La Bourgogne est une terre de passage
Posté par francesca7 le 16 mars 2014
Histoire
Terre d’épopée, la Bourgogne a vu s’affronter Jules César et Vercingétorix. Terre de spiritualité, elle conserve l’immense héritage monastique des deux grands ordres religieux du Moyen Âge. Terre des fameux ducs de Bourgogne, grands mécènes, la région est alors au faîte de sa puissance et de sa renommée. Terre riche et nourricière, sillonnée de cours d’eau, elle a vu ses paysages se modeler au gré des inventions et des créations de l’homme.
Une terre de passage
Mille ans après les Burgondes, la Bourgogne gouvernée par des princes a bien failli être de nouveau un puissant royaume. Si le nez de Louis XI eût été plus court… Il convient donc de faire la claire distinction entre l’histoire de la Bourgogne et l’histoire de France, en particulier avant la fin du 15 e s.
Époque préhistorique
Dès les prémices du peuplement de l’Europe, la Bourgogne est un lieu de passage et d’échanges entre le Bassin parisien et la vallée de la Saône, les pays du Nord et la Méditerranée. L’homme de Cro-Magnon vit dans les grottes d’Arcy-sur-Cure, quand il les préfère aux campements. La mise au jour d’ossements et d’outillages à la roche de Solutré atteste l’existence d’établissements humains entre 18 000 et 15 000 ans avant l’ère chrétienne. Ce site paléolithique a d’ailleurs donné son nom à l’outillage de pierre en forme de feuilles de laurier, depuis lors désigné comme solutréen .
Antiquité
Avant J.-C.
8 e s . – Invasion des Celtes (civilisation dite de « Hallstatt », du nom d’un village autrichien célèbre pour ses épées de fer) et apparition de tertres funéraires et de sépultures par incinération ou par inhumation, comme celles de Blanot et de Villethierry.
v. 530 – Début de la société gauloise et développement du commerce avec les négociants grecs d’Italie du Sud, ce dont témoigne le trésor de Vix, découvert sur la route de l’étain, dans la région de Châtillon-sur-Seine. À l’âge de La Tène, la région est habitée par trois peuples gaulois : les Éduens , le plus puissant de Gaule avec les Arvernes, qui a pour capitale l’oppidum de Bibracte ; les Séquanes , au bord de la Saône ; les Lingons , sur le plateau de Langres, dans le Châtillonnais.
58 – Menacés par les Helvètes, les Éduens demandent le secours de Rome, leur alliée. Par sa victoire près de Montmort (non loin de Bibracte), Jules César commence la conquête des Gaules.
52 – Insurrection générale des Gaulois contre l’envahisseur romain. Les Éduens s’allient aux Arvernes après la victoire de Vercingétorix à Gergovie. Assiégé à Alésia, le chef des Arvernes rend les armes à César, qui entreprend la rédaction de ses Commentaires sur la guerre des Gaules .
Après J.-C.
21 – Les Éduens, conduits par Sacrovir , se révoltent sans succès contre l’empereur romain Tibère et prennent en otage à Augustodunum (Autun) des fils de chefs gaulois qui recevaient une éducation romaine.
70 – Avec la Pax romana , la civilisation gallo-romaine s’épanouit à Autun et Sens.
313 – Par l’édit de Milan, l’empereur Constantin accorde aux chrétiens la liberté de culte : au cours du siècle, le christianisme s’étend en Bourgogne, avec les saints Andoche, Bénigne et Reine. En 418, saint Germain, ancien commandant de garnison romaine, devient évêque d’Auxerre.
356 – Invasion germanique.
La Burgondie
442 – Originaires de l’île de Bornholm, dans la mer Baltique, et porteurs d’une civilisation avancée, les Burgondes s’installent dans le bassin de la Saône et du Rhône puis fondent un royaume auquel ils donnent leur nom : Burgundia , qui deviendra Bourgogne. Le roi Gondebaud institue par la loi Gombette l’égalité entre sujets romains et burgondes. Mais l’Empire romain d’Occident se disloque : Rome est prise en 476 par des Barbares venus de l’est.
500 – Clovis , roi des Francs, vainc les Burgondes, qui deviennent tributaires des Mérovingiens. En 534 , ses héritiers annexent le royaume burgonde, qui occupe le quart sud-est de la France actuelle.
734 – Charles Martel reprend en main la Bourgogne après les invasions arabes. À la mort de son fils Pépin le Bref (768), la région va à Carloman, frère de Charles I er . Ce dernier s’en empare en 771.
841 – Dans la lutte pour l’Empire de Charlemagne, Charles II le Chauve bat son frère Lothaire à Fontanet (Fontenoy-en-Puisaye, près d’Auxerre). Par le traité de Verdun (843), l’Empire d’Occident est démembré entre les fils de Louis le Pieux : la Bourgogne franque, qui s’arrête à la Saône, revient à Charles le Chauve ; la Bourgogne impériale, dont le nord deviendra le comté de Bourgogne, ou Franche-Comté, est attribuée à Lothaire .
Le duché de Bourgogne
Les ducs capétiens tiendront une place importante dans la politique du royaume de France. à leur époque, la Bourgogne deviendra un véritable bastion de la chrétienté : c’est l’ère du rayonnement des grands ordres monastiques établis à Cluny, Cîteaux et Clairvaux.
Fin 9 e s . – Ayant repoussé les Normands, Richard le Justicier, comte d’Autun, fonde le duché qui englobe lespagi , c’est-à-dire les comtés, de la zone franque.
910 – Fondation de Cluny par Guillaume d’Aquitaine.
1002-1016 – Le roi de France Robert II le Pieux, fils d’Hugues Capet, occupe la Bourgogne.
1032 – Henri ier, fils de Robert II le Pieux, cède le duché à son frère Robert I er le Vieux (branche bourguignonne de la maison capétienne) afin de préserver son trône. Langres, Troyes, Sens, Auxerre, Mâcon et Nevers n’en font plus partie.
1098 – Fondation de l’abbaye de Cîteaux.
1146 – Saint Bernard prêche à Vézelay la deuxième croisade. Après leur échec devant Damas, Germains et Français rentrent en 1149.
1186 – Le duc Hugues III de Bourgogne, qui mène une active diplomatie matrimoniale, se soumet à Philippe Auguste.
Le retour à la Couronne
1477 – À la mort de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, Louis XI annexe la Bourgogne ducale au domaine royal et crée le parlement de Dijon. Lesée d’une grande part de son héritage, Marie de Bourgogne , fille du défunt duc, épouse la même année le futur empereur germanique Maximilien de Habsbourg. Elle lui donne un fils, Philippe le Beau, et une fille, Marguerite d’Autriche. à la mort de Marie, en 1482, le reste des territoires de l’ancien duché revient à son époux.
1482 – Le traité d’Arras met fin à la guerre de succession franco- germanique, la Bourgogne ducale revenant au royaume de France.
1519 – À la tête du Saint Empire romain germanique, Charles Quint , fils de Philippe le Beau, est prince bourguignon et francophone. L’un de ses principaux objectifs est de reconquérir ses droits à l’héritage du duché de Bourgogne. Son rêve est d’ailleurs de prendre place parmi les siens dans la chartreuse de Champmol.
1525 – Le désastre de Pavie , en février, contraint François Ier à céder le Milanais et la Bourgogne, à laquelle Charles Quint renoncera plus tard (paix de Cambrai en 1529, puis traité de Crépy-en-Laonnois en 1544).
1559 – Par le traité de Cateau-Cambrésis , qui marque la fin des guerres d’Italie, la province est définitivement rattachée au royaume de France.
1595 – Henri IV bat les Espagnols à Fontaine-Française, libérant la Bourgogne. L’Espagne garde le Charolais.
1601 – La Bourgogne s’agrandit de la Bresse, du Bugey et du Valmorey, acquis au duc de Savoie.
1631-1789 – À partir du règne de Louis XIII et jusqu’à la Révolution, les princes de Condé se succèdent comme gouverneurs de la province, partageant le pouvoir avec l’intendant de la généralité de Dijon (justice, police et finances). En 1650, le Grand Condé implique ses administrés dans la fronde contre le jeune roi Louis XIV.
1693-1710 – Années difficiles : la région connaît plusieurs famines.
1789 – En juillet, Saint-Florentin est l’un des centres d’où part la Grande Peur. Près de Cluny et de Cormatin, des groupes de paysans révoltés sont battus par les milices. Les coupables de ces jacqueries sont condamnés à Dijon.
1790 – Le 24 février, la province est divisée en quatre départements . Les grands domaines du clergé, dont les vignobles, sont vendus à la bourgeoisie. Le Clos de Vougeot passe de la poche des moines de Cîteaux à celle de banquiers parisiens.
De la fin de l’Empire à la Libération
1814 – Napoléon rompt les négociations de Châtillon-sur-Seine, qui auraient permis de faire la paix avec l’Autriche, la Russie, l’Angleterre et la Prusse, sur la base des frontières de 1792.
1816-1822 – Invention de la photographie par Nicéphore Niépce à Saint-Loup-de-Varenne, au sud de Chalon-sur-Saône.
1832 – Le canal de Bourgogne est ouvert à la navigation.
1836 – Les frères Schneider rachètent la fonderie du Creusot.
1837 – Lamartine est élu député de Mâcon.
1842 – Lamartine fonde à Mâcon le journal Le Bien public .
1848 – Lamartine proclame la II e République et intègre le gouvernement provisoire comme ministre des Affaires étrangères.
1849 – Inauguration de la gare ferroviaire de Dijon et ouverture de la section Dijon ville-Châlon-sur-Saône de la ligne Paris-Lyon.
1859 – Première vente aux enchères des vins des Hospices de Beaune.
1873 – Le maréchal Mac-Mahon , natif de Sully (Saône-et-Loire), vaincu à Sedan mais vainqueur des communards, est nommé président de la République par les monarchistes. Tenant de l’ordre moral, il institue un pèlerinage à Paray-le-Monial.
1878 – Destruction du vignoble par le phylloxéra .
1914 – À Châtillon-sur-Seine, Joffre lance l’ordre du jour du 6 septembre : « Au moment où s’engage une bataille… le moment n’est plus de regarder en arrière. »
1934 – La création de la confrérie des Chevaliers du tastevin à Nuits-Saint-Georges sort le vignoble bourguignon de sa léthargie.
juin 1940 – Le 11, Paul Reynaud et Winston Churchill tiennent un conseil suprême à Briare. Le 17, alors que de Gaulle est parti à Londres, les Allemands sont sur place.
1940-1944 – Pétain rencontre Goering à Saint-Florentin le 1 er décembre 1941. La ligne de démarcation traverse la Bourgogne du Sud : elle suit le Doubs, puis la Saône jusqu’à Chalon (en zone occupée), descend au sud jusqu’à Montchanin, et longe le canal du Centre jusqu’à la frontière de l’Allier.
Le Mâconnais reste en zone libre. La Résistance est active en Bourgogne : les forêts du Châtillonnais et du Morvan abritent le maquis.
Le frère Roger Schutz, venu de Suisse, mais de mère bourguignonne, s’installe à Taizé . Il y jette les bases d’une communauté œcuménique ; ses premiers hôtes sont des juifs réfugiés.
Septembre 1944 – Le 14, la division Leclerc et l’armée de Lattre de Tassigny opèrent leur jonction près de Châtillon-sur-Seine. Le 11, Dijon est libéré .
Notre époque
1945 – Le chanoine Kir est élu maire de Dijon.
1953 – Découverte du trésor de Vix dans le Châtillonnais.
1970 – Création du Parc naturel régional du Morvan .
1971 – Le dernier service hospitalier quitte l’hôtel-Dieu de Beaune. Le bâtiment est désormais entièrement dévolu aux visites.
1976 – La communauté de l’Emmanuel organise sa première session d’été à Paray-le-Monial.
1981 – Mise en service du TGV sud-est .La Bourgogne est desservie par les gares du Creusot-Montchanin et de Mâcon-Loché.
1981 – Le 10 mai, François Mitterrand est élu président de la République. Il prononce à Château-Chinon, dont il est le maire depuis 1959, sa première allocution radiotélévisée.
1982 – Cinq cents ans après son rattachement à la France, création de la région Bourgogne .
1985 – Alors que les fouilles, financées par le ministère de la Culture et de la Communication, y ont repris depuis presque un an, François Mitterrand proclame Bibracte « site national ».
1994-1996 – Ouvertures au public du Centre archéologique européen de Bibracte et du musée de la Civilisation celtique.
2001 – Inauguration du TGV Yonne-Méditerranée , qui dessert Sens et Laroche-Migennes (près d’Auxerre).
2003 – Création de la 100e AOC : st-bris (vin blanc sec produit à partir de cépage sauvignon).
2005 – Les Hospices de Beaune confient la vente aux enchères des vins à Christie’s .
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