Quand les baleines marchaient
Posté par francesca7 le 29 juin 2014
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La baleine bleue ou rorqual bleu est issue d’une lignée d’ancêtres qui quitta la vie aquatique pour vivre une vie terrestre sur quatre pattes puis fit le chemin inverse pour retourner vivre dans les eaux originelles.
Quand les baleines marchaient
Il n’est plus besoin aujourd’hui de rappeler que ce sont des mammifères et non des poissons, même les enfants le savent et le racontent aux quelques grandes personnes qui l’ignorent encore. Cependant, peu nombreux sont ceux qui connaissent l’histoire évolutive des cétacés et savent ce qu’implique d’être un mammifère aquatique.
Les baleines proviennent d’un ancêtre terrestre, qui marchait sur la terre ferme, sur ses quatre pattes. La baleine est un exemple de retour à la mer, phénomène qui s’est également produit chez les reptiles avec les tortues de mer ou encore les ichtyosaures et autres reptiles marins fossiles.
Beaucoup de caractères anatomiques évoquent leur ancienne vie terrestre. Tout d’abord, l’obligation de respirer l’air atmosphérique au contraire des poissons qui, grâce à leurs branchies, utilisent l’oxygène dissous dans l’eau. Ensuite, le fait qu’elles allaitent leurs petits nous rappellent qu’elles sont, comme nous, des mammifères. L’anatomie du squelette est également porteuse d’information puisqu’on retrouve des traces de leurs anciens membres terrestres. Ainsi, à l’intérieur des palettes natatoires, souvent dénommées improprement nageoires, on trouve le squelette d’une main comprenant 5 doigts et ressemblant fortement aux membres d’un animal marcheur.
- Les ancêtres des baleines étaient donc des quadrupèdes, mais à quoi ressemblaient-ils ?
- Existe-t-il des animaux terrestres actuels étroitement apparentés aux baleines ?
Voici les deux questions que les évolutionnistes ont essayées de résoudre, avec un certain succès même si certains points demeurent partiellement irrésolus. Tout d’abord, on connaît de nombreuses espèces fossiles apparentées aux baleines, des formes très spectaculaires qui permettent de comprendre comment un animal terrestre peut devenir aquatique en quelques millions d’années. Ensuite, les progrès de la génétique nous ont permis de connaître les parentés des baleines et les résultats vont en surprendre plus d’un.
Les parents actuels des baleines
Si l’on vous demandait de classer un sanglier, un cerf et une baleine, il y a fort à parier que vous placeriez le sanglier et le cerf ensemble et la baleine dans un groupe à part. Les zoologistes avaient tout d’abord eu la même attitude et avaient rassemblé le cerf, le sanglier, et toutes les autres espèces que l’on croyait apparentées au sein du groupe des Artiodactyles. L’une des caractéristiques du groupe étant le fait que l’axe des membres passe entre les doigts 3 et 4.
Cétartiodactyles :
Depuis, les progrès de la méthodologie en systématique ont permis de mettre à jour des relations de parenté ignorées jusque là. Cela va en surprendre plus d’un mais un cerf est plus proche parent d’une baleine que d’un sanglier.
Depuis une trentaine d’années, l’adoption de nouvelles méthodes a permis de beaucoup mieux comprendre les relations de parenté, dites relations phylogénétiques. C’est notamment grâce à l’étude de l’ADN que des progrès ont été enregistrés. L’exemple du cerf, du sanglier et de la baleine est une illustration parfaite des dangers de la ressemblance globale pour comprendre l’évolution.
Les Ruminants (le groupe du cerf) sont plus ressemblants aux Suinés (le groupe du sanglier) qu’aux cétacés (le groupe de la baleine). Malgré cette ressemblance, les Ruminants sont plus proches parents des Cétacés que des Suinés. Cette parenté a entraîné la suppression du groupe des Artiodactyles et la création d’un groupe plus inclusif, les Cétartiodactyles, comprenant les baleines.
Les recherches génétiques ont donc prouvé que des animaux aussi différents qu’un chameau, un sanglier, un cerf, un hippopotame et un cachalot descendent tous d’un ancêtre commun et doivent en conséquence être classé dans le même groupe zoologique, les Cétartiodactyles. Les hippopotames sont les plus proches parents actuels des baleines. Les recherchent basées sur l’anatomie ont donné des résultats similaires bien que les relations de parenté au sein des Cétartiodactyles soient toujours discutées. L’origine commune de tous les membres du groupe est, elle, acceptée par tous. Le fait qu’une baleine soit apparentée à un animal à quatre pattes n’a au fond rien d’étonnant lorsque l’on sait que les ancêtres des baleines marchaient sur la terre ferme.
La baleine bleue et ses cousins actuels
La baleine bleue appartient au groupe des baleines à fanons, les Mysticètes, par opposition aux cétacés à dents, les odontocètes.
Les Mysticètes :
Les fanons sont évidemment la caractéristique la plus remarquable de ces animaux. Il s’agit de longues plaques kératineuses qui s’insèrent dans la mâchoire supérieure et s’étendent jusqu’à la mâchoire inférieure. Ces structures permettent de consommer du plancton (ces petites crevettes nageuses de la famille des Euphausiacés, plus couramment dénommées krill) mais aussi des bancs entiers de petits poissons pélagiques.
Bien que les embryons présentent des dents vestigiales, l’adulte est complètement édenté. Parmi les autres caractères anatomiques du groupe, on compte la présence systématique d’un évent formé de deux orifices et l’absence de fusion entre les deux moitiés de la mâchoire inférieure.
Ce sont tous des animaux de grande taille, le plus petit, la baleine pygmée, mesure déjà 6 mètres et le plus grand, la baleine bleue, détient le record toutes catégories avec 33,5 mètres.
Les baleines à fanons se distinguent également par leur langage sophistiqué composé d’une grande variété de sons et pouvant prendre la forme de phrases atteignant une demi-heure.
Ce sont de grands migrateurs, les zones de reproduction étant éloignées des zones de nourrissage. C’est notamment dans les eaux froides des océans arctique et antarctique que les baleines se nourrissent, mais les petits sont mis au monde sous des températures plus clémentes et la migration vers les zones froides n’est pas entreprise tant que les jeunes n’ont pas accumulé leur couche de graisse protectrice.
Les Mysticètes ne comptent que 11 espèces réparties dans 4 familles et la faible richesse spécifique du groupe a failli être accentuée par la pêche professionnelle. De nos jours, la plupart de ces baleines sont protégées.
Les quatre familles sont :
- les Balénidés, sont de grandes baleines à la tête énorme comme la baleine franche ;
- les Néobalénidés, ne sont représentés que par la baleine pygmée ;
- les Balénoptéridés, regroupe tous les rorquals mais aussi la baleine à bosse et l’immense baleine bleue ;
- et les Eschrichtiidés, dont la baleine grise est la seule représentante.
Certains auteurs séparent l’espèce des baleines bleues Balaenoptera musculus en quatre sous-espèces :
- Balaenoptera musculus musculus pour les populations de l’Atlantique Nord et du Pacifique Nord,
- Balaenoptera musculus intermedia, pour des populations de l’hémisphère sud,
- Balaenoptera musculus brevicauda, une baleine bleue plus petite que l’on rencontre dans l’océan Indien et le sud du Pacifique,
- et Balaenoptera musculus indica, de l’océan Indien, une sous-espèce que certains ne jugent pas nécessaire de différencier, pensant qu’il s’agit des mêmes populations que Balaenoptera musculus brevicauda.
Au sein de sa famille (les Balénoptéridés), la baleine bleue présente de nombreux cousins presque aussi célèbres qu’elle. On notera surtout la baleine à bosse, mais aussi tous les rorquals.
Article réalisé par Arnaud Filleul et Jean-Pierre Fleury.
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