Parc Archéologique Européen de Bliesbruck-Reinheim
Posté par francesca7 le 23 mai 2014
A Reinheim le visiteur peut découvrir une nécropole celtique reconstituée formée de trois tertres funéraires appelés tumulus. Il est possible de pénétrer dans la tombe reconstituée de la Princesse de Reinheim après avoir franchi un pavillon d’accueil. L’ambiance de la chambre funéraire est restituée au moyen d’une muséographie audacieuse dans un espace de béton brut. Des panneaux d’informations disposés dans la galerie qui descend progressivement vers la chambre funéraire donnent au visiteur les clefs pour comprendre le monde celtique du Ve siècle avant J.-C.
> La tombe de la princesse de Reinheim
A l’emplacement de l’étang situé à l’Est de la villa existait en 1950 une petite butte de 120 m de diamètre dépassant de 2 m le niveau des champs des alentours. Les fouilles ont montré qu’il s’agissait d’une nécropole de plusieurs tumulus celtiques nivelés dès l’époque romaine. L’un de ces tertres a été exploré en 1954 : il avait un diamètre de 23 m et sa hauteur a pu être restituée à environ 5 m. Il recouvrait une chambre funéraire en bois de 3,50 m x 2,70 m x 0,90 m.
La personne inhumée, une femme, portait un torque torsadé avec des embouts figurés représentant un masque humain surmonté à la manière d’un casque d’un rapace fortement stylisé. A son poignet droit elle portait un bracelet en or à embouts figurés, alors que la main était ornée de deux bagues en or. A son avant-bras gauche, elle avait trois bracelets en or, verre, et lignite. Les vêtements étaient agrafés par une fibule en or décorée de corail et une fibule en bronze en forme de coq. A droite de la défunte a été découvert un miroir en bronze à manche figuré. A sa droite ont été retrouvées de nombreuses perles en ambre et en verre et des amulettes.
La partie orientale de la chambre funéraire comprenait ce qui était nécessaire pour la vie dans l’Au-delà. A côté de deux plats en bronze, de deux anneaux en or et de trois rosettes qui décoraient des cornes à boire a été retrouvée une cruche décorée de motifs curvilignes dont le couvercle porte un équidé à tête humaine barbue.
La tombe princière de Reinheim a été élevée vers 400 av. J.-C. pour une femme qui faisait partie de la couche supérieure de la société fortement hiérarchisée de l’époque. Sa résidence se trouve peut-être sur la colline qui domine la vallée, comme des comparaisons avec des sites analogues le laissent penser.
A Bliesbruck, les thermes publics sont situés dans la partie inférieure du site, non loin de la rivière. Ils sont bordés par une aire empierrée, chemin ou place parallèle à l’axe principal qui se trouve sous la route actuelle et accessible sans doute depuis cet axe par un chemin empierré orienté nord-est/sud-ouest.
Construit à la fin du Ier siècle ap. J.-C., il comprend un corps central avec les pièces balnéaires, une cour avec un bassin central et des boutiques encadrant l’entrée. Au nord, un bâtiment abritant des ateliers – boutiques prolonge le complexe thermal.
Au cours du IIe siècle, l’ensemble fait l’objet d’aménagements et d’agrandissements pour atteindre son apogée au IIIe siècle. L’entrée est alors modifiée ainsi que les boutiques et leur portique.
Les invasions des années 250 – 275 mettent l’ensemble hors service.
Au IVe siècle, une partie du complexe est réutilisée par des bronziers. Mille ans plus tard, au XVe et au XVIe siècle, les restes des bâtiments sont réutilisés en maison-forte, un habitat légèrement fortifié.
Le bâtiment est ensuite abandonné, les pierres des murs récupérées et les terrains mis en culture jusqu’aux fouilles qui débutent en 1987.
En 1993 le bâtiment est présenté au public sous la protection d’un bâtiment moderne.
La résidence : La fouille systématique de la villa a débuté à l’été 1987 C’est au IIIe siècle que cette villa a eu sa plus grande expression. Elle se compose alors d’une résidence formée de plusieurs corps de bâtiment (partie A) et d’une grande cour (partie B) délimitée par un mur sur lequel s’appuient plusieurs constructions isolées.
La résidence s’inscrit dans un rectangle de 80 m de long dans la direction est-ouest et de 70 m de large dans la direction nord-sud. Elle se compose d’un corps de bâtiment central rectangulaire orienté perpendiculairement à l’axe de l’ensemble et de deux ailes qui débordent largement par rapport aux façades du corps central. Au sud de cette résidence s’étend la cour agricole longue de 300 m (direction nord-sud) et large de 150 m (direction est-ouest).
L’ensemble couvre une superficie de 5 ha.
L’aile est est dégagée sur 2/3 de sa superficie. La partie méridionale de cette aile non encore dégagée actuellement a été fouillée partiellement au XIXe siècle. D’après les relevés de cette époque, une des pièces était dotée d’un chauffage par hypocauste.
Ainsi complétée l’aile est se compose de trois unités formant un ensemble dont celle médiane est bordée à l’extérieur par un portique.
La partie nord de cette aile se compose d’un ensemble de pièces ordonnées de façon symétrique qui sont séparées de la partie centrale par une cour relativement grande. Dans plusieurs pièces de cette aile sont conservés des sols en béton de chaux (terrazo).
Un couloir situé sur le côté ouest permet de relier ces pièces aux autres parties de la villa, en particulier au corps central et à l’aile ouest.
Le corps central est de forme rectangulaire, d’une longueur de 44,70 m et d’une largeur de 19,20 m. Il est mal conservé, mais une subdivision en trois pièces ainsi que deux portiques longeant les façades nord et sud sont encore reconnaissables.
L’aile ouest ne formait pas une unité. Elle comprend un corps d’habitation, un ensemble balnéaire et une cave qui sont reliés entre eux par des couloirs ou des portiques.
La partie méridionale de cette aile, à usage d’habitation est formée de pièces dotées toutes d’un sol en terrazo ; deux d’entre elles étant aussi chauffées par le sol. Ces deux pièces chauffées par hypocauste étaient desservies à partir d’une même chambre de chauffe. Les chambres de chaleur de ces deux pièces étaient de plus reliées entre elles par un conduit traversant le mur les séparant.
La plus grande de ces pièces de 9 m de longueur sur 6,5 m de largeur n’était pas chauffée par le sol sur toute sa superficie.
Au nord de ce corps de pièces d’habitation, a été construite, dans une deuxième phase, une cave de 5,40 m sur 5,20 m. Elle était éclairée par deux soupiraux encore partiellement visibles dans le mur ouest alors que celui situé du côté sud comprend deux niches. Les murs sont encore conservés sur une hauteur de 1,30 m. Ils sont construits en petit appareil calcaire à assises réglées avec des joints tirés au fer et soulignés d’un trait rouge.
Le sol était sans doute constitué d’un plancher en bois. Cette cave était accessible à partir d’un escalier parallèle au mur est dont les restes carbonisés ont été retrouvés lors de la fouille.
Après sa destruction, probablement lors des invasions germaniques du milieu du IIIe siècle, la cave partiellement comblée a été réutilisée en dépotoir. On y a retrouvé, mêlé à des débris et à des cendres, un important mobilier du IVe siècle, en particulier des monnaies et de la sigillée d’Argonne décorée à la molette.
La partie nord de cette aile est occupée par les thermes. Les fouilles effectuées jusqu’à présent permettent de reconnaître plusieurs petites pièces dont une avec une abside. C’est seulement lors d’une phase de transformation que cet ensemble a été inclus dans le pavillon d’angle nord-ouest. Formé de nombreuses petites pièces dont la fonction n’est pas identifiable de façon certaine, il comprend sans doute les pièces caractéristiques des bains romains, en particulier un caldarium (bain chaud), un tepidarium (bain tiède) et unfrigidarium (bain froid).
Au cours de la première phase de construction de la villa, le corps central était bordé à une distance de 3,50 m de sa façade
nord entre les avancées des deux ailes par un bassin long de 40 m mais seulement large de 3 m. Il est entièrement dégagé dans sa partie orientale. Il est construit en grandes plaques calcaires d’une longueur de 0,50 m à 1 m et d’une largeur de 0,35 m à 0,70 m et d’une épaisseur d’environ 4 cm. La paroi sud est constituée de dalles verticales fixées par des clous en T à un muret de pierres recouvert d’un enduit de mortier à tuileaux. Du côté est et nord, les dalles sont inclinées vers l’extérieur et reposent sur un lit d’argile assurant l’étanchéité. C’est probablement au début du IIIe siècle que le bassin a été abandonné et remblayé. Sa paroi sud a été recouverte partiellement par un mur parallèle au mur nord du corps central, délimitant ainsi un couloir qui se poursuit par deux galeries bordant les ailes et à mettre en relation avec la dernière phase de construction de la villa.
Au nord du pavillon d’angle nord-est et à une distance de 8,50 m ont été mis au jour les restes d’un puits cuvelé de côté 1 m. Il se composait d’éléments superposés formés chacun de 4 planches reliées entre elles. La dendrochronologie a permis de dater cet élément des années 90 ap. J.-C. (analyse dendrochronologique faite par M. Neyses, Musée de Trèves). Un puits maçonné à sec dont la fonction est encore indéterminée a été découvert dans l’aile est.
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