Église Saint-Lazare d’Avallon
Posté par francesca7 le 5 mars 2014
La jolie petite ville d’Avallon se situe au centre de la Bourgogne sur un éperon rocheux dominant la vallée du Cousin. C’est au cœur de la ville ancienne, entourée de remparts et de tours, que se trouvent la tour de l’horloge et la collégiale Saint-Lazare, édifice roman remarquable. L’église occupe l’emplacement d’un lieu de culte très ancien, dédié à Notre-Dame, dont subsiste une crypte inaccessible d’époques différentes. L’église, ayant obtenu les reliques de Saint-Lazare, est reconstruite vers 1100 et c’est de cette époque que datent ses trois absides. La grande nef qui descend jusqu’au chœur beaucoup plus bas, date du milieu du 12e siècle. Elle s’est inspirée de la Madeleine de Vézelay par son élévation à deux étages et son voûtement. Cependant, l’architecture diffère de celle de sa grande voisine : à Avallon, le profil des arcades et des doubleaux est brisé et les arêtes sont montées d’assises concentriques, structure qu’on appelle parfois “cupiliforme”. La nef possède une belle suite de chapiteaux à décor végétal. Au chevet on admire quelques modillons étrangement sculptés. Mais ce qui est à juste titre la merveille de Saint-Lazare, c’est la façade dotée de deux portails d’une richesse ornementale grandiose. Bien que très mutilés pendant la Révolution, ces portails montrent une décoration abondante, datant de l’apogée de l’art roman bourguignon. Le portail central à perdu son tympan au Christ en gloire, son linteau et son trumeau, mais conserve ses voussures richement décorés et une belle statue-colonne ressemblant à celles du portail royal de Chartres. Le portail sud a conservé son tympan, son linteau doté de scènes historiées à peine lisibles, ses magnifiques voussures, ses colonnes, ses piédroits et ses chapiteaux. Le troisième portail a été détruit quand le clocher s’est effondré au 17e siècle.
On peut reconnaître le style architectural de l’école de Bourgogne du xiie siècle, ou école de Cluny, remarquable par l’élégance des sculptures décoratives. Victor Petit y voyait d’ailleurs le travail de « colonies d’ouvriers venus de Cluny ou d’Autun« .
La voûte en cul-de-four qui termine l’abside est caractéristique de cette période, tandis que les fresques qui l’ornent sont du xixe siècle.
Une particularité de Saint-Lazare apparaît sur le plan : la façade n’est pas perpendiculaire à l’axe de la nef. Une autre irrégularité attend le visiteur ou le fidèle : le chœur se situe 2,50 m en dessous du portail, différence de niveau rattrapée par 17 marches et de grands paliers obliques
La chapelle à droite du chœur comporte des stalles destinées aux chanoines, elle est ornée de peintures en trompe-l’œil du xviiie siècle.
Dans le bas-côté sud, on peut voir une statue en pierre de saint Michel terrassant le dragon (xive siècle), une sculpture en pierre représentant Sainte-Anne et la Vierge (fin xve siècle), des statues en bois peint du xviie siècle.
Dans la tribune qui surplombe la nef, on remarque un grand buffet d’orgue sculpté en 1864.
L’édifice est classé au titre des monuments historiques en 1840. Ce bâtiment faisait partie des institutions religieuses composées de chanoines. « On les appelait des Chapitres ou des Collégiales ».
D’origine ancienne, elle était le chef-lieu d’un archidiaconé de l’évêché d’Autun. Le comte Gérard ou Girard aurait voulu sa création. Comme il était d’usage, l’église se trouvait dans l’enceinte du château pour prévenir tout coup de force. De cette église primitive du ve siècle, placée sous le vocable de Notre-Dame, il ne reste qu’une petite crypte retrouvée en 1861 sous le chœur.
Peu après l’an 1000, elle reçoit d’Henri le Grand, duc de Bourgogne, une relique de Saint-Lazare. Elle conserve le nom de « Notre-Dame » jusqu’en 1146, avant de prendre celui de « Saint-Lazare » (on parlait de saint-Ladre au xive siècle). La collégiale vit alors affluer les pèlerinsen route vers Saint-Jacques de Compostelle, attirés par la relique de Saint-Lazare. Elle vit également affluer les dons : les ducs de Bourgogne augmentèrent les prébendes jusqu’à 24, les seigneurs de Chastellux, de Villarnoult, de Vésigneux firent preuve de largesses.
En 1080, l’édifice est reconstruit et son plan rappelle celui des anciennes basiliques. « De cette époque date le chœur voûté en quart de sphère… des arcades en plein-cintre, les deux chapelles, en demi-cercle, et une partie des bas-côtés »3. C’est le pape Pascal II qui vient en personne consacrer la nouvelle église en 1106.
Au xiie siècle, l’abbaye de Cluny, dont dépendait l’église d’Avallon, fit construire une très belle façade dont ne restent que deux portails. Sur ceux-ci, à côté des bas-reliefs et des statues colossales, on peut admirer des colonnes torses parfaites.
Des calamités naturelles vont s’abattre sur cette église : en 1589, la foudre brûle le clocher. En1601 le vent détruit trois des quatre clochetons de pierre. En 1633 la tempête renverse la grande tour ainsi que le clocher, tandis que la première voûte intérieure de la nef s’effondre, remplissant le cimetière de décombres. Le chapitre de la Collégiale s’efforça de relever, tant bien que mal, le haut du portail et fit édifier en 1670 la tour visible aujourd’hui.
En 1860-65 des travaux importants de restauration ont été entrepris : déblaiement du sol, vieilles tombes replacées, installation d’un grand buffet d’orgues sculpté.
Il subsiste aujourd’hui deux portails, le portail Nord ayant disparu lors de la chute de la tour. L’historien Victor Petit les qualifiait en 1870 de « chefs-d’œuvre de la sculpture décorative ».
On peut notamment admirer les colonnes torses qui alternent avec les colonnes droites, les voussures à cinq cordons sculptés du grand portail et leur décor d’inspiration végétale, l’élégance des nombreuses statuettes.
Voici ce qu’écrit l’architecte Eugène Viollet-le-Duc, qui séjourna dans l’Avallonnais en 1840 afin de restaurer la Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay :
« Le portail de l’église de Saint-Lazare d’Avallon, qui est un des exemples les plus remarquables de l’architecture fleurie du xiie siècle, possède des colonnettes à pans, torses, taillées avec une rare perfection dans un seul morceau de pierre. L’imagination des derniers architectes romans va très-loin dans l’ornementation des colonnettes, et jusqu’à leur donner l’apparence d’un corps élastique, flexible. Sur les ébraiements de cette même porte de Saint-Lazare d’Avallon, nous voyons un fût de colonnette torse qui présente un réseau de cordelettes. »
Une grande statue-colonne du xiie siècle, haute d’environ 2m, est visible sur le jambage de droite du grand portail. Avec ses fines draperies de pierre, elle représente un prophète et provient de l’ancien portail. Depuis le xviie siècle, elle avait été placée comme meneau dans les abats-son de la tour, elle fut descendue en 1907.
Un moulage du grand portail est présenté dans l’aile Est du palais de Chaillot qui abrite la Galerie des moulages du Musée des monuments français, ouvert au public depuis le 19 septembre 2007.
Le petit portail, qui fut fermé probablement vers la fin du xvie siècle, est surmonté d’un linteau et d’un tympan dont les sculptures ont beaucoup souffert : abîmées par les intempéries, mutilées lors de la Révolution française.
La plus grande partie du parvis actuel était occupée par le cimetière paroissial, supprimé en 1724.
L’église Saint-Lazare est ouverte souvent mais irrégulièrement.
Le Musée de l’Avalonnais se visite de Mai à Octobre, 10-12h et 14-18h, sauf le mardi.
Pour en savoir plus sur Avallon, vous pouvez visiter les sites Internet suivants:
Site sur Avallon et l’Avallonnais: http://www.avallonet.com/.
Autre site sur Avallon: http://www.ville-avallon.fr/.
Site de l’Office de Tourisme de l’Avallonnais: http://www.avallonnais-tourisme.com/.
Publié dans EGLISES DE FRANCE, VILLAGES de FRANCE, Yonne | Pas de Commentaire »