L’église de BROU dans l’Ain
Posté par francesca7 le 22 mars 2014
Eglise de Brou à Bourg-en-Bresse dans l’Ain
et Marguerite d’Autriche
Petite fille de Charles le Téméraire et veuve à 24 ans, Marguerite d’Autriche voulut la construction du monastère royal de Brou afin d’y accueillir son propre tombeau, celui de sa mère et celui de son époux. Son époux était Philibert II, duc de Savoie, dit Philibert le Beau dont elle était très amoureuse. Philibert le Beau décéda brutalement après 3 ans de mariage.
Le monastère Royal de Brou
Le monastère, construit de 1506 à 1512, était destiné à accueillir une vingtaine de moines augustins chargés de prier pour Philibert II, Anne d’Autriche et Marie de Bourgogne, sa mère. Le monastère compte trois cloîtres à étages, de vastes salles voûtées et plus de 4000 m² de communs. Le musée de Brou occupe les lieux depuis 1922. Il est riche en oeuvres d’art italien, flamand et français du XVe au XXe siècle.
L’église
L’église de Brou, le joyau de style gothique flamboyant bâti de 1513 à 1532, est réalisé par les meilleurs maîtres et artistes français puis flamands.
- Les murs de la nef sont nus, les piliers massifs, les verrières sans vitraux.
La nef apparaît très sobre et contraste avec la richesse du choeur, seul le jubé* est abondamment et finement sculpté. En entrant dans l’église on apprécie la clarté blonde qui baigne la nef et ses doubles bas-côtés. La lumière des fenêtres hautes illumine l’enduit des murs sur lequel a été dessiné un faux appareillage. Les piliers composés d’un faisceau serré de colonnettes montent d’un seul jet à la voûte où ils s’épanouissent en nervures multiples aux clefs ouvragées. La balustrade qui court au-dessous des fenêtres de la nef est finement sculptée. L’ensemble architectural a beaucoup de noblesse. Dans la 2ème travée de la nef, à droite, une cuve baptismale en marbre noir du 16ème siècle porte la devise de Marguerite…
Le bras droit du transept a un remarquable vitrail du 16ème siècle représentant Suzanne accusée par les vieillards (en haut) et disculpée par Daniel (en bas).
La nef et le transept, accessibles aux fidèles, étaient séparés du chœur, domaine propre des religieux et sanctuaire des tombeaux, par le jubé. A sa droite, s’ouvre la chapelle de Montécuto qui présente des maquettes expliquant les procédés de construction employés à Brou.
- Le choeur est imposant et richement décoré, il comprend :
Les stalles de chêne sont très ouvragées par des scènes et des personnages de l’ancien et du nouveau testament.
Les tombeaux, celui de Marguerite de Bourbon est creusé en enfeu, celui de Marguerite d’Autriche possède d’innombrables statuettes et celui de Philibert le Beau est surveillé par les élégantes Sibylles.
De nombreux artistes ont collaborés à ces trois monuments, point culminant de l’épanouissement de la sculpture flamande en Bourgogne. Les plans ont été tracés par Jean de Bruxelles qui a fourni aux sculpteurs des dessins « aussi grands que le vif ». L’ornementation et la petite statuaire, très admirées des visiteurs, sont dues, pour la plus grande part, à un atelier flamand installé à Brou auquel collaboraient également les artistes français (Michel Colombe), des Allemands et des Italiens. Les statues des trois personnages princiers ont été exécutées entre 1526 et 1531 par Conrad Meyt, artiste allemand installé à Malines au service de Marguerite dès 1512.
Philibert et les deux Marguerite sont représentés, chacun dans leur tombeau, étendus sur une dalle de marbre noir, la t^te sur un coussin brodé. Suivant la tradition, un chien, emblème de la fidélité, est couché aux pieds de deux princesses : un lien, symbole de la force, aux pieds du prince. Des angelots entourent les statues, symbolisant l’entrée des défunts au ciel.
C’est la partie capitale de l’église. Marguerite a tout mis en œuvre pour obtenir la perfection dans la magnificence. Prise d’ensemble, l’ornementation sculptée de Brou frise l’excès ; mais le moindre détail est traité avec maîtrise. L’enchantement est d’autant plus vif que l’examen est minutieux.
Les vitraux sont réalisés de 1525 à 1531 à partir de dessins fait à Bruxelles. Toute une flore sculptée, gothique flamboyant (feuilles et fruits) ou d’inspiration Renaissance (laurier, vigne, acanthe), se mêle à une décoration symbolique où les palmes sont entrelacées de marguerites. Les façades du transept, plus simples, offrent un pignon triangulaire à pinacles. La tour, carrée, élève ses cinq étages sur le flanc droit de l’abside. Les grandioses verrières ont été exécutées par un atelier local. Celles de l’abside représentent, au centre, l’Apparition du Christ ressuscité à Madeleine (partie supérieure) et la visite du Christ à Marie (partie inférieure), scènes tirées de gravures d’Albert Durer. A gauche et à droite, Philibert et Marguerite sont agenouillés près de leurs patrons. Au-dessus du couple sont reproduits, étincelants de couleurs, les blasons des familles : Savoie et Bourbon pour le duc, Empire et Bourgogne pour la duchesse, ainsi que les blasons des villes de l’Etat savoyard.
- La chapelle de Marguerite d’Autriche comprend un grand vitrail inspiré de Dürer, un retable monumental en albâtre sculpté par des artistes venus des Pays Bas. Le retable représente les 7 joies de la vierge ; l’annonciation, la visitation, la nativité, l’adoration des mages, l’apparition du Christ, la pentecôte et l’assomption.
Les stalles bordent les deux premières travées de chœur. Au nombre de soixante-quatorze, elles ont été taillées dans le chêne en deux ans seulement, de 1530 à 1532. Le maître Pierre Berchod, dit Terrasson, dut mobiliser tous les menuisiers sculpteurs d’une région où le travail du bois a toujours été à l’honneur. Leur dessin est attribué à Jean de Bruxelles. Les sièges, les dossiers, les dais présentent un luxe de détails ornementaux et de statuettes qui comptent parmi les chefs-d’œuvre du genre. Les stalles du côté gauche offrent des scènes du Nouveau Testament et des personnages satiriques. Celles du côté droit se rapportent à des personnages et à des scènes de l’Ancien Testament.
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