Grottes en pays ardéchois
Posté par francesca7 le 6 avril 2014
Les profondes entailles des vallées vives du Haut-Vivarais contrastent avec les vastes solitudes grises et pierreuses des plateaux du Bas-Vivarais. Cette sécheresse du sol est due à la nature calcaire de la roche qui filtre comme une éponge toutes les eaux de pluie. Grâce à elle, une intense et étonnante activité souterraine a pris forme, créant de mystérieux réseaux encore méconnus.
L’infiltration des eaux
La magie qui se dégage des grottes aux splendides décors fait souvent oublier le long travail de la nature.
Chargées d’acide carbonique, les eaux de pluie dissolvent le carbonate de chaux contenu dans le calcaire. Se forment alors des dépressions généralement circulaires et de dimensions modestes appelées cloups ousotchs . Si les eaux de pluie s’infiltrent plus profondément par les innombrables fissures qui fendillent la carapace calcaire, le creusement et la dissolution de la roche amènent la formation de puits ou abîmes naturels appelés avens ou igues .
Peu à peu, les avens s’agrandissent, se prolongent, se ramifient, communiquent entre eux et s’élargissent en grottes. Ils ont laissé circuler de véritables rivières souterraines qui ont creusé des salles et des tunnels. Ceux-ci se modifient toujours sous l’impulsion d’eaux d’infiltration depuis leur assèchement ; les deux plus importantes grottes de ce type dans la région sont celles de Marzal et d’Orgnac.
Les rivières souterraines
Les eaux d’infiltration finissent par former des galeries souterraines et se réunissent en une rivière à circulation plus ou moins rapide. Elles élargissent alors leur lit et se précipitent souvent en cascades. Lorsqu’elles s’écoulent lentement, elles forment de petits lacs en amont des barrages naturels tels les gours édifiés peu à peu par dépôt de carbonate de chaux. Il arrive qu’au-dessus des nappes souterraines se poursuive la dissolution de la croûte calcaire : des blocs se détachent de la voûte, une coupole se forme, dont la partie supérieure se rapproche de la surface du sol. C’est le cas de la gigantesque salle supérieure d’Orgnac, haute de 50 m et que quelques dizaines de mètres seulement séparent de la surface du causse.
Stalactites, stalagmites et excentriques
Au cours de sa circulation souterraine, l’eau abandonne le calcaire dont elle s’est chargée en pénétrant dans le sol. Elle édifie ainsi un certain nombre de concrétions aux formes fantastiques défiant quelquefois les lois de l’équilibre et aux couleurs variées : la grotte de la Madeleine hésite entre le blanc et le rouge, dans celle d’Orgnac, on trouve des touches d’ocre (venues du fer) et de vert (venues du cuivre).
Dans l’aven d’Orgnac, le suintement des eaux donne lieu à des dépôts de calcite (carbonate de chaux) qui constituent des pendeloques, des pyramides, des draperies. Les représentations les plus connues de ces concrétions sont les stalactites, les stalagmites et les excentriques. Les stalactites se forment à la voûte de la grotte. Chaque gouttelette d’eau qui suinte du plafond y dépose, avant de tomber, une partie de la calcite dont elle s’est chargée. Peu à peu s’édifie ainsi la concrétion le long de laquelle d’autres gouttes viendront s’écouler.
Les stalagmites sont des formations de même nature qui s’élèvent du sol vers le plafond. Les gouttes d’eau tombant toujours au même endroit déposent leur calcite qui forme peu à peu un cierge. Celui-ci s’élance à la rencontre d’une stalactite avec laquelle il finira par se réunir pour constituer un pilier reliant le sol au plafond.
La formation de ces concrétions est extrêmement lente ; elle est actuellement de l’ordre de 1 cm par siècle sous nos climats. Les excentriques sont de très fines protubérances, dépassant rarement 20 cm de longueur. Elles se développent dans tous les sens sous forme de minces rayons ou de petits éventails translucides. Elles se sont formées par cristallisation et n’obéissent pas aux lois de la pesanteur. L’aven d’Orgnac, celui de Marzal et la grotte de la Madeleine en possèdent de remarquables.
Les spéléologues découvreurs
À la fin du 19 e s., l’exploration méthodique et scientifique du monde souterrain, à laquelle est attaché le nom d’Édouard-Alfred Martel , a permis la découverte et l’aménagement touristique d’un certain nombre de cavités. Depuis, les recherches spéléologiques n’ont pas cessé. En 1935, Robert de Joly explore l’aven d’Orgnac et en découvre les richesses ; trente ans plus tard, la présence d’un « trou souffleur » dans l’aven conduit à la reconnaissance d’un immense réseau de galeries supérieures.
En 1994, une équipe constituée de Éliette Brunel , Christian Hillaire et Jean-Marie Chauvet pénètre une cavité des environs de Vallon-Pont-d’Arc. Les spéléologues y trouvent plusieurs centaines de peintures rupestres et marques digitales datant de plus de 30 000 ans. La « grotte Chauvet », comme on la nomme à présent, est le plus ancien site préhistorique « décoré » connu au monde.
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