Les châteaux de la Loire
Posté par francesca7 le 15 mai 2014
Avant de se couvrir de magnifiques et luxueux châteaux de plaisance bâtis par les rois de France et leurs courtisans, la région comptait nombre de donjons et forteresses réputés imprenables. Mais rares sont ceux qui ont gardé intacte leur architecture d’origine : du Moyen Âge au 19 e s., il y en a donc pour tous les goûts…
Des donjons…
À l’ époque mérovingienne , les forteresses rurales résultent souvent de la mise en défense d’anciennes villaegallo-romaines ou de la réoccupation de sites de hauteur (Loches, Chinon). Ce type de construction subsiste sous les Carolingiens, mais la menace normande entraîne une vague de fortification.
Le château à motte (10 e s.) est une tour de bois de plan quadrangulaire bâtie au sommet d’une levée de terre, entourée d’une palissade et précédée d’un fossé. Le seigneur, sa famille, le chapelain et quelques gardes habitaient la tour. Dans les maisons de la basse-cour (délimitée par un fossé et par une levée de terre surmontée d’une palissade) vivaient la garnison, les artisans, les valets ; étables, écuries, granges, fours et parfois un oratoire venaient s’y ajouter. La reconstitution de St-Sylvain-d’Anjou permet de se faire une excellente idée de ce qu’étaient ces premiers châteaux. Le 11 e s. voit apparaître les premiers châteaux en maçonnerie. Les donjons de Loches, de Langeais, de Montbazon, de Chinon (Coudray), de Beaugency en sont de remarquables spécimens. La rivalité des comtes de Blois et d’Anjou a multiplié les constructions de donjons en pierre dans la région. Le comte d’Anjou Foulques Nerra en a été un grand bâtisseur. Le donjon du 12 e s.domine une basse-cour protégée par une enceinte extérieure en pierre, progressivement flanquée de tours et de tourelles.
… aux châteaux forts
Au 13 e s. , sous l’influence des croisades et du perfectionnement des techniques d’attaque, d’importantes innovations apparaissent. Le château se rétrécit et multiplie les organes défensifs en s’efforçant de supprimer les angles morts. L’enceinte se hérisse de tours, et le donjon est étroitement incorporé à l’ensemble. Donjons et tours adoptent un plan circulaire. La base des murs s’élargit ; la profondeur et la largeur des fossés augmentent ; les dispositifs de tir s’améliorent : archères de type nouveau, mâchicoulis en pierre, plates-formes, bretèches, etc.
Les églises et les monastères, les villes et certains villages n’ont pas échappé au mouvement général de fortification, surtout pendant la guerre de Cent Ans.
Sur le plan militaire, le 14 e s. apporte des améliorations de détail : le donjon s’engage dans la masse des bâtiments ; parfois il disparaît, l’ensemble se réduisant alors à un grand corps de logis rectangulaire défendu par de grosses tours d’angle. L’entrée, ouverte entre deux tours semi-circulaires, est protégée par un ouvrage avancé (barbacane) ou par un châtelet autonome. Les courtines se haussent désormais jusqu’à la hauteur des tours.
Au 15 e s. , un toit pointu, en poivrière, coiffe le dernier étage. Vers le milieu du siècle, l’artillerie royale devient la première du monde. Aucune forteresse ne résiste à la bombarde et l’architecture militaire subit une complète transformation : les tours deviennent des bastions bas et très épais, les courtines s’abaissent et s’élargissent jusqu’à 12 m d’épaisseur.
La région présente un cas assez exceptionnel avec le château de Brézé. Un remarquable ensemble troglodytique, protégé par de profondes douves sèches, a été créé au 15 e s. pour accueillir une garnison de 500 hommes. Il a été utilisé par les troupes du Grand Condé.
Palais Renaissance
Au 16 e s. , les préoccupations esthétiques et de bien-être atténuent l’aspect militaire des châteaux. Fossés, donjons, tourelles ne sont conservés qu’à des fins de prestige. Le toit très aigu, hérissé de cheminées sculptées, couvre des combles spacieux, éclairés par de hautes lucarnes monumentales. Alors qu’auparavant on réduisait les ouvertures, points vulnérables par excellence, les fenêtres se font désormais larges et sont encadrées de pilastres.
L’escalier monumental à rampes droites, voûté en caissons et axé au centre de la façade, se substitue à la tourelle d’un escalier à vis masqué. Les artistes italiens en créent de nouveaux modèles, à vis superposées (Chambord), à volées droites et plafonds à caissons (Chenonceau, Azay-le-Rideau, Poncé).
Dans la vaste cour d’honneur, une galerie – nouveauté venue d’Italie à la fin du 15 e s. – apporte une touche d’élégance. Seule construction traditionnelle, la chapelle continue à utiliser la voûte d’ogives et le décor flamboyant. L’apport italien apparaît surtout dans l’ornementation en faible relief.
Plutôt que de modifier leur précédent château, certains propriétaires ont fait le choix de juxtaposer des ailes aux façades très différentes. C’est en particulier le cas aux châteaux de Blois et du Lude.
À la façade extérieure François I er du château de Blois, Dominique de Cortone (1470-1549), dit le Boccador (« Bouche d’Or »), a cherché à imiter la « travée rythmique », alternance de baies, de niches et de pilastres, inventée par Bramante. À Chambord et au Lude, le décor s’épure sous l’impulsion de maîtres locaux, tel Pierre Trinqueau.
Du classique 17e s. aux fantaisies du 19e s.
Après le départ de la Cour pour l’Île-de-France, de hauts personnages continuent d’élever de beaux édifices, comme le château de Brissac (ajouts du 17 e s. sur une forteresse médiévale), marqué par l’alternance des matériaux, ou la ville et le château de Richelieu (détruit), qui annoncent Versailles. Les artistes viennent désormais de Paris. Cheverny est l’exemple même de la belle demeure classique, assez sévère extérieurement, avec une symétrie rigoureuse. Citons aussi l’aile Gaston-d’Orléans du château de Blois, le château de Craon.
Le 19 e s. est une période particulièrement propice à la construction de châteaux tant dans les Pays-de-la-Loire qu’en Sologne : les classes dirigeantes s’y font bâtir ou rebâtir châteaux et manoirs, autour desquels elles viennent chasser.
Néo-Renaissance, néogothique, néoclassique ou totales réinterprétations sont les styles adoptés pour ces milliers de constructions, au confort plus adapté à la vie moderne, ce qui explique que beaucoup restent habitées aujourd’hui.
L’expression châteaux de la Loire regroupe sous une même appellation un ensemble de châteaux français situés dans le val de Loire. Ils ont la particularité d’avoir été, pour la plupart, bâtis ou fortement remaniés à la Renaissance française, à une époque où la cour des rois de France était installée dans cette région.
La notion de châteaux de la Loire revêt principalement une acception touristique, liée à cette exceptionnelle densité de monuments à visiter. Il n’existe ainsi aucune liste exhaustive des châteaux dits « de la Loire ». Ils sont généralement circonscrits aux anciennes provinces d’Anjou, de Touraine et d’Orléanais, mais certains auteurs étendent le domaine des châteaux de la Loire jusqu’aux portes de Nantes, dans l’ancienne province de Bretagne, et d’autres jusqu’à Nevers.
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