Le livre des merveilles de Marco Polo
Posté par francesca7 le 24 mai 2014
Depuis Alexandre le Grand, qui a poussé son incursion jusqu’à l’Inde, les communications avec l’Asie, surtout la Chine, n’ont été ni intenses ni, probablement, très régulières. Les Romains firent du commerce avec la Chine : on sait que la soie, qui transitait par la route des caravanes, était très appréciée des Romaines.
Le premier témoignage écrit d’un voyageur occidental en Chine que nous avons date de la moitié du XIIIe siècle : il s’agit de Jean du Plan Carpin, envoyé par le pape pour tenter d’obtenir la conversion du Grand khan et négocier la paix avec lui. Il faut dire que dans les années 1210, Gengis khan avait commencé l’invasion du continent eurasiatique et, de succès en succès, poussé jusqu’aux environs de Vienne en 1241. L’Europe, qui se souviendrait de cette menace d’un nouvel Attila jusqu’au Péril jaune, avait échappé de peu à l’invasion des hordes mongoles en raison de la mort du Grand khan. La menace subsistant avec Ogödeï, le pape envoya Plan Carpin. Ses deux années de voyage (1245-7), ce vieil homme les assura avec courage mais revint cependant bredouille — sauf la mine d’informations sur les contrées traversées et le peuple mongol. Après lui, il y eut Guillaume de Rubroeck, mais, comme l’écrit Muriel Détrie : « Si les récits des missionnaires Jean du Plan Carpin et Guillaume de Rubroeck ont été les premiers à révéler à l’Europe une partie du monde jusqu’alors inconnue, ils n’ont eu en leur temps qu’un faible retentissement [...]. Leur importance a été éclipsée en fait par un récit d’apparence fabuleuse qui n’a cessé, du Moyen Age jusqu’à nos jours, de hanter les mémoires et d’exciter les imaginations : nous voulons parler bien sûr du Livre des merveilles de Marco Polo.
CHAPITRE I
Comment Nicolas et Matteo Polo s’en allèrent en Orient.
L’an de Jésus-Christ 1253, sous l’empire du prince Baudoin, empereur de Constantinople , deux gentilshommes de la très illustre famille des Pauls, à Venise, s’embarquèrent sur un vaisseau chargé de plusieurs sortes de marchandises pour le compte des Vénitiens ; et ayant traversé la mer Méditerranée et le détroit du Bosphore par un vent favorable et le secours de Dieu, ils arrivèrent à Constantinople. Ils s’y reposèrent quelques jours ; après quoi ils continuèrent leur chemin par le Pont-Euxin, et arrivèrent au port d’une ville d’Arménie, appelée Soldadie ; là ils mirent en état les bijoux précieux qu’ils avaient, et allèrent à la cour d’un certain grand roi des tartares appelé Barka ; ils lui présentèrent ce qu’ils avaient de meilleur. Ce prince ne méprisa point leurs présents, mais au contraire les reçut de fort bonne grâce et leur en fit d’autres beaucoup plus considérables que ceux qu’il avait reçus. Ils demeurèrent pendant un an à la cour de ce roi, et ensuite ils se disposèrent à retourner à Venise. Pendant ce temps-là il s’éleva un grand différend entre le roi Barka et un certain autre roi tartare nommé Allau, en sorte qu’ils en vinrent aux mains ; la fortune favorisa Allau, et l’armée de Barka fut défaite. Dans ce tumulte nos deux Vénitiens furent fort embarrassés, ne sachant quel parti prendre ni par quel chemin ils pourraient s’en retourner en sûreté dans leur pays ; ils prirent enfin la résolution de se sauver par plusieurs détours du royaume de Barka ; ils arrivèrent d’abord à une certaine ville nommée Guthacam , et un peu au delà ils traversèrent le grand fleuve ; après quoi ils entrèrent dans un grand désert, où ils ne trouvèrent ni hommes ni villages, et arrivèrent enfin à Bochara, ville considérable de Perse. Le roi Barach faisait sa résidence en cette ville ; ils y demeurèrent trois ans.
CHAPITRE II – Comment ils allèrent à la cour du grand roi des Tartares.
En ce temps-là un certain grand seigneur qui était envoyé de la part d’Allau vers le plus grand roi des Tartares, arriva à Bochara pour y passer la nuit ; et trouvant là nos deux Vénitiens qui savaient déjà parler le tartare, il en eut une extrême joie, et songea comment il pourrait engager ces Occidentaux, nés entre les Latins, à venir avec lui, sachant bien qu’il ferait un fort grand plaisir à l’empereur des Tartares. C’est pourquoi il leur fit de grands honneurs et de riches présents, surtout lorsqu’il eut reconnu dans leurs manières et dans leur conversation qu’ils en étaient dignes.
Nos Vénitiens, d’un autre côté, faisant réflexion qu’il leur était impossible, sans un grand danger, de retourner en leur pays, résolurent d’aller avec l’ambassadeur trouver l’empereur des Tartares, menant encore avec eux quelques autres chrétiens qu’ils avaient amenés de Venise. Ils quittèrent donc Bochara ; et, après une marche de plusieurs mois, ils arrivèrent à la cour de Koubilaï , le plus grand roi des Tartares, autrement dit le Grand Khan, qui signifie roi des rois . Or la raison pourquoi ils furent si longtemps en chemin, c’est que marchant dans des pays très froids qui sont vers le septentrion, les inondations et les neiges avaient tellement rompu les chemins que, le plus souvent, ils étaient obligés de s’arrêter.
Version intégrale à trouver ici : http://www.larevuedesressources.org/le-livre-des-merveilles-de-marco-polo-livre-premier,1466.html







































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