Benodet un petit port du Finistère
Posté par francesca7 le 6 mars 2014
A 15 km de Quimper, Benodet se présente comme un petit port de charme et une station balnéaire familiale. Le slogan de la ville est « Bénodet. Bonne idée ! » auquel s’est récemment ajouté « la station cinq étoiles ». C’est une station balnéaireclassée. La commune se dénommait Perguet jusqu’en 1878
Le 5 mai 1597 des bateaux appartenant à la troupe du soldat ligueur et brigand Guy Éder de La Fontenelle, qui prend ce jour-là momentanément Quimper avant d’être repoussé, attendaient dans le port de Bénodet pour prendre part au pillage, mais « frustrés de leurs espérances, s’en retournèrent à vide comme ils étaient venus » écrit le chanoine Moreau12.
Des annotations de Berthou de Launay jointes à une carte datant de 1723 met en avant les qualités nautiques du site de l’estuaire de l’Odet (l’orthographe de l’époque a été respectée):
« Dans les marées ordinaires, il reste dans le canal de la rade cinq ou six brasses d’eau, la brasse de cinq pied de Roy. La coste du bon mouillage depuis l’anse de Sainte-Maraine du costé de Combrit jusqu’à l’anse de la Vieuville est roide (…), ayant au pied des roches qui se découvrent dans les basses mers deux ou trois brasses d’eau, on y pouroit fabriquer de beaux quays et de beaux magazins, la pierre étant sur les lieux. Pareillement depuis la pointe nommée pointe de la Pierre jusqu’à l’autre pointe du nord-est contigu, (…), où on pouroit fabriquer des quays de carrénage et de beaux magazins, ayant la pierre sur l’endroit, et même étant proche de la belle pierrière du manoir de Kergos et des anses du dit Kergos et de Penfoul, où on pouroit former des chantiers de construction et de radoub. Dans le bourg de Saint-Thomas [il s'agit de Bénodet], il y a plusieurs maisons ruinées qu’on pouroit rétablir, outre celles qui sont sur pied qui sont logeables, avec de beaux emplacements pour bâtir. On peut mettre facilement ce port hors d’insulte, bâtissant sur les pointes de saint Gildas et du corps de garde de Combrit des batteries de 30 canons de 24 et en augmentant le fort de 20 pièces de 36 (…). Outre que l’on pourrait fermer le port en cas de nécessité, de bonnes estacades en forme de « V », liées de grosses chaînes dans l’espace de la Pointe du Coq à l’autre pointe oposée du coté de Combrit, qui ne contient de distance que 130 toises. (…) »
Au xviie siècle, Bénaudet (orthographe utilisée à l’époque) est sous la mouvance des seigneurs de Bodigneau (Bodinio) en Clohars-Fouesnant, mais fait partie de la paroisse de Perguet : plusieurs actes notariés des juridictions de Kemper-Corentin et de la baronnie du Pont attestent de l’existence du village à cette époque.
Le 5 août 1669, Nicolas Euzenou, chevalier, capitaine garde-côte de Bénodet et de l’Île-Tudy, seigneur de Kersalun et du Cosquer (en Combrit), marié avec Claude Guégant de Querpiguet, demande, tant pour lui que pour ses héritiers dont René Euzenou, chevalier, seigneur de la Vieuville, son fils aîné à être reconnus comme « nobles, issus d’ancienne chevalerie et extraction noble ». C’est lui qui fut pendu le 23 juin 1675 à une fenêtre de son château du Cosquer par des paysans révoltés lors de la révolte du papier timbré. Sauvé momentanément par un paysan de Combrit, Mathieu Mendez, il mourut le 1er juillet 1675 à Pont-l’Abbé des suites de ses blessures.
Le bailli de Quimper François-Marie de Kerguélen de Penanjeun écrit en 1709 : « Le port de Benodet est très mal gardé, qu’il vient tous les jours des battaux pecheurs se rendant à Quimper qui y acheptent des blets, du pain et des provisions qu’ils vendent aux grenesiens (Guernesiais) et cela de nuit et de jour. Il parait, Monseigneur, qu’il seroit à propos de faire aborder au fort tous les bataux entrant et sortant. Comme se sont quatre ou cinq péïsants des paroisses voisines mal disciplinés qui montent à leur tour cette garde, si sa Majesté le juge à propos, j’aurez le soin d’en faire la visite toutes les semaines et de remédier à ce désordre, sans en atteindre aucune rétribution que l’honneur de vous en rendre compte, et de marquer par là à votre Grandeur le zèlle que je conserverai toujours pour les intérêts du Roy ».
Benjamin Girard, dans son livre « La Bretagne maritime », publié en 1889, décrit ainsi Bénodet les siècles précédents :
« Bénodet était il y a trois siècles un hameau habité par quelques familles de pêcheurs. Dès cette époque, son mouillage offrait un abri précieux aux navires surpris par le mauvais temps entre les Glénan et Penmarc’h. (…) Pendant les guerres du Premier Empire, un grand nombre de navires, chargés d’approvisionnements divers à destination de Brest, purent aborder à Bénodet, en échappant à des croiseurs anglais, obligés, par les dangers de la côte, à se tenir au large. Une corvette de la marine impériale s’y réfugia ; bientôt attaquée par des péniches anglaises armées d’artillerie légère, elle repoussa cette attaque grâce à l’appui des batteries de côte dont les défenseurs furent efficacement secondés par les habitants du pays. (…) Bénodet est un lieu de relâche très fréquenté : le mouillage y est excellent et on y trouve, à certains endroits, plus de 10 mètres d’eau à mer basse. La Compagnie des Indes eut, dit-on, le projet d’y faire un port. Deux fanaux, l’un à la pointe du Coq, l’autre à la Pyramide, indiquent la direction à suivre pour entrer dans l’Odet. Un troisième feu, situé sur la rive de Combrit, près du sémaphore, sera prochainement allumé. (…) Les ouvrages du port actuel comprennent un quai de 53 mètres de longueur et une cale perpendiculaire à ce quai, dont la longueur est de 66,50 mètres. À l’extrémité de cette cale les navires trouvent, à haute mer 4 m en vive eau ordinaire et 2,83 m en morte eau. Le commerce local consiste en quelques expéditions de poteaux de mines vers l’Angleterre et de bois à brûler pour les ports voisins ; 18 chaloupes y font la pêche côtière, principalement celles du congre et duhomard. »
Le bulletin du Conseil général du Finistère de décembre 1877 écrit : « Le conseil municipal de Perguet demande que la commune soit autorisée à échanger le nom de Perguet contre celui de Bénodet » ; le Conseil général donne un avis favorable dans sa séance du 23 décembre 1877.
La commune de Bénodet est née le 15 mars 1878 par décret du Président de la République, maréchal Mac Mahon. Jusqu’à cette date, elle s’appelait Perguet, du nom de la paroisse de Perguet qui, jusqu’au début du xixe siècle, se composait d’une multitude de petits hameaux agricoles, constitués de fermes et de penty à l’intérieur des terres, et d’un hameau de pêcheurs et de marins pratiquant le cabotage, constitué autour de la chapelle Saint-Thomas, au port.
C’est au cours du xixe siècle que ce hameau de pêcheurs devient le centre névralgique de la commune avec la construction de la mairie, de l’école mixte et l’agrandissement de l’ancienne chapelle Saint-Thomas, élevée au rang d’église paroissiale. Bénodet comptait environ 150 habitants en 1878. C’était la seule agglomération de la commune et seules quelques routes encaissées y menaient.
Marius Sepet visite Bénodet en 1894 et en fait cette description : « Environné de belles habitations, Bénodet est fréquenté par les Quimperrois (sic), qui se baignent sur une plage de sable en arc de cercle (grandes cabines), située en avant du petit fort, ou batterie de Bénodet. Deux phares, l’un à feu fixe rouge et haut de 10 mètres, l’autre à feu fixe blanc et haut de 17 mètres, signalent l’entrée de l’Odet. Il existe en outre un sémaphore sur la rive droite. Ce ne sont plus seulement les Quimperrois qui fréquentent la plage de Bénodet et la riante verdure qui la couronne, elle est en train de devenir, grâce aux facilités de circulation, une station recherchée de loin, même des Parisiens et des Parisiennes ».
Cette autre description de Bénodet date de 1899 :
« Bénodet, modeste village, assis au pied des collines de la rive gauche de l’Odet et près de l’embouchure de ce fleuve, n’a été pendant longtemps fréquenté que par les habitants de Quimper ; mais, attirés par ce site ravissant et un climat doux et régulier, des visiteurs de plus en plus nombreux viennent chaque année passer la saison ici ; un très confortable hôtel et plusieurs villas ont été construits de sorte que Bénodet est en passe de devenir une plage à la mode ; il le mérite à tous égards. »
En 1890 la mise en service de deux bacs charretiers de 10 mètres de long et trois mètres de large est un grand progrès ; un essai de service assuré par une régie départementale échoue et le bac est à nouveau affermé (à Pierre Caoudal); en 1902 l’un des bacs fait naufrage en raison de son manque d’entretien et de sa vétusté sans faire de victimes et est renfloué, reprenant du service jusqu’en 1905, le second continuant toutefois à fonctionner. En 1906, Adrien de Baroncelli écrit : « Au hameau de Sainte-Marine, un grand bac à rames permet de traverser l’embouchure de l’Odet. Ce bac transporte au besoin des automobiles, néanmoins l’embarquement et le débarquement ne sont pas commodes ; enfin si plusieurs voitures doivent passer, on risque d’attendre longtemps son tour ». Le tarif est alors de 5 centimes pour les piétons, 10 centimespour les bicyclettes, 2 francs pour les automobiles et la durée de la traversée est estimée à six minutes. En 1908, Gordon Sturrock note que le tarif de la traversée est de 30 centimes par personne, mais que ce prix ne comprend pas le passage de la bicyclette.! La différence de tarif indiquée par ces deux auteurs, à deux ans d’intervalle, est surprenante.Le premier bac à vapeur, long de 15 mètres et large de huit mètres, est mis en service le 1er août 1911 : il est tracté par des chaînes mouillées s’enroulant autour d’un tambour, mais il doit cesser son fonctionnement dès 1925 car le mécanisme a mal vieilli et les pannes étaient trop fréquentes.
André Chevrillon décrit ainsi le départ du bac en 1920 :
« Maintenant le bac va partir. Il est amarré à la grève ; on a mis des planches sur les goémons pour que deux chars à bancs qui attendent puissent embarquer. C’est très difficile de caser ces deux hautes voitures, avec leurs chevaux, dans le radeau creux où de massives bigoudens, des pêcheurs avec leurs paniers de poisson, doivent aussi trouver place. Les passeurs crient, les cochers huent en faisant « culer » leurs bêtes : Zous ! An dré ! Chom azé (…) L’ordre est fait ; le calme règne. Les bons chevaux patients sont installés avec les charrettes paysannes dont le devant est peinturluré de fleurs naïves. Il reste même un peu de place entre les coffres et les redoutables bigoudens. Nous embarquons. Penchés en arrière, appuyant ensemble d’un grand effort sur leurs longues gaffes, les rameurs « poussent ». »
Un nouveau bac à vapeur est inauguré le 26 juillet 1929, mais coule lors d’une tempête (le patron aurait oublié de fermer l’un des hublots !) dans la nuit du 4 au 5 décembre 1929 dans le port de Bénodet ; il est renfloué et reprend du service après réparations le 20 avril 1930 jusqu’au 11 octobre 1944, jour où les Allemands le dynamitent. Une vedette à moteur, puis un chaland provisoire en bois le remplacent alors, la liaison n’étant rétablie avec une véritable bac qu’en 1951 : ce bac peut charger un maximum de 20 voitures et, très vite, est engorgé, principalement en saison estivale, en raison de l’accroissement du trafic (28 000 véhicules en 1951, 135 000 en 1964, 290 000 en 1971, le bac fonctionnant alors 18 heures par jour). Le temps d’attente avant d’embarquer peut être supérieur à une heure et de nombreux automobilistes, ainsi que les poids lourds, doivent faire le détour par Quimper où la rocade sud et le pont de Poulguinan (qui permet de traverser l’Odet juste en aval de Quimper) n’existent pas encore (mis en service en 1974).
Bénodet, aujourd’hui station balnéaire réputée de la côte de Cornouaille, a toujours été un lieu reconnu pour son intérêt géographique d’embouchure de l’Odet, navigable jusqu’à Quimper. Sa situation lui vaut son nom en breton de » tête de l’odet « . Pendant tout le Moyen âge, Bénodet servit d’avant port commercial à Quimper pour le trafic des céréales, vins, toiles, bois, poissons et autres matières de cabotage vers l’Espagne, Bordeaux, l’Angleterre ou les Pays-Bas.
L’essor actuel de Bénodet débuta au début du siècle dernier par le développement du tourisme et la vogue des bains de mer puis du nautisme. Ses charmes alliant les douceurs champêtres de sa rivière à la rudesse de l’océan donnent à Bénodet son climat spécifique si apprécié par tous ceux qui le découvrent.
Des écrivains de talent comme Emile Zola, André Suarez, Frédéric le Guyader, Guillaume Apollinaire y ont traduit leurs émotions. De nombreux artistes-peintres ont idéalisé ces moments de lumière et d’émotions comme André Dauchez, Lucien Simon, Eugène Boudin.
L’église Notre Dame de la Mer située sur le port est dédiée à Saint-Thomas Becket. Edifiée au XIIIe siècle, elle ne comptait à l’origine qu’une nef et un petit clocher. Elle fut agrandie au cours du XVIe puis remaniée au XIXe avec réemploi d’éléments anciens.
Eglise d’architecture contemporaine, construite en 1968 sur l’avenue de la Mer.
Curiosité : Une piéta en bois de la fin du XVe siècle.
Musée du Bord de Mer
Un voyage dans le temps est proposé au visiteur pour découvrir la Belle Plaisance, les origines du yachting à Bénodet, ainsi que la magie de l’estuaire de l’Odet.
Exposition permanente : Art de vivre à la mer
Dans une ambiance marine, découvrez le monde des loisirs au bord de mer. Bains de mer, tourisme et hôtellerie se développent au début du XXéme siècle. Films inédits, photos d’époque, bateaux modèles et tableaux des peintres officiels de la marine agrémentent le parcours du visiteur. Un lieu à découvrir en famille!
Nouvelle exposition : A bord des paquebots
Embarquement immédiat pour 2 années de voyage avec l’association French-Lines pour découvrir l’art de vivre A BORD DES PAQUEBOTS.
Jusqu’au printemps 2014, documents iconographiques, films et maquettes feront revivre au public cette fantastique épopée dans une reconstitution ludique accessible à toute la famille. Les loisirs à bord seront évoqués durant 2012, l’art de la table et la gastronomie à partir d’avril 2013.
Exposition produite et réalisée par la ville de Bénodet et l’association French-Lines avec le concours de Franck Senant, ingénieur du patrimoine, spécialiste de l’histoire des paquebots.
Le musée est ouvert tous les jours (sauf mardi et mercredi) de 10h à 13h et de 14h à 18h. Ouvert tous les jours en Juillet-Août.
Exposition permanente sur le thème de la Belle Plaisance.
phare de la Pyramide
D’une hauteur de 48 mètres, il fut construit en remplacement d’une ancienne balise en bois en forme de pyramide qui servait d’amer aux marins pour l’entrée de l’Odet.
Phare du Coq
Balisage par alignement avec le phare de la Pyramide à l’entrée de l’Odet, il doit son nom à une roche immergée dont la forme étrange évoque un coq.
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