Traditions et art de vivre en Bretagne
Posté par francesca7 le 27 avril 2014
À l’instar des grandes régions françaises, la Bretagne cultive son identité en entretenant jalousement une série de traditions séculaires, comme les pèlerinages ou les pardons encore empreints de ferveur. Religieuses, vestimentaires, linguistiques ou plus largement artistiques, ces coutumes traduisent une mentalité et une façon de vivre tout à fait particulières. Du renouveau de la langue bretonne à l’enthousiasme pour les concerts de musique celtique, certaines anciennes pratiques restent ainsi bien ancrées, tout en étant adaptées au goût du jour. Cet attachement aux traditions se prolonge jusque dans l’assiette avec une cuisine simple et conviviale, qui porte haut les couleurs d’un terroir entre terre et mer. Parmi les fleurons de la gastronomie bretonne, poissons, coquillages et crustacés rappellent ainsi l’omniprésence d’un littoral rythmé par le ballet des marins et autres adeptes de nautisme en tout genre.
Traditions et folklore
Si la Bretagne a plus changé au cours de la première moitié du 20 e s. qu’au cours des deux siècles précédents, elle a su retrouver depuis les années 1990 toute l’originalité de ses traditions, malgré le dépeuplement des villages et l’évolution économique et touristique de la région.
Symboles bretons
Premier des symboles, le drapeau breton , le fameux Gwenn ha du (blanc et noir) a été dessiné en 1925 par Morvan Marchal. Ses cinq bandes noires symbolisent les cinq anciens évêchés de haute Bretagne (Rennes, Nantes, Dol, St-Malo et St-Brieuc) et ses quatre bandes blanches ceux de basse Bretagne (Léon, Cornouaille, Vannes et Tréguier).
Les hermines, quant à elles, rappellent l’ancien duché de Bretagne. Au 13 e s., la fourrure de ce petit animal fut adoptée par les ducs de Bretagne comme symbole du pouvoir. Autre attribut, le triskell , ou triskèle, se présente sous une forme tournante à trois branches représentant la terre, le feu et l’eau. Son origine serait celte.
Costumes et coiffes
La Bretagne possède des costumes d’une variété et d’une richesse surprenantes. Transmis de génération en génération, ils étaient autrefois de toutes les fêtes familiales et publiques. Aujourd’hui, les costumes traditionnels ne sortent des armoires qu’à l’occasion des pardons ou des différentes manifestations folkloriques. De satin ou de velours, brochés et brodés, garnis de dentelles, les tabliers rivalisent avec les robes de cérémonie.
Généralement noires et souvent ornées de bandes de velours, celles-ci présentent parfois des broderies de soies multicolores et flamboyantes, comme à Quimper ou sur le costume bigouden de Pont-l’Abbé.
Parures de dentelle
La grande originalité du costume féminin breton reste néanmoins la coiffe , portée autrefois principalement dans le Finistère et le Morbihan.
L’une des plus attrayantes est certainement celle de Pont-Aven. Avec sa dentelle harmonieusement disposée autour d’un ruban de couleur, elle se complète d’une grande collerette empesée. La coiffe bigoudène (région de Pont-l’Abbé) est l’une des plus curieuses, et probablement la plus connue. Naguère de petites dimensions, cette ravissante et haute parure de dentelle a atteint, après 1930, des proportions déconcertantes. Il faut aussi évoquer la petite coiffe de Quimper, celle de Plougastel qui rappelle les hennins médiévaux, celle de Douarnenez qui est serrée sur le chignon, celle d’Auray qui ombre le front, celle de Huelgoat et sa résille en dentelle.
Encore une fois, la Bretagne se décline en variétés et diversités, et le voyageur curieux en prendra pleine conscience en visitant les musées de Quimper, Guérande, Rennes, Nantes, Dinan et Pont-l’Abbé.
Les pardons
Manifestations de ferveur religieuse, les pardons bretons ont lieu dans des églises ou chapelles consacrées par une tradition parfois millénaire. Les fidèles viennent y chercher le pardon de leurs fautes, exécuter un vœu ou demander des grâces. Si les grands pardons sont les plus spectaculaires, les petits sont souvent les plus fervents. Les uns et les autres offrent l’occasion d’assister à une cérémonie haute en couleur au cours de laquelle on porte en procession des bannières, des reliques, des croix et des statues. En général, les pardons sont clos par une fête villageoise plus profane, animée par des danses traditionnelles.
La grande troménie
Un sanctuaire druidique serait à l’origine de ce pèlerinage renommé, qui se déroule tous les six ans à Locronan. Ce parcours de 12 km à 12 stations, créé au 12 e s., ouvre, paraît-il, les portes du paradis à ceux qui le suivent rigoureusement. Il ne s’agit pas d’une fête folklorique mais d’un pèlerinage à marche lente, qui se déroule dans un esprit de dévotion.
Monsieur saint Yves
Saint Yves est l’un des saints les plus populaires de Bretagne. C’est le redresseur de torts et la consolation des pauvres. Fils d’un gentilhomme, Yves Hélori est né à Minihy-Tréguier en 1253. Magistrat et avocat, il a acquis une popularité inouïe par son esprit de justice et de conciliation. Un jour, un bourgeois assigne devant lui un mendiant qui, chaque jour, vient devant le soupirail de sa cuisine humer le fumet des plats. Yves saisit une pièce de monnaie, la fait sonner et renvoie le plaignant en disant : « Le son paie l’odeur. » Cet « avocat des pauvres » s’éteignit en 1303 et fut canonisé en 1347. En tant que patron des avocats et des gens de loi, son culte s’est étendu à toute l’Europe et jusqu’en Amérique. Cela explique que des délégations d’avocats étrangers se joignent à la foule des pèlerins qui, à Tréguier, assistent au « pardon des pauvres ».
Saints guérisseurs et saints protecteurs
Les relations des Bretons avec leurs saints ont toujours été empreintes de familiarité. Certains sont appelés pour combattre des maladies : sainte Apolline contre les maux de dents ; saint Colomban pour rendre l’esprit aux demeurés ; saint Hervé contre les maladies des yeux ; saint Hubert contre la rage ou la peur ; saint Mamert contre les maux de ventre ; saint Méen contre les troubles mentaux ; saint Mériadec contre la surdité ; sainte Eugénie contre la migraine… Ces saints guérisseurs exauçaient leurs invocateurs. Bien leur en prenait, car, faute de bienveillance, la statue était injuriée, quelquefois même fouettée ou traînée dans la boue !
Il y a aussi les saints protecteurs : saint Fiacre veille sur les jardiniers, saint Jacques sur les marins, sainte Barbe (invoquée par temps d’orage) sur les artificiers… Mais c’est à la Vierge Marie et à sa mère, sainte Anne, que va la ferveur la plus vive.
Sainte Anne
Son culte, répandu après les croisades, favorisé par la duchesse Anne, a fait de sainte Anne la patronne des Bretons. Le plus fameux pardon, celui de Ste-Anne-d’Auray, lui est consacré, de même que celui, très important de Ste-Anne-la-Palud, d’où ce dicton : « Mort ou vivant, à Ste-Anne une fois doit aller tout Breton. »
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