Bourgogne, nature et paysages
Posté par francesca7 le 16 mars 2014
De l’Auxois au Beaujolais, de la Saône à la Loire, les terroirs très divers, dont l’assemblage a formé la Bourgogne, ont su conserver leur caractère et leur diversité. Côteaux ensoleillés où s’épanouit la vigne, forêts profondes et plateaux herbeux occupés par un verdoyant bocage rythment le paysage. Partout présente, l’eau féconde les plaines alluviales fertiles et attire une faune aviaire des plus riches.
Les pays bourguignons
Lieu de contact entre le Bassin parisien, le Massif central et le Val de Saône, avec une histoire géologique mouvementée, la Bourgogne offre sur 31 000 km ² une mosaïque de paysages particulièrement variés. Ce patrimoine naturel autorise une économie diversifiée, prise entre les influences du bassin du Rhône et de Paris, dans laquelle élevage et viticulture se voient reconnaître d’incontestables domaines d’excellence.
Les monts et bordures encaissées du Morvan
Au centre de la Bourgogne, le Morvan est la seule entité géographique que la Bourgogne ne partage pas avec d’autres régions. Ses sommets arrondis et ses vallées aux versants escarpés en font un pays de moyenne montagne. Ses beaux paysages, où alternent vastes forêts et bocages, sont hérités d’une histoire mouvementée. Lorsqu’il fut formé à l’ère primaire, le Morvan alternait de hauts sommets avec des dépressions profondes : le bassin d’Autun était alors un lac. Puis, les hauts pics du Morvan ayant été aplanis par l’érosion, la mer les submergea au secondaire et y déposa des sédiments. Surélevé au tertiaire lors du soulèvement alpin, le massif se fractura. Vallées encaissées et blocs granitiques sont les témoins contemporains de cette ère de turbulences. L’altitude moyenne du Morvan est modeste : 450 m. Les altitudes maximales se situent en son centre, tout particulièrement au Haut-Folin (901 m). Nettement limité à l’est par une ligne de faille abrupte, le Morvan s’incline peu à peu au nord pour se confondre avec les plateaux bourguignons. Il est irrigué par un dense réseau hydrographique qui alimente surtout le bassin de la Seine. Le climat montagnard et les sols peu fertiles expliquent, au moins en partie, l’extension de la forêt (la plus grande de Bourgogne, plantée aujourd’hui surtout de résineux) et la prépondérance de l’élevage sur les cultures.
L’ Auxois , la Terre plaine et le Bazois sont des dépressions (fossés) qui bordent le Morvan à l’est, au nord et à l’ouest. À l’ère secondaire, ces espaces étaient recouverts de sédiments calcaires. Au tertiaire, lors du soulèvement alpin, si certaines régions comme le Morvan ont été exhaussées, d’autres comme l’Auxois, le Bazois et la Terre plaine se sont affaissées. Recouvertes de calcaire, elles ont ensuite été érodées, le plateau calcaire a reculé et laissé sa place à des terrains marneux. Les falaises qui surplombent ces plaines sont des cuestas et des buttes témoins (telles que celle d’Alésia) du Bassin parisien.
Les cuestas et plateaux du Bassin parisien
Les régions du nord et de l’est de la Bourgogne appartiennent au vaste ensemble du Bassin parisien , qui s’appuie sur le Morvan. Ce bassin résulte de l’empilement en auréoles concentriques de couches sédimentaires tantôt dures (calcaires), tantôt tendres (marnes et argiles). Cela se traduit par une succession de plaines et de plateaux. Les couches sont relevées sur les bords. Cette inclinaison et cette alternance de roches dures et tendres expliquent les gradins, visibles dans le paysage. Ces cuestas, reliefs typiques des bassins sédimentaires, résultent de l’érosion progressive des roches. Avec le temps, le plateau est rongé et la cuesta recule. Des buttes témoins, anciennement rattachées au plateau, marquent ce recul. C’est le cas du mont Lassois, dans le Châtillonnais.
Les paysages de cette extrémité du Bassin parisien ne sont pas uniformes. Au nord, le Châtillonnais apparaît comme une suite de vastes plateaux couverts par la plus grande forêt de feuillus de Bourgogne et creusés de vallées sèches. Le Sénonais et ses plateaux de grandes cultures de céréales et de betteraves rappellent la Brie. L’agriculture intensive s’explique par la fertilité des sols constitués de craie recouverte de limons.
À l’inverse, le Gâtinais , de sable et d’argile, synonyme de « mauvaise terre », se consacre à l’élevage dans un bocage morcelé. La Puisaye jouxte le Gâtinais au sud-est. Ses collines sont issues de l’action érosive des cours d’eau qui ont creusé les plateaux. La région est parsemée de nombreux étangs. Les vastes forêts alternent avec la culture de plantes fourragères et l’élevage dans un paysage bocager. Personne n’a mieux su en révéler la beauté que Colette, qui y est née : « Le charme, le délice de ce pays fait de collines et de vallées si étroites que quelques-unes sont des ravins, c’est les bois, les bois profonds et envahisseurs, qui moutonnent et ondulent jusqu’à là-bas aussi loin qu’on peut voir. » (Claudine à l’école)
En Nivernais , le bocage couvre les plateaux découpés en collines qui s’inclinent en pente douce vers la vallée de la Loire.
Dans les régions de collines et de plateaux du Charolais et du Brionnais , les marnes donnent d’excellents prés d’« embouche » pour la race charolaise, la fierté et la richesse de la région.
Les plaines et côtes de la Saône
Le fossé de la Saône résulte d’un effondrement contemporain du soulèvement alpin. Les plaines du Val de Saône sont une voie de passage de premier ordre entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud, la vallée du Rhin au nord et le sillon rhodanien au sud. Les terrasses alluviales de la Saône et de ses affluents, l’Ouche et la Tille, sont recouvertes de prairies et de terres de cultures. Ces plaines s’étendent au pied de plateaux calcaires.
Entre les vallées de l’Ouche et de la Dheune, le haut plateau calcaire de la Montagne s’abaisse progressivement vers l’est par une série de gradins. Le plus à l’est forme la célèbre Côte d’Or . Cet escarpement est dû aux cassures qui ont accompagné l’effondrement de la plaine alluviale de la Saône. La côte, de direction nord-sud, se caractérise par son tracé rectiligne, qui montre qu’elle est d’origine tectonique et non issue de l’érosion, et par des dénivellations qui atteignent parfois 200 m. Alors que les plateaux sont occupés par la culture, les bois et les pâtures, le talus est couvert de vignes. L’écrivain bourguignon Gaston Roupnel écrit à propos du vignoble qu’il « se cantonne sur les pentes basses et faciles. Il appuie son bord supérieur sur les premiers bancs calcaires. Il finit en bas dès que cesse toute pente et que la plaine commence sa lourde terre. Cette étroite et lente montée de pierrailles, c’est le vrai territoire du vignoble. »
La rive gauche de la Saône est bordée par le Mâconnais , qui prolonge la Côte-d’Or au sud. C’est une série de blocs basculés au tertiaire qui tournent leurs côtes abruptes (telles que les roches de Solutré et de Vergisson) vers le massif du Morvan. Ancienne région de polyculture, le Mâconnais est aujourd’hui spécialisé dans la viticulture. Son vignoble sert de frontière méridionale à la Bourgogne.
Vallonnée et sillonnée de nombreux ruisseaux, les « caunes », la plaine de la Bresse s’étend de la Saône au Revermont jurassien. Les sols lourds sont difficiles à travailler, c’est pourquoi la région s’est essentiellement tournée vers l’élevage, particulièrement avicole.
Le seuil de Bourgogne
Le seuil de Bourgogne est, au sens strict, la ligne de partage des eaux entre le bassin de la Seine et celui de la Saône. Il marque la frontière entre les cours d’eau qui alimentent la Seine et ceux qui regagnent la Saône, entre les plateaux du Bassin parisien (Auxerrois, Châtillonnais, Tonnerrois) et ceux inclinés vers le Val de Saône. S’abaissant lentement vers le nord-ouest, il est constitué de plateaux secs contrastant avec les vallées verdoyantes de l’Yonne, la Seine, l’Armançon et du Serein.
Carrefour naturel important, il relie le Bassin parisien au sillon rhodanien, la France du sud-est à celle du nord-ouest, par diverses voies de communications.
Publié dans Bourgogne | Pas de Commentaire »