Influence des civilisations Bourguignonne
Posté par francesca7 le 27 mai 2014
Du vase de Vix aux vitraux modernes de la cathédrale de Nevers, la Bourgogne offre au visiteur un riche patrimoine, témoin de toutes les époques artistiques. Églises romanes, monastères cisterciens ou bénédictins, hôtels-Dieu et chemins de Saint-Jacques jalonnent cette terre de spiritualité. Petites cités et belles villes invitent à la flânerie, tout autant que les châteaux et leurs jardins.
Carrefour de routes et de voies d’eau, la région a connu, depuis la plus haute Antiquité, des migrations de peuples et subi l’influence de civilisations diverses. Sous le règne du monachisme, l’art roman fleurit autour de Cluny et de Cîteaux. Une autre période, très riche sur le plan de la création artistique, est celle du gothique tardif déployé à la cour des grands-ducs. Philippe le Hardi puis Philippe le Bon seront les mécènes d’une pléiade de peintres, sculpteurs, musiciens, originaires pour la plupart des « Pays-Bas » du duché.
L’art gallo-romain
Au moment de la conquête romaine, la capitale éduenne, Bibracte , rassemblait de nombreux artisans celtes qui excellaient dans le travail du bois, de la céramique et des métaux comme le fer, le bronze puis l’argent. Des sanctuaires votifs, comme ceux découverts aux sources de la Seine, jalonnaient les grandes voies de communication. Les Éduens, qui entretenaient depuis longtemps des rapports privilégiés avec Rome, virent avec l’implantation de la culture romaine un changement radical : celui du développement de l’urbanisation. Vers l’an 5 av. J.-C., Auguste décide de construire un nouveau chef-lieu selon les principes romains : plan orthogonal, grands axes routiers. Augustodunum (Autun) supplante Bibracte et devient une ville phare au niveau économique et culturel. D’autres cités, comme Alésia, Mâlain, Entrains, se développent sur des sites où l’artisanat prospère. Il faudra attendre le 2 e s. pour qu’apparaissent les premiers éléments (castrum de Divio) de la future capitale, Dijon .
Un art de tailleurs de pierre
La nouveauté apportée par les Romains dans le monde gaulois est le travail de la pierre , dont les monuments cultuels sont les premiers champs d’application. Beaucoup mieux conservés que les monuments et sculptures en bois, ils nous permettent d’apprécier l’art de la période gallo-romaine.
L’examen des stèles ou des sanctuaires est révélateur des différents degrés de romanisation : dans les grandes villes, l’influence de Rome est assez hégémonique, et de nombreux temples sont élevés en l’honneur d’Apollon, souvent associé à des divinités indigènes ; dans les campagnes, le panthéon romain parvient plus difficilement à assimiler les dieux celtes. Les matres gauloises, divinités de la prospérité et de la fécondité, restent très vénérées ; les sources sont encore fréquentées pour leurs pouvoirs curatifs ; les ex-voto anatomiques en bois y sont peu à peu remplacés par d’autres en pierre .
Une grande importance est donnée aux monuments funéraires, et les stèles, de plus en plus expressives et réalistes, donnent une image fidèle de l’organisation de la société gallo-romaine.
Les riches propriétaires se font construire des villas à la romaine : la cella gauloise est entourée de portiques, décorée de colonnes et de mosaïques, agrémentée de thermes et de salles chauffées par hypocauste (système de chauffage par le sol utilisé à l’époque romaine).
À l’aube de l’avènement de la culture chrétienne, amorcée à Autun par le martyre de saint Symphorien et accélérée par l’évangélisation de saint Martin, de nouvelles inspirations apparaissent, qui vont changer et marquer l’art de la région.
L’art carolingien
Une période inventive
Après la période d’éclipse du haut Moyen Âge, l’époque carolingienne (8 e -9 e s.) connaît un renouveau artistique qui se manifeste principalement en architecture . Parmi les éléments novateurs, on relève la crypte annulaire sous le chevet, la crypte-halle aux dimensions d’une véritable église souterraine, le chapiteau cubique. Les plans des édifices religieux sont simples et les constructions, de pierre grossièrement taillée, rudimentaires. On en voit des exemples dans l’ancienne crypte de St-Bénigne à Dijon, ainsi que dans celles de Ste-Reine à Flavigny-sur-Ozerain et de St-Germain d’Auxerre.
La sculpture s’exprime alors assez maladroitement : deux chapiteaux de St-Bénigne représentent, sur chaque face, un homme en prière, les mains levées vers le ciel. Travaillée sur place, la pierre témoigne des tâtonnements du sculpteur ; certaines faces sont restées à l’état linéaire. Vestige de la basilique construite au milieu du 8 e s., la crypte de Flavigny conserve quatre fûts de colonnes, dont trois semblent être romains et le quatrième carolingien ; les chapiteaux présentent un décor de feuilles plates d’une facture encore fruste.
À la même époque, fresques et enduits sont employés dans la décoration des édifices religieux. D’admirables fresques représentant avec beaucoup de vivacité la lapidation de saint Étienne ont été mises au jour en 1927 à St-Germain d’Auxerre.
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