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    La France, je l'aime corps et biens, en amoureux transi, en amant comblé. Je la parcours, je l'étreins, elle m'émerveille. C'est physique. Pour l'heure, c'est le plus beau pays du Monde, le plus gracieux, le plus spirituel, le plus agréable à vivre. En dépit de ses défauts, le peuple français a des réserves inépuisables de vigueur, d'astuce et de générosité. j'écris cela en toute connaissance de la déprime qui périodiquement enténèbre nos compatriotes. Ils ont une pente à l'autodénigrement, une autre au nihilisme. Je suis français au naturel et j'en tire autant de fierté que de volupté. J'ai pour ce vieux pays l'amour du preux pour sa gente dame, du soudard pour la servante d'auberge, de l'érudit pour ses grimoires, du paysan pour son enclos, du bourgeois pour ses rentes, du croyant des hautes époques pour les reliques de son saint patron... J'ai la France facile, comme d'autres ont le vin gai ; je l'ai au coeur et sous la semelle de mes godasses. Je suis français, ça n'a pas dépendu de moi et ça n'a jamais été un souci. Ni une obsession. Toujours un bonheur...

    Dictionnaire amoureux de la France - Denis Tillinac.

  • a bientot

L’amateur de livres par Charles Nodier

Posté par francesca7 le 18 mars 2014

~ * ~

QUICONQUE est loup agisse en loup,
C’est le plus certain de beaucoup.

Ce que La Fontaine a dit du loup, je le dirai volontiers du pédant. Savez-vous rien de plus lourd qu’un pédant qui veut être léger, de plus maussade qu’un pédant qui veut être gracieux ? et s’il me prenait envie de faire de l’esprit en huit pages, moi qui ai juste ce qu’il faut d’esprit pour distinguer le prétérit de l’aoriste, ne me renverriez-vous pas à mes diphtongues ?

J’aime mieux vous prévenir tout d’abord que cet article sera piquant comme un colloque de Mathurin Cordier ou comme un chapitre de Despautère. Dieu, la nature et l’Académie ont renfermé mon imagination dans ces étroites limites qu’elle ne franchira plus. Plus heureux que moi, qui ne peux me dispenser d’écrire, puisque ainsi l’a décidé un libraire trop exigeant, vous pouvez vous dispenser de me lire. Son dessin était fait, sa planche était tirée, il ne manquait plus qu’une longue et inutile élucubration à sa livraison incomplète. Eh bien ! la voici : mais vous y chercheriez inutilement un de ces portraits ingénieux auxquels vos écrivains favoris vous ont accoutumé. Si vous êtes curieux de voir le bouquiniste représenté dans une esquisse fine et originale, n’allez pas plus loin, je vous prie, et tenez-vous-en au modeste conseil de Mathieu Laensbergh : « Voyez-en la représentation ci-contre. »

L’amateur de livres est un type qu’il est important de saisir, car tout présage qu’il va bientôt s’effacer. Le livre imprimé n’existe que depuis quatre cents ans tout au plus, et il s’accumule déjà dans certains pays de manière à mettre en péril le vieil équilibre du globe. La civilisation est arrivée à la plus inattendue de ses périodes, l’âge du papier. Depuis que tout le monde fait le livre, personne n’est fort empressé de l’acheter. Nos jeunes auteurs sont d’ailleurs en mesure de se fournir à eux seuls d’une bibliothèque complète. Il n’y a qu’à les laisser faire.

A considérer l’amateur de livres comme une espèce qui se subdivise en nombreuses variétés, le premier rang de cette ingénieuse et capricieuse famille est dû au bibliophile.

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Le bibliophile est un homme doué de quelque esprit et de quelque goût, qui prend plaisir aux oeuvres du génie, de l’imagination et du sentiment. Il aime cette muette conversation des grands esprits qui n’exige pas de frais de réciprocité, que l’on commence où l’on veut, que l’on quitte sans impolitesse, qu’on renoue sans se rendre importun ; et, de l’amour de cet auteur absent dont l’artifice de l’écriture lui a rendu le langage, il est arrivé sans s’en apercevoir à l’amour du symbole matériel qui le représente. Il aime le livre comme un ami aime le portrait d’un ami, comme un amant aime le portrait de sa maîtresse ; et, comme l’amant, il aime à orner ce qu’il aime. Il se ferait scrupule de laisser le volume précieux, qui a comblé son coeur de jouissances si pures, sous les tristes livrées de la misère, quand il peut lui accorder le luxe du tapis et du maroquin. Sa bibliothèque resplendit de dentelles d’or comme la toilette d’une favorite ; et, par leur apparence extérieure elle-même, ses livres sont dignes des regards des consuls, ainsi que le souhaitait Virgile.Alexandre était bibliophile. Quand la victoire eut placé dans ses mains les riches cassettes de Darius, il pouvait y renfermer les plus rares trésors de la Perse. Il y déposa les oeuvres d’Homère.

Les bibliophiles s’en vont comme les rois. Autrefois les rois étaient bibliophiles. C’est à leurs soins que nous devons tant de manuscrits inestimables dont une munificence éclairée multipliait les copies. Alcuin fut le Gruthuyse de Charlemagne, comme Gruthuyse l’Alcuin des ducs de Bourgogne. Les beaux livres de François Ier porteront aussi loin que ses monuments la renommée de ses salamandres. Henri II confiait le secret de son chiffre amoureux aux magnifiques reliures de sa librairie, comme aux somptueuses décorations de ses palais. Les volumes qui ont appartenu à Anne d’Autriche, font encore, par leur chaste et noble élégance, les délices des connaisseurs.

Les grands seigneurs et les gens notables de l’état se conformaient au goût du souverain. Il y avait alors autant d’opulentes bibliothèques que de familles à écussons et à pannonceaux. Les Guise, les d’Urfé, les de Thou, les Richelieu, les Mazarin, les Bignon, les Molé, les Pasquier, les Séguier, les Colbert, les Lamoignon, les d’Estrées, les d’Aumont, les la Vallière, ont rivalisé, presque jusqu’à nos jours, d’utiles et savantes richesses ; et je nomme au hasard quelques-uns de ces nobles bibliophiles pour m’épargner le soin fastidieux de nommer tout le monde. Nos successeurs ne seront pas si embarrassés.

Bien plus, la finance elle-même, la finance aima les livres ! elle a beaucoup changé depuis. Le trésorier Grollier influa plus à lui seul sur les progrès de la typographie et de la reliure que ne le feront jamais nos chétives médailles et nos budgets littéraires, si économes pour les lettres. Son exemple fut suivi de Zamet à Montauron, et de celui-ci à Samuel Bernard, Paris et Crevenna. Un simple marchand de bois, M. Girardot de Préfond, releva sa noblesse un peu équivoque par cet honorable emploi de l’argent, qui lui assure du moins l’immortalité des bibliographies et des catalogues. Nos banquiers n’en sont pas jaloux.

Il y a quelque temps qu’un de mes amis visitait un de ces capitalistes à millions, entre les mains desquels circulent incessamment tous les trésors de l’industrie et du commerce, pour y rentrer augmentés d’une large récolte d’or. Impatient d’échapper au faste qui l’éblouissait, il témoigna le désir de se réfugier dans la bibliothèque : « La bibliothèque ? dit le Crésus, n’allez pas plus loin, la voici. » Cette bibliothèque se réduisait en effet à un portefeuille énorme, enflé de billets de banque. « Pensez-vous, ajouta le financier avec la fatuité railleuse d’un sot qui a eu l’esprit de devenir riche, que les bibliothèques les plus célèbres du monde renferment un volume de cette valeur ? » Il n’y a rien à répondre à cette question, sinon que l’homme qui possède un pareil volume est bien malheureux de ne pas trouver du plaisir à en acheter d’autres.

Old book bindings.jpgLe bibliophile ne se trouve plus dans ces classes élevées de notre société progressantes (je vous demande pardon pour ce hideux participe, mais il passera, si vous voulez bien le permettre, avec le verbe progresser) ; le bibliophile de notre époque, c’est le savant, le littérateur, l’artiste, le petit propriétaire à modiques ressources ou à fortune congrue, qui se désennuie dans le commerce des livres de l’insipidité du commerce des hommes, et qu’un goût déplacé peut-être, mais innocent, console plus ou moins de la fausseté de nos autres affections. Mais ce n’est pas lui qui pourra former d’importantes collections, et trop heureux, hélas ! si ses yeux mourants s’arrêtent encore un moment sur la sienne ; trop heureux s’il laisse ce faible héritage à ses enfants ! J’en connais un, et je vous dirais son nom si je voulais, qui a passé cinquante ans de sa laborieuse existence à travailler pour se composer une bibliothèque, et à vendre sa bibliothèque pour vivre. Voilà le bibliophile, et je vous notifie que c’est un des derniers de l’espèce. Aujourd’hui l’amour de l’argent a prévalu : les livres ne portent point d’intérêt.

L’opposé du bibliophile, c’est le bibliophobe. Nos grands seigneurs de la politique, nos grands seigneurs de la banque, nos grands hommes d’état, nos grands hommes de lettres sont généralement bibliophobes. Pour cette aristocratie imposante que les heureux perfectionnements de la civilisation ont fait prévaloir, l’éducation et les lumières du genre humain datent tout au plus de Voltaire. Voltaire est à leurs yeux un mythe dans lequel se résument l’invention des lettres par Trismégiste, et l’invention de l’imprimerie par Guttemberg. Comme tout est dans Voltaire, le bibliophobe ne se ferait pas plus de scrupule qu’Omar de brûler la bibliothèque d’Alexandrie. Ce n’est pas que le bibliophobe lise Voltaire, il s’en garde bien ; mais il se félicite de trouver en Voltaire un prétexte spécieux à son dédain universel pour les livres. A l’avis du bibliophobe, tout ce qui n’est plus brochure est déjà bouquin ; le bibliophobe ne tolère sur les tablettes négligées de son cabinet que le papier qui sue et les pages qui maculent, sauf à se débarrasser de ce fatras de chiffons humides, tribut stérile de quelques muses affamées, entre les mains du colporteur qui les paie au-dessous du poids ; car le bibliophobe reçoit l’hommage d’un livre et le vend. Je n’ai pas besoin de dire qu’il ne le lit pas et qu’il ne le paie jamais.

Il y a quelque dizaine d’années qu’un étranger, homme de génie, se trouva surpris dans un café de Paris, à la suite de son déjeuner, par un de ces désappointements ridicules auxquels les esprits profondément préoccupés sont trop sujets. Il avait oublié sa bourse, et cherchait inutilement dans son portefeuille un misérable poundégaré, quand ses yeux tombèrent, parmi les adresses éparses dans son album, sur celle de je ne sais quel seigneur suzerain d’un million d’écus, dont la porte était voisine. Il écrit au noble Turcaret, lui demande 20 francs d’emprunt pour une heure, charge un garçon de sa lettre, attend, et reçoit pour toute réponse le noninflexible du cardinal à Maynard. Un ami providentiel survient heureusement, et le tire d’embarras. Cette anecdote est jusqu’ici  trop commune pour mériter qu’on la raconte, mais elle n’est pas finie. L’homme de génie devint célèbre, ce qui arrive quelquefois au génie, et puis il mourut, ce qui arrive toujours, tôt ou tard, à tout le monde. La renommée de ses ouvrages pénétra jusque dans les salons de la Banque, et le prix de ses autographes, qui ne fut pas coté à la Bourse, fit quelque sensation dans les ventes. Je l’ai vu, ce noble et utile appel à l’urbanité française, se payer 150 fr. dans un encan où le richard l’avait furtivement glissé, pour tenter le caprice des amateurs, et je serais bien étonné si ce petit capital n’était pas triplé aujourd’hui dans des mains si discrètes et si intelligentes. Ceci prouve qu’un bienfait refusé n’est pas plus perdu qu’un autre. On sait que j’ai toujours aimé à mêler quelque trait de morale dans mes moindres historiettes.

Il est une espèce de bibliophobe auquel je puis pardonner sa brutale antipathie contre les livres, la plus délicieuse de toutes les choses du monde après les femmes, les fleurs, les papillons et les marionnettes ; c’est l’homme sage, sensible et peu cultivé, qui a pris les livres en horreur pour l’abus qu’on en fait et pour le mal qu’ils font. Tel était mon noble et vieux compagnon d’infortune, le commandeur de Valois, quand il me disait, en détournant doucement de la main le seul volume qui me fût resté (c’était, hélas ! Platon) : « Arrière, arrière, au nom de Dieu ! ce sont ces drôles-là qui ont préparé la révolution ! Aussi, ajoutait-il fièrement après avoir relevé avec quelque coquetterie le poil de sa moustache grise, je puis prendre le ciel à témoin que je n’en ai jamais lu un seul. »

Ce qui distingue le bibliophile, c’est le goût, ce tact ingénieux et délicat qui s’applique à tout, et qui donne un charme inexprimable à la vie. On oserait garantir hardiment qu’un bibliophile est un homme à peu près heureux, ou qui sait ce qu’il faudrait faire pour l’être. L’honnête et savant Urbain Chevreau a décrit merveilleusement ce bonheur, en parlant de lui-même, et je lui en fais mon compliment. Vous serez de mon avis, si vous voulez l’écouter un moment à ma place, et vous savez déjà que vous n’y perdrez pas. « Je ne m’ennuie point, dit-il, dans ma solitude, où j’ai une bibliothèque assez nombreuse pour un ermite, et admirable pour le choix des livres. On y peut trouver généralement tous les Grecs et tous les Latins, de quelque profession qu’ils aient été, orateurs, poëtes, sophistes, rhéteurs, philosophes, historiens, géographes, chronologistes, les pères de l’Église, les théologiens et les conciles. On y voit les antiquaires, les relations les plus curieuses, beaucoup d’Italiens, peu d’Espagnols, les auteurs modernes d’une réputation établie ; et le tout dans une fort grande propreté. J’y ai des tableaux, des estampes ; un grand parterre tout rempli de fleurs, des arbres fruitiers, et dans un salon, des musiciens domestiques, qui, par leur ramage, ne manquent jamais de m’éveiller, ou de me divertir dans mes repas. La maison est neuve, et bien bâtie ; l’air en est sain, et pour m’acquitter de mon devoir, j’ai trois églises à côté de mes deux portes cochères. »

L’amateur de livres par Charles Nodier dans HUMEUR DES ANCETRES 220px-Latin_dictionarySi Urbain Chevreau avait vécu du temps de Sylla, je ne sais pas trop si le sénat aurait osé proclamer Sylla le plus heureux des hommes de la terre : mais je suis porté à le croire, car il est bien probable qu’un homme comme Urbain Chevreau n’aurait pas été connu du sénat. Remarquez, en effet, que ce digne Urbain Chevreau, l’objet et le modèle de mes plus chères études, l’enchantement de mes plus agréables lectures, præsidium et dulce decus meum, a oublié ou méconnu, dans ce charmant tableau d’une existence digne d’envie, ce que sa félicité avait de plus précieux et de plus rare. Il était plus savant que les savants de son temps, qui étaient si savants ; il était plus lettré que les lettrés ; il faisait des vers qui valaient les meilleurs vers, et de la prose si pleine, si abondante et si facile, qu’on croit l’entendre quand on le lit. Que de périls à éviter ! que d’obstacles à vaincre pour être heureux ! il fut heureux parce qu’il sut se contenter de sa fortune et se passer de la gloire. On l’oublia tellement de son temps, qu’il ne fut pas de l’Académie ; mais la haine l’avait laissé en paix comme la faveur, et il mourut paisible, entre ses fleurs et ses livres, à l’âge de quatre-vingt-huit ans.

Que la terre soit légère au plus aimable et au plus érudit des bibliophiles, comme dit la petite phrase épicédique aujourd’hui consacrée. Mais que sont devenus ses livres, les livres si choisis et si propres d’Urbain Chevreau, dont aucun catalogue récent n’a fait mention ? C’est là une question vive, pressante, incisive, et dont on s’occupera beaucoup dans le monde social, quand le monde social ne s’occupera plus des sots non-sens de philosophie humanitaire et de méchante politique dont il est infatué.

Le bibliophile sait choisir les livres ; le bibliomane les entasse. Le bibliophile joint le livre au livre, après l’avoir soumis à toutes les investigations de ses sens et de son intelligence ; le bibliomane entasse les livres les uns sur les autres sans les regarder. Le bibliophile apprécie le livre, le bibliomane le pèse ou mesure. Le bibliophile procède avec une loupe, et le bibliomane avec une toise. J’en connais certains qui supputent les enrichissements de leur bibliothèque par mètres carrés. 

L’innocente et délicieuse fièvre du bibliophile est, dans le bibliomane, une maladie aiguë poussée au délire. Parvenue à ce degré fatal de paroxysme, elle n’a plus rien d’intelligent, et se confond avec toutes les manies. Je ne sais si les phrénologistes qui ont découvert tant de sottises ont découvert jusqu’ici dans l’enveloppe osseuse de notre pauvre cervelle l’instinct de collectivité, si développé dans plusieurs pauvres diables de ma connaissance. J’en ai vu un, dans ma jeunesse, qui faisait collection de bouchons de liége, anecdotiques ou historiques, et qui les avait rangés par ordre, dans son immense galetas, sous des étiquettes instructives, avec indication de l’époque plus ou moins solennelle où ils avaient été extraits de la bouteille ; exemplum ut : « M. LE MAIRE, CHAMPAGNE MOUSSEUX DE PREMIÈRE QUALITÉ ; NAISSANCE DE SA MAJESTÉ LE ROI DE ROME. » Le bibliomane doit avoir à peu près la même protubérance.

Du sublime au ridicule, il n’y a qu’un pas. Du bibliophile au bibliomane, il n’y a qu’une crise. Le bibliophile devient souvent bibliomane, quand son esprit décroît ou quand sa fortune s’augmente, deux graves inconvénients auxquels les plus honnêtes gens sont exposés ; mais le premier est bien plus commun que l’autre. Mon cher et honorable maître, M. Boulard, avait été un bibliophile délicat et difficile, avant d’amasser dans six maisons à six étages six cent mille volumes de tous les formats, empilés comme les pierres des murailles cyclopéennes, c’est-à-dire sans chaux et sans ciment, mais qu’on aurait pu aussi prendre de loin pour des tumuli gaulois. C’était, en effet, de véritables bibliotaphes. Je me souviens qu’en voyageant un jour avec lui parmi ces obélisques mal calés, et dont la prudente science de M. Lebas n’avait pas assuré l’aplomb, je m’informai curieusement d’un livre unique, dont ma respectueuse amitié s’était empressée de lui céder la possession dans une vente célèbre. M. Boulard me regarda fixement, avec cet air de bonhomie gracieuse et spirituelle qui lui était particulier ; et, frappant du bout de sa canne à pomme d’or une de ces masses énormes, rudis indigestaque moles, puis une seconde et une troisième : « Il est là, me dit-il, ou bien là, ou là. » Je frémis à l’idée que la malencontreuse plaquette avait disparu pour toujours, peut-être, sous dix-huit mille in-folio, mais ce calcul ne me dit pas négliger l’intérêt de mon salut. Les piles géantes, ébranlées dans leur équilibre incertain par le bout de la canne de M. Boulard, se balançaient sur leurs bases d’une manière menaçante, et leur sommet vibra longtemps comme la flèche légère d’une cathédrale gothique, à la volée des cloches ou aux assauts de la tempête ; j’entraînai M. Boulard, et je m’enfuis avant qu’Ossa ne fût tombé sur Pélion, ou Pélion sur Ossa. Aujourd’hui même, quand je pense que les Bollandistes ont failli s’écrouler tous à la fois, et de vingt pieds de haut, sur ma tête, je ne me rappelle pas ce péril sans une pieuse horreur. Ce serait abuser des mots que d’appeler bibliothèques ces épouvantables montagnes de livres qu’on ne peut attaquer qu’avec la sape, et soutenir qu’avec l’étançon.

Monstrum horrendum, informe, ingens, cui lumen ademptum.

Le bibliophile ne doit pas se confondre avec le bouquiniste, dont nous allons parler, et cependant le bibliophile ne dédaigne pas de bouquiner quelquefois. Il sait que plus d’une perle s’est trouvée dans le fumier, et plus d’un trésor littéraire sous une grossière enveloppe. Malheureusement ces bonnes fortunes sont fort rares. Quant au bibliomane, il ne bouquine jamais, parce que bouquiner, c’est encore choisir. Le bibliomane ne choisit point, il achète.

220px-Honor%C3%A9_Daumier_007 dans LITTERATURE FRANCAISELe bouquiniste proprement dit est ordinairement un vieux rentier ou un professeur émérite, ou un homme de lettres passé de mode, qui a conservé le goût des livres, et qui n’a pas su conserver assez d’aisance pour en acheter. Celui-là est sans cesse à la recherche de ces bouquins précieux, raræ aves in terris, que le hasard capricieux peut avoir cachés d’aventure dans la poussière d’une échoppe, diamants sans monture que le vulgaire confond avec la verroterie, et qui ne s’en distinguent qu’au regard judicieux du lapidaire. Avez-vous entendu parler de cet exemplaire de l’Imitation de Jésus-Christ, que Rousseau demandait en 1763 à son ami M. Dupeyrou, qu’il annotait, qu’il ornait de sa signature, et dont un des feuillets se trouve marqué d’une pervenche sèche, la vraie pervenche, la pervenche originale que Rousseau avait recueillie la même année sous les buissons des Charmettes ? M. de Latour est possesseur de ce bijou de modeste apparence qui ne serait pas surpayé au poids de l’or, et qui lui a coûté 75 centimes. Voilà une délicieuse conquête ! Je ne sais toutefois si je n’aimerais pas autant le vieux volume de Théagène et Chariclée, que Racine abandonna en riant à son professeur : « Vous pouvez, lui dit-il, brûler celui-là ; maintenant je le sais par coeur. » Si ce joli petit livre n’est plus sur les quais, avec la signature élégante et les notes grecques en caractères mignons qui le feront distinguer entre mille, je vous réponds qu’il y a passé. Et que diriez-vous de l’édition originale du Pédant joué de Cyrano, avec les deux scènes que vous savez, enfermées dans une large accolade, et cette simple note de Molière, griffonnée sur la marge : « Ceci est à moi. » Ce sont là les douces joies, et le plus souvent, il faut en convenir, les merveilleuses illusions du bouquiniste. Le savant M. Barbier, qui a publié tant d’excellentes choses sur les anonymes, et qui en a tant laissé à dire, avait promis une bibliographie spéciale des livres précieux ramassés pendant quarante ans sur les quais de Paris. La perte de ce manuscrit serait fort à regretter pour les lettres, et surtout pour les bouquinistes, ces habiles et ingénieux alchimistes de la littérature, qui rêvent partout la pierre philosophale, et qui en trouvent de temps en temps quelques morceaux, sans prendre grand souci de les faire enchâsser richement dans des reliures fastueuses. Le bouquiniste croit toute sa vie posséder ce que personne ne possède, et ses épaules se soulèveraient de pitié devant l’écrin du grand Mogol ; mais le bouquiniste a de puissantes raisons pour ne pas relever ses richesses de la vaine apparence d’une richesse étrangère, et il déguise son motif secret sous un prétexte assez spécieux. « La livrée de l’âge, dit-il, sied aux vieilles productions de la typographie, comme la patine au bronze antique. Le bibliophile qui envoie ses livres à Bauzonnet ressemble à un numismate qui ferait dorer ses médailles. Laissez le vert-de-gris à l’airain, et le cuir éraillé aux bouquins. » Ce qu’il y de vrai au fond de tout cela, c’est que les reliures de Bauzonnet sont fort chères, et que le bouquiniste n’est pas riche. N’enluminez pas la beauté d’un fard presque sacrilége, et n’abandonnez pas les livres aux opérations dangereuses de la restauration, quand ils peuvent s’en passer, mais croyez fermement qu’aux livres comme aux belles, la parue ne nuit en rien.

Le nom du bouquiniste est un de ces substantifs à sens double qui abondent malheureusement dans toutes les langues. On appelle également bouquiniste l’amateur qui cherche des bouquins, et le pauvre libraire en plein air qui en vend. Autrefois, le métier de celui-ci n’était pas sans considération et sans avenir. On a vu le marchand de bouquins s’élever du modeste étalage de la rue, ou de la frileuse exposition d’une échoppe nomade, jusqu’aux honneurs d’une petit boutique de six pieds carrés. Tel fut naguère ce Passard dont la mémoire vit peut-être encore dans la rue du Coq. Et qui pourrait avoir oublié Passard, avec ses cheveux coupés de près, sa courte queue en trompette, son gros oeil fauve et saillant, et le petit oeil bleu enfoncé qu’un jeu bizarre de la nature avait opposé à l’autre, pour que le signalement de Passard n’eût rien à envier à son caractère en originalité excentrique ? Lorsque Passard, l’angle droit de sa bouche relevé par une légère convulsion sardonique, était en humeur de parler ; quand son petit oeil bleu commençait à pétiller d’un feu malin qui n’enflammait jamais son gros oeil éteint, vous pouviez vous attendre à voir se dérouler devant vous toute la chronique scandaleuse de la politique et de la littérature pendant quarante années historiques. Passard, qui avait colporté, sous le bras, sa boutique ambulante, du passage des Capucines au Louvre, et du Louvre à l’Institut, avait tout vu, tout connu, tout dédaigné du haut de son orgueil de bouquiniste. Et cependant Passard n’était pas l’homme d’Horace, dicendi bona mala locutus ; il n’en était que la moitié. La mémoire de Passard ne se rappelait que le mal ; mais, avec quelle verve ironique, et quelquefois éloquente, il stigmatisait de son mépris les noms les plus illustres, c’est ce qu’il faut avoir entendu pour le croire. » Mirabeau cependant ? lui dis-je timidement un jour. – Mirabeau, me répondit fièrement Passard en se campant sur le pied droit, était un stupide polisson. » Je me hâte de déclarer, pour l’acquit de ma conscience, que ceci ne prouve rien, si Passard ne connaissait pas mieux les hommes qu’il ne connaît les livres. Ce qu’il y a d’incontestable pour les bouquinistes amateurs qui l’ont visité si souvent, c’est que sa conversation était beaucoup plus curieuse que ses bouquins.

J’ai cité Passard, bouquiniste obscur dont le nom ne brillera jamais dans une biographie ; Passard, qui est, selon toute apparence, le Brutus, le Cassius, le dernier des bouquinistes. Le bouquiniste des ponts, des quais et des boulevards, pauvre créature équivoque, anomale, étiolée, qui ne vit plus qu’à demi de ses bouquins méconnus, est tout au plus l’ombre du bouquiniste : le bouquiniste est mort.

Cette grande catastrophe sociale, la mort du bouquiniste, était un des résultats infaillibles du progrès : douce et innocente superfétation de la bonne littérature, le bouquiniste devait finir avec elle. Dans cet âge d’ignorance auquel nous avons eu le bonheur d’échapper, le libraire était, en général, un homme capable d’apprécier ses publications, qui les faisait imprimer sur un bon papier solide, élastique et sonore, et qui les faisait recouvrir, quand elles en valaient la peine, d’un bon cuir imperméable, assujetti par une bonne colle et par une bonne couture. Si le livre tombait par hasard dans le domaine du bouquiniste, il n’était pas perdu pour cela. Basane, veau ou parchemin, sa reliure brûlée et racornie aux feux du soleil, imbibée, détendue et ramollie par les averses, revêtue par le vent d’une couche épaisse de poussière qui devient de la boue quand il pleut, protégeait longtemps encore, sous un abri fort disgracieux au regard, les visions du philosophe ou les rêveries du poëte. Aujourd’hui, ce n’est plus cela. Le libraire du progrès sait que la gloire viagère des livres qu’il publie n’a guère plus de durée probable que la vie des moucherons du fleuve Hypanis, et qu’à peine baptisée par la réclame, elle sera enterrée dans trois jours avec le feuilleton. Il couvre d’un papier jaune ou vert son papier blanc noirci d’encre, et il abandonne le spongieux chiffon à toutes les intempéries des éléments. Un mois après le honteux volume gît dans les caisses de l’étalagiste, à la merci d’une belle pluie matinale. Il s’humecte, s’abreuve, se tord, se marbre çà et là de larges zônes mordorées, retourne peu à peu à l’état de bouillie dont il est sorti, et n’a presque plus de préparation à subir pour tomber sous le pilon du cartonnier. L’histoire des livres du progrès est tout entière là-dedans.

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Charles NODIER

Et puis faites-moi la grâce de me le dire, si vous le savez, que restera-t-il dans vingt ans ? 

Publié dans HUMEUR DES ANCETRES, LITTERATURE FRANCAISE | Pas de Commentaire »

Le flâneur par Auguste de Lacroix

Posté par francesca7 le 18 mars 2014

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CONNAISSEZ-VOUS un signe plus approprié à son idée, un mot plus exclusivement français pour exprimer une personnification toute française ? Le flâneur ! type gracieux, mot charmant éclos, un beau jour de printemps, d’un joyeux rayon de soleil et d’une fraîche brise, sur les lèvres d’un artiste, d’un écolier ou d’un gamin, – ces trois grandes puissances néologiques !

220px-Daumier,_BadaudsLe flâneur est, sans contredit, originaire et habitant d’une vaste cité, de Paris assurément. Il n’y a qu’une grande ville, en effet, qui puisse servir de théâtre à ses explorations incessantes, et il n’y a que le peuple le plus léger et le plus spirituel de la terre qui ait pu produire cette espèce de philosophes sans le savoir, qui semblent exercer d’instinct la faculté de tout saisir d’un coup d’oeil et d’analyser en passant. Le flâneur est essentiellement national, différent, en cela, des grands hommes, en général, qui sont de tous les pays, et du touriste, en particulier, qui observe à la course. Sans doute le flâneur aime aussi le mouvement, la variété et la foule ; mais il n’est pas travaillé par un irrésistible besoin de locomotion ; il circonscrit volontiers son domaine, pourvu qu’il y trouve l’aliment journalier de son esprit, et, grâce à une merveilleuse perspicacité, il sait moissonner encore d’incroyables richesses dans ce vaste champ de l’observation où le vulgaire ne fauche qu’à la surface.

Comme on le voit déjà, nous ne prostituons pas le titre de flâneur à ces sortes de contrefaçons plus ou moins ridicules d’un type estimable qui promènent, tout le long du jour, leur oisiveté ennuyée et ennuyeuse. – Usurpation inouïe, même dans un siècle où les distinctions aristocratiques sont à la portée de l’ambition la plus roturière : – Nous ne reconnaissons pour flâneurs que ce petit nombre privilégié d’hommes de loisirs et d’esprit qui étudient le coeur humain sur la nature même, et la société dans ce grand livre du monde toujours ouvert sous leurs yeux. L’observateur au repos n’est observateur qu’à demi ; le véritable observateur, c’est le flâneur, c’est-à-dire l’homme d’intelligence subtile, qui va sans cesse explorant toute chose, l’espèce humaine principalement, partout, dans tous les âges et toutes les conditions, – philosophe narquois qui étudie, comme discutaient les péripatéticiens.

Nous n’admettons pas même l’existence du flâneur autre part qu’à Paris. Qu’est-ce, en effet, qu’un flâneur en province, sinon un pitoyable rêveur dont les yeux fatigués et l’esprit émoussé par la contemplation des mêmes objets finissent par ne plus s’arrêter sur aucun.

Pour le vulgaire, le flâneur n’offre rien, au premier coup d’oeil, qui le distingue de cette espèce particulière de bipèdes humains généralement désignés sous le nom debadauds. Pourtant la différence est immense et doit être signalée. Le flâneur est au badaud ce qu’est le gourmet au glouton, ce que serait mademoiselle Mars à une actrice de tréteaux, Chateaubriand à un rédacteur en échoppe, ou, plutôt, La Bruyère ou Balzac à un paysan de l’Auvergne ou du Limousin arrivé d’hier à Paris. Le badaud marche pour marcher, s’amuse de tout, se prend à tout indistinctement, rit sans motif et regarde sans voir. Il va dans la vie, comme le scarabée dans les airs, battant de l’aile contre chaque objet qu’il rencontre ; heurté, brisé à tout instant, jouet du vent qui souffle ou du gamin qui passe. C’est pour lui que la suprême sagesse a dit : « Il a des yeux, et il n’apercevra pas, des oreilles, et il n’entendra pas. » L’expression bayer aux corneilles semble avoir été inventée à son intention. Il passera, en effet, des heures entières à suivre de l’oeil l’hirondelle qui vole ou la mouche qui va bourdonnant, et cela, sans la plus simple réflexion, sans la moindre arrière-pensée. – Le badaud ne pense pas ; il ne perçoit les objets qu’extérieurement. Il n’y a pas de communication entre son cerveau et ses sens. Pour lui les choses n’existent que simplement et superficiellement, sans caractère particulier et sans nuances ; le coeur humain est un monolythe dont les hiéroglyphes ne l’intéressent nullement. La déduction philosophique lui est inconnue. Les sociétés ne sont à ses yeux que des réunions d’hommes, et les monuments des amas de pierres. Une scène populaire se résume pour lui en une certaine somme d’injures et de coups de poings. Il était sur le filon d’une mine de précieuses découvertes, et le voilà qui se détourne pour suivre un chien qui aboie ou un tambour qui bat. Il est l’inventeur de la pêche à la ligne, de l’ingénieux passe-temps des ricochets et des ronds concentriques.

Il y a, entre ces deux espèces d’êtres organisés, tous les degrés de la création, toute la distance qui sépare l’homme du polype.

L’enveloppe corporelle du flâneur est telle, à peu près, que celle des autres animaux dénommés, sans doute par antiphrase, pensants et raisonnables. Il a, comme ces derniers, une figure assez insignifiante et habituellement inoffensive, excepté quand on dérange le cours de ses promenades sans but, ou qu’on s’interpose directement entre son rayon visuel et le bateleur qu’il admire ou la commère qu’il écoute, auquel cas son oeil lance des éclairs et son naturel bénin tourne à la férocité. Il s’habille, du reste, comme tout le monde et marche comme vous et moi, si ce n’est qu’il trébuche beaucoup plus souvent, bien qu’il chemine plus lentement et passe pour y voir beaucoup mieux. D’aucuns, des hypocrites, des flâneurs déguisés prétendent que les individus que nous essayons de décrire doivent nécessairement avoir, aux yeux de l’observateur, des traits caractéristiques qui échappent au vulgaire. Ils vous diront qu’en les examinant attentivement, vous découvrirez une finesse moqueuse dans leur sourire imperceptible et une prodigieuse perspicacité dans leurs regards. Ils vous diront…. Que sais-je ? il y a dans tel air de tête, dans tel pli du visage, la révélation d’une supériorité intellectuelle quelconque ; ici la profondeur de la pensée, la puissance de la logique, la perception des rapports éloignés ; là, l’esprit d’analyse rapide et subtile. – Hallucinations de la science, alchimie poétique à l’usage des imaginations romanesques. – Défiez-vous de cette manie importée du roman dans la vie réelle. Ils ont beau dire, ces songe-creux de la physiologie, l’esprit ne déteint pas sur le facies humain ; je connais des hommes doués d’éminentes facultés, qui sourient d’une façon stupide, et j’ai vu des gens atteints et convaincus de crétinisme moral, dont  le regard étincelait d’intelligence.

Le flâneur est un être essentiellement complexe, il n’a pas de goût particulier, il a tous les goûts ; il comprend tout, il est susceptible d’éprouver toutes les passions, explique tous les travers et a toujours une excuse prête pour toutes les faiblesses. C’est une nature nécessairement malléable, une organisation d’artiste. Aussi aime-t-il les arts, comme un roi constitutionnel. Il est dilettante, peintre, poëte, antiquaire, bibliophile ; il déguste en connaisseur un opéra de Mayerber, un tableau d’Ingres, une ode de Hugo ; il flaire l’Elzévir, hante les baladins et court sus à la grisette. Il a des admirations pour mademoiselle Rachel et des tendresses pour Odry. Vous le rencontrez partout, dans les promenades, aux Bouffes, aux concerts, au sermon, aux Funambules, dans les salons, à la guinguette, au boulevard de Gand et dans la rue de la Grande-Truanderie. Il pose devant les carreaux de Susse, stationne tour à tour au pied de Notre-Dame et près de l’étalage d’un bouquiniste. Il est curieux, presque indiscret. C’est un homme que l’amour de la science peut pousser jusqu’à la cruauté, et qui prendra quelquefois, pour sujet de ses expériences, le coeur même de son ami le plus intime.

Le flâneur est comme toutes les belles choses, comme les jolies femmes, il n’a pas d’âge… Il existe depuis vingt-cinq ans jusqu’à soixante, aussi longtemps que l’homme jouit pleinement de ses facultés intellectuelles et locomotives. Le flâneur, ayant besoin de ses jambes autant que de son esprit, quand les premières lui font défaut, passe à l’état d’observateur : c’est alors une autre existence, une autre condition ; sa nature se dédouble et s’affaiblit ; c’est le commencement de la fin.

Le flâneur par Auguste de Lacroix dans HUMEUR DES ANCETRES Rosler-LeFlaneurParis appartient au flâneur par droit de conquête et par droit de naissance. Chaque jour il le parcourt dans tous les sens, en scrute les profondeurs et marque, dans sa mémoire, les recoins les plus obscurs. Il voit tout par lui-même, et promène incessamment dans Paris ses oreilles de lièvre et ses yeux de lynx. Il n’ignore rien de ce qui s’y passe, il connaît, dans ses moindres détails, la nouvelle du jour, l’événement de la veille ; il sait ce qu’il faut croire et ce qu’il faut rejeter des débats en police correctionnelle racontés par la Gazette ; il sait mieux que le procureur du roi, mieux que le préfet de police, où et de quelle manière a commencé ce drame sanglant (style de réquisitoire) qui a épouvanté la société, et réclame de la justice un grand et salutaire exemple. – Il sait bien d’autres choses, ma foi. – Il sait comment s’élaborent les lois et comment elles s’exécutent ; il possède le tarif des votes, le secret des improvisations de tel orateur, et le prix du dernier discours de tel autre. Il vous dira où se trouvent la plus belle galerie de tableaux et la plus riche collection d’antiques et d’autographes ; à quel amateur appartient le seul portrait existant  de Raphaël peint par lui-même, et quelle bibliothèque renferme les plus rares éditions des Alde et des Elzévir.  Il sait encore quel heureux sportsman parisien possède le premier pur-sang et le meilleur trotteur, quel sultan de théâtre, le plus joli minois de soubrette, et quel corps de ballet, la jambe la mieux arrondie. Que dis-je ? c’est à lui que nous devons les plus précieuses découvertes et les inventions les plus merveilleuses. Qui nous révèle chaque jour les talents nouveau-nés ! Qui a découvert dernièrement mademoiselle Rachel perdue au milieu des utilités du Gymnase ! – Un directeur-flâneur. – Qui a trouvé le galvanisme ? – Un physicien flânant sur son balcon en compagnie d’une grenouille. – A qui devons-nous la connaissance des lois de l’électricité, de l’attraction, de la pesanteur spécifique ? – A des savants, des naturalistes, des mathématiciens faisant l’école buissonnière. – Qui a inventé la boussole ? – Un marin jouant, pendant son heure de quart, avec un morceau de métal. – Qui a inventé la poudre ? – Un moine flânant le long des murs salpêtreux d’un vieux couvent. – Les arts, les sciences, la littérature doivent plus ou moins leurs progrès journaliers au flâneur. Ils procèdent de lui et convergent vers lui. Il est le centre et le pivot social ; il a plus fait pour la philosophie et l’étude du coeur humain que les plus beaux livres et les plus savantes théories.

On a remarqué que les paresseux sont presque tous des gens d’esprit. On conçoit, en effet, qu’il faut posséder en soi-même beaucoup de ressources contre l’ennui pour vivre ainsi habituellement de son propre fonds, comme la marmotte de sa propre substance. Cette observation est particulièrement vraie à l’égard du flâneur. Mais il faut au préalable s’entendre sur les mots. Pour ceux qui font consister la paresse dans l’absence de toute occupation suivie, de tout travail régulier et d’une utilité immédiate, assurément le flâneur est éminemment paresseux. Il faut remarquer néanmoins que l’homme le plus occupé n’est pas l’homme le plus affairé, et que le travail n’est pas toujours une chose appréciable à l’oeil. Le flâneur, il est vrai, produit peu, mais il amasse beaucoup. Laissez venir pour lui l’âge des souvenirs et de la méditation, cette période de la vie qui est comme le moment de la digestion des idées acquises, où tout se classe et s’ordonne dans le cerveau de l’homme à la faveur du calme profond de l’imagination et des sens ; laissez sonner pour lui l’heure de la retraite, c’est-à-dire des rhumatismes, de l’ophtalmie et de la surdité, et vous verrez se résumer alors, sous la forme de romans de moeurs ou d’oeuvres philosophiques, les études profondes de cette vie en apparence si inoccupée et si futile. Vous vous étonnez quelquefois, à l’apparition d’un livre tout rempli de haute philosophie et d’ingénieux aperçus, d’apprendre qu’il est l’oeuvre d’un homme du monde, et peut-être d’un jeune homme que vous rangiez dédaigneusement parmi ces désoeuvrés dont la figure est partout et l’esprit nulle part. Croyez-vous donc que le monde s’apprenne dans la solitude, et que le coeur humain soit un livre qu’on étudie au coin du feu ! Je voudrais bien qu’il me fût permis de demander sans indiscrétion à l’ingénieux auteur de la Physiologie du Mariage à quelles sources il a puisé cette profonde connaissance des plus inexplicables mystères de la nature féminine. Il y a tel flâneur que vous méprisez qui vous en dirait plus sur ce sujet que tous les penseurs et les moralistes ensemble. – Passe encore pour les sciences positives qui s’apprennent par le secours de la tradition écrite : à celles-là il faut des sectateurs casaniers et des intelligences de plomb ; mais hors de là, dans les arts, dans les lettres, le flâneur est sur ses terres. Combien d’hommes distingués ont commencé par être d’obscurs flâneurs ! Qui ne connaît les habitudes de flânerie du plus puissant des orateurs de la chambre, et le caractère et les goûts d’artiste de ce petit journaliste dont la révolution de juillet a fait tout à la fois un grand ministre, le plus habile jongleur de paroles, le plus fécond et le plus spirituel causeur de tribune. Demandez à ces deux hommes quel traité, la Rhétorique d’Aristote ou l’Orateur de Cicéron, leur a livré les fils électriques qui se lient mystérieusement à chacune des fibres du coeur humain.

Mais c’est surtout la littérature qui possède l’élite de la flânerie. Les noms ici se pressent sous ma plume. La flânerie est le caractère distinctif du véritable homme de lettres. Le talent n’existe, dans l’espèce, que comme conséquence ; l’instinct de la flânerie est la cause première. C’est le cas de dire, avec une légère variante : littérateurs parce que flâneurs. Le quoique serait une absurdité démontrée par l’expérience. Comprendriez-vous un littérateur, c’est-à-dire un homme faisant métier de peindre principalement les moeurs et les passions, qui ne serait pas vivement sollicité par un secret penchant à observer, à comparer, à analyser, à voir par ses yeux, à surprendre, comme on dit, la nature sur le fait ? Aussi voyez comme les exemples abondent ! Le prétendu ermite de la Chaussée d’Antin est un flâneur émérite qui n’a pu renoncer encore à ses habitudes de jeunesse. L’auteur du Tableau de Paris a dû flâner énormément. Quel plus grand flâneur que La Fontaine ? Rousseau a flâné pendant les deux tiers de sa vie, et employé le reste à raconter les flâneries très-peu édifiantes de sa jeunesse. Racine étudiait, comme on sait, le coeur humain dans les coulisses de la Comédie-Française, ce qui fait sans doute (soit dit en passant) que ses héroïnes grecques et romaines ont une tournure toute française. Que dire de Bernardin de Saint-Pierre qui, après avoir flâné dans les deux hémisphères, passait des journées entières à s’extasier éloquemment devant un fraisier chargé d’insectes microscopiques, et qui ne trouvait d’admiration, en face des tours de la cathédrale de Rouen, que pour les hirondelles voltigeant au-dessus de sa tête ? Si le touriste n’est autre qu’un flâneur en voyage, dans quelle classe rangerons-nous, je vous prie, le chantre d’Atala et de Réné ? Et qu’était-ce autre chose qu’une éternelle flânerie, que ces poétiques pérégrinations sur les grèves de l’Océan, sur les bords de l’Ohio ou du Meschascebé, à travers les vertes savanes de la Louisiane ou sous les forêts murmurantes du Kentuky ? Où en serions-nous aujourd’hui si un vague instinct de flânerie n’eût conduit le barde chrétien près des ruines de Jérusalem, ou parmi les tribus guerrières des Natchez auprès d’un vieux sauvage, poète et conteur comme lui ? Qui n’a pas surpris, plus d’une fois, en flagrant délit de flâneries sur le quai des Augustins ou sur le boulevard du Temple, le savant linguiste, l’élégant écrivain dont la bonhomie si pleine de finesse a pu seule hériter légitimement de l’épithète caractéristique accolée au nom de La Fontaine ? Qui ne connaît sa passion pour Polichinelle, son admiration pour Débureau et ses assiduités aux stalles des Funambules ? Voici, à ce propos, une anecdote qui m’a été racontée par l’auteur même de Trilby, et qui prouve que le goût de la flânerie n’est pas plus incompatible avec l’élévation de l’esprit qu’avec la gravité obligée des fonctions éminentes.

Lorsque M. Français de Nantes fut appelé à la direction de la librairie, il ouvrait les portes de son administration à un grand nombre d’hommes de lettres, qui trouvèrent ainsi, dans les loisirs d’une position aisée, les moyens de se livrer avec succès à leurs travaux de prédilection. Parmi les écrivains privilégiés et les plus dignes de cette faveur accordée au talent, se trouvait le poëte si gracieux et si pur qui fit, plus tard Fragoletta et la Vallée aux loups. M. Français de Nantes avait pour ce dernier une estime et une affection particulières. Il l’avait nommé tout exprès à un emploi qui n’exigeait que peu de travail. L’heureux sinécuriste pouvait se prélasser et rêver à son aise dans le fauteuil bureaucratique, en attendant mieux. L’assiduité était pour lui la seule condition obligatoire. Pendant trois mois tout alla pour le mieux dans la meilleure et la plus douce des administrations. A cette époque, le ponctuel bureaucrate parut perdre peu à peu le sentiment du devoir, cette religion des femmes vertueuses et des employés irréprochables. Plus d’une fois ses confrères étonnés échangèrent entre eux un sourire équivoque et des propos qui ne l’étaient pas du tout, en voyant l’humble patère déshéritée du feutre accoutumé et l’infortuné fauteuil d’acajou tendre incessamment ses bras dans le vide. Le scandale allait croissant, la gent gratte-papier s’en émut ; le vent, ou tout autre indiscret de même genre, en glissa la nouvelle jusque sous la porte du cabinet particulier du directeur. Un jour, l’employé retardataire était debout, la tête basse et l’air contrit devant son protecteur. Celui-ci, avait, contre sa coutume, le front plissé et le regard sévère.

280px-Gustave_Caillebotte_-_Paris_Street%3B_Rainy_Day_-_Google_Art_Project dans HUMEUR DES ANCETRES« J’apprends, monsieur, disait-il, que vous manquez à la seule condition que j’avais cru pouvoir vous imposer. Vos fonctions seraient-elles trop pénibles et puis-je retrancher quelque chose à votre travail journalier pour l’administration ! Vous ai-je fait une position trop difficile ? » Cela fut dit d’un ton de reproche amical qui toucha vivement le coupable. – « Croyez, monsieur, que ma reconnaissance… – Pourquoi ne pas m’en donner un témoignage qui vous soit utile à vous-même, en vous rendant exactement, sinon à vos fonctions, du moins à votre bureau, ainsi que nous en sommes convenus ? – Allons, reprit l’employé visiblement embarrassé, après un instant d’hésitation et comme faisant un effort sur lui-même, je vois bien qu’il faudra déloger. – Comment, monsieur, répliqua vivement M. de Nantes se trompant sur l’intention exprimée par ces paroles, est-ce là le témoignage de votre reconnaissance ? – Pardon, monsieur le directeur, je voulais dire seulement que je serai forcé de quitter le logement que j’occupe depuis quelques jours. – Je comprends, vous habitez la campagne, et c’est ce qui cause vos inexactitudes et vos absences fréquentes. – Je dois vous avouer, monsieur le directeur, que j’habite Paris. – Mais alors, faites-moi l’honneur de m’expliquer cette énigme. – Ah ! voilà justement la difficulté…, je n’oserai jamais… – Je vois ce que c’est, dit M. de Nantes souriant avec malice, vous êtes sous le coup de quelque grande passion, monsieur le poëte, en puissance d’une maîtresse jalouse, exigeante peut-être, qui vous tyrannise et vous tient en charte privée. – Hélas ! monsieur, je n’ai guère pour le moment d’autre maîtresse que la poésie et d’autre passion que celle de la gloire. Mais j’ai une faiblesse… dont je rougis… – Hé quoi ! aimeriez-vous le vin, le jeu ?… – Tenez, monsieur le directeur, vous ne devineriez jamais, dit tout à coup le jeune homme d’un air de résolution, j’aime mieux vous le dire tout de suite. Sachez donc que j’habite le Marais et que, pour venir ici, je suis obligé de parcourir dans toute sa longueur le boulevard du Temple toujours si animé, si bruyant, si encombré d’individus et de choses curieuses, arracheurs de dents, escamoteurs, jongleurs, montreurs d’ours, de syrènes, d’enfants à deux têtes, de géantes et de crocodiles, qu’on est tenté à chaque pas… – Ah ! monsieur, interrompit le directeur général d’un ton dédaigneux, je n’aurais jamais pensé qu’un homme tel que vous pût s’intéresser à de pareilles choses. Et ce n’est pas pour cela assurément, je suis fâché de vous le dire, que j’ai pris sur moi de vous créér une sinécure aux frais de l’état. En agissant ainsi, monsieur, croyez-le bien, j’avais pensé que les loisirs d’un homme dont j’honore le talent ne seraient pas perdus pour l’art, et j’ose ajouter pour la gloire du pays. Il y a plus que de l’enfantillage à s’arrêter à de semblables bagatelles. – Je confesse, monsieur le directeur, que les bagatelles en général, et lesbagatelles de la porte en particulier, ont souvent pour moi un charme irrésistible. Polichinelle lui-même… – Quoi ! vous aimeriez Polichinelle ? – Avec passion. – Et vous allez vous amuser de ses pasquinades et de ses tours d’adresse ? – Tous les jours, pendant une heure au moins.

- C’est singulier, repartit gravement M. de Nantes, je ne vous y ai jamais rencontré. »

Nous aurions encore bien des exemples à citer, si nous ne craignions d’abuser de ce moyen d’argumentation. Les hommes de lettres et les artistes nous fourniraient à profusion ces sortes de preuves par induction. Contentons-nous de rappeler ici que M. de Chateaubriand, qui doit se connaître en hommes de génie, a défini les poëtes : des enfants sublimes.

Et en effet, cette simplicité de caractère, cette apparente bonhomie qui fait qu’on s’intéresse aux moindres choses et qu’on ne craint pas de se commettre avec les vulgarités de la vie, est presque toujours l’indice d’un mérite éminent. La véritable supériorité ne s’abaisse pas en se laissant voir et toucher. Elle se constate et se popularise par le libre accès et le laisser-aller. Il n’y a que les nains et les gens difformes qui éprouvent le besoin de se draper et de monter sur des échasses. Les esprits affectés de myopie prennent en pitié les sages et les forts qui jouent avec les petits enfants et s’évertuent à l’examen des choses futiles. Cette divergence d’opinion et de conduite entre ces deux classes d’hommes s’explique tout naturellement par l’infirmité des premiers. Les uns s’arrêtent à la surface, les autres plongent jusqu’au fond : voilà tout le secret de cette différence. – Il y a sous la première enveloppe de chaque chose des rapports inconnus, des aperçus ignorés, tout un nouveau monde d’idées, de réflexions et de sentiments qui s’éveillent et jaillissent tout à coup sous le regard exercé de l’observateur, comme la source cachée sous la sonde du géologue. Pour le vulgaire l’enfant qui babille, qui pleure ou qui joue, n’est qu’un être incomplet, le plus faible et le moins raisonnable de tous. – Pour le physiologiste, c’est le roi de la création qui s’essaie, c’est l’homme avec ses instincts, ses passions ses facultés natives qui se révèlent et trahissent peut-être ses destinées futures. L’homme du peuple, nature abrupte dont les caractères primitifs n’ont pu être effacés par le frottement social ; l’homme policé, énigme vivante, dont chaque action, chaque parole est un mensonge et, souvent, un piége ; la femme, chimère insaisissable qui s’ignore elle-même, qui s’évanouit dès qu’on la devine et fait mourir ceux qui ne peuvent l’expliquer ; la société, inextricable labyrinthe ; le monde enfin, cette grande énigme, plus grande que toutes les autres, dont le mot est resté dans le sein de Dieu : tout existe, vit, se meut et pose pour l’observateur. Or, comme nous l’avons dit, qu’est-ce que le flâneur, sinon l’observateur en action, l’observateur dans son expression la plus élevée et la plus éminemment utile ?

Une dame nous demande si le flâneur est amoureux. – Un profond sentiment de tout ce qui est beau est la première condition de sa nature. – Constance ? – Hélas ! demandez au philosophe quel abîme il y a dans le coeur de l’homme ; au poëte, s’il est de constantes amours ; au voyageur, quel irrésistible instinct le pousse à chercher sans cesse de nouveaux sites, des climats plus doux et des ombrages plus verdoyants ; demandez au marin si son coeur n’est pas vaste comme l’Océan et changeant comme ses flots, à combien de rivages il a amarré son navire et jeté ses affections, s’il a trouvé quelque part des contrées aussi belles à ses yeux que celles qu’il n’avait pas encore visitées, et des liens capables de résister aux caprices des éléments et aux bourrasques des passions. Ne demandons pas compte à la suprême sagesse des facultés réparties à chacune de ses créatures, ni au flâneur des imperfections inhérentes à son organisation exceptionnelle ; ne demandons pas à l’hirondelle pourquoi elle voltige, au ruisseau pourquoi il serpente en fuyant, au flâneur pourquoi il flâne. Assez d’autres se plaisent aujourd’hui à dénigrer ce type aimable et léger de notre caractère national qui va s’effaçant chaque jour. Laissons aux aveugles le triste privilége de médire de la lumière, aux sourds de nier l’harmonie, aux sots ce qu’ils ne comprennent pas. Qui de nous ne sentira pas dans son coeur quelque secrète sympathie pour cet être si bon, si facile, si inoffensif et si gai qu’on appelle le flâneur ? Qui de nous, en interrogeant sa conscience, osera se proclamer assez pur du péché de flânerie pour jeter au flâneur la première pierre ? Qui êtes-vous enfin, vous qui lisez ces lignes ? Et qui suis-je moi qui les écris ?

Un flâneur.                           

AUGUSTE DE LACROIX.

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L’art comme chemin initiatique

Posté par francesca7 le 18 mars 2014

 par François Brousse

 

 

220px-Theseus_Minotaur_MosaicSi vous désirez arrêter les guerres entre les peuples, commencez par arrêter la guerre contre l’animal. 
Abandonnez la cruauté carnivore, adoptez la douceur végétarienne.

 
Le végétal ne souffre pas, il se dilue dans l’âme collective de son espèce. L’animal souffre, il possède une âme autonome. Soyez les frères des animaux et les anges qui veillent aux destinées seront vos frères. (Le comte de Saint- Germain et les maîtres de l’Aggartha*, p. 375)

On peut dire que la Terre actuellement est soumise à la violence pour trois raisons. Premièrement, le karma de nos existences antérieures, deuxièmement le karma actuel que nous accumulons en détruisant, en faisant souffrir les animaux, et en les torturant sous le prétexte de vivisection. Chaque fois que vous détruisez et que vous faites souffrir des animaux, vous créez des destructions et des souffrances humaines. Voilà les deux causes fondamentales, et la troisième cause essentielle se rencontre dans nos pensées. (Ibid.)

On doit comprendre que la pensée possède autant de force, sinon plus, que les actes.Par la Bénédiction bouddhique (souhaitons que tous les êtres soient heureux), par le filtrage des pensées (écartons sereinement toute impulsion de haine et d’envie), nous transformons alchimiquement l’atmosphère mentale des hommes. 
Un penseur bienveillant vaut mieux qu’un téméraire acteur. (Ibid., p. 377)

Ma parole, sur le plan poétique et métaphysique, renferme une invitation permanente à la joie : contemplation jubilante de la Beauté, de la Vérité, de l’Amour ; adoration désintéressée des grands prophètes ; bienveillance universelle qui engendre une fête intérieure ; établissement de la justice sur la Terre par les rayons de la pensée. 
Si l’on n’accepte pas l’idéalisme, les masses humaines sombreront dans l’enfer des super bombes, but inévitable de la violence et de la folie. (Ibid., p. 385)

La troisième porte du merveilleux Temple est la contemplation. Elle nous introduit dans le jardin des joies exaltantes et des extases spirituelles. Un des plaisirs les plus aigus de l’âme est la vision de la Beauté. Ce rayon divin brille à travers les êtres depuis le scintillement des cristaux géométriques jusqu’à la fulgurance blanche des avions, depuis le septuple pont de l’arc-en-ciel éblouissant jusqu’aux prunelles de la femme amoureuse. Le poète doit s’immerger dans la beauté universelle comme un isis gorgonide, plein de flammèches multicolores, dans l’aquarium illimité des mers. La torche parfaite étincelle aussi avec autant de riches grandeurs, dans le coeur des inspirés. Et ces inspirés ont laissé des oeuvres, tableaux, statues, musiques, poèmes, où se trouvent, emprisonnées et frissonnantes, les lueurs les plus vives de l’au-delà. En admirant un Rembrandt ou un Michel-Ange, en écoutant du Beethoven, en lisant Shakespeare, l’homme communique avec la vie infinie. La contemplation nous arrache aux lourdes ténèbres pour nous projeter dans la lumière des joies pures. (Ibid.)

Le Beau, ressenti par tout être pensant, aimant, vivant, est donc aussi universel que la raison qui ondule diversement dans les têtes. Ensuite, il purifie toujours l’âme, l’ennoblit, éclaire la voûte de notre crâne d’inextinguibles rayons, change notre sang en pourpre, notre chair en marbre, notre dignité en orgueil, notre front en auréole. Des hommes, il fait des dieux. (Ibid., p. 386)

La Beauté n’est pas un artifice né d’un instant et d’un lieu, comme une balle qui crève. Elle est le reflet éternel du Maître absolu, le rayon d’or qui brille sur le front de l’Être suprême. Mais cette énergie éternelle a pour visage l’infinité. Le Beau, loin de s’enfermer dans une école, offre à chaque siècle de nouvelles radiations. Il tire de son coffret inépuisable l’art hindou, l’art chinois, l’art maya, l’art égyptien, l’art grec, l’art persan, l’art chaldéen, l’art gothique, l’art classique, l’art romantique, l’art surréaliste, l’art de la Quatrième Dimension, tous les joyaux du gouffre multiforme. Chaque joyau est taillé pour l’éternité, mais le nombre des joyaux n’a pas de limites. 

On ne dépasse pas Homère, on l’égale dans une autre planète esthétique. 
La main du désir matériel a ravi à l’âme ses ailes de musique et de flamboiement. Elle est tombée, la malheureuse exilée du ciel, sur la Terre grouillante de bagnes. La main de la Beauté a forgé d’autres ailes, d’harmonies et de parfums, de chants et de splendeurs. Par la contemplation de la Beauté éternelle et infinie, l’âme reprend ses ailes et remonte au soleil des perfections ! (Ibid.)

Je pense que le chemin de l’art et de la poésie nous permet de contempler le visage de Dieu. Dans l’admiration, les barrières de l’égoïsme s’effacent, entre l’oeuvre divine et le contemplateur, entre un poème de Hugo et le lecteur, entre une symphonie de Beethoven et l’auditeur, les murs de la vanité s’évaporent. On devient Un avec le poète créateur qui est lui-même Un avec Dieu. Si nous passons du côté de l’artiste formateur d’une oeuvre nouvelle, il s’identifie au Verbe divin qui a créé les mondes. Les véritables sauveurs de l’humanité ne sont pas les fondateurs de religion tels Mahomet ou Jésus, mais les grands peintres, les grands architectes, les grands sculpteurs, les grands poètes, les grands musiciens, les grands magiciens, bref, tous ceux qui enrichissent le fleuve de gloire esthétique où se baigne l’humanité. En lisant tous les jours un poème transfigurateur qui nous rapproche de l’infini, nous parcourons le chemin de lumière qui monte directement à la divinité. (Ibid., p. 386-387)

Dans le crépuscule qui baigne les peuples, deux cimes éternellement éclairées : l’amour de l’art, l’amour de l’humanité. Elles contiennent assez de lumière pour rallumer le soleil. (Ibid., p. 387)

Dans les cadences de l’art créateur un secret est caché, celui qui le révèle bouleverse les mondes. (Ibid.)

L’artiste s’éblouit, le philosophe s’illumine. Le premier se vautre dans les splendeurs, le second plonge au coeur de la clarté. L’homme transcendant est à la fois éblouissement et illumination. (Ibid.)

Les poètes, les artistes, les philosophes, les saints, tiennent dans l’histoire plus de place que les conquérants. Les hommes de lumière priment les hommes de sang. Un chef-d’oeuvre de Molière importe à l’humanité plus que toutes les guerres de Louis XIV. (Ibid., p. 387-388)

téléchargement (8)Selon les hindous, Dieu se manifeste par trois visages de magnificence : Brahma, Vishnou, Çiva. Brahma s’incarne dans les grands poètes et les grands artistes, Vishnou prend la forme des fondateurs de religion, Çiva s’incorpore aux puissants métaphysiciens dont l’intelligence scrute les secrets de l’univers. Pour s’élever à l’absolu, il convient de vénérer ces trois faces divines. 
Quotidiennement, le néophyte lira un poème immortel et savourera une oeuvre d’art exaltante : musique ou peinture ou sculpture ou architecture. La danse sacrée, qui reproduit les rythmes cosmiques, humains et célestes, y tient une place de choix. 
Quant aux révélations civaïques, on les révère en méditant les livres des hauts penseurs, comme Platon ou Sankara, remplis de souffles infinis. 
Les fulgurances du troisième visage, Vishnou, se concrétisent en adoration lucide. Il faut adresser chaque matin une gerbe de pensées d’amour, de souhaits bénéfiques, aux cinq maîtres du Soleil : Krishna la force, Bouddha la sagesse, Jésus l’amour, Padma Sambhava la joie, Olympio Victor Hugo la beauté. 
Par l’adoration des trois faces divines, l’humain quitte le plan de l’éphémère pour entrer dans le royaume de l’intemporel. (Ibid., p. 388)

DELPHINE 
Les rossignols surpris cessèrent leur romance 
Quand Delphine aux yeux pers se leva pour danser 
Les étoiles s’arrêtèrent dans l’ombre immense 
Et l’espace ébloui n’osa plus respirer 
Car l’art humain contient plus que l’éternité. 
La Rosée des constellations, p. 116

> Textes de François Brousse édités par www.licorne-ailee.com

- A lire : Le comte de Saint-Germain et les maîtres de l’Aggartha Auteur : Jean-Pierre WENGER 
Les éditions Saint-Germain Morya 3e trimestre 2012 
chez DG Diffusion dans toute librairie

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Bourgogne, nature et paysages

Posté par francesca7 le 16 mars 2014

 

 

De l’Auxois au Beaujolais, de la Saône à la Loire, les terroirs très divers, dont l’assemblage a formé la Bourgogne, ont su conserver leur caractère et leur diversité. Côteaux ensoleillés où s’épanouit la vigne, forêts profondes et plateaux herbeux occupés par un verdoyant bocage rythment le paysage. Partout présente, l’eau féconde les plaines alluviales fertiles et attire une faune aviaire des plus riches.

300px-Arboretum,_lac_de_PezaninLes pays bourguignons

Lieu de contact entre le Bassin parisien, le Massif central et le Val de Saône, avec une histoire géologique mouvementée, la Bourgogne offre sur 31 000 km ² une mosaïque de paysages particulièrement variés. Ce patrimoine naturel autorise une économie diversifiée, prise entre les influences du bassin du Rhône et de Paris, dans laquelle élevage et viticulture se voient reconnaître d’incontestables domaines d’excellence.

Les monts et bordures encaissées du Morvan

Au centre de la Bourgogne, le Morvan est la seule entité géographique que la Bourgogne ne partage pas avec d’autres régions. Ses sommets arrondis et ses vallées aux versants escarpés en font un pays de moyenne montagne. Ses beaux paysages, où alternent vastes forêts et bocages, sont hérités d’une histoire mouvementée. Lorsqu’il fut formé à l’ère primaire, le Morvan alternait de hauts sommets avec des dépressions profondes : le bassin d’Autun était alors un lac. Puis, les hauts pics du Morvan ayant été aplanis par l’érosion, la mer les submergea au secondaire et y déposa des sédiments. Surélevé au tertiaire lors du soulèvement alpin, le massif se fractura. Vallées encaissées et blocs granitiques sont les témoins contemporains de cette ère de turbulences. L’altitude moyenne du Morvan est modeste : 450 m. Les altitudes maximales se situent en son centre, tout particulièrement au Haut-Folin (901 m). Nettement limité à l’est par une ligne de faille abrupte, le Morvan s’incline peu à peu au nord pour se confondre avec les plateaux bourguignons. Il est irrigué par un dense réseau hydrographique qui alimente surtout le bassin de la Seine. Le climat montagnard et les sols peu fertiles expliquent, au moins en partie, l’extension de la forêt (la plus grande de Bourgogne, plantée aujourd’hui surtout de résineux) et la prépondérance de l’élevage sur les cultures.

L’ Auxois , la Terre plaine et le Bazois sont des dépressions (fossés) qui bordent le Morvan à l’est, au nord et à l’ouest. À l’ère secondaire, ces espaces étaient recouverts de sédiments calcaires. Au tertiaire, lors du soulèvement alpin, si certaines régions comme le Morvan ont été exhaussées, d’autres comme l’Auxois, le Bazois et la Terre plaine se sont affaissées. Recouvertes de calcaire, elles ont ensuite été érodées, le plateau calcaire a reculé et laissé sa place à des terrains marneux. Les falaises qui surplombent ces plaines sont des cuestas et des buttes témoins (telles que celle d’Alésia) du Bassin parisien.

Les cuestas et plateaux du Bassin parisien

Les régions du nord et de l’est de la Bourgogne appartiennent au vaste ensemble du Bassin parisien , qui s’appuie sur le Morvan. Ce bassin résulte de l’empilement en auréoles concentriques de couches sédimentaires tantôt dures (calcaires), tantôt tendres (marnes et argiles). Cela se traduit par une succession de plaines et de plateaux. Les couches sont relevées sur les bords. Cette inclinaison et cette alternance de roches dures et tendres expliquent les gradins, visibles dans le paysage. Ces cuestas, reliefs typiques des bassins sédimentaires, résultent de l’érosion progressive des roches. Avec le temps, le plateau est rongé et la cuesta recule. Des buttes témoins, anciennement rattachées au plateau, marquent ce recul. C’est le cas du mont Lassois, dans le Châtillonnais.

Les paysages de cette extrémité du Bassin parisien ne sont pas uniformes. Au nord, le Châtillonnais apparaît comme une suite de vastes plateaux couverts par la plus grande forêt de feuillus de Bourgogne et creusés de vallées sèches. Le Sénonais et ses plateaux de grandes cultures de céréales et de betteraves rappellent la Brie. L’agriculture intensive s’explique par la fertilité des sols constitués de craie recouverte de limons.

À l’inverse, le Gâtinais , de sable et d’argile, synonyme de « mauvaise terre », se consacre à l’élevage dans un bocage morcelé. La Puisaye jouxte le Gâtinais au sud-est. Ses collines sont issues de l’action érosive des cours d’eau qui ont creusé les plateaux. La région est parsemée de nombreux étangs. Les vastes forêts alternent avec la culture de plantes fourragères et l’élevage dans un paysage bocager. Personne n’a mieux su en révéler la beauté que Colette, qui y est née : « Le charme, le délice de ce pays fait de collines et de vallées si étroites que quelques-unes sont des ravins, c’est les bois, les bois profonds et envahisseurs, qui moutonnent et ondulent jusqu’à là-bas aussi loin qu’on peut voir. » (Claudine à l’école)

Bourgogne, nature et paysages dans Bourgogne 330px-Cormatin_Chateau_01En Nivernais , le bocage couvre les plateaux découpés en collines qui s’inclinent en pente douce vers la vallée de la Loire.

Dans les régions de collines et de plateaux du Charolais et du Brionnais , les marnes donnent d’excellents prés d’« embouche » pour la race charolaise, la fierté et la richesse de la région.

Les plaines et côtes de la Saône

Le fossé de la Saône résulte d’un effondrement contemporain du soulèvement alpin. Les plaines du Val de Saône sont une voie de passage de premier ordre entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud, la vallée du Rhin au nord et le sillon rhodanien au sud. Les terrasses alluviales de la Saône et de ses affluents, l’Ouche et la Tille, sont recouvertes de prairies et de terres de cultures. Ces plaines s’étendent au pied de plateaux calcaires.

Entre les vallées de l’Ouche et de la Dheune, le haut plateau calcaire de la Montagne s’abaisse progressivement vers l’est par une série de gradins. Le plus à l’est forme la célèbre Côte d’Or . Cet escarpement est dû aux cassures qui ont accompagné l’effondrement de la plaine alluviale de la Saône. La côte, de direction nord-sud, se caractérise par son tracé rectiligne, qui montre qu’elle est d’origine tectonique et non issue de l’érosion, et par des dénivellations qui atteignent parfois 200 m. Alors que les plateaux sont occupés par la culture, les bois et les pâtures, le talus est couvert de vignes. L’écrivain bourguignon Gaston Roupnel écrit à propos du vignoble qu’il « se cantonne sur les pentes basses et faciles. Il appuie son bord supérieur sur les premiers bancs calcaires. Il finit en bas dès que cesse toute pente et que la plaine commence sa lourde terre. Cette étroite et lente montée de pierrailles, c’est le vrai territoire du vignoble. »

La rive gauche de la Saône est bordée par le Mâconnais , qui prolonge la Côte-d’Or au sud. C’est une série de blocs basculés au tertiaire qui tournent leurs côtes abruptes (telles que les roches de Solutré et de Vergisson) vers le massif du Morvan. Ancienne région de polyculture, le Mâconnais est aujourd’hui spécialisé dans la viticulture. Son vignoble sert de frontière méridionale à la Bourgogne.

Vallonnée et sillonnée de nombreux ruisseaux, les « caunes », la plaine de la Bresse s’étend de la Saône au Revermont jurassien. Les sols lourds sont difficiles à travailler, c’est pourquoi la région s’est essentiellement tournée vers l’élevage, particulièrement avicole.

Roche de SolutréLe seuil de Bourgogne

Le seuil de Bourgogne est, au sens strict, la ligne de partage des eaux entre le bassin de la Seine et celui de la Saône. Il marque la frontière entre les cours d’eau qui alimentent la Seine et ceux qui regagnent la Saône, entre les plateaux du Bassin parisien (Auxerrois, Châtillonnais, Tonnerrois) et ceux inclinés vers le Val de Saône. S’abaissant lentement vers le nord-ouest, il est constitué de plateaux secs contrastant avec les vallées verdoyantes de l’Yonne, la Seine, l’Armançon et du Serein.

Carrefour naturel important, il relie le Bassin parisien au sillon rhodanien, la France du sud-est à celle du nord-ouest, par diverses voies de communications.

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Histoire des Grands Ducs de Bourgogne

Posté par francesca7 le 16 mars 2014

 

 

C’est sous la dynastie des Valois, branche cadette de la dynastie capétienne, que la Bourgogne devient en un peu plus d’un siècle (1361-1477) une puissance politique de premier plan. À Dijon, les grands-ducs d’Occident mènent un train fastueux. Leur prestige est d’autant plus grand que la monarchie française est affaiblie par la folie de Charles VI et la guerre de Cent Ans. Cependant, tout s’effondre à la mort de Charles le Téméraire, qui s’est fait nombre d’ennemis : c’en est fini de l’État bourguignon.

170px-Philippe_le_Hardi_mg_1694Philippe II le Hardi, le bien nommé (1363-1404)

Lors de la bataille de Poitiers contre le Prince noir (1356), Philippe, âgé d’à peine 15 ans, combat héroïquement aux côtés de son père, le roi de France Jean le Bon. Il se voit qualifier de « hardi » lorsque, blessé et emprisonné avec son père, il assène un soufflet à un gentilhomme anglais qui tient des propos désobligeants pour le roi. Lorsqu’il fait son entrée solennelle à Dijon en novembre 1364, ses titres de courage lui ayant valu le duché, Philippe est un beau chevalier, aimant le jeu, le luxe et les femmes, ne négligeant rien pour servir les intérêts de sa maison.

Par son mariage en 1369 avec la veuve de Philippe de Rouvres, Marguerite de Flandre , il hérite à la mort du comte de Flandre en 1384 d’un important territoire : Nivernais, comté de Bourgogne, Franche-Comté, Artois et Flandre, qui fait de lui le plus puissant prince de la chrétienté.

Dans le palais qu’il a fait reconstruire à Dijon, il convie peintres et sculpteurs de son domaine de Flandre. Il est toujours somptueusement vêtu et son chapeau est garni de plumes, douze d’autruche, deux de faisan et deux d’oiseaux des Indes. Un collier d’or avec un aigle et un lion portant sa devise, « En loyauté », des rubis, des saphirs, des perles à profusion constituent sa parure habituelle.

Soucieux d’assurer à sa dynastie une nécropole royale, Philippe, premier pair de France, fonde la chartreuse de Champmol et charge le sculpteur Jean de Marville des plans de son tombeau. Les plus beaux marbres sont apportés de Liège, les pierres d’albâtre de Gênes. À sa mort, il a dilapidé sa fortune au point que ses fils doivent, pour payer les funérailles, mettre en gage l’argenterie ducale. Selon la coutume de Bourgogne, sa veuve vient, en signe de renonciation à la succession mobilière, déposer sur le cercueil sa bourse, son trousseau de clés et sa ceinture.

Histoire des Grands Ducs de Bourgogne dans AUX SIECLES DERNIERSJean sans Peur (1404-1419)

Né à Dijon en 1371, chétif et laid, mais brave, intelligent et ambitieux, Jean de Nevers s’illustre en avril 1396 par une grande parade à Dijon, pour fêter son départ en croisade contre les Turcs, cette dernière tournant au désastre à Nicopolis. Il n’est libéré qu’au prix d’une rançon astronomique.

Succédant à son père, Philippe le Hardi, mais plus prudent et rusé que lui, il reprend la lutte au Conseil royal face au parti de son cousin et ennemi Louis d’Orléans, frère du roi dément Charles VI, et prône des réformes administratives. Il espère en toute simplicité régner sur la France. Comme Louis a pour emblème un bâton noueux, Jean adopte un rabot, signifiant par là qu’il saura bien un jour « planer ce bâton ». Ce qu’il réalise en commanditant l’assassinat de son rival le 23 novembre 1407. Il quitte aussitôt Paris.

Avec la paix de Chartres et le pardon du roi, Jean sans Peur regagne la capitale, mais il est violemment combattu par la faction des Orléans, que dirige désormais, à la place du nouveau duc Charles, captif des Anglais depuis Azincourt (1415), le beau-père de celui-ci, Bernard d’Armagnac. Ce triste conflit des Armagnacs et desBourguignons dresse les Français les uns contre les autres (entre 1411 et 1435), en pleine guerre de Cent Ans, au profit des envahisseurs anglais.

Après le massacre des Armagnacs, fin mai 1418, Jean fait son entrée triomphale à Paris le 14 juillet au bras d’Isabeau de Bavière . Henri V d’Angleterre ayant pris Rouen, « le Renard de Bourgogne » recherche un accord avec le dauphin, le futur roi Charles VII. Lors de leur entrevue au pont de Montereau, le 11 septembre 1419, il est « traytreusement occis et murdry » d’un coup de hache par un proche du dauphin.

151px-Philippe_III_de_Bourgogne dans BourgognePhilippe III le Bon (1419-1467) et la Toison d’or

Par esprit de vengeance, mais aussi pour préserver la Bourgogne, Philippe III le Bon, fils unique de Jean sans Peur, s’allie aux Anglais. Il est l’un des signataires du traité de Troyes en 1420, par lequel le dauphin est déchu de ses droits.

Lors de l’entrée de Philippe le Bon à Dijon en 1422, les Bourguignons fidèles au roi de France prêtent hommage à Henri V d’Angleterre tout en précisant dans les textes que c’est simplement par respect de la volonté du duc. Dix ans plus tard, sur les instances de Jeanne d’Arc, Charles VII est sacré à Reims et tente de reconquérir son royaume. En réaction, Philippe le Bon cherche à s’allier la noblesse en fondant, à l’occasion de son mariage à Bruges avec Isabelle de Portugal (janvier 1430), l’ordre souverain de la Toison d’or.

La même année, Jeanne d’Arc est capturée à Compiègne par le Bourguignon Jean de Luxembourg, puis livrée aux Anglais pour 10 000 écus d’or. Par le traité d’Arras (1435), dans la crainte de se retrouver isolé, Philippe change d’alliance, se réconcilie avec Charles VII et agrandit en contrepartie son domaine (comtés d’Auxerre et de Mâcon, villes de la Somme à titre précaire). Dijon, qui a perdu un peu de son lustre au profit de Bruges et de Bruxelles, devient cependant la capitale d’un puissant État qui comprend une grande part de la Hollande et de la Belgique, le Luxembourg, la Flandre, l’Artois, le Hainaut, la Picardie et le territoire compris entre la Loire et le Jura. Cinq grands officiers, le maréchal de Bourgogne, l’amiral de Flandre, le chambellan, le grand écuyer et le chancelier Nicolas Rolin , des poètes et des artistes comme Van Eyck entourent le duc, qui possède l’une des cours les plus fastueuses d’Europe. Souvent vêtu de noir, le prince n’en aime pas moins les pierres précieuses, les joutes, les banquets et les femmes : on lui connaît une trentaine de maîtresses. Ce déploiement de luxe engendre quelques tensions : en 1453, l’année qui met un terme à la guerre de Cent Ans, les états généraux à Dijon s’insurgent contre les privilèges outranciers des commensaux de Philippe, la cour étant installée à Bruxelles.

159px-Charles_the_Bold_1460Charles le Téméraire (1467-1477)

Le dernier des ducs Valois de Bourgogne, peut-être le plus célèbre, grand, fortement charpenté, vigoureux, aime la chasse et les exercices violents. Dès 1465, son père lui a confié le commandement des armées de Bourgogne. C’est aussi un esprit cultivé qui connaît le flamand, l’anglais, le latin et consacre du temps à l’étude ; l’histoire surtout le passionne. Il est audacieux, orgueilleux et dévoré d’ambition et, comme dit de lui le perspicace Commynes (historiographe passé de son service à celui du roi) : « Il désiroit grant gloire, qui estoit ce qui plus le mectoit en ces guerres que nulle autre chose et eust bien voulu resembler à ces anciens princes dont il a tant esté parlé après leur mort. »

Puisque son père a porté le même nom que Philippe de Macédoine, il rêve de devenir un nouvel Alexandre. Lors de ses rares venues à Dijon, de grandes fêtes sont organisées autour de la mythologie grecque.

Le rêve de conquête du Téméraire, c’est de rattacher les moitiés nord et sud de ses principautés afin de créer un royaume. Pour cela, et pour lutter contre les rébellions que suscite son très habile rival Louis XI , il soutient des guerres continuelles. Il est proche de la réussite lorsque, en 1475, il conquiert la Lorraine, mais ses troupes sont épuisées et subissent des défaites contre les Suisses. Il meurt en assiégeant Nancy (envisagé comme capitale), défendue par René d’Anjou, duc de Lorraine, qui avait repris la ville trois mois plus tôt. Son corps est retrouvé dans un étang glacé, le visage rongé par les loups, ses ennemis l’ayant dépouillé « en la trouppe, sans le congnoistre ». À propos de la triste fin de la dynastie, Olivier de La Marche parle du « grand trabuchement » de 1477.

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La Bourgogne est une terre de passage

Posté par francesca7 le 16 mars 2014

 

 

Histoire

Terre d’épopée, la Bourgogne a vu s’affronter Jules César et Vercingétorix. Terre de spiritualité, elle conserve l’immense héritage monastique des deux grands ordres religieux du Moyen Âge. Terre des fameux ducs de Bourgogne, grands mécènes, la région est alors au faîte de sa puissance et de sa renommée. Terre riche et nourricière, sillonnée de cours d’eau, elle a vu ses paysages se modeler au gré des inventions et des créations de l’homme.

File:Louis XI of France.jpg

Louis XI

Une terre de passage

Mille ans après les Burgondes, la Bourgogne gouvernée par des princes a bien failli être de nouveau un puissant royaume. Si le nez de Louis XI eût été plus court… Il convient donc de faire la claire distinction entre l’histoire de la Bourgogne et l’histoire de France, en particulier avant la fin du 15 e s.

Époque préhistorique

Dès les prémices du peuplement de l’Europe, la Bourgogne est un lieu de passage et d’échanges entre le Bassin parisien et la vallée de la Saône, les pays du Nord et la Méditerranée. L’homme de Cro-Magnon vit dans les grottes d’Arcy-sur-Cure, quand il les préfère aux campements. La mise au jour d’ossements et d’outillages à la roche de Solutré atteste l’existence d’établissements humains entre 18 000 et 15 000 ans avant l’ère chrétienne. Ce site paléolithique a d’ailleurs donné son nom à l’outillage de pierre en forme de feuilles de laurier, depuis lors désigné comme solutréen .

Antiquité

Avant J.-C.

8 e s . – Invasion des Celtes (civilisation dite de « Hallstatt », du nom d’un village autrichien célèbre pour ses épées de fer) et apparition de tertres funéraires et de sépultures par incinération ou par inhumation, comme celles de Blanot et de Villethierry.

v. 530 – Début de la société gauloise et développement du commerce avec les négociants grecs d’Italie du Sud, ce dont témoigne le trésor de Vix, découvert sur la route de l’étain, dans la région de Châtillon-sur-Seine. À l’âge de La Tène, la région est habitée par trois peuples gaulois : les Éduens , le plus puissant de Gaule avec les Arvernes, qui a pour capitale l’oppidum de Bibracte ; les Séquanes , au bord de la Saône ; les Lingons , sur le plateau de Langres, dans le Châtillonnais.

58 – Menacés par les Helvètes, les Éduens demandent le secours de Rome, leur alliée. Par sa victoire près de Montmort (non loin de Bibracte), Jules César commence la conquête des Gaules.

52 – Insurrection générale des Gaulois contre l’envahisseur romain. Les Éduens s’allient aux Arvernes après la victoire de Vercingétorix à Gergovie. Assiégé à Alésia, le chef des Arvernes rend les armes à César, qui entreprend la rédaction de ses Commentaires sur la guerre des Gaules .

Après J.-C.

21 – Les Éduens, conduits par Sacrovir , se révoltent sans succès contre l’empereur romain Tibère et prennent en otage à Augustodunum (Autun) des fils de chefs gaulois qui recevaient une éducation romaine.

70 – Avec la Pax romana , la civilisation gallo-romaine s’épanouit à Autun et Sens.

313 – Par l’édit de Milan, l’empereur Constantin accorde aux chrétiens la liberté de culte : au cours du siècle, le christianisme s’étend en Bourgogne, avec les saints Andoche, Bénigne et Reine. En 418, saint Germain, ancien commandant de garnison romaine, devient évêque d’Auxerre.

356 – Invasion germanique.

La Burgondie

442 – Originaires de l’île de Bornholm, dans la mer Baltique, et porteurs d’une civilisation avancée, les Burgondes s’installent dans le bassin de la Saône et du Rhône puis fondent un royaume auquel ils donnent leur nom : Burgundia , qui deviendra Bourgogne. Le roi Gondebaud institue par la loi Gomb330px-Les_pagis_bourguignons_au_9e_siècleette l’égalité entre sujets romains et burgondes. Mais l’Empire romain d’Occident se disloque : Rome est prise en 476 par des Barbares venus de l’est.

500 – Clovis , roi des Francs, vainc les Burgondes, qui deviennent tributaires des Mérovingiens. En 534 , ses héritiers annexent le royaume burgonde, qui occupe le quart sud-est de la France actuelle.

734 – Charles Martel reprend en main la Bourgogne après les invasions arabes. À la mort de son fils Pépin le Bref (768), la région va à Carloman, frère de Charles I er . Ce dernier s’en empare en 771.

841 – Dans la lutte pour l’Empire de Charlemagne, Charles II le Chauve bat son frère Lothaire à Fontanet (Fontenoy-en-Puisaye, près d’Auxerre). Par le traité de Verdun (843), l’Empire d’Occident est démembré entre les fils de Louis le Pieux : la Bourgogne franque, qui s’arrête à la Saône, revient à Charles le Chauve ; la Bourgogne impériale, dont le nord deviendra le comté de Bourgogne, ou Franche-Comté, est attribuée à Lothaire .

Le duché de Bourgogne

Les ducs capétiens tiendront une place importante dans la politique du royaume de France. à leur époque, la Bourgogne deviendra un véritable bastion de la chrétienté : c’est l’ère du rayonnement des grands ordres monastiques établis à Cluny, Cîteaux et Clairvaux.

Fin 9 e s . – Ayant repoussé les Normands, Richard le Justicier, comte d’Autun, fonde le duché qui englobe lespagi , c’est-à-dire les comtés, de la zone franque.

910 – Fondation de Cluny par Guillaume d’Aquitaine.

1002-1016 – Le roi de France Robert II le Pieux, fils d’Hugues Capet, occupe la Bourgogne.

1032 – Henri ier, fils de Robert II le Pieux, cède le duché à son frère Robert I er le Vieux (branche bourguignonne de la maison capétienne) afin de préserver son trône. Langres, Troyes, Sens, Auxerre, Mâcon et Nevers n’en font plus partie.

1098 – Fondation de l’abbaye de Cîteaux.

1146 – Saint Bernard prêche à Vézelay la deuxième croisade. Après leur échec devant Damas, Germains et Français rentrent en 1149.

1186 – Le duc Hugues III de Bourgogne, qui mène une active diplomatie matrimoniale, se soumet à Philippe Auguste.

La Bourgogne est une terre de passage dans Bourgogne 180px-Philip_II_duke_of_burgundy

Philippe le Hardi

Le retour à la Couronne

1477 – À la mort de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, Louis XI annexe la Bourgogne ducale au domaine royal et crée le parlement de Dijon. Lesée d’une grande part de son héritage, Marie de Bourgogne , fille du défunt duc, épouse la même année le futur empereur germanique Maximilien de Habsbourg. Elle lui donne un fils, Philippe le Beau, et une fille, Marguerite d’Autriche. à la mort de Marie, en 1482, le reste des territoires de l’ancien duché revient à son époux.

1482 – Le traité d’Arras met fin à la guerre de succession franco- germanique, la Bourgogne ducale revenant au royaume de France.

1519 – À la tête du Saint Empire romain germanique, Charles Quint , fils de Philippe le Beau, est prince bourguignon et francophone. L’un de ses principaux objectifs est de reconquérir ses droits à l’héritage du duché de Bourgogne. Son rêve est d’ailleurs de prendre place parmi les siens dans la chartreuse de Champmol.

1525 – Le désastre de Pavie , en février, contraint François Ier à céder le Milanais et la Bourgogne, à laquelle Charles Quint renoncera plus tard (paix de Cambrai en 1529, puis traité de Crépy-en-Laonnois en 1544).

1559 – Par le traité de Cateau-Cambrésis , qui marque la fin des guerres d’Italie, la province est définitivement rattachée au royaume de France.

1595 – Henri IV bat les Espagnols à Fontaine-Française, libérant la Bourgogne. L’Espagne garde le Charolais.

1601 – La Bourgogne s’agrandit de la Bresse, du Bugey et du Valmorey, acquis au duc de Savoie.

1631-1789 – À partir du règne de Louis XIII et jusqu’à la Révolution, les princes de Condé se succèdent comme gouverneurs de la province, partageant le pouvoir avec l’intendant de la généralité de Dijon (justice, police et finances). En 1650, le Grand Condé implique ses administrés dans la fronde contre le jeune roi Louis XIV.

1693-1710 – Années difficiles : la région connaît plusieurs famines.

1789 – En juillet, Saint-Florentin est l’un des centres d’où part la Grande Peur. Près de Cluny et de Cormatin, des groupes de paysans révoltés sont battus par les milices. Les coupables de ces jacqueries sont condamnés à Dijon.

1790 – Le 24 février, la province est divisée en quatre départements . Les grands domaines du clergé, dont les vignobles, sont vendus à la bourgeoisie. Le Clos de Vougeot passe de la poche des moines de Cîteaux à celle de banquiers parisiens.

De la fin de l’Empire à la Libération

1814 – Napoléon rompt les négociations de Châtillon-sur-Seine, qui auraient permis de faire la paix avec l’Autriche, la Russie, l’Angleterre et la Prusse, sur la base des frontières de 1792.

1816-1822 – Invention de la photographie par Nicéphore Niépce à Saint-Loup-de-Varenne, au sud de Chalon-sur-Saône.

1832 – Le canal de Bourgogne est ouvert à la navigation.

1836 – Les frères Schneider rachètent la fonderie du Creusot.

1837 – Lamartine est élu député de Mâcon.

1842 – Lamartine fonde à Mâcon le journal Le Bien public .

1848 – Lamartine proclame la II e République et intègre le gouvernement provisoire comme ministre des Affaires étrangères.

1849 – Inauguration de la gare ferroviaire de Dijon et ouverture de la section Dijon ville-Châlon-sur-Saône de la ligne Paris-Lyon.

1859 – Première vente aux enchères des vins des Hospices de Beaune.

1873 – Le maréchal Mac-Mahon , natif de Sully (Saône-et-Loire), vaincu à Sedan mais vainqueur des communards, est nommé président de la République par les monarchistes. Tenant de l’ordre moral, il institue un pèlerinage à Paray-le-Monial.

1878 – Destruction du vignoble par le phylloxéra .

1914 – À Châtillon-sur-Seine, Joffre lance l’ordre du jour du 6 septembre : « Au moment où s’engage une bataille… le moment n’est plus de regarder en arrière. »

1934 – La création de la confrérie des Chevaliers du tastevin à Nuits-Saint-Georges sort le vignoble bourguignon de sa léthargie.

juin 1940 – Le 11, Paul Reynaud et Winston Churchill tiennent un conseil suprême à Briare. Le 17, alors que de Gaulle est parti à Londres, les Allemands sont sur place.

1940-1944 – Pétain rencontre Goering à Saint-Florentin le 1 er décembre 1941. La ligne de démarcation traverse la Bourgogne du Sud : elle suit le Doubs, puis la Saône jusqu’à Chalon (en zone occupée), descend au sud jusqu’à Montchanin, et longe le canal du Centre jusqu’à la frontière de l’Allier.

Le Mâconnais reste en zone libre. La Résistance est active en Bourgogne : les forêts du Châtillonnais et du Morvan abritent le maquis.

Le frère Roger Schutz, venu de Suisse, mais de mère bourguignonne, s’installe à Taizé . Il y jette les bases d’une communauté œcuménique ; ses premiers hôtes sont des juifs réfugiés.

Septembre 1944 – Le 14, la division Leclerc et l’armée de Lattre de Tassigny opèrent leur jonction près de Châtillon-sur-Seine. Le 11, Dijon est libéré .

Notre époque

1945 – Le chanoine Kir est élu maire de Dijon.

1953 – Découverte du trésor de Vix dans le Châtillonnais.

1970 – Création du Parc naturel régional du Morvan .

1971 – Le dernier service hospitalier quitte l’hôtel-Dieu de Beaune. Le bâtiment est désormais entièrement dévolu aux  dans Bourgognevisites.

1976 – La communauté de l’Emmanuel organise sa première session d’été à Paray-le-Monial.

1981 – Mise en service du TGV sud-est .La Bourgogne est desservie par les gares du Creusot-Montchanin et de Mâcon-Loché.

1981 – Le 10 mai, François Mitterrand est élu président de la République. Il prononce à Château-Chinon, dont il est le maire depuis 1959, sa première allocution radiotélévisée.

1982 – Cinq cents ans après son rattachement à la France, création de la région Bourgogne .

1985 – Alors que les fouilles, financées par le ministère de la Culture et de la Communication, y ont repris depuis presque un an, François Mitterrand proclame Bibracte « site national ».

1994-1996 – Ouvertures au public du Centre archéologique européen de Bibracte et du musée de la Civilisation celtique.

2001 – Inauguration du TGV Yonne-Méditerranée , qui dessert Sens et Laroche-Migennes (près d’Auxerre).

2003 – Création de la 100e AOC : st-bris (vin blanc sec produit à partir de cépage sauvignon).

2005 – Les Hospices de Beaune confient la vente aux enchères des vins à Christie’s .

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Une civilisation en Languedoc

Posté par francesca7 le 15 mars 2014

 

D’abord peuplée de chasseurs, puis d’agriculteurs et d’éleveurs, cette région entre mer et montagne s’ouvre davantage aux échanges avec le commerce maritime des cités phocéennes, puis avec l’Empire romain qui lui donne unité et structures durables, jusqu’au partage des puissances féodales au Moyen âge.

Peuples préhistoriques

File:Notre-Dame du Lamourguier - Musée Lapidaire.jpg

C’est dans la Caune de l’Arago que fut découvert le crâne du célèbre homme de Tautavel qui vivait il y a environ 450 000 ans. Cet Homo erectus mesurait 1,65 m. Il avait un front plat et fuyant, des pommettes saillantes et des orbites rectangulaires. Chasseur, il se nourrissait de viande crue. On a retrouvé certains de ses outils (racloirs, grattoirs…).

Quelque 440 000 ans plus tard, une autre population préhistorique laisse des traces, découvertes à l’abri de Font-Juvénal, entre l’Aude et la Montagne noire. C’est un peuple d’agriculteurs éleveurs dont l’habitat est évolué (foyers, poteaux, dallages et silos) tandis que, dans la moyenne montagne, un peuplement dense a laissé des armes (flèches, haches et couteaux), des parures (colliers et bracelets) et des poteries (jattes et vases). Autre trace de cette civilisation : les statues-menhirs du sud de l’Aveyron, étrangement sculptées : on y observe un visage tatoué (nez et yeux mais bouche absente), des bras, des mains, des membres inférieurs courts et des parures (colliers).

Enfin, on trouve des dolmens . Ces tables horizontales auraient servi de tombeaux. Dégagés des tumulus, buttes de terre et de pierre, ils font forte impression dans le Gard, la Lozère, l’Hérault et l’Aveyron. Ils pourraient être l’œuvre d’un peuple venu par mer et doué d’une grande technicité. En témoignent l’usage du fil à plomb, les routes et le transport de pierres de 350 t. (L’obélisque de la Concorde à Paris ne pèse que 220 t !)

Naissance de la Province Narbonnaise

De gauche à droite, de haut en bas : Le Parc des sports et de l'amitié ; les Dames de France ; le Palais des Archevêques ; la cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur ; la médiathèque et l'esplanade André Malraux ; une oeuvre au Parc des sports et de l'amitié ; le palais de justice ; le pont Voltaire ; le théâtre ; la place de l'Hôtel de Ville ; le pont des Marchands avec vue sur le Palais des Archevêques, la Cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur et le canal de la Robine; Les Halles[1] ; le Palais des Sports, des Arts et du Travail ; l'Espace de Liberté ; la voie Domitienne ; la gare SNCF ; la fresque en hommage à Charles Trénet, né à Narbonne ; une vue aérienne du centre-ville ; l'ancienne église Notre-Dame de Lamourguier, aujourd'hui Musée Lapidaire.Sur une terre ayant subi les influences celtes (peuple des Volques Tectosages), grecques (fondation vers 560 av. J.-C. des phocéennes Agathé Tychè et Lekate, Agde et Leucate), voire carthaginoises avec le passage de l’armée d’Hannibal (214), les Romains vont laisser une empreinte durable.

En 122, le général romain Domitius Ahenobarbus refoule les Arvernes dans le Massif central, soumet les Volques et crée la Gaule transalpine, province englobant Marseille, Narbonne (Narbo), Toulouse (Tolosa) et remontant la vallée du Rhône vers Vienne et Genève. Réorganisée en 27 av. J.-C., après la conquête de la Gaule par César (5-51), elle devient la Narbonnaise .

Afin de faciliter d’abord la conquête, puis les échanges économiques, les Romains construisent nombre de voies, les deux principales étant la via Domitia qui, partant du Rhône rejoint la Tarraconaise espagnole via Narbonne et l’oppidum de Ruscino, et la voie d’Aquitaine, qui relie Narbonne à Toulouse et Bordeaux. Une longue période de prospérité commence, la Pax Romana : la Narbonnaise est divisée en pagi (qui deviendront les comtés du Moyen Âge). Chaque pagus a ses civitae administratives (Narbonne, Carcassonne, Castelnaudary), ses vici ou centres ruraux (Eburomagnus devenue Bram) et ses villae ou domaines agricoles. Par le droit et le latin, Rome façonnera durablement la région.

L’économie est prospère et les ateliers de La Graufesenque se rendent célèbres par leurs poteries. Entre le 3e et le 5e s., les invasions successives des Alamans, Vandales et Wisigoths en terminent avec la présence romaine.

Repoussés par Clovis en 507, les Wisigoths s’établissent alors en Septimanie (Carcassonne, Narbonne, Béziers, Agde, Nîmes, Maguelone, Elne).

Mais le royaume wisigoth vit sous une menace venue du sud : ce sont les Sarrasins qui, après avoir fait main basse sur l’Espagne, s’emparent de Narbonne en 719. Ils en seront chassés quarante ans plus tard par les Francs de Pépin le Bref.

Entre Aragon et Toulouse

La reconquête des terres catalanes par les chrétiens s’accompagne de l’instauration d’une dynastie de seigneurs locaux, sous la houlette de Guifré el Pelós (Wilfred le Velu) . Celui-ci se taille en 878 un fief comprenant Barcelone et Gérone, le Capcir, le Conflent, le Fenouillèdes et le Roussillon. Les comtes de Barcelone deviennent rois d’Aragon en 1137 et constituent dès lors une puissance qui étend bientôt son influence sur la Provence, le pays valencien, la Sicile, Montpellier et le Gévaudan (1204-1349).

Le Languedoc, quant à lui, voit les comtes de Toulouse s’assurer l’hégémonie, au point que, vassaux théoriques du roi de France, ils s’assurent de fait une quasi-indépendance. Cette période de splendeur voit l’apogée de la civilisation occitane avec le développement des « cours d’amour », une certaine prospérité économique, l’autonomie des villes dirigées par des consuls ou des capitouls (Narbonne et Béziers dès 1130, Alès en 1200), tandis que la faculté de médecine de Montpellier, qui a supplanté Maguelone, est fondée à la fin du 11e s.

 

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histoire en Languedoc Roussillon

Posté par francesca7 le 15 mars 2014

 

histoire en Languedoc Roussillon dans Gard 220px-Carte_des_Gouvernements_de_Languedoc.._RoussillonLes charmes et l’histoire du Languedoc-Roussillon s’écrivent avec un grand C : C comme la Côte Vermeille de la Méditerranée, comme Collioure où les peintres fauves ont gorgé leurs toiles de cette lumière « blonde, dorée, qui supprime les ombres », déclarait André Derain. C comme Céret, où Picasso et son ami Braque inventèrent le cubisme.
C est aussi la première lettre du mot catalan, qui avec l’ occitan, fait chanter et habille la langue française de consonances venues d’un autre temps. Enfin C comme les Cathares dont l’âme hante encore les citadelles du vertige juchées sur leurs éperons rocheux : PeyrepertuseQuéribusMontségur … Joyau du patrimoine mondial, la cité de Carcassonne entraîne quant à elle le promeneur dans les méandres de son passé médiéval. 

La géologie tourmentée de cette région a donné naissance à des cirqueschaoscausses et canyons. Depuis ses Pyrénées natales, semblable à un paisible iceberg lorsque vient l’hiver, le Mont Canigou règne en maître incontesté sur le Golfe du Lion

Aujourd’hui, la réputation de la patrie de Georges Brassens n’est plus à faire, tant du point de vue touristique que gastronomique. Les charmantes rues du vieux Montpellier séduiront ceux que le littoral très prisé ennuie. À table, le « plus grand vignoble de France » accompagne un menu riche et varié, dont la fameuse brandade de morue

 

Plus que d’une histoire commune, le Languedoc-Roussillon est né de l’union de cultures sœurs dans l’adversité. Si la brillante période de la Paix romaine semble être le ciment commun, la sanglante croisade contre les Albigeois, puis la guerre des Camisards ont confronté la région à la violence et sans doute contribué à développer une relative méfiance envers le pouvoir central et un sens particulièrement aigu de la liberté (voire de la révolte !), tant chez les Occitans du Languedoc que chez les Catalans du Roussillon.

 

 

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la promenade du Rhône

Posté par francesca7 le 15 mars 2014

 

la promenade du Rhône dans Ardèche 317px-Le_Rh%C3%B4ne_%C3%A0_CondrieuLe Rhône

Rapide et majestueux, le Rhône est le plus puissant des fleuves français. Au sud de Lyon, entre les talus du Massif central et des Préalpes, sa course vers le Midi offre l’aspect d’une percée lumineuse d’une ampleur magnifique. Il est une route romantique à lui seul. À chaque instant, à chaque méandre, la vallée se pare sur ses rives baignées de soleil d’une beauté nouvelle parfois appuyée par la violence et la force du mistral.

Un flot rapide et puissant

Le Rhône prend sa source en Suisse au glacier dit « du Rhône ». Il fait son entrée en France après avoir traversé le lac Léman et, jusqu’à son arrivée dans le delta de la Camargue, il n’arrose pas moins de onze départements.

Il est aussi l’un des fleuves français dans lequel se jettent le plus de rivières : l’Ain, le Doubs puis la Saône, l’Ardèche, le Gard, mais aussi l’Arve, le Fier, l’Isère, la Drôme et la Durance. Il draine en toute saison, à vive allure, un important volume d’eau. Son impétuosité est due à sa pente relativement forte : 0,5 m par km entre Lyon et Valence ; elle s’accentue encore entre Valence et le confluent de l’Ardèche (0,77 m) pour retomber entre le confluent de l’Ardèche et celui du Gardon (0,49 m). Plus en aval, la pente diminue fortement.

La puissance hydraulique du Rhône est remarquable : 1 350 m 3 /s en eaux moyennes à Valence. Pour un tel débit, sa vitesse est de l’ordre de 2,50 m/s. Pendant son parcours français, le fleuve reçoit des affluents de régimes différents : rivières alpines en crue au printemps et en été, torrents du Vivarais en automne et en hiver, si bien que, même en été, le Rhône garde un débit important.

Ses crues sont liées à celles de ses affluents. Les plus fortes sont aujourd’hui en bonne partie régulées par les nombreux barrages et autres aménagements répartis sur son cours. Le Rhône n’est plus vraiment cette « grande rivière sauvage » de Chateaubriand ; les « colères terrifiantes du Rhône » évoquées par Clavel se font rares même s’il est encore parfois ce « Rhône puissant, insolent, roulant vers le Midi une eau énorme et boueuse ; une eau à faire trembler tout ce qui (vit) dans la vallée ».

Des nautes aux automoteurs

À l’époque romaine, la navigation y devient très active. Le fleuve est alors la grande voie de commerce du vin ; les grandes villes se créent : Lyon, Valence, Vienne. Les nautes rhodaniens forment les corporations les plus puissantes des villes romaines. Ils ­deviendront, sous l’Ancien Régime, les « coches d’eau » desservant les villes bordières qui ont toutes leur port. La vie marinière est de ce fait intense.

À la fin du 18 e s., les bateliers remplacent les « coches d’eau » : chargés de marchandises, les trains de barques descendent le Rhône au gré du courant et le remontent halés par des chevaux. Le transport est lent et, lorsque les bateaux à vapeur apparaissent en 1829, la concurrence est dure. Le chemin de fer porta ensuite le dernier coup, presque fatal, aux modes de transports fluviaux.

Commence alors l’ère de la « houille blanche », l’hydroélectricité, et les travaux entrepris sur le fleuve redonnent au Rhône toute son importance. Après l’exploitation par remorqueurs , le transport est maintenant assuré, grâce aux travaux d’aménagement de la Compagnie nationale du Rhône (création de 13 biefs et de 12 écluses), par des automoteurs de 1 500 t et des convois poussés de 5 000 t et plus. Le tonnage annuel (4 100 000 t) comprend hydrocarbures, produits métallurgiques et agricoles, matériaux de construction.

320px-Pont_entre_Condrieu_et_les_Roches_detruit_le_20_juin_1940 dans ArdècheAménagement du Rhône

La Compagnie nationale du Rhône a été créée en 1934 en vue de l’aménagement du fleuve. Sa règle d’or se résume en trois mots : navigation, irrigation, électricité. Les ouvrages de la Compagnie font du Rhône un gigantesque escalier d’eau entre le lac Léman et la mer, et fournissent chaque année environ 16 milliards de kWh – le fleuve compte 20 centrales hydroélectriques sur son cours français et 3 sur son cours suisse. De Lyon à la mer, ce sont 330 km de voies navigables.

Des travaux imposants

En aval de Lyon, la vallée large et cultivée, aux berges généralement basses, ne permettait pas l’aménagement de réservoirs artificiels alimentant de hautes chutes comme en montagne. Aussi est-ce le Rhône lui-même que l’on a barré et dérivé dans un lit artificiel. Chaque ouvrage comprend un barrage au travers du fleuve qui dérive l’eau dans un canal d’amenée alimentant une usine « au fil de l’eau » à gros débit. Sortant de l’usine, les eaux rejoignent le Rhône par un canal de fuite. Des écluses équipent ces canaux à hauteur des usines et permettent le passage des bateaux. L’aménagement complet du Rhône de Lyon à la mer a été achevé en 1980 par la mise en service des ouvrages de Vaugris, près de Vienne.

En amont de Lyon, quatre usines de basse chute valorisent l’utilisation de l’ensemble Génissiat-Seyssel.

L’internationalisation du Rhône

Dès 1833, un canal relie les bassins du Rhône et du Rhin à partir de la Saône et jusqu’au port fluvial de Strasbourg. Mais c’est seulement dans les années 1960 que l’on relance l’idée d’un grand axe Rhin-Rhône : il s’agit de concurrencer l’axe Rhin-Main-Danube. Cependant, le projet s’essouffle pour des raisons de rentabilité. Le Rhône n’en reste pas moins un fleuve cosmopolite grâce à la multiplication des croisières pour vacanciers.

L’irrigation, source de richesse

Grâce à l’irrigation de milliers d’hectares, les plaines de la vallée du Rhône sont des terres de bon rendement. La production fruitière, en particulier, bénéficie de cette mise en valeur. Mais ces dernières années ont montré que cette ressource n’est pas inépuisable et qu’elle doit être gérée avec rigueur.

L’expansion industrielle

Le développement industriel de la vallée, lié aux aménagements du fleuve, a profondément modifié l’aspect du couloir rhodanien.

Au sud de Lyon, usines et installations se succèdent : raffineries de Feyzin, constructions mécaniques, verre, engrais, papier, carton de Chasse et Givors, centrale thermique de Loire-sur-Rhône, usines chimiques des Roches, St-Clair-du-Rhône et Le Péage-de-­Roussillon, ensemble industriel de Portes-lès-Valence et Montélimar, textiles de La Voulte, chaux et ciments de Cruas, Le Teil et Viviers.

Dans le domaine nucléaire , les centrales de St-Alban-St-Maurice, de Cruas-Meysse, du Tricastin et l’ensemble des aménagements de Pierrelatte confèrent à la vallée du Rhône un rôle de tout premier plan dans l’approvisionnement énergétique du pays et des États limitrophes.

Les ponts

180px-Vernaison_-_Pont_suspendu_sur_le_Rhône_-1Alors que les Romains n’avaient construit que deux ponts sur le Rhône, dont l’un en pierre à Vienne, les architectes du Moyen Âge , déjouant les difficultés, en lancèrent trois. Ce sont les frères pontifes, un ordre de moines bâtisseurs, qui édifièrent au 13 e s. le pont de la Guillotière à Lyon. Au 19 e s., les frères Seguin, en créant la technique du pont suspendu par câble en fer, apportèrent au problème du franchissement du fleuve une solution économique. Le premier pont suspendu construit sur le Rhône fut celui de Tournon ; inauguré en 1825, il a été démoli en 1965 (celui visible aujourd’hui date de 1846). La dernière guerre a détruit la plupart des ponts suspendus. À l’occasion de leur reconstruction, on a fait appel aux techniques les plus récentes, comme à Tournon, Le Teil, Viviers ; la travée centrale suspendue dépasse souvent 200 m de longueur (Le Teil : 235 m).

Le béton précontraint a été utilisé pour lancer des ponts non suspendus ; le plus remarquable est le pont de chemin de fer de La Voulte (1955). Les derniers ponts routiers ouverts à la circulation sont ceux de la déviation de Vienne (autoroute A 7) en 1973, celui de Chavanay en amont du Péage-de-Roussillon (fin 1977) et le pont de Tricastin sur le canal d’amenée de la chute de Donzère-Mondragon en 1978.

 

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Vallée du Rhône

Posté par francesca7 le 15 mars 2014

 

  • Rapide et majestueux, le Rhône est le plus puissant des fleuves français. Au sud de Lyon, sa course vers le Midi offre l’aspect d’une percée magnifique et spectaculaire. Il est une route romantique à lui seul, la vallée qu’il traverse étant baignée de soleil et fouettée par le mistral ! DeTournon-sur-Rhône à Valence, la route panoramique tracée en corniche offre d’extraordinaires points de vue. La montée en lacets est raide mais éblouissante ; on domine la plaine valentinoise et l’on aperçoit à l’est la haute barre du Vercors. Avant de descendre sur St-Péray, le panorama de St-Romain-de-Lerps est immense et couvre pas moins de treize départements ! C’est l’un des plus grandioses de la vallée du Rhône. 
    Composée d’une mosaïque de paysages, cette vallée fascine par ses couleurs différentes, du plateau de la Dombes aux gorges de l’Ardèche, du Haut-Beaujolais montagneux aux volcans du Velay … La partie la plus impressionnante est certainement l’Ardèche dont les gorges sont connues de tous les amateurs de descente en canoë ! Mais il serait dommage de négliger les Préalpes drômoises qui ont conservé un cachet unique avec leurs villages perchés surgissant des champs de lavande. La petite ville de Dieulefit est un vrai bijou, avec ses potiers et ses souffleurs de verre…
    Pour les passionnés de vin, la vallée du Rhône abrite quelques-uns des plus beaux crus de France comme ceux de Côte-Rôtie, d’ Hermitage et de Condrieu, où les cépages syrah et viognier ont trouvé leur terre d’élection.

Pano_Confluent_Rhone_Durance

Nature et paysages Ardéchois

Entre les fleuves Rhône et Loire, entre les reliefs du Massif central et ceux des Alpes, les rivières se faufilent, s’étalant rarement dans des vallées sinueuses, creusant plutôt des gorges, des avens et des grottes spectaculaires. Ce travail de l’eau sur et sous terre livre de quoi retracer l’évolution du climat au cours des millénaires, mais surtout vient sillonner toute une palette de monts et montagnes, plateaux et vallées, plaines et collines.

Dans une éblouissante variété de couleurs, du plateau de la Dombes aux gorges de l’Ardèche, du Haut-Beaujolais montagneux aux volcans du Velay, la vallée du Rhône se compose sans nul doute d’une mosaïque de paysages parmi les plus majestueux de France. La vallée et le fleuve n’ont en effet jamais cessé de cultiver leurs richesses naturelles et géologiques.

La formation du relief

Vallée du Rhône  dans Ardèche 220px-Torchis_Vestige_d%27une_grange_picarde_%C3%A0_CatheuxÀ la fin de l’ère primaire, il y a environ 200 millions d’années, un bouleversement de l’écorce terrestre (plissement hercynien) fait surgir le sol granitique du Massif central sous forme de hautes montagnes.

Durant l’ère secondaire, les sédiments calcaires s’accumulent à la périphérie du massif qui s’aplanit sous l’action de l’érosion. S’ensuit, pendant la première moitié de l’ère tertiaire, un affaissement progressif du socle hercynien de direction générale nord-sud : il est à l’origine du couloir rhodanien. Le plissement alpin exerce ensuite une formidable poussée sur le Massif central qui, trop rigide pour se plisser à son tour, bascule d’est en ouest en se disloquant. À la faveur des fissures, le magma interne, en fusion, jaillit ; des volcans s’édifient.

Au début de l’ère quaternaire, il y a environ 2 millions d’années, le Rhône, charriant de grandes quantités de matériaux arrachés aux montagnes voisines, crée des systèmes complexes de terrasses alluviales. Au milieu de cette ère, les glaciers ont de leur côté « sculpté » les paysages en se retirant : reliefs constitués de moraines, lacs tels que ceux de la Dombes et du Bas-Dauphiné.

Les pays du couloir rhodanien

La Bresse

Vallonnée et sillonnée de nombreux ruisseaux, les « caunes », la plaine de la Bresse s’étend de la Saône au Revermont jurassien. Les sols lourds sont difficiles à travailler, c’est pourquoi la région s’est essentiellement tournée vers l’élevage, particulièrement avicole.

La Dombes

C’est un plateau argileux au sol imperméable parsemé d’étangs. Le plateau se termine sur les vallées qui l’enserrent sur trois versants par les côtes assez abruptes de la Saône à l’ouest, et du Rhône au sud. Au nord, il se confond avec la Bresse. Les eaux de fonte du glacier rhodanien ont creusé la surface de légères cuvettes et laissé sur leurs bords les moraines, accumulation des débris qui l’entraînaient. Le charme de la Dombes naît des lignes sereines de ses paysages, de ses rangées d’arbres et de ses eaux dormantes.

Le Bas-Dauphiné

Au sud-est de Lyon, le Bas-Dauphiné a vu ses reliefs s’édifier lors de la fonte des glaciers durant l’ère quaternaire. Ses paysages sont multiples. Entre Lyon et le plateau de Crémieu, connu pour ses grottes et ses pâturages, les prairies voisinent avec les champs cultivés. Viennent ensuite les collines granitiques et schisteuses des Balmes viennoises qui font place à l’est aux vallées étroites qui découpent le plateau desTerres Froides . Enfin, plus au sud, aux vastes étendues boisées des plateaux de Bonnevaux et de Chambaransuccède la large et riche plaine céréalière de la Bièvre-Valloire . Ce sont les arbres fruitiers autour de Beaurepaire, ainsi que les terrasses bien cultivées de la vallée de l’Isère, qui annoncent les vergers de la vallée du Rhône.

Le Valentinois et le Tricastin

De Tain au défilé de Donzère, la vallée du Rhône s’élargit à l’est du fleuve, jusqu’aux premières collines des Préalpes, en plaines compartimentées qui forment une transition entre le nord et le sud de la vallée. La plaine de Valence montre les premiers caractères du Midi méditerranéen avec ses terrasses alluviales en gradins, ses rangées de mûriers, l’« arbre d’or » qui lui donne parfois un aspect bocager, et surtout sa multitude de vergers. Les oliviers recouvrent les versants du bassin de Montélimar avant d’alterner avec les vignes sur les collines sèches du Tricastin .

Le Beaujolais

Au nord, le Haut-Beaujolais est une zone montagneuse de terrains, essentiellement granitiques, issus du plissement hercynien. Sur les versants abrupts dévalent les affluents de la Saône orientés ouest-est.

Le Bas-Beaujolais , au sud, est surtout formé de terrains sédimentaires de l’ère secondaire qui furent fortement fracturés. Parmi eux, les calcaires tirant sur l’ocre lui valent l’appellation de « pays des Pierres Dorées ».

Fichier: Côtes du Rhône par Roger SABON et pairing.jpg alimentaireLe Lyonnais

Entre le bassin de St-Étienne, les monts de Tarare et l’agglomération lyonnaise, ce plateau est marqué de hautes croupes herbeuses, de bois de pins et de hêtres, et de vergers sur les versants les mieux exposés. Le Mont-d’Or y forme un ensemble aux allures accidentées. Le Lyonnais s’achève dans le superbe promontoire de Fourvière, qui domine le confluent de la Saône et du Rhône, et sa grande métropole.

Le Forez et le Roannais

Dans les monts du Forez, jusqu’à près de 1 000 m d’altitude, s’étend le domaine des champs et des prairies bien irrigués. Plus haut, des forêts de sapins et de hêtres couvrent les pentes. À partir de 1 200 m dominent les croupes dénudées des hautes chaumes , vastes espaces composés de landes montagnardes. Au pied de ces montagnes, la plaine humide du Forez a été comblée par les alluvions à l’ère tertiaire. Elle est piquetée de buttes volcaniques.

Le bassin de Roanne, séparé du Forez par le seuil de Pinay, est un pays rural fertile, orienté vers l’élevage et dominé, à l’ouest, par les coteaux couverts de vignes des monts de la Madeleine.

Le Pilat et le bassin stéphanois

Le massif du Pilat offre une silhouette pyramidale rehaussée de beaux ensembles forestiers qui lui donnent un air montagnard. Ses sommets, qui atteignent 1 432 m au crêt de la Perdrix, sont coiffés de blocs de granit appelés « chirats » .

À ses pieds, la région de St-Étienne, formée par les dépressions du Furan, de l’Ondaine, du Janon et du Gier, épouse la forme en amande du bassin houiller qui s’étend entre la Loire et le Rhône. Celui-ci correspond à un pli synclinal (« en creux ») de couches carbonifères, formées à la fin de l’ère primaire. Ce sillon s’élève à une altitude variant entre 500 et 600 m.

Le Velay et le Devès

Les vastes plateaux basaltiques, nommés planèzes , du pays vellave cumulent à près de 1 000 m. L’originalité de ces paysages est soulignée par les concrétions de ces volcans en forme de dôme appelés « sucs » , hardis pitons formés par des laves pâteuses. Ces planèzes herbeuses piquetées de fermes isolées voient la vie pastorale dérouler ses scènes traditionnelles sur les pentes des massifs du Meygal et du Mézenc, tandis que la région d’Yssingeaux leur adjoint une activité liée aux industries du Puy-en-Velay et de St-Étienne.

Les monts du Devès forment un vaste plateau aux coulées basaltiques. Sur la ligne de faîte marquant le partage des eaux entre les bassins de la Loire et de l’Allier, des lacs profonds comme celui du Bouchet occupent encore les cratères d’explosion. La planèze est parsemée d’environ 150 cônes volcaniques. Le point culminant est le Devès lui-même (1 421 m).

Le Vivarais

Il forme la plus grande partie du rebord oriental du Massif central. Il se caractérise par ses grandes coulées basaltiques descendues des volcans vellaves, par ses arêtes schisteuses et par les phénomènes d’érosion de son pays calcaire.

220px-Foteviken2 dans ArdècheLe Haut-Vivarais s’étend du mont Pilat et du Velay à la vallée du Rhône. Le sombre et austère pays des Boutières, aux gorges profondes et étroites, vit de l’élevage du gros bétail et de l’exploitation de ses forêts de sapins.

De la haute vallée de l’Allier au bassin de Joyeuse, le Vivarais cévenol est dominé par l’échine de la montagne de Bauzon et par la crête du Tanargue. À l’ouest, la « montagne » est encore marquée par les volcans du Velay. À l’est, les « serres » schisteuses, crêtes étroites et allongées aux pentes abruptes, séparent des vallées profondes.

De Lablachère et de Privas à la vallée du Rhône, le Bas-Vivarais calcaire forme un ensemble de bassins et de plateaux où se manifeste la nature méridionale. Au nord, le plateau du Coiron, aux falaises de basalte noir, le sépare du Haut-Vivarais ; ses vastes planèzes s’inclinent vers l’est : elles sont caractérisées par leurs dykes(murailles) ou leurs necks (pitons) – appareils volcaniques dégagés par l’érosion de leur revêtement meuble – dont le plus célèbre est celui de Rochemaure. Le plateau calcaire des Gras se présente comme une succession de causses avec leur pierraille blanchâtre, leurs rochers ruiniformes, leurs avens et leurs vallées creusées en gorges.

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