A l’assaut d’Angers
Posté par francesca7 le 29 mai 2014
Au soir du 23 décembre 1793, Westermann vient d’écraser les Vendéens à Savenay, au terme d’une terrible campagne de deux mois qui a mené les troupes royalistes et des milliers de femmes et d’enfants en fuite, jusqu’aux côtes de la Normandie. Cette déroute a marqué la fin de la guerre de Vendée.
Le mardi 3 décembre. c’est une armée délabrée qui se présente sous les murs d’Angers où la garnison a été renforcée par plusieurs régiments que commandent les généraux Kléber, Cannuel et Tilly. La ville est en état de siège. Au cours des journées qui ont précédé l’arrivée des royalistes, les conventionnels Francastel et Esnue-Lavallée ont multiplié leurs actes de cruauté. Cinquante-huit prêtres ont été envoyés a Nantes pour y être noyés. En cours de route plusieurs de ces malheureux seront jetés dans le Maine par leurs gardiens. De nombreuses femmes sont condamnées à mort. Fort heureusement pour elles. les soldats qui les gardent refusent de devenir leurs bourreaux. Elles sont alors conduites à Montreuil-Bellay où plusieurs vont périr.
L’attaque contre Angers commence le 3 décembre et les Vendéens s’emparent assez rapidement des faubourgs mais ils ne peuvent forcer les portes de la ville. Le lendemain, l’artillerie de l’Armée catholique et royale parvient à pratiquer une brèche dans les remparts près de la porte Saint-Michel. La Rochejaquelein s’élance mais ses hommes ne le suivent pas et. pris sous la mitraille. ils reculent.
Stofflet avait promis a ses soldats de les laisser piller la ville quand celle-ci serait prise ce qui provoque les protestations de plusieurs autres chefs qui s’opposent à tout acte de pillage.
— Si nous nous permettions un tel crime. disent-ils. Dieu nous punirait et il serait juste.
Après plus de cinquante heures de combat. les Vendéens, qui craignent d’être pris à revers par l’armée de Marceau, renoncent a occuper Angers et se retirent, laissant 2000 morts sur le terrain. La Rochejaquelein qui a toujours été à la tète des assaillants est désespéré car il se rend compte de l’importance de l’échec que ses troupes viennent de subir.
En revanche à l’intérieur d’Angers les républicains se réjouissent et pour fêter leur victoire ils prennent l’arrêté suivant :
‹« Toutes les têtes des brigands tués pendant le combat des deux jours seront coupées et disséquées pour être ensuite exposées sur les remparts au bout des piques. »
Cet arrêté reçut un commencement d’exécution mais les médecins ne purent aller jusqu’au bout de leur tâche. Les républicains se vengèrent alors sur les vivants.
Des prisonniers avaient été faits au moment de la retraite des Vendéens. Parmi eux on comptait Marcombe, Morna, madame de Civrac, abbesse d’Angoulême. madame d’Aubeterre, abbesse de Fontevrault et plus de cent cinquante laboureurs. Tout cela périt en moins de quarante-huit heures. Madame d’Aubeterre avait quatre-vingt-deux ans et était aveugle. Morna était encore un enfant qui ne consentit pas a livrer sa vie sans combat. Il résista. Les Bleus déchirèrent son corps à coups de baionnette puis on le conduisit au port de l’Ancre. Morna. tout sanglant s’échappe de leurs mains. Il se jette dans les marais. et la les exécuteurs le poursuivent. le traquent et le tuent comme un canard sauvage.
Durant trois jours ce fut une boucherie : le sang coula sur tous les points de la ville. Mais les prisonniers manquèrent bientôt a Franscatel et à Esnue-Lavallée. Les deux conventionnels se virent alors condamnés au repos.
Ils devaient prendre leur revanche quelques mois après en faisant fusiller à Avrillé (Maine-et-Loire) plus de 2000 personnes.
Après avoir subi cet échec sous les murs d’Angers. les Vendéens poursuivent leur course à travers la campagne aussi bien pour fuir les troupes républicaines lancées à leurs trousses que pour se procurer les vivres qui leur manquent. Les villes de Jarzé et de Baugé les voient passer.
L’Armée catholique et royale — du moins ce qu’il en reste — traîne toujours a sa suite son pitoyable troupeau de femmes et d’enfants. Beaucoup succombent en cours de route victimes du froid et de la maladie. Chaque bivouac. abandonné au petit jour, est jonché de cadavres qui demeurent là sans qu’il soit possible de leur donner une sépulture tellement ils sont nombreux.
Le samedi 7 décembre. les Vendéens sont à La Flèche (Sarthe) d’où ils délogent les six mille hommes du général Chabot. Deux jours après celui-ci veut reprendre l’offensive. mais cette fois encore il est battu. Le général Westermann n’a pas plus de chance. Lui aussi est repoussé par cette armée de spectres en haillons qui ne dispose plus que de trente canons et d’une quinzaine de milliers d’hommes en état de se battre.
Après La Flèche, voici Le Mans d’où les archives ont été déménagées. où l’on vit dans l’appréhension.
L’Armée catholique et royale y arrive le mardi 10 décembre après avoir parcouru 40 kilomètres sans halte.
Elle bouscule à Pontlieu quatre mille Républicains qui assurent la protection de la ville et, balayant la garnison. investit Le Mans sans coup férir tandis que les autorités s’enfuient en direction dAlençon et de Chartres.
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