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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

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  • > Archives pour le Vendredi 2 mai 2014

Produire BIO. En France

Posté par francesca7 le 2 mai 2014

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Des plantations de nectarines et d’abricots à n’en plus finir. Des cerisiers et des pommiers à perte de vue. Et, au bout d’un sentier, une pancarte qui annonce : « Le temps bio ». Au-dessous, on peut lire : « Agriculture biologique : je protège mon environnement ». Nous sommes, ici, en territoire protégé, en plein coeur de la vallée de la Têt, à Saint-Féliu-d’Avall, sur l’exploitation de Dominique Courtial. Ce soir, après les travaux des champs, il a convoqué d’autres producteurs, bio comme lui. De retour de Paris, où il s’est rendu au siège du distributeur Biocoop, il a une bonne nouvelle à leur annoncer : « Cette réunion est une belle avancée : la bataille des marges de la grande distribution, nous la remporterons. Ce prix moyen d’achat, nous le fixerons », leur lance-t-il, optimiste.

Ces petits producteurs, à la tête d’exploitations familiales de 2 à 5 hectares, pour la plupart issus de l’agriculture conventionnelle, sont membres deTerroirs bio Languedoc-Roussillon, une association créée en 2003 sous l’impulsion d’Alterbio, un bureau de vente et d’expédition associé à Biocoop. L’intérêt ? Écouler, sous une même marque, Couleur Midi, et selon un strict cahier des charges, leur production, à travers 340 magasins en France. « Cette organisation nous assure la possibilité de vivre dignement de notre travail », confie Vincent Mignot.

Ce maraîcher de Thuir, qui produit 150 000 pieds de salades, 30 tonnes de tomates, 25 de concombres, 20 d’aubergines, 15 de céleri, et même des blettes, du chou-rave et du fenouil, se souvient, il y a vingt ans, de sa décision de se lancer dans le bio : « On nous traitait de fous, personne n’y croyait. Et surtout pas les banques.  » Depuis, les temps ont changé : la filière a fructifié et nombreux sont les candidats à vouloir les rejoindre. »Nous accompagnons 30 à 40 conversions chaque année », confie Patrick Marcotte, à la tête de Civam bio 66, l’association qui, chargée de promouvoir l’agriculture biologique dans les Pyrénées-Orientales, fédère 300 producteurs. »Ceux qui ne sont attirés que par des raisons économiques ne tiennent pas longtemps », prévient-il.

Ingéniosité. 

images (17)L’agriculture biologique est une lutte quotidienne, un combat acharné contre les éléments naturels. Autant dire que, cette année, Dame nature n’a pas été tendre : il y a eu les inondations automnales, les neiges hivernales, le gel tardif du printemps. Et c’en était fini des pieds de salades et brocolis de Jacques Ey, producteur à Banyuls-dels-Aspres. « Sans produits chimiques et pesticides comme béquilles, nous sommes plus vulnérables aux attaques », dit-il. Jacques aurait pu baisser les bras. Et pourtant, il croit dur comme fer à sa petite affaire. »Comme ces marins qui malgré les tempêtes aiment la mer, nous aimons notre terre », justifie-t-il. Vincent Mignot, plus rationnel : « En vingt ans, il n’y a pas eu le moindre signe d’essoufflement, juste quelques petits phénomènes conjoncturels, ici et là. »

Alors, les producteurs bio retroussent leurs manches sans moufter. Et même, cela leur plaît. »Dans l’agriculture conventionnelle, nous appliquions machinalement les calendriers de production, pondus par la chambre d’agriculture et les fabricants de pesticides. Notre métier n’avait plus de sens, déplore Vincent Mignot.En agriculture biologique, les défis sont permanents et notre savoir-faire est constamment sollicité. » Pour venir à bout des ravageurs, ils ont trouvé l’Amblyseius swirskii, un acarien, prédateur de thrips, une petit cigale dévastatrice, et l’Aphidius colemani, la star des parasitoïdes. Voilà deux ans, en coopération avec le réseau d’expérimentation transfrontalier Redbio, Vincent Mignot a accueilli des populations de Tuta absoluta, un ravageur de solanacées qui fait des miracles.

Préservation. 

Et puis, il y a ces méthodes pleines de bon sens, des anciens, qu’ils se sont réappropriées. A commencer par la rotation des cultures, qui protège les sols des maladies, et la solarisation triennale, dont Vincent Mignot est un expert : « Elle permet de diminuer sensiblement le stock de graines adventices et de limiter les pathogènes », assure-t-il. Hier, il a fait le plein en eau de sa parcelle en prévision du jour où l’ensoleillement sera le plus fort : il la couvrira alors d’un film plastique qui chauffera le sol et anéantira les indésirables. Tous ont compris la nécessité de replanter des haies pour protéger leurs vergers des vents et attirer de nouveaux prédateurs, comme les mésanges bleues, capables d’anéantir jusqu’à 15 kilos d’insectes. »Ecoutez donc ce battement d’ailes, se félicite Alain Pigeon, au milieu de ses 3 hectares de terres maraîchères, à Argelès-sur-Mer. Cela signifie que mes nichoirs ont bien fonctionné. » Au déversement systématique d’engrais et de pesticides ils ont préféré le laisser-faire et l’observation. Et ne le regrettent pas : « La nature est bien faite et nous y sommes plus attentifs », ajoute Alain Pigeon, fier de participer à la préservation de l’environnement. »La filière bio, nous l’exploitons jusque sous nos serres, assure Vincent Mignot,l’arrosage se fait au goutte-à-goutte et nos tuteurs sont couverts de ficelle biodégradable. » L’avenir ? Ils l’envisagent avec optimisme. »Avec cette agriculture pleine d’espoirs, nous pouvons nous projeter », assurent-ils. Dominique Courtial vient d’intégrer une Amap pour développer des circuits courts ; Alain Pigeon, lui, projette de lancer une nouvelle production de plantes aromatiques et médicinales ; Vincent Mignot, d’accroître ses productions. Cette année, il a même monté de nouvelles serres, avec l’aide… de son banquier.

images (18)Le boom du bio

En agriculture biologique, on comptait 25 producteurs, en 1980, dans le département. Aujourd’hui, ils sont 500. Avec 2200 exploitations, 74596 hectares (dont 48 316 certifiés bio et 26280 en conversion), 8% de sa surface agricole en bio, le Languedoc-Roussillon est la deuxième région bio en France. C’est aussi le premier vignoble bio, avec 1000 viticulteurs et 16500 hectares de vignes, et la première région de production pour les fruits à noyaux: en 2013, la production régionale d’abricots, pêches et nectarines devrait atteindre 6000 tonnes. Parmi les légumes, il existe des produits leaders comme la salade, dont 10 millions de pieds sont produits chaque hiver.

Publié dans FLORE FRANCAISE, GASTRONOMIE FRANCAISE | Pas de Commentaire »

la plante miraculeuse des Pyrénées

Posté par francesca7 le 2 mai 2014

 

 
 
téléchargement (9)Selon la légende, c’est parce qu’il fut le théâtre d’un drame mettant en scène deux fils bravant vent des glaciers, soleil ardent, fatigue et animaux hostiles pour quérir aux sommets des montagnes pyrénéennes l’herbe qui sauve afin d’arracher leur père à une mort certaine, que le pays des Quatre Vallées a cessé de donner vie à cette plante miraculeuse…

Autrefois au pays de la Neste d’Aure – pays également appelé pays des Quatre Vallées et formé des quatre vallées : d’Aure, de la Neste, de la Barousse et de Magnoac -, on se répétait, non sans frémir, cette histoire, comme celle d’Abel et de Caïn chez les patriarches, celle de Rémus et de Romulus chez les Romains.

A l’époque primitive où tout était encore et mystère et enchantement, une famille de montagnards vivait tranquille et heureuse dans sa maisonnette flanquée en plein mont. Le père et la mère étaient unis d’une affection sainte et les deux fils grandissaient vigoureux et forts. Devant eux ils avaient le plus beau des spectacles ; les cirques de montagnes éternellement blanches et miroitantes, ou brunes. ou vertes les entouraient à perte de vue et les plaçaient dans un monde a part ; monde immense et ferme, surnaturel et splendide que les yeux, si longue que soit la vie, ne sont jamais las de contempler. La terre subvenait avec largesse tous leurs besoins, leur champ de blé tout en bas, en terrain presque plat, leur donnait plus que le grain nécessaire à leur pain : ce grain écrasé entre deux grosses meules e ! cuit ensuite dans la « fournère » sombre, derrière la maison.

Le cresson poussait au bord de la source claire qui dans leur verger était d’abord leur fontaine, et un peu plus bas leur salle de bain, puis leur buanderie. Les légumes, sans grand soin, montaient vivaces, nombreux, les fruits mûrissaient aux poiriers, aux pommiers, aux châtaigniers, aux noisetiers, sans qu’on s’en aperçût, et au printemps et en été toute la montagne embaumait de l’odeur des fraises, des framboises et des aoyous !

Les prairies naturelles où le foin n’était coupé que pour donner un regain encore plus dense nourrissaient leur bétail. Avec le lait des vaches, des chèvres et des brebis ils faisaient du fromage, et les poules, dont ils n’avaient même pas besoin de s’occuper, leur donnaient leurs œufs. Avec la laine que leur fournissait leurs troupeaux, ou la peau des bêtes, ils avaient des vêtements et des chaussures, avec le lin des champs, la mère filait à la quenouille le fil dont elle tissait la toile de tout le linge de la maison. Avec le bois des forêts sans fin, ils faisaient l’hiver des feux merveilleux.

Et les saisons se succédaient toutes généreuses et agréables, leur apportant leurs inépuisables dons et leur charme particulier. Les jours, que le grand soleil dardant les fît immenses, ou que lui absent, ils fussent trop brefs, passaient remplis d’une tâche égale, empreints d’une paix parfaite. Un bonheur régulier semblait donc devoir être le lot de cette sage famille, pendant des suites d’années, comme il l’était alors, comme il l’avait été dans le passé.

Mais, un soir, le père rentra à sa maison, le pas pesant, l’air morose, malade en un mot de cette maladie étrange qui fait qu’on est tout fièvre, tout tristesse et qu’on se sent chaque jour plus lourd sur la terre et plus près de s’anéantir. Il n’y avait pas de doute, chaque heure qui passait emportait un peu des forces du père et le laissait sur son lit plus pâle et plus alangui. Quelque temps encore et la mère au désespoir, les fils en larmes auraient à fermer ses chers yeux pour l’éternité.

Cela ne pouvait être, sans que tous trois aient au moins tenté une lutte sans trêve. On donna au malade tous les soins usités aux pays des montagnes. On mit à son bras le « sang boit », irritant emplâtre de feuilles, mais on le renouvelait sans qu’un mieux, le moindre fût-il, se produisît. On lui fit boire le vin pur, chauffé et parfumé, on lui donna du lait de chèvre et des infusions d’hysope et de racines de plantain ; mais il restait toujours blême et sans force.

La mère, les deux fils, rivaux dans leur amour pour le père vénéré, se disputaient à son chevet ; mais les yeux de la mère avaient beau fondre de larmes, ceux des deux garçons avaient beau jeter des éclairs de défi et de colère impuissante, le malade semblait comme s’effacer chaque jour davantage. Rien ne pouvait plus le sauver, rien ! et voilà qu’à l’instant où l’on s’y attendait le moins, il ouvrit tout grands ses yeux de fièvre et qu’il appela sa femme et ses fils. Pendant leur absence, était-ce un esprit des montagnes ? Etait-ce quelque vieille fée ? Mais une apparition indéfinissable ; il ne savait qui, lui avait dit, en réalité ou en rêve, que sur les montagnes, plus loin, plus haut, croissait l’herbe salvatrice qui guérissait ces âpres maux.

Aux jeunes fils vigoureux, dont l’affection pour lui était si grande, incombait la rude tâche d’aller à sa recherche. Le père en connaissait et le nom et l’aspect, c’était l’herbe « qe sauvo », si difficile à trouver, et il la décrivit si exactement aux adolescents attentifs qu’ils croyaient déjà l’avoir tenue dans leurs mains.

Pourtant, cette herbe merveilleuse était étrangement rare. Auprès d’elle, le romarin, l’herbe prime (sorte de thym), même la couronne de roi (sorte de splendide saxifrage qui ne croît qu’aux Pyrénées et tombe en pendeloques et en couronnes de roches arides) pouvaient s’oublier, et la nature sévère ne la laissait pousser qu’aux endroits les plus inaccessibles. Comme tout ce qui a une valeur très grande, elle était presque impossible à acquérir.

Rassemblant ses forces mourantes, le père apprit à ses fils les chemins de montagnes par où ils atteindraient avec le moins de peines et le moins de danger les lieux escarpés où peut-être ils pourraient la cueillir. Il leur recommanda de s’entraider. de ne se séparer que par nécessité et pour explorer plus vite deux endroits différents et non très distants. Puis, tandis que s’agenouillaient les enfants, il leva, au-dessus de leurs têtes respectueuses et baissées, ses mains défaillantes et il les bénit en leur disant adieu et leur souhaitant au revoir.

Les deux fils partirent, leur bâton de montagnard à la main, leur gourde pleine à la ceinture, sur l’épaule la courroie de leur sac rempli de provisions et leur grand manteau de laine blanche. Ils allèrent longtemps par des chemins montueux, ils franchirent des ruisseaux où l’eau transparente laissait voir les pierres de leur fond, les anguilles glissantes, les truites argentées qui nageaient et se cachaient entre les gros cailloux. L’un des deux frères, infatigable, rasséréné par cette grande espérance, par l’action qui le rendait utile, tandis qu’à la maison il n’avait plus qu’à pleurer, marchait sans relâche, entraînant l’autre qui par instant se trouvait las.

Ils campèrent peu, ils dormirent seulement quand la nuit était obscure et les chemins diminuaient vite sous leurs pieds. Bientôt ils ne rencontrèrent plus nulle part ni châtaigniers, ni noisetiers : les hêtraies vertes ou pourpres faisaient place aux chênaies séculaires, les chants d’oiseaux du départ se faisaient plus rares ; tantôt ils se trouvaient dans des espaces pierreux, tantôt ils arrivaient dans de verdoyantes prairies.

Quand les pierres déchiraient leurs pieds, l’un plus courageux redoublait ses pas pour arriver plus tôt aux tapis d herbes, mais son frère, qui l’aurait cru ? – se laissait aller à se plaindre et à trouver par trop terrible la tâche imposée. Dans les forêts de sapins sombres et silencieuses, perchés souvent sur des pentes dont un côté à pic s’enfonçait dans un précipice sans fond, empêtrés dans les fougères, écartant les plantes sauvages pour y chercher déjà l’herbe promise, ils étouffaient d’une chaleur insoutenable.

Mais soudain la forêt s’ouvrait sur un col entre de hauts pics, le vent des glaciers y soufflait, puissant et large, et un froid presque polaire faisait claquer leurs dents ; ils couraient s’abriter derrière quelque roche hors du passage du vent où une tiède température les ranimait. L’un, de plus en plus joyeux, de plus en plus ardent à la recherche à mesure qu’il approchait du but, l’autre plus maussade et plus furieux à mesure que se doublaient fatigues et dangers.

Après avoir entendu les grognements des sangliers, les grondements des ours, après avoir évité les morsures des grands scorpions, des vipères et des aspics, les deux frères n’apercevaient plus guère que quelque isard farouche ou quelque aigle planant. Ils traversaient les nuages, l’orage tonnait sous leurs pieds ou sur leur tête, ils étaient brûlés de l’ardent soleil, ils tutoyaient les abîmes sur des rebords de mont de la largeur de leurs semelles mais ils atteignaient pourtant les sommets où naissent les sources, où limpides elles sortent goutte a goutte du roc colossal et perpendiculaire, où grondantes elles jaillissent en torrent de la terre entrouverte et s’en vont bondissantes, tantôt entre des bords de marbre, tantôt entre des rives fleuries d’herbes embaumées.

 

Les deux jeunes montagnards saluèrent avec des cris de joie la verdure des rochers. L’un, toujours le même, suivait, sans plus s’arrêter, le long des vertes rives, ses yeux irradiés semblaient avoir acquis une double vue, ses mains prestes et habiles écartaient, fouillaient tes tiges fragiles, accrochées aux pierres branlantes, débordant de leurs fissures.

Il chercha. Longtemps, longtemps il chercha ; accroupi, penché ou suspendu lui-même aux bords des eaux et des grondants abîmes ; mais enfin, tandis que ses doigts tremblants montraient au ciel l’herbe de guérison, l’écho des montagnes, roulant joyeusement de proche en proche son cri de bonheur et de triomphe, l’apporta au fils lassé qui depuis longtemps, longtemps se reposait et qui maintenant bondissait de jalousie.

téléchargement (10)Sur son lit, le père, depuis le départ de ses fils, semblait n’avoir plus fait un geste ni plus parlé. Toujours inanimé, toujours blême il était resté dans un état absolument semblable à celui où il était à la minute même où ses enfants avaient franchi la porte. La mère, ombre inquiète et attentive, allait silencieuse du lit au seuil de sa maison et ses yeux ne quittaient le visage de son mari que pour regarder le lointain par où ses fils devaient revenir.

Des jours, des nuits interminables avaient passé sur la triste demeure et rien n’y avait apporté le plus petit changement. Mais, par ce jour d’ombre grise, ce jour où les nuages, en couronne de deuil autour des montagnes, n’avaient pas voulu se dissiper, tandis que le père, statue humaine, sans voix, sans mouvement, mettait le peu de vie qui lui restait à contempler sa femme abîmée de tristesse, la porte de la chambre s’ouvrit. Un des fils, un paquet d’herbes à la main, était debout sur le seuil, la mine sombre et le regard perdu.

 Où est ton frère ? cria la mère palpitante, en serrant son enfant dans ses bras.
– Où est ton frère ? dit le père, ranimé par la vue de son fils.
– Mon père, dit le jeune voyageur, non sans trouble, nous nous sommes séparés pour trouver plus vite l’herbe merveilleuse, je suis revenu aussitôt pour vous sauver plus vite, mon frère sans doute ne sera pas long à rentrer.

Le père, avant de saisir l’herbe, leva cette fois encore ses mains tremblantes et bénit son fils, celui à l’effort duquel il devait à son tour la vie. Et la vie lui revint en effet ; peu à peu une jeunesse nouvelle sembla s’épanouir en lui, ses membres retrouvaient toute leur force passée et son visage reprenait sa belle expression de fière énergie, mais il gardait pourtant l’empreinte d’un tenace souci. Une pensée douloureuse ne le quittait plus, le hantait à tout moment.

Un de ses fils, son fils si courageux, si vaillant n’avait pas reparu. Et cela mettait- dans son bonheur de reconnaissance envers son autre enfant, un chagrin, un regret ineffaçable. Dans quels lieux sauvages errait-il encore ? Ou plutôt, malédiction ! Sur quels rochers s’était brisé l’enfant valeureux, quelle eau traîtresse avait enseveli son jeune corps souple, quel animal malfaisant avait détruit cette vie en fleur ?

Le sombre et taciturne fils qui lui restait, pas plus que lui ne pouvait répondre ; mais, pour retrouver son autre enfant, vivant ou mort, le père referait tous les pas qu’il avait faits. Il interrogerait les échos, il sonderait les précipices, il plongerait au fond des torrents. Et seul, le père, sa gourde à sa ceinture, son sac à l’épaule, son bâton de montagnard à la main, partit à travers les montagnes à la recherche de son fils.

Il l’appela dans les sentiers bordés de châtaigniers, de noisetiers et les pommiers ; il l’appela dans les hêtraies, dans les chênaies séculaires, il cria son nom dans les forêts de sapins où tout semble mort. Il se pencha aux bords des précipices, il interrogea les eaux transparentes, mais seul l’écho répétait ses paroles.

Il parcourut en tous sens les cols où souffle le vent de glace, il fouilla chaque coin, chaque abri de rocher, il cria partout : Moun hilj, moun hilj, mon fils, mon fils ! Partout l’écho répondit : mon fils, mon fils ! mais nulle voix humaine ne se leva sur les monts. Le père, ardent à la poursuite, assuré, tant sa volonté était forte, qu’il finirait par découvrir son enfant, arriva, après un temps qu’il n’aurait pu calculer, au versant du sommet à pic où naissent les sources, où croissent les herbes rares.

Longtemps, longtemps il marcha le long des rives dangereuses ; une grande lassitude s’emparait de lui ; ses yeux pourtant interrogeaient encore l’eau, les herbes et les roches avec une telle intensité, que rien ne pouvait leur échapper. Et tout à coup il eut un choc : ses regards s’arrêtèrent sur une espèce de petite baguette d’ivoire qui gisait à ses pieds et qui semblait avoir vibré au frôlement de ses pas. Le père, qui n aurait pu dire ce qu’était cette chose blanche, lisse et creuse, la ramassa pensivement et il lui sembla tenir en ses mains quelque objet étrange et mystérieux.

Emu jusqu’au fond de l’âme et sans se rendre compte de ce qu’il faisait, il porta à ses lèvres sa trouvaille inconnue, ses soupirs y passèrent et alors une faible voix en sortit :

C’est vous, Papa,
Qui me touchez,
Qui m’appelez ?
Mon frère m’a tué
Au bord de l’eau.
Quand je cherchais
L’herbe qui sauve !

Es vous, Papay,
Que mi toucat,
Que mi sounat ?
Moun Fray m’a tuat
AI bord de l’Auvo
Quan cercavi
L’Herbo qe sauvo !

Le malheureux père, en larmes, condamné à porter désormais la vie comme une importune charge et à maudire le fils qui lui restait, mit sur son cœur cet os, la seule chose qu’il retrouvait de son enfant perdu. Et les échos des montagnes jetaient partout la lugubre plainte du fils assassiné et les gémissements paternels. C’est ainsi que, pour les races de ces monts altiers, si caché que soit le mal, si enfoui qu’il soit au fond des abîmes, il arrive à se découvrir un jour, et que l’anathème et la malédiction atteignent les coupables, sans que rien paisse les sauver.

Mais, d’un bout à l’autre de la chaîne pyrénéenne, on chercherait vainement aujourd’hui l’herbe merveilleuse qui guérissait tous les maux. Depuis ce jour de crime, elle a cessé de pousser.

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Le Marché des Pommes

Posté par francesca7 le 2 mai 2014

 

 

Tout dernièrement, au cours de l’Assemblée générale du Syndicat de la Graineterie des départements de la Seine-Inférieure, de l’Eure et du Calvados, l’idée fut émise de créer à Rouen, à partir de l’an prochain, un Congrès annuel des graines et fruits à cidre. L’idée est excellente et ne peut que donner d’appréciables résultats. Rouen, il ne faut pas l’oublier, est le deuxième marché de fruits à cidre, après Rennes. On voit donc tout l’intérêt que présenterait, dans la capitale normande, la tenue des « Assises de la Pomme » qui seraient suivies par nombre de Normands spécialisés dans cette branche de commerce. C’est à ce sujet que nous publions une étude succincte du Marché des Pommes à cidre, étude comparative qui expose des problèmes économiques fort importants.

A

Deux mauvaises années successives de récolte pour les pommes à cidre se voient assez rarement, et c’est tant mieux pour nos cultivateurs. Ce fut cependant le cas des années 1925 et 1926. Comment s’étonner, dès lors, que bien avant l’ouverture de la campagne 1926, alors que les résultats désastreux de la précédente n’étaient que trop connus et qu’on augurait assez mal de celle qui suivait, des questions fort importantes aient été soulevées autour du marché et qu’elles aient donné lieu à d’acharnées controverses ? Il nous faut bien revenir à une année en arrière et voir d’abord sur quelles bases se fit la campagne de 1926.

Partisans et adversaires de l’exportation étaient aux prises. Car des marchands étrangers parcouraient la Normandie et, bénéficiant du change élevé sur leur pays, se portaient acquéreurs, à des prix satisfaisant les producteurs, de quantités de pommes à utiliser de l’autre côté du détroit.

Pour l’exportation se déclarait par exemple le Syndicat des Agriculteurs de la Manche, présidé par M. le sénateur Damecour, et ses arguments étaient les suivants :

Du jour où l’on découragera les producteurs en interdisant l’exportation, ceux-ci ne produiront plus. Le prix des pommes suit-il les cours du jour ? Non, il en est loin. Alors que le demi-hectolitre – la barattée – valait avant-guerre de 1 fr. 25 à 2 fr. 50, en 1924 il atteignait comme grand maximum 2 francs, et 6 francs en 1925, soit une moyenne inférieure à 4 francs. Ainsi, la pomme, produit de nécessité, n’a pas vu son prix même doubler, alors que toutes les marchandises ont atteint sept à huit fois leur valeur d’avant-guerre. Or, les frais de ramassage et de transport ont suivi cette dernière hausse. Autrefois, on prenait 0 fr. 25 pour ramasser une barattée et aujourd’hui c’est au moins 1 fr. 50. Encore ne trouve-t-on pas toujours de la main-d’œuvre. Et le transport par voiture attelée ? 5 francs le fer à cheval au lieu de 0 fr. 80, et la même hausse chez le bourrelier, chez le charron. Ces prix ne militent-ils pas en faveur du relèvement du prix des pommes et si les offres des marchands étrangers peuvent les provoquer, eh bien, tant mieux !

Contre l’exportation, voici les arguments de la Chambre de Commerce de Cherbourg :

La récolte générale des fruits à cidre est évaluée pour la prochaine campagne – 1926 – à 18 millions de quintaux, soit 6 millions de moins que la récolte moyenne. La culture ne possède plus de réserve de cidre dans ses caves et celliers. Des prix exceptionnels et hors de proportion sont faits pour l’exportation. S’ils sont maintenus, le cidre, boisson de plus d’un tiers des Français, atteindrait un prix qui le mettrait hors de portée de la plus grande partie des consommateurs. L’exportation, même si elle n’affectait qu’une partie plus ou moins forte de la récolte, aurait pour résultat de fausser les cours par répercussion, et ne permettrait plus le libre jeu de la loi de l’offre et de la demande. La culture obtenait, antérieurement aux offres faites par l’étranger, des prix qu’elle considérait comme convenables. Il faut interdire l’exportation.

Bien entendu, les Chambres syndicales de brasseurs et débitants partageaient cet avis. De nombreuses Municipalités – et notamment celles de Rouen, Le Havre, Fécamp, etc… –  avaient voté des adresses au Ministre de l’Agriculture pour demander l’interdiction de l’exportation. Devant cette poussée d’opinion, on assista à un fléchissement des cours. Il y a lieu de dire également que les transactions premières avaient été un peu spéculatives. En Normandie, on avait vu des offres à 350 et 400 francs la tonne, en Bretagne de 375 à 425 francs. La possibilité d’un arrêt diminua d’environ 100 francs ces sommes.

En ce qui concerne l’importance de la récolte des fruits à cidre, celle-ci ne devant être connue que longtemps après la campagne, par les statistiques officielles, certains groupements demandaient, comme pour les vins, le vote d’une disposition dans l’esprit de celle qui inspira la loi du 29 juin 1907, portant obligation de la déclaration de récolte. A ce moment seulement, le commerce aurait trouvé des indications précieuses pour la fixation des cours et n’aurait pas été amené à réclamer, en années de pénurie probable, le vote de dispositions telles que l’arrêt de l’exportation et celui de la distillation.

La consommation du cidre réservée d’abord, l’excédent pourrait, dans des proportions à déterminer, passer la frontière, ou servir à alimenter les industries, celle de la distillerie d’alcool neutre, entre autres.

Cela a l’air très facile : Quand il y aura des pommes, on exportera. Quand il y en aura moins, on exportera moins. Quand il n’y en aura pas assez pour nous, on n’exportera plus…

C’est très facile comme cela, sur le papier. Mais, dans la pratique, quelles luttes, quelles difficultés ! Ah ! Qu’il est donc délicat de savoir s’il y a des pommes  ou s’il n’y en a pas…

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Pour « une année où il y a des pommes », on ne peut pas dire que 1926 fut « une année où il y eut des pommes »… Les bons Normands la caractérisèrent : une *petite demi-année*. Et cela, voyez-vous, c’est admirable.

D’une enquête faite par le Comité National du Cidre, il résultait que la récolte de 1926 pouvait être estimée à environ 16 millions de quintaux, très inférieure à la moyenne normale évaluée à 25 millions de quintaux. Certains départements cidricoles, notamment les départements bretons, avaient une récolte nettement déficitaire, ne pouvant suffire aux besoins de la population paysanne et ouvrière, dont le cidre était la boisson principale. Une récolte aussi faible succédant à une mauvaise récolte comme celle de 1925, qui n’avait pas atteint 12 millions de quintaux, ne semblait pas pouvoir permettre de donner satisfaction aux besoins nationaux. Le Comité émettait l’idée de réduire l’exportation, mais que dans le cas où, pour des raisons internationales, l’exportation ne pourrait être interdite, il serait à souhaiter que l’application d’un droit de sortie ad valorem vienne contrebalancer, dans une certaine mesure, l’action exercée sur les cours par les acheteurs étrangers.

kartoffelmarkt_boulevard_foss_hiLe raisonnement des producteurs, partisans de la liberté d’exportation, n’a pas varié une seule fois : « Le cours des pommes a atteint 350 francs la tonne, disait l’un d’eux. Citez-nous, je vous prie, des produits industriels ou autres augmentés dans la proportion de 3,5 et pourtant, on n’en combat pas l’exportation. Prouvez que la pomme, à ce prix, est trop chère à la production. C’est précisément à cause du contraire qu’elle est tentée de quitter la France. Consentez à payer au producteur des prix en rapport avec ceux des produits dix fois plus chers qu’avant-guerre – il n’en demande pas tant – et vous pouvez être persuadé que le producteur ne souhaitera pas plus qu’un autre l’exportation de ses produits. »

C’est là qu’on se trouvait au moment de la campagne de 1926.

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Si l’on chiffre la récolte très mauvaise de l’année 1925, par 100, on peut dire que celle de 1926 fut de l’ordre de 130 à 135, alors que celle de 1924 était de 220 à 225.

Il y eut, approximativement, 1.800.000 quintaux en 1924 ; 600.000 quintaux en 1925 ; 1.000.000 en 1926 pour le seul département de la Seine-Inférieure.

En 1924, beaucoup de pommes, les tonneaux sont remplis. En 1925, désastre, pas de pommes, les tonneaux remplis l’année d’avant se vident. En 1926, peu de pommes et plus rien dans les tonneaux.

Au fond, exporte-t-on beaucoup ?

Non. En 1924, année exceptionnellement bonne, on a exporté, par la Seine-Inférieure, dans une proportion infime : 5 pour 1.000.

Mais, l’an dernier, au moment de la campagne, un vent de panique souffle sur le pays. La livre sterling monte, monte… Et c’est à ce moment qu’on lance ce bruit : *la rafle des pommes*… Il faut ramener l’affaire à des proportions justes. On ne rafle pas tant que cela ! Et un autre remède serait bien plus sûr : frapper les pommes d’un droit de sortie…

On épiloguerait longuement sur cette question. Nous n’avons voulu que l’indiquer. Aussi bien, on sait que, selon le vieil adage cher aux Français, tout finit… par se tasser. Et, dans le cas qui nous occupe, « tout se tassa » parfaitement.

Pour pouvoir faire des comparaisons avec la récolte de 1927, exposons brièvement, pour finir cet article, ce que fut la récolte de 1926 dans nos contrées.

Prenons d’abord un exemple typique :

Aux Andelys, la récolte fut mauvaise, mais « il y avait quand même des pommes » ! Elles se vendaient de 12 francs à 13 francs la rasière de 28 kilogrammes. Le prix de 12 francs s’applique à un marchand de cidre, le prix de 13 francs à la distillerie qui fait venir des wagons de Bretagne, au prix de 380 francs la tonne, marchés conclus en mai ou juin. Mais nombreux étaient ceux qui disait : « J’en ai assez pour moi. Cela me suffit. » La densité était satisfaisante : 10 à 11 degrés pour le cidre de novembre. La pomme était petite, mais elle contenait plus de sucre. Aux Andelys, les vieilles traditions sont respectées ! Quand la récolte est bonne, on fait 600 litres de « pur jus ». L’année suivante, si elle est mauvaise, on convertit le « pur jus » en boisson ; si elle est bonne, on fait de la « goutte », ainsi de suite. Il y a dans la commune 11.200 pieds de pommiers.

En 1920, la récolte fut de 1.000 quintaux.
–   1921,    –       9.000         –
–   1922,    –       2.000         –
–   1923,    –       3.000         –
–   1924,    –       5.000      –
–   1925,    –       3.400      –
–   1926,    –       2.500         –

Voilà donc un exemple très net.

Indiquons sommairement les appréciations pour la récolte de 1926 dans les principaux centres. Nous avions l’an dernier :

    Duclair : récolte très inférieure.
    Pavilly : récolte médiocre quant à la quantité, mais supérieure pour la qualité. De 280 à 300 francs la tonne.
    Doudeville : bonne moyenne.
    Fontaine-le-Bourg : le ¼ seulement de la normale.
    Bosc-le-Hard : le ⅓ du rendement.
    Luneray : le 1/10. Les pommes dites « précoces » et dont la qualité est recherchée se vendirent 8 à 9 francs la livre.
    Tôtes : atteignent 360 francs.
    Auffray : récolte moyenne.
    Autour de Dieppe : mauvaise récolte.
    Du côté d’Eu : franchement mauvaise. Cependant, quelques clos abrités favorisés.
    Bolbec : récolte plutôt mauvaise.
    Montivilliers : mieux que ce qu’on croyait…
    Rive gauche de la Seine : mauvaise. Un cultivateur de La Mailleraye, qui fait 300 rasières en temps normal, en eut une dizaine.
    Forges-les-Eaux : mauvais.
    Gournay : plus de réserves.
    Pont-Audemer : passable.
    Louviers : récolte moyenne.
    Lisieux : très médiocre.
    Caen : demi-année.
    Touques : les cultivateurs disent « Pas de pommes à Touques, mais beaucoup à Beaumont-en-Auge.
    Beaumont-en-Auge : les cultivateurs disent « Pas de pommes chez nous, mais beaucoup à Touques… »

 

*
*   *

Nous verrons dans notre prochain article ce qu’a été la récolte de cette année.

Bornons-nous à une simple indication.

Le Bureau de la Confédération Générale des Producteurs de Fruits s’est réuni le 11 octobre, à Lisieux, et a fait deux constatations suivantes :

1° Cette année, pas d’hésitation possible : il y a des pommes ;

2° Il y en a même trop. Il s’en perd.

Que disent les producteurs ?

Ils disent ceci : Le prix de vente ne couvre même plus les frais de ramassage.

Nous demandons qu’on favorise l’exportation et que l’on diminue les tarifs de transport et les droits fiscaux qui frappent les fruits à cidre.

Que disent les consommateurs ?

Ils disent : Nous n’y comprenons plus rien. L’an dernier, mauvaise récolte, les prix montent. Cette année, bonne récolte, les prix vont monter.

Que faut-il penser de cette nouvelle situation ?

La récolte des fruits à cidre de 1927 a été bonne dans l’ensemble, et va en augmentant, de la Normandie vers la Bretagne. La Seine-Inférieure a été un des départements les moins favorisés ; le Calvados est mieux partagé ; dans la Manche, c’est l’abondance et, dans le Finistère, dans l’Ile-et-Vilaine, on ne sait que faire des pommes…

Mais de là à dire que certains cultivateurs préfèrent laisser pourrir les fruits à terre, sous prétexte que les frais de ramassage et de transport enlèvent tout bénéfice… Non. La rasière de pommes s’est négociée à un bon prix, allant de 5 à 7 francs. Or, le ramassage d’une rasière revient à peu près à 0 fr. 60. Comptons 1 franc de frais de transport et il nous reste encore un assez joli gain.

La récolte, pour le seul département de la Seine-Inférieure, a atteint 1.300.000 quintaux. On en a exporté une infime partie. Le tiers environ de la récolte est allé aux distilleries pour la fabrication de l’eau-de-vie et de l’alcool. Le reste, soit à peu près 970.000 quintaux, est passé dans la fabrication du cidre.

Il y a du cidre. Les tonneaux se sont remplis. On en a fait pour deux ans. Et il y a aussi de la goutte…

Le débouché assuré pour le producteur ne réside pas dans l’exportation.

On exporte très peu, nous l’avons dit. On fit, l’année dernière, autour de cette question de l’exportation, beaucoup de bruit pour rien du tout…

On a vu partir un bateau, deux bateaux de pommes pour l’Angleterre… Qu’est-ce que cela signifie ? Pas grand’chose. L’exportation des fruits à cidre est une opération très compliquée, surtout lorsqu’il s’agit de vendre la marchandise dans un pays d’outre-mer. La pomme ne se prête nullement à tant de manipulations : le ramassage ; le chargement à la pelle dans les wagons ; le déchargement à Honfleur ou à Dieppe ; le chargement dans le bateau ; le déchargement au quai destinataire ; le rechargement dans des wagons, etc., etc…

Comptez le nombre de manipulations. La pomme ne supporte pas d’être trop tassée. Dans le bateau, notamment, celles qui sont dans les couches inférieures sont échauffées, fermentent. Il y a énormément de déchet.

Avant la guerre, on exportait en Allemagne ; mais, depuis, les droits, dont nos voisins frappent l’entrée des fruits à cidre, doublent leur prix qui devient par trop onéreux.

Le débouché tout trouvé pour le producteur, c’est la distillerie, c’est l’alcool, ce sont les usines de Bosc-le-Hard, d’Yvetot… S’il n’y avait pas ces usines, c’est alors qu’on ne saurait que faire des fruits.

Les prix des pommes et de l’alcool sont liés entre eux.

Au début de la campagne actuelle, l’alcool valait 700 francs l’hectolitre, les pommes 180 francs. Actuellement, l’alcool vaut 1.000 francs, les pommes près de 300 francs.

Et nos pays font aux viticulteurs du Midi une concurrence extraordinaire.

Le vin ordinaire, à 10°, vaut 140 francs l’hectolitre, ce qui met le degré à 14 francs. Or, les pommes donnent le même alcool, mais le degré ne vaut que 10 francs, ou à peu près.

D’où vives protestations méridionales. Car, de moins en moins, le Midi est assuré de pouvoir faire fonctionner la soupape de la distillation.

C’est la guerre qui a lancé l’industrie de l’alcool en Normandie. Il fallait, pour les poudres, de l’alcool à tout prix. Mais, depuis, toutes les organisations ont été remaniées, les usines refaites, les procédés de distillation améliorés. Aujourd’hui, on fait fermenter du cidre en 48 heures.

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*   *

BNous ne faisons qu’effleurer toutes ces questions fort importantes. Nous n’avons d’ailleurs désiré que donner un aperçu sur le marché des fruits à cidre et ses débouchés. Traiter la question à fond exigerait un luxe de détails, de chiffres, de réflexions, qui déborderaient du cadre de cette revue. Mais nos lecteurs ont pu suivre à peu près tous les aspects du problème, qui constitue une branche essentielle de l’activité économique de notre province.

La récolte totale de cette campagne, en France, doit dépasser 20 millions de quintaux. C’est une excellente moyenne.

Les agriculteurs, à de rares exceptions près, sont satisfaits. Sans doute, ceux qui ont vendu leur récolte au début de la campagne ont-ils moins réalisé de bénéfices que ceux qui la vendent actuellement. Mais, on ne pouvait prévoir, n’est-ce pas, la hausse de l’alcool dans les proportions où elle s’est produite. On dit, d’ailleurs, que cette hausse n’est que passagère.

Les prix du marché des fruits à cidre ont été sensiblement inférieurs à ceux pratiqués l’an dernier. Nous ne redonnons pas un tableau complet de ce marché, ainsi que nous avions essayé de le faire dans le précédent article, pour la campagne 1926.

Il y a eu progrès partout. Mais nous reprendrons, l’année prochaine, la question sous le même jour et nous pourrons établir un tableau comparatif pour trois années, qui ne manquera pas d’intérêt.

L. G. G[ARROS], L[ouis] (18..-19..) :  Le Marché des Pommes à Cidre (1928).

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