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  • > Archives pour le Jeudi 27 mars 2014

le monopole du chocolat à David Chaillou

Posté par francesca7 le 27 mars 2014

28 mai 1659. Louis XIV attribue Le monopole du chocolat

Les premiers importateurs et fournisseurs de fèves de cacaoyer en France sont des Juifs marranes installés près de Bayonne. 

 

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Qu’on ne s’y trompe pas, la drogue la plus réclamée, la plus consommée de nos jours, ce n’est pas la coke, ni le cannabis, ni même le tabac ou le pinard. C’est le chocolat ! Avec l’avantage d’être en vente libre. En France, tout a commencé le 28 mai 1659, quand Louis XIV accorde à David Chaillou, premier valet de chambre du comte de Soissons, le privilège de fabriquer, de vendre et de débiter le chocolat dans tout le royaume de France pour 29 ans. Un dealer unique et officiel ! 

Deux ans plus tard, Chaillou ouvre sa première boutique à Paris, rue de l’Arbre-Sec, où les bourgeois peuvent, à leur tour, planer en avalant le doux breuvage des dieux aztèques. Jusque-là, seuls les aristocrates se shootaient en catimini dans leurs palais et hôtels particuliers. Le premier chocolatier de France fabrique son chocolat dans sa boutique avec les fèves reçues d’Amérique. Il les grille dans une bassine, puis les pile au moyen d’un lourd cylindre de fer de sa fabrication qu’il fait rouler sur une pierre chauffée inclinée. Chaillou propose des breuvages chauds bien mousseux comme il est de règle de consommer le chocolat à l’époque. Il vend également des gâteaux et des biscuits.

Un commerce tenu par les Juifs 

En France, les premiers importateurs de fèves sont les Juifs marranes chassés d’Espagne, puis du Portugal. Ils emportent avec eux l’art de fabriquer du chocolat. Dès 1620, plusieurs familles s’installent au Pays basque, plus précisément à Saint-Esprit, à deux pas de Bayonne, où elles font venir leurs fèves d’Amsterdam et du Venezuela. Ces marranes ne se privent pas non plus d’armer des corsaires pour piller les cargaisons espagnoles. Les premiers chocolats ainsi fabriqués sur le territoire français sont vendus aux chanoines de la collégiale de Saint-Esprit et de la cathédrale de Bayonne, ainsi qu’aux habitants fortunés.

Du cacao est également importé de Martinique où il est introduit en 1660 par le Juif Benjamin da Costa d’Andrade. Mais cela ne dure pas, car les jésuites font expulser les Juifs de l’île au profit des planteurs chrétiens, qui préfèrent cultiver la canne à sucre, plus rentable. En effet, la consommation du chocolat reste encore faible en France en raison de gros droits d’entrée. À Curaçao, à Cayenne, à la Jamaïque, au Venezuela, partout où le cacao est cultivé et collecté, les marchands juifs, surtout hollandais, tiennent les rênes du commerce. Au Pays basque, une guéguerre a lieu pour évincer les Juifs de ce commerce. Mais ceux-ci sont suffisamment astucieux pour ne pas être… chocolat.

Aliment qui trompe la faim

Pour en revenir à David Chaillou, originaire de Toulouse, il aurait effectué plusieurs séjours en Espagne à la recherche d’élixirs « qui pouvaient être utiles au corps humain ». C’est ainsi qu’il découvre le chocolat. Quand Louis XIV, en chemin pour aller chercher sa promise, l’infante d’Espagne, s’arrête à Toulouse, Chaillou passe à l’action. Il s’introduit d’abord auprès d’Olympe Mancini, nièce de Mazarin, et premier grand amour du roi. Celle-ci adore tellement le chocolat qu’elle obtient à Chaillou la charge de valet de chambre de son époux le comte de Soissons. Puis elle lui décroche la patente désirée. Le jeune homme la suit à Paris, où il doit encore attendre plusieurs mois pour que le Parlement enregistre la lettre patente royale.

Pourtant, le souverain ne prise pas vraiment le chocolat : « Cet aliment trompe la faim, mais ne remplit pas l’estomac », dit-il. La marquise de Sévigné note : « Il vous flatte pour un temps, et puis il vous allume tout d’un coup une fièvre continue. » 

 

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Pour s’être habillée en garçon.

Posté par francesca7 le 27 mars 2014

30 mai 1431. Si Jeanne d’Arc est brûlée 

Lors de son procès, elle promet de rester en robe. Mais, piégée dans sa prison par l’évêque Cauchon, on la surprend vêtue d’un pantalon. 

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Quand Jeanne d’Arc monte sur le bûcher, le 30 mai 1431, c’est grâce à un grossier piège monté par ses geôliers français et anglais. Sinon, il n’y aurait aucune raison de la faire flamber comme une crêpe Suzette. Entendre des voix ou faire la guerre n’est pas une raison juridique suffisante. Alors, ce diable d’évêque Cauchon lui fait promettre de ne plus s’habiller en homme, puis fait en sorte de l’y pousser. N’ayant pas tenu parole, cela fait d’elle une relapse. Dans ce cas, le verdict est la mort !

Ne refaisons pas tout le procès de la Pucelle, sachons simplement que, le 24 mai, les juges ecclésiastiques du tribunal organisent une mise en scène macabre pour l’amener à avouer ses fautes. Ils la traînent au cimetière Saint-Ouen de Rouen, où ils ont fait dresser un simulacre de bûcher. Terrorisée, la jeune fille reconnaît ses fautes et, contre la promesse de la faire transférer de sa prison tenue par des soudards, elle signe (d’une croix, alors qu’elle sait parfaitement écrire) tout ce qu’on veut sans pouvoir imaginer le piège machiavélique ourdi par ce cochon de Cauchon : elle reconnaît ne pas avoir entendu de voix, abjure ses erreurs et se soumet à l’autorité de l’Église. Elle accepte également de ne plus s’habiller en homme. Curieuse demande ! De retour dans sa cellule, les Anglais lui jettent quelques frusques féminines dont elle se vêt.

« J’aimerais mieux être décapitée sept fois »

Trois jours plus tard, le 27 mai, elle demande à ses gardes anglais de lui enlever ses chaînes pour pouvoir se lever. L’un d’eux se précipite sur elle, mais c’est pour lui arracher ses habits de femme, la laissant nue. Les autres lui lancent ses anciens habits d’homme. Elle refuse de les enfiler : « Messieurs, vous savez qu’il m’est défendu : sans faute, je ne le prendrai point. » Ceux-là se contentent de ricaner. Durant toute la matinée, elle reste aussi peu vêtue qu’une nudiste sur l’île du Levant. Vers midi, dame Nature lui rappelle que même une future sainte doit satisfaire à certains besoins. Comme il n’est pas question de sortir en tenue d’Ève, elle se résout à enfiler ses habits d’homme pour « nécessité de corps ». Quand elle réintègre sa geôle, elle a beau pleurer et supplier, les Anglais refusent de lui rapporter sa jupe. La voilà donc retombée dans son hérésie…

On l’a compris, tout cela avait été prémédité par Pierre Cauchon, l’évêque de Beauvais. Le mardi 29 mai, le tribunal ecclésiastique qui l’a convoquée la condamne comme relapse. Elle n’a pas tenu sa parole de ne plus s’habiller qu’en femme. Normalement, la sentence aurait dû être prononcée par le tribunal séculier. Mais l’évêque n’a pas envie qu’on lui sabote sa stratégie. Dès le lendemain matin, le moine frère Martin Ladvenu annonce la sentence à Jeanne, qui s’effondre.

Elle pleure, interpelle le moine : « Hélas ! me traite-t-on ainsi horriblement et cruellement qu’il faille que mon corps net et entier, qui ne fut jamais corrompu, soit aujourd’hui consumé et rendu en cendres ! Ah ! j’aimerais mieux être décapitée sept fois que d’être ainsi brûlée. Hélas ! si j’eusse été en la prison ecclésiastique à laquelle je m’étais soumise et que j’eusse été gardée par des gens d’Église, non pas par mes ennemis et adversaires, il ne me fût pas si misérablement méchu comme il est. » Paroles rapportées par frère Jean Toutmouillé (sic) qui accompagne Ladvenu. À croire qu’il a un magnétophone dans sa capuche. Jeanne se confesse, puis reçoit les derniers sacrements, ce qui est plutôt curieux dans la mesure où elle est excommuniée et déclarée hérétique. Au chanoine Pierre Maurice elle demande : « Maître Pierre, où serai-je ce soir ? » Et lui de répondre, sans se mouiller : « N’avez-vous pas espoir en Dieu ? » Elle lui répond que, Dieu aidant, elle sera probablement au paradis. Mais elle a beau tendre l’oreille, cette fois, elle n’entend pas de voix pour confirmer son espoir… 

« Jésus, Jésus »

Menée par le bourreau, Geoffroy Thérage, encadrée par huit cents hommes de guerre anglais portant haches et glaives, Jeanne d’Arc est conduite sur la place du Vieux-Marché où le bûcher est dressé. Tout au long du chemin, le moine Ladvenu et d’autres lui font sermon. Elle pleure, se lamente. La plupart des hommes d’Église qui l’accompagnent, ainsi que nombre d’Anglais, sont gagnés par la compassion. En chemin, elle réclame une croix, qu’un paysan lui fabrique avec deux morceaux de bois. Elle la glisse dans son corsage. À l’arrivée sur place, le bourreau a du mal à attacher Jeanne au poteau entouré de fagots, car il est placé plus haut que d’habitude. Elle demande alors à Ladvenu et à un autre moine nommé Isambart de La Pierre de tenir un crucifix devant elle.

Elle gémit à plusieurs reprises : « Jésus, Jésus. » Est-il sourd ? La foule est émue. Un soudard anglais qui avait promis d’être le premier à mettre un fagot dans le bûcher est frappé par la grâce. Le bourreau met le feu sous les fagots. Une lourde fumée âcre s’élève, entoure la jeune femme qui s’entête à appeler Jésus. Mais, apparemment, les voix ne vont que dans un seul sens… Bientôt, la fumée la cache. Elle meurt probablement asphyxiée. Les Anglais demandent au bourreau de pousser en arrière les fagots pour que le corps de Jeanne en train de brûler soit visible de tous. Qu’un petit plaisantin ne vienne pas par la suite raconter qu’elle n’est pas morte brûlée. Le feu éteint, il reste au milieu des cendres encore quelques morceaux bien saignants, notamment le coeur, étrangement intact, selon plusieurs témoins. Le feu est allumé une deuxième fois pour réduire tout cela en cendres, puis une troisième fois. Enfin, acte ultime, pour que personne ne vienne récupérer les cendres en guise de reliques, le cardinal de Winchester demande au bourreau de les répandre dans la Seine. Ainsi meurt Jeanne, pour un pantalon.

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Grâce au courage héroïque de Louis Lachenal

Posté par francesca7 le 27 mars 2014

3 juin 1950. Maurice Herzog vainc l’Annapurna.

Durant des décennies, l’alpiniste et politique français fait figure de héros, rejetant son compagnon de cordée dans l’ombre. Réhabilitation.

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Louis Lachenal n’a pas vraiment le temps ni le coeur à se réjouir d’avoir atteint le sommet de l’Annapurna. Il domine le monde de 8 091 mètres, mais il reste soucieux. Il ne sent plus ses pieds, ses orteils sont certainement gelés, il va les perdre. Mais son compagnon de cordée, Maurice Herzog, tient à savourer l’instant. Ils sont les deux premiers hommes à vaincre un sommet de plus de 8 000 mètres. Il se sent dans la peau d’un Copé ayant enfin pris la tête de l’UMP… Momo veut une photo pour immortaliser ce moment. Il fait signe à Louis de préparer son appareil tandis qu’il se confectionne un petit drapeau tricolore pour l’attacher à son piolet. Il le brandit triomphant. C’est lui le vainqueur. À peine s’il pense à la présence de Louis. Du reste, il ne le prendra même pas en photo !

Le mystique Herzog savoure cet instant unique, aboutissement de plusieurs mois d’efforts surhumains. Il plane au-dessus de l’humanité. Il ne veut plus redescendre. Une heure s’écoule au grand dam de Lachenal dont les pieds se transforment en deux glaçons qui raviraient un amateur de whisky on the rocks. Mais le chef de l’expédition n’y prête guère attention, n’est-il pas en train de bâtir sa légende ? Dans le livre qu’il publiera à son retour, vendu à des millions d’exemplaires, Maurice Herzog occupe le premier rôle. De même, le film de l’expédition n’est tourné qu’à sa seule gloire. Il est temps de parler des combattants de l’ombre.

Les géants himalayens, ces inconnus

La bataille de l’Annapurna commence sitôt après la Seconde Guerre mondiale. Épuisée, vidée, déprimée, la France a besoin de se trouver des victoires et des héros. Être la première nation à vaincre un sommet de plus de 8 000 mètres dans l’Himalaya serait susceptible de redonner le moral aux Français. D’autant que plusieurs expéditions européennes viennent de s’y casser les dents. La Fédération française de la montagne confie la direction de l’expédition à Maurice Herzog, chasseur alpin, résistant, et excellent alpiniste. Lequel fait immédiatement appel aux meilleurs guides alpins de l’époque : Louis Lachenal, Lionel Terray, Gaston Rébuffat. Il recrute également un cinéaste, un médecin et un diplomate. Après quelques mois de préparation, les membres de l’expédition s’envolent pour la région centrale du Népal sans avoir encore choisi le sommet à vaincre. À l’époque, le royaume népalais vient tout juste de s’ouvrir au reste du monde et Google n’a pas encore ratissé chaque centimètre carré de la planète. Les géants himalayens sont de parfaits inconnus.

Les membres de l’expédition consacrent leurs premières semaines à explorer la région. Ils hésitent entre plusieurs sommets. Finalement, c’est le cinéaste de l’expédition, Marcel Ichac, qui trouve le passage menant au massif à conquérir. Le choix définitif se porte sur l’Annapurna. Pas d’hélico disponible à l’époque pour amener le matériel, ni de route et de camion. Une armée de sherpas transporte les lourdes caisses de l’expédition. Il faut se presser, car la mousson guette. La marche d’approche est longue. Ensuite, il faut installer plusieurs camps, de plus en plus haut. Finalement, le 3 juin à l’aube, c’est l’ultime coup de reins à donner pour vaincre le monstre himalayen.

« Dernières forces »

Par miracle, ce matin-là, le soleil se lève sur un ciel dégagé, mais il fait terriblement froid. Maurice désigne Louis Lachenal pour l’accompagner dans l’ascension finale. À cette altitude, chaque pas demande un effort colossal et une volonté de fer. Chaque goulée d’air est une torture. Les pieds et les mains s’engourdissent à cause du froid intense. Durant six heures, les deux hommes s’acharnent à grimper vers le sommet qui paraît maintenant si proche. Il faut encore franchir une falaise rocheuse, ils s’engagent dans un couloir de neige. « Ils y jettent leurs dernières forces », commente Marcel Ichac, qui les filme de loin. Et de conclure aussitôt : « Et vient le moment qu’ils attendaient depuis des mois. Au-dessus d’eux, il n’y a plus rien que le ciel. » Comme c’est beau. 

Mais la vraie de vraie réalité est moins héroïque. Louis Lachenal la révèle dans ses Mémoires, dont la version corrigée sera publiée post-mortem, en 1996. Lors de leur montée vers le sommet, Lachenal sent que le froid est en train de transformer ses pieds en produit Picard : « Je savais que mes pieds gelaient, que le sommet allait me les coûter. Pour moi, je voulais donc descendre. J’ai posé à Momo la question de savoir ce qu’il ferait dans ce cas, il m’a dit qu’il continuerait. Et j’estimais que, s’il continuait seul, il ne reviendrait pas. C’est pour lui et pour lui seul que je n’ai pas fait demi-tour. Cette marche au sommet n’était pas une affaire de prestige national. C’était une affaire de cordée. » Louis sacrifie donc ses orteils pour offrir à Momo son statut de héros. Les Mémoires de Louis Lachenal, que voilà un beau cadeau à faire aux caciques de l’UMP… 

La descente est à nouveau un calvaire. Dans son best-seller, Herzog se donne une fois de plus le beau rôle au détriment de son camarade. Pourtant, c’est lui qui laisse tomber ses gants, ce qui lui vaut la perte de plusieurs doigts. Les deux hommes finissent par rejoindre deux de leurs camarades qui les attendent un peu plus bas. Tous quatre poursuivent la descente éprouvante, perdus dans le brouillard. Par miracle, ils retrouvent au bout de deux jours le gros de l’expédition. Lachenal et son camarade sont redescendus à dos de sherpas dans la vallée après un mois de marche. À l’époque, pas d’hélico pour reprendre les alpinistes à 500 mètres sous le sommet… Lachenal, le héros modeste de l’Himalaya, s’en tire avec une amputation d’une partie de ses pieds. L’autre, le héros de littérature, y perd plusieurs doigts et orteils, mais gagne l’immortalité. 

 

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