Comment vivaient les PARFAITS
Posté par francesca7 le 13 mai 2014
Les parfaits ayant reçu l’Esprit-Saint, leur âme était purifiée. Elle possédait plus de forces et de volonté. Il était normal de lui demander davantage. Aussi les parfaits exigeaient-ils tant de sévérité pour eux-mêmes et accordaient-ils tant de mansuétude aux simples croyants condamnés à poursuivre encore une longue évolution.
Ils menaient une vie de moine prêcheur en attendant la mort comme une délivrance. Certains parfaits, à force de privations et de macération, parvenaient à une sorte de vie ralentie, un peu semblable au nirvâna de la religion bouddhique. L’épouse du seigneur de Puylaurens resta impressionnée par le spectacle offert par l’un de ces ascètes : « Depuis fort longtemps il était assis sur sa chaise, immobile comme un tronc d’arbre, insensible à ce qui l’entourait. » Cependant, il y avait des limites à cela, car ils devaient assurer leur vie quotidienne. Tous exerçaient un métier.
Les parfaits se faisaient une règle d’être pauvres — ce qui ne les empêchaient pas d’accepter tous les dons pour entretenir les communautés et les pauvres— mais aussi de n’être à la charge de personne. Leurs métiers étaient des plus divers, de précepteur à artisan. Beaucoup furent tisserands au point qu’on a souvent surnommé les cathares : les tisserands. Tous connaissaient l’art de soigner et quelquefois plus.
Avant 1209 et jusque vers 1230, les parfaits portaient la barbe longue et les cheveux longs, à la différence des gens du Languedoc qui se rasaient les joues et se coupaient les cheveux… Ils étaient vêtus de noir ou de bleu foncé et portaient à la ceinture un étui de cuir contenant un parchemin sur lequel était copié l’Évangile de saint Jean. Sur la tête ils avaient un large béret ou une sorte de toque.
Lorsque commença l’Inquisition, ils évitèrent de se signaler par leur costume et leur coiffure. La « vêture » qu’ils avaient reçue au moment du consolamentum fut remplacée par un cordon symbolique autour du cou pour les hommes, et, pour les femmes, autour de la taille sous leurs vêtements.
Les Bons Hommes vivaient en principe en communauté hors les moments des prêches. Au cours de leurs pérégrinations ils logeaient chez les croyants ou dans les maisons de l’ordre.
Leur prière était le pater dit au réveil, au moment de s’endormir, avant de prendre une nourriture et avant tout acte ou toute entreprise hasardeuse. Comme les moines catholiques, ils se levaient aussi la nuit pour prier.
Hommes ou femmes, ils ne pouvaient toucher le corps d’un membre du sexe opposé, même la main. Ils se saluaient sans accolade, hormis pour le baiser de paix’ des cérémonies, mais alors, entre sexes différents, ils se penchaient seulement l’un vers l’autre. Dans la salle commune, sur des bancs, ou en réunion à l’extérieur, ils ne s’approchaient pas des adeptes du sexe opposé. Les femmes ramassaient leurs jupes et les tenaient bien serrées pour ne pas frôler les hommes lorsqu’elles circulaient.
L’obligation du régime végétarien leur faisait emporter avec eux leur écuelle et leur cuiller et une petite marmite dont ils se servaient exclusivement à la table commune. La viande était servie aux croyants, mais loin des yeux des parfaits. Ceux-ci ne devaient manger de rien qui ait une vie ou qui provienne de la génération. Seul le poisson échappait à cette interdiction (2). Ils le mangeaient comme tous les mets autorisés, avec des épices ou des herbes ce qui représentait une gourmandise et même un luxe. Quant au vin, il était tellement étendu d’eau qu’il ne s’agissait que d’une simple politesse envers celui qui l’offrait.
Si le parfait n’avait pas d’occupation manuelle, il était astreint à trois jours de jeûne, le lundi, mercredi et vendredi, et de toute façon pendant trois carêmes, avant Pâques, après la Pentecôte et à Noël. La première semaine de ces carêmes de quarante jours était d’une extrême rigueur : pain et eau.
Le serment était totalement prohibé, ainsi que la simple vérité déguisée, et à plus forte raison le mensonge. Pour éviter de mentir, le parfait utilisait des périphrases, il mettait ses phrases au conditionnel et n’affirmait jamais rien. Il multipliait les « si Dieu le veut » ou « à ce que nous croyons », précautions oratoires qui mettaient la patience des croyants à dure épreuve.
Le parfait ne pouvait frapper qui que ce soit, ni bien entendu tuer, même un animal. Il ne pouvait donc se défendre contre un voleur ou un routier. Il rie pouvait même pas tuer un loup ou un serpent. S’il trouvait une bête prise au piège il devait la délivrer et laisser sur place une somme équivalente au prix de la bête.
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