Les loups ne se mangent pas entre eux
Posté par francesca7 le 26 mars 2014
Les méchants s’entendent et ont soin de ne pas se nuire entre eux
- Il se réveilla; et ses yeux en s’ouvrant rencontrèrent deux prunelles phosphorescentes. « Les loups ne se mangent pas entre eux, mon petit, murmura le bandit; tu n’as pas la mâchoire assez bien endentée pour me mordre. » — (Théophile Gautier, Le Capitaine Fracasse, 1863)
Ce proverbe français, à l’origine lointaine et incertaine, signifie que « les méchants, les gens malhonnêtes ne se nuisent pas entre eux » (Petit Robert de la langue française).
On l’utilise souvent pour montrer du doigt une supposée complicité entre deux personnes considérées comme malhonnêtes.
Il a existé sous d’autres formes comme « un loup ne mange point l’autre » (XVème siècle). Balzac le reprend dans Scènes de la vie privée et publique des animaux : « Les loups ne se mangent point ».
Dans différentes langues, on trouve des proverbes au sens plus ou moins équivalent à celui-ci :
- « dog does not eat dog » en anglais,
- « une corneille n’arrache pas l’œil à une autre », en allemand,
- « le corbeau ne crève pas l’œil du corbeau » en russe…
Les Italiens disent : Il lupo non mangia della carne di lupo. — Le loup ne mange pas de la chair de loup. Voici l’explication qu’on trouve de notre proverbe dans le Traité de la chasse du loup, à la suite de la Vénerie de Jacques de Fouilloux (1561) : « Quand les loups estant en chaleur suivent la louve, ils exercent cruellement leur férocité les uns contre les autres ; (…) hors de là, ils s’entr’aiment, s’entr’entendent et s’entre-suivent comme font larrons en foire. »
Les latins disaient : Canis non est caninam. — Le chien ne mange pas de la chair de chien. Proposition plus exacte que celle par laquelle on l’a remplacée ; car Buffon assure que les loups s’entre-dévorent et que, si l’un d’eux est grièvement blessé, ils le suivent à la trace de son sang et s’attroupent pour l’achever. II ajoute qu’il n’y a que le loup qui mange volontiers du loup.
Les deux hommes-loups, si drôlatiquement dessinés par Grandville, sont deux chicanoux de la pire espèce, hurlant à qui mieux mieux dans le prétoire, l’un pour les intérêts de Jean, l’autre pour ceux de Pierre, et, hors de là, déposant leur feinte colère, se pressant les mains, rapprochant leurs museaux, devant la porte d’un restaurant où ils vont s’attabler amicalement, à la grande stupéfaction de Pierre et de Jean, dont la figure bouleversée, à l’aspect inattendu de ce qui se passe, témoigne qu’ils ont bien compris que, sans prendre part au repas, ils seront obligés de payer l’écot.
Cette scène paraît être la mise en œuvre de l’opinion exprimée, en Auvergne, contre les avocats, dans une phrase proverbiale que voici : « Quand ils plaident, vous croiriez qu’ils vont se mordre et s’avaler ; mais en quittant l’audience, ils vont dîner ensemble et manger l’argent du pauvre plaideur. »
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