Culture et traditions en Corse
Posté par francesca7 le 1 mai 2014
Une contrée légendaire
Les récits fondateurs font appel à plusieurs légendes. Corsica est-elle née de l’union de Sica, nièce de Didon, avec Corso, fils du roi de Troye ? Ou bien de Corso, Ligurienne poursuivant un taureau jusque dans l’île ? Aurait-elle, encore, émergé des eaux en souvenir de Nausicaa tuée par son mari jaloux ?
De vallées en vallées, de villages en villages, contes et légendes peuplent encore l’imaginaire corse et parmi eux les histoires merveilleuses tiennent la plus grande part. Les chaos rocheux aux formes anthropomorphiques essaimés sur toute l’île sont autant de géants pétrifiés, d’amoureux saisis. Dans le Niolo, pays de roches instables et d’accumulations géologiques, le Malin et saint Martin se seraient affrontés. Saint Martin, le bienveillant, s’affirme comme un personnage central, suivi d’une cohorte de saints et de saintes apparus à la naissance du christianisme insulaire. Le magicien (magu) , la vieille à l’origine inconnue testent la valeur et le courage des hommes. Les bergers et leurs troupeaux confrontés aux colères de la nature et aux invites du Malin nourrissent nombre de récits ainsi que les bandits d’honneur, les rois, les fils de rois, quelques jeunes filles, rarement la reine. La Peau d’Âne corse, cughjulina , se cache sous une peau de vache. Les animaux y sont de grands sages qui savent conseiller. La Mort est fort redoutée.
Cette culture populaire fut relativement bien conservée jusqu’à une époque récente et, dès le 19 e s., quelques insulaires et continentaux s’attachèrent à leur retranscription. On peut citer les ouvrages de J.-B. Frédéric Ortoli, E. Southwell-Colucci, G. Massignon et plus récemment les Contes et légendes de Corse de J.-C. et A. Rogliano (France Empire), Contes et légendes du peuple corse de F. Maestracci (Éd. Albiana) ou encore Contes traditionnels de Corse de Jean Muzi (éd. Milan Jeunesse).
Une terre d’inspiration
Les romanciers du 19 e s. qui aiment les personnages exaltés et les situations mélodramatiques trouveront en Corse un terrain de prédilection et alimenteront un mythe tenace qui perdure encore aujourd’hui. La trop élèbre Colomba de Prosper Mérimée devait prendre le pas sur une culture populaire corsetée par sa langue insulaire. Il faut attendre Michel Zévaco et sa saga (Les Pardaillan) pour que les Corses gagnent brièvement le panthéon littéraire français au franchissement du 20 e s. Plus de 70 ans plus tard, apparaît une nouvelle génération d’écrivains avec Marie Susini et Jean-Claude Rogliano ou l’académicien Angelo Rinaldi . Les essais politiques constituent ces dernières années l’essentiel des publications d’auteurs d’origine corse parmi lesquels Jean-Louis Andréani, les ouvrages de Jean-Pierre Santini et de Nicolas Guidici. Marie Ferranti est l’une des rares auteurs de fiction contemporaines corses.
Si la littérature de langue corse concerne un nombre de lecteurs restreint, elle témoigne d’un renouveau réel après les fables de Natale Rochiucioli, chansonnier et humoriste de l’entre-deux-guerres. Rinato Coti, Ghjacumu Thiers et Marcu Biancarelli publient des œuvres novatrices. Les poètes sont encore plus nombreux, représentés par Ghjacumu Biancarelli et Ghjacumu Fusina, tandis que le théâtre est servi par Dumenico Tognotti. Les albums bilingues de Batti s’attachent quant à eux aux caractères des Corses.
Les arts populaires
Le costume
À l’opposé des clichés, les costumes corses revêtent une apparence colorée et empreinte de fantaisie. La passementerie, apanage italien importé sur l’île, agrémentait volontiers les trois jupons de la Sartenaise ou lescapiddina , chapeaux de paille des Ajacciennes. Le mezaro , voile noir porté noué à l’arrière du cou est à la femme ce que le pilone , cape de laine de chèvre, est au berger corse. Le noir ne débarquera massivement qu’au 19 e s. pour le plus grand profit de la filature de Roubaix !
Le mobilier
Rigueur et simplicité dominent naturellement dans le mobilier corse. On range son peu de biens dans un vaste coffre à dossier, le bancone , et les ustensiles se réduisent au minimum : une louche pour transvaser l’eau de la cruche, le tavaru , quelques couverts. Chaque foyer a son pétrin, taillé dans le châtaignier, meda , et s’il règne une certaine aisance, une armoire. L’ U carrigonu , le seul fauteuil de la maison, est réservé au père de la famille. On peut trouver dans la cuisine, le fuconu , foyer surélevé servant de fumoir pour les charcuteries et dans certaines régions des poteries à l’amiante.
L’art populaire montagnard
Du Moyen Âge au 18 e s., les artisans montagnards ont sculpté le bois, réalisant des œuvres étonnantes de verve et de fraîcheur ou empreintes d’un réalisme bouleversant : saints naïfs, Christ de Vico, de Bustanico, de Calacuccia, de Casamaccioli… En confectionnant les originales chaires en bois supportées par des dragons reposant sur une tête de Maure (églises d’Aullène et de Quenza), ils se sont sans doute rappelé les raids barbaresques. Ce sont aussi des artistes locaux qui ont réalisé les chemins de croix du 18 e s., peintures naïves qui ornent maintes églises paroissiales.
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