qu’il élève à Paris pour l’Exposition universelle de 1889. Le visionnaire Claude Parent , concepteur des centrales nucléaires, dessine l’église Ste-Bernadette de Nevers en se référant pour partie à l’art cistercien.

Peinture et sculpture

La sculpture est représentée par les académiques Jouffroy (La Seine , statue ornant le bassin des Sources à St-Seine-l’Abbaye) et Eugène Guillaume ( Le Mariage romain , au musée de Dijon), ainsi que par François Pompon (1855-1933), créateur de formes animalières avec un parti pris pour la simplification expressive des formes, proche de l’esthétique japonisante.

Parmi les peintres, on retient le Beaunois Félix Ziem (1821-1911), proche de Corot, qui a peint la campagne de Lormes, et le Dijonnais Alphonse Legros (1837-1911), ami de Rodin, dont le style réaliste et les thèmes ruraux évoquent son aîné Gustave Courbet. La veine de Legros pour les scènes d’intérieur s’est en quelque sorte perpétuée au travers du penchant intimiste de Vuillard – né à Cuiseaux en 1868. Plus proches de nous, le Dijonnais Jean Bertholle (1909-1996) a travaillé avec Jean Le Moal et Manessier avant de prendre sa place dans l’abstraction dans les années 1950. Tombé amoureux de la région de Clamecy, le grand affichiste Charles Loupot (1892-1962) s’établit à Chevroches. Il introduit dans « la réclame » le cubisme et le constructivisme, tandis que l’Avallonnais Gaston Chaissac , « peintre rustique moderne » ou « Pablo morvandiau », selon ses propres termes, fut l’explorateur infatigable des supports et techniques inédits, vite étiquetés « art brut ».

Créateurs des 20e et 21e s.

Plusieurs centres d’art contemporain sont implantés en Bourgogne, au château de Ratilly, au château du Tremblay , ou à Dijon – le Frac et l’association Le Consortium y font découvrir les créations les plus récentes. Par ailleurs, le palais synodal de Sens, l’abbaye St-Germain à Auxerre, le musée des Ursulines à Mâcon, la galerie des Ducs à Nevers et le musée René-Davoine à Charolles présentent de belles expositions.

À Vézelay, le musée Zervos présente le legs du fondateur des Cahiers d’Art . L’art brut a trouvé un lieu privilégié à Dicy, près de Joigny, l’acier Inox brille dans des œuvres monumentales à Gueugnon, en Saône-et-Loire, et les sculptures dues à Arman , Gottfried Honegger ou Karel Appel ont transformé le campus universitaire de Dijon en véritable musée de plein air. Ajoutons que l’artiste shanghaien Yan Pei-Ming (né en 1960), l’un des grands représentants de cet art chinois contemporain qui domine le marché actuel, travaille et vit à Dijon depuis une vingtaine d’années.

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L’élan de l’art roman Bourguignon

Posté par francesca7 le 19 juin 2014

 

La grande époque romane - La blanche robe des églises

téléchargementABénéficiant de conditions particulièrement favorables à son expansion (villes nombreuses, riches abbayes, matériaux abondants), l’école romane bourguignonne se développe avec une extraordinaire vitalité aux 11e et 12e s., en particulier dans la région de l’actuelle Saône-et-Loire, avec environ 300 édifices contre une quarantaine dans l’Yonne et la Côte-d’Or. L’an 1000 correspond à un nouvel élan dans le désir de bâtir, qu’expliquent la fin des invasions, l’essor de la féodalité et du monachisme, la découverte de nouveaux procédés de construction et… la croissance démographique. Il ne reste malheureusement de cette époque que très peu de monuments civils ou militaires, souvent construits en bois, et c’est pourquoi on confond souvent art roman avec art religieux.

Parmi les abbés constructeurs d’alors, Guillaume de Volpiano édifia à Dijon, sur l’emplacement du tombeau de saint Bénigne, une nouvelle basilique. Commencée en 1001, elle fut consacrée en 1018. Les travaux de décoration furent confiés à un seul artiste, le moine Hunaud. L’abbatiale ayant complètement disparu dès le 12 es. par suite d’un incendie, l’église St-Vorles de Châtillon-sur-Seine – profondément modifiée dans les premières années du 11 e s. – permet de définir les caractères de l’ art préroman : construction sommaire faite de pierres plates mal assemblées, piliers massifs, décoration très rudimentaire de niches creusées dans les murs et de corniches à bandes lombardes.

L’exemple le plus saisissant d’art roman qui nous soit parvenu est certainement St-Philibert de Tournus , dont le narthex et son étage composent les parties les plus anciennes. On est surpris par la puissance de cette architecture.

L’école clunisienne

Si l’art roman à ses débuts doit beaucoup aux influences étrangères, méditerranéennes surtout, la période suivante voit avec Cluny le triomphe d’une formule nouvelle, un art opulent dont les caractères vont se répandre à travers toute la Bourgogne et au-delà.

L’élan de l’art roman Bourguignon dans BourgogneLa fondation par Bernon , en 910, d’un couvent (dit Cluny I) sur les terres mâconnaises du duc d’Aquitaine, Guillaume le Pieux, marque l’origine d’une importante réforme monastique. L’époque est propice : les débuts de la féodalité et l’instabilité du pouvoir royal se combinent à un mouvement mystique et un afflux d’hommes vers les cloîtres. À Cluny, le retour à l’esprit de la règle bénédictine est marqué par l’observance des grands principes : chasteté, jeûnes, obéissance, silence (la communication se fait par gestes dans un langage de signes visuels). Les offices divins occupent la plus grande partie du temps.

Édifiée entre 955 et 981, l’abbatiale dite Cluny II est déjà dotée d’une grande abside originale et d’un chevet à chapelles échelonnées et orientées.

St-Pierre-et-St-Paul – Cluny III –, commencée en 1088 par saint Hugues et achevée vers 1130, a des dimensions proprement gigantesques. Elle est d’ailleurs appelée la « seconde Rome », produit à la fois de son indépendance à l’égard du pouvoir politique et de son engagement au service de la vitalité de l’Église. L’abbaye est en effet directement rattachée au Saint-Siège, ce qui lui assure une grande autonomie vu l’éloignement du pouvoir pontifical.

L’expansion de l’ordre clunisien est extrêmement rapide, si l’on songe qu’au début du 12 e s., en Europe, 1 450 maisons comptant 10 000 moines en dépendaient. Parmi les « filiales » bourguignonnes, citons les abbayes ou prieurés de St-Germain d’Auxerre, Paray-le-Monial, St-Marcel de Chalon, Vézelay, Nevers (St-Sever et St-Étienne) et La Charité-sur-Loire. Une telle floraison s’explique en grande partie par la personnalité et la pérennité des grands abbés de Cluny (tels saint Odon, saint Maïeul, saint Odilon, saint Hugues, Pierre le Vénérable), préparant ensemble leur succession, secondés par des hommes compétents. Georges Duby parle de « l’esprit d’équipe au coude à coude » qui règne entre les moines noirs.

Durant deux ou trois générations, Cluny est donc au cœur d’un véritable empire. Personnage considérable, plus puissant parfois que le pape, dont il est le guide et le conseiller, l’abbé est consulté par les rois pour trancher les différends, régler les litiges. Les richesses s’accumulent (chaque filiale paie une redevance) et, au sommet de la pyramide, l’abbé adopte le train de vie d’un grand seigneur, au point de se faire construire une résidence particulière. Peu à peu, la spiritualité de l’ordre en est affectée, et le pouvoir suprême lui-même n’est plus exercé de façon efficace.

Les vestiges de l’abbatiale, encore impressionnants par leur ampleur, permettent de dégager les caractères généraux de cette « école ». La voûte est en berceau brisé, véritable innovation par rapport au plein cintre, issu de l’époque romaine. Chaque travée comporte un arc doubleau : en diminuant les poussées, les arcs brisés permettent d’alléger les murs et d’élever ainsi les voûtes à une très grande hauteur. Les piliers sont cantonnés de pilastres cannelés à l’antique ; au-dessus de ces grandes arcades aiguës court un faux triforium où alternent baies et pilastres ; des fenêtres hautes surmontent l’ensemble, alors qu’auparavant, la lumière venait des tribunes et des bas-côtés.

Cette ordonnance à trois niveaux, coiffée d’une voûte en berceau brisé, se retrouve dans de nombreux édifices de la région. L’église de Paray-le-Monial apparaît comme une réplique. L’influence clunisienne est manifeste àLa Charité-sur-Loire , autre prieuré dépendant de l’abbaye. À St-Lazare d’Autun , consacrée en 1130, on reconnaît le plan clunisien, très simplifié ; cependant, l’influence romaine est visible : par exemple, sur l’arcature du triforium, le décor chargé est le même que sur la porte d’Arroux.

À Semur-en-Brionnais , l’élévation de l’église approche celle de Cluny. Au revers de la façade, la tribune en surplomb rappelle la tribune St-Michel. Enfin, la collégiale St-Andoche de Saulieu est aussi de la famille des grandes églises clunisiennes.

Parmi les églises de village construites sous l’inspiration de Cluny, celles du Brionnais sont remarquables : Monceaux-l’Étoile, Varenne-l’Arconce, Charlieu, Iguerande…

La colline éternelle

Face à cette école clunisienne, le cas de la basilique de la Madeleine à Vézelay est à part. Construite au début du 12 e s., la nef est voûtée d’arêtes, alors que jusque-là, seuls les collatéraux, de faibles dimensions, l’étaient. Les grandes arcades sont surmontées directement par des fenêtres hautes qui, s’ouvrant dans l’axe de chaque travée, éclairent la nef. Les pilastres sont remplacés par des colonnes engagées, et les arcs doubleaux soutenant la voûte restent en plein cintre (peut-être l’église d’Anzy-le-Duc a-t-elle servi de modèle). Pour rompre la monotonie de cette architecture, on a recours à l’emploi de matériaux polychromes : calcaires de teintes variées, claveaux alternativement blancs et bruns. En tant que lieu de pèlerinage, la basilique est dotée d’un chevet à déambulatoire et de chapelles rayonnantes.

L’art cistercien

170px-Abbaye-abbey-senanque-cloitre-cloister dans EGLISES DE FRANCEDans la première moitié du 12 e s., le plan cistercien fait son apparition en Bourgogne. Caractérisé par un esprit de simplicité, il apparaît comme l’expression de la volonté de saint Bernard , édictée dans la Charte de charité (1119). En lutte contre le relâchement des moines clunisiens, il s’oppose avec violence et passion à la théorie des grands constructeurs des 11e et 12 e s., comme saint Hugues, Pierre le Vénérable, Suger, qui estiment que rien n’est trop riche pour le culte de Dieu. L’architecture dépouillée qu’il préconise reflète bien les principes même de la règle cistercienne : une beauté sobre et recueillie faite pour la prière et la charité. S’il se heurte au début à de grandes difficultés – rigueur du climat, maladies –, il impose à ses moines comme à lui-même les plus durs travaux. La nourriture, frugale, n’a d’autres fins que de reconstituer les forces (d’où le réfectoire, terme issu de « refaire »).

L’envolée de Clairvaux

Trois ans après son entrée à Cîteaux, Bernard est envoyé essaimer aux limites de la Bourgogne et de la Champagne, dans la vallée de l’Absinthe, qui devient « Clairvaux » (la claire vallée). Promu abbé, il accomplit une œuvre gigantesque. Sous son abbatiat, Clairvaux connaît la prospérité : dès 1135, 1 800 ha de forêts et 350 ha de prés et de champs dépendent de l’abbaye, où les bâtiments de pierre ont remplacé les bâtisses de bois des premières années.

Les cisterciens imposent un plan quasi unique à toutes les constructions de l’ordre, dirigeant eux-mêmes les travaux des nouvelles abbayes. Leur exigence engendre la naissance d’un style aisément identifiable. Le renom de Bernard attire bientôt à Clairvaux un grand nombre de vocations, si bien qu’en 1121 est fondée dans la Marne l’abbaye de Trois-Fontaines, que suivront bientôt 70 monastères.

Fontenay montre la disposition habituelle des différents bâtiments, qui s’est répandue à travers l’Europe, de la Sicile à la Suède. Une façade simple, sans portail, avec un lanterneau, mais pas de clocher (nul besoin d’appeler les fidèles) : les cisterciens vivent à l’écart des routes fréquentées. Une nef aveugle couverte d’un berceau brisé, comme dans l’architecture clunisienne. Des bas-côtés voûtés de berceaux transversaux. Un transept qui déborde largement (croix latine), deux chapelles carrées s’ouvrant à chaque croisillon, et un chœur, carré et peu profond, se terminant par un chevet plat, éclairé par deux rangées de fenêtres, en triplet. Enfin, cinq fenêtres percées au-dessus de l’arc triomphal, et chaque travée des bas-côtés éclairée par une fenêtre. On trouve près de 600 églises de ce type, de l’Allemagne au Portugal.

En évitant tout décor, en éliminant pratiquement tout motif d’ornementation, que ce soit les vitraux de couleur, les pavements, les peintures murales ou les chapiteaux historiés, les cisterciens parviennent à exécuter des monuments d’une remarquable pureté. À l’instar des verrières en grisaille, même les enluminures sont monochromes (La Grande Bible de Clairvaux). C’est la lumière seule, la « Lumière d’En Haut », qu’il convient de glorifier.

La sculpture romane

Avec le choix du support, tympan et chapiteau, la sculpture monumentale épouse l’architecture. Le Brionnais , où l’on trouve une concentration exceptionnelle de portails sculptés, est le plus ancien foyer de sculpture romane bourguignonne. Dès le milieu du 11 e s., un style un peu rude et naïf naît à Charlieu et dans la région : les sculpteurs se soucient peu du réel, les figures sont ramassées, hiératiques et riches en symboles. Après avoir travaillé à Cluny, appelés par l’abbé Hugues de Semur , qui appartenait à la famille des seigneurs du Brionnais, les artistes optent pour une grâce nouvelle, allongeant les figures et créant des compositions plus souples.

La grande abbaye bénédictine de Cluny draina en effet sur son chantier de nombreux sculpteurs et imagiers des régions voisines, devenant un centre de création pendant une vingtaine d’années (de 1095 à 1115). Un art délicat y voit le jour. Sur les chapiteaux du chœur – rare témoignage parvenu jusqu’à nous, présenté dans le farinier –, une végétation variée et des personnages aux attitudes adroitement observées révèlent un goût nouveau pour la nature (allégorie des saisons, fleuves du paradis). Les figures sont drapées de tuniques flottantes où les plis déterminent un modelé en harmonie avec la sérénité recherchée, preuve que l’on commence à s’émanciper des contraintes formelles du chapiteau.

Dans le domaine du ciseau, l’influence clunisienne s’est exercée à Vézelay . Outre ses chapiteaux historiés, la basilique de la Madeleine abrite un grand portail sculpté dont le tympan représente le Christ envoyant ses apôtres en mission avant son ascension au ciel. La composition est envahie par un mouvement magistral où souffle l’Esprit : les corps s’agitent et les draperies, sillonnées de plis aigus et serrés, bouillonnent.

Cette œuvre, réalisée vers 1125, présente des points communs avec le portail du Jugement dernier de St-Lazare d’ Autun (1130-1135), aux figures très allongées, aux draperies plissées, encore plus fines et moulées sur les corps. Le sculpteur Gislebertus s’est attaché à rendre toute la diversité des attitudes et des sentiments humains. Les chapiteaux de la nef et du chœur évoquent de façon vivante des scènes de la Bible et de la vie des saints, dont s’inspireront avec talent les artistes de St-Andoche à Saulieu.

Une volonté de renouvellement du style se fait jour au milieu du 12 e s. sur les portails de ­St-Lazare à Avallon : on y trouve conjointement une décoration luxuriante où apparaissent des colonnes torses, expression de la « tendance baroque » de l’art roman bourguignon, et une statue-colonne qui fait songer à celles de Chartres. Les rondes-bosses du tombeau de saint Lazare à Autun (1170-1184) annoncent également par leur troublante présence l’évolution vers le gothique.

La peinture romane

Dans la crypte de la cathédrale d’ Auxerre , qui renferme des fresques du 11 e s., on voit une représentation exceptionnelle du Christ à cheval, tenant à la main droite une verge de fer. Il est intéressant de le comparer avec le Christ en majesté peint 300px-Novalesa_Sant_Eldrado-2dans le cul-de-four de l’abside, daté du 13 e s.

À Anzy-le-Duc , un important ensemble de peintures murales, découvert au milieu du 19 e s., fait montre d’une tout autre technique : teintes mates, très atténuées, dessins au trait sombre recouvrant un fond composé de bandes parallèles.

Une tradition à fonds bleus apparue à Cluny III est reprise dans la chapelle du « château des Moines », résidence des abbés à Berzé-la-Ville , à travers de belles compositions, probablement exécutées par les artisans de l’abbaye. L’imposant Christ en majesté, entouré de six apôtres et de nombreux autres personnages, a un air de famille avec les mosaïques de l’impératrice Théodora à Saint-Vital de Ravenne (6 e s.). Cette correspondance entre l’art clunisien et l’art byzantin s’explique par l’action prépondérante de saint Hugues, qui entretenait des relations constantes avec l’Italie, et Rome tout particulièrement.

Considérant cette influence de Cluny sur l’art du 12 e s., on peut dire que la destruction de la grande abbatiale de Cluny au début du 19 e s. est une perte irréparable pour notre patrimoine et pour la connaissance de l’art roman.

Les effets de la réforme cistercienne

Comme c’est souvent le cas, le rôle des cisterciens ne s’est pas limité au domaine de la foi. Extrêmement organisés et efficaces, les moines blancs ont su tirer parti des terres les plus ingrates, souvent au fond des vallées, en défrichant et en construisant digues et canaux. Ils sont ainsi passés maîtres en hydraulique, dans les techniques viticoles, et en œnologie comme en métallurgie. Du 12 e s. à nos jours, la famille cistercienne a connu des crises et des renouveaux. En 1998, des moines venus du monde entier ont participé aux célébrations du 900 e anniversaire de Cîteaux.

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Les métiers du Moyen Âge

Posté par francesca7 le 17 juin 2014

 

Il existe une grande diversité de modes de travail au moyen-âge : du labeur fourni par les esclaves au travail domestique ou salarié des valets et des compagnons, en passant par les corvées fournies par les paysans à leurs seigneurs, se développent les multiples petits métiers de l’artisanat révélés par les textes administratifs et financiers, mais aussi par les peintures, les sculptures les vitraux, les enluminures. 

L’approche des découvertes de ces métiers permet de pénétrer au cœur d’une société en mouvement toujours en quête de nouveaux savoirs et de techniques d’expérimentation. 

Le travail de la mine

Ignoré de l’antiquité le charbon est récolté au début du moyen-âge sur les plages d’Angleterre sous forme de morceaux de houille appelés charbon de mer. L’extraction du charbon de terre rare encore provient de mines à ciel ouvert ou dans des galeries peu profondes. Les mineurs qui recherchent le minerai de fer comprennent les fouisseurs qui creusent la mine, les charpentiers pour le boisage des galeries, les piqueurs qui attaquent le filon. C’est une activité très dangereuse (éboulement inondations manque d’air) aussi le métier est-il assigné aux esclaves et aux condamnés..Seuls les riches et les puissants ont les capitaux nécessaires à l’ouverture des mines (selon les époques ce sont les « seigneurs fossiers »les moines cisterciens ou de riches marchands). Au XV e siècle avec la demande en métal se développent des villages miniers en Oisans et dans le Lyonnais, le métier devient plus attractif suite au progrès de l’aspiration de l’eau et le pompage d’un air sain. La production de minerai est multipliée par quatre entre 1460 et 1530 en Europe.

 Le minerai extrait est concassé au maillet nettoyé à la main au fil de l’eau, transporté dans des hottes vers la fonderie où, mêlé à de la chaux, il est chauffé à haute température dans les fourneaux, les impuretés s’écoulant par un orifice à la surface du métal en fusion. Le four a la forme d’une calotte hémisphérique à demi enterrée et porte le nom de bas-fourneau ou four à la catalane, utilisés jusqu’à l’apparition des souffleries et hauts-fourneaux qui permettent une liquéfaction complètes du métal. La fonte coulée est expurgée de son carbone dans les affineries par des spécialistes de la sidérurgie. 

Les Ferrons, les maîtres de forges monopolisent la production du fer coulé en plaques ou en gerbes et vendue aux forgerons. .

 téléchargement (15)Le fer

Selon le livre des métiers d’Etienne Boileau (prévôt de Paris en 1268) il existe vingt-deux spécialités du travail du fer. Les forgerons transforment et façonnent le métal dans de modestes ateliers munis d’enclumes, cheminées soufflets tenailles et marteaux. La forge est construite en terre réfractaire ou brûle le charbon de bois, le feu est avivé par des soufflets latéraux que manœuvrent des valets. Fournissant armes, armures, outils et ustensiles de ménage, socs de charrues faucilles et pelles, ferrant les sabots des chevaux, le forgeron jouit de prestige envers la communauté rurale et se fait son porte-parole auprès des puissants. Les serruriers posent et réparent les serrures, forgent les grilles les chandeliers, parfois les battants de cloches, mais fabriquent également les horloges en attendant que cette spécialisation soit attestée par un statut en 1483. 

Les couteliers fabriquent les lames et les armes tranchantes assemblées ensuite par les couteliers-faiseurs de manches .Les artilleurs produisent cette arme terrible qu’est l’arbalète de fer. 

Les potiers, les métiers du bois, le sel 

Les potiers sont nombreux dans les villages médiévaux. Ils œuvrent en famille ou en petites unités artisanales assez pauvres. Au premier siècle la terre est modelée moulée et cuite sur une aire ouverte sans four, il faut attendre l’époque carolingienne pour que se répande l’usage de ceux-ci , la production devenant plus abondante. Le XI, XII e et XIIe siècle voient apparaître des villages spécialisés en poteries fabriquant une céramique commune destinée à l’usage courant, construits en bordure de forêts pour disposer du combustible nécessaire à la cuisson. 

Les menuisiers appelés fustiers, qui fabriquent tables, bancs et coffres se partagent le travail du bois avec les charpentiers qui œuvrent sur les chantiers , construisent les maisons à pans de bois et couvrent les toits en bardeaux, les menuisiers et les sabotiers. 

La production du sel fait vivre beaucoup de régions car il est nécessaire à la conservation de la viande et du poisson, à la fabrication du beurre et du fromage. Il est obtenu par évaporation dans les marais salants. Dans le nord de l’Europe existent des « maisons du sel »ou l’on fait bouillir l’eau de mer dans de gros chaudrons pour en extraire le sel. 

La pierre et le verre

Les carriers arrachent la pierre aux parois rocheuses à l’aide de pics, puis l’égalisent au marteau ou à la « brette ou bretture » l’affinent au ciseaux et la polissent à la râpe. Payé à la pièce, le tailleur de pierre grave sa marque sur chaque pièce. Les pierres sont ensuite acheminées par bateau ou charrettes sur les chantiers. 

Le terme de verrier désigne deux spécificités : l’artiste qui peint les vitraux et l’artisan du verre dont les fabriques sont également construites près des forêts .Les fours nécessitent de grosses quantités de bois et leur chaleur considérable rend le métier pénible et dangereux qui demande de grandes compétences. L’usage du verre, connu depuis l’antiquité se répand au XIV et XV e siècle. La pâte de verre est composée de sable siliceux et de cendre de hêtre. Des plaques de verre remplacent le papier huilé ou le parchemin des fenêtres chez les plus riches, les savants portent des lunettes de vue, dès 1320 le mot verre désigne les vases à boire. L’introduction de la canne à souffler et la coloration avant la cuisson accompagnent l’essor de la verrerie à la fin du moyen-âge. Malgré la renommée de la Normandie et de la Lorraine, Venise est le premier centre de la verrerie concurrencé par la Bohème au XIV e siècle. 

La construction

La croissance continue des villes, l’enrichissement des princes et du clergé qui font édifier palais et cathédrales profite au métiers du bâtiment dont les spécialisations sont nombreuses : tuiliers, chaumiers charpentiers briquiers maçons, paveurs et plâtriers. De la modeste maison en torchis de l’ouvrier et de l’artisan au splendides hôtels des riches, nombreux sont les chantiers ouverts au fil des siècles ! Les cathédrales gigantesques représentent une œuvre de longue haleine. 

En 1253 la construction de l’Abbaye de Westminster donne une idée des corps de métiers nécessaires à sa construction. Sont recensés : 

trente neuf tailleurs de pierre

treize marbriers

vingt-six maçons

quatorze verriers

quatre plombiers

trente -deux charpentiers

dix-neuf forgerons

de très nombreux manœuvres

 

Ceux qui édifient les cathédrales sont en fait des ouvriers hautement qualifiés, spécialisés et bien rémunérés. L’élite du bâtiment comporte les « lapicides, espilleurs, ou entailleurs », les maçons qui se contentent de poser la pierre « les coucheurs ou asseyeurs » sont la classe » inférieure » de la corporation. Le maître d’œuvre est un maçon auquel une longue tradition de savoirs permet de dresser les plans et de marquer les fondations au sol (le terme d’architecte n’existe pas au moyen-âge). Règle graduée bâton et gants sont ses attributs honorifiques, on le représente muni d’un compas. Les poses de vitraux sertis de plomb font appel aux verriers spécialisés dans cet art. 

Très peu d’échafaudages sont utilisés pour la construction, les maçons installent de petites passerelles de bois soutenues par des chevrons insérés dans des trous de boulin et se servent du bâtiment à mesure de son édification. (combien d’accidents et de morts sont-ils imputés à ce système précaire?) Les pierres sont levées par un système de cordes et poulies parfois de potences ou de grues en fin de moyen-âge. Les outils évoluent peu : le marteau dentelé (ou brette) le marteau-pioche pour la pierre, le fil à plomb la truelle et l’équerre. Les ouvriers du bâtiments disposent d’une cabane appelée loge où ils s’abritent et rangent leurs outils. Ce terme est peu à peu associé au groupe des maçons pour lesquels son rédigés « les statuts de la loge ». Tous les corps de métiers se déplacent en fonction des chantiers. 

Les spécialisations dans la capitale

téléchargement (16)Les fabricants d’outils sont extrêmement spécialisés : les vrillers font les vrilles, les forcetiers les forces (grands ciseaux qui servent à tondre les tissus de laine) ils sont réunis en 1463 dans les métiers des  » grands tailleurs blancs » qui revendiquent la fabrication d’outils destinés aux charpentiers, bûcherons, tonneliers et tondeurs de draps.. Les rémouleurs ambulants concurrencent les émouleurs de couteaux ou de forces. Les lormiers fabriquent les mors des chevaux, les étriers et les éperons, leur métier est lié à celui des selliers. Les armures sont produites par les fourbisseurs de harnois. Les heaumiers font les pièces des armures, les haubergiers celles de la cotte de maille. 

Les charrons cerclent de fer les jantes des roues. Les fèvres forgent clous et serrures, les ferrons sont les ancêtres de nos ferrailleurs, ils récupèrent et recyclent les vieux objets métalliques.

 Miroirs et sonnettes sont dus aux artisans d’étain qui laissent la fabrication de la vaisselle aux potiers d’étain. En 1268 bien d’autres métaux sont travaillés en particulier le cuivre et le bronze. Les fondeurs et mouleurs de cuivre produisent des boucles de ceinture et des ustensiles de la vie quotidienne. Les lampiers fabriquent des chandeliers et des lampes en cuivre. 

Les chaudronniers ou peyroliers façonnent les poêles pots et chaudrons de cuivre et de bronze. Les plombiers travaillent le métal auquel ils doivent leur nom, destiné en particulier aux gouttières. A cela s’ajoutent des petits métiers comme les attachiers qui font de petits clous pour décorer ceintures et harnais, les boutonniers et les patenôtriers fabricants de chapelets de métal. Cette dispersion des artisans du métal en petits ateliers familiaux ne leur permet guère de s’enrichir en dehors de certains armuriers. Au sommet de cette hiérarchie se trouvent les monnayeurs et les orfèvres, .véritables artisans d’art, ils fréquentent les cours ecclésiastiques et laïques. 

Les moulins

Les moulins caractérisent le paysage médiéval, ils utilisent la force de l’eau pour actionner leur roue verticale maintenue par un axe, reliée à une autre horizontale elle-même jointe aux pierres à broyer. .Destiné tout d’abord à broyer le grain et l’olive, le moulin à eau se perfectionne et ses utilisations se diversifient au XIIe siècle. Il se transforme en moulin à fouler les tissus et à travailler le fer et le papier. Le moulin à vent est peut-être originaire d’orient. C’est une structure en bois contenant la machinerie et les pierres à broyer montée sur un pieds central, trois branches maintiennent sa voilure. 

Les paysans qui apportent leur grain à moudre doivent payer une redevance souvent en nature destinée au seigneur, dont profite aussi le meunier (appelé bonnet) qui à mauvaise réputation en raison de sa rapacité, ( nombre de quolibets et chansons conservés par la tradition folklorique attestent ce fait ).  

Source : Les métiers du moyen-àge, de Sophie Cassagnes-Brousquet, Editions Ouest-France, Avril 2010.

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Le livre : une passion du Moyen Âge

Posté par francesca7 le 17 juin 2014

 

 

téléchargement (14)Depuis le Moyen Âge, l’histoire du livre est liée à notre civilisation occidentale, l’écrit étant indispensable à la transmission de la culture. Les bibliothèques Européennes renferment une grande part de notre patrimoine culturel et artistique, auquel l’avènement du christianisme a largement contribué en donnant au livre une aura sacrée. Grâce au travail lent et laborieux des scribes et au talent des enlumineurs, la passion du livre, objet rare et précieux, est donc bien un legs du Moyen Âge. Les lieux de cette création, leur déplacement des monastères aux villes a fait évoluer le rapport livre-lecteur vers de nouvelles utilisations. 

Le rôle du livre au Moyen Âge

Il ne faut pas oublier, cependant que la grande majorité des hommes et des femmes de cette époque ne savaient pas lire et n’avaient pas les moyens matériels d’accéder à la culture, apanage des riches seigneurs et des ecclésiastiques. Le livre est alors support à la méditation sacrée du moine sur les écritures, divertissement des princes sous forme de romans ou de traités de chasse, et plus tard, outil de l’écolier studieux qui peine sur un manuel de grammaire latine. 

Le livre n’est pas seulement un texte qui prend des formes de plus en plus variées, mais aussi un fabuleux répertoire d’images. L’illustration des livres de dévotion ou des œuvres profanes acquiert à cette époque une importance particulière : l’image accompagne et nourrit le texte, les plus grands artistes participent aux décors des manuscrits. La peinture est dans les livres ! 

L’histoire du livre

L’histoire du livre a beaucoup évolué avant d’atteindre sa forme définitive au Moyen Âge. Cette histoire s’insère entre deux grandes évolutions techniques : l’apparition du codex au premier siècle avant Jésus-Christ et l’invention de l’imprimerie vers 1460. 

Dans l’antiquité, les supports de l’écriture étaient aussi variés qu’ingénieux : planchettes de bois enduites de cire, tablettes de terre, écorces d’arbres, bandes de tissu de soie en chine, rouleaux de papyrus en Egypte, en Grèce ou à Rome. Ces supports demeurèrent utilisés pour l’écriture de documents éphémères, comme les « beresty » brouillons griffonnés sur des écorces de bouleau par les marchands de Russie.. 

Les supports de l’écriture

Quels étaient les trois principaux supports pour l’écriture au Moyen Âge? Le papyrus, le parchemin et le papier. Le papyrus associé à l’Egypte ancienne, dont il provient, demeure longtemps utilisé dans le monde méditerranéen notamment par la chancellerie pontificale. Vers 1051, il est supplanté par le parchemin (qui tire son nom de la ville de Pergame en Asie mineure). Il se répand au IIIe et IVe siècle à la faveur d’améliorations techniques. Toutes sortes d’animaux peuvent fournir des peaux à sa fabrication : la chèvre et le mouton donnent une qualité ordinaire appelée « basane. » Du veau est tiré le « velin », qualité fine et prisée, mais aussi la plus chère. 

Les parcheminiers s’installent dans les villes, ou à proximité des monastères. La fabrication du parchemin est longue et minutieuse. Les peaux sont vendues par bottes, pliées en deux ou en quatre (la pliure détermine les formats). Ils peuvent être teintés en rouge ou en noir, avec des lettres d’or ou d’argent pour les manuscrits de luxe. La peau est plus solide et plus résistante aux incendies, elle peut être utilisée pour les reliures, ou grattée et réécrite. 

Le papier, apparu à la fin du Moyen Age, fut inventé en Chine vers 105 après Jésus Christ, sa diffusion suivit la route de la soie. Fabriqué à partir de chiffons plongés dans un bain de chaux, il est constitué de fibres croisées et tendu sur des cadres. L’utilisation du moulin à papier et de la presse en fit progresser la technique. Le papier finit par s’imposer en raison de son prix très compétitif (treize fois moins cher que le parchemin au XV e siècle). 

Les écrits destinés à durer étaient transcris sur des rouleaux de papyrus ou de parchemin. L’apparition du codex (livre de forme parallélépipédique mentionné vers 84-86 après Jésus-Christ) connaît rapidement un réel succès. 

Plus pratique que le rouleau, il permet d’écrire sur une table ou un pupitre. Des bibles sous la forme de codex sont mentionnées dès le II e siècle. 

Le scribe et ses outils

Le scribe est le grand spécialiste de l’écriture, tâche lente et fastidieuse. Il s’entraine sur des tablettes de cire qu’il grave à l’aide d’une pointe de métal, d’os ou d’ivoire. Pour tracer ses lettres sur le parchemin ou le papier, il dispose de trois outils essentiels : la pointe, une mine de plomb, d’argent ou d’étain qui sert pour les brouillons et le tracé des réglures afin de présenter des pages homogènes, le « catalame » (roseau taillé) et enfin la plume d’oiseau. 

images (10)Plumes de canard, de corbeau, de cygne, de vautour ou de pélican servent à l’écriture, la meilleure étant la plume d’oie! Le scribe taille la plume à l’aide d’un canif. Rythmes forts, verticales accentuées et horizontales plus fines, alternances de pleins et de déliés sont déterminés par la taille.

 L’encre noire est obtenue par la décoction de substances végétales comme la noix de galle et l’ajout de sulfates de plomb ou de fer. L’encre rouge est réservée aux titres des ouvrages et des chapitres (cette coutume a donné son nom aux  »rubriques », terme dérivé du latin  »ruber » qui veut dire rouge). En l’absence d’une table des matières, elles permettent au lecteur de se repérer plus vite dans le manuscrit. Celui-ci peut être divisé en cahiers distribués à plusieurs scribes qui se partagent le travail, afin d’en accélérer la copie. 

Enluminures et miniatures

Les ouvrages dotés d’illustrations sont minoritaires en raison de leurs coûts élevés L’enluminure a une double fonction : décorative, elle embellit l’ouvrage, pédagogique elle éclaire le texte. L’enlumineur reçoit une feuille de parchemin déjà écrite sur laquelle des espaces ont été délimités par le scribe afin qu’il puisse y réaliser ses peintures. Plusieurs mains interviennent pour le décor d’un manuscrit : l ‘enlumineur des lettres, celui des bordures et « l’historieur » ou peintre d’histoire qui compose les scènes historiées.

A l’époque romane (XI e et XII e siècles) les majuscules peuvent aussi servir de cadre à une véritable composition, les jambages de l’initiale permettant au décor de s’y développer. Au XIV e siècle, les marges se peuplent de motifs végétaux, acanthes ou bouquets de fleurs , animaux réels ou fantastiques, personnages, armoiries, et parfois de petites scènes dans des médaillons.

 Des monastères aux ateliers urbains

Concentrés dans les monastères au cours des premiers siècles, les manuscrits (produits dans un atelier appelé scriptorium) s’implantent en ville, donnant naissance à un véritable marché du livre.

La ponctuation et la séparation des mots font leur apparition en France du Nord dans le milieu du XI e siècle, ainsi que la pratique de la lecture silencieuse. Les écoles épiscopales souhaitées par Charlemagne se développent au cours du XII e siècle en même temps que les villes. Les libraires font leur apparition au début du XIII e siècle, ils passent commande de manuscrits aux copistes et les vendent aux maîtres des écoles et à l’université. 

Les libraires ou stationnaires dominent les quatre corps de métier liés à la production du livre : les copistes, les parcheminiers, les enlumineurs et les relieurs. Si les premières bibliothèques apparaissent dans les monastères, elles deviennent par la suite publiques ou privées. Même s’il n’est pas enluminé, le livre coûte cher. Après l’achat du parchemin, il faut ensuite payer la copie, tâche lente et fastidieuse, puis la reliure. 

Quelques améliorations apportées à sa fabrication vers la fin du Moyen Âge permettent de faire baisser le prix du livre: réduction des formats, emploi de papier, appauvrissement du décor, reliures plus modestes. Les libraires proposent également des livres d’occasion. 

Les ouvrages universitaires s’intéressent à la théologie, au droit ou à la médecine, tandis que les rois, les princes et seigneurs collectionnent les volumes consacrés à l’édification religieuse et morale, au savoir politique et au divertissement (romans, poésies). 

Les livres de l’université

L’essor des écoles urbaines au XIIe siècle, puis la création des universités au siècle suivant suscitèrent un nouveau public de lecteurs. Maîtres et et écoliers considérèrent les livres comme les principaux outils du savoir. Guère fortunés, les intellectuels du Moyen Âge s’arrangent pour posséder les ouvrages fondamentaux, certains parviennent à réunir une petite bibliothèque privée, mais la plupart se rabattent sur des exemplaires d’occasion, ou recopient des manuscrits empruntés. 

La collection de livres universitaires la plus connue est celle fondée par Robert de Sorbon, (confesseur de Louis IX en 1250) pour les étudiants pauvres se destinant aux études de théologie à l’université de Paris (un millier de volumes). La diversité des images, la richesse et la fantaisie des décors, le monde de couleurs inaltérables que le temps et l’usure n’ont pu ternir, sont autant d’éléments qui permettent d’expliquer la fascination qu’exercent sur nous les livres du Moyen Âge. 

La distance qui nous sépare de leur création, leur conservation miraculeuse en font des objets presque sacrés, que les bibliothèques ou les collectionneurs privés conservent jalousement. Quelques expositions dévoilent parfois à un public ébloui la richesse de ce patrimoine. Ces ouvrages ont marqué de manière indélébile notre vision de cette période. 

De l’élégance et de la fantaisie des « très riches heures du duc de Berry » à l’imaginaire des « Apocalypses mozarabes » et des bibles romanes, tous les manuscrits du Moyen Âge nous introduisent dans un monde de rêve comme ils l’avaient fait voici des siècles auprès de leurs premiers lecteurs. 

Sources  : La passion du livre au Moyen Age de Sophie Cassagnes-Brouquet. Editions Ouest-France, 2010.

 

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LE NARVAL ET LES HOMMES

Posté par francesca7 le 15 juin 2014

 

 

Les narvals, bien que vivant très loin de nos régions peuplées, furent et sont toujours présents dans nos mythes et nos croyances. Chassés par les uns, vénérés par les autres, ils étonnent les esprits curieux de notre époque, en particulier les scientifiques. 

Le narval dans notre histoire et notre culture

téléchargement (8)Histoire du narval
Les Inuits sont les premiers à avoir chassé ces animaux, et aussi les premiers à s’être interrogés sur cette « corne ». Les mythes ont suivi…

Pour les Inuits, c’est une femme qui serait à l’origine de l’apparition de cet ornement. Une femme chassant le narval, avec la corde du harpon autour de sa taille, aurait été entrainée dans l’eau par un animal harponné. Elle se serait transformée en narval et ses cheveux, enroulés dans les mouvements vers les profondeurs, auraient donné la corne torsadée.
Plus prosaïquement, les Inuits utilisaient absolument toutes les parties du corps du narval. Depuis la chair jusqu’à la graisse et le cuir, en passant, bien sûr, par l’ivoire de la corne, qui est d’ailleurs toujours sculptée par les Inuits. Rien n’était perdu de ce don que la nature faisait au chasseur et à sa famille.

La corne est arrivée dans nos régions grâce au commerce avec les vikings.
Durant le Moyen-âge, on croyait dur comme fer qu’il s’agissait d’une corne de licorne.

La licorne, un animal fabuleux, qui ressemble à un cheval et qui tient sa force de sa corne. Les témoignages concordent pour affirmer que lorsque la licorne est poursuivie par des chasseurs, elle se précipite du haut d’un précipice en se recevant sur la corne qui grâce à sa force fabuleuse amortit la violence de la chute.

La corne de licorne est une panacée. Non seulement une fois réduite en poudre (attention ça coûte très cher) elle est capable en présence d’un plat empoisonné de se mettre à fumer pour prévenir qu’il ne faut pas le consommer. Mais elle peut également servir de remède universel puisqu’elle est capable de guérir de tous les poisons.
La dent de narval se vendait plusieurs fois son poids en or. On raconte qu’au 16ème siècle, la reine Elizabeth en acheta une pour 10 000 livres de l’époque, soit le prix d’un château entier.

Evidemment, avec les avancées des explorateurs, la vérité sur l’origine de cette corne fut dévoilée. C’est Olaus Magnus, un auteur Suédois du 16ème siècle, qui en publia le premier un dessin et l’identifia sous le terme de « narwal », un mot d’origine scandinave.

Dans le dictionnaire de Trévoux au 18ème siècle on peut lire : « C’est une grosse baleine qui vit de cadavres… La corne sert d’arme pour attaquer les grosses baleines et il la pousse avec tant d’impétuosité qu’il peut transpercer un fort gros navire« .

 

De nos jours, le narval est toujours chassé par les Inuits
Certains chasseurs du Groenland utilisent encore des méthodes traditionnelles, c’est-à-dire harpon et kayak, mais ils sont de plus en plus rares.

Le plus souvent, on préfère une embarcation rapide et une carabine. Une chasse qui ne laisse aucune chance à l’animal et ne recherche que l’efficacité.

On pense que la population de narval continue de baisser mais il est très difficile d’imposer aux peuples de l’Arctique de ne plus chasser l’animal. Les rares essais de sensibilisation n’ont pratiquement pas eu de résultats. Il faut dire que rien n’est perdu lorsqu’un narval est capturé. Les os sont utilisés comme outils. La peau et la graisse crues constituent un plat particulièrement apprécié des Inuits, le Mattak.
Le narval est également utilisé pour nourrir les chiens de traineau, ce qui montre que l’animal est loin là-bas d’être une licorne, c’est juste une proie au service de l’homme et de ses convives. La sympathie qu’inspirent les cétacés auprès du public occidental n’a pas atteint les habitudes plus en prises avec les réalités quotidiennes des peuples Inuits.

Néanmoins, une telle chasse pourrait mettre en danger l’espèce, dont le mode de vie risque déjà d’être fortement perturbé par la fonte des glaces. Une des grandes préoccupations est l’ouverture, suite à la fonte des glaces, de la région arctique aux pêcheurs professionnels.
Si le phénomène devait se poursuivre il s’en suivrait une raréfaction des proies, pas seulement pour le narval, mais pour tous les cétacés et pinnipèdes de ces régions.

Le retour de la corne de la licorne
Les occidentaux aimeraient voir l’animal protégé, particulièrement les scientifiques, chez qui on retrouve un intérêt pour cette dent gigantesque.
Aux dernières nouvelles, cette dent hautement innervée pourrait avoir un rôle sensoriel, permettant à l’animal de repérer ses proies. Cette hypothèse s’oppose au fait que seuls les mâles possèdent normalement cet appendice. Or, les femelles ne semblent pas plus maladroites que les mâles dans leur chasse ou leurs déplacements. Bref, ce caractère sexuel n’est probablement qu’un attribut lié aux relations sociales, mais la « corne » n’a pas finit de susciter des interrogations. Pour cette raison, on aimerait que le narval ait un véritable avenir, mais sa relation à l’homme et les changements climatiques ne sont pas des points positifs pour la pérennité de l’espèce.

Etymologie

Le mot narval est d’origine scandinave, et signifie « corps » ou « cadavre », en relation avec la peau grisâtre de l’animal, qui fut images (6)comparée à celle d’un homme noyé. Le nom scientifique est plus terre à terre. Monodon signifie « une dent » et monoceros veut dire « une corne ». Le nom de genre du narval est utilise comme genre-type de la famille, d’où le nom monodontidés.

Les synonymes
On pouvait s’en douter, un des autres noms communs du narval est licorne de mer. Il n’en reste pas moins que le nom narval, certes un peu moins imagé, est préférable, et internationalement utilisé. On dit ainsi « narwhal » en anglais.

Où rencontrer des narvals ?

Le narval se rencontre dans la région arctique, aussi bien en Atlantique que dans les zones russes. On les trouve ainsi sur les côtes du Groenland, dans la baie d’Hudson, ou encore le long de la côte nord-est de la Russie. Néanmoins, c’est au nord du Canada et le long du Groenland que vit l’essentiel des 75 000 individus estimés de cette espèce. L’observation la plus nordique du narval s’est faite à une latitude de 85° Nord, faisant du narval le champion des eaux polaires.
Pour l’observation côtière, il faudra se rendre sur place durant l’été. Cette espèce migratrice se rapproche des côtes à cette saison. Les narvals vont plus au large lorsque la banquise se forme, se regroupant dans des fissures de la glace pour prendre leur respiration.

Article réalisé par Arnaud Filleul.

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