Les Chats Sauvages
Posté par francesca7 le 11 mai 2014
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Plaidoyer d’un écrivain satirique
(D’après « Leçons françaises de littérature et de morale », paru en 1846)
Souvent attaqué et défendu avec passion, le chat fit, avec le chien, l’objet de l’éloquent plaidoyer d’un écrivain de beaucoup d’esprit, Charles-Joseph Colnet du Ravel, mort en 1832, qui dépensa presque toute sa verve dans les feuilletons de journaux, et surtout de la Gazette de France
Journaliste, poète et écrivain satirique né près de Vervins (Aisne) le 7 décembre 1768, Charles-Joseph Colnet du Ravel collabora notamment au Journal des arts, des sciences et de la littérature, au Journal de Paris, au Journal général et à la Gazette de France. Fils d’un garde du corps de Louis XVI, il est un temps grand-vicaire de Soissons avant de se réfugier dans l’officine d’un apothicaire de Chauny durant les troubles de la Révolution, puis s’installe en 1797 comme libraire-imprimeur à Paris.
Charles-Joseph Colnet
Dès son début dans la littérature, il paraît avoir donné la préférence au genre satirique. On lui attribue généralement : Les Étrennes de l’Institut national, ou Revue littéraire de l’an VII ; La fin du dix-huitième siècle ; Mémoires secrets de la république des lettres. On trouve dans ces ouvrages beaucoup d’esprit, de vivacité et de verve caustique. On a encore de Colnet l’Art de dîner en ville, à l’usage des gens de lettres, poème en quatre chants, où l’on remarque une critique ingénieuse et des vers heureux.
Colnet, dont l’extérieur plus que simple contrastait singulièrement avec ses connaissances littéraires et son genre d’esprit, vivait dans la retraite, à Belleville, lorsqu’il y fut enlevé aux lettres et à ses amis le 29 mai 1832.
Voici son Plaidoyer en faveur des chiens et des chats :
« Depuis que j’habite notre petite planète, je n’entends parler que d’abus à réformer. Dans ma jeunesse, on en voulait surtout aux moines. Ils étaient accusés de priver la population d’une partie de ce qui devait lui revenir, et, quoique cette accusation fût assez mal fondée, on les supprima, car c’était ainsi qu’on réformait à cette époque. Bientôt tout fut un abus et réformé comme tell. J’ai même vu le moment où les procureurs… mais voici bien un autre scandale [on note, ici, l’emploi de la réticence, figure de rhétorique par laquelle l’orateur s’interrompant fait entendre ce qu’il ne veut pas dire expressément].
« Nos chiens et nos chats sont en danger. Un philanthrope veut nous enlever les animaux domestiques que nous chérissons le plus ; il prêche, au dix-neuvième siècle, une croisade contre d’innocentes victimes qui ont des droits sacrés à notre reconnaissance, et c’est de l’amour du bien public qu’il prétend colorer cet attentat ! C’est l’humanité qu’il invoque pour excuser un projet sanguinaire ! Il faut convenir que la philanthropie est bien barbare, et qu’à force d’humanité nous sommes devenus bien inhumains ! Quoi qu’il en soit, les victimes ne seront pas égorgées sans réclamation ; une voix faible, mais courageuse, va s’élever en leur faveur.
« Je plaide pour les chiens et les chats défendeurs, aboyants, miaulants, d’une part ; contre M. Alexandre Roger, chevalier de la Légion d’honneur, demandeur d’autre part.
« Messieurs, dans un procès de cette nature, la moralité des accusés devant nécessairement influer sur la décision de leurs juges, il conviendrait de rappeler ici les heureuses qualités dont la nature a doué la moitié la plus intéressante de nos clients ; mais si je disais tout ce que valent les chiens, nous aurions trop à rougir. Qui d’ailleurs ne connaît pas leur douceur, leur fidélité, leur inébranlable attachement ? A qui pourrais-je apprendre que, rapprochés de nous par un sentiment que notre férocité même ne peut anéantir, ils s’associent à nos peines comme à nos plaisirs, devinent et partagent toutes nos affections, nous protègent dans le danger, combattent et meurent en nous défendant ?
« Ce ne sont point, Messieurs, de ces faux amis du jour, esclaves de la fortune, et toujours prêts à vous abandonner dans l’adversité : martyrs généreux de l’amitié, on les voit s’échapper de l’asile doré de l’opulence, où on veut les retenir captifs, et où, comme tant de parasites qui sont loin de les valoir, ils seraient traités magnifiquement, pour retourner dans l’humble galetas du pauvre auquel ils sont attachés par un lien que l’amitié rend indissoluble ; et ce pauvre, que lui restera-t-il, si vous lui enlevez son chien ?
« Le malheureux est un pestiféré ; tout s’éloigne de lui, tout le fuit avec une sorte d’horreur ; son chien est le seul être qui, dans la nature entière, se montre sensible à sa misère, l’en console par ses caresses, et l’adoucisse en la partageant. Qui l’aimera si vous lui arrachez ce compagnon de son infortune ? Mais jamais un jugement inique n’ordonnera cette cruelle séparation : je me suis adressé à des cœurs sensibles ; les chiens gagneront leur cause.
« La cause des chats est, je l’avoue, messieurs, difficile à défendre. On a généralement mauvaise opinion de leur caractère, et leurs griffes leur ont fait beaucoup d’ennemis ; mais il faudrait aussi se rendre justice. Si les chats sont méchants, nous ne sommes pas très bons. On les accuse d’égoïsme ; et c’est nous qui leur faisons ce reproche ! Ils sont fripons : qui sait si de mauvais exemples ne les ont pas gâtés ? Ils flattent par intérêt ; mais connaissez-vous beaucoup de flatteurs désintéressés ? Cependant vous aimez, vous provoquez l’adulation. Pourquoi donc faire un crime aux chats de ce qui, dans la société, est à vos yeux le plus grand de tous les mérites ?
« Je ne parlerai point ici de leur grâce, ni de leurs gentillesses. Je ne vous peindrai point ces minauderies enfantines, ce dos en voûte, cette queue ondoyante et tant d’agréments divers à l’aide desquels ils savent si bien nous intéresser à leur conservation. Des motifs plus puissants militent en leur faveur.
« Si vous détruisez les chats, qui mangera les souris ? Ce ne sera pas assurément l’auteur du projet qui vous est présenté. On vous parle de souricières !… Des souricières, messieurs ! Eh ! qui n’en connaît pas l’influence ? Des souricières ! C’est un piège qu’on vous tend ; gardez-vous bien de vous y laisser prendre. Depuis longtemps, les souris, trop bien avisées, savent s’en garantir.
« Attendez-vous donc à voir au premier jour la gent trotte-menu ronger impunément tous les livres de vos bibliothèques. On s’en consolerait, si elles n’attaquaient que ces poèmes fades et ennuyeux, dont nous sommes affligés depuis quelques années, mais leur goût n’est pas très sûr ; elles rongeront Voltaire aussi volontiers que Pradon. Que dis-je ? nos feuilletons eux-mêmes, et nos plaidoyers si beaux et si longs ne seront pas épargnés. D’où je conclus que détruire les chats, c’est rétablir le vandalisme en France.
« Mais je consens que vous fermiez les yeux sur les souris : songez au moins qu’un ennemi cent fois plus terrible vous menace. Les rats, à qui les chats en imposent encore, les rats, messieurs, sont aux aguets ; ils n’attendent que le moment où vous aurez prononcé l’arrêt fatal que mon adverse partie sollicite, pour entrer en campagne et s’établir dans vos habitations que vous serez forcés, oui, messieurs, que vous serez forcés de leur abandonner. Et vous pouvez hésiter encore ! Catilina est à vos portes, et vous délibérez ! Je vous prie, messieurs, d’excuser cette véhémence ; il est difficile de conserver son sang-froid quand on parle des rats. »
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Posté par francesca7 le 11 mai 2014
Les moineaux, lit-on souvent, seraient ou ne seraient plus des passereaux, la belle affaire… :
Le mot passereau est un mot qui n’a plus la moindre acception scientifique.
Et pourtant le Larousse de 1910 indique encore : « Passereau : – du latin passer, moineau – ordre d’oiseaux comprenant un grand nombre de petites espèces : Les moineaux, les merles sont des passereaux ».
De nos jours, les dictionnaires insistent mais font une concession à la science en écrivant passereau ou « passériforme » : oiseau généralement petit et de moeurs arboricoles, chanteur et bâtisseur de nids pourvu de pattes à quatre doigts, trois en avant et un, pourvu d’une forte griffe en arrière ».
Pas question de douter de la filiation de nos piafs passériformes actuels avec les moineaux romains, mais peut-être est-on en droit de s’étonner à l’évocation de la descendance chez un moineau quand on sait que le moineau est un petit moine… et qu’un moine normalement n’a pas de descendance… Le moineau tient son nom du fait que, comme les moines, il porte sur la tête une capuche.
Dans les ouvrages scientifiques, les passereaux n’existent plus, les moineaux sont définitivement, (pour le moment) devenus des passériformes.
Le moineau domestique (passer domesticus)
Domesticus veut dire en latin « de la maison ». Cette particularité souligne son penchant à vivre en compagnie des hommes. C’est l’espèce la plus courante en ville. C’est lui le compagnon des parisiens qui est devenu, le piaf, le titi, le pierrot.
Le moineau friquet (passer montanus)
Le moineau de la montagne plus exactement celui des campagnes. Pourquoi est-il friquet ? Surement pas parce qu’il est plus riche que ses cousins citadins mais parce qu’il est vif et élégant, qualités qui étaient réunies sous le qualificatif de friquet en ancien français.
Si c’est là la vie que tous les moines fond… Je ferais moine…
Les moineaux, qui ne sont pas avares de démonstrations lorsqu’il s’agit d’étaler leurs ardeurs sexuelles au nez des bourgeois, ont acquit une réputation d’être des chauds lapins. Le moineau, le petit moine est, depuis le Moyen-âge, envié pour sa tonicité et connu pour sa lubricité.
Et puis les moines eux-mêmes sont parfois regardés comme de drôles de gens sinon de drôles d’oiseaux :
Extraits d’une oeuvre de Charles Esmangart , Fiction , parue en 1823 où il est question de la très fantaisiste Monachologie des spécimens de Ignace de Born traduite par Jean Anti-Moine et reprenant allégrement le livre V du Pantagruel de Rabelais et décrivant le moine à la manière d’un Linné ou d’un Buffon : « Définition. Voici la manière dont il définit le type général. Le moine: animal à figure humaine (anthropomorphum), avec un capuchon, hurlant pendant la nuit. »
Voici quelques traits de la description qu’il en fait: le corps bipède, droit; le dos courbé, la tête penchée en avant, toujours armée d’un capuchon. Animal avare, immonde, fétide, altéré, oisif, supportant plutôt le besoin que le travail. Les moines se rassemblent en troupe au soleil levant ou couchant, et surtout dans la nuit ; quand l’un d’entre eux crie, tous se mettent à crier; ils accourent au son des cloches ; ils marchent presque toujours par deux ; ils se couvrent de laine; ils vivent de butin et de quêtes; ils disent que le monde n’a été créé que pour eux ; ils se multiplient furtivement, exposent leurs petits, attaquent ceux de leur propre espèce, et dressent des embûches à leurs ennemis. La femelle ne diffère du mâle que par un voile qu’elle a toujours sur la tête. Les jeunes aiment à jouer, regardent de tous côtés autour d’elles, saluent les mâles d’un signe de tête. Les adultes et les vieilles sont malignes; elles mordent, elles montrent leurs dents quand elles sont en colère ; elles disent ave quand on les appelle : leur permet-on de parler, elles jasent toutes à-la-fois; au son des cloches elles se taisent tout-à-coup. »
« Différences. L’homme parle, raisonne, a une volonté; le moine le plus souvent est muet, ne raisonne pas, et n’a point de volonté, car il est entièrement soumis à son supérieur. L’homme porte sa tête élevée, le moine la porte penchée; les yeux toujours fixés contre terre. L’homme gagne son pain à la sueur de son front; le moine s’engraisse dans l’oisiveté. L’homme habite avec ses semblables ; le moine cherche la solitude, se cache, fuit le grand jour, d’où il suit que le genre moine est un genre de mammifères très distinct du genre humain, et qu’il est intermédiaire entre l’homme et le singe, duquel il se rapproche pourtant davantage, attendu qu’il n’en diffère guère que par la voix et la qualité de ses aliments. »
Expressions
Tirer sa poudre aux moineaux signifie faire de la dépense pour quelque chose qui n’en vaut pas la peine.
Manger comme un moineau signifie manger très peu.
Voilà une belle maison, s’il y avait des pots à moineaux, se dit pour se moquer d’une maison de campagne.
Synonymes
Les moineaux sont des mochons dans les Ardennes, des moissons en Normandie, des moigneaux dans le Berry.
La femelle s’appelle moinelle.
Homonyme
Un moineau est un élément de fortification.
Les relations entre les hommes et les moineaux
Les moineaux n’ont guère à se plaindre de leurs relations avec les hommes. Efficace ramasse-miettes, il trouve toujours leur provende à leur contact.
Ils doivent quand même déplorer la disparition des chevaux. Autrefois de belles et bonnes graines et de gentilles petites bébêtes étaient généreusement stockées dans les crottins et redistribuées par la plus noble conquête de l’homme citadin.
Les moineaux de Pékin et la révolution culturelle
Dans les années soixante, alors que la révolution culturelle triomphante finissait d’affamer ses enfants, les moineaux furent les victimes de l’aveuglement des stratèges du parti. Constatant qu’il y avait des millions de moineaux à Pékin, que ces moineaux à force de voler quelques grains de riz par jour aux masses laborieuses, soit en comptant comme les économistes maoïstes qu’ils s’appropriaient des milliers de tonnes de nourriture par ans, il fut décidé de tuer tous ces salauds de moineaux petit-bourgeois, devenus officiellement ennemi du peuple. Il fut ordonné de les éliminer à la chinoise en obligeant les pékinois à taper nuit et jour sur des gamelles. Ne pouvant plus se poser ni se reposer les oiseaux finirent tous par crever.
Devant un si beau résultat, la propagande fit ses choux gras de ce succès révolutionnaire mais omit bien sûr de parler des mouches qui, quelques semaines plus tard rendirent la vie impossible, même au Grand Timonier et à sa clique.
A défaut de grives pas question de manger des moineaux
Les moineaux, sauf lorsqu’ils sont volontairement ou pas confondus avec des becs-figues ou des ortolans ne figurent jamais sur les menus des gastronomes.
Cette situation privilégiée devrait leur permettre d’envisager l’avenir avec optimisme. Pourtant les populations de moineaux sont en chute libre ces derniers temps. Même s’ils sont toujours aussi « lubriques » nos petits moines fond de moins en moins de nichée. Pleins des insecticides qui trucident leurs proies, ils ne sont « plus bons » car devenus stériles et n’ont plus de descendance.
Article réalisé par Jean-Pierre Fleury.
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