- Rapide et majestueux, le Rhône est le plus puissant des fleuves français. Au sud de Lyon, sa course vers le Midi offre l’aspect d’une percée magnifique et spectaculaire. Il est une route romantique à lui seul, la vallée qu’il traverse étant baignée de soleil et fouettée par le mistral ! DeTournon-sur-Rhône à Valence, la route panoramique tracée en corniche offre d’extraordinaires points de vue. La montée en lacets est raide mais éblouissante ; on domine la plaine valentinoise et l’on aperçoit à l’est la haute barre du Vercors. Avant de descendre sur St-Péray, le panorama de St-Romain-de-Lerps est immense et couvre pas moins de treize départements ! C’est l’un des plus grandioses de la vallée du Rhône.
Composée d’une mosaïque de paysages, cette vallée fascine par ses couleurs différentes, du plateau de la Dombes aux gorges de l’Ardèche, du Haut-Beaujolais montagneux aux volcans du Velay … La partie la plus impressionnante est certainement l’Ardèche dont les gorges sont connues de tous les amateurs de descente en canoë ! Mais il serait dommage de négliger les Préalpes drômoises qui ont conservé un cachet unique avec leurs villages perchés surgissant des champs de lavande. La petite ville de Dieulefit est un vrai bijou, avec ses potiers et ses souffleurs de verre…
Pour les passionnés de vin, la vallée du Rhône abrite quelques-uns des plus beaux crus de France comme ceux de Côte-Rôtie, d’ Hermitage et de Condrieu, où les cépages syrah et viognier ont trouvé leur terre d’élection.
Nature et paysages Ardéchois
Entre les fleuves Rhône et Loire, entre les reliefs du Massif central et ceux des Alpes, les rivières se faufilent, s’étalant rarement dans des vallées sinueuses, creusant plutôt des gorges, des avens et des grottes spectaculaires. Ce travail de l’eau sur et sous terre livre de quoi retracer l’évolution du climat au cours des millénaires, mais surtout vient sillonner toute une palette de monts et montagnes, plateaux et vallées, plaines et collines.
Dans une éblouissante variété de couleurs, du plateau de la Dombes aux gorges de l’Ardèche, du Haut-Beaujolais montagneux aux volcans du Velay, la vallée du Rhône se compose sans nul doute d’une mosaïque de paysages parmi les plus majestueux de France. La vallée et le fleuve n’ont en effet jamais cessé de cultiver leurs richesses naturelles et géologiques.
La formation du relief
À la fin de l’ère primaire, il y a environ 200 millions d’années, un bouleversement de l’écorce terrestre (plissement hercynien) fait surgir le sol granitique du Massif central sous forme de hautes montagnes.
Durant l’ère secondaire, les sédiments calcaires s’accumulent à la périphérie du massif qui s’aplanit sous l’action de l’érosion. S’ensuit, pendant la première moitié de l’ère tertiaire, un affaissement progressif du socle hercynien de direction générale nord-sud : il est à l’origine du couloir rhodanien. Le plissement alpin exerce ensuite une formidable poussée sur le Massif central qui, trop rigide pour se plisser à son tour, bascule d’est en ouest en se disloquant. À la faveur des fissures, le magma interne, en fusion, jaillit ; des volcans s’édifient.
Au début de l’ère quaternaire, il y a environ 2 millions d’années, le Rhône, charriant de grandes quantités de matériaux arrachés aux montagnes voisines, crée des systèmes complexes de terrasses alluviales. Au milieu de cette ère, les glaciers ont de leur côté « sculpté » les paysages en se retirant : reliefs constitués de moraines, lacs tels que ceux de la Dombes et du Bas-Dauphiné.
Les pays du couloir rhodanien
La Bresse
Vallonnée et sillonnée de nombreux ruisseaux, les « caunes », la plaine de la Bresse s’étend de la Saône au Revermont jurassien. Les sols lourds sont difficiles à travailler, c’est pourquoi la région s’est essentiellement tournée vers l’élevage, particulièrement avicole.
La Dombes
C’est un plateau argileux au sol imperméable parsemé d’étangs. Le plateau se termine sur les vallées qui l’enserrent sur trois versants par les côtes assez abruptes de la Saône à l’ouest, et du Rhône au sud. Au nord, il se confond avec la Bresse. Les eaux de fonte du glacier rhodanien ont creusé la surface de légères cuvettes et laissé sur leurs bords les moraines, accumulation des débris qui l’entraînaient. Le charme de la Dombes naît des lignes sereines de ses paysages, de ses rangées d’arbres et de ses eaux dormantes.
Le Bas-Dauphiné
Au sud-est de Lyon, le Bas-Dauphiné a vu ses reliefs s’édifier lors de la fonte des glaciers durant l’ère quaternaire. Ses paysages sont multiples. Entre Lyon et le plateau de Crémieu, connu pour ses grottes et ses pâturages, les prairies voisinent avec les champs cultivés. Viennent ensuite les collines granitiques et schisteuses des Balmes viennoises qui font place à l’est aux vallées étroites qui découpent le plateau desTerres Froides . Enfin, plus au sud, aux vastes étendues boisées des plateaux de Bonnevaux et de Chambaransuccède la large et riche plaine céréalière de la Bièvre-Valloire . Ce sont les arbres fruitiers autour de Beaurepaire, ainsi que les terrasses bien cultivées de la vallée de l’Isère, qui annoncent les vergers de la vallée du Rhône.
Le Valentinois et le Tricastin
De Tain au défilé de Donzère, la vallée du Rhône s’élargit à l’est du fleuve, jusqu’aux premières collines des Préalpes, en plaines compartimentées qui forment une transition entre le nord et le sud de la vallée. La plaine de Valence montre les premiers caractères du Midi méditerranéen avec ses terrasses alluviales en gradins, ses rangées de mûriers, l’« arbre d’or » qui lui donne parfois un aspect bocager, et surtout sa multitude de vergers. Les oliviers recouvrent les versants du bassin de Montélimar avant d’alterner avec les vignes sur les collines sèches du Tricastin .
Le Beaujolais
Au nord, le Haut-Beaujolais est une zone montagneuse de terrains, essentiellement granitiques, issus du plissement hercynien. Sur les versants abrupts dévalent les affluents de la Saône orientés ouest-est.
Le Bas-Beaujolais , au sud, est surtout formé de terrains sédimentaires de l’ère secondaire qui furent fortement fracturés. Parmi eux, les calcaires tirant sur l’ocre lui valent l’appellation de « pays des Pierres Dorées ».
Le Lyonnais
Entre le bassin de St-Étienne, les monts de Tarare et l’agglomération lyonnaise, ce plateau est marqué de hautes croupes herbeuses, de bois de pins et de hêtres, et de vergers sur les versants les mieux exposés. Le Mont-d’Or y forme un ensemble aux allures accidentées. Le Lyonnais s’achève dans le superbe promontoire de Fourvière, qui domine le confluent de la Saône et du Rhône, et sa grande métropole.
Le Forez et le Roannais
Dans les monts du Forez, jusqu’à près de 1 000 m d’altitude, s’étend le domaine des champs et des prairies bien irrigués. Plus haut, des forêts de sapins et de hêtres couvrent les pentes. À partir de 1 200 m dominent les croupes dénudées des hautes chaumes , vastes espaces composés de landes montagnardes. Au pied de ces montagnes, la plaine humide du Forez a été comblée par les alluvions à l’ère tertiaire. Elle est piquetée de buttes volcaniques.
Le bassin de Roanne, séparé du Forez par le seuil de Pinay, est un pays rural fertile, orienté vers l’élevage et dominé, à l’ouest, par les coteaux couverts de vignes des monts de la Madeleine.
Le Pilat et le bassin stéphanois
Le massif du Pilat offre une silhouette pyramidale rehaussée de beaux ensembles forestiers qui lui donnent un air montagnard. Ses sommets, qui atteignent 1 432 m au crêt de la Perdrix, sont coiffés de blocs de granit appelés « chirats » .
À ses pieds, la région de St-Étienne, formée par les dépressions du Furan, de l’Ondaine, du Janon et du Gier, épouse la forme en amande du bassin houiller qui s’étend entre la Loire et le Rhône. Celui-ci correspond à un pli synclinal (« en creux ») de couches carbonifères, formées à la fin de l’ère primaire. Ce sillon s’élève à une altitude variant entre 500 et 600 m.
Le Velay et le Devès
Les vastes plateaux basaltiques, nommés planèzes , du pays vellave cumulent à près de 1 000 m. L’originalité de ces paysages est soulignée par les concrétions de ces volcans en forme de dôme appelés « sucs » , hardis pitons formés par des laves pâteuses. Ces planèzes herbeuses piquetées de fermes isolées voient la vie pastorale dérouler ses scènes traditionnelles sur les pentes des massifs du Meygal et du Mézenc, tandis que la région d’Yssingeaux leur adjoint une activité liée aux industries du Puy-en-Velay et de St-Étienne.
Les monts du Devès forment un vaste plateau aux coulées basaltiques. Sur la ligne de faîte marquant le partage des eaux entre les bassins de la Loire et de l’Allier, des lacs profonds comme celui du Bouchet occupent encore les cratères d’explosion. La planèze est parsemée d’environ 150 cônes volcaniques. Le point culminant est le Devès lui-même (1 421 m).
Le Vivarais
Il forme la plus grande partie du rebord oriental du Massif central. Il se caractérise par ses grandes coulées basaltiques descendues des volcans vellaves, par ses arêtes schisteuses et par les phénomènes d’érosion de son pays calcaire.
Le Haut-Vivarais s’étend du mont Pilat et du Velay à la vallée du Rhône. Le sombre et austère pays des Boutières, aux gorges profondes et étroites, vit de l’élevage du gros bétail et de l’exploitation de ses forêts de sapins.
De la haute vallée de l’Allier au bassin de Joyeuse, le Vivarais cévenol est dominé par l’échine de la montagne de Bauzon et par la crête du Tanargue. À l’ouest, la « montagne » est encore marquée par les volcans du Velay. À l’est, les « serres » schisteuses, crêtes étroites et allongées aux pentes abruptes, séparent des vallées profondes.
De Lablachère et de Privas à la vallée du Rhône, le Bas-Vivarais calcaire forme un ensemble de bassins et de plateaux où se manifeste la nature méridionale. Au nord, le plateau du Coiron, aux falaises de basalte noir, le sépare du Haut-Vivarais ; ses vastes planèzes s’inclinent vers l’est : elles sont caractérisées par leurs dykes(murailles) ou leurs necks (pitons) – appareils volcaniques dégagés par l’érosion de leur revêtement meuble – dont le plus célèbre est celui de Rochemaure. Le plateau calcaire des Gras se présente comme une succession de causses avec leur pierraille blanchâtre, leurs rochers ruiniformes, leurs avens et leurs vallées creusées en gorges.