L’Economie Bretonne
Posté par francesca7 le 28 mars 2014
Malgré un net recul, l’agriculture et la pêche ont encore toute leur place dans l’économie bretonne. Parallèlement, une activité industrielle performante s’est développée autour de secteurs tels que l’agroalimentaire (premier secteur industriel breton), l’automobile, la construction navale et les télécommunications (deuxième pôle national). Un dynamisme qui attire un nombre croissant d’entreprises de haute technologie, pérennisant sur place les formations supérieures des universités et des grandes écoles.
Agriculture
Comptant près de 38 000 exploitations, l’agriculture conserve toute son importance en Bretagne, avec des produits phares comme le chou-fleur, l’artichaut, le porc ou la volaille. Sa capacité d’adaptation et son besoin d’innover en permanence lui permettent d’être aujourd’hui la première région agroalimentaire d’Europe.
Plus d’une exploitation bretonne sur deux fait de l’élevage de bovins et 15 % sont orientées vers l’élevage granivore (porcs et volailles). Sur le plan national, la Bretagne se situe au premier rang en produisant 21 % du lait, 25 % des veaux, 63 % de la viande porcine, 42 % des œufs et 35 % des volailles de chair.
Elle est aussi une région légumière avec les primeurs cultivés en zone côtière sur le littoral nord. En 2007, elle a produit plus de 80 % des choux-fleurs et des artichauts français, 30 % des petits pois et haricots verts et 25 % des tomates.
Avec l’application de la politique agricole commune et des nouvelles réglementations pour préserver l’environnement, il est vrai que l’agriculture bretonne a connu une transformation sans précédent. Depuis les années 2000, le nombre d’exploitations a chuté de 26 % du fait de la mondialisation des marchés et de la concurrence des pays émergents.
C’est pourquoi aujourd’hui les agriculteurs locaux misent avant tout sur la qualité de leur production, avec notamment l’émergence de l’agriculture biologique qui attire un nombre croissant d’exploitants depuis plusieurs années.
Pêche
Qu’ils pratiquent la pêche côtière, la pêche hauturière, la grande pêche ou la pêche aux crustacés, les marins bretons ont su s’adapter aux techniques les plus modernes, et la Bretagne reste la première région française pour la pêche (près de 45 % des poissons « français » y sont pêchés). Pourtant, si l’activité est d’une importance économique et sociologique cruciale, le nombre de navires a chuté de moitié en trente ans, passant de 3 500 à moins de 1 600 immatriculations. Confrontée au cadre réglementaire strict de l’Europe, à des problèmes de ressources et à un renouvellement de sa flotte, la pêche en mer ne cesse de régresser, faisant craindre aux 9 000 marins concernés la perte de leur emploi. Les nouvelles méthodes de pêche ou la valorisation du poisson apparaissent comme des pistes de réflexion pour sauver la profession du naufrage.
Paradoxalement, la pêche artisanale se porte plutôt bien grâce au dynamisme de petits patrons qui réagissent très vite aux nouvelles interdictions et aux quotas qui changent sans cesse.
La pêche côtière
Sole, turbot, raie, bar, dorade, crustacés, mollusques… faites votre choix ! Pour la coquille St-Jacques vous ne pourrez éviter l’escale à St-Quay-Portrieux, où débarquent les pêcheurs de la baie de St-Brieuc, l’un des gisements de coquilles les plus riches des côtes françaises. La production est toutefois loin de toujours répondre aux besoins locaux : une ville comme St-Brieuc est approvisionnée en partie par Lorient. Sur le littoral atlantique, la pêche à la sardine, semi-industrielle, constitue une activité saisonnière de juin à septembre, mais la pêche y est avant tout l’affaire d’artisans qui se focalisent sur des espèces nobles : langoustines, soles, lottes, bars…
La pêche hauturière
S’opposant au cabotage, la pêche de haute mer est pratiquée des côtes islandaises aux côtes africaines et représente la principale activité des grands ports. Le thon est pêché à la traîne ou à l’appât vivant dans le golfe de Gascogne, à la senne tournante le long des côtes africaines. La pêche au thon blanc (germon), de juin à octobre, débute entre le Portugal et les Açores et s’achève au large des côtes irlandaises. Le thon tropical (albacore ou listao) est pêché par une trentaine de grands thoniers-congélateurs armés à Concarneau et basés en Afrique-Occidentale car les pêches se concentrent au large de la Côte-d’Ivoire.
La grande pêche
Elle désigne la pêche à la morue, pratiquée sur les bancs de Terre-Neuve, du Labrador et du Groenland. Elle fit autrefois la célébrité de Paimpol et de St-Malo, mais, aujourd’hui, l’essentiel des prises se fait à partir de St-Pierre-et-Miquelon. Les chalutiers actuels sont de véritables usines, équipées d’installations de filetage mécanique et de congélation.
La pêche aux crustacés
Surtout pratiquée sur les côtes rocheuses à l’aide de casiers ou de nasses, elle s’est aussi développée un temps dans les eaux exotiques. Les langoustiers-congélateurs de Camaret et Audierne, équipés de viviers et d’installations de congélation, partaient en effet pour plusieurs mois, sur les côtes de Mauritanie notamment. Mais cette pêche lointaine s’est éteinte à la fin des années 1980.
Autres ressources de l’Océan
Aquaculture et conchyliculture
Dans les années 1970, on prédisait à l’aquaculture marine un avenir enthousiasmant. Trente ans plus tard, la filière est en crise. En eau douce, grâce aux truites fario et arc-en-ciel, la production bretonne de l’aquaculture dite « nouvelle » se situe tout de même au deuxième rang français, après l’Aquitaine.
Du côté de la conchyliculture, l’élevage des huîtres (ostréiculture) et des moules (mytiliculture) constitue une activité importante en Bretagne. Grande productrice d’huîtres plates appelées « belons », avec 1 500 tonnes par an, la région a aussi développé ses parcs d’huîtres creuses (fines de Bretagne), notamment dans la baie du Mont-St-Michel et plus précisément à Cancale. La production annuelle d’huîtres est de 43 500 tonnes, soit 34 % de la production française. Quant aux moules de bouchot, elles sont cultivées de la baie du Mont-St-Michel à la baie de St-Brieuc, et dans l’estuaire de la Vilaine. En 2005, la production de moules dans la région représentait 34,5 % de la production nationale, avec près de 1 530 élevages.
Les conserveries
C’est Fouquet, ministre de Louis XIV, qui encouragea la mise en baril des poissons, méthode qui supplanta peu à peu la salaison et le séchage. Au début confite dans l’huile, la sardine a bénéficié du procédé de mise en conserve élaboré en 1810 par Nicolas Appert. Cette industrie, qui a beaucoup souffert de la concurrence des pays du tiers-monde, est principalement localisée dans la presqu’île de Quiberon et dans les ports de Douarnenez et Concarneau, où quelques entreprises artisanales continuent de travailler en partie avec des pêcheurs bretons. D’autres établissements à St-Quay-Portrieux profitent des excédents saisonniers de matières premières pour utiliser des produits bretons. Mais ces pratiques sont désormais minoritaires.
Recherche et innovation
La recherche, tant privée que publique, constitue une activité essentielle en Bretagne, classée 6 e région française pour la
création d’entreprises innovantes et 4 e région française pour les dépôts de brevets. Elle s’articule autour de quatre pôles majeurs : Rennes, Brest-Quimper-Roscoff, St-Brieuc-Lannion et Lorient-Vannes. Les deux grandes villes universitaires sont Rennes et Nantes (même si cette dernière ne fait pas partie de la région Bretagne). La création de L’Université européenne de Bretagne en 2007 a permis de regrouper l’ensemble des acteurs universitaires, des écoles d’ingénieurs et des organismes de recherche. Véritable pôle de recherche et d’enseignement supérieur, elle concourt à renforcer la visibilité internationale des équipes de recherche et de l’offre de formation en Bretagne.
Les technologies de l’information et de la communication bénéficient également d’une implantation privilégiée qui s’appuie sur le partenariat entre les formations universitaires, les grandes écoles (Enst, Supelec, Enssat et Insa rien qu’à Rennes) et les industriels dominant le secteur. Ces entreprises sont organisées en pôles autour de grandes villes comme Rennes (Mitsubishi, Canon, Motorola), Lannion (Orange, Alcatel, Siemens) ou encore Brest avec Thalès. Le secteur emploie 42 000 personnes environ, dont 15 000 dans la recherche et développement.
Enfin, les sciences et technologies de la mer tiennent aussi une place prépondérante, grâce notamment au pôle européen de la recherche marine de Brest, qui a vu s’implanter l’Ifremer et le CNRS.
Technologies de l’information et de la communication
La Bretagne a acquis une réputation mondiale dans le domaine des TIC, du fait, notamment, des innovations majeures qui sont sorties de ses laboratoires publics et privés. Elle emploie 42 000 personnes environ regroupées autour de trois pôles, Lannion, Rennes et Brest, où ont vu le jour des technologies et des normes telles que le JPG, le MPG ou encore le MP3. Ce formidable potentiel de développement permet d’aborder l’avenir plutôt sereinement, notamment avec le développement du pôle de compétitivité Images et Réseaux, qui travaille sur le futur de la télévision numérique terrestre et de la TV 3D sur réseaux fixes et mobiles.
Pour favoriser l’accès d’un large public aux nouvelles technologies, 400 communes, regroupées dans le réseau « Cybercommunes », proposent depuis 1998 des espaces multimédias ouverts à tous, où des animateurs accueillent et guident le public. Ce réseau permet à chaque Breton de s’initier à l’informatique et à Internet à moins de 20 km de chez lui.
Industrie
Les chantiers navals
Bien qu’ayant perdu en dix ans plus du tiers des effectifs, la construction navale reste le quatrième secteur industriel en Bretagne et représente encore 4 % de l’emploi. Ce secteur sinistré pendant des années regroupe les chantiers de construction et de réparation navale militaires et civils, au service de la pêche, de la plaisance, de l’océanographie et du transport de passagers.
Avec les Chantiers de l’Atlantique à St-Nazaire, un site d’envergure mondiale capable de mettre en chantier des navires de 500 000 t, la construction navale s’est tournée vers la production de porte-conteneurs, de plates-formes de forage et de navires de croisière ; l’année 2003 restera dans les annales avec la construction du plus grand paquebot du monde, le Queen Mary 2 . C’est grâce à ce secteur de prestige que les chantiers ont pu prouver leur dynamisme et leur savoir-faire.
Le secteur automobile
L’implantation de Citroën dans l’agglomération rennaise dans les années 1960 a entraîné l’essor de l’industrie automobile en Bretagne autour d’un important réseau d’équipementiers et de sous-traitants. La filière Véhicules Bretagne se distingue par son expérience et son savoir-faire dans le domaine du véhicule spécifique et dédié. L’activité est très concentrée, notamment avec l’usine PSA (Peugeot Citroën) à Chartres-de-Bretagne employant 80 % des effectifs du secteur. Si on y ajoute les équipementiers, la zone d’emploi de Rennes concentre 88 % des effectifs bretons.
Ce secteur est aujourd’hui fortement soumis à la concurrence internationale et aux aléas de la conjoncture. Dans un contexte économique difficile, les industriels et équipementiers installés dans la région cherchent non plus seulement à accroître leur compétitivité mais aussi malheureusement à rationaliser leurs coûts de production.
Transports
La Bretagne est traversée par deux axes rapides qui aboutissent à Brest. La N 165 longe le littoral sud au départ de Nantes et rejoint Brest en passant par Vannes, Lorient et Quimper. Au nord, la N 12 aboutit à Brest après un long périple depuis le parvis de Notre-Dame à Paris, en desservant au passage Rennes, St-Brieuc, Guingamp et Morlaix. Sur ces deux axes, le trafic a augmenté de 20 % entre 1997 et 2004. Aujourd’hui, la priorité est à la desserte est-ouest avec l‘achèvement de la mise à deux fois deux voies de la N 164.
Le train, notamment l’arrivée du TGV à Rennes et à Nantes, a fortement contribué au désenclavement des départements bretons en mettant les deux « capitales » régionales à 2h de Paris, et des villes comme Quimper et St-Malo en liaison directe avec la capitale (bien qu’à vitesse classique). Le projet BGV (Bretagne Grande Vitesse), mettra Rennes à 1h27 de Paris, Brest et Quimper à 3h08 (4h20 actuellement). Début des travaux en 2010.
Le transport maritime, enfin, voit sa fréquentation diminuer depuis dix ans, notamment avec une baisse du trafic transmanche passant sous le seuil des 800 000 passagers embarqués en 2007 contre 1 200 000 auparavant. La concurrence des compagnies à bas coût depuis les aéroports de province explique en grande partie cette baisse.
Tourisme
Le secteur touristique fait vivre près de 5 % des Bretons actifs, c’est dire son importance économique. En termes de fréquentation, la clientèle française est de loin la plus massive, avec plus de 73 millions de nuitées pour la seule année 2007 (dont plus de 17 % de Bretons !), devant la clientèle étrangère qui représente 3,8 millions de nuitées pour la même année (Britanniques 36 %, Allemands 15 %, Belges 8 % et Néerlandais 19 %).
Les atouts de la Bretagne sont multiples avec ses 2 730 km de côtes (un tiers du littoral métropolitain), ses 800 îles et îlots, ses fonds marins exceptionnels favorisant la biodiversité. Ce n’est donc pas un hasard si elle est la première destination maritime française. Aux plaisirs de la plage et aux sports nautiques associés (planche à voile, surf, plongée…) s’ajoutent la plaisance et la thalassothérapie.
Mais si la Bretagne est bleue, elle se veut également verte. Les parcs, réserves et espaces protégés sont nombreux, et il est possible de marcher, rouler ou trotter sur 3 700 km de sentiers de randonnée. Et si le temps ne s’y prête pas, la région recèle un patrimoine culturel et vivant d’une rare diversité.
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