La Cour des Miracles
Posté par francesca7 le 8 avril 2014
La Cour des Miracles était un royaume intérieur peuplé non seulement de grands criminels mais aussi de truands, malandrins et faux mendiants qui exploitaient la charité publique. Parce que leurs prétendues infirmités disparaissaient comme par miracle, leur repaire, situé au coeur même de la Capitale, avait reçu cette appellation étonnante. En vérité, il y avait des « Cours » dans presque toutes les grandes villes; mais, la plus connue était celle de Paris que nous allons découvrir au XVII’ siècle d’abord, sous Louis XIII, Richelieu et Mazarin, puis, après la mort de ce dernier en 1661, sous le règne du Roi-Soleil, c’est-à-dire à l’époque de sa disparition progressive…
Au début du grand siècle la Cour des Miracles avait en effet acquis une existence de fait. Elle était tolérée et reconnue par les autorités, quelles qu’elles fussent, comme le refuge des malfaiteurs.
D’ailleurs, en dehors des initiés, et surtout la nuit, nul n’osait s’aventurer dans ces lieux maudits. Passer outre c’était risquer la perte de sa bourse, de ses vêtements ou de sa vie. Pour comprendre pareille situation il est nécessaire de revivre cette époque en se mêlant à la population parisienne, en examinant ses habitudes, ses moeurs, ses motivations, ses problèmes…
Paris est alors une ville très active qui « grouille » d’une population plus ou moins misérable dans sa majorité. Les vauriens de la Cour des Miracles n’ont aucune peine à se glisser parmi elle et à passer inaperçus. La circulation est difficile et « les embarras » multipliés par les rues étroites. Les animaux domestiques circulent librement et leurs excréments se mêlent aux détritus de toutes sortes, dégageant une odeur pestilentielle. Cette population semble avide de jouissances. De la période précédente elle a gardé le goût du sang.
La place Royale est habitée par la fine fleur de la galanterie et par la jeunesse dorée de l’époque. On se bat en duel à toute heure du jour et de la nuit malgré les interdictions. Sur le pavé gluant, le long des édifices noircis ou délabrés qui portent des enseignes de guingois, circulent à grand fracas des carrosses souvent couverts de boue. Des cochers brutaux hurlent en claquant du fouet. L’étranger va loger sur St-Martin ou à la Croix de Fer, puis il découvre le Pont-Neuf en descendant vers la Seine. Le pont ses tours blanches, ses vastes parapets, ses balcons semi-circulaires sont envahis par une foule de marchands, filles, soldats, étudiants « crottés », cavaliers et chaises à porteur. Beaucoup de filles sont des prostituées. La prostitution est d’ailleurs partout. Elle fleurit même au cimetière des Innocents.
Les étudiants viennent de toute l’Europe. Il y a parmi eux, beaucoup de rapins, plus ou moins griveleurs. Ils vivent d’expédients et sont une proie facile pour les usuriers. S’ils ont de l’argent, ils fréquentent les cabarets connus tels « le Riche Laboureur, le Pressoir, la Petite Pucelle ou la Pomme d’Eve »… Cette foule avec ses centaines de filous défile devant « Tabarin » qui « fricasse la farce » à côté de Gautier-Garguille qui chante à tue-tête pour couvrir la voix des bateleurs, bonimenteurs, tondeurs de chiens et petits poètes. Elle comprend aussi beaucoup de laquais et de secrétaires qui, à cette époque, jouent un grand rôle. Ils servent d’intermédiaires entre les nobles, les officiers et le peuple.
c’est génial et très bien repris et expliqué.