les ruines de Valchevrière
Posté par francesca7 le 11 mars 2014
Valchevrière fut un hameau du Vercors, qui se situait à côté de Villard de Lans, et au-dessus des gorges de la Bourne.
Avant la Seconde Guerre mondiale, ce hameau faisait beaucoup de commerce avec les villages voisins. Au moment du conflit, le hameau était occupé seulement l’été par les agriculteurs et leurs troupeaux. Au début de l’été 44, Valchevrière servait de camp aux maquisards commandés par le lieutenant Chabal, lui-même placé sous l’autorité du capitaine Goderville (de son vrai nom Jean Prévost, écrivain et journaliste réputé, un des rares intellectuels français à avoir pris les armes contre l’occupant nazi).
C’est lors de la vaste attaque allemande des 22 et 23 juillet 1944, que ce village fut détruit par les Allemands. Sur le belvédère qui domine le village, le lieutenant Chabal et ses hommes se sont sacrifiés pour retarder l’avance ennemie et sont morts les armes à la main. Les maisons furent ensuite incendiées. Le village est resté en l’état, avec ses poutres calcinées, ses pierres à nu et noircies.
Après la bataille de Valchevrière, le Vercors est à genoux. Huet, alias Hervieux, dernier chef de ce maquis, donne l’ordre de dispersion. Le 27, l’ennemi ratisse le massif et extermine les « terroristes ». Les rescapés tenteront de s’échapper par les forêts, notamment celle de Lente.
Valchevrière est un des symboles de l’héroïsme des résistants français.
Aujourd’hui, les ruines du hameau ont été débroussaillées et consolidées afin de permettre un cheminement de mémoire particulièrement émouvant. La chapelle au bas du village est le seul bâtiment ayant échappé à la destruction.
Aujourd’hui le village en ruine est resté en l’état, seule la petite chapelle est encore debout.
Le chemin dans les bois était l’un des itinéraires pour se déplacer dans le Vercors. Equipés de guêtres, avec des mules, les hommes passaient par Valchevrière jusqu’en 1895. Pour empêcher l’érosion et la formation d’ornières dues aux passages répétés des charrettes, les voies de circulation étaient pavées avec des blocs de pierres disposés de chant, ainsi l’eau pouvait s’écouler sans faire de dégâts. Les abords de ces chemins étaient soutenus par des murs inclinés pour offrir une meilleure résistance mécanique à la poussée du terrain. Aux endroits plats et non encaissés, ils étaient souvent bordés de frênes.
en vidéo : http://youtu.be/2cezVEf5zpg
Les premières évocations du village n’apparaissent qu’au XVIème siècle, dans des actes notariés de 1523, 1572, 1578, mais on ne sait ni quand ni comment ce village fut fondé. L’hypothèse la plus fréquente et la plus plausible est que son installation est liée à celle du prieuré : les hommes employés à la construction et au défrichage auraient été autorisés à organiser un habitat permanent à distance du lieu de vie des moines, à y fonder ou installer famille puis à y pratiquer une activité autonome de production d’autosubsistance. Le vallon abrité des vents dominants le permettait. L’isolement y contraignait : jusqu’au début du XIXème siècle, on n’accédait à ce lieu que par d’étroits sentiers.
Mais en même temps cet éloignement condamnait le village. Pas de secours extérieurs pour combattre les incendies survenus en 1842 et 1850, par exemple. Ces catastrophes en ont découragé ou ruiné plus d’un et des familles ont alors quitté le pays. Tout comme lors de « catastrophes naturelles » comme la sévère sécheresse de 1881. En outre, certaines formes du développement local, même, ont été défavorables au hameau. La construction de la route de désenclavement de Rencurel, vers 1870, en facilitant la circulation vers Choranche par les gorges de la Bourne a détourné le maigre trafic qui passait par Valchevrière. Et, phénomène inverse, l’ouverture d’une route forestière à partir de Villard, en 1890, pour exploiter la forêt de Chalimont a permis à quelques-uns de continuer à cultiver leur terre tout en s’en éloignant : installés au chef lieu , ils bénéficiaient de meilleures conditions de vie même si, fait nouveau, ils devaient « faire le trajet »… En 1921, il ne restait sur place que 6 foyers, dont d’ailleurs les enfants n’ont pas pris le relais.
Aujourd’hui, Valchevrière reste pourtant vivant. Lieu de mémoire visité par quelques-uns qui se rappellent et viennent exprimer en silence leur émotion, leur tristesse, leur rage. Lieu de silence et de paix où passent des amoureux de la nature. Lieu d’accès malaisé par les sentes forestières où se réalisent des fervents de sport….
Lieu de signes pour la communauté catholique qui en 2000 choisit son nom pour la paroisse nouvelle, créée par regroupement de huit villages, et y célèbre chaque année sa communion avec ses frères d’antan, à travers le temps, par le pèlerinage traditionnel de septembre et deux messes, l’une à cette occasion, l’autre en juillet pour faire mémoire du sacrifice de ceux qui tombèrent ici. Lieu qui vit encore pendant le long hiver grâce à la crèche installée dans la chapelle, présence de l’univers avec ses santons de bois précieux sculptés à Madagascar et offerts par un habitant de Villard et l’association A.I.M.E.R.
Lieu que présente encore pour quelques mois l’exposition organisée à Villard de Lans par la Maison du patrimoine et où il faut vous rendre si vous ne l’avez déjà vue.
Le hameau est resté en l’état de ruines. Valchevrière est un des symboles de l’héroïsme des résistants français.
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