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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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LE VIGNERON du 19è siècle

Posté par francesca7 le 15 mai 2014

 

par F. Fertiault

~ * ~

 

                                Noë, vir agricola,… plantavit vineam
                                        (La Genèse.)

                                Quand des corbeilles de l’automne
                                S’épanche à flots un doux nectar,
                                Près de la cuve qui bouillonne
                                On voit s’égayer le vieillard.
                                        (BÉRANGER.)

 

images (14)ALLONS, en route ! loin, loin. De l’air pur, de vrais champs, de vraies vignes, des sabots, et de la terre par-dessus les sabots ! En Champagne ! en Bourgogne ! dans tous les pays où le soleil fait mûrir la grappe, où le pressoir fait ruisseler le vin ! Ce n’est plus cette fois la verdure étiolée, les fleurs blanchies de plâtre, les parodies champêtres dont la banlieue borde Paris : c’est de la belle et bonne campagne, en pleine province, à soixante, quatre-vingts lieues de la capitale, avec des moeurs et des habitudes toutes différentes, et au milieu de bonnes gens, paysans simples, ouverts et pleins de franchise, et qui la plupart n’ont, de leur vivant, quitté leur village que pour aller au marché de la ville voisine.

Laissez un peu de côté les douceurs de votre vie molle, nous avons là-bas une vie active à mener ; oubliez les gants glacés, les parfums pour les cheveux : nous n’avons à presser que des mains calleuses, et ce sont de gras bonnets de laine qui nous salueront ; revêtez, pour mieux faire, le pantalon de toile, la blouse au tissu rugueux, et surtout dites adieu à vos longs sommeils du matin, car nous allons suivre nos vignerons, et nos vignerons se lèvent l’hiver avant le brouillard, l’été avant la rosée. Nous n’allons pas seulement faire une promenade près d’eux, les examiner un jour en passant ; mais nous allons nous y installer, y prendre nos coudées franches, aiguiser comme eux la pioche et la serpette ; nous allons tailler la vigne et vendanger.

Jetons, si cela vous est agréable, un coup d’oeil sur l’habitation tout agreste de ces braves gens : un rez-de-chaussée, et au-dessus du rez-de-chaussée un grenier ; au pied de la porte quelques larges pierres inégalement tassées, et qui servent de dalles et d’escaliers ; au-dessus de la cabane, un toit, quelquefois en tuiles, mais que le temps a mordu et déchiré à belles dents ; au devant, une cour, que remplissent souvent un fumier et sa mare mal odorante ; un puits, avec sa margelle usée et son poteau à bascule ; tout près, un four ; à côté, le pressoir ; quelques pas plus loin, l’étable où rentrent à la nuit des vaches et des porcs. Maintenant faites serpenter de vigoureux pieds de vigne jusqu’au haut de ces murs lézardés et grisâtres ; laissez se montrer, par l’unique fenêtre de la façade borgne, le bout de quelques hardes séchant au soleil ; jetez à tous les coins bêche, pioche, brouette, instruments et ustensiles d’utilité ; faites barboter deux ou trois canards et autant d’enfants dans un baquet d’eau trouble, et vous aurez à peu près le premier plan de votre tableau. Ensuite, pour compléter le point de vue, regardez plus loin, par delà ces cailloux superposés sans ciment, et que nos paysans appellent un mur ; voyez le val se dérouler comme une longue robe semée de vignes, laissant comme des plis mille ondulations, mille courbures dans son terrain, et gagnant même le pied des montagnes qui l’encaissent. Le soleil dore un côté de cet immense bassin vignoble, les montagnes ombragent l’autre côté, et une ligne de lumière, se jouant sur les dentelures lointaines, vient terminer richement notre horizon. – Que dites-vous du paysage ? Si vous êtes artiste, vite un croquis sur votre album, et demi-tour ; faites claquer sous votre pouce ce loquet de bois qui hoche à son clou, et poussez la porte. Après avoir vu l’extérieur je veux vous montrer le dedans ; il faut faire connaissance avec les lieux où nous allons séjourner. Et d’abord ne vous étonnez pas s’il n’y a personne et si nous entrons si facilement ; dans ces petits villages un vol est rare comme une bonne action à Paris, et les habitants de cette maison sont allés travailler aux vignes sans fermer leur porte… ils n’en sont pas encore aux serrures incrochetables. Marchez vivement et ne craignez point d’accidents au parquet, il est fait de terre dure ; les murs, dont la fumée a caché la couche blanche de chaux, sont à peu près nus sauf quelques images ; au milieu de la chambre se dressent un énorme billot de chêne et deux bancs où l’on s’attable, mange et boit la piquette en famille ; aux coins, deux lits à la duchesse dont les quatre colonnes soutiennent des ciels et des rideaux de serge verte ; en face de vous l’immense cheminée dont le manteau vous abrite et sous lequel se groupent aisément huit ou dix personnes ; si vous montez au grenier, vous y verrez deux ou trois loques, humbles lambeaux se balançant sur des perches, tout ce que la gêne laborieuse peut avoir d’inutile. Puis, en descendant, rien, presque plus rien ; à peine de ces petites choses qui laissent deviner quelques contentements, quelques satisfactions intérieures… Où souvent l’indispensable manque, trouvez donc du superflu ! Cependant ces braves gens s’en contentent ; il y a tant de bonne humeur et si peu d’ambition parmi eux ! et ils savent si bien extraire de ce train de vie, tout dur et pénible qu’il est, les instants de plaisir et d’agrément qu’il peut leur procurer !

A quelque époque de l’année que vous le preniez, depuis le Verseau jusqu’au Capricorne, depuis les engelures jusqu’aux coups de soleil, le vigneron est toujours occupé ; les soins continuels qu’exigent ses travaux lui feraient d’ailleurs une nature laborieuse, et les mille caprices des saisons, les températures chaudes ou glaciales semblent ne pas arriver jusqu’à lui… sa vigne est son trésor ; il ne songe qu’à sa vigne. On le voit l’hiver, par la bise la plus aiguë, réparer, dans la cour ou à la porte du pressoir, les tonneaux qui doivent contenir son vin ; et cela pendant des journées entières ! – Instrument pauvre, et sachant qu’il le sera toujours, il n’en tourne pas moins dans le cercle vicieux de ses occupations. Il dépense sa part de force et d’énergie à faire prospérer des biens qui ne sont pas à lui, et dont il ne lui revient, en récompense, qu’une portion de ce qu’ils produisent.

Dès février, le voilà dans sa vigne, taillant, élaguant, émondant, faisant tomber à terre d’un revers de serpette toutes ces petites branches parasites qui prendraient de la sève sans donner de raisin. – Sur la fin de mars, sa bêche rafraîchit la terre autour de chaque racine : c’est alors que, se promenant de cep en cep, il épie avec avidité la naissance des premiers bourgeons ; son oeil s’anime, tout son visage sourit, il passe un doigt complaisant sur le foetus vert, et en un instant il l’a métamorphosé : il ne voit plus le bourgeon, il voit la grappe qui se dessine, la peau qui se tend, le grain qui s’enfle, le raisin qui mûrit, le cep qui se dépouille, la cuve qui s’emplit, et les tonneaux, l’écume à la bonde, entassés et alignés dans son pressoir. Pour se faire une idée du plaisir qu’il ressent à chaque nouvelle découverte, il faudrait se figurer un homme attendant un brin de fortune, et qui verrait ses écus pousser sur des arbres. Et quand il revient le soir, la bêche et la pioche sur l’épaule, le bout des oreilles rouge et soufflant dans ses doigts, il est rayonnant, et avant de toucher le seuil il appelle sa femme ; il ne secoue même pas ses souliers auxquels la terre gelée a cimenté ses guêtres, et on peut l’entendre s’écrier, en entrant et jetant sur le pavé le fond d’un verre de piquette qu’il vient de boire : « Marie-Jeanne, dans le Pré-Mourot ça fremille ; c’est plus clair-semé dans le Grand-Clos ; mais la Voie-aux-Moines va fièrement donner ; si âavri ne nous gèle pas j’aurons du raïin à faire becqueter tous les mouniaux du pays. » Le bourgeonnement du raisin, ce phénomène attendu par le vigneron comme le Messie par la gent judaïque, donne lieu à une autre opération : un cep ne durant que quelques années, il faut qu’on le régénère ; et c’est cette nouvelle génération que le vigneron, au premier indice des grappes, prélève en branches jeunes et vivaces qu’il couche et fait germe en terre, et qu’on appelle provins. – En mai… (puisque j’y suis, je vous débite mon almanach d’un bout à l’autre ; cet homme et son travail s’identifient tellement ensemble ! Séparez donc le chasseur de ses meutes et de son gibier !…), en mai la bêche soulève et retourne de nouveau la terre nourricière des ceps ; un peu plus tard on en relève ceux qu’on y a couchés, les ceps futurs encore en enfance, puis, pour les soutenir, on les accouple aux échalas, ces burlesques bâtons qui ont eu l’impudence de baptiser de leur nom tous ceux de nous qui tombèrent dans un moule un peu trop droit. – De derniers petits travaux, visites, coups d’oeil paternels, légers soins que vous pouvez comparer au pli d’un lange qu’une mère défait après avoir d’abord posé soigneusement son enfant dans le berceau, remplissent le temps qui doit s’écouler jusqu’à ce que le grain, gonflé par de douces et pénétrantes ondées, et doré ou bruni par le soleil, fasse préparer les paniers des vendangeurs.

Cet emploi des deux tiers de l’année, que je viens de vous esquisser le plus rapidement possible, ne vous semble peut-être pas aussi pénible que vous vous l’étiez figuré d’abord ? c’est que je ne vous ai pas dit de combien d’anxiétés, d’inquiétudes et de frayeurs tout ce temps est rempli ; c’est que je ne vous ai pas fait voir le vigneron, le matin, le pied sur la porte, tremblant devant une nappe de givre ou de gelée blanche ; le jour, suivant d’un oeil inquiet et suppliant les nuages que le vent amasse ; c’est que je ne vous l’ai pas montré, la nuit, se levant quelquefois réveillé par un orage, debout, l’oreille collée à la fenêtre de sa cabane, et s’écriant : « Mon Dieu ! mon Dieu ! la grêle va tout ravager !… » – Pauvres gens, qui ont un si mince trésor et qui ne peuvent le serrer avec eux ! qui sont obligés d’attendre de la clémence des saisons qu’elles veuillent bien ne pas leur emporter l’existence, le pain de leur année ! Quel courage il leur faut ! et quelle confiance en leur sort !… Il est des métiers qui font croire à la Providence.

Tout va ainsi jusqu’au moment où les vacances, cet âge d’or des écoliers, viennent donner la volée à tous les travailleurs désireux de quelques semaines de repos. Alors, un beau jour, on voit le vigneron préparer sa voiture et ses boeufs, partir à vide, et gagner pas à pas et pesamment la ville la plus proche ; il va chercher les bagages du maître. Le maître (ne vous effrayez pas de ce titre qui sent tant soit peu la domination), le maître n’est autre chose que le propriétaire dont le vigneron cultive les vignes, bon diable dont l’humeur n’a pas la moindre teinte de despotisme, et qui vient, lui aussi en famille, s’installer dans le village et y passer deux ou trois mois. Je dis en famille, parce qu’il n’y arrive jamais qu’accompagné d’une foule de fils, de neveux et de nièces, excellentes petites créatures, pas gourmandes au fond, mais qui se promettent à l’envi de digérer les fraises, le lait et les fromages de la ferme, et surtout, surtout de faire la vendange.

Oh ! la vendange ! cette solennité des enfants, cette fête pour laquelle ils laissent toutes les fêtes ! Oh ! la vendance ! courir dans les vignes, broyer la grappe, se tacher de vin ! adieu les rudiments, adieux le collége ! adieu, adieu les vers champêtres ! ils font des dactyles avec une cabriole, et des spondées en tombant sur leur derrière. Oh ! la vendange, la vendange ! – Mais calmons un peu la turbulence de nos lutins ; voici le maître qui entre dans la ferme : « Bonjour ! père Thomas. – Ben le bonjour ! not’ mossieu. » Et les bonnets de laine de voler rapidement des têtes dans les mains. « Comment cela va-t-il ? – Mais, comme la vigne, pas trop mal. – Aurons-nous une bonne récolte cette année ? – Grâce à Dieu, j’avons eu le temps à l’avenant. – Le vin ?… – Ne sera pas piqué des vers, et j’aurons ben soif si je le buvons tout. – Et quel jour commençons-nous ? – Après demain. » La vendange enfin va s’ouvrir, la joyeuse, la bienheureuse vendange !

Cette grande époque, cette grande fête arrivée, le vigneron, la famille du vigneron, le maître et les amis du vigneron se préparent avec une activité joyeuse à ce travail, travail le plus important, le grand oeuvre de l’année. C’est le moment où ces braves gens ont le plus de fatigues, et c’est le moment où ils sont le plus gais. Les voilà qui partent par bandes, suivons-les, nous les verrons à l’ouvrage. Regardez ! chacun se distribue sa besogne : les uns, sans quitter les ceps, couperont le raisin et le jetteront dans les paniers ; les autres se tiendront à l’entrée de la vigne, chargés de hottes, que des porteurs spéciaux rempliront en y vidant les paniers des premiers ; d’autres, montés sur les voitures, transporteront les tonneaux que les hottes auront remplis, et les cuves du pressoir se rempliront bientôt à leur tour en engloutissant ce que les tonneaux leur auront apporté !

Alors ces hommes nus, leurs sabots terreux aux pieds, entreront dans ces vastes cuves, et, au risque d’être asphyxiés par la vapeur enivrante, fouleront jusqu’à ce que la bouche du réservoir bouillonne, et leur rende en vin ce qu’ils y ont jeté en grappes. – Aux premiers jets, les yeux épient, les tasses s’emplissent, les lèvres sirotent : « Le vin sera bon, il est vineux, fort en couleur ; ce sera du 1824, etc… » Et ces bons rois de la vendange, accoudés, assis sur des tonneaux (si la Bourgogne avait son Téniers !), s’étendent en dissertations, et prônent à l’envi les richesses que la cuve leur vomit. Ils en ont bien le droit peut-être, quand ces flots qui se précipitent sont du Nuits, du Pomard, du Chambertin, du Champagne, du Clos-Vougeot, et tant d’autres ! Et puis, n’est-ce-pas de leurs fortunes qu’ils parlent ? Le père y voit la dot de sa fille, et quand il aime bien sa Jeannie ou sa Catherine… dam ! il est content le vieux père, et il sourit, et il disserte.

Les vignerons sont ordinairement seuls autour des cuves, tant que ce n’est que le vin rouge qui coule ; mais à la coulée du vin blanc il se fait au pied du vaste récipient un cercle nombreux et avide. Propriétaires, voisins, enfants, neveux, nièces, tous ces groupes bienheureux que les vacances ont fouettés de la ville dans les villages, sont là, une tasse, un verre, une soucoupe à la main, et faisant le geste des Hébreux devant le rocher de Moïse… Ils goûtent le vin doux. Il est doux, c’est vrai ; mais pour être doux il n’en est pas moins traître, et gare à l’imprudent qui, séduit par sa douceur, se laisse entraîner à le goûter plusieurs fois !…

Quand le gâteau est cuit, on le partage ; partageons donc la récolte que voici terminée : « Père Thomas, combien de pièces ? – Eh ! not’ mossieu, j’avons ben la cinquantaine. » Et de cette cinquantaine, vingt-cinq descendent dans la cave du maître ; le pressoir du vigneron garde les vingt-cinq autres. Cette répartition se fait si rigoureusement, qu’elle enveloppe dans ses conditions jusqu’aux tonneaux où doit se dégonfler le ventre des cuves. Fais tenir ton bien, moi le mien ; chacun achète ses fûts pour loger son liquide. C’est juste.

images (15)Retournons aux champs, où nous allons voir le vigneron couper, arracher, cueillir, amonceler en petits tas les quelques autres récoltes, complément du revenu que lui fait dame nature. Pendant que, plié en deux et le sarcloir à la main, il creuse et sillonne la terre pour ne lui laisser rien de ce qu’elle lui a produit, jetez dans la hotte ces légumes qui sont là épars, haricots, raves, pommes de terre ; la pomme de terre surtout, cette séve du paysan, son pain quotidien. Aidez-le à la dégarnir de cette verdure importune, et quand vous aurez fait faire au tombereau les deux ou trois voyages nécessaires au transport de tout cela dans sa cour, vous irez prévenir la femme du propriétaire ; car le propriétaire, le plus souvent représenté par sa femme dans tous ces détails minutieux, doit encore venir partager, mais cette fois par portions inégales. Une petite brouette en porte un tiers chez le maître ; les deux autres tiers restent chez le vigneron, qui les blottit, pour son usage de tous les jours, à côté de quelques gerbes que lui ont données pendant la moisson un ou deux arpents de blé. C’est une part assez bien faite pour ce dernier ; mais la valeur en est si minime ! et il y a sous son toit tant de bouches qui ont faim !

Mais, me demanderez-vous, est-ce qu’on peut continuellement surveiller le vigneron dans tous ces partages ? et ne peut-il pas,lui, avoir quelques distractions en sa faveur ? – Non ; je vous ai dit qu’il était franc, et il est franc. Il n’y a pas, il est vrai, de si bon fruit qui ne puisse avoir une tache, et la ruse est une petite tache dont tout le monde a sa part, si légère et cachée qu’elle soit. Donc le vigneron a sa dose de ruse, et voici sur quoi elle s’exerce : de loin en loin dans les vignes se dressent quelques arbres à fruits, jetant plus ou moins de centimètres d’ombre à leurs pieds. Pour la récolte qu’ils donnent il n’y a pas de partage ; la politesse, ou pour mieux dire, la galanterie du vigneron en fait seule les frais. Il suffit qu’il en donne quelques-uns des plus présentables au maître, et le reste lui appartient. Eh bien ! voyez-vous la petite machination qui se prépare ? Il est trois heures du matin. A l’époque de ces fruits le maître n’est pas encore à la campagne. Le vigneron part, escorté de deux de ses fils. Tous trois marchent bravement, pliant sous une hotte ou un panier ; les fruits s’y montrent jusqu’au bord. Arrivés à la ville, Jean et Colas se dirigent droit au marché ; le père Thomas se détourne et va sonner la cloche de not’ mossieu. La femme le fait entrer, lui fait boire un coup : « Vous avez choisi, père Thomas ? – Not’ dame, c’est tout ce que j’ons pu trouver de mieux. » Une petite pièce de monnaie blanche le remercie ; il ferme la main, puis la porte, et retourne aider ses deux garçons à finir leur marché. Quels fruits pensez-vous qu’il ait portés à mossieur ? Vous avez deviné, et vous lui avez déjà pardonné. Cela ne vaut pas encore les sociétés en commandite.

Il y a bien encore par-ci par-là quelques légers mensonges. Qu’un négociant lui demande de la première cuvée ; s’il y en a, et tant qu’il y en a, il lui en donne. Mais si un second, un troisième, un quatrième arrivent, et que la première cuvée n’ait pas attendu le second, le troisième ou le quatrième acheteurs, le vigneron aborde sans trop se troubler les pièces d’une naissance postérieure, et… conclut le marché. Ne le blâmez pas ; c’est la plus grosse tromperie qu’il peut faire, et il la fait à son corps défendant. Le vigneron ne serait jamais marchand de vins à Paris ; il ne scellerait pas sous un cachet vert de l’eau de Seine et de la litharge de plomb. – Et d’ailleurs nous pouvons lui laisser ces légères supercheries pour l’indemniser de certains impôts que la coutume prélève sur lui. Pour n’en citer que deux, nous dirons que le curé, au moment de la vendange, fait faire une quête, et que tous ceux qui font du vin lui en donnent. Le second préleveur de dîmes est le maître d’école. Plus humble que le pasteur, il prend lui-même sur son dos une hotte de bois propre à contenir le vin, et fait sa tournée dans tous les pressoirs. Les bons vignerons l’accueillent, et laissent tomber dans l’énorme tirelire leur aumône liquide. – Aumône adroite souvent ; il peut tenir à un litre ou deux de vin que le fils d’un vigneron sache lire.

Ce degré d’instruction, le père ne l’a pas toujours atteint. Mais, s’il ne sait pas parfaitement lire dans les livres imprimés, il est en revanche un autre livre dans le déchiffrement duquel il est expert : c’est le ciel. Il ne connaît pas le baromètre, mais son flair infaillible lui tient lieu de tube et de mercure ; sa mémoire est un almanach vivant. Vous le voyez qui interroge le vent, les nuages : « Il fera beau. Il pleuvra. Mes pauvres raisins ! ce vent nord ne les réchauffera guère,… etc. » Et tous ces pronostics sont vrais.

Mais voilà nos ceps dégarnis. Quelques soirées d’automne, pendant lesquelles on tille le chanvre à la porte de la ferme, et l’hiver fera sentir ses premières haleines. Il ne fera pas bon à la campagne ; dépêchons. Dans cette rude saison, le vigneron, toujours soigneux, toujours prévoyant, s’occupe de toutes les réparations nécessaires à l’entretien de sa vigne. Il renouvelle la terre aux endroits où la terre a été ingrate ; il la force à être généreuse en la nourrissant d’engrais et de fumier ; il arrache et remplace les ceps inutiles qui n’ont pas donné de fruit ; en un mot il prépare son terrain, et c’est plaisir de voir comme il s’y prend pour que chaque année lui arrive féconde et profitable. Il a constamment une partie de terre occupée par les ceps en plein rapport, une autre par les jeunes pieds ou provins, et une troisième par la vieille vigne, de sorte que tous les ans il plante et il arrache. Il a ainsi trois générations de vigne contemporaines. C’est là être sage et précautionneux.

La génération jeune qu’il met en terre chasse donc annuellement une génération décrépite et sèche, laquelle génération, loin d’être inutile une fois arrachée, va au contraire adoucir et égayer pour lui les heures grises et froides de l’hiver. Voyez-le amonceler, fagoter, lier et emporter. Suivons-le. Il va nous mener sous l’immense cheminée de la ferme ; et c’est là aussi que je voulais vous conduire, parce que c’est là que je veux vous faire assister à une des gaies et bruyantes veillées de la fin de novembre, à une de ces veillées classiques chez le vigneron. Du reste, je ne vous avais pas encore dit comment il se chauffe. Ce poétique sarment, que les romanciers font pétiller dans tous les âtres, et qu’il vient, lui le vigneron, de jeter par faisceau dans le sien, puis-je consciencieusement n’en rien dire, quand le voilà qui s’allume et brûle ? vous m’en voudriez.

images (16)Le même personnel que nous avons vu autour des cuves de vin doux se trouve réuni le soir dans la ferme. On fait un grand cercle devant la cheminée ; on s’asseoit comme on peut, sur des chaises, sur la paille, à terre ; une petite lampe de cuivre vacille en haut comme une étoile terne, et le foyer, le foyer rempli de sarment, jette ses larges reflets sur tous ces visages et leurs grandes ombres sur les murs. – On fait des paniers en osier, on égrène certaines récoltes, on monde des noix, on frotte au tranchant d’une pelle les grappes de maïs, dont les grains tombent en sautillant dans un van comme la grêle sur un toit d’ardoise. En même temps les grand’mères filent, les jeunes filles tricotent, les enfants rient, les amoureux se donnent des tapes ; puis les neuf heures sonnent, les rouets s’arrêtent, les rires et le sarment s’éteignent, les veilleurs étrangers se retirent, les autres se couchent… Quelques-uns rêvent des histoires qu’un oisif a contées pendant la veillée.

Jetée dans un moule aussi uniforme, la vie du vigneron doit avoir peu de phases saillantes. Elle n’est pas comme son vin, qui fermente, écume et fait sauter sa bonde. Calme et tranquille, un pied dans sa vigne, l’autre dans son pressoir, il atteint la fin de sa carrière. Une fois sorti de ses travaux, quand il a taillé ses plants et entonné son bourgogne, il ne reste plus guère de lui que le villageois ordinaire, l’homme aux moeurs simples, à la franchise un peu rude, au langage abrupte et imagé, aux affections cordiales, et (rarement) aux haines violentes : le paysan, en un mot. Le dimanche on le verra, comme les autres habitants de son endroit, aller le matin à la messe, l’après-dîner au cabaret, jouer aux quilles, danser à la musette ; puis, la nuit venue, rentrer à la ferme et se coucher. C’est aussi simple que cela, et comme il ne s’amuse que le dimanche, ces trois lignes résument à peu près tous les plaisirs qu’il peut se donner. Souhaitons-lui donc qu’il s’en donne tant qu’il pourra, car nous allons le laisser : l’hiver a aiguisé l’air, blanchi la terre de givre. Plus de feuilles vertes, de raisins, de vin nouveau pour cette année. La campagne est triste ; sortons de la ferme, et sans jeter un coup d’oeil en arrière sur le paysage qui fait grelotter, regagnons, regagnons Paris ; nous n’en sortirons que l’année prochaine, alors que nous ne serons pas forcés de dire tristement comme aujourd’hui : Adieu paniers, vendanges sont faites !

Texte établi sur un exemplaire (BM Lisieux : 4866 ) du tome 9 des Francais peints par eux-mêmes : encyclopédie morale du XIXe siècle publiée par L. Curmer  de 1840 à 1842 en 422 livraisons et 9 vol. 

Publié dans ARTISANAT FRANCAIS | Pas de Commentaire »

LES BALAYEURS

Posté par francesca7 le 15 mai 2014

 
(D’après Tableau de Paris, paru en 1782)

images (13)S’il vous arrive jamais de passer en hiver dans les rues de Paris, deux heures avant le lever du jour, vous entendrez de toutes parts le bruit monotone et régulier des balais sur le pavé, et vous rencontrerez à chaque pas, par groupe de cinq ou six, de pauvres hères, silencieusement occupés à nettoyer les ruisseaux et à curer les égouts. Vêtus de guenilles qui tombent en lambeaux, presque toujours mouillés jusqu’aux os par le brouillard ou la pluie, ils ont pourtant la tête recouverte d’un orgueilleux chapeau de toile cirée, orné d’une grande plaque de cuivre, insigne dérisoire que l’administration semble leur imposer, comme la marque de leur esclavage, et l’emblème d’une misère qui gagne tout juste assez pour avoir longtemps encore à souffrir de l’épuisement et de la faim.

Les femmes, - il y a des femmes, jeunes, quelquefois frêles et maladives, dans la corporation des balayeurs ; - les femmes portent des robes de bure qui s’enfilent en lanières depuis la hauteur du genou, et de leurs cheveux tombe en pointe sur le dos un mouchoir qui flotte à tous les vents du ciel. Quelques enfants, garçons et filles, parsemés çà et là, s’acquittent de leurs fonctions avec un énergique entrain que n’a pas encore tué la routine.

Sous les yeux d’un inspecteur subalterne, qui les regarde faire d’un air rogue, sans pitié pour des fatigues où il a longtemps passé lui-même, ils s’escriment à rejeter le long des trottoirs la boue, la neige et la poussière. On les voit dans un demi-jour incertain, à travers le brouillard crépusculaire, semblables à des ombres, muets, impassibles, imprimant avec effort à leurs bras un mouvement qui semble automatique, tant il se répète incessamment aux mêmes intervalles, sans que le regard morne et la face éteinte trahissent une lueur de pensée !

Pour se garantir du froid, ils ont d’énormes gants ; leurs pieds sont plongés dans des sabots gigantesques ou d’épais souliers ferrés, débordant d’une paille abondante qu’ils tressent adroitement autour de leurs jambes en forme de bottines. Les plus huppés ajoutent à cet accoutrement digne du paysan du Danube une espèce de carmagnole en toile cirée qui singe le caoutchouc. Si peu délicate que soit la constitution de ces laborieux ouvriers, il faut bien se garer des rhumatismes : on s’use vite à ce métier, et ils n’ont pas le moyen d’être malades.

Dans le jour les balayeurs sont plus redoutables encore pour le piéton que les tonneaux d’arrosage. Vienne à passer une belle dame ou un dandy, se sauvant à travers les marais du macadam, il s’élance sur le trottoir, éperdu, épouvanté à la vue du balai menaçant, et saisit, pour franchir le défilé périlleux, le moment où le bras du balayeur accomplit son évolution en arrière.

Vains calculs ! à l’instant même où le dandy prend sa volée, l’instrument inexorable revient vers lui et l’asperge d’une pluie de boue. On a prétendu que c’était une vengeance de ces hommes ulcérés par la misère. Je les en crois incapables : tant de fiel n’entre pas dans leur âme. Ils ne salissent point les passants : ils nettoient les pavés.

Prenez-vous-en de la catastrophe à vous-même, qui vous êtes trouvé dans leur rayon pendant qu’ils remplissaient leur charge. Le balayeur ne connaît que son devoir : son devoir lui commande de promener en mesure le balai à droite, puis à gauche, sur le macadam ; il s’en acquitte en conscience, sans relâche, sans réflexion, sans voir, sans entendre, comme un balayeur ; ce n’est plus une pensée, c’est un rouage de son administration, et ce rouage marche jusqu’à ce qu’on l’arrête. Il n’est pas plus responsable de votre malheur que le cheval de l’omnibus qui passe en vous éclaboussant, malgré vos cris de détresse.

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Les châteaux de la Loire

Posté par francesca7 le 15 mai 2014

 

Château de Cheverny

Château de Cheverny

Avant de se couvrir de magnifiques et luxueux châteaux de plaisance bâtis par les rois de France et leurs courtisans, la région comptait nombre de donjons et forteresses réputés imprenables. Mais rares sont ceux qui ont gardé intacte leur architecture d’origine : du Moyen Âge au 19 e s., il y en a donc pour tous les goûts…

Des donjons…

À l’ époque mérovingienne , les forteresses rurales résultent souvent de la mise en défense d’anciennes villaegallo-romaines ou de la réoccupation de sites de hauteur (Loches, Chinon). Ce type de construction subsiste sous les Carolingiens, mais la menace normande entraîne une vague de fortification.

Le château à motte (10 e s.) est une tour de bois de plan quadrangulaire bâtie au sommet d’une levée de terre, entourée d’une palissade et précédée d’un fossé. Le seigneur, sa famille, le chapelain et quelques gardes habitaient la tour. Dans les maisons de la basse-cour (délimitée par un fossé et par une levée de terre surmontée d’une palissade) vivaient la garnison, les artisans, les valets ; étables, écuries, granges, fours et parfois un oratoire venaient s’y ajouter. La reconstitution de St-Sylvain-d’Anjou permet de se faire une excellente idée de ce qu’étaient ces premiers châteaux. Le 11 e s. voit apparaître les premiers châteaux en maçonnerie. Les donjons de Loches, de Langeais, de Montbazon, de Chinon (Coudray), de Beaugency en sont de remarquables spécimens. La rivalité des comtes de Blois et d’Anjou a multiplié les constructions de donjons en pierre dans la région. Le comte d’Anjou Foulques Nerra en a été un grand bâtisseur. Le donjon du 12 e s.domine une basse-cour protégée par une enceinte extérieure en pierre, progressivement flanquée de tours et de tourelles.

… aux châteaux forts

Au 13 e s. , sous l’influence des croisades et du perfectionnement des techniques d’attaque, d’importantes innovations apparaissent. Le château se rétrécit et multiplie les organes défensifs en s’efforçant de supprimer les angles morts. L’enceinte se hérisse de tours, et le donjon est étroitement incorporé à l’ensemble. Donjons et tours adoptent un plan circulaire. La base des murs s’élargit ; la profondeur et la largeur des fossés augmentent ; les dispositifs de tir s’améliorent : archères de type nouveau, mâchicoulis en pierre, plates-formes, bretèches, etc.

Les églises et les monastères, les villes et certains villages n’ont pas échappé au mouvement général de fortification, surtout pendant la guerre de Cent Ans.

Sur le plan militaire, le 14 e s. apporte des améliorations de détail : le donjon s’engage dans la masse des bâtiments ; parfois il disparaît, l’ensemble se réduisant alors à un grand corps de logis rectangulaire défendu par de grosses tours d’angle. L’entrée, ouverte entre deux tours semi-circulaires, est protégée par un ouvrage avancé (barbacane) ou par un châtelet autonome. Les courtines se haussent désormais jusqu’à la hauteur des tours.

Au 15 e s. , un toit pointu, en poivrière, coiffe le dernier étage. Vers le milieu du siècle, l’artillerie royale devient la première du monde. Aucune forteresse ne résiste à la bombarde et l’architecture militaire subit une complète transformation : les tours deviennent des bastions bas et très épais, les courtines s’abaissent et s’élargissent jusqu’à 12 m d’épaisseur.

La région présente un cas assez exceptionnel avec le château de Brézé. Un remarquable ensemble troglodytique, protégé par de profondes douves sèches, a été créé au 15 e s. pour accueillir une garnison de 500 hommes. Il a été utilisé par les troupes du Grand Condé.

Palais Renaissance

Au 16 e s. , les préoccupations esthé­tiques et de bien-être atténuent l’aspect militaire des châteaux. Fossés, donjons, tourelles ne sont conservés qu’à des fins de prestige. Le toit très aigu, hérissé de cheminées sculptées, couvre des combles spacieux, éclairés par de hautes lucarnes monumentales. Alors qu’auparavant on réduisait les ouvertures, points vulnérables par excellence, les fenêtres se font désormais larges et sont encadrées de pilastres.

L’escalier monumental à rampes droites, voûté en caissons et axé au centre de la façade, se substitue à la tourelle d’un escalier à vis masqué. Les artistes italiens en créent de nouveaux modèles, à vis superposées (Chambord), à volées droites et plafonds à caissons (Chenonceau, Azay-le-Rideau, Poncé).

Dans la vaste cour d’honneur, une galerie – nouveauté venue d’Italie à la fin du 15 e s. – apporte une touche d’élégance. Seule construction tradition­nelle, la chapelle continue à utiliser la voûte d’ogives et le décor flamboyant. L’apport italien apparaît surtout dans l’ornementation en faible relief.

Plutôt que de modifier leur précédent château, certains propriétaires ont fait le choix de juxtaposer des ailes aux façades très différentes. C’est en particulier le cas aux châteaux de Blois et du Lude.

À la façade extérieure François I er du château de Blois, Dominique de Cortone (1470-1549), dit le Boccador (« Bouche d’Or »), a cherché à imiter la « travée rythmique », alternance de baies, de niches et de pilastres, inventée par Bramante. À Chambord et au Lude, le décor s’épure sous l’impulsion de maîtres locaux, tel Pierre Trinqueau.

Du classique 17e s. aux fantaisies du 19e s.

Après le départ de la Cour pour l’Île-de-France, de hauts personnages continuent d’élever de beaux édifices, comme le château de Brissac (ajouts du 17 e s. sur une forteresse médiévale), marqué par l’alternance des matériaux, ou la ville et le château de Richelieu (détruit), qui annoncent Versailles. Les artistes viennent désormais de Paris. Cheverny est l’exemple même de la belle demeure classique, assez sévère extérieurement, avec une symétrie rigoureuse. Citons aussi l’aile Gaston-d’Orléans du château de Blois, le château de Craon.

Le 19 e s. est une période particulière­ment propice à la construction de châteaux tant dans les Pays-de-la-Loire qu’en Sologne : les classes dirigeantes s’y font bâtir ou rebâtir châteaux et manoirs, autour desquels elles viennent chasser.

Néo-Renaissance, néogothique, néoclassique ou totales réinterprétations sont les styles adoptés pour ces milliers de constructions, au confort plus adapté à la vie moderne, ce qui explique que beaucoup restent habitées aujourd’hui.

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Château des Réaux

 

L’expression châteaux de la Loire regroupe sous une même appellation un ensemble de châteaux français situés dans le val de Loire. Ils ont la particularité d’avoir été, pour la plupart, bâtis ou fortement remaniés à la Renaissance française, à une époque où la cour des rois de France était installée dans cette région.

La notion de châteaux de la Loire revêt principalement une acception touristique, liée à cette exceptionnelle densité de monuments à visiter. Il n’existe ainsi aucune liste exhaustive des châteaux dits « de la Loire ». Ils sont généralement circonscrits aux anciennes provinces d’Anjou, de Touraine et d’Orléanais, mais certains auteurs étendent le domaine des châteaux de la Loire jusqu’aux portes de Nantes, dans l’ancienne province de Bretagne, et d’autres jusqu’à Nevers.

 

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