Traditions et art de vivre en Dordogne
Posté par francesca7 le 21 mars 2014
Un simple coup d’œil sur une carte en dit déjà beaucoup : boisés, le Périgord et le Quercy ne comptent pas de grande ville. L’habitat, essentiellement rural et relativement dispersé, s’accorde à une économie reposant d’abord sur l’agriculture. Symboles par excellence de l’art de vivre à la française, truffes, foie gras, cèpes et confits se dégustent partout, de la simple auberge de campagne aux prestigieuses tables étoilées.
Gastronomie
« Le meilleur guide de ma santé à table, c’est la volupté que j’éprouve en mangeant », se plaisait à dire Montaigne qui donna à la gastronomie périgourdine le titre de « science de gueule ». La cuisine du Quercy n’est pas en reste, qui propose aussi nombre de plats, tour à tour subtils et copieux. Une bonne table bien garnie, telle semble être la maxime que ces deux gastronomies ont adoptée et sur laquelle elles ont assis leur réputation… Jugez plutôt.
Parmi les bonnes tables de la région, nous vous recommandons plus particulièrement les tables étoilées par le Guide Michelin dont vous trouverez la liste p. 14.
Un art de vivre
Comment peut-on passer ici à côté de la gastronomie, alors que presque chaque ville et chaque village du Périgord comme du Quercy possède son marché au gras Quand, n’en déplaise aux Lyonnais et aux Bourguignons, dans l’esprit des Français, gastronomie rime avec Périgord Talleyrand, fort de ses attaches périgourdines, n’a-t-il pas gagné ses plus rudes batailles diplomatiques autour d’une table somptueusement servie faisant du pâté truffé et du monbazillac ses plus sûrs alliés De nos jours, Périgord rime avec art de vivre, fumets délicats et produits du terroir : ces truffes, cèpes, noix et surtout oies, canards et porcs qui font la fierté des fermes du pays.
La soupe
Le repas commence par le traditionnel tourin quercynois, soupe au confit d’oie, à l’ail ou à l’oignon, à laquelle on ajoute de la graisse d’oie saupoudrée d’une cuillère de farine. Roborative et goûteuse, elle est servie sur du pain bis.
Les entrées
Puis viennent le foie gras ou le pâté de foie ou de perdrix, le gésier de canard en salade, l’omelette aux cèpes ou à la truffe. Cette dernière, considérée par le gastronome Curnonsky comme « l’âme parfumée du Périgord », ponctue tous les plats de ses larges taches sombres et règne sur les foies gras, les pâtés, les volailles, les ballottines et les galantines. Elle embellit tout ce qu’elle touche grâce à son arôme qui imprègne les aliments. Ne dit-on pas que le secret d’une bonne brouillade aux truffes consiste à enfermer œufs et truffe dans une boîte hermétique le temps que les puissants arômes du champignon traversent la coquille
Mais la truffe ne peut donner toute satisfaction au gastronome que si elle est proposée fraîche ou en très bonne conserve artisanale. Elle peut alors se consommer crue en salade, ou encore, luxe suprême, entière, seulement cuite sous la cendre.
Le far est une entrée nettement plus traditionnelle. C’est une simple pâte (farine, œufs et lait) mêlée de lard, de jambon, de blettes ou de laitue, d’oignon, d’ail et de persil, mise à cuire en terrine. Une variante est la mique, pâte à lever mélangée aux légumes de la soupe à même la casserole.
Les plats de résistance
Bien sûr, il n’y a pas d’œufs sans volatiles. Les volailles constituent une des bases de la gastronomie périgourdine et quercynoise. Incontournable, le confit d’oie aux pommes sarladaises – pommes de terre sautées à cru, à la graisse d’oie, saupoudrées d’un hachis d’ail et de persil – mais aussi le magret de canard aux cèpes ou aux morilles, la poularde en estouffade… Les sauces les plus fréquemment employées sont la « rouilleuse » (un fond de farine roussi au beurre et mouillée au vin ou au sang), qui accompagne et colore la fricassée de volaille, et la sauce Périgueux, sauce Madère mijotée à partir de carcasses de ces mêmes volailles, à laquelle on incorpore des truffes bien fraîches.
Le Quercy résonne du bêlement des moutons de race caussenarde. Une viande tendre et goûteuse, légèrement teintée de rouge, et tour à tour fondante ou croustillante selon le mode de cuisson. Les recettes ne manquent pas : épaule farcie, rouelles de gigot fermier à la persillade, ris d’agneau aux cèpes, daube au vin de Cahors…
Les poissons ne sont pas en reste : le sandre est accommodé à l’oseille, les écrevisses en soupe, le saumon au foie et aux cèpes… Curieusement, le poisson s’accompagne souvent de porc comme dans la préparation du brochet aux lardons ou de la carpe au confit.
La farce est fréquemment utilisée dans la cuisine locale : onctueuse et relevée, parsemée de foie et de truffes, elle garnit les volailles – comme le fameux cou d’oie farci – le gibier et les cochons de lait. Les huiles jouent aussi un rôle important dans les préparations culinaires du Périgord et du Quercy. Tout particulièrement l’huile de noix, désormais pressée à chaud dans de magnifiques moulins. Une grosse meule de pierre réduit les cerneaux en une pâte mise à chauffer à 60 ° C au four à bois. Enveloppée dans une toile, cette pâte est ensuite pressée. Les résidus, appelés « tourteaux », servent encore parfois d’appât aux pêcheurs. L’huile très parfumée sera alors coupée avec une huile moins aromatique pour pouvoir servir
d’assaisonnement.
Confits et foies gras
Fond rituel des cuisines périgourdine et quercynoise, le confit était avant tout un procédé qui permettait aux paysans de conserver les différentes parties de l’oie après en avoir récupéré les foies gras. Aujourd’hui spécialité gastronomique, les confits sont toujours préparés de manière traditionnelle. Les morceaux découpés sont cuits dans leur graisse pendant trois heures, puis conservés dans des pots de grès, les tupins. Ce procédé est utilisé pour l’oie, le canard, la dinde et aussi la viande de porc (les confits de porc sont appelés « enchauds »). La graisse d’oie pure remplace le beurre dans la cuisine périgourdine (Alexandre Dumaine, dit Curnonsky, l’un des plus énergiques défenseurs de la gastronomie française, la disait en conséquence « sans beurre et sans reproche ») et sert entre autres à faire revenir les pommes de terre sarladaises.
La préparation – Le foie gras convient bien à la conserve qui se commercialise sous diverses formes, aussi convient-il de bien distinguer l’appellation du produit : un foie frais, vendu sous vide, se conserve trois à quatre jours dans le réfrigérateur ; un foie gras entier consiste en un ou plusieurs lobes simplement dénervés et assaisonnés, puis stérilisés dans leur graisse (la version mi-cuit doit être conservée à +3 °C et consommée rapidement) ; un bloc de foie gras est une reconstitution de fragments de lobe malaxés à très grande vitesse, puis émulsionnés par adjonction d’eau. Le foie gras est aussi présenté sous forme de parfait (75 % de foie gras), de mousse, de pâté, de médaillon ou de galantine (50 % de foie gras).
La dégustation – Les foies gras se servent frais (compter 50 g par personne) et se découpent avec un couteau trempé dans l’eau chaude ; ils s’accompagnent volontiers d’un verre de monbazillac ou de pécharmant, un rouge de haute tenue. Les foies frais sont destinés en particulier à être poêlés, manipulation très gourmande mais difficile à réaliser.
Foie gras d’oie ou de canard Tout dépend de la finalité du produit : le foie gras d’oie, 4 % à peine du marché, occupe une place privilégiée dans le cœur des gourmets. Plus cher que le foie de canard, il est apprécié pour ses saveurs délicates, sans préparation de préférence. Quant au second, il aura connu un notable développement, le canard étant plus facile à élever que l’oie. Les connaisseurs se délectent de son goût rustique et de sa facilité à être cuisiné.
Le fromage
Nul n’ignore l’existence du rocamadour, petit fromage de chèvre emblématique du Quercy qui se décline aussi sur la table de différentes façons : pané ou rôti sur un lit de salade, nappé de miel, ou tout simplement frais, de préférence crémeux, c’est-à-dire après neuf jours d’affinage. Ceux qui apprécient les arômes plus puissants le choisiront sec. D’autres préféreront la texture molle de la trappe d’Échourgnac, rehaussée par les saveurs de la liqueur de noix qui l’imprègne. Monial, ce fromage périgourdin est issu d’une petite production artisanale.
Les desserts
Les desserts de la région sont tout aussi généreux que les autres préparations, avec les gâteaux ou les tartes aux noix, les tourtières aux pruneaux, mais surtout, le pastis. Loin de celui de Marseille, le pastis du Quercy, croustillant et parfumé, se mange à pleine bouche. Rappelant pour certains la pastilla marocaine, ce dessert feuilleté se gorge de beurre et de pommes marinées dans le rhum et l’eau de fleur d’oranger. Plus fruste, le pescajun, grosse crêpe cuite comme une omelette, peut aussi bien être servi avec du sucre ou accompagner une viande.
Les digestifs
Le vin de noix reste un digestif très apprécié. On l’élabore à partir des noix de juillet, cueillies encore vertes et mises en macération dans du bon vin et un doigt d’eau-de-vie. Au bout de trois mois, le jus obtenu est filtré. On sait aussi sortir des armoires d’innombrables eaux-de-vie élaborées discrètement à partir de poire ou de prune. Le ratafia est un vin réalisé à partir du moût de raisin, qu’il faut boire vite, car sa fermentation est incontrôlable.
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