Une civilisation en Languedoc
Posté par francesca7 le 15 mars 2014
D’abord peuplée de chasseurs, puis d’agriculteurs et d’éleveurs, cette région entre mer et montagne s’ouvre davantage aux échanges avec le commerce maritime des cités phocéennes, puis avec l’Empire romain qui lui donne unité et structures durables, jusqu’au partage des puissances féodales au Moyen âge.
Peuples préhistoriques
C’est dans la Caune de l’Arago que fut découvert le crâne du célèbre homme de Tautavel qui vivait il y a environ 450 000 ans. Cet Homo erectus mesurait 1,65 m. Il avait un front plat et fuyant, des pommettes saillantes et des orbites rectangulaires. Chasseur, il se nourrissait de viande crue. On a retrouvé certains de ses outils (racloirs, grattoirs…).
Quelque 440 000 ans plus tard, une autre population préhistorique laisse des traces, découvertes à l’abri de Font-Juvénal, entre l’Aude et la Montagne noire. C’est un peuple d’agriculteurs éleveurs dont l’habitat est évolué (foyers, poteaux, dallages et silos) tandis que, dans la moyenne montagne, un peuplement dense a laissé des armes (flèches, haches et couteaux), des parures (colliers et bracelets) et des poteries (jattes et vases). Autre trace de cette civilisation : les statues-menhirs du sud de l’Aveyron, étrangement sculptées : on y observe un visage tatoué (nez et yeux mais bouche absente), des bras, des mains, des membres inférieurs courts et des parures (colliers).
Enfin, on trouve des dolmens . Ces tables horizontales auraient servi de tombeaux. Dégagés des tumulus, buttes de terre et de pierre, ils font forte impression dans le Gard, la Lozère, l’Hérault et l’Aveyron. Ils pourraient être l’œuvre d’un peuple venu par mer et doué d’une grande technicité. En témoignent l’usage du fil à plomb, les routes et le transport de pierres de 350 t. (L’obélisque de la Concorde à Paris ne pèse que 220 t !)
Naissance de la Province Narbonnaise
Sur une terre ayant subi les influences celtes (peuple des Volques Tectosages), grecques (fondation vers 560 av. J.-C. des phocéennes Agathé Tychè et Lekate, Agde et Leucate), voire carthaginoises avec le passage de l’armée d’Hannibal (214), les Romains vont laisser une empreinte durable.
En 122, le général romain Domitius Ahenobarbus refoule les Arvernes dans le Massif central, soumet les Volques et crée la Gaule transalpine, province englobant Marseille, Narbonne (Narbo), Toulouse (Tolosa) et remontant la vallée du Rhône vers Vienne et Genève. Réorganisée en 27 av. J.-C., après la conquête de la Gaule par César (5-51), elle devient la Narbonnaise .
Afin de faciliter d’abord la conquête, puis les échanges économiques, les Romains construisent nombre de voies, les deux principales étant la via Domitia qui, partant du Rhône rejoint la Tarraconaise espagnole via Narbonne et l’oppidum de Ruscino, et la voie d’Aquitaine, qui relie Narbonne à Toulouse et Bordeaux. Une longue période de prospérité commence, la Pax Romana : la Narbonnaise est divisée en pagi (qui deviendront les comtés du Moyen Âge). Chaque pagus a ses civitae administratives (Narbonne, Carcassonne, Castelnaudary), ses vici ou centres ruraux (Eburomagnus devenue Bram) et ses villae ou domaines agricoles. Par le droit et le latin, Rome façonnera durablement la région.
L’économie est prospère et les ateliers de La Graufesenque se rendent célèbres par leurs poteries. Entre le 3e et le 5e s., les invasions successives des Alamans, Vandales et Wisigoths en terminent avec la présence romaine.
Repoussés par Clovis en 507, les Wisigoths s’établissent alors en Septimanie (Carcassonne, Narbonne, Béziers, Agde, Nîmes, Maguelone, Elne).
Mais le royaume wisigoth vit sous une menace venue du sud : ce sont les Sarrasins qui, après avoir fait main basse sur l’Espagne, s’emparent de Narbonne en 719. Ils en seront chassés quarante ans plus tard par les Francs de Pépin le Bref.
Entre Aragon et Toulouse
La reconquête des terres catalanes par les chrétiens s’accompagne de l’instauration d’une dynastie de seigneurs locaux, sous la houlette de Guifré el Pelós (Wilfred le Velu) . Celui-ci se taille en 878 un fief comprenant Barcelone et Gérone, le Capcir, le Conflent, le Fenouillèdes et le Roussillon. Les comtes de Barcelone deviennent rois d’Aragon en 1137 et constituent dès lors une puissance qui étend bientôt son influence sur la Provence, le pays valencien, la Sicile, Montpellier et le Gévaudan (1204-1349).
Le Languedoc, quant à lui, voit les comtes de Toulouse s’assurer l’hégémonie, au point que, vassaux théoriques du roi de France, ils s’assurent de fait une quasi-indépendance. Cette période de splendeur voit l’apogée de la civilisation occitane avec le développement des « cours d’amour », une certaine prospérité économique, l’autonomie des villes dirigées par des consuls ou des capitouls (Narbonne et Béziers dès 1130, Alès en 1200), tandis que la faculté de médecine de Montpellier, qui a supplanté Maguelone, est fondée à la fin du 11e s.
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